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Submitted on 1 Jan 1955
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L’orientation nucléaire à basse température et ses applications
H. Halban
To cite this version:
H. Halban. L’orientation nucléaire à basse température et ses applications. J. Phys. Radium, 1955,
16 (7), pp.609-614. �10.1051/jphysrad:01955001607060900�. �jpa-00235229�
609.
L’ORIENTATION NUCLÉAIRE A BASSE TEMPÉRATURE ET SES APPLICATIONS
Par H. HALBAN,
Clarendon Laboratory, Oxford.
Summary. 2014 A number of methods of orienting nuclei have been conceived so far. They lead
either to polarization or to alinement. Two of them have already lead to successful experiments.
They both obtain orientation through magnetic H. F. S. fields in paramagnetic substances. Radio- active nuclei oriented in this way show anisotropic emission of 03B3 rays. A study of the anisotropy allows the multipole character of the 03B3 ray transition to be determined. The determination of the
plane of polarization makes a distinction between magnetic and electric multipoles possible. In certain
cases one can also determine the character of a 03B2 ray transition preceeding the emission of 03B3 rays.
Future possibilities are discussed.
LE JOURNAL PHYSIQUE TOME 16, JUILLET 1955,
En 1934 et 1935 Goxter [1], Kurti et Simon [2]
ont attiré l’attention sur la possibilité d’obtenir des
températures pour lesquelles
.où p. est le moment magnétique d’un noyau avec
spin I qui se trouve en équilibre avec un système
à la température T dans un champ magnétique H.
Cette condition serait obtenue pour un noyau
avec I = i et un moment magnétique de trois magnétons nucléaires dans un champ de 105 gauss à une température de 0,0I0 K.
Sous des conditions pareilles les 21 + 1 états possibles d’orientation quantifiée d’un noyau avec les nombres quantiques 1 --- m,, ---, - I n’ont plus
la même probabilité d’occupation et le système va
montrer une polarisation, nucléaire macroscopique.
Un tel phénomène est évidemment de très grand
intérêt pour la Physique nucléaire puisqu’il permet
de déterminer, pour les phénomènes d’émission et d’absorption, des distributions angulaires et des
sections efficaces [3] dans un système de coor-
données dont le spin nucléaire est un axe.
Cependant, on n’a pas encore réussi à orienter des noyaux par interaction directe avec un champ magnétique extérieur. Ceci est dû au fait que des
températures’de l’ordre de 0,010 K peuvent seule-
ment être obtenues par la méthode de désaimantation
adiabatique. Évidemment un système refroidi de cette manière serait réchauffé si on le soumettait de nouveau à une aimantation. On est donc forcé
d’envisager une solution plus compliquée ( fig. i).
Le système A est refroidi à une très basse tempé-
rature par désaimantation adiabatique (champ H).
Il est en contact thermique avec le système B. Le système B contient les noyaux que l’on veut orienter,
mais
-contrairement au système A - il n’est pas
paramagnétique. Après l’établissement de l’équi-
libre thermique les noyaux de B sont orientés par aimantation par le champ H2.
.Fig. 1. - Schéma de l’orientation par interaction directe d’un champ extérieur.
Évidemment A et B doivent être suffisamment
éloignés pour que le champ H2 ne réchauffe pas A.
Le problème d’établir d’une façon suffisamment
rapide l’équilibre thermique entre A et B à des températures de l’ordre de o,o 10 K n’est malheu- reusement pas encore résolu.
Cependant, plusieurs suggestions ingénieuses pour, orienter autrement des noyaux ont été proposées (1).
Elles sont toutes basées sur des interactions entre noyaux et électrons. Ce fait est l’une des deux
(1) On distingue deux sortes d’orientation nucléaire :
I ° La’ polarisation t t t t t.
20 L’alignement H. i( i(, c’est-à-dire un état d’ordre dans
lequel des orientations parallèles et antiparallèles ont la même probabilité.
Comme nous allons le voir plus tard la plupart des effets d’orientation nucléaires dépendent d’un cos2 d’un angle.
