• Aucun résultat trouvé

Le 22 octobre 1991 1992

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Le 22 octobre 1991 1992"

Copied!
23
0
0

Texte intégral

(1)

PROBLÉMATIQUE DE L'AMÉNAGEMENT DE L'ÎLE D'ANTICOSTI ET RÉFLEXION SUR LES ACTIONS À PRENDRE FACE À L'ÉPIDÉMIE D:ARPENTEUSE DE LA PRUCHE, ANNONCÉE POUR 1992

Par :

Pierre Beaupré, ing. f.

Gilles Nadeau, ing. f.

Bureau régional de la Côte-Nord Ministère des Forêts

Le 22 octobre 1991

(2)

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier messieurs André Gingras, François Potvin et Magella Morasse du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour leur excellente coopération et pour les discussions qui nous ont permis de cheminer dans le dossier. Nous voulons également remercier monsieur Luc Jobin, du Centre forestier des Laurentides pour les renseignements inestimables sur l'historique des épidémies et pour la détection du nouveau foyer d'infestation, et des pronostics de développement de la nouvelle pullulation.

,

Nos remerciements également à monsieur Jean Beaubien du Centre forestier des Laurentides pour le rehaussement de la photo-satellite qui s'est avérée un outil d'analyse très important.

4-

(3)

INTRODUCTION

Le but de ce document est d'informer les diverses personnes touchant au dossier de l'aménagement de l'île d'Anticosti, des récents développements et de proposer des actions à prendre face à l'épidémie d'arpenteuse, de la pruche annoncée pour l'an prochain.

Dans un premier temps, nous expliquons la problématique d'aménagement de l'île. Puis, nous analysons les conséquences de l'épidémie à venir. Nous concluons avec des recommandations sur les actions à prendre.

(4)

1. CONSÉQUENCES DE LA DISPARITION DU SAPIN

1.1 Le phénomène

La disparition à long terme du sapin de l'île d'Anticosti, causée par le broutement excessif des cerfs, ce qui empêche cette essence de se régénérer, est flagrante et connue depuis les années cinquante.

Nos travaux ont permis de quantifier cette disparition, Le cerf a été introduit sur l'île d'Anticosti depuis 95 ans. Il n'a pas eu d'effet majeur sur la végétation dans les vingt premières années de son implantation.

En effet, sur les stations propices aux sapinières, on retrouve une proportion normale d'épinettes blanches, par rapport au sapin (environ 10 %) dans les arbres âgés de 80 à 160 ans. Parmi les arbres apparte- nant à la classe d'âge de 70 ans, on commence à sentir le remplacement systématique du sapin par l'épinette blanche. La proportion moyenne d'épinette blanche passe en effet à 50 % (il est à noter qu'il s'agit d'une valeur moyenne et nous ne connaissons pas la distribution dans l'espace

des proportions locales des arbres de cette classe d'âge). Les classes d'âge de 50 ans et moins sont constituées à 100 % d'épinettes blanches dans la plupart des zones.

(5)

Les classes d'âge que nous venons de commenter pour décrire le remplacement systématique du sapin par l'épinette blanche se rapportent aux arbres pris de façon individuelle. Les peuplements forestiers identifiés sur les cartes forestières comportent également des classes d'âge. Il faut comprendre qu'à l'intérieur d'un même peuplement, on retrouve une variation d'âge des tiges, variation qui est particulière dans le cas d'Anticosti. En effet, les sapins sont souvent plus vieux que les épinettes blanches. Il s'agit souvent de sapins vétérans qui ont survécu à la perturbation qui a donné naissance au peuplement (cas des jeunes peuplements). Ou encore, dans le cas des vieux peuplements, des épinettes blanches qui se sont développées dans des trouées. Vous trouverez ci-dessous la proportion des diverses essences que l'on retrouve par classes d'âge des peuplements. Ces classes d'âge, rappelons-le, étant un âge moyen du peuplement.

