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Guide pratique

d'analyse

de projets

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Manuel

BRIDIER Serge

MICHAÏLOF

Guide p r a t i q u e d ' a n a l y s e

d e p r o j e t s

Évaluation et choix des projets d'investissements

Préface d'André BUSSERY

ECONOMICA 49, rue Héricart, 75015 Paris

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©Ed. ECONOMICA, 1995

Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation et d'exécution réservés pour tous les pays.

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PRÉFACE

de la première édition (1980)

Manuel Bridier et Serge Michai'lof sont tous deux de che- vronnés praticiens de la préparation et de l'appréciation des pro- jets. Mais ils sont aussi des praticiens de la formation de cadres de pays en voie de développement, notamment dans le cadre du CEFEB, organisme de formation créé par la Caisse Centrale de Coopération Economique.

Cette double expérience, leur souci du dialogue avec leurs interlocuteurs du Tiers-Monde, leur ont fait prendre une conscience aiguë de l'écart énorme qui existe entre, d'une part, les théoriciens de l'analyse des projets, en particulier depuis une dizaine d'années où une littérature volumineuse s'est développée sur ce thème et, d'autre part, les praticiens, ingénieurs, agro- nomes, cadres administratifs et financiers, économistes même, chargés de la préparation effective des projets, et, a fortiori, les décideurs politiques.

De cette prise de conscience, du souci de "jeter un pont" pour tenter que les ressources fort limitées des pays sous-développés soient utilisées aussi judicieusement que possible en fonction de leurs objectifs propres est née l'idée de cet ouvrage.

Suivant le déroulement même de la préparation d'un projet, depuis son identification jusqu'à l'étude détaillée, les deux auteurs rappellent d'abord justement le rôle limité, mais indispensable, de l'analyse financière traditionnelle, puis les deux auteurs initient progressivement leur lecteur à une analyse économique pratique, ne nécessitant pas de connaissances spécialisées de mathéma- tiques ou d'économie, mais mentionnant néanmoins brièvement au passage, les difficultés théoriques soulevées par leur approche.

Certes, des théoriciens pourront critiquer certaines faiblesses ou certaines omissions. Mais ma propre expérience — au moins pour un public francophone - me conduit à penser qu'un ou- vrage de ce type répondra aux besoins d'initiation et de clarifica- tion de nombreux lecteurs. Ils y trouveront en effet :

— une démarche adaptée à la procédure pratique d'élabo- ration des projets ;

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— l'affirmation répétée de l'importance essentielle de la conduite d'un calcul économique, même sommaire et approché, dès la première phase de conception du pro- jet, lorsque celui-ci est encore malléable... ;

— la présentation, rapide sans doute, mais pratique et suf- fisante au départ, des principes des diverses approches de l'analyse économique par les prix ou par les varia- tions de revenus ;

— la discussion des principaux critères de choix du point de vue de l'entreprise ou de l'économie nationale et les modalités de prise en compte de l'inflation ;

— le rappel du caractère multi-critères de toute décision d'investissement : les critères économiques, critères

"synthétiques" qui tendent à faire oublier que toute déci- sion économique modifie les revenus et les pouvoirs de nombreux agents (certains diraient des diverses classes) composant la collectivité nationale ne sauraient donc être utilisés de manière exclusive et une analyse détail- lée des répercussions de toute décision sur la situation de tous ces agents est particulièrement utile ;

— le caractère relatif, c'est-à-dire en fait lié à une réparti- tion existante des revenus et des pouvoirs, de tout sys- tème de prix inévitablement utilisé pour effectuer une appréciation des projets ;

— le rappel insistant de l'utilité d'un calcul économique pour tout projet malgré son caractère imparfait.

Certes, les auteurs, après avoir rappelé l'intérêt—et les dan- gers — de l'utilisation des prix de référence, en particulier dans la phase initiale de conception des projets, développent-ils à leur encontre certains arguments contestables. Certes, la présentation du problème du taux de change auquel se heurte toute apprécia- tion de projets, même dans les pays où il n'y a pas de contrôle des changes rigoureux (cas de la zone franc...), pourra paraître trop sommaire. Certes, M. Bridier et S. Michaïlof ne développent-ils pas certaines objections possibles à la méthode des effets, en par- ticulier la limitation de son emploi aux cas où la demande finale est une donnée indépendante du projet... Cette méthode, pour des raisons que je partage largement, malgré mes réserves théo- riques, a clairement la préférence des auteurs. Ils en montrent donc les potentialités pour conduire une analyse économique et pratiquement politique des effets d'un projet, se rapprochant beaucoup en cela de l'approche de Kornai qui rappelle qu'un plan ne résulte jamais de l'utilisation d'une fonction d"'utilité sociale"

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théorique, mais de compromis entre intérêts divergents et/ou complémentaires de classes sociales en partie antagonistes.

Ces critiques peuvent être faites et seront faites. Mais ce se- rait oublier l'objectif limité des auteurs : donner une démarche pratique et suffisamment simple pour être appliquée par des "non initiés" dans le choix des projets. Ce serait oublier aussi que la compréhension complète des problèmes du calcul économique suppose une pédagogie progressive, une "maturation" qui ne peut se faire qu'à partir d'une pratique et d'une confrontation avec la diversité des cas réels.

Le principal est d'amorcer cette démarche. Cet ouvrage contribuera incontestablement à atteindre cet objectif, comblant une lacune regrettable dans la littérature économique de langue française.

André BUSSERY Ingénieur Civil des Mines

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AVANT-PROPOS

L'évaluation économique et financière des projets d'investis- sement est à la fois comme la langue d'Ésope et comme la prose de M. Jourdain.

Comme la langue d'Ésope, elle peut être la meilleure ou la pire des choses : un instrument utile pour la décision ou le simple camouflage, la simple justification a posteriori d'une décision déjà prise.

Comme la prose de M. Jourdain, elle se présente aujourd'hui sous les traits d'une science nouvelle, ou plus modestement d'un ensemble de techniques modernes, inconnues voilà seulement quelques dizaines d'années.

Depuis que les hommes produisent et échangent entre eux des marchandises, particulièrement depuis que cette production et ces échanges sont régis par les lois de l'économie capitaliste, il n'est pas cependant un investissement, pas une décision économique ou financière qui ne suppose une évaluation de ses conséquences, une estimation des résultats attendus et des risques à encourir. Les hommes d'État et les hommes d'affaires du siècle dernier ne fai- saient-ils pas de l'évaluation sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose ?

