HAL Id: jpa-00206435
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Etude de l’enregistrement des trajectoires de fragments de fission dans quelques substances solides isolantes
Michel Maurette
To cite this version:
Michel Maurette. Etude de l’enregistrement des trajectoires de fragments de fission dans quelques substances solides isolantes. Journal de Physique, 1966, 27 (9-10), pp.505-512.
�10.1051/jphys:01966002709-10050500�. �jpa-00206435�
Par MICHEL
MAURETTE,
Laboratoire de
Chimie-Physique
de la Faculté des Sciences deParis,
Centred’Orsay.
Résumé. 2014 On étudie au
microscope optique,
dans lemica,
l’olivine et une matièreplas- tique (makrofol), l’enregistrement
sous forme de traces révélables parattaque chimique,
destrajectoires
defragments
de fission ralentis dans l’air.Après
avoir constaté que dans chacun des solidesétudiés,
lesfragments
ne sontplus enregistrés quand
leurénergie cinétique
devientinférieure à une valeur
critique
assezélevée,
on montre que dans le mica les traces révélablesne
peuvent
êtreproduites
par le processus deBrinkman,
ni par celui des «pointes thermiques »
et que les mécanismes
responsables
de la formation des traces dans le mica et le makrofol sontprobablement
différents.Abstract. 2014 We present
here,
anoptical microscope study
of the recordedtrajec-
tories of fission
fragments
slowed downby
air 2014 and revealed as tracksby
chemicaletching 2014,
in
mica,
olivine and aplastic
material(makrofol).
Afterhaving
observed that forfragment
energy less than a
high
criticalvalue,
the tracks do not form in any of thesesolids,
it is con-cluded that in mica
they
could neither beproduced by
the Brinkman nor the thermalspike
process, and that the mechanisms
responsable
for the formation of the tracks in mica and makrofol areprobably
different.I.
Introduction.
-Depuis
lespremiers
travauxde Silk et Barnes
[1]
et de Price et Walker[2],
onsait que les
trajectoires
d’ions lourds dans les solides isolantspeuvent
être observées sous forme de traces soit aumicroscope électronique,
soit aumicroscope optique après
une révélationchimique appropriée.
Sur la
figure 1,
onpeut
voir les traces defragmenta
de fission telles
qu’elles apparaissent
enmicroscopic optique,
dans un échantillon de muscoviteattaqué
à l’acide
fluorhydrique.
Comme les
fragments
de fission cèdent au milieuqu’ils
traversent, par unité de parcours, unequantité importante d’énergie,
on admetgénéralement
que les défautsqu’ils produisent
se forment en « grappes » dont on ne connaît pas exactement le mode de for-mation ; l’énergie
utilisée pour former ces grappespourrait
être celle transmise directement auxnoyaux
atomiques
par chocsélastiques
- le méca-nisme le
plus
souventinvoqué
dans ce cas est celuiproposé
par Brinkman[3]
-, ou celle cédée auxélectrons - ce second mode d’interaction conduit
en
particulier
au mécanisme des «pointes
ther-miques
»[4].
Si l’on montre que c’est
l’énergie
cédée aux élec-trons
qui produit
la trace, on pourra éliminer le processus deBrinkman,
mais il faudra segarder
deconclure alors nécessairement à la réalité du méca- nisme des «
pointes thermiques
», car dans ce cas, d’autres processus, basés sur le modèleproposé
parVarley [5],
ont étéinvoqués
à deuxreprises :
toutd’abord par
Stiegler
etNoggle [6] puis
par Fleisheret al.
[7]. Cependant,
dans cette étudepréliminaire,
nous n’avons considéré que les modèles basés sur le processus de Brinkman et celui des «
pointes
ther-miques
», car contrairement aux modèles detype
Varley,
leursconséquences
sont décrites en détailet on
peut
les comparer à de nombreux résultatsexpérimentaux.
II.
Méthode d’étude
etrésultats expérimentaux.
- Fleisher et al.