Proportion des tiges par essence selon les classes d'âge des peuplements à vocation sapinière (S(S), S(E)) de densité A, B, C

dans la partie ouest de l'île (unité de sondage' 1)

Classes d âge

Épinette

blanche noire

Sapin Epinette

30 95 3 1

50 63 23 16

70 43 52 6

90 20 61 13

100 et plus 27 50 13

(6)

1.2 La stratégie d'aménagement retenue depuis 4 ans

Le plan d'aménagement que nous avons préparé visait à prévenir une rupture d'abri pour le futur dans des secteurs où le couvert était trop homogène. Ce plan visait, à l'aide de coupes par bande et par trouées, à régénérer de l'épinette blanche pour préparer un couvert de remplace- ment.

Cette approche qui aurait été probablement excellente sur le continent, s'avère totalement contre-indiquée dans le cas de l'île d'Anticosti.

Le cerf, en période critique, ne mange pas d'épinette blanche. Les bourgeons d'épinette blanche sont broutés au printemps alors que la saison de croissance a débutée et que d'autres sources de nourriture se retrouvent en abondance.

Le diagnostic du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche de rénégérer l'épinette blanche a été fait en croyant que dans les milieux où il n'y avait pas de sapin, le cerf pouvait s'en nourrir. La base de cette argumentation reposait sur la présence du cerf l'hiver dans la zone de la pessière blanche, l'est de l'île et la zone de la pessière noire. Ces trois milieux étant supposés ne pas contenir de sapin. Cr, nous avons démontré que la zone de la pessière blanche contient 50 % du volume

(7)

sur pied en sapins, de même que la partie est de l'île comporte 50 % de volume en sapins, 27 % du volume en épinettes blanches et 23 % du volume en épinettes noires. La pessière noire est le seul milieu où effectivement, il n'y a pas de sapin. Nous croyons cependant qu'il s'agit d'un cas particulier où le cerf se nourrit de mélèze et où l'abri excessive- ment pauvre que procure l'épinette noire ne permet pas aux cerfs d'avoir une densité de population qui entraînerait la disparition du mélèze.

Il est à noter que l'alimentation basée sur le mélèze n'est qu'une hypothèse qui devrait être vérifiée. Il faudrait faire des analyses d'oesophages de cerfs abattus en hiver dans la pessière noire. S'il était alors démontré que la survie du cerf dans cette zone dépend du mélèze, il faudrait pousser une analyse pour vérifier si le mélèze réussit à se maintenir ou s'il est en régression.

1.3 Le nouveau consensus

Suite à ces nouvelles données, un nouveau consensus s'est développé.

Nous ne pouvons plus prétendre que le cerf, une fois qu'il aura fait disparaître le sapin, réussira à se nourrir d'épinettes blanches ou d'épi- nettes noires.

(8)

Le seul milieu qui devrait résister est la pessière noire (et cela reste à prouver) dû à la piètre qualité de son couvert. Le mélèze et autres nourritures de dernier recours, qui se retrouvent dans les autres zones où le couvert est bon, seront probablement éliminés à leur tour.

Il est cependant peu probable que la disparition du sapin sera totale (de même que celle du bouleau à papier et du peuplier faux-tremble qui subissent le même phénomène). Suite à la baisse de population du cerf, il devrait se créer un équilibre permettant à un peu de sapins, bouleaux et peupliers de se régénérer.

Bien que nous sommes tous d'accord qu'il y aura une très forte baisse de la population, il est très difficile de quantifier cette baisse car nous n'avons aucune donnée. Pour ma part, je crois que si le phénomène de disparition du sapin et des feuillus se complète, la population résultante de cerfs de Virginie se stabilisera vers 10 % à 20 % de la population actuelle.

(9)

2.

MÉTHODE POUR EMPÊCHER LA DISPARITION DU SAPIN

Nous savions que dans certaines parties de la grande zone de mortalité due à l'épidémie d'arpenteuse de la pruche de 1971:411,1111,8it une rUgénérationsen sapin qui parvenait à se développer, r le cerf n'y avait pas accès l'hiver.

Cependant, il nous semblait impossible de recréer ces conditions ailleurs dû à l'immensité de la zone de mortalité.

No-us avons découvert cet été, que, dans la zone du bûcher de 1955 à 1971, on retrouvait du sapin en régénération et ce, de toutes les hauteurs, plusieurs dépassant même 2,5 mètres (libres de croître). er décounne c régérffiettelfh .0, n dans d'autres secteurs, dont principalement la sapinière ouverte, nous a permis de comprendre par déduction le mécanisme qui permet de faire régénérer le sapin.

