Hors-série 2020
Chroniques de la crise sanitaire
Chapitre 4
En sortie culturelle à Paris :
Urs, Mattia, Claudio et Alexis. Photo : Alfons Gelleweiler
N°1 - Décembre 2019
M E S S A G E R I E S 1 0
L e m a g a z i n e d e s é t u d i a n t s i n t e r n a t i o n a u x d e l ' E c o l e S u i s s e à P a r i s
De Russie
Auto-isolation
Le confinement à Moscou énième jour
Le confinement à Moscou n’est pas un vrai confinement, plutôt une imitation.
Le Président a pris la parole pour annoncer au peuple russe le plus patient et le plus tolérant du monde (mais seulement envers son Président) des vacances d'une semaine, après encore celles d'une semaine et ainsi de suite.
D’abord les Russes, épuisés de travail juste avant l'été et le jardinage traditionnel, étaient heureux puisque le Président avait promis de rémunérer tout le monde. Les vacances en Russie sont un sport national. Même les Français avec leurs 35 jours par an peuvent en être envieux. En 2020 les Russes n’ont pas travaillé dix jours en janvier (Nouvel An et Noël orthodoxe), trois jours en février (Journée du défenseur de la Patrie) et trois jours en mars (Journée de la femme). On devait travailler juste un peu en avril pour arriver progressivement à presque dix jours fériés en mai (Le premier mai et Fête de la victoire de 1945). Mais le coronavirus a fait bouger les choses.
Aucun travail en avril.
Malheureusement Poutine n’a pas précisé qui allait rembourser les salaires. Après avoir réfléchi un peu, mes compatriotes se sont rendu
compte que personne n’allait les payer. Ça les a rendus tristes.
D’autant plus que le Président, qui avait qualifié le COVID-19 de « merde » a annoncé qu’il allait le battre comme l’empereur byzantin Jean II Comnène avait vaincu les Petchenègues (tribu turque exilée en Europe de l’Est anéantie en peu de temps).
Bref, le confinement, la quarantaine et la situation d’urgence dans le monde se sont transformés en Russie en fin de compte en AUTO-ISOLATION ce qui veut dire que « vous pouvez faire tout ce que vous voulez mais ce ne peut être que de façon sédentaire ». Les chômeurs de Moscou peuvent toucher une fois une allocation de 250 euros. Et tous les employés des petites et moyennes entreprises peuvent se divertir en jardinant, s’ils ont la chance d’avoir une maison secondaire… Ou alors tester leur héroïsme en restant 24 heures sur 24 à trois générations dans un deux-pièces.
Ceux qui l’ont déjà testée sans tuer personne et sans en mourir
● mangent et dorment beaucoup
● cherchent du travail à distance
● ou travaillent Dieu merci (mais plus qu’avant)
● enseignent ou font leurs études sur
« discord » (même les profs plus âgés manient agilement des plateformes pour les gamers pour regrouper les étudiants par paires)
● lisent des livres et écoutent des livres audio
● consomment les téraoctets des vidéos sur You Tube
● regardent des films et des séries sur Netflix
● lavent les fenêtres, les plinthes et tout l’appartement
● se lavent eux-mêmes rarement (à quoi ça sert ?)
● fouillent dans les coins les plus éloignés de l’appartement
● repassent tout, y compris les lacets
● jouent aux jeux de société (parfois sans société)
● chantent, dansent et bavardent
● font la cuisine
● font du sport (mais plus souvent du yoga et le plus souvent rien)
● se développent personnellement
● fêtent toutes les Pâques possibles Mais ils ne se détachent pas de l’ordinateur.
Kristina D., Moscou, le 14 avril
D’Espagne
Quelques questions sans réponses sur le COVID-19
Salut à tous !