[8],
en bombardant des échantillons de muscovite et des feuilles de différentsplastiques
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01966002709-10050500
506
FIG. 1. - Traces révélées de
fragments
defission,
dans un cristal demuscovite ;
échelle 10 u.avec des ions lourds
accélérés,
avaient mis en évi-dence,
dans chacun de cesmatériaux,
l’existence d’un seuil deperte d’énergie
par unité de parcours(dE /dX)c (1) :
touteparticule
dont laperte
unitaired’énergie
dans un solide estintérieure
à la valeurcritique correspondante
népeut
y donner de tracesrévélables. Les ions les
plus
lourds fournis par l’accélérateur étaient des ions dei8A qu’il
étaitdifficile de ralentir avec sufl’isamment de
précision
pour leur
communiquer
des vitesses de valeurs biendéterminées,
inférieures àcelle,
vo,correspondant
aumaximum d’ionisation propre aux cibles. Nous
avons alors conçu une méthode
simple qui permet
d’estimer lavaleur
de(dEfdX),
dans les solidestrop
peu sensibles pourenregistrer
les ions enquestion (l’olivine
parexemple),
et d’étudier l’enre-gistrement
des ionslourds,
vers la fin de leur parcours, dans les substances étudiées.Pour
cela,
nous avons bombardé des échantillons de muscovite(KA13S’3012 2)
d’olivine(Si04MgFe)
ou de makrofol
[(C16H1403)n],
par desfragments
de
fission,
émis par une source mince de28~Cf
et(1)
Dans ce travail nousexprimerons
les pertes d’éner-gie
par unité de parcours(ou
perte unitaired’énergie)
en
MeVJmg.rrn-2.
ayant
traversé desépaisseurs
d’air connues, r. Nousavons effectué cette étude au moyen du
dispositif représenté
sur lafigure
2 : il est essentiellement constitué d’une fente inclinée à 45° sur la sourcede
2~~Cf ;
ilpermet,
avec un seul cristal cibleposé
FiG. 2. -
Dispositif
d’irradiation.courbes
1, 2, 3, représentées
sur lafigure 3,
nousFIG. 3. - Courbes de transmission des
fragments
defission dans l’air. Ces courbes ont été obtenues en
utilisant différents détecteurs : un cristal d’oli- vine
(li) ;
un cristal de mica(D) ;
une feuille de makrofol(0) ;
une chambre à brouillard( X ).
ont
permis
tout d’abord d’évaluer un parcours« moyen o
(2) critique
dansl’air,
re, au-delàduquel
les
fragments
neproduisent plus
de traces révélables(tableau I).
Nous avons obtenu la courbe4,
en inté-grant graphiquement
leshistogrammes
delongueurs
des
trajectoires
defragments
de fission dansl’air,
établis par
Boggild
et al.[9]
au moyen d’unechambre à brouillard
remplie
d’air. Une telle inté-gration,
en donnant laproportion
destrajectoires
dont les
longueurs
dontsupérieures
ouégales à r,
permet
d’obtenir une courbe de transmission dutype
de cellesportées
sur lafigure 3 ;
mais cettecourbe
serait relevée avec un détecteur très sensiblecapable
de déceler des ions dontl’énergie cinétique
serait
pratiquement
nulle. Ledéplacement
très netde la courbe 4 par
rapport
aux courbes1, 2, 3,
suffit en lui-même pour montrer que les
fragments
de fission ne sont pas
enregistrés
sur la totalité deleur parcours dans les trois solides étudiés.
