M ARC K RASNER
Polythéorie de Galois abstraite dans le cas infini général
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 60, série Mathéma- tiques, n
o13 (1976), p. 87-91
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POLYTHEORIE DE GALOIS ABSTRAITE DANS LE CAS INFINI GENERAL
Marc KRASNER
Université de PARIS VI, PARIS, France
Soit E un ensemble
(qu’on
dirasupport)
et soit X un ensemble auxiliaire(qu’on
diraensembles des
arguments).
Touteapplication
P : X 2013~E de X dans E sera dite unX-point
deE,
et tout ensemble r c
EX
de telspoints
sera dit une X-relation de E. Le cardinal card X de X est dit l’arité de r, et le cardinal de r est dit saX-largeur.
Si Y estdisjoint
avecX,
on identifiera la X-relation r avec la(X U Y)-relation
r XEY,
et onprolongera
cette identification parsymétrie
et transitivité.L’équivalence
ainsi obtenue sera dite lapremière identification canonique.
Si f : E ~ E est une
autoapplication
deE,
f o P sera dit letrans formé
de P : X - Epar f, et f.r
=~f o P ; P E r ) en sera dit un de r. On dira que r eststable par f si f.r ~
r.En
particulier,
si s : E ~ E est unepermutation(’)
deE,
on dira que spréserve
r si s.r = r.La stabilité et la
préservation
commutent avec l’identificationcanonique. Déjà
en1936(2) ,
j’ai
introduit unethéorie, appelée plus
tard théorie de Galois abstraite,qui,
àl’image
de lathéorie de Galois
ordinaire,
est une théorie de dualité entre les groupes depermutations
et leursinvariants, qui
sont ici des relations arbitraires(et,
enparticulier,
d’aritéquelconque)
dusupport permuté, qui
sontpréservés
par les élements du groupe considéré. Onpeut considérer, également,
cette théorie comme un
analogue,
pour les structuresquelconques
depremier ordre,
du «programmed’Erlangen»
de F. Klein. Soit R un ensemble de X-relations de E. Lespermutations
s deE, préservant
tout r eR,
forment un groupeGE/R,
dit groupe de Galois de E/R. Deuxproblèmes
se
posent :
1)
Commentcaractériser,
àpartir
deR / j2Î,
l’ensemble R de toutes les X-relationspréservées
par tous s eGE/R ?
2) Quels
groupes de g depermutations
de E sont de la forme---
(1)
c’est-à-dire unebijection
de E(certains
auteursemploient
le terme«permutation»
avecun sens
plus restrictif).
(2)
Voir M.Krasner, [ 1 ] .
l’hypothèse
X ~E, réponse questions
1)
R est la fermeture de R parrapport
auxopérations
ensemblistes suivantes sur lesX-relations,
ditesopérations fondamentales :
a) opérations
booléennesinfinitaires,
autrement dit :a a )
intersection infinitaire T2013-~ ~ T ;
réunion infinitaire
T ,
U T(T désigne
ici un ensemble arbitraire deX-relations) ;
a
négation
r -1) T r =EX..
r(où
A..Bdésigne
lecomplément
de B dansA) ; b)
lescylindrifications
r , r X =(r 1 X)
xEX-
où X est un sous-ensemble, arbitrairement fixé de X et
(... 1 X) désigne
la restriction àX ;
c)
les mutations ouchangements généralisés
de nomsd’arguments qu’il
seraittrop long
de décrire
ici,
et dont ladescription
estdonnée,
parexemple,
dans[2] ]
et[ 4 ]
;2)
Tout groupe g depermutations
de E est de la formeGE/R
pour un R convenable.En
1964( ’), j’ai
trouvé unegénéralisation
de cette théorieque j’avais appelé
endothéorie de Galois abstraite. On
remplace,
dans cettethéorie,
lespermutations
de E parses
autoapplications
et lapréservation
des relations par leur stabilité. Si R est un ensemble de X-relations deE,
on considère ledemi-groupe DE/R (dit demi-groupe
de stabilité deE/R)
desautoapplications
f : E ~ E deE, qui
laissent stable toute r e R. On se pose lesquestions analogues
auxprécédentes :
1)
Commentcaractériser,
àpartir
deR ~ ~ ~,
1 =EXI
l’ensembleR
des X-relations de E que tout f eDE/R
laisse stables ?2) Quels demi-groupes
Dd’autoapplications
de E sont de la formeDE/R ?