Après plus de vingt jours chez moi (comme vous tous j'imagine !), dans une petite ville en Espagne, Salamanca, je suis très choquée par la situation que nous vivons tous et dont on va se souvenir pour toujours. Je ne
sais pas vous, mais je n'aurais jamais imaginé devoir rester chez moi sans pouvoir me déplacer à cause d'une épidémie, je n'imagine pas, dans mon pays, voir mourir les personnes âgées dans les maisons de retraite parce qu’il n’y a pas de place à l’hôpital ou parce qu’il n’y a pas assez de matériel sanitaire… Et vraiment je ne sais pas ce que je pense de cette situation parce que j’ai beaucoup de questions sans réponses.
Je vais faire un résumé du développement du virus depuis début janvier et jusqu'au moment où la situation est devenue très sérieuse et ce que j’ai pensé à chaque fois que nous recevions de nouvelles informations du gouvernement espagnol ou de l'Union Européenne.
Il y a quelques éléments ironiques, alors j’espère ne blesser personne.
- En Chine, Il y a un nouveau virus qui est transmis par la chauve-souris. / Moi : « Un Chinois a mangé une soupe de chauve-souris et il est malade... ce Chinois... »
- Le virus est de la famille du coronavirus. / Moi : « corona quoi ? Qu'est-ce que c'est ? »
- La Chine compte beaucoup de personnes infectées par le coronavirus et les gens sont en quarantaine et ils ne peuvent pas sortir de chez eux. / Moi : « Mais le virus est en Chine, pas de souci ! » - Il y a quelques cas en Italie. / Moi : « le virus est plus proche ; les Italiens sont nos cousins...»
- Il y a des cas à Madrid. / Moi :
« Le virus est arrivé, mais il est similaire à la grippe, pas de souci !»
- Le gouvernement italien a pris des mesures de confinement et le gouvernement espagnol commence à penser à mettre en place les mêmes mesures. / Moi : « tu imagines les Espagnols chez eux sans pouvoir sortir pendant 15 jours ? Ha ha ha Ce serait fou ! »
- Les infos : le gouvernement met en place les mesures de confinement et déclare l’état d'urgence. / Moi : « Etat d'urgence ? C’est quoi ça ? » - Les cas d'infection augmentent chaque jour dans toute l'Espagne et les morts aussi. Dans les hôpitaux, les problèmes commencent : il n'y a pas de place pour tous les malades, il n'y a pas assez de matériel sanitaire. / Moi : « Attention! #Quédate en Casa = #Stay Home = #restezchezvous »
Alors, dans le reste des pays de l'Union Européenne, la situation s’est répétée une semaine plus tard.
Les pays se sont « disputés » et l’Union Européenne est aujourd'hui divisée entre pays du nord et pays du sud.
Son économie a chuté et tous les pays ont dû acheter du matériel sanitaire fabriqué en Chine.
En bref, d'après les médias, qu'est-ce qui passe dans le reste du monde ? Aux Etats-Unis : Le virus est arrivé et Monsieur Trump n’a rien fait, maintenant le pays fait face à une grande propagation et de nombreux morts. Son économie a chuté.
L'Amérique Centrale et le Mexique ont pris des mesures tardives. On va voir ce qui se passera.
En Amérique du Sud (à l'exception du Brésil) les pays ont appliqué des mesures strictes comme la fermeture des frontières. Ils savent que leur système sanitaire n’est pas prêt pour faire face à une telle épidémie. Leurs économies se sont arrêtées.
L’Arabie saoudite connait aussi de grands problèmes. Le prix du pétrole a chuté, ce qui a entrainé la chute de son économie.
En Afrique, pour le moment, il n’y a pas beaucoup de cas détectés… mais l’Afrique n'est importante pour personne.
Les pays voisins de la Chine comme la Russie, l'Inde, tous les pays qui finissent par « tan », le Japon, l'Océanie et l’Indochine : on ne sait pas grand- chose encore, ils semblent ne pas avoir de grands problèmes.
Quand le virus est arrivé en Europe, par miracle, la Chine nous a dit que la propagation du virus avait diminué.
Maintenant, on ne sait plus quelles sont les infos véridiques concernant le virus en Chine. Cependant ses usines fonctionnent et son économie reprend très vite.