Ensuite,
nous avons faitcorrespondre
aux valeursde 1-c les valeurs
critiques, Ee,
del’énergie cinétique
des
fragments,
en utilisant les courbes parcours-énergie
établies par Fullmer~10~,
pour lesfragments (2) Correspondant
à une transmission de 50%.
rence entre les
histogrammes
delongueurs
des tracesdues à 252Cf et à 235U. La
comparaison
des valeursde
Ec portées
dans le tableauI,
montre nettementque les
fragments
defission,
dontl’énergie cinétique
est encore
élevée,
ne sontplus enregistrés
dans lemica,
le makrofol et surtout l’olivine.Finalement,
pour obtenir àpartir
deEx
lesvaleurs
(dE/dX)c figurant
dans le tableauI,
nousavons fait les
approximations
suivantes :a)
dansl’aluminium,
le mica oul’olivine,
lespertes
unitairesd’énergie
d’unfragment
de fissionde masse et
d’énergie données,
ont la mêmevaleur
(3) ;
enmultipliant
cette valeur par1,7,
onobtient celle
correspondant
au makorofol(4) ; b)
la source mince de 2~2Cf émet unfragment
« moyen »
léger (Fml)
et unfragment
« moyen » lourd(FmL),
dont lescaractéristiques
sont peu différentes de celles desfragments
« moyens » émisau cours de la fission induite de ~35U
(nous
avonsdéjà justifié
cetteapproximation).
Il est alors pos- sible de déterminer dans les solidesétudiés,
lesvariations avec
l’énergie
despertes
unitaires d’éner-gie
de Fml et FmL(252Cf),
en différenciantgraphi-
quement
les courbesparcours-énergie
établies par Fullmer[10],
pour lesfragments
« moyens o de235U,
dans l’aluminium.
En
reportant
sur la courbe finale les valeurs deEc,
on obtient directement une estimation de
(dEldX)~
dans le mica et l’olivine
(pour
le makrofol il suffitde
multiplier
la valeur obtenue par1,7).
(3)
Nous avonsjustifié
endétail,
par ailleurs[13],
cette
approximation.
(4)
Le travail deSegrè
etWiegand [14]
montre que le rapport des pertes unitairesd’énergie
desfragments
defission dans le collodion et l’aluminium a une valeur de l’ordre de
1,7 ;
cette valeur estpratiquement indépen-
dante de
l’énergie
desfragments.
Nous pensons que ces résultats ne seraient pas modifiés si l’on substituait le makrofol au collodion car lacomposition chimique
etces deux substances est peu différente. On peut d’ailleurs
retrouver cette même valeur de rapport, en utilisant les formules que Fleisher et al.
[8]
ontappliquées
pourdéduire les valeurs des pertes unitaires
d’énergie
d’ionslourds
monoénergétiques
dans la muscovite et le makrofol.508
TABLEAU I
CARACTÉRISTIQUES DE L’ENREGISTREMENT DES TRAJECTOIRES DE FRAGMENTS DE FISSION DANS DIFFÉRENTES SUBSTANCES
L’examen des valeurs
(dE/dX)c portées
dans letableau 1 conduit aux conclusions suivantes :
a)
dans lemica,
le seuil deperte d’énergie
nesemble pas
dépendre
dutype
et de la vitesse de laparticule
utilisée pour le mesurer ; il se manif este aussi bien à hauteénergie qu’à
basseénergie.
Eneffet la valeur que nous avons évaluée en utilisant des ions de faibles vitesses et de masses élevées - les
fragments
de fission -, estidentique
à celleobtenue par Fleisher et al.
[8],
y au moyen d’ions de vitessesbeaucoup plus élevées,
et de masses ato-miques
rnoyennes~i81~) ;
b)
par contre, pour lemakrofol,
la valeur quenous avons mesurée avec les
fragments
de fission estsupérieure
d’un facteur 4 à celle obtenue par Fleisher et al.[8],
au moyen d’ions lourds accélérés(12C, 160, 2oNe), plus rapides
etplus légers
que lesfragments
de fission. "III. Discussion des
résultats.
- 111-1. VALIDITÉDES DIFFÉRENTS MÉCANISMES DE FORMATION DES TRACES DANS LE MICA. - 111-1-1.
Description
de latrace
primaire.
- Nous pensons que la traceprimaire
est constituée de zones élémentaires de
dégâts
-que nous supposerons
sphériques
-,plus
ou moinsespacées
lelong
de latrajectoire
de l’ion dans lesolide ;
elle n’estplus
révélablequand l’énergie
del’ion devient inférieure à
E~.