Aujourd'hui encore, de nombreux hommes de métier — que ce soit dans les entreprises, dans les institutions financières ou dans les administrations — considèrent avec scepticisme les tech- niques nouvelles et préfèrent s'en remettre à leur expérience, à leur sens de l'économie, à leur "flair".

Le développement des techniques d'évaluation financière et économique n'est pourtant pas une simple mode. Il répond au vo- lume accru des investissements, à la durée de plus en plus longue des amortissements, à la complexité croissante des décisions, à l'imbrication de plus en plus étroite des facteurs économiques et politiques.

Sauf pour des opérations de faible envergure, le choix final ne dépend plus seulement de l'entreprise ou de son banquier. Il im- plique une succession de choix partiels, dépendant le plus souvent de centres de décision différents, nationaux et internationaux, fi- nanciers et administratifs.

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Un langage commun, une analyse financière suffisamment codifiée pour être admise et reconnue par chacun des interlocu- teurs est alors nécessaire. Son complément par une analyse éco- nomique est indispensable pour la prise en compte des aspects extérieurs à l'entreprise ou au projet, souvent déterminants pour les décisions des organismes administratifs ou des institutions in- ternationales.

Le langage et les techniques utilisés pour de telles analyses ne sont pas des recettes magiques ; ils ne fournissent pas des for- mules passe-partout qui remplaceraient le bon sens et l'expérience pratique. Leur application mécanique, sans discernement et sans expérience, ne peut conduire au contraire qu'à des absurdités.

Mais il serait aussi dangereux de les rejeter en bloc.

On ne doit certes ignorer ni leurs faiblesses, ni leurs insuffi- sances, ni même l'usage abusif qu'une certaine bureaucratie peut en faire. Il n'en est que plus indispensable de les bien connaître et de pouvoir s'en servir.

Indispensable pour des raisons positives, parce que ces tech- niques fournissent au décideur des éléments irremplaçables d'ap- préciation chiffrée, qui éclairent sa décision en même temps qu'elles facilitent la présentation du projet aux autres instances, fi- nancières ou politiques.

Indispensable aussi pour des raisons négatives (ou tout sim- plement critiques), précisément parce que les institutions adminis- tratives et financières — internationales en particulier — les utili- sent couramment et qu'il faut pouvoir comprendre leur raisonne- ment, savoir sur quoi il repose, pour discuter avec elles et ne pas se voir imposer passivement leurs sentences.

La difficulté n'est pas alors seulement dans l'ésotérisme du langage, mais dans la diversité des méthodes utilisées, particuliè- rement en matière d'analyse économique.

Il existe à cet égard une littérature si abondante que l'annexe bibliographique placée à la fin de ce volume ne prétend pas être exhaustive pour les publications en français et ne constitue, pour les éditions anglaises ou américaines, qu'un aperçu sélectif. Du moins nous sommes nous efforcés de classer les principaux titres par grands thèmes, pour permettre au lecteur de s'y référer plus facilement.

Si nombreux qu'ils soient, il nous a pourtant semblé que ces ouvrages, souvent excellents en eux-mêmes, ne répondaient pas entièrement aux questions que se posent les étudiants ou les pro- fessionnels, au passage toujours délicat de la théorie à la pratique.

Pour la plupart des livres mis en vente, il s'agit, en effet, d'exposés savants, fournissant à la fois les grandes lignes des mé- thodes et leur démonstration théorique. La rigueur académique de ces exposés leur confère un intérêt scientifique et une valeur cer-

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taine, mais rend souvent difficile leur utilisation dans le travail quotidien, même lorsqu'ils sont improprement qualifiés de "ma- nuels".

C'est pourquoi de nombreuses institutions financières, tant nationales qu'internationales, ont mis au point, à l'usage de leurs propres agents, des guides pratiques pour l'évaluation des projets qui leur sont soumis. Ces guides sont le plus souvent confiden- tiels, non disponibles dans le public. Si même ils peuvent être communiqués, leur adaptation trop étroite aux besoins particuliers de tel ou tel établissement rend malaisée la généralisation de leur emploi, à moins d'adopter purement et simplement les procédures

— et par conséquent les critères — de cet établissement.

Dans l'un et l'autre cas, enfin, qu'il s'agisse des ouvrages sa- vants ou des manuels internes, une seule méthode est présentée, ce qui peut rendre difficile la compréhension des rapports établis par d'autres sur d'autres bases.

L'ambition de ce petit livre est à la fois plus modeste et plus large.

• Plus large, dans la mesure où nous avons pensé utile

— de présenter à la fois les éléments de l'évaluation finan- cière et de l'évaluation économique ;

— d'exposer successivement les diverses méthodes les plus couramment utilisées pour l'évaluation économique des projets.

• Plus modeste, dans la mesure où nous souhaitons donner à ce texte un caractère usuel, avec le minimum de références théo- riques et d'observations générales, quitte à renvoyer le lecteur aux ouvrages de base.

C'est dans cette perspective essentiellement pratique, celle d'un instrument utilitaire de travail, que nous avons présenté ce manuel.

La première partie résume les principaux mécanismes de l'évaluation financière en s'appuyant sur des exemples chiffrés pour illustrer leur application concrète.

La seconde partie aborde successivement les deux principales méthodes d'évaluation économique : "méthode des prix de réfé- rence" et "méthode des effets". Comme pour l'évaluation finan- cière, des exemples chiffrés permettent de suivre le déroulement des calculs. Pour la méthode des effets, généralement moins connue, il nous a paru en outre nécessaire de fournir un schéma simplifié, avant de reprendre plus en détails les étapes du raison- nement.

Le souci de conserver à ce petit livre son caractère pratique ne pouvait aller cependant jusqu'à exclure toute réflexion de fond

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sur la validité des méthodes et la signification des critères utilisés.

Une telle réflexion est indispensable pour donner aux calculs leur juste place et ne pas confondre l'évaluation des projets, auxiliaire de la décision, avec la décision elle-même.

Il nous a semblé cependant que cette réflexion supposait que les méthodes soient connues et les procédés de calcul suffisam- ment maîtrisés. C'est pourquoi nous l'avons réduite au minimum dans l'exposé lui-même, pour la reporter à la conclusion.

Le lecteur trouvera enfin en annexe quelques schémas récapi- tulatifs et quelques développements complémentaires, ainsi qu'une bibliographie qui lui permettra d'approfondir sa connais- sance du sujet au-delà des limites volontairement restreintes de ce livre.

Serge MICHAÏLOF Manuel BRIDIER

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INTRODUCTION

Pour comprendre le rôle que peuvent jouer les techniques d'analyse financière et économique lors de la préparation de pro- jets de développement, il est souhaitable de rappeler d'une part les différents angles d'études d'un projet, d'autre part les principales étapes de ce type d'études.