A présent, j’ai les questions suivantes : Le virus a-t-il été créé pour réduire le nombre de personnes dans le monde, en particulier le nombre de personnes âgées, pour obtenir un pouvoir économique mondial ou pour les deux raisons ?
Peut-on faire confiance à la Chine ? A- t-elle créé le virus et l'a-t-elle volontairement propagé pour obtenir
un pouvoir économique mondial ? Combien de morts du coronavirus y a- t-il vraiment en Chine aujourd'hui ? Si le virus se propage aussi vite et si pour éviter sa propagation il faut faire attention à l'hygiène et à la propreté, pourquoi le virus ne s’est-il pas propagé plus tôt dans des pays comme l'Inde, le Laos, Le Cambodge alors qu'il est pourtant arrivé en Italie ? Ou dans de grandes villes du Japon où des millions de personnes prennent les transports publics tous les jours ?
Pourquoi le modèle de propagation est si différent ? (je sais bien qu'il y a des facteurs tels que les habitudes des gens, l’âge de la population... qui sont très importants mais à mon avis il y a quelques incohérences)
Finalement il y a des personnes qui disent que nous vivrons une Troisième Guerre mondiale entre la Chine, les Etats-Unis et l’Union Européenne. La Chine a commencé à gagner et la Russie est son alliée… Est-ce vrai ? N'y a-t-il pas d'intérêts cachés de la part des États Unis et de l’Europe ? Et s’il n’y a pas d'intérêts cachés pour l'UE, ne feront-ils rien pour autant ?
A quel point mon pays ment-il ? Combien de morts y a-t-il vraiment ? A quel point les médias mentent-ils ? Quel est le pouvoir des politiciens ou d'autres sur les moyens de communication ?
Et nous, individuellement, prendra-t-on conscience de notre style de vie ? Changera-t-on quoi que ce soit à nos habitudes une fois passée cette situation ?
A mon avis, la vérité est qu’il y aura beaucoup de morts du virus mais jamais on ne connaitra le nombre réel de personnes mortes.
Je ne peux pas parler pour les autres pays, mais en Espagne, je crois que les politiciens ne font pas grand-chose et que les soldats qui luttent dans cette guerre sont le personnel des hôpitaux, le personnel des maisons de retraite, la police et les professions similaires, les employés des transports en commun, les bénévoles, les personnes qui restent chez elles… enfin le peuple.
Bon courage à tous et prenez soin de vous !
Ana D, Salamanca, le 8 avril
D’Allemagne
Oui, comme partout dans le monde, nous sommes très préoccupés par la pandémie. En février, lorsque nous avons célébré le carnaval ici à Cologne, personne ne s'y attendait.
Contrairement à l'Italie, nous avons eu un peu de temps et avons pu mieux nous préparer dans les cliniques. Nous discutons beaucoup avec des amis et collègues à ce sujet avec tant d'impondérables, de changements, d'incertitudes, de peurs, de besoins existentiels, mais aussi d'évolutions positives.
Tout d'abord, nous sommes heureux d'avoir un bon système de santé et social ici en Allemagne. La plupart des Allemands ont accepté le confinement de manière positive car il était nécessaire de réduire le taux
d'infection afin que le système de santé ne soit pas submergé. Les images d'Italie qui ont traversé le monde avec des véhicules militaires pleins de cadavres ont bien sûr été très marquantes, et bien sûr, chaque pays veut éviter ce scénario.
Dieu merci, nous pouvons encore nous déplacer dans l'espace public (familles ou avec un maximum de 2 personnes et un minimum de visites). C'est pourquoi nous voyons actuellement beaucoup de cyclistes, de marcheurs et de joggeurs dans les rues. Vous en France, vous avez des exigences beaucoup plus strictes, ce que nous pouvons difficilement imaginer ici.
Il est très inédit que maintenant, pour la première fois pour notre génération qui n'a pas connu les guerres mondiales, dans nos pays démocratiques nous devions faire l'expérience que les droits aux libertés soient restreints. Toutefois, afin de garantir le bien commun, je trouve cela justifié pendant un certain temps.