Le diamètre de ces zones élémentaires doit être voisin de 30
Á.
En effet Price et Walker(commu-
nication
personnelle)
ontattaqué,
clivé en lamellestrès minces et observé en
microscopie électronique,
des échantillons de mica irradiés par des
fragments
de fission.
L’attaque
initiale est trèsrapide ;
enmoins d’une seconde la trace est transformée en un
canal dont la diamètre a une valeur de 30
À,
cons-tante le
long
de latrajectoire ;
ensuitel’attaque
estbeaucoup plus
lente. Cette discontinuité dans la vitessed’élargissement
ducanal, permet
de fixerà 30
Á
le diamètre du « coeur » trèsperturbé,
trèsréactif,
de la trace. Cette valeur a été ultérieurement retrouvée par Beans et al.[15], qui
ontmesuré, pendant l’attaque chimique,
la résistivité d’une lamelle de mica irradiée par desfragments
de fission.Pour que la trace soit
révélable, l’espacement
descentres de deux zones consécutives de
dégâts
doitêtre inférieur à une valeur
critique, 1,
~ 100A ( 5) .
Nous avons obtenu cette
caractéristique
en exami-nant des
photographies
de tracesprises
par Priceet Walker
[16],
au cours d’uneobservation,
enmicroscopie électronique,
d’échantillons de micacontenant des traces de
fragments
de fissionqui
avaient subi une
guérison plus
ou moinscomplète,
par recuit
thermique. Initialement,
les traces appa- raissent comme des traits noirscontinus ; après
unchauffage
de 80 minutes à 900OC,
on saitqu’elles
nesont
plus révélables ; cependant
elles continuent à être visibles enmicroscopie électronique
sous formede traits noirs
discontinus,
dont lesséparations
moyennes,
h,
sont de l’ordre de 50Á.
Nous pouvons donc fairel’hypothèse
que les centres des zonesendommagées
ne doivent pas être distants deplus
de 100
Á,
pourqu’une
trace soit révélable. Cette valeur est une limite parexcès ;
en étudiant laguérison
des traces par recuitthermique,
nous avonsmontré
[171
que la moitié des traces révélables dis-paraît après
unchauffage
de 60 minutes à 500°C ;
àcette
température
les zones dedégâts
doivent êtremoins
séparées qu’elles
ne le sontaprès
unchauffage
de 80 minutes à 900 °C.
,. 111-1-2. Validité du processus de Brinkman. -
Evaluons l’énergie minimum, Emin,,
que devraitposséder
unfragment
defission,
pourproduire
parle processus de Brinkman une zone élémentaire de
dégâts
de 30A
de diamètre. Si dans une telle zonetous les atomes sont
déplacés
de leurposition d’équi-
libre
(6),
leur nombre est d’environ 1 000. En pre-nant un seuil de
déplacement
de 25 eV par atome, il est nécessaire que danschaque
zone, lefragment
déclenche une succession de chocs nucléaires élas-
tiques
- en cascade -, au coursdesquels l’énergie
utilisée pour
produire
desdéplacements
est de(5)
On peutcomprendre qualitativement
l’influence de cet espacementcritique ;
si les zones consécutives dedégâts
lelong
de latrajectoire
sont tropséparées,
lavitesse
d’attaque
devient discontinue et sa valeur moyennepeut-être
très faible sil’attaque
du cristal nonendommagé (qui sépare
deux zones consécutives dedégâts)
est très lente.(6)
Cettehypothèse
nous semblejustifiée
parl’attaque
extrêmement
rapide
etl’amorphisation complète [19]
du« coeur o de la trace.
ment de fission de 120 keV a un parcours résiduel de l’ordre de 300
A
dans l’aluminium. Ce parcours doit être peudifférent
de celuiqui
serait observé dans le micapuisque
les valeurs despertes
unitaires d’éner-gie
dans le mica et l’aluminium sont sensiblementégales ;
il estnégligeable ;
onpeut
donc considérerque si le processus de Brinkman était
valable,
unfragment
de fissionpossèderait toujours
suffisam-ment
d’énergie,
en « fin » de parcours, pourdéplacer
tous les atomes dans une zone de 30
À
dediamètre,
c’est-à-dire pour
produire
une traceattaquable
sil’espacement
des zones élémentaires dedégâts
estinférieur à
il.
