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Analyse de contexte sociopolitique

Chapitre 3:

Analyse de contexte

sociopolitique

1. Le contexte dans lequel écrit Maissa Bey :

L’Algérie est devenue un état indépendant après la guerre de libération contre la présence coloniale française qui avait duré de 1954 à 1962. Après plusieurs années de gestion autocratique (1962-1989), pendant lesquelles le front de Libération Nationale FLN avait été le parti unique, l’Algérie est entrée dans un processus de démocratisation, c'est-à-dire l’introduction d’une nouvelle constitution, du multipartisme et de la liberté de presse notamment après les évènements d’octobre de 1988.

En 1991, le Front Islamique du Salut (FIS), une formation politique algérienne militant pour la création d’un Etat islamique, est centré dans le champ politique et cela a provoqué l’intervention de l’armée ; craignant une victoire du FIS, le gouvernement a annulé les élections après les résultats du premier tour. Cela a marqué le début du conflit et d’une vague de violence et de terrorisme en Algérie qui date jusqu’à nos jours. Après l’interdiction du FIS et l’arrestation de beaucoup de ses membres, divers groupes de guérilla islamiste comme le Mouvement Islamique Armé (MIA) et Groupe Islamique Armé (GIA) ont émergé et ont commencé une lutte armée contre le gouvernement et ses partisans surtout l’armée et la politique, et puis, les intégristes attaquaient aussi des civils.

Pendant les années 90, la décennie noire ou la décennie de terrorisme, le pays se trouvait dans une quasi guerre civile qui opposait le gouvernement algérien et des groupe islamistes. La violence se manifestait par de nombreux assassinats, rafles, incendies, criminels, attentats à la bombe et attentas suicides. A la fin des années 90, la longue crise algérienne semblait être terminée, après l’élection d’un nouveau président.

Face au caractère paroxystique de la violence de la décennie noire, mue par cette situation d’urgence, une écriture de survie ou bien d’urgence qui erre dans un espace interstitiel, entre l’histoire et la littérature, entre la fiction et le factuel, et entre les littératures occidentales et maghrébines. Pendant cette période, plusieurs écrivains s’engagent à décrire la situation de l’Algérie à travers des écrits qui relèvent de genres différents (chronique, témoignages, récits de vie, essai, romans…), ils ont un dénominateur commun c’était donc l’Algérie en état d’urgence. De manière générale, la période se caractérise par une floraison d’écriture des hommes et des femmes naissent à l’écriture, impulsés par la situation de leur pays.

Aujourd’hui, écrire, parler, dire simplement ce que nous vivons, n’est plus une condition nécessaire et suffisante pour être menacée,

combien d’hommes, de femmes, et d’enfants continuent d’être massacrés ? Dans des conditions horribles, alors qu’ils se pensaient à l’abri, n’ayant jamais songé à déclarer publiquement leur rejet de l’intégrisme.13

L’écriture des années 90 est connue pour être une littérature de témoignage, une littérature proche du référentiel, du réel. Elle semble en effet privilégier la dimension

Critique et une forme de prise en charge du réel grâce à l’élaboration littéraire. Elle prend en charge le réel. Ce phénomène est particulièrement lisible dans les romans.

Cette écriture ne s’assigne pas comme objectif d’évoquer la dialectique du même à l’autre, revendiquer l’identité ancestrale ou critiquer une société prisonnière des traditions qui refuse la modernité. Il ne s’agit donc ni d’une écriture de la nomination et de la différenciation ni d’une expression de l’accusation. Il s’agit donc d’une écriture de la mise en scène. En effet, une écriture très révélatrice, descriptive, dénonciatrice qui parle de la conjoncture de la société algérienne des années 90 tout en exhibant les évènements qui l’ont assassinée, cette mise en scène savamment travaillée par le fait littéraire et l’imaginaire.

C’est l’écriture instantanée de l’évènement historique, c’est l’avènement de l’écriture dite de l’urgence.

