ENREGISTREMENT DU pH INTRAGASTRIQUE
CHEZ LE PORC :
VARIATIONS LIÉES A LA NATURE,
A L’IMPORTANCE ET A L’INTERVALLE DES REPAS CHEZ L’ANIMAL EN FINITION
J.-P. LAPLACE
C. GERMAIN
Laboratoire dc· Physiologie de la Nutrition,
Centre national de Recherches zootechniques, J. N. R. A., 78350 Jouy en Josas
RESUME
L’enregistrement continu du pH intragastrique i!a vivo a été effectué chez 6 porcs de race
Large White pesant entre 60 et 68 kg. L’électrode stomacale d’enregistrement est localisée à 2 cm
du pylore après introduction par l’intermédiaire d’un tube gastrique permanent. L’électrode de référence est mise en place dans une canule caecale. Quatre régimes ont été utilisés : 2 aliments standard, de croissance ou de finition, et 2 aliments de finition incorporant 40 p. ioo de lacto- sérum sec, doux ou acide. L’évolution des courbes de pH, au cours de périodes d’une durée maxi-
mum de 8 heures, est décrite dans chacun des cas. Seul le premier repas de la journée induit
une variation importante, dont l’amplitude et le décours permettent de caractériser un type de courbe particulier pour chaque aliment. L’importance ou le nombre des repas sont dépourvus
d’influence marquante.
INTRODUCTION
Parmi les facteurs de contrôle
susceptibles
d’intervenir dans larégulation
del’évacuation
gastro-duodénale,
l’acidité duchyme
évacué par l’estomac nepeut
êtrenégligée.
Le travailmathématique
antérieurement effectué sur les résultats de l’étudequantitative
de l’évacuationgastrique (L API . ACE
etTo M nssovE, 1970 )
nous avaitamené à formuler un certain nombre
d’hypothèses explicatives purement mécaniques
en relation avec les effets du nombre et de la
chronologie
de distribution des repas, de leur volume ou de leur dilution. Par lasuite,
l’étude de la motricitégastro-duodé-
nale
(I,nP>!acE,
1971 et1972 )
réalisée en fonction de facteurs tels que taux de dilution etcomposition
de l’aliment avaitpermis
de constater la relative lenteur de l’évacua- tiongastrique
d’un alimentcomportant
du maïs parrapport
à un aliment à based’orge.
Cet effetpermettait d’expliquer
le caractèreégalement
lent del’absorption
des
produits d’hydrolyse
de l’amidon de maïs(RiS RA T
etAuMmTx>!, 1971 )
endépit
du fait
qu’un
tel amidon estdigéré plus
vite in vitro(D ERPI F N ,
GALBANT et AUMAI-T R
E,
1971 )
et in vivo(FÉVRIER,
RÉRAT etAiiMAITRt, 1971 )
que des amidons de maniocou de pomme de terre. Cette lenteur d’évacuation
gastrique
d’un repas à base de maïs avait été rattachée à l’interaction évidente des activités motricesrespectives
de l’antregastrique
et du duodénum.Cependant,
larapidité
de l’évacuationgastrique
estéga-
lement déterminée par l’influence des
propriétés physiques
etchimiques
duchyme porté
au contact de la muqueuseréceptrice
sensible du bulbe duodénal et du duodé-num dans son ensemble. Dans ce sens, le
pH
duchyme
évacuépar l’estomac,
commela
pression osmotique peuvent
constituer des facteurs derégulation particulièrement agissants.
Pour cette
raison,
l’évolution dupH intragastrique, enregistré
immédiatementen avant du
pylore,
a été étudiée en continu en fonction desprincipaux
facteurspré-
cédemment
envisagés :
volume de la ration, nombre de repas,composition
de l’ali-ment
(orge
oumaïs).