Yom ro geb sur la Proportion de grandes ouvertures propices à la régénération du sapin par rapport au couvert disponible. En effet, ous apparaît qu'il s'agit ileaucoup plus d'une question de proportion d'ouvertures que de grandeur

uvertures. Les cerfs sont confinés au peuplement d'abri en période critique et ne peuvent s'aventurer guère plus qu'à 10 mètres de ces derniers, lorsque la neige dépasse 50 centimètres. Cependant, au début de l'hiver, au printemps et lorsqu'un verglas durcit la surface de la neige, les cerfs ont accès aux sapins dans les ouvertures. le qu'il faut, c'est que la quantité de sapins en régénéra-

(10)

%on soit tellement grande par rapport au nombre de cerfs présents, que ces derniers ne puissent les éliminer.

Nous avons constaté que lorsque la proportion d'ouvertures diminue, la proportion de sapins en régénération diminue également. ,En effet, dans le bûcher de 1955 à 1971, environ 50 % de la régénération est en sapins par rapport à 25 % dans la sapinière ouverte.

?

e us, il est à noter que les trois zones où le sapin se régénère sont les 7 ,-,

endroits où la densité de cerfs en hiver est la plus forte, c'est-à-dire le bûcher de 1955 à 1971, la sapinière ouverte et une portion de l'épidémie d'arpenteuse de la pruche. Cette constatation nous indique que la problématique de la survie du cerf en hiver à Anticosti est une question de nourriture et que le cerf peut r se contenter d'abri très restreint, comme c'est le cas dans ces zones. t La stratégie d'aménagement que nous avons eue durant les quatre dernières années, et qui portait l'emphase sur l'abri, est donc inadéquate pour l'île d'Anticosti.

Bien qu'il soit très encourageant dans le contexte actuel d'avoir découvert qu'il existe un mécanisme permettant de régénérer le sapin, nous sommes loin d'en comprendre tous les rouages.

(11)

Par exemple, nous ne comprenons pas que de grands secteurs de l'épidémie d'arpenteuse sont régénérés à 100 % d'épinette blanche, alors que l'abri y est

g

très rare. S'agit-il de peuplements(d'épinette blanche i ont été détruits? Est- .ce une question de sol?

Nous savons que la quantité d'épinettes blanches préétablie dans le peuplement a un effet direct sur la proportion d'épinette blanche dans la régénération des ouvertures. En effet, il est flagrant de constater dans le bûcher de 1955 à 1971, que les épinettes blanches sont plus hautes que les sapins. Ces épinettes devaient déjà être présentes en sous-étage lorsque le peuplement a été coupé.

Le bûcher de 1955 à 1971 est le secteur que nous connaissons le plus. C'est également celui qui s'est le mieux régénéré en sapins, et ce, de la façon la plus uniforme. Nous connaissons très mal les zones de l'épidémie de 1971 et de la sapinière ouverte. Nous n'avons aucune idée de l'état de la régénération dans l'est de l'île Et, nous ne connaissons pas la superficie minimale qui doit être perturbée pour obtenir une régénération de sapins. Cette dernière notion a moins d'importance dans la partie centrale de l'île, car les zones mûres sont juxtaposées à de grandes perturbations telles : feu, épidémie et coupe.

Cependant, elle est fondamentale pour l'ouest de l'île. Une visite dans les peuplements morts au sud du lac Simone serait probablement instructive à cet égard.

(12)

Comme vous pouvez le constater, il manque beaucoup de données. Une à deux semaines de relevés sur le terrain amélioreraient sans doute de beaucoup notre compréhension.

À l'heure actuelle, la coupe nous semble le moyen le plus sécuritaire de régénérer le sapin. Les épidémies d'arpenteuse de la pruche peuvent également permettre d'en régénérer, en autant qu'elles ouvrent suffisamment le couvert.

