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Academic year: 2022

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(1)

Anneaux et corps

1 Généralités sur les anneaux 2

1.1 Définitions . . . 2

1.2 Idéaux d’un anneau commutatif . . . 4

1.3 Morphismes d’anneaux . . . 5

1.4 Anneaux quotients . . . 6

1.5 Idéaux premiers, idéaux maximaux . . . 8

2 Anneaux principaux 10 2.1 Définition . . . 10

2.2 Propriétés arithmétiques d’un anneau principal . . 10

2.3 Cas des anneaux euclidiens . . . 16

2.4 Théorème des restes chinois . . . 18

3 Exemples fondamentaux d’anneaux principaux 19 3.1 AnneauZdes entiers relatifs . . . 19

3.2 Étude de l’anneau quotient Z/nZ . . . 19

3.3 AnneauK[X] des polynômes sur un corps commu- tatifK . . . 23

4 Corps commutatifs 25 4.1 Définition, exemples . . . 25

4.2 Corps des fractions d’un anneau intègre . . . 25

4.3 Caractéristique d’un corps, sous-corps premier . . . 26

4.4 Éléments algébriques, transcendants . . . 28

4.5 Racines et extensions de corps . . . 30

4.6 Cas des corps fini . . . 31

Mathieu Mansuy - Préparation à l’Agrégation Interne de Mathématiques, Université de Franche Comté mansuy.mathieu@hotmail.fr

(2)

1 Généralités sur les anneaux

1.1 Définitions

Définition.

SoitA un ensemble muni de deux lois internes notées « + » et « ×». On dit que (A,+,×) est un anneau si :

(i) (A,+) est un groupe abélien ; (ii) la loi×est associative ;

(iii) la loi×est distributive par rapport à la loi +.

Si la loi × admet un élément neutre, on parle d’anneau unitaire. Si la loi × est commutative, on parle d’anneaucommutatif.

Notation. Le neutre pour la loi + sera noté 0A ou simplement 0, celui pour la loi×sera noté 1Aou 1. Dans le suite, on supposera que 0A6= 1A.

Exemples.

• (Z,+,×), (K[X],+,×) (oùKcorps) sont des anneaux commutatifs et unitaires.

• (Mn(R),+,×) est un anneau unitaire non commutatif.

Définition.

Un sous-ensembleB deAest unsous-anneau de (A,+,×) si (B,+,×) est un anneau.

Un sous-ensembleBdeAest un sous-anneau de (A,+,×) si et seulement si elle vérifie les conditions : (i) B est un sous-groupe de (A,+) : ∀x, y∈B, xyB ;

(ii) B est stable par multiplication : ∀x, y∈B, x×yB ; Propriété 1(Caractérisation des sous-anneaux)

SoitA un anneau, eta, bAdeux éléments qui commutent(i.e. a×b=b×a). Alors pour tout n∈N, on a :

(a+b)n=

n

X

k=0

n k

akbn−k. Propriété 2(Formule du binôme)

Définition.

Soit (A,+,×) un anneau unitaire.

• Un élémentxA estinversible dansAs’il existeyAtel que : x×y=y×x= 1A

Par associativité de×, un tel élémenty est unique. On l’appellel’inverse dexet on le notex−1.

• On noteU(A) ouAl’ensemble des éléments inversibles deA.

Aest uncorpssiU(A) =A\ {0A}.

Exemples.

(3)

• U(Z) ={−1,1},U(K[X]) =K.

• Q,R,Csont des corps.

Soit (A,+,×) un anneau unitaire. Alors (U(A),×) est un groupe.

Propriété 3

Preuve. On revient à la définition d’un groupe.

• ×est une loi de composition interne surU(A). En effet, pour toutx, y∈U(A), on a : (x×y)×(y−1×x−1) =

×|{z}ass.

x×(y×y−1x−1=x×1A×x−1= 1A.

On montre de même que (y−1×x−1)×(x×y) = 1A, de sorte quex×y∈U(A). On obtient de plus que (x×y)−1=y−1×x−1.

• ×est associatif par définition d’un anneau.

• 1A∈U(A) et est un élément neutre pour la loi×. En effet, on a : 1A×1A= 1A ⇒ 1A∈U(A). Et 1A est un élément neutre pour la loi×.

• Tout élément est symétrisable dansU(A). En effet, on a pour toutx∈U(A) : x×x−1=x−1×x= 1A.

Doncx−1 appartient bien àU(A). On obtient de plus que (x−1)−1=x.

Définition.

Un anneauA est ditintègre si on a : (i) A6={0A},

(ii) ∀a, b∈A, a×b= 0Aa= 0A oub= 0A.

Remarques.

• SiAest un corps, alorsAest intègre.

• Un sous-anneau d’un anneau intègre est intègre.

Exemple. (Z,+,×) et (K[X],+,×) sont des anneaux intègres, (Mn(R),+,×) n’est pas intègre.

Si Aest intègre, l’anneauA[X] des polynômes à coefficients dansA est intègre.

Propriété 4

Preuve. Comme Aest intègre, on a A6={0A}, et donc aussi A[X]6={0A[X]}. Soient P etQ des polynômes non nuls deA[X], et notonsap etbq les coefficients dominants deP etQ. Alors le coefficient dominantap×Abq

deP×A[X]Qest non nul carap etbq sont non nuls et queAest intègre. AinsiP×A[X]Q6= 0A[X], et A[X] est

un anneau intègre.

Dans toute la suite, les anneaux considérés seront supposés unitaires et commutatifs.

(4)

1.2 Idéaux d’un anneau commutatif

Définition.

SoitIA. On dit queI est unidéal de l’anneauAsi : (i) (I,+) est un sous-groupe de (A,+),

(ii) Iest absorbant : ∀(x, a)∈I×A,a×xI. On dit queI est un idéalpropresi de plusI6=A. Remarques.

• Un idéal est un sous-anneau.

• {0A} etAsont des idéaux deA.

• SoitN ={a∈A, ∃n∈N, an= 0A} l’ensemble des éléments nilpotents deA. AlorsN est un idéal de A.

Exercice. Montrer que les idéaux deZsont lesnZavecn∈N.

• Une intersection quelconque d’idéaux deAest un idéal deA.