Les
réponses,
sous la mêmehypothèse
card X ~ cardE,
sont :1) R
est la fermeture de R parrapport
auxopérations (dites opérations fondamentales directes)
aa ), a (3 ), b)
etc) ;
2)
D est, pour un Rconvenable,
de la formeDE/R,
si et seulement si l’identitélE
de Eest e D.
A.
Malcev(4)
aenvisagé
des transformationsplus générales
de relations d’arité finie.La condition de finitude ne
jouant,
enfait,
aucunrôle, je
vais en donner la définitiongénérale :
on
appelera polyapplication
de E touteapplication
f :E y ~
E d’unepuissance
cartésienneEY
de Y
(où
Y n’est passupposé fini)
dans E. Le cardinal card Y de Y sera dit latopicité
de cettepolyapplication
f. Comme pour les relations on ne considerera souvent lespolyapplications qu’à l’identification canonique près,
en identifiant f :Ey
> E avecf : E’
--+ . E(où
Y n Z =fi)
telle que, pour tout a eEYUZ, f (a)
=f((a| 1 Y)),
et en étendant cette--- ---- - - -- .-. -- ---
(3)
voir[ 3 ]
et[ 4 ] .
(4)
voir[ 7 J .
identification par
symétrie
et transitivité(cette
identification nepréserve
pas latopicité).
Soit f :
EY --,
E, et faisonscorrespondre
àchaque
y E Y uneautoapplication
g :
EZY
-> E. Soient g leSoient g
le vecteur vecteur(g ; (gy ; y e
y eY) Y)
et et Z Z ==uZ
yE Y U Z . Y*Alors, Alors,
tout toutgy
g s’identifie avecun g :
yEZ
._, E convenable. Onappelle
lasuperposée
g o f des g =(gy)
y et de f lapolyapplication EZ ->
E telle que, pour tout a =(az ;
z EZ),
on ait(g o f)(a)
=f(g.a),
où g.a =(y~ gy(z) ;
y eY).
Si yo E Y et si a =(ay : y
EY),
onappelle
yo-selecteur
lapolyapplication Syo : E Y -’)
E telle queSyo (a)
=a yo
. Un ensemble depolyapplications
detopicité (où y
est uncardinal)
est dit un p-polygroupe
s’il contient lesselecteurs,
est fermé parrapport
à lasuperposition (ce qui exige
larégularité
deM )
et l’estpar
rapport
aux identificationscanoniques
despolyapplications
detopicité
,u .2-polygroupe
n’est autre chosequ’un demi-groupe d’autoapplications,
etles N0-polygroupes
sont
équivalentes,
si E est fini, auxalgèbres
de Fust, et ont été ainsiappelés
parKaloujnine
et ses
élèves(5).
,Soient r une X-relation de E et f :
EY~
E unepolyapplication
de E. Si t :est une
application
de Y dans r(une
telleapplication
sera dite unY-polypoint
der)
et siPy =
x eX),
on posera f.t =(x - f((Py.x ; y
eY)).
On dira que f laisse r stable(ou
que r est stable parf ) si,
pour toutY-polypoint
t de r, on a f .t Er(6).
Cette stabilitécommute encore avec l’identification
canonique.
L.
Kaloujnine
avec ses élèves(V. Bondartchouk,
V.Kotov,
B.Romov)
ontposé(5),
pourles ensembles R de relation d’arité finie sur un
support
E fini et pour lespolyapplications
de Ede
topicité finie,
lesproblèmes 1 )
et2) analogues
à ceux de l’endothéorie de Galois abstraite.Soit l’ensemble des
polyapplications
f :E 2013~ E,
où Y est un sous-ensemble finiE/R N Y pp
arbitraire d’un ensemble dénombrable fixé Y°
qui
laissent stable toute r E R(De
telles f sontdites des
polymorphismes
deE/R).
C’est unealgèbre
dePost,
autrementdit, un N0-polygroupe.
Supposant R;:> [~, 1 = EJ
on se demande :f)
Commentobtenir,
àpartir
de R, l’ensemble R des relations d’arité finie(considérées
ànoms
d’arguments près)
gp )
laissées stables par p tout f e ePol(N0) ?
