E628. La roue tourne
On se place dans le cas o`u la roue contient k>2 secteurs angulaires que l’on num´erote `a l’aide des ´el´ements du groupe A=Z/kZ={0,1, ..., k−1} et on num´erote aussi les couleurs de fa¸con `a ce que, pour tout s∈A, la couleur situ´e danss-i`eme secteur du disque ext´erieur soit celle de num´ero s. On note alorsf(s) le num´ero de la couleur situ´ee dans le s-i`eme secteur du disque int´erieur : f est une application de A dans A et le nombre j de couleurs diff´erentes apparaissant dans le disque int´erieur est le cardinal de l’ensemble f(A).
Lorsque l’on fait tourner le disque int´erieur de t∈A secteurs (dans le sens oppos´e `a la num´erotation) le secteur int´erieur qui, au d´epart avait le num´ero s (donc de couleur f(s)) se retouve en face du secteur ext´erieur de num´ero s−t (o`u la soustraction est bien entendu `a comprendre modulo k, c’est `a dire dans Z/kZ=A).
Zig gagne donc la partie lorsque, pour toutt∈A, l’´equation f(s) =s−t admet une unique solution s∈A.
Si tel est le cas, et si on noteg(t) cette unique solution alorsg:A→A et, pour toutt∈A, on af(g(t)) =g(t)−t.
Le fait que t=g(t)−f(g(t)) signifie que g est injective et donc bijective vu que A est fini.
L’applicationh= IdK−f(=g−1) (i.e. h(s) =s−f(s) pour tout s∈A) est donc une bijection de A dans A.
R´eciproquement, sih= IdK−f est bijective, alors, pour tout t∈A, l’´equation f(s) =s−t ´equivaut `ah(s) =t qui admet effectivement une unique solutions=h−1(t).
Conclusion : Un couple (k, j) est gagnant si et seulement si il existe une application h:A→A bijective telle que si f= IdK−h le cardinal de f(A) soit j.
(1) Le couple (k,1) est toujours gagnant :
Si on prendh= IdK (´evidement bijective) alors f= IdK−h est identiquement nulle doncf(A) ={0}
(2) Le couple (k,2) est gagnant si et seulement si k est compos´e (c’est `a dire non premier) : Si (k,2) est gagnant alors il existeh:A→A bijective telle que, si f= IdK−h, on aitf(A) ={b, b0}.
Il existe donc une partie B⊂A non vide et distincte de A telle que h(s) =
s−b si s∈B s−b0 sinon . Si on noten le cardinal de B, on a :
P
s∈A
s =
h bijective
P
s∈A
h(s) = P
s∈B
(s−b) + P
s∈A\B
(s−b0) = P
s∈A
s−nb−(k−n)b0 = n(b0−b) + P
s∈A
s
Doncn(b0−b) = 0 et cela n’est possible que si k est compos´e car sinon on aurait soit n= 0, soitn=k soit b=b0. R´eciproquement, sikest compos´e alorsk=nbavecn, b∈ {2..k−1}et, en prenantB=bA={0, b,2b,3b, ...,(n−1)b}
puish:A→A; s7→
s−b si s∈B
s sinon , on a une applicationhbijective et telle que, sif= IdK−h, on aitf(A) ={0, b}.
Le couple (k,2) est donc bien un couple gagnant.
(3) Si k et j sont impair avec 16j6k alors le couple (k, j) est gagnant : On consid´ere h:A→A; s7→
−s si s∈ {0,1, ..., j−1}
s+1−j sis∈ {j, j+1, ..., k−1}(vide sij=k) qui est bijective.
Si f= IdK−h on a f(A) =B∪{j−1} (ou f(A) =B si j=k) avec B={0,2,4, ...,2(j−1)} de cardinal j (car 2s= 2s0 ⇒s=s0 vu que est k est impair). De plus, j−12
∈ {0,1, ..., j−1} et 2 j−12
=j−1, donc j−1∈B et on a syst´ematiquement f(A) =B. L’ensemeble f(A) est donc de cardinal j et le couple (k, j) est gagnant.
(4) Si k est impair et j pair avec 46j6k−3 alors le couple (k, j) est gagnant : Si 2j−1< k on consid´ere h:A→A; s7→
s sis∈ {0,1,2,3}
3−s sis∈ {4,5, ..., j+1}
s+2−j sis∈ {j+2, j+3, ..., k−1}
qui est bijective.
Sif= IdK−h on a f(A) ={0}∪B∪ {j−2} avec B={5,7,9, ...2j−1} de cardinal j−2.
Or, 06=j−2 et, vu que 2j−1< k et que 0 et j−2 sont pairs, on a 06∈B et j−26∈B donc f(A) est de cardinal j et le couple (k, j) est bien un couple gagnant.