Les évènements tragiques qui secouent le pays depuis le début de la décennie écoulée ont (…) suscité une nouvelle littérature algérienne qualifiée de « littérature de l’urgence », (…),

cette littérature dont l’origine est « le drame qui se joue dans les arènes de l’histoire contemporaine de l’Algérie.14

Pour Maissa Bey, écrire dans une situation d’urgence est un acte d’engagement et de dévoilement d’une réalité explosive avec des « mots » disant le refus de toute complicité confortable ou subornation :

(…) La force des mots monter l’urgence de dire l’indicible, de rechercher le pourquoi de cette folie qui ravage l’Algérie. De

refuser le silence et la peur trop longtemps imposés.15

13http://www.evene.fr/celebre/biographie/maissa-bey-17624php.

14G.Hammadou, extrait de son article ; « Littérature algérienne : L’empreinte du chaos », du journal algérien, Le matin N°5, lundi 6 Août 2001.

L’écriture d’urgence est le produit des changements politiques et sociaux qu’a connu l’Algérie. Le régime politique change, donc la vision du monde change aussi. Il est inévitable que le champ thématique et même politique, littéraire se renouvelle aussi.

2. La situation de la femme pendant les années 90 :

La plupart des écrivaines des années 90 mettent au centre de leur écriture la situation de la femme algérienne à la recherche de l’identité et de la liberté et dont l’existence est souvent caractérisée par le désir et des essais de résister à la violence, de transgresser les lois religieuses et socioculturelles et en général, de braver la domination masculine. La motivation littéraire de ces écrivaines oscille entre création et urgence, elles n’écrivent pas seulement pour faire une création littéraire mais également dans la nécessité d’exprimer leurs pensées et leurs sentiments quant à la situation des femmes algériennes dans la société.

Pendant cette époque, les femmes en Algérie sont tenues dans le silence, les mensonges et l’hypocrisie entourent leur condition. C’est contre cela que Missa Bey décide de se battre, son écriture, du fait même de son existence, incarne la dissidence mais également paradoxe par la possibilité de vie et de mort ; l’écriture est en effet vie, création et espoir. Cependant, les mots sont plus dangereux que les larmes, ils dévoilent ce que l’on ne doit pas montrer, ils disent ce que l’on veut cacher, ainsi, témoigner, dire l’innommable, tel est le but de Maissa Bey dont l’écriture est à la fois dissidence et paradoxe.

Au commencement était la mer, représente une forme de liberté consacré à la femme pendant cette période, il renvoie aussi aux interdictions et au malaise, à l’islamisme. L’héroïne de ce roman, Nadia, a appris le moral, à respecter la religion et les ordres patriarcaux comme une jeune femme respectueuse, qui a une très grande place dans la société, il représente aussi l’injustice envers les femmes et tant de détails nous renvoient à la réalité vécue.

3. Le contexte social et le contexte familial: 3.1. Le contexte familial:

La structure familiale de la société algérienne est généralement de type patriarcal strict de filiation agnatique ; les femmes étant sous telle masculine .Le statut féminin qui découle de cette structure familiale est marqué par une infériorisation psychologique et morale doublée d’une surveillance constante et méfiante.

Le mariage est une affaire d’arrangements entre familles e non entre individus .Ainsi que la sortie hors du foyer ou de la famille sont déconseillées, si elles ne sont pas accompagnées d’un homme de la famille , la répudiation est licite , de même que la polygamie .Donc la société musulmane est une société conservatrice où toutes les femmes doivent mettre leurs voiles .toute activité mettant en contact la jeune fille ou la jeune femme est mal perçue , sinon suspecte . De manière générale, la femme ne peut être crédible et détenir le pouvoir de la parole que lorsqu’elle est âgée et qu’elle ne peut plus être un objet de désir sexuel pour les hommes .La romancière a traité ces thèmes sociaux dans son roman Au commencement était la mer.

Délit de sortir sans voile et de s’offrir ainsi à la convoitise d’hommes faibles et vulnérable que le reflet de chevelure brillant au soleil , la blancheur d’une peau furtivement entrevue , le galbe d’une jupe nue , pourraient précipiter dans les flammes du désir dans les affres de l’enfer (…) Délit que de parler librement , de

marcher , de s’asseoir aux cotés d’un homme qui vous est étranger , même si celui –ci n’est qu’un enfant, même si ce ne sont que les bancs d’une école primaire . Ils sont si précoces, les enfants des soleils !