• SiI1, . . . , Ik sont des idéaux deA, lasommedeI1, . . . , Ik, notée

k

X

j=1

Ij et définie par :

k

X

j=1

Ij={i1+· · ·+ik, ∀j∈J1, kK, ijIj} est un idéal deA.

Propriété 5

Preuve. Laissée en exercice.

Définition.

• Soit XA. On appelle idéal engendré par X l’intersection de tous les idéaux de A contenant X. C’est le plus petit idéal deAcontenantX au sens de l’inclusion. On le notehXi

• SiX ={x}, alors

hXi={x×a, aA}.

On l’appellel’idéal engendré par x, et on le notexAouhxi. Un idéalI de la formehxiest ditprincipal.

• SiX ={x1, . . . , xk}est fini, alors

hXi={x1a1+· · ·+xkak, aiA}=x1A+· · ·+xkA.

On l’appellel’idéal engendré par x1, . . . , xk, et on le notehx1, . . . , xki. Un idéalI de la formehx1, . . . , xkiest ditde type fini.

SoitI un idéal deA.

(1) I=AI∩U(A)6=∅.

(2) Aest un corps si et seulement si ses seuls idéaux sont{0A}et A. Propriété 6

(5)

Preuve.

(1) SiI=A, alors 1A appartient àI∩U(A) qui est donc non vide.

Réciproquement, supposonsI∩U(A)6=∅ et notons queuun élément deI∩U(A). Pour toutxA, on a :

x= u

|{z}

∈I

×(u−1×x)

| {z }

∈A

I

carIest absorbant, et doncI=A.

(2) Supposons queA soit un corps. {0A} et A sont des idéaux deA. Et ce sont les seuls puisque siI est un idéal distinct de{0A}, alorsI∩U(A) =I∩(A\ {0A})6=∅et doncI=Ad’après le point précédent.

Réciproquement, supposons que{0A} et Asont les seuls idéaux de A. Soit alors xun élément non nul de A. L’idéalhxiest distinct de{0A}puisqu’il contientx. On a donc par hypothèse quehxi=A, de sorte que 1A∈ hxi. Il existe doncyA tel que :

x×y=y×x= 1A.

1.3 Morphismes d’anneaux

Définition.

Soient A, B des anneaux unitaires. Une applicationf :AB est unmorphisme d’anneaux si :

• ∀x, y∈A,f(x+y) =f(x) +f(y),

• ∀x, y∈A,f(x×y) =f(xf(y),

f(1A) = 1B.

Lorsque f est bijective, on parle d’isomorphisme d’anneaux.

Soitf :AB un morphisme d’anneaux.

• L’image et l’image réciproque par f d’un sous-anneau est un sous-anneau.

• SiJ est un idéal deB, alors l’image réciproquef−1(J) de l’idéalJ est un idéal deA.

• SiI est un idéal deAet f surjective, alorsf(I) est un idéal de B. Propriété 7

Preuve. Laissée en exercice.

• L’ensemble f−1({0B}) est un idéal deA. On le note Ker(f) et on l’appelle lenoyau def. On a de plus :

Ker(f) ={0A} ⇔ f injective.

• L’ensemble f(A) est un sous-anneau deB. On le note Im(f) et on l’appelle l’image de f. On a de plus :

Im(f) =Bf surjective.

Propriété 8

Preuve. Comme{0B} etA sont des idéaux respectivement deB et deA, f−1({0B}) etf(A) sont des idéaux deAet de B respectivement par la proposition précédente. Le reste est bien connu et laissé en exercice.

(6)

Remarque. Un morphisme d’anneauxf d’un corpsKdans un anneau non nulB est injectif : en effet, Ker(f) est un idéal deK, donc égal à {0K} ouK. Et commef est non nul (puisquef(1K) = 1B), on a Ker(f) ={0K} etf est injective.

Soit f : AB un morphisme d’anneaux. Alors f(U(A)) ⊂ U(B) et pour tout x ∈ U(A), f(x)−1=f(x−1).

Propriété 9

Preuve. Soitx∈U(A). Il existeyAtel que :

x×Ay=y×Ax= 1A. On obtient en composant parf morphisme d’anneaux :

f(x×Ay) =f(y×Ax) =f(1A) ⇒

|{z}

fmorph. d’ann.

f(xBf(y) =f(yBf(x) = 1B.

Ainsif(x) appartient àU(B) et on af(x)−1=f(y) =f(x−1).

1.4 Anneaux quotients

SoitAun anneau commutatif et unitaire, et soitI un idéal deA.

• (I,+) est un sous-groupe distingué de (A,+), ce qui permet de définir le groupe quotient (A/I,+) qui est abélien. On a pour rappel :

A/I ={x+I, xA},

pour toutx, yA,x+I=y+IxyI,

la loi + du groupeA/I est définie par : (x+I) + (y+I) = (x+y) +I, l’élément neutre pour la loi + est 0A/I = 0A+I=I.

• Pour touta, b, a0, b0A, on a : (a+I=a0+I

b+I=b0+Ia×b+I=a0×b0+I.

On définit ainsi une loi de composition interne surA/I, toujours notée×, en posant : (a+I)×(b+I) =a×b+I.

• (A/I,+,×) est un anneau commutatif et unitaire, avec 1A/I = 1A+I. On l’appellel’anneau quotient deA parI.

• L’application π:

(AA/I

a 7→a+I est un morphisme d’anneaux surjectif, de noyau Ker(π) = I, appelée laprojectionousurjection canonique.

Théorème 10

Preuve. Pour le premier point, je vous renvoie par exemple à mon coursGroupes et actions de groupes. Montrons le deuxième point. Soient pour celaa, b, a0, b0Atels que

(a+I=a0+I b+I=b0+I

(aa0I bb0I . On a :

a×ba0×b0=a×ba×b0+a×b0a0×b0=a×(bb0)

| {z }

∈I

+ (aa0)

| {z }

∈I

×b0I.

(7)

Ainsi, on a biena×b+I=a0×b0+I. Ce qui permet de (bien) définir une loi de composition interne surA/I, indépendante des représentants choisis, toujours notée×, en posant :

(a+I)×(b+I) =a×b+I.