FiG. 4. - Courbes données par Killias
[21].
Nous allons maintenant déterminer
l’énergie Eo
au-delà de
laquelle
on a l >lc,
en utilisant les courbes que Killias[21]
a obtenues enappliquant
les méthodes
proposées
par Brinkman. Ces courbes(fig. 4),
donnent pour lesfragments
de fission« moyens o lourds de
l’uranium,
le libre parcoursmoyen l,
dans l’uranium et legermanium,
entre deuxchocs
communiquant
au noyau de reculprimaire
une
énergie > Er,
en fonction duproduit E . Er,
oùE
désigne l’énergie
dufragment.
Nous n’avons pasentrepris
1 calcul de la courbe;l(E . Er)
pour lemica ;
mais on
peut
s’attendre à ce que cettecourbe,
dutraces ne sont formées que
lorsque l’énergie
desfragments
estsupérieure
à 20MeV ;
nous ne pouvons doncadopter
la théorie de Brinkman. Il est inté- ressant de noter que cette conclusion nepeut
êtremodifiée,
même si l’on suppose queou si l’on admet
qu’un
atome sur cent seulementest
déplacé
de saposition d’équilibre
danschaque
zone élémentaire de
dégâts ;
eneffet,
ces nouvelleshypothèses
conduisent toutes deux à des valeurs deEo (respectivement égales
à 400keV
et à 6MeV) qui
sonttoujours
très inférieures àl’énergie
maxi-mum des
fragments.
Notre conclusion est d’ailleurs
compatible
avec lefait que Fleisher et al.
[7]
n’ont pas encore réussi àrévéler des traces dans les
semiconducteurs,
en utili-sant des réactifs
qui
fontapparaître
les dislocationssous forme de
figures
decorrosion ;
en effet si leschocs nucléaires
élastiques
étaientresponsables
dela formation des traces, celles-ci devraient être observées aussi bien dans les isolants que dans les semiconducteurs. Ces calculs ne
prouvent
pas que le processus de Brinkmann’intervienne jamais ;
nous voulons
simplement
direqu’il
nepeut donner,
dans un
isolant,
letype
de trace révélable parattaque chimique.
Il est intéressant de noterqu’il
existe une
expérience
directeappuyant peut-être
nos conclusions : à savoir que les ions lourds ne
peuvent produire
des traces révélables par le pro-cessus de Brinkman que
lorsque
leurénergie
estintérieure
à une valeurcritique,
faible. En effetParson et Ballufi
[22]
ontétudié,
enmicroscopie électronique,
lesdégâts produits
dans des couchesde
germanium amorphe,
par des ionsde xénon, auxquels
onpeut
assimiler lefragment
« moyen »lourd ; chaque ion,
dontl’énergie pouvait
êtrechoisie entre 20 keV et 160
keV,
sembleproduire
unetrace courte, constituée d’une zone
cristallisée,
dontla
longueur correspond
au parcours desions,
etqui
ne
peut
se former quelorsque l’énergie
des ions estinférieure
à 120 keV.111-1-3. Validité du processus des «
pointes
ther-miques
». - Nous allonssimplement
montrer que510
les
arguments proposés
pour confirmer ou infirmerla validité d’un tel processus de formation des traces
dans le mica sont
trop
discutables pour êtreacceptés.
Dans le modèle
classique
des «pointes
ther-miques
», onpeut
montrer que le rayon de la traceprimaire,
nonrévélée, s’exprime
au moyen d’une formule où intervient l’inverse de la racine carrée de latempérature
dedécomposition, Td. Bonfiglioli
et al.
