• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4:

Analyse thématique

1. L’amour interdit et la transgression des règles :

Maissa Bey décrit une scène d'amour interdit qu'a vécu Nadia avec Karim ,cette fille rêveuse a trouvé l'amour au bord de la mer mais sur fond de peur et de violence, à cause de cet amour Nadia a beaucoup souffert à cause de Karim au premier obstacle la rejettera et décidera de la quitter sans raison ,la jeune fille Nadia se trouve seule ,elle s’est donné la mort toute seule dans sa chambre ,loin de sa famille et ses proches car pendant cette période de guerre personne n'a le droit de se tromper ,de dépasser les règles ,vaut mieux être conservatrice ,respecter les règles de la société musulmane et ne jamais les dépasser et lorsque cette personne les dépasse elle sera bannie ,négligée ,elle sera délaissée ,maltraitée et pourra être exterminée.

Au commencement était la mer de Maissa Bey écrit dans l'urgence qui est situé pendant les années noires de terrorisme dans une Algérie ravagée par la haine dans une guerre civile où plus personne n'a pas le droit de parler ou de rêver, c’est pour cela que Maissa Bey nous fait découvrir une société pleine d'interdits et de transgression des règles.

Le thème de la transgression est souvent présent dans les écrits de Maissa Bey, la transgression d’une manière conceptuelle est le fait de dépasser les limites pour atteindre l’illimité. Elle ne s’oppose pas à la limite mais elle la franchit, transgresser c’est aussi le fait de ne pas respecter l’obligation, ou enfreindre un système de valeurs. Selon cette définition, transgression et système de valeurs vont de pair car lorsqu’on transgresse, c’est toujours par rapport à un système, donc la transgression s’accomplit dans la sphère du permis, elle révèle que le possible dépasse la limite du permis. On justifie la transgression par le fait que l’interdit attire, non que l’objet interdit devient désirable mais celui qui transgresse l’interdit a eu une envie de défier la puissance du législateur et par ailleurs rivaliser avec lui, celui qui transgresse a en lui une envie de liberté et comme ce qu’on lui interdit lui barre la route vers cette liberté. On peut susciter en lui une révolte et un désir de transgression par rapport à l’objet interdit.

« La transgression est l'action de transgresser, de ne pas respecter une obligation, une loi, un ordre, des règles. »16Transgresser des règles c'est essayer de plus soumettre ou suivre les règles, tout cela rend l'être en une liberté limitée, ce qui le pousse à franchir ces règles et les dépasser.

16 www.wikepidie.org

On note que la transgression dans les romans de Maissa Bey est beaucoup plus abordée par les femmes que par les hommes, car en général la femme est censée être en accord avec la religion, la culture et bien entendu avec les coutumes dictées, mais à cause du conformisme qui a pris de l’ampleur cela s’est transformé en une inquiétante frustration.

Dans les écrits de Maissa Bey ce thème ne cesse de s’accroitre, l’idée de la transgression revient presque dans tous ses écrits « Au fil de l’écriture, le moment est arrivé où j’ai laissé la voix de la transgression s’exprimer. »17

« Depuis mon premier texte, je me suis révoltée contre cette vision folklorique de l’étranger sur nous, et de cette vision stéréotypée de l’algérien sur lui-même. »18

Maissa Bey dans son roman Au commencement était la mer, relate son histoire avec une très grande partie de transgression, elle retrace la vie de Nadia qui représente toute femme en voulant s'affranchir sa propre vie .Les femmes veulent être libérées lorsqu'elles ont le désir de faire quelque chose, elles cherchent toujours leur liberté et la trouve en transgressant et en dépassant les règles.

« Il a parlé de code .Un code familial qu'il n'avait pas le droit -pas le courage !de transgresser des règles édictées par les hommes et femmes que elle n'aura pas l'honneur de rencontre, elle vient de le comprendre » (p.94).pendant cette période tout le monde survie les règles et les lois et tous les gens n'ont pas le droit de les transgresser, et de les dépasser.

Nadia vient juste de comprendre qu'elle a fait, ses rencontres au bord de la mer et son amour vécu sont considérés comme transgression d'une loi. Elle vient juste de se rendre compte que ça n'était qu'une négligence de ses traditions et sa religion et une transgression des règles de sa société.

« Elle a fauté .Elle a commis l'irréparable .Transgresser le commandement absolu: tu ne disposeras pas de ton corps .comme ils sont laids ces mots !comme ils sont lourds ! Pesant comme le poids de la faute » (p.86). Nadia a commis une faute, elle a commis l'irréparable qu'elle ne peut pas le corriger, elle a transgressé des règles qu'il est interdit de les dépasser.