Ainsi, polarisation et alignement sont également utilisables pour presque toutes les expériences.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01955001607060900
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raisons qui placent le problème de l’orientation nucléaire dans le cadre de ce Colloque. D’autre part,
comme nous allons voir dans l’exposé de M. Grace,
il existe des interactions entre des noyaux orientés et leurs cortèges électroniques qui peuvent détruire l’orientation nucléaire, mais qui
-une fois correc-
tement interprétés
-deviennent des phénomènes
intéressants qui peuvent nous fournir des données
importantes.
Les deux méthodes d’orientation nucléaire qui
ont déjà réussi se servent des champs magnétiques
considérables (I05-I06 gauss) qui existent autour des
noyaux dans les atomes dont le cortège électronique possède un moment magnétique.
Une méthode a été proposée indépendamment
par Gorter [4] et par Rose [5]. Dans la variante due à Rose un sel paramagnétique est refroidi à une
température de l’ordre de o,oIo K par désaiman- tation adiabatique de 30 ooo gauss à quelques cen-
taines de gauss. Le petit champ résiduel est suffisant
pour polariser les moments magnétiques électro- niques. Par interaction de structure hyperfine, les
noyaux sont à leur tour polarisés. La possibilité de
cette méthode a été démontrée .à Oxford [6J.
Dans certains cas l’énergie totale d’un système
cristallin peut dépendre de l’orientation des noyaux relatifs à l’axe cristallin. Dans la méthode proposée
par Bleaney [8] cette dépendance se produit par l’interaction entre le champ électrique cristallin inhomogène et les moments magnétiques électro- niques, par l’intermédiaire des orbites électroniques.
C’est le même mécanisme qui produit dans ces cris-
taux une anisotropie de la susceptibilité. En absence
de tout champ extérieur un axe de quantification
est défini par les champs électriques produits par les ions voisins dans le cristal.
L’interaction est parfois si forte qu’à des tempé-
ratures comparativement élevées (10-1000 K) seule-
ment les orientations électroniques ayant le minimum d’énergie sont occupées. Si les champs électriques
ont une symétrie axiale les moments magnétiques électroniques seront alignés (à cause de la dégéné-
rescence de Krahmers ils seront alignés et non polarisés) relatif à l’axe d’un monocristal. Par l’inter- médiaire de la structure hyperfine les noyaux vont à leur tour être alignés si le cristal est refroidi à des températures de l’ordre de 0,010 K. Les cristaux étant paramagnétiques cette température est facile-
ment obtenue par désaimantation de 30 00o gauss à o.
Pound [9] a proposé d’utiliser la structure hyper-
fine associée avec le moment quadripolaire des
noyaux pour obtenir des noyaux alignés. En absence
d’autres champs la dégénérescence de l’orientation nucléaire peut, être soulevée par l’interaction du moment quadripolaire avec le gradient d’un champ électrique. Pour obtenir par cette structure hyperfine
une séparation suffisante des niveaux pour orienter des noyaux à 0,010 K il faut des gradients de l’ordre
de 1015 e. s. u. Ils sont produits par la distribution
assymétrique des électrons de l’entourage immédiat
du noyau dans quelques cas de liaison homopolaire.
Dans certains composés organiques la direction de
ces gradients est la même relative à l’axe cristallin autour de tous les noyaux équivalents. Ainsi, les conditions pour obtenir un alignement nucléaire
dans un monocristal sont remplies. Cependant, les
efforts faits pour réaliser cette méthode n’ont pas
encore abouti.
Je propose de limiter la discussion des appli-
cations de l’orientation nucléaire à l’étude des distri- butions angulaires de rayons y émis par des noyaux
polarisés ou alignés. La théorie a été développée
par Spiers [7], par Steenberg [10] et par Tolhoek et Cox [11].
Considérons tout d’abord un cas idéal : Un système
de noyaux excités identiques de spin 7 et complè-
tement orientés. Supposons que chaque noyau émette un seul quantum y qui emporte le- moment i.
La distribution angulaire de la radiati’on sera
symétrique autour de l’axe d’orientation, et elle
aura la forme
où
Les coefficients a, b, etc. dépendant de i et I, et une
mesure de la distribution angulaire nous permet de déterminer le caractère multipolaire de la transi- tion, ainsi que I.