Les axiomes définissant un anneau commutatif unitaire sont alors trivialement vérifiés pour (A/I,+,×) puisqu’ils le sont pour (A,+,×). D’où le troisième point. Et le quatrième point est immédiat.

Exemple. Pour toutn∈N,nZest un idéal deZ. On dispose donc de l’anneau quotient (Z/nZ,+,×).

SoitAun anneau,I un idéal, etπ:AA/I la surjection canonique. Alors les idéaux deA/I sont en bijection avec les idéaux deAcontenantIvia les deux applications, croissantes pour l’inclusion :

{idéaux deA contenantI} ←→1−1 {idéaux deA/I}

ψ: J 7→ π(J)

ϕ: π−1(J0) ←[ J0

Propriété 11

Preuve. π:AA/I étant un morphisme d’anneaux surjectif,π(J) est un idéal deA/I pour toutJ idéal de AcontenantI. Et pour toutJ0 idéal deA/I, l’image réciproqueπ−1(J0) est bien un idéal deA, qui contientI car 0A/IJ0 etπ−1({0A/I}) = Ker(π) =I. Donc les applicationsψet ϕsont bien définies.

La croissance de ces applications pour l’inclusion est immédiate. Reste donc à montrer qu’elles sont inverses l’une de l’autre :

• SoitJ un idéal deA contenantI. Montrons que π−1(π(J)) =J. L’inclusionJπ−1(π(J)) est toujours satisfaite (vérifiez le si besoin), on démontre l’inclusion réciproque. Soit pour celaxπ−1(π(J)). On a π(x)∈π(J), de sorte qu’il existeyJ tel que π(x) =π(y). Commeπest un morphisme de groupes, on en déduit queπ(xy) = 0A/I, et donc quexy ∈Ker(π) =IJ. Ainsixy+JJ car (J,+) est un groupe. D’où l’égalité voulue.

• SoitJ0 un idéal deA/I. Alorsπ(π−1(J0)) =J0 carJ0 est une application surjective.

Ainsiψetϕsont des bijections réciproques l’une de l’autre, et les idéaux deA/I sont bien en bijection avec les

idéaux deAcontenantI.

Exemple. Les idéaux de (Z/nZ,+,×) sont lesdZ/nZoùnZ⊂dZ, c’est-à-dire oùddivisen.

Soient Aet B deux anneaux etf :AB un morphisme d’anneaux. Alors on a un isomorphisme d’anneaux :

A/Ker(f)'Im(f). Théorème 12(Théorème d’isomorphisme)

Preuve. Pour simplifier, on notera dans la suite xla classe d’un élément xA dans le quotient A/Ker(f).

Considérons pour cela l’application :

f : A/Ker(f) → Im(f) x 7→ f(x)

Montrons pour commencer que f est bien définie, c’est-à-dire quef(x) ne dépend pas du représentant de la classe dexchoisi. Soit pour celayAtel que x=y. On a par définitionxy∈Ker(f), de sorte que :

f(xy) = 0A

|{z}

fmorph. d’ann.

f(x)−f(y) = 0Af(x) =f(y).

Doncf est bien définie. On a pour toutx, yA/Ker(f) : f(x+y) =f(x+y) =f(x+y) =

|{z}

fmorph. d’ann.

f(x) +f(y) =f(x) +f(y),

(8)

f(x×y) =f(x×y) =f(x×y) =

|{z}

fmorph. d’ann.

f(xf(y) =f(xf(y),

f(1A) =f(1A) = 1B.

f est donc un morphisme d’anneaux, surjectif de façon immédiate. Et pour toutx∈Ker(f), on a : f(x) =f(x) = 0Bx=x−0A∈Ker(f) ⇒ x= 0A.

f est donc un isomorphisme d’anneaux deA/Ker(f) sur Im(f).

1.5 Idéaux premiers, idéaux maximaux

Définition.

SoitAun anneau, Iun idéal de A. Iest ditpremier si : (i) Iest un idéal propre, c’est-à-direI A,

(ii) ∀x, y∈A,x×yIxI ouyI.

Remarque. A est intègre⇔ {0A}est un idéal premier.

SoitI un idéal propre deA. Alors :

I est un idéal premier ⇔ A/I est intègre.

Théorème 13

Preuve.

⇒ CommeIpremier,Iest propre etA/I n’est pas réduit à{0A/I}. De plus, soienta, bdes éléments deA/I. On a :

0A/I =a×b=a×ba×bI

IpremieraI oubIa= 0A/I oub= 0A/I

DoncA/I est bien intègre.

⇐ Supposons queA/I est intègre. En particulierA/I 6={0A/I}et doncIest propre. Soienta, bA. On a : a×bIa×b=a×b= 0A/I

A/Iintègrea= 0A/I oub= 0A/IaI oubI Donc l’idéalI est premier.

Exercice. Montrer que les idéaux premiers deZsont{0}oupZavecppremier.

Définition.

Un idéal Id’un anneauAest ditmaximal si : (i) Iest propre, c’est-à-dire I A,

(ii) Iest maximal pour l’inclusion : pour tout idéalJ deA,IJAJ=I ouJ =A.

SoitI un idéal deA. On a l’équivalence :

Imaximal ⇔ A/I est un corps.

Théorème 14

(9)

Preuve.

⇒ SupposonsI maximal. Il est en particulier propre, de sorte queA/I n’est pas réduit à{0A/I}. Soitaun élément non nul de A/I. Montrons que aest inversible. Considérons pour cela l’idéal J =I+haide A. Cet idéal contientI, et est distinct deI caraJ\I(puisquea6= 0A/I). CommeI est un idéal maximal, on a donc :

J =A ⇒ 1AJ =I+hai.

Ainsi, il existe iI etbAtel que :

1A=i+a×b ⇒ 1A=i+a×b= i

|{z}

=0A/I

+a×b=a×b.

aest donc inversible, etA/I est bien un corps.

⇐ Supposons queA/Isoit un corps, et considéronsJ un idéal contenant strictementI. Montrons queJ =A. SoitaJ\I. On aa6= 0A/I, et puisqueA/I est un corps, il existebA/I tel que :

a×b=a×b= 1A ⇒ 1Aa×bI.