17 Maissa, B, conférence, Sila

18 Maissa Bey, Reporters, quotidien d’information, Roman, Hizia Maissa Bey en guerre contre les stéréotypes

L'héroïne Nadia veut vivre dans l'espoir que les jours suivants seront meilleurs, mais la faute qu'elle a commise ne la laisse pas vivre librement. Elle veut dépasser des règles en essayant juste après de faire sa propre vie, elle préfère sa mort que sa vie, seule la mort peut résoudre tous ses problèmes et effacer tout ce qu'elle a vécu.

2. La mort :

Les romans de Maissa Bey traitent en générale le thème de la mort, la tristesse et la souffrance de la mort est toujours présente une chose qui renvoie aux meurtres, au décès, au colonialisme pendant la guerre puis qu’elle écrit pendant les années noires.

Maissa Bey décrit la mort directement après l’histoire d’amour qu’a vécue Nadia avec Karim, une histoire qui se termine par un sacrifice et clôture par la mort du protagoniste

« Elle se dit (….) de toutes les histoires qu’on lit ou qu’on raconte, les plus belles sont les histoires d’amour sur le fond de mort.

Depuis toujours.

Il suffit simplement de se dire que l’amour (….) et de le croire très fort de fermer les yeux en serrant les paupières.

Mais déjà, déjà le mot mort, il ya presque toutes les lettres de l’amour (p60). Nadia, le personnage principal pense que toutes les histoires d’amour se terminent toujours par une fin triste, par la mort surtout dans une période ou la personne ne peut rêver, elle croit que les plus belles histoires sont des histoires d’amour sur le fond de mort puisqu’il y aura toujours une fin, une mort qui emporte le tout.

L’amour est un sentiment d’affection et d’attachement , mais Nadia pensait le contraire et que sa relation avec Karim va continuer et va durer pour toujours ,de ce fait elle choisit de sacrifier ,mourir que de vivre dans une société pleine des interdits et ne défend pas le droit de la femme , déjà l’amour peut conduire une personne à la mort surtout lorsqu’il s’agit d’un amour interdit .Nadia a sacrifié son bébé pour effacer toutes les traces laissées par Karim et cette histoire qui la conduit au sacrifice , elle est la cause de sa fin parce qu’elle était tuée par son frère au moment où elle a tout dévoilé .

« Un homme est tombé, pour de vrai, pour avoir le courage, l’audace, disent – ils.

De dire, d’écrire pour que les autres sachent au nom de devoir informer.

Il faut lui dire à Feriel que les mots aujourd’hui, ici sont plus dangereux que les larmes. Et qu’il faut se taire ou payer de sa vie. Mais elle ne comprend pas, Feriel. Il n’a rien fait. Écrire ce n’est pas tuer ! » (p.106)

La mort dans ce roman ne peut pas signifier uniquement la mort choisie d’une personne qui la veut, cette mort peut arriver à quiconque, à tout moment, à n’importe quel moment et quelle condition.

Un journaliste qui publié des articles sur des personnes responsable de la mort des autres , tout cela peut causer sa mort juste car il a le courage d’écrire , d’annoncer juste pour le devoir , d’informer , cet homme va tuer à cause de ce qu’il a fait , de ce qu’il a publié.

Nadia va finir par décider de tenter sa mort mieux que de vivre en silence , mieux de vivre en souffrance , elle veut mourir qu’agir , lutter et faire face aux gens , la mort seule peut résoudre tous ces problèmes , effacer toutes traces de déshonneurs et fait oublier les gens de cette histoire .Nadia doit choisir sa mort que choisir sa vie parce qu’elle sait que elle ne peut pas vivre en cachant la vérité

La mort seule peut tout résoudre, absoudre, la faute effacée toute trace de déshonneur en expiation […] choisir sa mort puisqu’elle ne peut pas choisir sa vie (P109).

La mort donc pour Nadia est un choix, choisir la mort pour éviter tous les problèmes et la question de sa famille, cette mort pour tout résoudre .la mort est une solution très facile à tous ses problèmes.

« La mort de son père fut pour elle le premier déchirement, la première blessure » (p26).Nadia était touchée par la mort de son père responsable de sa famille, mort était sa première déchirure. Cette mort de son père était l’une des raisons qui a poussé Nadia à chercher l’amour et l’affection qui a conduit à la mort. Cette mort qui a laissée un vide immense que toute la famille ressent.