A titrecomparatif,
les effets d’alimentscomportant l’adjonction
de lactosérums ont été
envisagés.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Six porcs de race Lavge White, mâles castrés ou femelles, pesant entre 60 et 68 kg au début de leur utilisation expérimentale, ont été préparés chirurgicalement sous anesthésie générale :
- Un tube en silicone médical (diamètre intérieur 6,35 mm, diamètre extérieur 9!53 mm) est
mis en place au niveau de l’antre gastrique selon la technique de WITZEL (MARKOWITZ, Akcxi-
BALD et DowNiF, i96q) de façon à ce que son extrémité o digestive o soit ouverte à 2 ou 3 cm du pylore (fig. i). L’extrémité libre est extériorisée à mi-longueur du cercle de l’hypocondre droit.
- Une canule en silicone médical (diamètre intérieur 12,7 mm, diamètre extérieur i8,o mm)
est placée dans l’extrémité aveugle du caecum, et extériorisée au centre du creux du flanc droit.
La technique d’anesthésie, comme l’installation des animaux en cage, sont celles décrites antérieurement (LAPLACE et TOMASSONE, 1970).
Pour les séances d’enregistrement, d’une durée maximum de 8 heures, on introduit dans le tube gastrique une électrode stomacale argent-chlorure d’argent d’un diamètre de mm
(BECKMA N
, réf. 39042). L’électrode de référence argent-chlorure d’argent à jonction de fibre (B
EC
xnznN, réf. 40249), beaucoup plus volumineuse est mise en place dans la canule caecale.
Ces électrodes sont reliées à un pH-mètre à lecture directe (BECKMAK, Zeromatic SS 3). Le signal
est retransmis du pHmètre à un polygraphe enregistreur (type Dynograph (R) R. M. BECK- MA
N
), par l’intermédiaire d’un adaptateur à résistance variable et d’un coupleur d’entrée 9806 A.
Ce procédé fournit donc la courbe <le l’évolution du pH en fonction du temps, tout en permettant
la lecture directe à volonté. En ce qui concerne l’enregistrement continu sur polygraphe, les
variations rapides du signal sont éliminées au niveau de l’amplificateur de puissance qui agit
alors comme filtre passe-bas. Le signal enregistré est ainsi une moyenne pondérée en fonction
du temps du signal d’entrée. Ce processus permet de ne conserver que l’évolution effective du
pH pré-pylorique, en effaçant les fluctuations brèves et de faible amplitude correspondant à
l’effet immédiat des ondes contractiles qui parcourent l’antre. Au demeurant, celles-ci peuvent
être examinées conjointement par enregistrement continu du signal direct sur une piste paral-
lèle du polygraphe.
Préalablement à chaque séance d’enregistrement, il est procédé à un étalonnage de l’enregistreur, à l’aide de solutions tampons de pH 4,oi-6,86 ou 7,00 (Beckman, réf. 3005-3006- 3007). Il est tenu compte de la température à laquelle travaillent les électrodes par ajustement
au niveau du pH-mètre (20° pour la solution tampon — 390 dans l’animal). Un nouvel étalon-
nage est effectué en fin d’enregistrement pour contrôler une éventuelle dérive de l’enregistreur.
Deux des aliments proposés sont identiques à ceux antérieurement utilisés (LAPLACE, 1971),
soit un aliment dit de croissance (C2) comportant une quantité appréciable de blé et de maïs et un aliment dit de finition (F.) comportant une forte proportion d’orge à l’exclusion de toute autre céréale. Leurs compositions détaillées apparaissent dans le tableau i. Les aliments dits
« lactosérum !> sont de type finition et comportent 40 p. ioo de lactosérum séché par le procédé Spray, soit doux (16° Dornic, 8,5 p. 100 de matières minérales) soit naturellement acide (5!°
Dornic, io,5 p. 100 de matières minérales). Leurs compositions détaillées apparaissent dans le
tableau 2. Dans tous les cas, l’aliment est distribué sous forme de soupe (dilution du poids de
farine dans 2fois son poids d’eau). Le pH de la soupe proposée à l’animal est de 6,3dans le cas
de l’aliment C2, de 6,2 pour l’aliment F2, de 6,o pour l’aliment lactosérum acide, et de 7,o pour l’aliment lactosérum doux.