1. LES ANGLES D'ÉTUDES D'UN PROJET

— Qu'est-ce qu'un projet de développement ?

De façon très concrète, un projet correspond le plus souvent à la réalisation d'un ou de plusieurs nouveaux investissements (barrage, mine, chemin de fer et port d'évacuation...) ou bien à l'extension d'installations existantes (accroissement de capacité d'une usine...) et/ou à la mise en place d'un ensemble de mesures institutionnelles (création d'une agence de développement régio- nale, d'une société de mise en valeur, etc.).

— Comment définir un projet ?

Les définitions varient largement selon les auteurs. Nous en retiendrons une qui a le mérite d'insister sur le caractère global et relativement autonome que doit présenter tout projet : "il s'agit d'un ensemble complet d'activités et d'opérations qui consomment des ressources limitées (telles que main d'oeuvre, devises, etc.) et dont on attend (on = certains individus, groupes ou classes so- ciales ou la collectivité entière) des revenus, ou autres avantages monétaires ou non monétaires".

Analyser un projet consiste donc, en dernière instance, à comparer des utilisations de ressources et des revenus ou avan- tages futurs étalés sur une certaine période de temps. Mais l'étude d'un projet ne se limite évidemment pas à cette analyse. Un projet, en effet, doit — ou devrait être — étudié sous plusieurs angles.

Sous l'angle technique, d'abord, il s'agit d'analyser les caracté- ristiques d'un produit, les procédés de fabrication, etc. Mais en général cette étude technique aura été précédée d'une étude des besoins ou d'une étude de marché. S'il s'agit de produits commer- cialisés, il faut connaître les quantités que l'on pourra vendre, à

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quel prix, les conditions de commercialisation, l'évolution future de la demande et, à la limite, le type de produit qu'il faut fabri- quer. Tout ceci peut paraître trivial mais l'oubli ou l'insuffisance de ces études de marché initiales ont fait capoter bien des projets.

Outre ces deux principaux angles d'étude, un projet doit faire l'objet d'un ensemble d'analyses qui doivent porter sur six princi- paux éléments :

— les conditions juridiques et fiscales,

— les ressources en hommes (main-d'œuvre qualifiée ou non qualifiée, cadres techniques et de direction),

— les schémas d'organisation prévus,

— l'estimation des coûts d'investissement et d'exploitation ainsi que des recettes et avantages prévus,

— la recherche des moyens financiers qui pourront être mobilisés pour la réalisation,

— enfin, la comparaison entre les coûts et les recettes ou avantages attendus.

Le problème de la comparaison entre les coûts et les recettes ou avantages attendus du projet fait plus particulièrement l'objet de cet ouvrage. Cette comparaison se fait à deux niveaux :

— celui de l'entreprise : l'étude sera ici faite par l'entrepre- neur, le banquier, le directeur du projet qui cherchent à estimer la rentabilité ou à vérifier l'équilibre financier du projet ou de l'une de ses unités: c'est l'objet de l'étude fi- nancière ;

— celui de la collectivité nationale : l'étude sera ici conduite par un bureau de planification, un organisme financier ou une équipe de techniciens qui cherchent à évaluer les bénéfices du projet pour la collectivité natio- nale : c'est l'objet de l'étude économique.

Cette distinction entre économique et financier est cruciale.

Nous la rencontrerons en permanence.

Si la préparation d'un projet suppose ainsi une étude effectuée sous divers angles complémentaires, elle suppose également un certain nombre d'étapes nécessaires.

2. LES ÉTAPES DE LA PRÉPARATION D'UN PROJET

Les étapes sont en principe au nombre de quatre : l'identifi- cation, la faisabilité, l'évaluation, l'avant-projet d'exécution.

— L'étude d'identification correspond à la première matura- tion de l'idée de projet ; on y fait l'analyse des besoins ou du mar-

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ché, le diagnostic d'une situation qui pose le ou les problèmes dominants ainsi que le ou les facteurs limitants. A la lumière des innovations possibles, elle dégage les premières esquisses de so- lution. L'un de ses objectifs est enfin de susciter le financement de l'étude de faisabilité dont elle définit le contenu.

De façon générale, le projet est donc localisé et grossièrement dimensionné. Les différentes options technico-économiques doi- vent être énoncées et la cohérence de l'ensemble vérifiée. Les pa- ramètres clés sont estimés sommairement (mais non justifiés, ce sera le rôle de l'étude de faisabilité).

Pour un projet hydro-agricole, par exemple, l'identification correspond approximativement à l'analyse des besoins et des pro- blèmes permettant la définition du premier schéma d'aménage- ment : ressources en terre et en eau, moyens techniques néces- saires pour leur mobilisation (ouvrages, équipement, aménage- ments, etc.). Dans le cas d'un projet sucrier, il faudra préciser les dimensions du marché, les localisations possibles, énoncer les fourchettes probables pour les paramètres-clés : rendement en canne, rendement en sucre, durée de la campagne, taux d'extrac- tion, etc.

— L'étude de faisabilité vise à prouver que les choix tech- niques et économiques sont viables (faisables) et qu'ils sont les meilleurs (optimisation). Dans le cas contraire, l'étude doit propo- ser des solutions mieux adaptées ou bien recommander l'abandon du projet. Les paramètres sommairement estimés lors de l'identifi- cation doivent être justifiés.

Elle approfondit par conséquent les données de l'étude précé- dente et justifie techniquement et économiquement la solution proposée après discussion des autres solutions possibles. C'est le stade du choix et de sa justification.

— L'étude d'évaluation est effectuée par l'organisme chargé du financement du projet. Elle vérifie l'étude de faisabilité afin de préparer la prise de décision.

Les objectifs du projet sont-ils oui ou non compatibles avec ceux du secteur économique considéré ? S'inscrivent-ils dans la stratégie nationale de développement ? Les choix techniques et économiques sont-ils les meilleurs ? En conclusion : faut-il aban- donner le projet ? Retarder la décision ? Reprendre l'étude de fai- sabilité ? Financer le projet sous sa forme actuelle ou bien une variante ?