Il y a bien sûr nombre de discussions controversées à ce sujet. Il est également difficile pour les politiques d’évaluer la situation entre cette menace pour la santé et les conséquences économiques et sociales. Contrairement à vous en France, notre système fédéral fait que certains des États fédéraux privilégient différentes approches.
Nous allégeons le confinement depuis une semaine et les petits magasins peuvent rouvrir. Malheureusement, cela signifie que dans les centres-villes,
par ex. ici à Bonn et à Cologne, beaucoup de gens se promènent.
Même sur le Rhin et dans les parcs, les gens voyagent à nouveau en groupe avec le beau temps actuel (ce qui n'est pas encore autorisé, cependant).
Ici à Cologne, où les gens aiment faire la fête et aiment aussi passer du temps dans les pubs, les cafés et les Biergarten, on attend naturellement avec impatience que la restauration puisse réouvrir progressivement. Le 04 mai il y aura de nouvelles annonces du gouvernement fédéral.
Personnellement, je travaille au bureau à domicile depuis quelques semaines et j'offre des conseils téléphoniques et des conversations vidéo à nos clients (pour nos conseils familiaux et parentaux), ce qui fonctionne également très bien. Nous ne savons pas encore quand nous proposerons à nouveau des conseils personnalisés.
Sinon, je maintiens mes contacts sociaux avec de nombreux appels téléphoniques, promenades, courtes excursions ou repas en petit groupe. Je ne m’ennuie donc pas encore :-), même si beaucoup de choses me manquent...
Mais il est également bon de se concentrer davantage sur les choses essentielles de la vie, de suivre le rythme de la vie quotidienne et de vivre plus de solidarité dans certains domaines. J'espère vivement que cette tendance continuera même après la crise !
Je ne sais pas ce que je peux ajouter à votre chronique. J'ai joint en annexe un poème que j'aime particulièrement
en ces temps. Je voudrais également présenter 2 chansons actuelles avec des musiciens de Cologne.
Vous pouvez le trouver sous:
https://www.facebook.com/hoehnert alk/videos
https://youtu.be/UYfPdMTekjk
Au cours des dernières semaines, j'ai également pensé à vous et je me suis demandé comment vous pouvez joindre les deux bouts lorsque l'école est fermée. Obtenez-vous un soutien du gouvernement ? Je suis vraiment désolée ! En fait, je voulais faire un autre cours de langue avec vous pendant une semaine en octobre :-) Pensez-vous que vous ouvrirez à nouveau dans un avenir prévisible ? Quoi qu'il en soit, j'espère que vous allez bien ! Comment vivez-vous la situation actuelle ?
Beaucoup de salutations à tous de Cologne
Birgit M, Cologne, le 6 avril
D’une Espagnole à Paris
Les rayures sur le sol
Depuis près de deux mois aujourd'hui, pour la première fois, je quitte la maison sans papiers remplis, sans contrôle horaire, sans contrôle à distance.
Paris a changé, un virus l'a changé et nous l'avons changé. Je me demande ce que je penserais aujourd'hui si j'étais
une astronaute qui venais d’arriver d'un séjour de 6 mois sur la station spatiale sans regarder les nouvelles.
En marchant à la Maison d'Isabell pour avoir l'un des meilleurs croissants de Paris, ce qui m'a tellement manqué, quelques idées me viennent à l'esprit.
Quels sont les masques devenus à la mode. Curieux.
Ce qui ne devrait pas être à la mode, c'est de couper ses cheveux ou de teindre ses cheveux gris. C'est une option.
Que les services de nettoyage sont en grève. Mon quartier est plus sale que d'habitude.
Un artiste urbain, peut-être Banksy ?!, a rempli la ville de rayures sur le sol.
Amusant. Je devrais enquêter sur cela.
Que les gens utilisent finalement moins la voiture.
Que les musées sont désormais fermés le lundi.
Que certains magasins de vêtements n'ont pas encore rempli leurs vitrines de vêtements d'été. Bizarre
Qu'il y a peu de touristes aujourd'hui.