Si 2j−1>k on consid´ere alors h:A→A; s7→
0,3,1,2 pour s= 0,1,2,3 3−s si s∈ {4,5, ..., j+1}
s+2−j si s∈ {j+2, j+3, ..., k−1}
qui est bijective.
Sif= IdK−h on a f(A) ={0,−2,1}∪B∪ {j−2}avec B={5,7,9, ...2j−1} de cardinal j−2.
Vu que 46k+12 <k+32 6j+1, on a −2 = 2 k+12
−3∈B et 0 = 2 k+32
−3∈B. Mais, par contre, vu quej+1<k+j+12 < k+2, on a j−2 = 2 k+1+j2
−36∈B et 1 = 2(k+2)−36∈B ce qui, compte tenu du fait que j−26= 1 montre que f(A) est de cardinal j et donc que le couple (k, j) est un couple gagnant.
(5) Si k est impair le couple (k, k−1) est perdant :
On raisonne par contraposition en supposant que (k, k−1) est gagnant donc qu’il existe h:A→A bijective telle que, si f= IdK−h, on ait f(A) =A\{b}. Vu que f est forc´ement non injective il existe a 6=a0 tels que f(a) =f(a0) donc a f(A\{a}) =f(A) =A\{b} et, comme A\{a} etA\{b} ont mˆeme cardinal, cela montre que la restriction de f `a A\{a} r´ealise une bijection de A\{a} surA\{b} (∗). On a alors :
k(k+1) 2
= P
s∈A
s =
h bijective
P
s∈A
h(s) = P
s∈A
(s−f(s)) = P
s∈A
s−P
s∈A\{a}
f(s)−f(a) =
(∗)
P
s∈A
s−P
s∈A\{b}
s−f(a) = b−f(a) 6= 0 Donc k+12 n’est pas un nombre entier et cela signifie que l’entier k est pair.
(6) Si k est pair et j impair avec 36j6k−1 alors le couple (k, j) est gagnant : Posons`=j−1
2 et consid´erons h:A→A; s7→
−s sis∈ {0,1, ..., `−1}
j−s si s∈ {`, `+1, ..., j−1}
s+1−` si s∈ {j, j+1, ..., k−1}
qui est bijective.
Si f = IdK−h on a f(A) = B1∪B2∪ {`−1} avec B1 = {0,2,4, ...,2`−2} et B2 = {−1,1,3, ...,2`−1} donc B1∪B2={−1,0,1, ..., j−2} est de cardinal j. De plus, on a clairement `−1∈B1∪B2 donc f(A) =B1∪B2 est de cardinalj ce qui montre que le couple (k, j) est un couple gagnant.
(7) Si k et j sont pairs avec 46j6k−2 alors le couple (k, j) est gagnant : Posons`= j
2 et consid´erons h:A→A; s7→
2,3,1,0 pour s= 0,1,2,3 3−s si s∈ {4,5, ..., `+2}
j+4−s sis∈ {`+3, `+4, ..., j}(vide si j= 4)
s+1−` sis∈ {j+1, j+2, ..., k−1}
qui est bijective.
Si f = IdK−h on a f(A) = {−2,1,3} ∪ {5,7,9, ..., j+1} ∪ {2,4,6, ..., j−4} ∪ {`−1} = B∪ {`−1} avec B={−2,1,2,3, ..., j−3, j−1, j+1} de cardinal j. De plus, 16`−16j−3 donc `−1∈B et f(A) =B est de cardinal j ce qui montre que le couple (k, j) est un couple gagnant.
(8) Si k est pair le couple (k, k) est perdant :
On raisonne par contraposition en supposant que (k, k) est gagnant donc qu’il existe h:A→A bijective telle que, si f= IdK−h, on ait f(A) =A c’est `a dire f bijective. On a alors :
k(k+1)
2
= P
s∈A
s =
h bijective
P
s∈A
h(s) = P
s∈A
(s−f(s)) = P
s∈A
s− P
s∈A
f(s) =
f bijective
P
s∈A
s− P
s∈A
s = 0 Donc k+12 est un nombre entier et cela signifie que l’entier k est impair.
Conclusion : Les seuls couples (k, j) non gagnants sont ceux de la forme :
(k,2) avec k premier (k, k−1) avec k impair (k, k) avec k pair
Donc Zig perd s’il tire k= 4 , j= 4 (proba = 16×13) ou k= 5, j∈ {2,4} (proba =16×24) ou k= 6, j= 6 (proba
=16×15) ou k= 7, j∈ {2,6}(proba =16×26) ou k= 8, j= 8 (proba =16×17) ou k= 9, j= 8 (proba =16×18).
Au total, la probabilit´e de perdre de Zig est de p= 1 6×
1 3+2
4+1 5+2
6+1 7+1
8
= 1373 5040. Et, ´evidement, la probabilit´e de gagner est de 1−p= 3667
5040 ≈73% de chance.