Seules les puissances paires de cos(6) entrent
dans (2). Ceci rend l’emploi des noyaux alignés aussi
utiles pour la détermination de i que celui des noyaux
polarisés. Il n’y a, en effet, que peu de problèmes qui nécessitent une polarisation nucléaire. Le manque
d’espace ne nous permet pas d’en parler dans cet exposé.
Quand on a établi le’ caractère multipolaire d’une
transition y, c’est-à-dire le changement de moment angulaire qui lui est associé, il faut encore savoir
s’il s’agit d’un multipôle électrique ou magnétique.
Avec des noyaux orientés il est immédiatement
possible de résoudre cette question. En effet, les rayons y émis par des noyaux orientés sont pola-
risés et une détermination du plan de polarisation
nous permet de distinguer entre multipôles magné- tiques ou électriques.
Avant d’arriver à un cas réel il faut encore préciser
deux points. D’abord nous avons implicitement supposé que l’on oriente un noyau excité qui émet
un seul rayon y. Cependant, aucun cas d’isomérie
n’a encore été étudié par la méthode d’orientation
nucléaire. Jusqu’ici on a exclusivement orienté des
noyaux radioactifs du type général :
Fig. 2.
-Schémas de noyaux orientés à basses températures.
Dans tous ces cas un nouveau problème se présente.
Dans la transition g ou dans la capture K un chan- gement de spin peut avoir lieu. Ce phénomène est
discuté en détail dans les théories de la désinté-
gration fi.
Du point de vue des expériences avec des noyaux orientés ce problème présente à la fois une difficulté
et une nouvelle possibilité. Si un noyau orienté subit
un changement de moment angulaire pendant une transition g il peut également subir un changement
d’orientation (2). Après la transition, le noyau
produit par la désintégration ne sera donc plus
nécessairement parallèle à la direction originale
d’orientation. Il va maintenant se mouvoir par pré-
cession autour de cette direction primitive. L’équa-
tion (2) ne décrit donc plus correctement la distribution
angulaire d’une radiation y émise par le noyau formé par la transition g. La distribution devient une
fonction plus compliquée tenant compte du change-
ment de spin dans la transition P. Ainsi; des mesures
de précision de la distribution angulaire permettent
souvent de déterminer à la fois le caractère multi-
pôlaire de la radiation y et le changement de spin accompagnant la transition p..
,Enfin, pour notre expérience idéale, nous avons
fait l’hypothèse que les noyaux sont complètement
orientés. Cette hypothèse ne sera que difficilement réalisée dans les conditions de laboratoire. Le degré
d’orientation dépend toujours d’un facteur de
Boltzmann,
où H est le champ magnétique responsable de la
structure hyperfine, li. le moment magnétique des
noyaux et I leur spin.. L’orientation ne sera donc
complète que si B > i, ce qui n’est pas le cas aux
températures atteintes jusqu’ici.
Dans le cas où B i les coefficients a, b, etc.
(2) En effet, une réorientation doit être associée avec un
changement âI de moment angulaire dans tous les cas
où àI 5é: Il - 12’
de (2) dépendent non seulement de i et I, mais
aussi due B. Ceci signifie d’une part une compli-
Fig. 3.
-Schéma de désintégration du Cobalt 60.
cation et d’autre part une possibilité de déter-
miner j pour les noyaux orientés (3), pourvu que l’on détermine la distribution angulaire pour plu-
sieurs températures.
Fig. 4.
-Variation d’anisotropie avec la température montrant
les points expérimentaux et la courbe théorique pour 7g
=5,
La première expérience d’orientation nucléaire
a été faite avec la méthode de Bleaney par Daniels,
Grace et Robinson [12]. Dans un monocristal de CuSO4.Rb2SO4.6H2O on a introduit un peu de 6°Co qui remplace le cuivre dans le réseau cris- tallin. On a choisi 6°Co parce que son schéma de
désintégration est bien connu (fig. 3). Ainsi, la pre- mière expérience servait surtout à démontrer que la méthode d’orientation nucléaire peut donner des
résultats utiles. La figure 4 montre la distribution (3) Pour éviter tout malentendu : c’est le moment magné- tique du noyau orienté primaire, c’est-à-dire de l’émetteur (3
sur la figure. 2 qui entre dans ce B et non celui de l’état excité
du produit de désintégration.
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angulaire qui fut obtenue. L’anisotropie est eXprimée
par VÈ, où
,