Eh bien phénoménal !
Qu'il doit être tôt car il n'y a pas de bateaux sur la Seine.
J’arrive chez Isabell. Fermé ! Nooon ! Oh oui, ils sont fermés le lundi.
Comment ai-je oublié !
Eh bien, je vais prendre un café directement. Je vais à Shakespeare &
Co.
Leur expresso m’a aussi vraiment manqué. Fermé ! Ont-ils changé d’horaire ? Fermé jusqu'à nouvel ordre !
Et je suppose que c’est à ce moment- là que j’ai réalisé que tous les bars, cafés, restaurants que j'ai croisés étaient fermés.
Et pourtant je lis les nouvelles.
Comme j'aurais aimé que les rayures au sol soient du street art, que le business de la mode ne se limite pas à nous vendre ce dont nous n'avons pas besoin, que les gens se déplacent à vélo parce que ça pollue moins, que nous voyagions pour l'aventure et non pas parce que les compagnies aériennes choisissent où nous allons avec leurs offres, que les cheveux gris soient juste une couleur de cheveux, que les canards circulent toujours sur la Seine ... et bien sûr j'aurais aussi aimé prendre cet expresso.
Rosana, le 10 mai
D’une Japonaise à Paris
Aujourd’hui il fait beau mais je ne sors pas dehors.
Je suis vraiment déçue que certaines personnes n'aient pas respecté les mesures, et qu’ils aient profité de l’attestation pour sortir. Il y avait beaucoup de joggers partout...
J’ai peur d'une prolongation du confinement et de mesures plus strictes.
Hier j’ai nettoyé mon studio, et j’ai fait de l’exercice en regardant YouTube.
C’était très agréable.
Et puis j’ai commencé à écrire mon journal pour ne pas oublier cette
expérience précieuse depuis quelques jours. Je pourrais écrire un roman ! 21 mars, Le 4e jour de confinement Je me suis réveillée tôt et je n’ai pas bien dormi.
J’ai regardé la télé en prenant un petit déjeuner et j’ai téléphoné à ma famille.
Il semble que mon père soit en forme après avoir diminué ses médicaments chimiques. Il peut se promener depuis quelque temps. Je suis rassurée.
Et j’ai écrit un mail à Mai, elle reste aussi à la maison depuis son retour. Au Japon, c’est pas obligatoire mais elle a décidé de se confiner chez elle pendant 15 jours pour protéger les personnes âgées. Bien qu’elle soit jeune, elle est raisonnable et a des idées claires. J'aime bien sa personnalité.
Et puis j’ai nettoyé la salle de bain. Un voisin avait aussi fait le ménage en bavardant avec quelqu’un sur son portable. C’est pareil pour tous.
Les enfants du voisin ont peut-être joué au football chez eux. Tout le monde essaye de trouver des occupations.
J’ai mangé des aliments surgelés français pour la première fois comme déjeuner.
J’étais étonnée que ce soit si bon. Les produits de Picard seraient aussi bons ?
Ensuite quand je faisais de l’exercice, mon portable a sonné.
Une de mes amis m’a proposé de dîner ensemble en ligne bientôt.
C’est une bonne idée et très intéressant. Je pense qu'on peut avoir beaucoup d’imagination dans cette situation.
Et on a promis de faire la fête après la libération. On a décidé la date en souhaitant que le confinement ne se prolonge pas.
Et j’ai pris un café en regardant des informations sur internet.
J’ai trouvé par hasard un poème que les Français partagent.
[C’était en mars 2020, Les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir. Mais le printemps ne le savait pas…]
C’est un poème qu'on a écrit sur la crise actuelle qui traverse la France.
Cela m’a beaucoup touchée. J’ai compris que tout le monde s'inquiétait.
Au Japon j’ai fait face à des catastrophes comme les séismes, je suis donc devenue forte.
Mais c’est sûr que cette situation me déprime.
J’espère que le virus disparaitra avant l’été comme ce poème nous l'indique.