Chaque animal a été soumis aux enregistrements pour 2 types d’aliments seulement. Les
2aliments utilisés chez un même animal sont proposés en alternance au cours de 2 passages suc- cessifs, avec une période d’accoutumance de l’ordre de 4 jours entre chaque période expérimen-
tale. La succession dans l’ordre chronologique des périodes expérimentales, définies par l’ali- ment utilisé, est donc décrite par l’un des 2schémas suivants :
RÉSULTATS
I
. -
Effets
nonspéciftques
Au terme des
4 8
h dejeûne pré-
etpost-opératoire,
soit 24haprès l’opération,
le
pH
est en moyenne de6, 3 .
Il est en moyenne de 5,4lematin, 4 8
haprès opération,
chez l’animal réalimenté
légèrement
lejour précédent.
Unepériode post-opératoire
d’environ 4
jours
est nécessaire pour que les porcs retrouvent à la fois une consomma-tion
quotidienne
normale et lepH intragastrique
voisin de 2 couramment observé le matin avant lepremier
repas.Sur le
plan technique,
la localisationprécise
de l’électrode stomacaleprésente
une
grande importance
à cedegré
deproximité
de lajonction gastroduodénale.
Par
rapport
à laposition
habituelled’enregistrement (la petite ampoule
de verre del’électrode
d’enregistrement dépassant
seule du tube desilicone)
c’est-à-dire à 2,5 cmen amont de l’extrémité distale du bouchon
pylorique,
lapropulsion
de l’électrode de 2 cmplus
en avalpermet d’enregistrer
une courbe totalement différente(fig. 2 ).
En
effet,
son niveau de baseapproche
de la neutralité(6,8
à7 , 0 ).
Ce tracé est hâchépar de brutales déflections vers la zone d’acidité du milieu
gastrique, correspondant
au passage de
jets
dechyme
évacué par l’estomac. Cesdéflections, irrégulières
enamplitude
et enfréquence
chez l’animal enpériode
de reposdigestif, apparaissent
de
façon
extrêmementrégulière
à la suite d’un repas. Dans ce dernier cas, lepH
n’atteint leplus fréquemment,
dans l’intervalle desjets
dechyme, qu’une
zone de5,8
à 6.La
période
d’habituation à un nouvel aliment estgénéralement
considérée comme nécessaire avant touteexpérimentation.
Mais l’intérêt d’une telleprécaution
est par- ticulièrement évident si l’aliment est peuapprécié
de l’animal. Le maintien de lapré-
sentation d’un aliment inhabituel suffit à
produire (fig. 3 )
avec une réactiond’agres-
sivité de
l’animal,
unehypersécrétion
acidegastrique persistant
20 à 30 mnmalgré
le retrait immédiat de l’aliment suscitant la réaction.
2
. - Aliment de
finition-standard
Lors de la distribution matinale
( 9 h),
lepH
intragastrique
estgénéralement compris
entre 1,5 et 2,5 chez l’animalprématurément
mis en alerte par les bruits du laboratoire(fig. 4 ).
En l’absence d’une telleinfluence,
onpeut
rencontrer unpH
del’ordre de 5 à 6
(le précédent
repasayant
été distribué la veille à 16h,
soit 17 h aupa-ravant).
Dans ce dernier cas(fig. 5 )
lapréparation
du repas suffit à provoquer unerapide
diminution dupH qui rejoint
la zone habituelle( 1 ,5
à2 ,5).
Parrapport
à ce niveau dedépart,
lepremier
repas de lajournée
provoquetoujours
une remontée dupH
d’uneamplitude
relativement constante,quelle
que soit laquantité consommée,
ou le
pH préprandial.
Cetteamplitude
est de 2,2 à 2,4 unitéspH
pour des repas de 600 à i 000 g de farine
(additionnée
de 1 200à 2 ooo gd’eau).
Par contre, le délai entre début du repas et début de la remontée du
pH,
ainsi que larapidité
de cette remontée sont essentiellement variables. On ne décèle pour cescaractéristiques
aucune relation avec larapidité d’ingestion
donc la durée du repas, ni avec les facteurs individu ou niveau d’alimentation desjours précédents.