Cependant, nous constatons que de grands secteurs de l'épidémie d'arpenteuse

ile reviennent pas en sapins. L'avantage des coupes, en plus de créer des chemins, est d'être graduelle et de permettre de réajuster son tir d'années en années, en fonction des résultats. Cependant, étant donné l'âge avancé deS peuplements et les coûts d'exploitation, tout ne pourra être traité par la coupe et on devra utiliser l'arpenteuse de la pruche pour aménager l'habitat. Le pirei, scénario que l'on puisse envisager est celui où l'on empêche les épidémies et où l'on ne coupe pas; les arbres finissant par tomber par chablis et se régénérant à 100 % en épinettes blanches.

Cependant, les trois zones où le sapin parvient en partie à se régénérer ne sont pas tirées d'affaire à jamais. Les prochaines perturbations qui les affecteront devront être majeures pour qu'ils ne reviennent pas en épinettes blanches. Il est à noter que mise à part l'épidémie de 1971, les autres épidémies d'arpen- teuse de la pruche n'ont pas détruit suffisamment de peuplements et ont provoqué une régénération en épinettes blanches.

(13)

3. POTENTIEL FORESTIER

Comme nous avons vu précédemment, sécuritaire de régénérer

ecteurs contre rePidémiestonne a\nnées., 'une part, le coût

le sapin.

la coupe nous semble un moyen plus Cependant, on ne doit pas protéger des les exploite_pas_d_urent les vingt prochaines_ _____.__________

devient injustifié et d'autre part, on urlkouverture graduelle des peuple- blanche.

quelles sont les zones qu'il désire protéger des arrosages

on provoque en pessière

ligneuse.

nuit à l'habitat du cerf, car ments qui se convertissent

Il appartient au MFO de déterminer pour la récolte de la matière

ZONE COÛT D'EX-

PLOITATION

$/m

VOLUME MÛR m

/TIGE ,:>:,

m /ha

Sapinière ouest 43,22 4 023 375 101 104

Pessière blanche 40,86 3 902 271 108 106,3

Sapinière nord 41,62 2 699 327 137 82,9

Sapinière ouverte 46,11 * 3 241 838 111 79,8

* Il faut ajouter à ce coût la somme d'environ 1 million de dollars pour construire un pont sur la rivière Jupiter pour avoir accès à ce secteur.

(14)

Il faut ajouter au coût d'exploitation 12,50 $/m3 pour le transport maritime. Ce dernier coût a été estimé par REXFOR et pourrait être diminué selon M.

Bellavance de REXFOR à Québec. Il faut également y ajouter le coût de tronçonnage, soit 7,0 $/m3 (selon REXFOR).

Il est à noter qu'il s'agit de coût moyen par zone. À l'intérieur de ces zones, il y a des portions qui coûtent moins chères. À titre de renseignement, le coût d'exploitation du secteur du lac Cailloux, secteur le plus rentable de l'île, serait de 32,96 $/m3.

Avec un coût de plus de 52,50 $ dans le meilleur secteur et de plus de 60 $ en général, il est impensable de réussir à faire de l'exploitation forestière.

Une grosse partie du problème provient du tronçonnage et du transport maritime. Si une scierie opérait à l'île d'Anticosti et usinerait 50 % du volume, on sauverait le coût du tronçonnage (7,07 $/m3) et le bois de sciage pourrait être acheminé directement outremer ou autre, ce qui réduirait de moitié le volume à exporter à 12,50 $/m3. Ce volume serait alors exporté sous forme de copeaux. Nos coûts viennent alors de baisser de 13,25 $ le mètre cube.

(15)

4. LES TROIS ÉLÉMENTS ESSENTIELS POUR L'AMÉNAGEMENT DU CERF À ANTICOSTI

Le premier élément essentiel dans l'aménagement du cerf à l'île d'Anticosti est de parvenir elrégénérer le sapin pour les raisons que nous avons déjà expli- quées. Il est à noter que lorsqu'on parle de régénérer le sapin, on régénère également la bouleau et le peuplier faux-tremble qui ont larrnême problématique.

Dans les endroits où le sapin réussit à éviter le surbroutage, les autres plantes qui subissent le même sort, habituellement, réussissent à se développer égale- ment. On retrouve par exemple du framboisier dans le secteur de l'épidémie de 1971.