— L'étude de l'avant-projet d'exécution prépare enfin la réa- lisation : spécification détaillée des moyens de toute nature à mettre en œuvre, évaluation plus précise de leur coût, (d'autant

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que les délais entre l'étude de factibilité et le projet d'exécution peuvent avoir entraîné des hausses de prix significatives prévues ou imprévues). Cette étude doit s'accompagner d'un planning dé- taillé de réalisation des travaux s'appuyant, le cas échéant, sur un schéma d'ordonnancement. Elle comprend enfin la préparation et le lancement de dossiers d'appel d'offre (ou la préparation d'un cahier des charges s'il s'agit d'un contrat de gré-à-gré), le dépouil- lement des appels d'offre ainsi que le choix des entrepreneurs.

3. L'EXÉCUTION PRATIQUE DES ÉTUDES DE PROJETS

L'importance et la durée de ces différentes phases d'étude va- rie, bien entendu, avec l'importance et la complexité des projets.

Si des projets industriels simples peuvent être mis en chantier après quelques semaines d'études, en revanche de vastes projets agro-industriels dont la réalisation se heurte à de multiples incerti- tudes (climat — sols — disponibilité en eau — réactions des po- pulations paysannes — etc.) exigent parfois des années de re- cherches.

Les différentes phases d'études s'enchaînent donc selon la sé- quence suivante :

Certaines de ces quatre phases sont néanmoins couramment omises dans la pratique. L'identification est fréquemment confon- due avec la vague idée de projet, la faisabilité "bâclée" sert d'étude de projet et l'étude d'évaluation se limite à la relecture de l'étude de faisabilité. Ce n'est pas nécessairement un mal si le projet est de taille réduite ; cela permet d'économiser sur les coûts de l'étude, lesquels bénéficient fort peu, en général, aux pays en voie de développement.

De nombreux organismes insistent néanmoins pour une nette différenciation de ces diverses séquences. Dans le cas de projets agricoles financés par la Banque Mondiale, par exemple, l'identi- fication est souvent réalisée par les missions résidentes telles celles de Nairobi ou d'Abidjan, ou par les services de Washington, appuyés de consultants individuels, à partir de dossiers présentés par les services techniques nationaux. La faisabilité est en général effectuée par des Sociétés de consultants étrangères ou locales.

L'évaluation (appraisal) relève par contre des équipes de Washington.

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4. LA PLACE DE L'ÉCONOMISTE ET DE SES TECHNIQUES

Pour situer les techniques que nous allons étudier ensemble, il est nécessaire de détruire un certain nombre de mythes.

La solution "classique" qui consistait à définir un produit, puis à chercher à le vendre, donc à faire l'étude technique lors de l'identification et de la faisabilité, puis à se préoccuper de l'étude du marché ou des besoins au niveau de la réalisation, a fait son temps. Nombre d'échecs d'entreprises en fournissent la preuve.

Vouloir de la même façon effectuer l'étude financière et éco- nomique d'un projet lorsque ce dernier est déjà défini, c'est-à-dire lors de l'étude d'évaluation, conduit à une situation non satisfai- sante si le projet montre une faible rentabilité. A ce stade, le choix est de financer ou de ne pas financer le projet. Or, pour les projets importants financés sur fonds publics, les pressions politiques et financières ou l'urgence des besoins font que l'on voue au diable les économistes et leurs mauvais présages.

En conséquence, si l'économiste veut être utile, si les règles et raisonnements économiques peuvent éclairer les responsables, c'est à condition d'en user dès la conception d'un projet, c'est-à- dire lors de l'identification ou de la faisabilité.

Le problème classique de l'évaluation ex post, ou du choix entre divers investissements, problème analysé en détail par les manuels spécialisés, se révèle ainsi fréquemment un exercice aca- démique. Le rôle de l'économiste est le plus souvent d'aider à la définition d'un projet, d'obliger les techniciens à étudier des va- riantes, d'éclairer les décisions successives qui, bien avant la déci- sion finale de financement, déterminent les caractéristiques tech- niques.

L'étude financière et l'étude économique doivent donc débu- ter dès le début de la préparation des projets, même et surtout si les éléments techniques sont encore très imprécis (et de façon plus générale, les projets doivent si possible être étudiés sous tous leurs angles — technique, marché, financier, économique, organi- sation, etc. — lors de toutes les phases de leur préparation, ce qui peut être synthétisé à l'aide du schéma ci-après).

Le rôle des techniques économiques que nous étudierons ici est donc de faciliter la synthèse et l'analyse des éléments d'infor- mation permettant d'éclairer les décisions successives qui défini- ront les caractéristiques du projet, puis de préparer la décision de financement. A la différence des techniques comptables qui visent essentiellement à enregistrer et contrôler des phénomènes, les techniques que nous étudierons visent à éclairer et faciliter des prises de décisions.

Ces techniques se situent donc en dehors du cadre comptable classique. Mais elles ne dispensent aucunement de l'étude finan

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Schéma d'intervention des études lors d'une préparation de projet

cière détaillée qui survient en principe postérieurement, lorsque les grands choix techniques ont été faits. Mieux, elles préparent et facilitent grandement cette dernière étape financière.

Nous examinerons successivement :

1) les techniques d'évaluation financière de projets dans l'optique de l'entreprise ;

2) les techniques d'évaluation économique de projets dans l'optique de la collectivité nationale.

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CHAPITRE 1

L'ÉVALUATION FINANCIÈRE

1. NOTE PRÉLIMINAIRE :

NOUVEAUX PROJETS ET EXTENSION DE PROJETS DÉJÀ EXISTANTS

Il est ici nécessaire de bien faire la distinction entre nouveaux projets et extension de projets déjà existants. Si l'ensemble des techniques que nous allons présenter s'applique en effet sans diffi- cultés ni préalables au cas de nouveaux projets, l'extension d'un projet déjà existant implique bien évidemment une analyse soi- gneuse du passé de ce projet. Sur un plan financier, une telle ana- lyse suppose le dépouillement des bilans, comptes d'exploitation et documents comptables de l'unité opérationnelle chargée de sa mise en œuvre.

Nous ne reviendrons pas ici sur le problème désormais clas- sique de l'analyse financière du passé, du dépouillement des bilans et documents comptables, et renvoyons pour cela le lecteur aux nombreux ouvrages qui traitent en détail de ce problème.1 Nous centrerons notre approche sur l'analyse de l'avenir et le problème des nouveaux projets, étant entendu que, pour le cas des exten- sions de projets déjà existants, les techniques que nous présentons peuvent être utilisées sans difficulté à deux conditions :

1) ne pas omettre l'analyse financière du passé à l'aide des outils traditionnels,

2) ne pas analyser l'extension isolément du projet existant mais étudier au contraire le projet global avec et sans extension.

Supposons, par exemple, que l'on veuille porter de 10 000 à 15 000 T. la capacité de production d'une usine agro-alimentaire.