Il existe donc iI tel que :

1A= a

|{z}

∈J

×b+ i

|{z}

∈I⊂J

J.

AinsiJ∩U(A)6=∅, et on a bien J=A.

Tout idéal maximal est premier.

Corollaire 15

Preuve. Si I est un idéal maximal, alors A/I est un corps. En particulier, A/I est intègre, ce qui implique

queI est premier.

Remarque. La réciproque est fausse : par exemple {0} est un idéal premier de Zcar Z est intègre, mais il n’est pas maximal car par exemple{0} 2Z Z.

Exercice. Montrer que les idéaux maximaux deZsont exactement les idéauxpZavecppremier.

En déduire les équivalences suivantes pour n≥2 :

(Z/nZ,+,×) est un corps ⇔ (Z/nZ,+,×) est un anneau intègre ⇔ nest premier.

SoitAun anneau,I un idéal. Les idéaux premiers (resp. maximaux) deA/I sont en bijection avec les idéaux premiers (resp. maximaux) de AcontenantI, via les deux applicationsψet ϕdéfinies à la Propriété 11.

Propriété 16

Preuve. C’est immédiat pour les idéaux maximaux puisque les bijections réciproques ψet ϕsont croissantes pour l’inclusion.

Pour les idéaux premiers, puisque ψ et ϕ sont des bijections réciproques l’une de l’autre, il suffit de vérifier qu’elles envoient bien par restriction idéaux premiers sur idéaux premiers.

Pourψ, soitJ un idéal premier deAcontenantI. Montrons queπ(J) est un idéal premier deA/I. CommeJ est propre, J 6=Aet donc π(J)6=π(A) =A/I (car ψinjective), de sorte queπ(J) est propre également. De plus soient a, bA/I. On a :

a×bπ(J) ⇒ a×bπ(J) ⇒ ∃j∈J, a×b=π(j) =j

⇒ ∃j ∈J, a×bj

|{z}

∈J

+ I

|{z}

⊂J

Ja×bJ

Jpremier aJ oubJaπ(J) oubπ(J).

(10)

Doncπ(J) est premier.

Pour ϕ, soit J0 un idéal premier deA/I. Montrons que π−1(J0) est un idéal premier deA. De même, comme J06=A/I, on a π−1(J0)6=A(carϕinjective), et doncπ−1(J0) est propre. Et pour touta, bA, on a :

a×bπ−1(J0) ⇒ π(aπ(b) =π(a×b)∈J0

J0premier π(a)∈J0 ouπ(b)∈J0

aπ−1(J0) oubπ−1(J0).

Doncπ−1(J0) est premier. D’où le résultat.

Signalons enfin le théorème suivant dont la démonstration dépasse le programme de l’agrégation interne (elle résulte du lemme de Zorn).

SoitI un idéal propre deA. Alors il existe un idéal maximalm deA contenantI. Théorème 17(de Krull (1899-1971))

Prolongement possible.

• Anneaux noethériens (voir par exemple [6], [8] ou encore [1]).

2 Anneaux principaux

2.1 Définition

Définition.

Un anneauA est ditprincipal s’il est intègre et si tout idéal deAest principal.

Exemples.

• Zest un anneau principal.

• Un corps est un anneau principal.

• Nous verrons que si Kest un corps commutatif, alorsK[X] est un anneau principal.

• Si n n’est pas premier, Z/nZ n’est pas intègre, donc pas principal. Cependant, tous ses idéaux sont principaux.

Exemple. Z[X] n’est pas un anneau principal. En effet, supposons que l’idéalh2, Xisoit principal, de la forme hPiavecP ∈Z[X]. Alors on aurait :

2∈ h2, Xi=hPi ⇒ ∃Q∈Z[X], 2 =P Q, et de même :

X ∈ h2, Xi=hPi ⇒ ∃R∈Z[X], X =P R.

De la première égalité, on obtient queP etQsont constants, et donc queP =±1 ouP =±2. Et de la deuxième relation, on obtient queP=±1. Mais alors on aurait :

1∈ hPi=h2, Xi ⇒ ∃U, V ∈Z[X], 1 = 2U+XV.

Ce qui donne en prenantX = 0 dans cette relation 1 = 2U(0) avecU(0)∈Z. D’où une contradiction.

2.2 Propriétés arithmétiques d’un anneau principal

Divisibilité

Dans cette section, (A,+,×) désignera un anneau intègre.

(11)

Définition.

Soient a, bA. On dit que adivise b (ou que b est unmultiple de a), et on notea|b, si hbi ⊂ hai, ce qui équivaut à l’existence d’un élément cA tel queb=a×c.

Soientx, y1, . . . , yn des éléments deA.

xdivisey1, . . . yn si et seulement sihy1i+· · ·+hyni ⊂ hxi.

xest un multiple dey1, . . . yn si et seulement sihxi ⊂ hy1i ∩ · · · ∩ hyni. Propriété 18

Définition.

Deux éléments a, bAsont ditsassociés dans As’il existe u∈U(A) tel quea=u×b.

Remarque. « être associé » est une relation d’équivalence surA. Exemple. Deux entiersn, m∈Zsont associés sin=±m.

Soienta, bA. On a l’équivalence :

aet bsont associés ⇔ a|betb|a ⇔ hai=hbi.

Propriété 19

PGCD, PPCM

Dans toute la suite, A désigne un anneau principal.

Soienta, bA.

• SoitmAtel quehai ∩ hbi=hmi. L’élémentmsatisfait : (i) a|m etb|m, i.e. mest un multiple commun deaet deb,

(ii) ∀`∈A, a|`etb|`m|`, i.e. m divise tout multiple commun deaet de b. De plus sim0 satisfait (i) et (ii), alorsm0 et msont associés.

• SoitdAtel que hai+hbi=hdi. L’élémentdsatisfait : (iii) d|aet d|b, i.e. dest un diviseur commun deaet deb,

(iv) ∀c∈A,c|aet c|bd|c, i.e. tout diviseur commun deaet debdivised. De plus sid0 satisfait (iii) et (iv), alors d0 et dsont associés.

Théorème 20

Preuve. Prouvons le premier point (le deuxième point se démontre de manière similaire). Puisque hmi ⊂ hai ∩ hbi,mest bien un multiple commun deaet deb, de sorte qu’on a (i). Soit`Atel quea|`etb|`. On a :

h`i ⊂ hai ∩ hbi=hmi.