Le deuxième élément essentiel est le laintien d'îlots d'abri à l'intérieur des zones où l'on provoque la régénération du sapin. Cela ne semble pas nuire à la régénération et l'on obtient des densités très fortes de cerfs, hiver comme été. La question est quelle proportion doit représenter ces îlots et quelle grandeur doivent-ils avoir? Dans le bûcher de 1955-1971, les îlots d'abri sont constitués de pochettes d'arbres qui étaient trop jeunes lors de la coupe et qui forment maintenant de l'abri. Dans les zones de mortalité due à l'épidémie d'arpenteuse de 1971, il existe une grande partie où les îlotS d'abri sont pratiquement inexistants. Nous croyons que dans la partie plus boisée, les' densités de cerfs l'hiver devraient être excellentes. Cette évaluation est cependant théorique, car nous n'avons pas d'évaluation de la population d'hiver

(16)

dans cette zone qui nous permettrait de déceler la proportion d'îlots idéales et qu'est-ce qui constitue un bon îlot d'abri.

Compte tenu que nous prévoyons aménager l'habitat à l'aide de l'arpenteuse de la pruche en préservant des îlots, nous considérons que les informations manquantes que nous venons de décrire sont cruciales et nous recommandons qu'un inventaire de densité ait lieu cet hiver dans la zone de l'épidémie ,d'arpenteuse.

Le troisième élément essentiel dans l'aménagement de l'habitat de l'île est de s'assurer que la nourriture sera disponible de façon continue dans le temps. En effet, le sapin fournit des branches accessibles les quarante-cinq premières années. Puis, c'est principalement lorsqu'il commence à tomber, à cause de la carie vers l'âge de 70 ans et plus, que la nourriture redevient disponible. On doit donc viser à ce que les peuplements ne soient pas tous du même âge pour éviter d'avoir un creux durant vingt-cinq ans.

(17)

5. L'ARPENTEUSE DE LA PRUCHE DANGER ET HISTORIQUE

Historiquement, l'arpenteuse de la pruche est l'insecte qui rajeunit la forêt à l'île d'Anticosti. Bien qu'il y ait eu une épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette en 1973, les études de dendrochronologie ont démontré qu'il s'agissait de la seule infestation depuis plus de 100 ans. Par contre, on relate des épidémies d'arpenteuse de la pruche en 1926, 1935, 1971 et nous prévoyons la prochaine en 1992.

En 1971, l'arpenteuse de la pruche a détruit totalement, et de façon contiguë, 13 % de l'île d'Anticosti en plus de détruire beaucoup de peuplements disséminés. En 1970, les relevés d'insectes n'avaient révélé que quelques arpenteuses de la pruche, rien d'inquiétant. En 1971, c'est un garde-feu qui décela l'épidémie. Il voyait la forêt rougir en venant de l'est. Les inventaires de population ont été faits à l'automne 1971 et dès 1972, des arrosages d'insecticide avajent-tié'efficacitele ces arrosages a été extraordinaire. En 1973,-- -fa population a ait redescendue d'elle-même dans pratiquement toute

z

..,

'île. Seule une petite superficie près du village avait du être traitée une deuxième fois. Pratiquement toute la mortalité liée à cette épidémie a eu lieu en 1971, dès la première année de pullulation.

(18)

Cet été, monsieur Luc Jobin, du Centre forestier des Laurentides, expert de l'arpenteuse de la pruche, a détecté un foyer d'infestation sur l'île d'Anticosti.

Les 14 et 16 octobre 1991, un survol des secteurs susceptibles de l'île a été fait dans le but de détecter les épicentres. En plus du pilote, les personnes à bord étaient : Gaston Thériault du Service de protection contre les insectes et les maladies (MFO), André Gingras du bureau régional de la Côte-Nord (MLCP) et Pierre Beaupré du bureau régional de la Côte-Nord (MFO). Ce survol n'a pas permis de détecter d'autres épicentres que celui identifié au sol par Luc Jobin.