Il serait absurde et impossible de bâtir un compte d'exploitation séparé et a fortiori un bilan distinct — pour les 5 000 T. supplé- mentaires (dont le coût de fabrication comprend une part impor- tante de charges fixes, communes à l'ensemble de la production).

Il faudra donc procéder d'abord à l'analyse financière du projet de

1. Voir annexe bibliographique.

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10 000 T., puis à l'analyse du projet élargi, pour sa production to- tale de 15 000 T. et ne faire qu'ensuite la soustraction entre les ré- sultats ainsi obtenus.

2. LES OUTILS FINANCIERS QUI FACILITENT LA MISE AU POINT DU SCHÉMA TECHNIQUE

2.1. Analyse financière sommaire et analyse détaillée La préparation d'un projet passe, en principe, par quatre phases de durée et d'importance variables en fonction de la taille et de la complexité du projet : l'identification, la faisabilité, l'éva- luation et le projet ou avant-projet d'exécution.

Comme nous venons de le voir, ces étapes sont parfois confondues, voire omises. Il y a néanmoins toujours deux phases bien distinctes : celle de la conception du projet, et celle de sa mise en forme définitive.

2.1.1. Mise au point du schéma technique et mise au point du schéma de financement

Lors de la conception d'un projet, le problème fondamental est la mise au point du schéma technique. Lors de la mise en forme définitive au contraire, les aspects financiers et en particu- lier la mise au point du schéma de financement sont essentiels.

Dans la réalité, ces deux aspects (définition technique et mise au point financière) sont souvent entremêlés, ce qui correspond à une pratique erronée, qui est source de confusion. Cette pratique erro- née, fréquemment employée consiste en effet :

a) pour les ingénieurs qui préparent le projet à retenir une solution a priori en assimilant en général la solution qu'ils connaissent le mieux à la solution la meilleure, b) pour l'économiste ou le financier chargé de "l'évalua-

tion", à procéder à une étude financière détaillée, travail qui conduit facilement à la confusion s'il est répété pour de multiples hypothèses techniques.

Lorsqu'à l'issue de cette étude le projet ne peut être financiè- rement équilibré, le schéma technique est en effet modifié à la hâte, au jugé, et l'analyste financier se perd entre les modifications d'hypothèses techniques et d'hypothèses financières. Le projet préparé indépendamment de toutes considérations financières (et économiques !) est en effet présenté trop tard au financier ou à l'économiste pour que celui-ci puisse intervenir dans le choix du

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schéma technique, c'est-à-dire dans le problème essentiel du choix des variantes.

2.1.2. Étude financière sommaire et choix des variantes Un projet important ne s'élabore pas en un jour. A l'origine se trouve en général la combinaison d'un besoin ou d'un problème spécifique (exemple : fort accroissement de la consommation de sucre importé) d'une opportunité technique (possibilité de cultiver la canne à sucre dans des conditions satisfaisantes) et d'une vo- lonté ou finalité générale au plan politique (politique d'import substitution affirmée, volonté d'indépendance alimentaire, etc.).1

Chaque projet est donc le produit d'une suite de décisions qui l'engagent fréquemment très tôt de façon irréversible — dès l'identification — pour des raisons à la fois techniques, idéolo- giques, politiques et financières. Ces décisions concernent le choix de la technologie (les possibilités de choix ne sont d'ailleurs ici généralement pas évoquées), le choix des procédés de fabrica- tion (souvent imposés — et non justifiés — par l'expérience propre du ou des responsables techniques), le choix de la dimen- sion (la recherche souvent illusoire d'économies d'échelle est ra- rement balancée par une analyse des besoins réels), le choix de la localisation régionale et micro-régionale (parfois imposée par des considérations électoralistes) le choix de la structure de gestion (fréquemment dominé par des a priori idéologiques du genre :

"efficacité supérieure de l'agriculture de plantation par rapport à l'agriculture paysannale") et enfin le choix de la date de réalisa- tion. Biais technicistes, a priori idéologiques, considérations électoralistes et contraintes financières se conjuguent ainsi fré- quemment pour donner le jour à des projets difformes, qui faute de modifications survenues à temps (dès l'identification ou le dé- but de la faisabilité) conduisent à des choix difficiles lors de l'évaluation : faut-il rejeter en bloc le projet ? perdre deux ans en nouvelles études (ce qui financièrement et politiquement est dif- ficilement acceptable) ? ou accepter de financer un projet mal conçu en fonction de considérations politiques déguisées en "justi- fications économiques et sociales" ?

2.1.3. Rôle de l'étude financière sommaire

Pour limiter (ou chiffrer) le coût de ces biais, a priori et contraintes, nous avons vu que l'étude financière doit intervenir

1. L'opportunité technique seule en effet ne suffit pas à justifier un projet ni à le faire vivre (cas du Concorde...) et le besoin ou la réalité du problème ne suffisent pas à susciter un projet si les finalités générales ne correspondent pas (cas de la pauvreté dont chacun se désintéresse si la finalité est d'accumuler individuellement le maximum de profit à court terme).

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très tôt, lors de la préparation des projets. Mais les outils tradi- tionnels que sont les comptes d'exploitation et bilan prévisionnels ont ici le défaut de s'inscrire dans un cadre comptable qui se ré- vèle d'un maniement lourd et peu adapté au problème de la mise au point et du choix d un schéma technique. C'est par conséquent à des outils différents que l'on fait appel. Ces outils permettent une analyse sans doute sommaire, mais mieux adaptée à la conception d'un projet, à la mise au point d'un schéma technique que l'analyse financière détaillée classique.

Notons toutefois que cette étude sommaire ne saurait en au- cun cas éliminer l'analyse détaillée qui est indispensable lors de la mise en forme définitive du projet, lors de la préparation du schéma financier, lorsqu'il faut alors s'assurer de l'équilibre fi- nancier définitif et de la rémunération des différents agents éco- nomiques intervenant.

2.1.4. Passage du cadre comptable au cadre de l'analyse finan- cière sommaire Fort utile pendant toute la période de conception d'un projet, guidant et organisant la préparation technique, l'étude financière sommaire fait ainsi appel à des techniques de calcul qui consti- tuent un langage différent du langage comptable. Cette différence de langage est particulièrement sensible en ce qui concerne la dé- finition des prix de revient et de l'amortissement.

La différence entre le prix de revient comptable et le coût marginal est un problème connu, qui s'applique à des décisions de gestion à court terme et n'entre pas, par conséquent, dans le cadre de cet ouvrage ! La définition de l'amortissement exige au contraire une mise au point pour son application à l'analyse fi- nancière d'un projet.