Délit d’aimer, surtout de le dire ,de le faire, de le chanter ou de l’écrire ! (p.90)

En ce moment là , c’était la dominance masculine , une femme ne peut pas s’asseoir juste à coté d’un homme dans un bus , notamment un étranger même si celui-ci n’est qu’un petit enfant , le délit aussi d’aimer qui est une très grande faute , donc les femmes n’ont pas le droit d’aimer , de raconter leurs histoires, de proclamer ou de l’écrire sur des pages blanches , celui ou celle qui aime le fera en cachette sans que les autres sachent .

Dans l’histoire de Maissa Bey, Nadia et sa mère sont deux personnages qui ont un rôle et une continuité. Nadia a un rapport étroit avec sa mère, vécu c’est la seule personne qui se charge de l’éducation de ses enfants et d’une énorme responsabilité.

La mère de Nadia était enfermée dans un monde où les rêves n’existent pas, Nadia est devenue une femme alors que sa mère est absente de sa vie de femme, elle a fauté et elle n’a pas trouvé une personne qui la soutient. Nadia vit dans un contexte familial très froid, négligée par sa famille et ses proches, elle trouvait qu’une seule solution c’est de se donner la mort, toute seule dans sa chambre, le suicide qui est un cri dans la religion islamique, elle se trouve seule loin de toute sa famille, sa mère est toujours silencieuse, très touchée par l’absence de son

mari, pour elle une femme sans mari n’est rien, elle s’occupe juste de son mari au point d’oublier ses enfants et ce qu’ils vivent.

Le père de Nadia est mort, accidentellement, toute la famille était touchée par sa mort, son image est toujours présente.

La photo de son père est accrochée au mur, juste au dessus

d’un meuble, dans la salle à manger. Au milieu présent à tous les repas(…) Son père ? Elle le sent encore près d’elle, contre elle, mais elle ne le voit plus. Juste une tache de lumière, d’une source, Nadia veut la saisir, l’emporter pour la garder en elle, mais la lumière traverse ses doigts, traverse son corps.(P.103).

3.2. Le contexte social :

Tous les romans publiés dans les années 90 témoignent par leur ton et par leur contenu, d’une aggravation de la situation algérienne, s’ajoute à "la violence sociopolitique " qui était déjà thème dominant des romans algériens des années 90 une autre forme de violence , celle de terrorisme qui secoue l'Algérie depuis 1992 .Dans une société où il est difficile de briser le silence des discours monologiques et des mensonges ,L'intégrisme et la corruption . La peur et la violence telle sont les thèmes développés par les écrivains qui permettent de témoigner de bouleversement de la société algérienne, une société souffreteuse par le chômage, la crise de logement, la corruption et la misère.

La société décrite dans le roman au commencement était la mer, est une société qui souffre doublement d’une situation bloquée, d’abord pendant la guerre de libération et ensuite à l’ère du terrorisme, C’est une société au-dedans d’une barbarie, d’une inhumanité où l’insécurité se trouve partout. La réalité du terrorisme est aussi importante que l’Histoire de la guerre, nous remarquons cela toujours à travers les évènements de l’histoire du roman mais surtout les faits quotidien, la peur, la terreur et la mort des personnes qui se répète tous les jours, ainsi que les interdits qui s’appliquent aux femmes par la société masculine.

Dans le roman, Nadia aime l’Algérie, ce pays où elle a grandit, entourée de sa famille mais la société de violence ne sera pas tolérante avec elle. Cette jeune fille brisée, sacrifiée qui représente la situation de la femme on Algérie pendant les années 90, elle s’éveille toujours avec l’amour et surtout le rêve de vivre libre, sans un empêchement et sans un ordre de sa famille. Quoique ce roman représenté une forme de liberté consacrée à la femme pendant cette periode, il renvoie aussi aux interdictions et au malaise, il représenté aussi l’injustice envers les femmes et la réalité vécue.

Chapitre 4:

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