Cependant, il faut noter qu'étant donné que la saison était fortement avancée, la plupart des aiguilles rougies étaient tombées, de sorte qu'il était très difficile de différencier les arbres qui venaient de mourir de ceux qui étaient morts lors de l'épidémie de la tordeuse il y a quelques années. De plus, les dégâts sont très légers, ce qui est normal dans la phase éruptive. Il est à noter que' l'épidémie d'arpenteuse qui sévit présentement dans l'unité de gestion de Grand-Portage a un an d'avance sur celle de l'île d'Anticosti, c'est ce qui explique ses dégâts plus élevés (Luc Jobin, communication personnelle).

La présence d'un foyer d'infestation dans la sapinière ouverte, au centre-sud de l'île indique que l'ensemble de cette sapinière ouverte devrait passer en épidémie l'an prochain, selon Luc Jobin. Il est probable qu'il s'agisse de la seule zone sévèrement attaquée l'an prochain et que l'on assiste à des éruptions de population dans les autres zones qui exploseront l'année suivante.

(19)

6. ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE DE LA CONTINUITÉ DE L'APPORT DE NOURRITURE DANS LE TEMPS

Nous pouvons subdiviser l'île d'Anticosti en trois secteurs qui correspondent à des réalités biologiques différentes.

Le secteur ouest ne possède que des sapins de 70 ans et plus comme source de nourriture. Il y a également une grande quantité de pessières blanches

pures, surtout dans la partie nord. ,

Le secteur central de l'île est constitué de grandes perturbations; feu, épidémie d'arpenteuse et coupe, qui se régénère en partie en sapins. Les zones de sapinières mûres sont surannées. Il existe un phénomène marqué de migration de cerfs qui occupent la partie centrale l'été, et qui se réfugient au nord et au sud l'hiver.

Le secteur à l'est est composé d'îles de conifères dans un océan de tourbières.

La moitié des stations propices aux sapins ont subit une mortalité sévère en 1971. Nous ignorons si la régénération y est en sapins. Les peuplements de sapin résiduels sont surannés.

Nous rencontrons la même problématique partout, en ce qui à trait à l'aspect continuité de la nourriture. Nous n'avons pas de classe d'âge intermédiaire de sapin pour assurer la relève pendant la période où les jeunes sapins, qui sont

(20)

actuellement en régénération, offriront peu de nourriture entre 45 et 70 ans.

Il sera impossible de maintenir en vie les sapinières surannées durant les cinquante années nécessaires pour que la régénération en sapins qui a actuellement 20 ans dans la partie centrale de l'île, n'atteigne 70 ans. Nous risquons surtout de les voir s'ouvrir graduellement et se transformer en pessières blanches si nous les arrosons pour combattre les épidémies.

Nous nous dirigeons donc à court terme, vers une situation où les dernières sapinières matures seront balayées par des épidémies d'insectes. On doit se contenter de maintenir des îlots d'abri. Lorsque la vaste majorité des peuplements atteindra 45 ans, on devra créer des ouvertures pour obtenir une régénération de sapins qui servira de nourriture. On peut espérer que dans le futur, on réussisse à exploiter de façon rentable des arbres aussi jeunes. En dernier recours, on pourra toujours utiliser des phytocides pour créer ces ouvertures. Dans la partie ouest de l'île, cependant, nous aurons une porte de sortie. Nous pourrons exploiter les pessières blanches et les convertir en sapinières par ensemencement.

Veuillez noter que nous sommes conscients que l'hypothèse prédisant que les sapinières, entre 45 et 70 ans, ne fournissent pas de nourriture est pessimiste.

Cependant, en posant l'hypothèse de façon pessimiste, nous arrivons quand même à la conclusion que l'on ne doit pas conserver les sapinières mûres en vie de façon artificielle. Cette façon de faire renforce notre conclusion.

(21)

7. RECOMMANDATIONS

Il existe une forte probabilité que Insapinière ouverte, située au centre-sud de l'île, soit entièrement infestée l'été prochain par l'arpenteuse de la pruche.

Cependant elle ne devrait pas détruire l'ensemble des peuplements l'an prochain. On deJa• par contre protéger les îlots d'abri l'année suivante. Cette zone supporte actuellement 12 375 cerfs l'hiver (538 km2 x 23 cerfs/km2).

