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Submitted on 1 Jan 1961
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Le spectre de diffusion inélastique d’électrons de grande énergie sur du carbone. Essai d’interprétation
P. Bounin, G.R. Bishop
To cite this version:
P. Bounin, G.R. Bishop. Le spectre de diffusion inélastique d’électrons de grande énergie sur du
carbone. Essai d’interprétation. J. Phys. Radium, 1961, 22 (10), pp.555-559. �10.1051/jphys-
rad:019610022010055500�. �jpa-00236499�
trons
avecles nucléons du noyau. Une interprétation fondée
surle modèle de l’oscillateur harmo-
nique donne
unecourbe théorique ayant la même forme que la courbe expérimentale.
Abstract.
2014We have determined experimentally the inelastic spectrum of 194 Me V electrons
scattered at 135° from a carbon target. The principal characteristic is
alarge peak which we call quasi-elastic peak and which is certainly due to the direct interaction of eleetrons with nucleons within the nucleus. An interpretation based
onthe harmonic oscillator gives
atheoretical
curvewhich has the
sameform
asthe experimental
curve. ,I.
-Reprenant une des premières expériences
faites sur l’Accélérateur d’Orsay [1] nous avons
étudié le spectre inélastique d’électrons de 194 MeV
d’énergie cinétique, diffusés à 135° par une cible de graphite. L’expérience est schématisée sur la fi- gure 1 [2]. La cible avait une épaisseur de 0,368 g/
cm2 et comme elle faisait avec le faisceau un angle
de 22030’ son épaisseur apparente était de 0,961 g/
cm2 (voir le schéma, fig. 1, "p. 544). Pour tracer le
FIG. 1. - Plateau du compteur.
pic élastique, nous avons mis au sommet du spec- tromètre une fente de 10
mm.Nous l’avons rem-
placée par une fente de 40
mmpour prendre le
reste de la courbe. Les résolutions globales sont
de l’ordre de 0,7 ° jo avec_ la fente étroite et 1,8 °%o
avec la fente large.
Le plateau du compteur, pris avec
unanalyseur
d’impulsions à 100 canaux, est représenté sur la figure 1. Les électrons avaient une énergie de
194 MeV ± 0,4 %. Le courant moyen était de
0,1 uA d’où il résultait un taux de comptage de 1 à
2 coups/seconde. L’expérience a duré en tout
36 heures.
Le spectre expérimentalement .obtenu est repré-
tenté sur la figure 3. Le pic élastique est en retrait
par rapport à l’énergie des électrons incidents, la
différence représentant la perte par ionisation dans la cible (1,5 MeV) et le recul Compton du noyau
(5,6 MeV). On devine ensuite les niveaux inélas-
tiques, en particulier le niveau de 16,1 MeV, puis
on trouve une grande
«bosse », que nous appel-
lerons spectre quasi-élastique, et enfin une remontée,
que nous appellerons queue radiative. Nous avons
seulement représenté la marge d’erreur statisque 1 JJN, mais il y
ades erreurs systématiques que
nous n’avons pas encore évaluées avec précision.
Cependant nous pensons que l’erreur faite en pre- nant
«l’unité arbitraire » égale à 1 m, barn/stéra-
dian MeV (10-33 cm2/st. MeV) ne dépasse pas
20-/,.
-II.
-Nous admettons que la queue radiative est due principalement
auxphénomènes schéma-
tisés sur la figure 2.
’
.
la) L’électron d’énergie à émet par Brems-
strahlung, au voisinage d’un noyau, un photon d’énergie k; cela sans être dévié de sa trajectoire, puis il est diffusé sous l’angle 0 par un autre noyau.
2a) Au lieu de perâre l’énergie k par Brems-
strahlung, l’électron la perd par collision avec un autre électron du nuage entourant le noyau.
1b et 2b) Mêmes effets, mais dans l’ordre inverse.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019610022010055500
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Fie. 2.
-Phénomènes intervenant pour le calcul de la queue radiative.
3) Les phénomènes la) et 1b), au lieu de se pro- duire sur deux noyaux différents, se produisent sur
le même noyau : il s’agit alors de Bremsstrahlung
avec grande déviation de l’électron.
Lorsque la déviation de l’électron sur le noyau est principalement due à la diffusion élastique (k
-Eo - E2) et, en négligeant le recul du noyau, la section efficace des phénomènes radiatifs pour les effets 1) et 2) s’écrit [3] :
d2 a
rad
t( Qrad -i- Q coll) (o E2) 60) + +’ Q(2)
dildErad = 2 (rad + 9con) (Eo, E2) [((Eo) + cr(E2)]
où t est l’épaisseur de la cible.