[23]
ont étudiél’enregistrement
desfragments
de fission dans des variétés de micas
qui
ne diffé-raient essentiellement que par les valeurs de
Td ;
ilstrouvèrent que le diamètre des traces ainsi calculé était en bon accord avec leurs résultats
expéri-
mentaux ; ceci
prouverait
la validité du modèle.Par contre, Price et Walker
[16], qui
avaientrépété
cette
expérience
en utilisant uneplus grande
variétéde
micas,
dans des conditionsexpérimentales plus soignées,
ont trouvé des résultats tout à fait diffé-rents : le diamètre des traces est
indépendant
deTd.
Depuis,
leurs résultats ont été confirmés : Bowdenet
Montagu-Pollock [24]
ont constaté que dans les cristaux très instables àtempérature ambiante,
comme
CN2Ag2,
le diamètre des traces était compa- rable à celui des traces dans lamuscovite,
dont latempérature
dedécomposition
estbeaucoup plus
élevée.
Chadderton et
Montagu-Pollock [25]
ont modifiéultérieurement le modèle
classique ; l’énergie
calori-fique
serait libérée nonplus
par une source linéaired’énergie,
mais par une sourcecylindrique
derayon ro,
égal
à la distance parcourue par les élec-trons avant
qu’ils
ne cèdent leurénergie
auxpho-
nons du réseau. Ce rayon interviendrait exponen- tiellement dans
l’expression
de l’inverse du diamètrede la trace
primaire ; plus
po est faibleplus
lesdégâts
seraientimportants. Comme ro
seraitplus
faible dans les semiconducteurs
intrinsèques (ro
100Á)
que dans les isolants(rf)
> 200Â),
onpourrait conclure,
comme ces auteurs, que « les substancesqui
ont été décrites comme lesplus
sen-sibles aux
fragments
de fission sont les semiconduc-teurs
intrinsèques » ;
; oncomprendrait
alors que ce mécanisme de «pointes thermiques
», nepuisse
rendre
compte
de la formation des traces dans unben isolant comme le mica. Mais de telles conclusions
nous semblent très
hasardeuses ;
on n’a pas trouvé de traces révélables dans legermanium (Fleisher,
communication
personnelle),
mais par contre, on aobservé de très belles traces, non seulement dans le
mica,
mais aussi dans laplupart
des solides isolants(olivine, zircon,
matièresplastiques, etc...).
111-2.
REMARQUES
SUR « LES » MÉCANISMES DE FORMATION DES TRACES DANS LE MAKROFOL. -Nous avons montré que dans le
makrofol,
le seuil deperte unitaire
d’énergie (ou
seuil desensibilité
d’enregistrement)
n’avaitplus
une valeur constantedans le domaine de vitesses où les ions sont enre-
gistrés.
Ce résultatindique
selon nous que dans lemica - où
(dE/dX)c
estindépendant
de la vitesse des ions utilisés pour le mesurer - et lemakrofol,
les traces révélables d’ions lourds sont dues à des mécanismes différents.
Les matières
plastiques,
contrairement auxmicas,
sont facilement
endommagées
lors d’une irradiation dans un faisceaud’électrons ;
onpeut
alors penser que les traces d’ions lourds y sontdues,
enpartie,
àla
superposition
des effets élémentaires causés par chacun desrayons 8
formés lelong
de latrajectoire
de
chaque
ion(7).
Cesrayons 8 qui
sont fortementdiffusés, provoqueraient
desdégâts
en brisant les liaisonschimiques
dans un volumecylindrique
axésur la
trajectoire
de l’ion.Nous allons tout d’abord montrer que certains des résultats obtenus
jusqu’à présent,
lors des étudesportant
surl’enregistrement
des traces d’ions lourdsde vitesses élevées dans le
makrofol,
sont compa- tibles avec un processusd’endommagement
dû àdes rayons 8.