L'épidémie appréhendée conditionnera l'état de cet habitat pour les quarante prochaines années (temps nécessaire pour que la régénération en sapin procure de l'abri).

À titre de comparaison, mentionnons que pour aménager les ravages d'Armstrong et de Saint-Gédéon en Beauce, qui abritent 2600 cerfs l'hiver, les plans d'aménagement qui ont été préparés et leur mise en application ont coûtés près d'un million de dollars pour une période de cinq ans.

Nous croyons qu'il est de la plus élémentaire prudence de s'assurer, avant de laisser l'épidémie rajeunir totalement cette forêt, que la capacité de support sera .., maintenue le plus possible. Les connaissances actuelles de la capacité d%.\

support des secteurs qui ont subi l'épidémie d'arpenteuse en 1971 sont nettement insuffisantes. Elles se résument à une poignée de placettes- échantillons prises lors d'un seul hiver, et dans la partie du territoire qui nous apparaît la moins intéressante.

(22)

Nous recommandons qu'un inventaire de densité détaillé soit pris cet hiver, dans les zones de l'épidémie de 1971 et du bûcher de 1955 à 1971. Cet inventaire aura pour but de déterminer la densité d'îlots d'abri à laisser et leurs caractéristi- ques.

Ces flots seront localisés sur le terrain l'an prochain pour être protégés si nécessaire l'année suivante.

Si l'ensemble de la sapinière ouverte était arrosé, il en coûterait près de 2 millions de dollars (538 km2 x 40 $/ha). Nous pensons que des arrosages d'îlots de 10 ha couvrant au gros maximum 20 % de la superficie ramènerait le coût à moins de 400 000 $. La nécessité de ces arrosages sera déterminée par les résultats de l'inventaire de densité de cet hiver. Rappelons qu'un coût de 400 000 $ équivaut à 32 $ pour maintenir la capacité de support d'un cerf pendant quarante ans.

Dans les zones d'épidémie d'arpenteuse de la pruche de 1971, il est crucial de maintenir les îlots d'abri. Cette zone étant juxtaposée à la sapinière ouverte, il est justifié de faire une analyse au cas où l'épidémie s'y étendrait, puisqu'il y a une capacité de support de 13 400 cerfs.

Nous recommandons que soit analysée la vulnérabilité des îlots d'abri présents

dans l'épidémie d'arpenteuse de la pruche de 1971.

(23)

Mettre en place un programme d'arrosage demande beaucoup d'étapes et on ne peut viser à la dernière minute. Une des étapes qui demande le plus de temps est l'obtention de l'autorisation d'arrosage du MENVIQ. En temps normal pour obtenir cette autorisation, on doit procéder par études d'impact, et ce, même pour un arrosage à l'aide d'insecticide biologique. Étant donné que ce genre d'étude demande plusieurs années, on devra procéder via la clause de catastrophe appréhendée.

Nous recommandons qu'un suivi des populations d'arpenteuse soit effectué l'an prochain.

Compte tenu de la complexité du problème, nous recommandons que soient tenues des rencontres techniques pour déterminer les actions à prendre. On devra également étudier la faisabilité technique de faire des arrosages par îlot.

Nous proposons également que soit complétées l'été prochain les études sur le

mécanisme de régénération du sapin.

Références

Documents relatifs

• Si on observe au microscope de minces tranches transparentes d’un être vivant, on constate que l’on retrouve des éléments comparables:... • Les êtres

Paul Dietschy, Professeur d’Histoire contemporaine, Directeur du Laboratoire des Sciences Historiques (EA 2273), Université de Franche-Comté.. Economie des clubs européens et de

prenaient conscience de ce devoir moral, notre coopérative pourrait alors assumer son rôle en toute indépendance et réduire au strict minimum les compromis,

Page 1 sur 10 Le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) recherche un consultant(e) pour Analyse des moteurs de l’érosion de la biodiversité et des secteurs économiques impactant au

L’accès au savoir pour tous doit devenir une réalité à la fois pour des raisons démocratiques mais également pour répondre aux évolutions du monde du travail qui requiert

démontrer que sans cette conception de l’action syndicale, c’était l’application du plan initial du PDG de Moulinex avec 800 licenciem ents supplémentaires ; c’était

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1

Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de