Les manuels de comptabilité définissent l'amortissement comme "la constatation comptable de la perte subie par la valeur d'actif des immobilisations qui se déprécient au cours du temps".

Mais cette définition suppose qu'on enregistre en tant que perte de la valeur d'actif la dépréciation réelle des immobilisations : en fait les rythmes de dépréciation adoptés par les comptables sont entâ- chés d'un certain arbitraire, ils consistent par exemple à porter chaque année en amortissement la quantité — ou "C" est le coût N C total de l'immobilisation réelle et "N" le nombre d'années retenu pour le calcul. Ce sont donc en définitive des règles fiscales (amortissements dégressifs, accélérés, etc.) qui vont commander le calcul des amortissements dont on n'est pas sûr, dans ces conditions, qu'ils aient un sens économique, et qui ne correspon-

(24)

dent en outre à aucune sortie effective d'argent puisque les sommes correspondantes restent à la disposition de l'entreprise.

2.1.5. L'analyse financière sommaire peut se faire sans recours à la notion d'amortissement Le caractère arbitraire et assez artificiel de l'amortissement comptable est heureusement sans grande importance pour l'éco- nomiste, car celui-ci peut fort bien guider les décisions d'investis- sement dans l'entreprise sans jamais utiliser la notion d'amortis- sement.

En quoi consiste en effet, en bref, un projet d'investissement au niveau de l'entreprise ? Acquérir ou fabriquer des biens rares dont la durée de vie est limitée, qui exigent des dépenses d'exploi- tation et d'entretien annuels, et qui sont susceptibles d'apporter des recettes.

Cet ensemble de charges et de recettes peut être représenté sous une forme graphique.

A titre d'exemple, les figures 1 et 2 ci-après, illustrent le cas d'un projet dont la durée de vie totale est de 8 ans et dont la réali- sation de l'investissement exige 1 an.

Les histogrammes de la figure 1, ou la courbe simplifiée de la figure 2 ne sont que deux représentations du même phénomène.

Ils montrent comment les charges d'exploitation augmentent avec le temps, par suite du vieillissement du matériel, tandis que les re- cettes diminuent passé un certain seuil (ici la 5e année). Lorsque les biens d'investissement, c'est-à-dire les machines, les usines, etc. sont usés, on effectue un autre investissement; le gra- phique prend alors la forme de la figure 3.

Il est d'ailleurs plus simple de ne pas faire apparaître tous ces coûts et toutes ces recettes mais leur somme algébrique annuelle qui se présentera sous la forme d'une succession de flux de re- cettes et de dépenses, comme on peut le voir sur la figure 4.

La somme algébrique des charges d'exploitation, des recettes, et pour les premières années du coût de l'investissement, que nous avons portée sur le graphique précédent, représente par définition le flux financier net ou cash flow.1 Un projet d'investissement peut donc se décrire par un échéancier de flux financier net, c'est-à- dire une succession annuelle de sommes algébriques :

1. Il existe de multiples définitions du cash-flow. Nous nous situons ici, ne l'oublions pas, dans une terminologie spécifique et le cash flow ainsi défini ne correspond pas à la notion cou- rante de cash flow comptable (résultat d'exploitation + amortissement).

(25)

FIGURES 1 et 2. - Présentation schématique d'un projet d'investissement sous la forme d'un échéancier de flux financiers (I)

(26)

FIGURES 3 et 4. -Présentation schématique d'un projet d'investissement sous la forme d'un échéancier de flux financiers (II)

Tout projet ou toute variante d'un projet se présentera donc de façon synthétique sous la forme d'un tableau récapitulant année par année les dépenses d'investissement et de renouvellement, les charges d'exploitation et les recettes espérées.

Le tableau se présente ainsi :

(27)

TABLEAU 1

Ce type de présentation justifie divers commentaires : a) Très important : les considérations financières et fiscales sont pour l'instant négligées.

Dès lors que l'on n'utilise plus les notions d'amortissements fiscaux mais la durée de vie techniquel, il n'est plus possible de calculer les bénéfices comptables ni les impôts sur les bénéfices.

Cette approche est donc forcément sommaire. Elle a pour but de permettre d'effectuer des choix préalablement à l'intervention de considérations fiscales. L'étude financière détaillée sera indispen- sable lorsque l'on cherchera à calculer les bénéfices comptables, les impôts et dividendes et à mettre au point un schéma de finan- cement.

Le flux financier précédemment calculé correspond en fait à une somme de flux qui seront ultérieurement affectés aux action- naires (dividendes), à l'état (fiscalité), à des fonds de renouvelle- ment (amortissements), etc.

b) Attention, en utilisant cette méthode, de ne pas compter deux fois la valeur de l'investissement, en incluant à nouveau les amortissements.2

c) Le tableau est en général présenté en monnaie constante, non que les phénomènes inflationnistes soient négligés mais parce que l'on estime que les prix évolueront parallèlement. Des hypo- thèses différentes peuvent toutefois être retenues (voir note com- plémentaire).

d) Attention de ne pas oublier les besoins en fonds de roule- ment permanent qui correspondent à une rubrique du poste inves- tissement.

1. Cf. chap. 2, section 3.3. ci-après.

2. Nous utiliserons désormais dans un but de simplification le terme flux financier pour flux fi- nancier net.

(28)

Le tableau précédent est en effet établi à partir des indications fournies par les responsables techniques du projet. Ceux-ci chif- frent en général avec une bonne précision les investissements cor- respondant à des immobilisations : bâtiments, véhicules, terras- sements, etc. mais oublient fréquemment de chiffrer les besoins de financements requis par les exigences du cycle d'exploitation.

Les matières premières, en effet, ne sont pas transformées instan- tanément, ne sont pas non plus toujours disponibles : des stocks doivent être constitués, qu'il faudra donc financer. Les produits fi- nis peuvent ne pas être vendus immédiatement. Même vendus, ils ne seront vraisemblablement pas payés sur le champ ; il faut alors financer non seulement les stocks mais le crédit exigé par les clients. Les fournisseurs, en revanche, peuvent livrer et accepter de n'être payés qu'après un certain délai, ce qui permet de réduire les besoins de financement. Enfin un certain volant de trésorerie est indispensable pour faire face aux charges salariales courantes et à divers besoins immédiats.

Ces besoins de financement correspondent à des besoins du- rables qui ne peuvent être partiellement couverts par des finan- cements bancaires à court terme que dans la mesure où le cycle d'exploitation connaît des variations annuelles régulières (corres- pondant par exemple à des campagnes de production limitées dans le temps pour l'agro-industrie).