Une personne peut s’habituer à la mort d’une personne proche ou d’autres personnes, elle doit accepter que la mort soit toujours là près de chaque individu, la mort que défigure les visages .laisse des traces inoubliables.

3. La violence :

L’actualité algérienne a été marquée par une décennie de violence due essentiellement au terrorisme durant les années 1990. Cette violence influence

sur la littérature de cette époque. En effet, les textes parus durant cette période ont été empreints de violence et de brutalité.

Dans le roman au commencement était la mer, Maissa Bey ne fait pas que décrire ou conter une histoire d’amour, elle donne un ancrage en temps et en actions à l’histoire et à ses personnages. Elle cherche, à travers le parcours des personnages, les jeux singuliers des instances spatio-temporelles et le mouvement narratif marqué par de fréquentes césures et des ruptures. Son but est dès lors peindre un univers singulièrement fragmenté par des actes de violence notamment vers les femmes. Cet univers n’a pas été choisi mais plutôt imposé vu la réalité de cette époque de l’Histoire de l’Algérie. La violence est donc une réalité présente toujours dans l’univers quotidien des algériens, où l’insécurité se trouve partout. C’est justement cette violence quotidienne qui se retrouve ancrée dans l’univers romanesque de l’auteure, elle en fait une présence exigée et voulue dans chacun des ses chapitres.

A partir de l’année 1989, le discours de ségrégation et d’exclusion va constituer le modèle de traitement de la condition humaine et sociale des femmes (…) La violence verbale puis physique qu’elles connaissent déjà dans différentes sphères, et particulièrement dans celle de la famille, sera exercée dans l’espace public d’une manière légitime.19

Maissa Bey retrace la vie et le parcours d’un individu féminin à l’ombre d’un individu masculin, qui veut construire sa propre vie et son propre destin, dans un milieu défavorable où le silence s’applique aux femmes par les islamistes et la société entière. Elle s’exerce une volonté de libérer l’individualité de sa sphère, et d’accorder à l’environnement social, politique et humain une place très grande qui permette de sortir de pathétique de ce qui est subi. A travers le roman, l’écrivaine démontre la scène de violence vécue par l’héroïne Nadia, ainsi que la haine et la peine. Nadia imagine l’horreur, l’image déjà vue des femmes mortes devant ses yeux, mais pas seulement des femmes mais aussi des hommes et des enfants, des images ensanglantés, des corps déchiquetés, elle pense toujours à ces images qu’elle ne peut jamais oublier parce qu’elle vivait dans une quotidienneté très dure, elle peut voir uniquement l’mage qui reste gravée dans sa tête pour jamais, une mage pleine de violence, de sang et la terreur.

« Et si un jour c’était vrai ? C’est qu’ils ne reculent devant rien, les semeurs de mort ! Nadia ose à peine imaginer l’horreur. Image déjà vues de femmes,

19 Dalila Lamarène-Djerbal, « La violence islamiste contre les femmes », Revue Naqd,

d’enfants, d’homme ensanglantés, déchiquetés par le souffle puissant de la terreur. (…) la menace est là, bien réelle. Toute proche, et même parmi eux ». (p.80).

Le tragique imprègne tout le roman, dans la famille de Nadia, son frère Djamel est devenu Sombre et inquiétant, il écoute à chaque discours moralisateur de la religion dans la solitude de sa chambre laissant pousser sa barbe et ses désirs de mort. Djamel est devenu donc un fantôme menaçant, il porte le sentiment de la haine, la violence et la destruction, ses sentiments de malice le poussent à abattre sa sœur Nadia.

4. Le sacrifice :

Après une histoire d’amour qui assemble Nadia et Karim dans des moments d’amour, de désir et de rêve, la vie de Nadia a changé, cette histoire d’amour s’est transformée à un cauchemar horrible.

Nadia l’héroïne de l’histoire a fauté, elle a commis l’irréparable, elle tombe enceinte. Nadia apprendre à vivre dans le mensonge. Elle donne à voir ce qu’on attend d’elle. Elle est l’étudiante, elle est la fille de sa famille mais elle est autre, son corps est autre. Nadia doit se faire avorter car toute relation avant le mariage est faute et viol, pour elle, le viol c’est ce qui se passe sur la table de l’infirmière Khadra qui va mettre fin à son fœtus qui avait trois mois. La violence et le viol, c’est ce que la jeune fille est obligée de subir pour donner l’apparence d’une fille conservatrice.

« Il ne s’agit pas de choisir. Aucune autre alternative n’est envisageable. La mort peut-être. C’est ça. Il faut arracher, supprimer cette prolifération de cellules ou mourir. Agir donc. La plus vite, le plus discrètement possible.