Doncmdivise bien`, et (ii) est bien satisfait.

Soit maintenantm0 satisfaisant (i) et (ii). On a :

(12)

• puisquemsatisfait (i) etm0 satisfait (ii),m0|m.

• inversement, puisquem0 satisfait (i) etmsatisfait (ii),m|m0.

Doncmetm0 sont bien associés.

Définition.

• Un élément msatisfaisant (i) et (ii) est appelé un plus petit commun multiple (PPCM) de aet b, et notéab

• Un élémentdsatisfaisant (iii) et (iv) est appeléun plus grand commun diviseur (PGCD) deaetb, et notéab.

Un PGCD et un PPCM deaet b ne sont pas uniques : ils sont uniques à multiplication par un élément inversible deA près. DansZ, on fait le choix de les prendre dansNpour les rendre uniques. DansK[X], on pourra exiger de les prendre unitaires pour la même raison.

Mise en garde.

Définition.

On dit que deux éléments aet b deAsont premiers entre eux siab= 1A (ou plus précisémentab est associé à 1A).

Soienta, bA. Les assertions suivantes sont équivalentes : (i) ab= 1A(i.e. aetb sont premiers entre eux), (ii) A=hai+hbi,

(iii) ∃u, v∈A, a×u+b×v= 1A. Théorème 21(de Bezout (1730 - 1783))

Preuve.

(i)⇒(ii) Siab= 1A, alorshai+hbi=h1Ai=A.

(ii)⇒(iii) SiA=hai+hbi, alors 1A appartient àhai+hbi, et il existeu, vAtels que : 1A=a×u+b×v.

(iii)⇒(i) S’il existeu, vAtels que 1A=a×u+b×v, alors 1Aappartient àhai+hbi, de sorte quehai+hbi=A=h1Ai et que ab= 1A.

Soienta, b, cA. Siadiviseb×cet queaest premier avecb, alorsadivisec. Théorème 22(de Gauss (1777 - 1855))

Preuve. Commeaest premier avecb, il existe u, vAtels que : 1A=a×u+b×v.

En multipliant parc, on obtient :

c=a×(u×c)

| {z }

∈hai

+ (b×c)

| {z }

∈haicara|b×c

×v∈ hai.

Doncadivisec.

(13)

Soienta, b, c, dA\ {0A}.

(1) d=ab ⇔ ∃a0, b0A,





a=d×a0 b=d×b0 a0b0= 1A

.

(2) d=abd×c= (a×c)∧(b×c).

Propriété 23

Preuve.

(1) ⇒ Commed=ab,ddiviseaetb, et il existea0, b0Atels que : a=d×a0 et b=d×b0.

Montrons que a0b0= 1A. Puisqued∈ hdi=hai+hbi, il existe deux élémentsuetv deAtels que : d=a×u+b×v=d×a0×u+d×b0×v.

Ce qui donne en simplifiant pard6= 0A (possible carAintègre) : 1A=a0×u+b0×v.

Donca0 et b0 sont bien premiers entre eux.

⇐ Supposons qu’il existe des éléments a0, b0 premiers entre eux, etdtels que : a=d×a0 et b=d×b0.

ddivise doncaetb, de sorte quehai+hbi ⊂ hdi. Montrons l’inclusion réciproque. Commea0b0 = 1A, il existe u, vAtels que :

a0×u+b0×v= 1Aa×u+b×v=d×a0×u+d×b0×v=d×(a0×u+b0×v)

| {z }

1A

=d.

Ainsidappartient àhai+hbi, et on a l’inclusionhdi ⊂ hai+hbi. D’où finalement l’égalitéhdi=hai+hbi, et donc qued=ab.

(2) On a avec le point précédent :

d=ab⇔ ∃a0, b0A,





a=d×a0 b=d×b0 a0b0 = 1A

c6=0AetAintègre∃a0, b0A,





a×c= (d×ca0 b×c= (d×cb0 a0b0= 1A

d×c= (a×c)∧(b×c).

Soienta, b, c, mA\ {0A}. (1) a×b= (ab)×(ab).

(2) m=abm×c= (a×c)∨(b×c).

Propriété 24

Preuve.

(14)

(1) Notonsd=ab, eta0, b0Atels que





a=d×a0 b=d×b0 a0b0= 1A

, et posonsm=d×a0×b0. Montrons quem=ab.

On a :

m=d×a0×b0=a×b0 =a0×b.

Doncm est un multiple commun deaet deb.

Soit`Atel quea|` etb|`. Il existe donca00, b00A tels que :

`=a×a00=a0×d×a00 et `=b×b00=b0×d×b00. D’où l’égalité :

a0×d×a00=b0×d×b00

d6=0AetAintègre. a0×a00=b0×b00.

Ainsia0 diviseb0×b00, et commea0b0= 1A, le théorème de Gauss assure l’existence d’un élémentcA tel que

b00=a0×c`=b0×d×b00=b0×d×a0×c=m×c.

Ainsimdivise`. On a donc bien quem=d×a0×b est égal àab, et donc que : a×b=d×a0×b0×d=m×d= (ab)×(ab). (2) On a à l’aide du point précédent :

(a∨b)×c×(a∧b) = (a×c)×(b×c) = ((a×c)∨(b×c))×((a×c)∧(b×c)) =

Propriété 23((a×c)∨(b×c))×c×(a∧b). Et commeAest intègre, et que c×(ab)6= 0A, on obtient :

c×(ab) = (a×c)∨(b×c). L’équivalence demandée se déduit alors directement de cette égalité.

Remarque. On définit aisément par récurrence le PGCD et le PPCM de néléments.

Décomposition en produit d’irréductibles Définition.

SoitpA. On dit quepest irréductiblesi :

(i) p /∈U(A), (ii) p=a×ba∈U(A) oub∈U(A).

Remarques.

• 0A n’est pas irréductible car 0A= 0A×0A et que 0A/U(A).

• DansZ, les éléments irréductibles sont les nombres premiers et leurs opposés.