’?,,.d(EO, E2) dt. dE est la probabilité qu’a un élec-
tron en traversant une cible d’épaisseur dt, de perdre par Bremsstrahlung une énergie comprise
entre k et k + dE avec k
=Eo - E2.
,
q>coll{Eo, E2) dt dE est la probabilité qu’a
unélectron en traversant une cible d’épaisseur dt,
d’en ressortir avec une énergie comprise entre E2
et EZ + dE après collision contre un électron dans
un atome.
qrad et pcoll sont données par exemple dans [4].
Pour l’ensemble des effets (1), (2) et (3),
ontrouve [3], [5] :
avec
Cette formule
aété appliquée
avecsuccès [1]
dans plusieurs cas lorsque le transfert de quantité
de mouvement est faible, plus précisément lorsque
l’on est bien avant le premier minimum de diffrac- tion du pic élastique.
On est tenté (*) de la généraliser en tenant compte de l’éventuelle diffusion inélastique de
l’électron par le noyau, et d’écrire dans ce cas :
avec
Ici a(E, E’), notation abrégée pour (d2 a/dO. dE) (E, E’), est la section efficace différentielle de dif- fusion d’un électron par un noyau, l’énergie de
l’électron étant E avant l’interaction, et E’ après.
La formule (2) peut
sedémontrer. Cela est évi- dent pour le terme (t/2) I2 puisqu’il s’agit de deux phénomènes consécutifs dont
onmultiplie entre
elles les probabilités. On peut démontrer le terme
AI1 [6] en généralisant la formule de Bethe et
Heitler dans le
casoù le noyau est excité dans le processus de Bremsstrahlung et en intégrant la nou-
velle formule comme dans [4].
Comme
ona sensiblement :
§(E, E’) ri"’ Xo[(y..,, + q>rad) (E, E’)]
où Xo est la longueur de radiation de la cible, par
conséquent :
et
En fait nous avons pensé avoir une meilleure approximation en écrivant :
(*) Suggestion du Dr R. E. Taylor.
Fie. 3.
-Spectre expérimental à 135° de diffusion d’électrons de 194 MeV sur
unecible de graphite de 0,961 g/cm2.
avec
Dans notre expérience, lorsque E2 passait de 135
à 30 MeV, A passait de 1,65 à 0,75 g/cm2.
Si nous déterminons donc pour la même
énergie E2 du spectromètre, la section efficace expé-
rimentale correspondant à deux cibles d’épaisseurs différentes tl et t2, nous pouvons en déduire 6(.E, E’)
en résolvant un système de deux équations linéaires
à deux inconnues.
En fait nous avons utilisé quatre cibles d’épais-
seurs apparentes respectivement 0,96-1,92-2,88 et 3,68 g/cm2. Le changement de cible était télécom-
mandé. Une grossière évaluation des effets du second ordre [7] nous conduisait à adopter, pour cor-
riger cet effet, des épaisseurs fictives légèrement
différentes. Nous avons également tenu compte de
la perte par ionisation en augmentant Eo et dimi-
nuant E2 convenablement chaque fois que l’on mettait une cible plus épaisse. Nous avons déter-
miné ainsi expérimentalement la queue radiative à 134 MeV puis à 120, 110, 100
...30 MeV. Pour le premier point nous avons utilisé les quatre cibles afin de bien vérifier la linéarité de la courbe
(nombre de coups/épaisseur) en-fonction de l’épais-
seur, ce que nous avons constaté dans les limite des
erreurs statistiques. Pour les autres points nous
avons .pris une statistique de près de 2 000 coups
sur la cible de 0,96 g/cm2, puis mis la cible de 2,88 g/cm2 avec une statistique de 400 coups afin de distinguer la forme générale de la.courbe corres-
pondant, enfin mis la cible de 3,68 g/cm2 avec une statistique de près de 1 200 coups. L’expérience
durait près d’une heure par point. Pour calculer I,
donc al.d nous avons employé la méthode des moindres carrés.
Les résultats sont rassemblés sur la figure 4. Nous
avons tracé trois queues radiatives.
1) La queue déterminée par application de la
formule (1) en prenant comme section efficace de
FIG. 4.
-Spectre pris
avecdes cibles différentes et queues radiatives. La courbe la plus basse est la courbe n° 1.
diffusion élastique du carbone celle déterminée par [8].