Supposons
que la zoneendommagée
par les
rayons 8
nepuisse
donner lieu à uneattaque
chimique prétérentielle, continue,
quelorsque
lesrayons 8 d’énergies supérieures
à une valeurT 0’
sont
produits
en nombre suffisant lelong
de la tra-jectoire
de l’ion. En utilisant la théorie deMott,
1Jain
[27]
a montré que le nombre d’électrons diffusés par cm de parcours, par uneparticule primaire
decharge ionique Z*e,
et dont lesénergies
sont com-prises
entre T et T-E-
dT est donné par la formule :où N est le nombre d’électrons par cm3 du
milieu ;
pour le
makrofol,
de densité1,2 g jcm3,
on aN - 3 X
1~23 ;
Z* est lacharge ionique
del’ion ;
c’est une fonction
de p
=Ple ( v
est la vitesse del’ion)
et de lacharge
nucléaire Z del’ion,
que nousavons obtenue au moyen des courbes
Z*(~, Z)
données par Heckman et al.
[28] ;
m et edésignent
la masse au repos et la
charge
de l’électron.Nous avons effectué un calcul
approximatif,
en negardant
que lepremier
terme de cedéveloppement ;
ceci est
justifié
par le fait que les ions lourds ont desmasses très
supérieures
à celle de l’électron et queceux
qui
ont été utilisés avaient desquantités
demouvement relativement
faibles ;
T est alors trèsinférieur à mc2.
Après intégration
del’expression simplifiée,
on obtient :(1) L’hypothèse
del’endommagement
parrayons 8
avait
déjà
étésuggérée
par R. M. Walker(communi-
cation
personnelle) puis
par Pfhol et al.[26].
ne(12C) "-’ ne(28Si),
nous trouvons pourTo
desvaleurs
respectivement égales
à570,
970 et 800eV,
soit une valeur « moyenne » de 800 eV. En
reportant
cette valeur de
To
dansl’équation
donnant la valeur de nec pour les ions decarbone,
nous obtenons :ne N
6,5
X 105~/em.
Comme ces deuxparamètres (n,
etT 0),
nous ontpermis
de retrouver par lecalcul
(9),
pour chacun desions,
la valeur(dEldX), -
5Me V/mg. cm-2
mesurée par Fleisheret al.
[8],
nous pensons que pour les ions lourds dont les vitesses sontsupérieures
à celles corres-pondant
au maximumd’ionisation, l’hypothèse
del’endommagement
parrayons 8
est fondée(10).
Nous avons
essayé
de voir si la mêmehypothèse pouvait permettre d’interpréter
la valeur différenteet
plus
élevée du seuil de sensibilitéd’enregistrement
des
fragments
de fission dans le makrofol. Nousavons constaté
(zz)
que si lesrayons 8
étaient seulsresponsables
de la formation des traces révélables defragments
defission,
le seuil deperte d’énergie
mesuré avec de telles
particules
seraitbeaucoup plus
élevé( N
60MeVlmg , cm-2),
que celui(8)
Nous avons obtenu cettevaleur,
encomplétant
par un
calcul,
au-delà de 10MeV~nucléon,
la courbedE jdX
=f (E)
donnée par Fleisher et al.[8].
(9)
Pour chacun de cesions,
nous avons tracé les courbesn(~) -
les intersections de ces courbes avec la droite n = ne, donnent les valeurs de~,
donc deE,
pour
lesquelles
les ions commencent à être « mal enre-gistrés
o ; ; les courbesdE/dX
=f (E)
obtenues par Fleisher et al.[8] permettent
alors de déduire les valeurs de(dE/dX)c.
(zo)
Nous vérifions actuellement si cettehypothèse
permet
d’expliquer
aussi les différences de sensibilitéd’enregistrement
entre letriafol,
le makrofol et le te r-phane.