SoitpA. Les assertions suivantes sont équivalentes : (i) pest irréductible,

(ii) hpiest premier et non nul, (iii) hpiest maximal et non nul,

(iv) hpiest non nul etA/hpiest un corps.

Propriété 25

(15)

Preuve.

(i)⇒(iii) Commepest irréductible,p6= 0A et donchpin’est pas nul. SoitI un idéal contenanthpi. CommeA est principal, I est de la formehai. On a doncp∈ hpi ⊂ hai, de sorte qu’il existe bAtel que :

p=a×b

|{z}

pirréd.

a∈U(A) oub∈U(A).

Sia∈U(A), alors on aI=hai=A. Sib∈U(A), alorspetasont associés, et on ahpi=hai=I. Donc hpiest bien maximal.

(iii)⇒(iv) Découle directement du Théorème 14.

(iv)⇒(ii) SiA/hpiest un corps, il est en particulier intègre et donchpiest premier.

(ii)⇒(i) Comme hpiest un idéal premier, il est propre et donc p /∈U(A). Soient maintenant a, bA tels que p=a×b. On a :

a×b∈ hpi ⇒ a∈ hpioub∈ hpi.

Supposons par exemple quea∈ hpi. Il existeuAtel quea=p×u, ce qui donne doncp=a×b=p×u×b. pétant de plus non nul etAétant intègre, cela donne 1A=u×b. Ainsibappartient à U(A).

Remarque. On a ainsi montré que pour un anneau A principal qui n’est pas un corps, les idéaux premiers sont l’idéal{0A}et les idéaux maximauxhpiengendrés par les irréductibles.

(AF1) Tout élémentanon nul deAs’écrita=up1. . . pr avecu∈U(A) etp1, . . . , pr irréductibles.

(AF2) Cette décomposition est unique, à permutation près et à des inversibles près : sia=up1. . . pr= vq1. . . qs, on a r=set il existeσSrtel que pi et qσ(i)soient associés pour touti.

Théorème 26(Théorème fondamental de l’arithmétique)

Remarque. Un anneau intègre satisfaisant (AF1) et (AF2) est ditfactoriel. On montre donc ici qu’un anneau principal est factoriel. La réciproque est cependant fausse en général : on peut par exemple montrer que l’anneau Z[X] est factoriel mais pas principal.

Pour démontrer ce résultat, on aura besoin des résultats suivants.

Dans un anneau principal A, toute suite croissante d’idéaux pour l’inclusion stationne.

Propriété 27

Preuve. Soit (In) une suite croissante d’idéaux pour l’inclusion. Montrons queJ =[

In est un idéal deA:

• Soient x, yJ.Il existe m, n∈Ntels quexIn et yIm. Supposons par exemple mn, alors on a x, yIm puisque la suite d’idéaux est croissante pour l’inclusion. Comme (Im,+) est un groupe, on a :

xyImJ.

• Soient xJ et aA. Il existem∈Ntel que xappartient à Im. Et comme Im est un idéal, on a : a×xImJ.

J est donc un idéal de A qui est principal, il existe donc un élément aA tel que J =hai. Cet élément a appartient àJ, de sorte qu’il existem∈Ntel queaappartient àIm. Mais la suite étant croissante, on a aussi aIn pour toutnm. Et donc pour toutnm, on a :

hai ⊂InJ =hai.

AinsiIn =haipour toutnm, et la suite (In) stationne bien.

(16)

SoitaAun élément non nul. Sian’est pas inversible, il admet au moins un diviseur irréductible.

Propriété 28

Preuve. Supposons par l’absurde quean’admette aucun diviseur irréductible. Dans ce cas, a0 =an’est lui même pas irréductible, et il existea1 et b1 des éléments non inversibles tels quea=a1×b1.

Commea1n’est pas irréductible, il existea2 etb2non inversibles tels que a1=a2×b2.

En poursuivant cette construction par récurrence, on obtient une suite (an) d’éléments deAtels que pour tout n ∈N, an+1 divise an, sans être inversible, ni associé à an. La suite d’idéaux (hani) serait alors strictement

croissante dansAprincipal, ce qui est impossible. D’où le résultat.

Preuve du Théorème 26.

Démontrons (AF1). Soitaun élément non nul de A. Siaest inversible, c’est terminé. Supposonsa0=anon inversible, alorsa0 admet un diviseur irréductiblep1, de sorte qu’il existea1A tel quea0=a1×p1.

Si a1 est inversible, on a obtenu une factorisation de la forme voulue. Sinon, il admet un diviseur irréductible p2, et il existe un élémenta2Atel quea0=a2×p1×p2.

De même si a2 est inversible, on obtient une factorisation de la forme voulue. Sinon on poursuit ce procédé jusqu’à avoir une factorisation de la forme voulue, qui s’écrit :

a0=aN×p1×p2× · · · ×pN avecaN inversible etp1, . . . pN irréductibles.

Un tel rangN ≥1 existe nécessairement. En effet, on aurait sinon une suite (an) d’éléments non inversibles et une suite (pn) d’éléments irréductibles satisfaisantan =an+1pn+1, avec doncan+1 diviseansans être inversible ni associé à an pour tout n ∈ N. De même que précédemment, la suite d’idéaux (hani) serait strictement croissante dansAprincipal, ce qui est impossible.

Pour (AF2), je vous renvoie par exemple à [3] ou [4].

2.3 Cas des anneaux euclidiens

Définition et exemples Définition.

Soit A un anneau commutatif unitaire et intègre. On dit que A est un anneau euclidien s’il existe une application N : A\ {0A} → N, appelée stathme euclidien, telle que pour tout a, bA\ {0A}, il existe q, rAtels que :

a=b×q+r et r= 0A ou N(r)< N(b).

On dit alors qu’on a fait ladivision euclidienne deaparb. Les élémentsqet rsont alors appelés quotient et reste de cette division euclidienne.

Exemples.

• Tout corps est un anneau euclidien, puisque pour toutx, y∈K,x=q×y+ravecq=x×y−1etr= 0K. Toute applicationN :K→Nconvient ici.

• L’anneauZest euclidien, avec pour stathme euclidien surZl’applicationN :Z→N, k7→ |k|.

• Si K est un corps, l’anneau K[X] est euclidien avec pour stathme euclidien l’application N : K[X] → N, P 7→deg(P).