2) La courbe déduite de la courbe 1) par une affinité telle que sa partie à basse énergie coïncide
avec la courbe trouvée expérimentalement.
3) La courbe déterminée par notre méthode
expérimentale.
558
FIG. 5.
-Spectre de diffusion d’électrons de 194 MeV
surdu carbone à 1 35° (après soustraction de la queue radiative).
1 Après soustraction de la QR no 2.
v Après soustraction de la QR no 3.
Spectre théorique dans le
casd’un noyau à potentiel parabolique
ensupposant
unerépartition gaussienne
de la charge dans le proton. (Le spectre
aété normalisé pour que
sonsommet coïncide
aveccelui du spectre réel.) On est en droit d’admettre que la queue radia-
tive réelle se trouve comprise entre les courbes (2)
et (3). En les retranchant de la figure 4
onobtient
les deux spectres -possibles représentés sur la figure 5.
III.
-La partie essentielle du spectre obtenu
est le pic quasi-élastique. Nous sommes conduits à
l’attribuer à une interaction directe entre électrons et nucléons du noyau, principalement les protons puisque la diffusion magnétique est réduite par un . facteur 1ïq2J4M2 C2
=1,02.10-3 pour cette expé-
rience. Si ces nucléons étaient immobiles, la perte d’énergie serait la même pour chaque électron, mais
du fait du mouvement il se produit un élargissement analogue à l’élargissement des raies par effet
Doppler en spectroscopie classique.
On
aassez sensibJement :
où Z est le nombre de protons de carbone et
sla section efficace de diffusion d’électrons sur des pro- tons [9]. En effet si une unité arbitraire = 1 mu
barn/Stéradian MeV, l’aire sous la courbe de la figure 8 est de 273 ± 13 mu barn stéradian, et
Za
=267 m v barn/ stéradian.
’Cela confirmerait l’interprétation que nous don-
nons ci-dessus et la vieille règle de sommation de
Kuhn et al. [10]
où f 2 est le carré du facteur de forme de scattering élastique, lequel est très faible dans les conditions de notre expérience.
,Admettant que dans cette expérience la diffusion soit presque incohérente, nous pouvons comparer
nos résultats avec les prédictions d’un modèle simple pour le noyau de carbone. Pour modèle
nous prenons un puits de potentiel parabolique, ce qui donne pour les fonctions d’onde des protons
celles de l’oscillateur harmonique. Ensuite en approximation de Born, nous calculons la section
efficace pour la diffusion coulombienne de l’élec- tron avec transfert d’énergie et quantité de mou-
vement aux protons qui sont par conséquent pro-
mus dans les états excités du modèle. L’énergie
d’excitation de chaque transition est un multiple
entier de l’énergie caractéristique du modèle qui
est reliée à la longueur intrinsèque a par la fraction
a2
=1;;2/ Mt. La longueur a
=1,63 fermis, est déjà connu d’après le facteur de forme de la dif- fusion élastique
surcarbone, et correspond à
e =
15,3 MeV. La section efficace donnée par
cemodèle consiste d’une série de raies discrètes équi-
distantes en énergie avec les intensités de la Table 1.
Les deux valeurs sont indiquées pour chaque raie correspondant à un proton ponctuel ou à un proton.
avec sa charge distribuée selon une loi Gaussienne.
Nous constatons qu’au moins la forme de la
que les d’échange,
IV.
-Nous remercions M. Halban, Directeur
du Laboratoire, le Commissariat à l’Énergie Ato- mique et tous les travailleurs du Laboratoire
d’Orsay pour l’aide .qu’ils nous ont apportée,. et
tout particulièrement le Professeur R. Wilson, de
l’Université de Harvard, et le Docteur R. E. Taylor,
de l’Université de Stanford.
’ BIBLIOGRAPHIE
[1] LEISS (J. E.) et TAYLOR (R. E.), Contributions to the Karlsruhe Photonuclear Conference, 1960, F 5.
[2] LACOSTE (F.), Description de l’équipement expéri-
mental utilisé pour les expériences de diffusion
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[3] BARBER (W. C.) et al., Phys. Rev., 1960, 120, 2081.
[4] Rossi (B.), High Energy Particles, Prentice Hall Inc.,
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[5] SCHIFF (L. I.), Phys. Rev., 1952, 87, 750.
[6] PEREZ Y JORBA (J.), J. Physique Rad., Publication à paraître.
[7] WILSON (R.), Communication privée : La section effi-
cace
réelle doit être de la forme A0 + It (1 + b/3 t)
avec