Lors du repas distribué à 16 h 30, la variation de
pH
observée esttoujours
trèsamortie. La remontée est
progressive
et d’uneamplitude beaucoup plus
limitéepuis-
que le
pH
évolue leplus
souvent de 2,5 à 3,5. La courbe obtenue dans l’intervalle des 2 repas de lajournée
traduit une décroissancerégulière
dupH
de3 ,8- 4 ,8 (après
repas du
matin)
à environ 2,5 enl’espace
de 2heures,
sans accident notable du tracé.Le
pH
reste alors stationnairejusqu’au
second repas.Le fractionnement de la ration
quotidienne
en 3voire
4 repas ne modifie pasl’aspect caractéristique
dupremier
repas d’unepart,
du ou des autres repas d’autrepart.
3
. - Aliment de croissance standard
Là encore, la distribution du repas du matin
produit
un effetimportant.
LepH
initial
compris
entre i,o et 3,0, mais leplus
souvent de l’ordre de 1,0 à 1,5,présente
une remontée
précoce.
Celle-ci débute en effettoujours
durant lapremière
moitiéde la durée du repas. Cette variation est par ailleurs
plus rapide
que pour l’alimentfinition,
etpeut
s’effectuer enl’espace
de 2 minutes. Elle est enfin d’uneamplitude plus grande,
de l’ordre de 3 unitéspH
pour des repasreprésentant
600 à i ooo g d’aliment sec. Cetteamplitude peut
occasionnellement atteindre 4 unitéspH
pour des repas nettementplus importants (i
800g d’alimentsec).
Au-delà de cette variation
initiale,
l’évolution dupH
au cours de lapériode
de9 h à 17 h est très lente
(fig. 6).
Restée enplateau
à la valeur atteinteaprès
le repas, la courbeprésente après
i à 2 h une décroissanceprogressive jusqu’à
un minimumqui
est atteint 2à 4 haprès
le repas(réduction
moyenne de 2 à 2,5 unitéspH).
LepH
présente
ensuite une lente remontée de 1,0à 1,5 unitéspH,
ramenant lepH enregistré
à 17h à une valeur
comprise
entrepH
3etpH
4.Cette évolution
générale
n’est pas modifiée par les autres repas de lajournée, quels qu’en
soient le nombre etl’importance volumétrique.
Eneffet,
à la différence de l’alimentfinition,
les repas autres que le repas du matin sontpratiquement dépour-
vus de tout effet visible sur le
pH
du contenugastrique pré-pylorique.
4
. -
Nombre,
intervalle et volume desrepas
Cette
apparente
absence de modifications nous a incité àmultiplier
les combi-naisons différentes dans le cas de l’aliment de
croissance, quoique
le nombre des repas n’aitjamais
influencé les résultats obtenus avec l’un ou l’autre des aliments. En pra-tique,
un telproblème peut
être subdivisé pourl’expérimentation
en 3 facteurs étroi- tementinterdépendants,
illustrés par lafigure
7 : intervalle entre les repas, volume du repasd’épreuve,
volume du repasprécédent
déterminant le volumegastrique
résiduel.I,a distribution d’un second repas de mêmes
caractéristiques
à des intervalles variablesaprès
leprécédent
repas, ne provoque pas de variation nettereproductible,
bien que les volumes
gastriques
résiduels soient certainement très différents. Si l’onagit
sur ce volumegastrique
résiduel en utilisant des repas de volumes variant dans lerapport
de i à 2,5, antérieurement à un même repasd’épreuve
distribué au termed’un délai constant, on constate que les courbes de
pH
ne sont pas sensiblement diffé- rentes.Enfin,
pour un même horaire dedistribution,
la modification dans unrapport
de i à 3 de la
quantité ingérée
aupremier
repas n’affecte la courbe depH,
dans lamajorité
des cas, que defaçon
très limitée. Une remontée dupH
d’uneamplitude supérieure
à 3 unités seprésente
enfait,
même pour un repas de i 800g, comme unevariation
exceptionnelle.
De la mêmefaçon,
onpeut
aussi considérer comme trèsexceptionnelle,
même pour un repas de 600 g, une remontée n’excédant pas 2,5 unitéspH.
5. - Les aliments
lactosérum-finition
Une
caractéristique
commune aux deuxtypes
d’aliments contenant du lacto- sérum est que lepremier
repas de lajournée
induit uneaugmentation importante
dupH
intragastrique (fig. 8),
mais aussi que les autres repasproduisent toujours
unecertaine
augmentation (fig. 9 ).