Tout anneau euclidien est principal.

Théorème 29

(17)

Preuve. SoitAun anneau euclidien. Il est en particulier intègre par définition. Soit I un idéal non nul deA. L’ensemble{N(a), aI\ {0A}}est une partie non vide deN. Elle admet donc un plus petit élémentn0N. PrenonsxI\ {0A} tel queN(x) =n0. On axI, et donchxiI. Montrons l’inclusion réciproque. Prenons pour celaaI\ {0A}et effectuons la division euclidienne deaparx. Il existe q, rAtels que :

a=x×q+r avec r= 0A ouN(r)< N(x).

Supposonsr6= 0A. On auraitr=ax×qI\ {0A}et N(r)< N(x), ce qui est impossible par définition de xetn0. Doncr= 0A, et on aa=x×q∈ hxi. AinsiI=hxietA est un anneau principal.

Remarque. Il existe des anneaux principaux qui ne sont pas euclidien. On peut par exemple montrer que Z

1 +i√ 19 2

est principal mais n’est pas euclidien (voir à ce sujet [8] ou [9]).

PGCD dans les anneaux euclidiens

Un anneau euclidien étant en particulier principal, deux éléments admettent toujours un pgcd et un ppcm.

La structure euclidienne permet de plus de calculer un pgcd, écrire une relation de Bezout, . . . de façon algorithmique.

SoitAun anneau euclidien eta, bA\ {0A}. Soientq, rAtels quea=b×q+r. Alors on a : ab=br.

Propriété 30

Preuve. Il suffit de montrer que les diviseurs communs àaetb sont les mêmes que ceux debet r.

• Siddiviseaet b, alorsddiviseab×q=r. Et donc ddiviseb etr.

• Siddivisebetr, alorsddiviseb×q+r=a. Et donc ddiviseaetb.

Algorithme d’Euclide. On dispose de l’algorithme suivant pour le calcul du pgcd de deux nombres.

Entrer a >= b r0 = b

r1 = reste de la division eucl de a par b Tant que r1 <> 0, faire

r2 = reste de la division euclidienne de r0 par r1 r0 = r1

r1 = r2 Fin du Tant que Retourner r0

L’algorithme d’Euclide s’arrête au bout d’un nombre fini d’étapes. De plus,abest le dernier reste non nul dans l’algorithme d’Euclide.

Propriété 31

Preuve. Justifions la terminaison de l’algorithme, c’est-à-dire que l’algorithme s’arrête bien au bout d’un nombre fini d’étapes. Notons pour cela rn la valeur contenue dans la variabler1à la fin de lan-ème itération de la boucleTant que. La suite (N(rn)) est une suite strictement décroissante d’entiers naturels. Elle est donc finie, et il existe bien un entierN pour lequelrN = 0.

Assurons nous à présent de la correction de l’algorithme en justifiant que la valeur renvoyée est bien ab. Toujours avec les mêmes notations, on montre par une récurrence immédiate que :

∀n∈J0, N−1K, rnrn+1=ab.

(18)

En particulier, on a :

ab=rN−1rN =rN−1∧0 =rN−1,

et ab est bien le dernier reste non nul dans l’algorithme d’Euclide qui est justement la valeur renvoyée par

l’algorithme.

Remarque. On peut améliorer l’algorithme pour obtenir également une relation de Bezout. En effet, si on écrit à chaque itération de l’algorithmerk=uka+vkb, avecu0= 1 etv0=−q0, on aura :

rk+1=rk−1qkrk= (uk−1qkuk)a+ (vk−1qkvk)b.

2.4 Théorème des restes chinois

SoitAun anneau commutatif et unitaire,I etJ des idéaux deA tels queI+J =A.

L’application Φ associant à la classebxdexAmoduloI∩J le couple (x,x) des classes dexmodulo I et moduloJ, est un isomorphisme de l’anneauA/(IJ) sur l’anneau (A/I)×(A/J).

Propriété 32

Preuve. On vérifie sans difficulté que l’application ϕ: xA 7→ (x,x) ∈ (A/I)×(A/J) est un morphisme d’anneaux. Et on a :

x∈Ker(ϕ) ⇔ (x,x) = (0A,0A) ⇔ xIJ.

Ainsi Ker(f) =IJ et par le théorème d’isomorphisme,f se « factorise » en un morphisme injectif d’anneaux Φ deA/IJ sur (A/I)×(A/J).

Montrons que Φ est surjectif. Soit pour cela (a,

b)∈(A/I)×(A/J). CommeI+J =A, il existe (u, v)∈I×J tels queu+v = 1A. Posons alorsx=b×u+a×v. On av= 1A et donc x=a×v=a, et de mêmex =b. Ainsi Φ(x) = (a,

b), et Φ est bien surjective.

Comme conséquence directe de ce résultat, on a le

SoientA un anneau principal,mAetnA premiers entre eux. L’application : Φ : A/hm×ni −→ (A/hmi)×(A/hni)

bx 7→ (x,x) est un isomorphisme d’anneaux.

Théorème 33(des restes chinois)

Preuve. On applique le résultat précédent avec I = hmi et J = hni, en notant que I+J = A puisque

mn= 1A, et queIJ=hm×nicarmn=m×n.

Remarque. La démonstration de la Proposition 32 nous indique comment expliciter la bijection réciproque de Φ : puisque mn= 1A, il existe un couple de Bezout (u, v)∈A2tel que 1A=m×u+n×v (qui, rappelons le, peut être obtenu par l’algorithme d’Euclide étendu lorsqueAest euclidien). L’isomorphisme réciproque Φ−1 est alors donné par :

Φ−1: (A/hmi)×(A/hni) −→ A/hm×ni (a,

b) 7→ b×m×\u+a×n×v .

Remarque. Ces résultats se généralisent par récurrence au cas d’un produit de p ≥2 éléments m1, . . . , mp deux à deux premiers entre eux.

(19)

3 Exemples fondamentaux d’anneaux principaux

3.1 Anneau Z des entiers relatifs

On a le résultat suivant, conséquence de tout ce qui a été obtenu précédemment.

• L’anneau (Z,+,×) est euclidien (avec pour stathme euclidienN :n∈Z7→ |n|), donc princi- pal.