Et j’ai lu des bandes dessinées « un crocodile mort dans 100 jours ».
On dit que cela a beaucoup de succès au Japon. On publie des œuvres tous les jours sur Twitter.
Aujourd’hui c’est la centième.
Un crocodile ne connait pas son destin. Ses amis non plus. Ils passaient quotidiennement du temps ensemble Un jour qu’ils faisaient un pique-nique sous les cerisiers, le crocodile n’est pas venu.
Sur le chemin, il a eu un accident en sauvant un poussin.
Personne ne sait ce qu’il se passera demain.
Il y a 25 ans, le 20 mars 1995, il y a eu un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo.
C’est le pire événement au Japon.
Plusieurs personnes sont mortes par la faute d'égoïstes cruels.
Ils n’avaient jamais pensé mourir ce jour-là quand ils étaient sortis de chez eux.
On ne peut pas oublier et on ne doit jamais oublier.
Je pense qu’on apprend la valeur des choses de la vie quotidienne par ce confinement.
Junko, Paris, le 24 mars 2020
De Finlande
Salut mes amis et merci de m'avoir écrit.
Je ne vous ai pas écrit parce qu’il m'est arrivé quelque chose de très triste. Tout d'abord, à la fin du mois du novembre j'ai perdu ma femme qui est morte dans mes bras devant notre porte (dans un immeuble) sans qu'on s'y attende et un mois plus tard j'ai perdu ma mère. J'ai dû déménager dans un appartement en location, mais avant tout cela, j'ai pu habiter dans l’appartement d'un bon ami à moi.
J'ai dû quitter notre appartement, parce que je ne pouvais pas payer d’emprunt pour l'acquisition d'un logement. Maintenant je me sens un peu mieux et je commence à réaliser ce qui s’est passé. J'ai deux fils 30 et 31 ans qui ont perdu leur maman et leur
grand-mère. Il me semble maintenant revivre régulièrement l’enterrement.
Ensuite le coronavirus s'est répandu partout, aussi en Finlande. La partie sud de la Finlande avait été mise en quarantaine, donc toutes les routes étaient bloquées. À l'heure actuelle il y a plus de deux cents morts et on commence petit à petit à renoncer aux restrictions. Le gouvernement du pays veut rouvrir les écoles au milieu du mois de mai. Tous les restaurants sont fermés comme toutes les manifestations de plus de dix personnes sont aussi interdites. Tout le monde attend le vaccin pour le coronavirus.
L'économie du pays sera très affaiblie et le nombre de chômeurs énorme.
J'espère que personne d'entre nous n'aura ce virus.
Je vais terminer mon message et je me rends compte de ne plus savoir écrire en français. Pardonnez-moi mes erreurs et répondez-moi si vous avez reçu ce message. Amicalement,
Simo, Helsinki, le 1er mai 2020
Des Pays-Bas
Reconnexion
En ces temps de crise, la majorité des gens reste à la maison, et ils ne sont pas affectés par la maladie. Donc ils ont du temps pour des choses
différentes, parce que les heures, normalement consacrées à faire la navette, les courses, rendre visite à la famille et aux amis, sont maintenant libres. Et on se reconnecte avec des anciens passe-temps, amis, et amours, avec la nature, ou peut-être on cherche de nouvelles choses à faire.
Ça fait longtemps que la Poste n’avait pas été aussi occupée, parce que tout le monde envoie des lettres.
Les pistes cyclables sont utilisées par des personnes qui n’y sont jamais allées.
L’association néerlandaise pour la protection des oiseaux n’a jamais eu autant d'appels téléphoniques.
On lit les livres qu’on n’a jamais eu le temps de lire.
L’air est rempli d’odeurs de cuisine.
Partout, il y a des initiatives pour s’entraider.
On redécouvre le ciel bleu, sans avions.
Les magasins ont vendu toutes leurs fournitures de peinture.
On se reconnecte avec la nature, l’art, les autres personnes. Avec nous- mêmes.
Rikst, Amsterdam, le 20 avril