(lz)
Pour cela nous avons tracé la courben(~)
pourun
fragment
« moyen olourd ; n(~)
décroîtquand ~ diminue,
atteint la valeur nequand ~ ~ 2,8
X10-2,
c’est-à-dire
quand
E ~ 54 MeV. En utilisant les courbes de Fullmer[10],
on déduitalors,
au moyen de la méthode décrite dans leparagraphe II,
une valeur rc ~0,3 mg/cm2
et une valeur de
(dEfdX),. -
60MeV~mg. cm-2.
expliquer
la formation des traces defragments
defission dans le makrofol.
Le fait que le seuil de sensibilité
d’enregistrement
des ions de faibles vitesses est
supérieur
à la valeurmesurée avec des ions de vitesses élevées
pourrait
être
gênant
pour desexpérimentateurs
étudiant parexemple
la fission induite d’éléments de masseatomique
moyenne( In,
La...),
ou lafragmentation
d’éléments
lourds,
au moyen de détecteurs deplas- tique ;
eneffet,
onpourrait
alors penser à tort quetous les
fragments
sontenregistrés.
Afin de vérifierl’importance
de cette cause d’erreur éventuelle et pour confirmer nosconclusions,
nous effectuonsactuellement en collaboration avec C.
Stephan,
unemesure des sections efficaces de fission induite d’un certain nombre d’éléments de masse
atomique
moyenne, en utilisant des détecteurs de
plastique
et de
mica ;
nous déterminonségalement
les seuilsde sensibilité
d’enregistrement
d’ions lourds mono-énergétiques
de très faiblesvitesses,
dans différentes matièresplastiques.
IV.
Conclusions.
- Les résultats que nous avonsobtenus, quoique
trèspréliminaires,
montrent que dans un même solide - le makrofol -, il n’est pas exclu que les traces révélables soient dues à des mécanismes différents suivant que la vitesse des ions est élevée oufaible ;
par contre, dans lemica, (12)
Les valeurs de R mesurées par différents groupesd’expérimentateurs
sont trèsvariables, puisque comprises
entre
1,6 [26]
et2,4 mg~cm2 [8].
Nous vérifions actuel- lement si R nedépend
pas de l’intervalle de tempssépa-
rant la fin de l’irradiation du moment où les traces sont
attaquées ;
si cet intervalle de temps était trèssupérieur
à la durée de vie des
espèces
actives formées lelcng
dela
trajectoire
del’ion,
onpourrait
constater que les traces sont raccourcies.(13)
Nous avons tout d’abord déduit les valeurs dedE jdX
=f (E),
pour lesfragments
« moyens »légers
etlourds dans le
makrodol,
enmultipliant
les valeurs rela- tives àl’aluminium
par1,7 (voir paragraphe II) ;
nousavons lors utilisé une méthode
déjà appliquée
parnous
[13]
pour calculer les valeurs deR(Flnl)
etR(FmL) ;
n ~ ,-n 1B , m n r, B
512
un seul processus
prédominerait
dans le domaine devitesse où les ions sont
enregistrés ;
il en résulte unedifférence entre les
caractéristiques d’enregistrement
des
trajectoires
d’ions lourds dans le mica et le makrofol.La
compréhension
du ou « des o mécanismes con-duisant à
l’enregistrement
des traces d’ionslourds,
dans des substances solides aussi différentes que les monocristaux de
mica,
leshalogénures
denickel,
lesverres et les matières
plastiques,
pose encore desproblèmes
très ardusqu’il
sera intéressant derésoudre,
tant dupoi nt
de vue de laphysique
nucléaire que de la
physique
du solide.Remerciements. - Ce travail doit
beaucoup
à laformation,
aux conseils et auxencouragements
quenous a donnés R. M. Walker. Nous remercions vive-
ment Mlle Y.
Cauchois,
Directeur dulaboratoire
etMlle Y.
Héno, chargée
de Cours à la Faculté desSciences,
pour l’intérêt bienveillant et actifqu’elles
nous ont
témoigné
et pour lescritiques pertinentes qu’elles
ont faites à ce mémoire.Manuscrit reçu le 18 mars 1966.
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