La détermination de ces besoins en fonds de roulement per- manent est une tâche délicate qui implique une analyse des vi- tesses de rotation prévisionnelle des stocks dans des entreprises ou des unités de production analogues à celle qui est projetée, une prévision du montant et des caractéristiques des crédits clients, des possibilités d'escompte et de crédits fournisseurs.

Dans la pratique, les besoins en fonds de roulement varient considérablement selon les secteurs d'activité : ils sont par exemple négatifs pour certains commerces de grande surface dont les stocks sont totalement financés par les crédits consentis par les fournisseurs. Il est souhaitable de consulter des spécialistes du secteur concerné pour vérifier si les hypothèses de calcul corres- pondent aux normes de la profession. A titre d'exemple, le calcul des besoins en fonds de roulement permanent pour une cimenterie est présenté en note complémentaire.

2.1.6. Exemple pratique. Élaboration d'un échéancier de flux financier

Un industriel désire faire construire une nouvelle usine dont le coût est évalué à 10 millions d'unités monétaires. Il estime que

(29)

ce coût global peut se décomposer approximativement de la façon suivante :

Construction et génie civil 40 % Matériel lourd fixe ... 30 % Matériel roulant ... 20 % Montage ... 10%

La durée d'amortissement technique de ces divers postes est de 20 ans pour le génie civil, 10 ans pour le matériel lourd, 5 ans pour le matériel roulant.

L'usine est réalisée en 2 ans, l'équipement ne pouvant être installé qu'après finition des travaux de génie civil qui exigent 1 an.

On espère vendre chaque année 10 000 unités d'un produit A à 300 u.m.1, pendant 20 ans. Au-delà de cette période, il n'est plus possible de prévoir le marché.

Les charges de personnel nécessaires sont de l'ordre de 0,3 million par an et les consommations prévisibles de matières premières, énergie, etc. de l'ordre de 0,2 million d'u.m. par an.

Les besoins en fonds de roulement permanent sont estimés à 0,6 million d'u.m.

Avant de se livrer à une étude financière détaillée, l'industriel désire, pour reprendre la discussion concernant la définition de son usine avec son directeur technique et son banquier, présenter son projet sous forme d'un tableau de flux financier (cf. Tableau 2 ci-après).

Commentaire :

Le tableau ci-après correspond à la présentation de l'une des hypothèses de déroulement du projet. Il suppose en particulier :

— qu'aucun retard ne survient lors de la construction et du montage, donc que l'exploitation peut commencer dès le début de l'année 3 ;

— que le matériel roulant n'est pas nécessaire avant la fin de l'année 2 ;

— que le matériel lourd et le matériel roulant ne fonction- nent pratiquement pas durant l'année d'acquisition ;

— etc.

1. Sauf indication contraire, toutes les valeurs seront exprimées ici en "unités monétaires (u.m.) sans spécification d'une devise particulière.

(30)
(31)

L'intérêt d'un tableau de ce genre est tout d'abord de faire préciser, sur un document de synthèse, l'ensemble des éléments techniques susceptibles d'influencer la rentabilité du projet ; puis d'estimer l'impact de certaines incertitudes techniques ou de cer- taines erreurs d'estimation sur cette rentabilité qui, en toute pre- mière approximation, nous est indiquée par le montant des flux financiers cumulés.

Supposons ainsi que par suite d'une mauvaise estimation des qualités de résistance physique du sol, les fondations de l'usine doivent faire l'objet de travaux complémentaires : coût additionnel 30 % du coût du génie civil : retard 6 mois. L'échéancier risque de prendre la forme suivante :

TABLEAU 3. - Hypothèse 2

Le nouvel échéancier de flux financier révèle aisément que ce point technique, qui peut sembler secondaire, est susceptible de provoquer des difficultés financières lors du démarrage du projet.

Cela peut justifier la réalisation d'études ou de forages complé- mentaires afin de réduire les marges d'incertitude.

Cet exemple très simplifié montre donc l'emploi qui doit être fait un tel échéancier : outil particulièrement précieux pour la pré- paration de projets à long terme de grande dimension. Cet échéancier élaboré tout d'abord de façon sommaire, puis progres- sivement affiné au fur et à mesure du développement des études et recherches, facilite :

(32)

— l'équilibre des différentes études techniques (inutile de perdre temps et argent sur un point de grand intérêt aca- démique mais sans incidence sérieuse sur la rentabilité) ;

— la synthèse ordonnée de tous les éléments techniques ;

— l'analyse de l'impact des points d'incertitudes (délais, prix, quantités...)' ;

— les discussions et négociations avec les techniciens pour la recherche de variantes et sous variantes techniques.

2.1.7. Note complémentaire 1 :

La prise en compte des effets de l'inflation lors de l'étude financière sommaire

Nous avons pu noter, dans l'exemple précédent, que le renou- vellement des équipements a été inscrit dans l'échéancier de flux financier pour une valeur identique à la valeur d'acquisition ini- tiale.

A cette procédure correspond une hypothèse simplificatrice qui est souvent faite en pratique, selon laquelle les recettes et les coûts du projet subissent de façon identique les effets de l'infla- tion.

Si cette hypothèse est juste, la valeur relative des coûts et bé- néfices ne changera pas et il n'est pas nécessaire de majorer coûts et bénéfices simultanément. Le calcul est alors effectué en mon- naie constante de l'année initiale tout en sachant que les flux fi- nanciers qui apparaîtront en année 10 ou 15 seront en fait nomina- lement plus importants. Le passage de l'analyse en monnaie constante à l'étude en prix courants est ensuite effectué lors de l'étude financière détaillée (voir chapitre I, section 3.1.).

Cette hypothèse simplificatrice ne se vérifie pas toujours, bien au contraire, en particulier pour les projets produisant des biens de première nécessité dont le prix est souvent fixé autoritai- rement alors que les équipements importés des pays industriels subissent une forte inflation. Dans une telle situation il faut tenir compte de l'évolution des prix relatifs des divers biens en retenant à ce niveau d'analyse, non les prix courants (ce qui sera fait lors de l'étude financière détaillée) mais l'évolution différentielle des prix de certains biens par rapport à la hausse moyenne. (Les trois postes qu'il faut ici le plus fréquemment isoler sont: l'énergie, les coûts salariaux et les recettes.2

1. La méthode graphique PERT constitue pour une telle étude un outil précieux. Elle permet de mettre en lumière le "chemin critique", c'est-à-dire les éléments déterminants sur lesquels il faut agir en priorité pour une meilleure réalisation du projet (cf. bibliographie en annexe).