E/R
(5)
voir[5] J
et[ 6 )
,(6)
Dans le cas où r, X et ~~ sontfinis,
A. Malcev et L.Kaloujnine
avec ses élèvesdisent,
dans ces
conditions,
que fpréserve
r, mais cetteterminologie
me sembleinadéquate.
-
( N )
12) Quels o polygroupes
sont de la fo me pour un ensemble onvenable Rcde relations d’arité finie dans E ? Les
réponses
ont été :1) R
est la fermeture de R parrapport
auxopérations
d’intersection(qu’il
suffit deprendre
ici finie à cause de toutes les finitudes
supposées),
descylindrifications
et desmutations,
laréunion n’intervenant pas ;
2)
Toute ~o-polygroupe
est de la formeindiquée.
Récemment,
I.Rosenberg(7)
arépondu
à laquestion 1)
ensupposant
Einfini,
mais les aritésdes relations et les
topicités
despolyapplications
finies.Moi-même et M. Bruno
Poizat,
enpartie indépendamment,
avons considéré lapolythéorie
de Galois abstraite sans aucune condition de finitude. Voici les résultats
auxquels
nous sommesarrivés :
THEOREME I. Soient E un
ensemble,
C soncardinal, Il
un cardinalrégulier, É li)
leplus petit
cardinalsupérieur
à tous lesEv,
où v ~u, X un ensembled’arguments
tel quecard
X ~ ~ F- ). Si
X ~X,
une famille filtrante T de X-relations dans E sera dite(X, jn étirante si,
pour tout sous-ensemble de la réunion deT,
dont la cardinalité il existe un r eT,
’qui
q le contient. Soient alors R un ensemble deX-relations
’Pol (M )
E/R l’ensemble
(qui
est un g-polygroupe) des 03BC-polyapplications
deE, qui
laissent stable tout=
,
(03BC)
=r
e RetR M
l’ensemble des X-relations stables par tout f e EIR Alors, ’R03BC
p est lafermeture
de R parrapport
auxopérations
suivantes sur les X-relations : intersection(infinitaire), cylindrifications,
mutations et la réunion defamilles
derelations, qui
sont, pourX,
THEOREME II.
Tout y -polygroupe
depolyapplications
de E est de laforme
où R est un ensemble de relations
r, dont
chacune est d’une aritéa(r) ( E , p ).
E/R ’
( ) ~ (
’~ )
THEOREME III. Soient R un ensemble de
Xo-relations
dansE,
F- = cardE, ~o
z cardXo.
~o
Alors si ~u >
2
et si X 3Xo
est tel que cardX ~ ~ F-, ), toute Xo-relation
r(considérée comme une X-relation en vertu de
l’identification canonique),
stable par tout f eappartient
à lafermeture
de R parrapport
aux seules intersections(infinitaires), cylindrification
et mutations, sans intervention de la réunion, cesopérations
étant considérées pour les X-relations dans E.Quel
que soit~c’ >
jnrégulier,
la relationprécédente
r est aussistable par tout
Il’ -polymorphisme
deE/R,
donc est unIl’-polygroupe engendré (03BC)
E/R par
artie
saPol E/R
E/R
°.--...-..
(7)
voir[8].
BIBLIOGRAPHIE
M. KRASNER
[1]
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de la notion de corps,Journ.
d.math.,
p. etappl.,
vol. 9
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Int. du CNRS n° 24(Algèbre
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Paris1949),
p.
163-168,
Editions duCNRS,
Paris 1950.[3] Endothéorie
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Int. des Mathématiciens(Moscou 1966),
Résumés 2 :Algèbre,
p. 61.[4] Endothéorie
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Séminaire Dubreil-Pisot(algèbre
et théoriedes
nombres), 1968-1969,
n° 6(6
et 13janvier 1969)
p. 1-19.V.
BONDARTCHOUK,
L.KALOUJNINE,
V.
KOTOV,
B. ROMOV[5]
Théorie de Galois pour lesalgèbres
dePost, I,
Kibernetika(Kiev), 1969,
n° 3, p. 1-10.[6]
Théorie de Galois pour lesalgèbres
dePost, II,
Kibernetika(Kiev), 1969,
n°5,
p. 1-10.A. MALCEV
[7] Algèbres
itératives et variétés dePost, Algèbre
etlogique (en
russe), t. 5, p. 5-24,Novosibirsk,
1966.I. ROSENBERG