SNES COPSY/DCIO Info Rapide
Mars 2009
N° 6
« Portrait d’avenir » et « n° azur », l’orientation à la mode Darcos…
N° AZUR pour l’orientation : le choix du virtuel !
L’annonce par le ministre de l’Education Nationale d’un N° Azur pour l’orientation correspond essentiellement à une opération de communication particulièrement démagogique, dont les effets risquent d’être désastreux. En effet, ignorant manifestement qui sont les personnels exerçant dans les CIO et comment ils y travaillent, le ministre a décidé de prélever sur les effectifs déjà bien faibles des copsy qui devraient, toutes affaires cessantes, aller répondre au téléphone sur des plateformes académiques (comme s’il était impossible de téléphoner dans les CIO !!).
Singulièrement, à cette période de l’année où les carnets de rendez-vous des copsy débordent, où le travail essentiel avec les équipes d’établissement est indispensable avant les conseils de classe et la constitution des dossiers d’orientation, Xavier Darcos choisit de détourner un nombre non négligeable de copsy de leurs missions prioritaires auprès des élèves, des parents et des enseignants, interrompant ainsi les programmes d’activité en cours, les suivis d’élèves engagés, etc... En outre, au mépris du travail mené par nos collègues de l’ONISEP cette directive oblige tous les personnels déjà mis en difficulté par les retards pris par la sortie des brochures, à assurer la réponse en ligne.
Pour quel bénéfice ? Pourquoi ne pas avoir choisi de promouvoir les CIO et inviter davantage de familles à s’y rendre ?
Comment s’inscrire dans une démarche de conseil sans rien connaître de l’élève, de son histoire, de son développement, de ses résultats ?
Ce dispositif voudrait avaliser l’idée que le conseil en orientation est une simple affaire technique, d’information, qui peut être résolue au téléphone en moins de 10 minutes. (cf : « Le courrier Picard » : l’orientation simple comme un coup de fil) Cette initiative aura pour conséquence de démanteler un peu plus le service public d’orientation de l’Education Nationale qui depuis 3 ans a perdu près de 600 postes.
Elle ne peut répondre aux vrais besoins des jeunes et des parents qui devraient pouvoir bénéficier d’entretiens personnalisés dans leur établissement et leur CIO au moins une fois par trimestre avec des copsy suffisamment nombreux et disponibles.
Il faut réaffirmer clairement que l’élaboration des projets d’avenir est une affaire complexe qui nécessite du temps, comporte plusieurs étapes, est tout sauf linéaire.
Dès à présent, 3 académies « pilotes » sont concernées, des pressions sont exercées sur les collègues pour qu’ils désertent les CIO et les établissements scolaires, postes compensés dans le meilleur des cas par des contractuels débutants ! La mise en place des ces plateformes devrait se généraliser à la rentrée prochaine dans toutes les académies.
Le SNES appelle les collègues à ne pas se porter volontaires, à continuer à exercer leur métier au plus près des demandes des jeunes et des familles, à alerter les parents et à exiger un renforcement réel des moyens des CIO pour assurer un travail de qualité inscrit dans la durée.
Portrait d’avenir ou … miroir aux alouettes ?
Xavier Darcos a présenté le 24 mars la mise en place d’un « bilan personnel d’orientation », pour chaque élève de 3ème, baptisé « portrait d’avenir », qui est actuellement expérimenté dans l’académie de Limoges.
Celui-ci devrait être validé par le professeur principal à partir de grilles d’évaluation de compétences et de traits de caractère !
A partir d’outils non validés qui circulent dans tous les magazines, l’élève devrait se décrire et comparer son auto-évaluation en termes d’ « acquis/non acquis » sur des dimensions telles que l’autonomie, la sociabilité, la communication, la rigueur !!
C’est à la lumière de ce « profil psychologique » que les professeurs seront invités à évaluer et à valider les projets de parcours de formation.
Cette décision veut avaliser l’idée que l’évaluation des personnes est possible et que les enseignants peuvent s’y livrer sans réserves. Elles reposent toujours sur la même illusion, qu’une adéquation entre des profils personnels et des profils d’emploi est à rechercher. Elle passe complètement sous silence tous les biais sociaux qui jouent dans l’appréhension d’autrui que la psychologie sociale a mis largement en évidence. Elle ignore les fluctuations liées au développement de la personnalité à l’adolescence et risque d’enfermer les élèves dans une vision figée et réductrice d’eux-mêmes, bloquant les plus fragiles et les conduisant à limiter leurs ambitions. En outre, cette démarche ne prend en compte, ni le temps de
l’élève, ni son cheminement, ni la déontologie indispensable à toute investigation sur les intérêts et la personnalité.
Les enseignants investis de la mission de juger leurs élèves sur leurs caractéristiques personnelles vont être mis dans une position génératrice de ressentiment voire de violence.
Ce « bilan » est une caricature et il faut le dénoncer. Il fait un pas de plus dans la mise en place de protocoles codifiés pour la validation des choix d’orientation des élèves. Sensibilisons les enseignants sur le caractère nocif de ces pseudo bilans qui ne respectent pas l
Vous trouverez sur le site du SNES l’ensemble du dossier « bilan personnel d’orientation : portrait d’avenir » actuellement expérimenté dans l’académie de Limoges.
http://www.snes.edu/spip.php?article16888