2. Qui, pour certains projets considérés prioritaires, peuvent dépendre de prix bloqués pour raisons politiques (sucre, céréales...).

(33)

2.1.8. Note complémentaire 2

TABLEAU 4. - Exemple de calcul des besoins en fonds de roulement perma- nent d'une cimenterie de grande dimension

(en millions d'unités monétaires constantes)

2.2. Analyse de l'échéancier de flux financiers et comparai- son de projets ou de variantes d'un même projet 2.2.1. Les techniques qui évitent le recours à l'actualisation

Ainsi que les graphiques et l'exercice précédent l'ont montré, l'échéancier de flux financier est en général caractérisé par la pré- sence de flux financiers négatifs les premières années (lorsque l'investissement prend place) et de flux financiers positifs ensuite.

Le principe de l'analyse est simple.

Il s'agit de comparer coûts et recettes année par année, d'en déduire les flux financiers annuels et leur évolution, d'évaluer l'importance des flux financiers négatifs, par rapport aux flux positifs.

Cette comparaison permet de mesurer très simplement l'inté- rêt de divers projets ou de diverses variantes d'un même projet.

(34)

Mais deux difficultés doivent être évoquées : l'une tient à la nature des projets que l'on veut comparer, l'autre au fait que coûts et re- cettes surviennent à des périodes différentes et n'ont donc pas né- cessairement la même... "valeur".

2.2.1.1. Projets incompatibles et projets indépendants

La comparaison de projets ou de variantes d'un même projet implique tout d'abord une analyse de la nature des investissements et le classement des projets entre trois grandes catégories : les projets incompatibles, les projets compatibles dépendants et les projets compatibles indépendants.

• Deux projets sont techniquement incompatibles si la réali- sation de l'un exclut celle de l'autre : c'est le cas de deux variantes exclusives d'un même projet : choix entre deux types de barrage sur un même site, deux tracés pour une même route, deux techno- logies différentes pour une même usine.

Dans ce cas, l'analyse portera sur l'une ou l'autre (ou les autres) variantes. Le projet ou la variante la plus intéressante sera retenue.

e Deux projets sont compatibles si l'on peut techniquement en envisager la réalisation simultanée (exemple : une route et une usine).

Parmi les projets compatibles :

— les projets dépendants ne peuvent être réalisés que conjointement. Exemple : une mine et le chemin de fer qui assure l'évacuation du minerai. Ils doivent donc être étudiés conjointement ;

— les projets indépendants sont techniquement réalisables séparément ou simultanément.

Dans le cas de projets indépendants A et B, il convient d'étu- dier successivement les projets A et B et le projet global A + B. On retiendra la meilleure de ces trois possibilités, à condition que les ressources financières disponibles permettent d'envisager la réali- sation de ces trois alternatives. Exemple : l'aménagement de deux chutes naturelles, l'une à l'aval de l'autre sur une même rivière. On comparera la réalisation de l'équipement hydro-électrique de la chute "amont" 1 à celle de la chute "aval" II et enfin chacune des deux précédentes à l'équipement simultané des deux chutes 1 et II.

(35)

FIGURES 5 et 6.- Le calcul du temps de récupération

I

2.2.1.2. Deux critères qui évitent le recours à l'actualisation Une fois précisée la nature des projets qu'il faut comparer (incompatibles, compatibles dépendants, compatibles indépen- dants) la principale difficulté provient de ce que leurs coûts et leurs recettes surviennent en des années successives : comment

(36)

comparer dès lors des flux monétaires qui apparaissent à des pé- riodes différentes ?

De façon générale, deux types de techniques sont susceptibles d'être employées. Celles qui évitent le recours à l'actualisation et que nous étudierons ici, celles qui au contraire sont fondées sur l'actualisation et qui feront l'objet du chapitre suivant.

2.2.1.2.1. Le critère du "temps de récupération"

Le temps de récupération est le délai nécessaire pour que les recettes du projet (déduction faite des charges d'exploitation) équilibrent le montant des dépenses d'investissement; c'est donc également par définition le délai nécessaire pour que le montant des flux financiers positifs équilibre le montant des flux financiers négatifs, pour que la somme algébrique des flux financiers de- vienne positive.

Sur le graphique ci-contre (fig. 5) ce délai correspond à la période au bout de laquelle le montant cumulé des flux financiers négatifs a est égal au montant des flux financiers positifs p.

Exemple de calcul :

Supposons par exemple qu'un projet A d'une durée de vie de 4 ans représente une dépense d'investissement de 24 millions d'unités monétaires. Les charges d'exploitation annuelle sont de 4 millions. Les recettes annuelles de 12 millions apparaissent au bout d'un an. Le calcul du temps de récupération se présente ainsi :

TABLEAU 5

Temps de récupération = 4 ans après le début des investissements ou 3 ans après le dé- but de l'exploitation.

(37)

La première édition de cet ouvrage remonte à 1980. Ni somme théorique, ni simple manuel d'instructions, il se voulait surtout un

« pont » entre ces deux approches, un guide pratique pour faciliter l'application des diverses méthodes utilisées, en matière d'évaluation des projets, dans les pays en développement et les institutions internationales. Ses éditions successives témoignent de l'intérêt que lui ont porté de nombreux étudiants et professionnels du monde francophone.

La crise mondiale a fait peser depuis lors des contraintes macroéconomiques accrues sur les politiques nationales et sur le choix des investissements. La réalisation des « projets » n'en reste pas moins l'instrument obligé du développement économique et leur analyse en est plus que jamais une étape essentielle.

C'est dans cette perspective que s'inscrit la cinquième édition de notre « guide pratique ». Profondément remanié pour répondre aux préoccupations actuelles, il comporte notamment plusieurs contributions nouvelles sur l'utilisation de l'outil informatique et sur les études d'environnement.

Manuel BRIDIER est directeur honoraire à la Caisse Centrale de Coopération Econolnique (Caisse Française de Développement) après y avoir exercé de nombreuses responsabilités de 1954 à 1990, en France et dans les pays en développement, notamment en matière d'évaluation de projets, de formation et de relations avec les institutions internationales.

Serge MIC AÏLOF, ancien élève de HEC et du MIT, a dirigé pendant plus de dix ans des agences de la Caisse Française de Développement. Il a auparavant dirigé le bureau d'études de la SATEC et travaillé comme consultant dans plus de trente pays du Sud. Il est actuellement conseiller des directeurs pour VAfrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale et Occidentale à la Banque Mondiale.

"150 F

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