• On a U(Z) ={−1,1}.

• Les éléments irréductibles deZsont les nombres de la forme±pavecppremier.

• Les idéaux premiers de Zsont{0}et leshpiavecppremier.

• Les idéaux maximaux deZsont leshpiavecppremier.

• Tout nombre entier n≥2 admet une décomposition en produit de nombres premiers unique à permutation des facteurs près.

Théorème 34

Algorithme de division euclidienne. Voici une méthode naïve de division euclidienne de deux entiers positifs.

Entrer a >=0, b>0 q = 0 ; r = a ; Tant que r>b faire

r = r-b q = q+1 Fin du Tant que Retourner q et r Le nombre d’itérations est ici debabc.

Remarque. On dispose de l’algorithme d’Euclide pour le calcul de pgcd. On peut ici majorer le nombre d’étapes N qu’il faut pour trouver le pgcd. Sachant que la suite des restes est strictement décroissante, on trouve queNb. On peut faire bien mieux : le Théorème de Lamé montre queN est inférieur ou égal à 5 fois le nombre de décimales deb. Pour plus de détails, le vous renvoie par exemple à mon coursAlgorithmique pour l’agrégation interne.

Applications possibles.

• Résolution de l’équation diophantienne ax+by=c.

• Représentant irréductible d’un rationnel.

• Irrationalité de√

2 ou plus généralement de√

nlorsque nn’est pas le carré d’un entier.

3.2 Étude de l’anneau quotient Z /n Z

Dans toute la suite,nest un entier supérieur ou égal à 2.

Premières propriétés

Comme conséquence des résultats obtenus précédemment, on a les propriétés suivantes.

nZest un idéal deZ, et on dispose donc de l’anneau quotient (Z/nZ,+,×) commutatif et unitaire.

Théorème 35

(20)

On a les équivalence suivantes :

Z/nZest intègre ⇔Z/nZest un corps ⇔nest premier. Théorème 36

Théorème des restes chinois

Toujours comme conséquence de l’étude générale faite précédemment, on a le résultat suivant.

Soientn1, . . . , npdes entiers deux à deux premiers entre eux, etnleur produit. On a l’isomorphisme d’anneaux :

Z/nZ'Z/n1Z× · · · ×Z/npZ.

Plus précisément, l’application Φ : Z/nZ 'Z/n1Z× · · · ×Z/npZ, x[n]7→ (x[n1], . . . , x[np]) est un isomorphisme d’anneaux.

Théorème 37(des restes chinois- Version « anneaux quotients »)

Ce résultat se reformule comme suit.

Soient n1, . . . , np des entiers deux à deux premiers entre eux, et n leur produit. Pour tout entier m1, . . . , mp, le système de congruences





x=m1[n1] . . . x=mp[np]

(∗)

possède une solutionx∈Z, qui est unique modulon.

Théorème 38(des restes chinois- Version « congruence »)

Pour résoudre explicitement un système de congruences, c’est-à-dire en d’autres termes pour expliciter Φ−1, on procèdera comme suit :

• on commence par poserNi=Y

j6=i

ni pour tout1≤ip, de sorte qu’on aa N1∧ · · · ∧Np = 1;

• par le théorème de Bezout, il existe (u1, . . . , up)∈Zp tels que :

u1N1+· · ·+upNp= 1. (∗∗) On détermine ces entiers par l’algorithme d’Euclide étendu (en cherchant un couple de Bezout pour (N1, N2), puis pour (N1N2, N3), puis pour (N1N2N3, N4),. . .) ;

• Pour touti∈J1, pK, on a d’après (∗∗)et par définition desNi que :

∀j ∈J1, pK, ujNj =

(1 [ni] sii=j 0 [ni] sii6=j.

Une solution du système de congruence (∗) est donc x=m1u1N1+· · ·+mpupNp, qui est unique modulon.

aces éléments ne pouvant pas tous avoir de facteur premier en commun.

Méthode. Résolution d’un système de congruences.

(21)

Inversibles de Z/nZ

Soits∈Z. Les propriétés suivantes sont équivalentes : (i) sest premier avecn,

(ii) ¯sest un générateur du groupe (Z/nZ,+), (iii) ¯sest inversible dans l’anneau (Z/nZ,+,×).

En particulier, on a doncU(Z/nZ) ={s, s¯ ∧n= 1}. Théorème 39

Preuve.

(i)⇒(iii) Sisn= 1, il existe un couple de Bezout (u, v)∈Ztel que : su+nv= 1. Ce qui donne dansZ/nZ:

su= 1. Doncsest bien inversible dans l’anneauZ/nZ.

(iii)⇒(ii) Supposonssinversible dans l’anneau Z/nZ. Il existe donc uun élément de Z/nZ, dont on peut prendre un représentant u∈J1, n−1K, tel que :

1 =su=s+· · ·+s

| {z }

ufois

.

Ainsi le sous-groupe de (Z/nZ,+) engendré parscontient 1, et est donc égal àZ/nZtout entier. Doncs est bien un générateur de (Z/nZ,+).

(ii)⇒(i) Supposons ques soit un générateur de (Z/nZ,+). Alors 1 appartient au sous-groupe engendré pars, et il existe u∈J1, n−1Ktel que :

1 =s+· · ·+s

| {z }

ufois

=s×u.

En particulier,ndivises×u−1 et il existe k∈Ztel que :

su−1 =nksunk= 1. Ce qui, par le théorème de Bezout, montre quesest premier avecn.

Pour déterminer si un élément s¯est inversible dans Z/nZ, on vérifiera sn= 1. Si c’est le cas, s¯est bien inversible. De plus pour obtenir son inverse, on cherche un couple de Bezout :

us+vn= 1 Alors u¯¯s= ¯1dans Z/nZ, etu¯ est l’inverse des¯dansZ/nZ.

Méthode. Calcul de l’inverse d’un élément inversible.

Définition.

On appelle fonction indicatrice d’Euler et on note ϕ(n) le cardinal de U(Z/nZ), c’est-à-dire le nombre d’entiers stels que 1≤snet sn= 1.

Remarque. Si pest premier, on aϕ(p) =p−1 etϕ(pα) =pα−1(p−1) pourα∈N.

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