Nadia ira à son rendez-vous comme elle irait chez un dentiste pour soigner un abcès ou extraire une dent (…) La peur est là bien sûr. La peur d’être vue, d’être reconnue, d’être découverte. » (p.114).

Nadia a sacrifié de son bébé pour cacher la honte, elle n’a pas vraiment le choix, elle la supprime ou elle sera morte, car elle a commis une faute impardonnable, elle ne respecte pas le code imposé par la société et la loi des islamistes, elle a mérité la mort. Nadia a fait ce qu’il faut faire, se débarrasser de tout ce qui la dérange, il suffit juste du courage et de la volonté pour arracher définitivement la tristesse qui vit en elle tous les jours et continue à vivre sa vie. Elle a gardé le silence pour que personne ne sache ce qu’elle a caché.

Chapitre 5:

1. La langue poétique et symbolique: 1.1. La langue poétique

L’écriture de Maissa Bey est liée avec la volonté de se battre contre les règles imposées aux femmes algérienne et leur situation douloureuse dans le monde arabo-musulman. L’écriture pour elle est une existence et un espace de liberté.

Je le répète souvent, l’écriture est aujourd’hui mon seul espace de

liberté, dans la mesure où je suis venue à l’écriture poussée par le

désir de redevenir sujet, et pourquoi pas, de remettre en cause,

frontalement, touts les visions d’un monde fait par et pour les

hommes essentiellement.20 Le roman au commencement était la mer de Missa Bey est classé dans la catégorie du roman poétique puisque les techniques d’écriture qui y sont utilisées, relèvent du roman et du poème à la fois. Dans ce roman la description réaliste marque sa présence par l’imaginaire poétique et le rythmique spécifique aux évènements naturels comme la mer et le ciel. Cette langue poétique donne au texte une dimension esthétique par des mots simple et purement vivants qui prendront des significations dépassant le thème vers une dimension métaphorique par le jeu des associations sonores et rythmique : « Elle est dans la fumée noire des écoles incendiées, dans les cendres des arbres brûlés au feu d’une vengeance aveugle, irréductible. Elle est dans les yeux multiples de la foule endeuillée qui suit,

spectacle quotidien, les longs cortèges funèbres, dans la colère

impuissante de ces mains serrées, dans le silence terrible qui s’abat sur tous les soirs de la ville. Ce n’est pas la guerre, lui dit-on… »(P.76). Le texte de Maissa Bey est très fort et très riche par des adjectifs, des métaphores et des symboles qui ont leur signification et leur touche de la poésie. 1.2. La symbolique: La symbolique est un ensemble des symboles qui ont des interprétations différents, ces symboles peuvent être des mots écrits, des images, des gestes, des couleurs, des paysages de la nature, des sons ou des endroits existants dans le texte littéraire pour donner au lecteur une certaine curiosité et une intelligence pour décoder le sens de message dans le texte.

La couleur noire et blanche :

« Seule était restée intacte la grande cour dallé de pierres blanches polies par les cours des enfants » (p.24). Les pierres blanches renvoient à la joie, au bonheur et au mariage, ils signifient aussi l’innocence et les rêves des enfants pleins d’ambition et d’espoir.

« Le désert est blanc » (p.34), le désert est un zone aride, inhabité et isolé. De nature le désert n’est pas blanc, donc il symbolise l’état d’âme de Nadia, cela signifie sa souffrance et sa perte.

« Noir et blanc. Noire la langue djellaba posée sur son lit, blanche le foulard qu’elle porte aujourd’hui » (p.140), ces deux couleurs différentes renvoient aux deux sensations différentes, elle porte sa djellaba noire qui été offerte de son frère comme un cadeau, un mauvais signe de tristesse et de la haine tandis que le foulard blanc qui signifie la propreté et le bonheur.

La mer liberté :

Quelques exemples suffisent pour montrer le lien qui unifie Nadia avec la mer. Chaque fois lorsqu’elle veut se cacher des regards des autres et oublier la réalité imposée, Nadia se tourne toujours vers la mer : « Nadia avance. Elle salue le jour naissant comme au commencement du monde. Elle est seule. Plus seule et plus libre qu’elle ne l’a jamais été» (p. 8).

La mer pour Nadia devient très vite la mer aimante, la mer douceur, elle lui donne sa chaleur, son amour et sa bienveillance, et ainsi elle berce ses nuits et ses rêves dans la maison de son oncle :

« La nuit, les yeux ouverts, Nadia écoute. Elle écoute la mer. La mer

Documents relatifs