Encela,
ces aliments de finition à 40 p. IOOde lacto- sérum sec secomportent
donc comme l’aliment de finition standard.Une seconde
caractéristique
commune aux alimentsincorporant
du lactosérumréside dans le fait que la variation ascendante du
pH,
à l’occasion de tous les repasquel qu’en
soitl’horaire,
débutetoujours
dans les 2 à 3premières
minutes del’inges-
tion
alimentaire, particularité qui rapproche
ces effets de ceux de l’aliment de crois-sance standard.
Quel
que soit l’alimentutilisé,
lepH intragastrique
chez l’animalencore à
jeun
le matin esttoujours
situé dans la même zone entrepH
1,5 etpH
3,0. Certaines différences constantespermettent cependant
d’identifier les 2types
d’aliments lactosérum. La forme de la courbe ascendante depH
lors du repas du matin(fig. 8),
dans le casd’incorporation
de lactosérumacide, rappelle
en touspoints
celle observée avec l’aliment standard de croissance. Elle est en effet extrêmement
rapide
voirebrutale,
et d’uneamplitude
similaire de l’ordre de 3 unitéspH.
Lorsd’incorporation
de lactosérumdoux,
cette même remontée dupH
lors du Ier repasne
développe jamais
d’emblée unepleine amplitude.
Celle-ci n’est atteintequ’en
2ou 3 vagues
successives,
et au bout de 30 à 70mn, alors que le maximum estprati- quement toujours
atteint dès la fin du repas lactosérum acide. Si l’on fait abstraction de cette différencecaractéristique
de décours dupH
dans l’heurequi
suit lepremier
repas, on
peut
reconnaître aux deux variations uneamplitude
semblable d’environ3 unités
pH.
En ce
qui
concerne les variations induites par le ou les autres repas distribués dans lajournée,
elles sont souvent,quel
que soit le lactosérumutilisé, d’amplitude supérieure
à cequi
est observé pour des repas d’aliment finition standard distribués dans des conditionsidentiques. L’amplitude
de ces variations est en effet leplus
sou-vent de 1,5 à 2 unités
pH (fig. 9 ).
D’unefaçon générale,
ces variations sont d’autant moins accusées que le repas survient en untemps
où lepH
se trouve dans une zoneplus
haute de la courbeenregistrée
dans lajournée. L’aspect général
de cette courbeentre 9 h et 17 h se
présente
comme un tracéondoyant, chaque
repas entraînant unrehaussement du
pH plus
ou moinsimportant,
etqui
conduit à une valeur voisine depH
4 à 17h pour des repas distribués à 9, 12 et 15 heures.Une dernière
particularité
mérite d’être mentionnée. Lors de distribution d’ali- mentscomportant
du lactosérum et toutparticulièrement
du lactosérumdoux,
onconstate
l’apparition
par salvesd’importantes
déflections de la courbe depH
vers laneutralité, susceptibles
dereprésenter
des refluxduodéno-gastriques.
Cesphénomènes apparaissent
presquetoujours
avant le repas du matin(fig. 8)
etréapparaissent pério- diquement
dans lajournée
au-delà de 90 à 120 mnaprès
lepremier
repas. Unépisode fréquemment important
se situe alentour de 14 h. Lamultiplication
des repas dans lajournée
tend à effacer ces accidents du tracépuisqu’ils disparaissent
durant go mn environaprès chaque
repas.Précisons enfin
qu’aucune
différence n’a été décelée dans les effets d’un même aliment entre les passages successifs dans le cadre de l’alternanceexpérimentale.
DISCUSSION
Sur le
plan méthodologique, plusieurs points particuliers
doivent êtresoulignés.
En ce
qui
concerne le sited’enregistrement,
le choix de larégion
antralepré-pylorique
est
guidé
par l’intérêtporté
à l’influence duchyme
évacué par l’estomac dans le contrôle de cette évacuation. Cette localisationimplique
que nos résultats nepeuvent
êtresuperposés
defaçon
directe à ceux de LAWRENCE( I970 )
même pour unrégime analogue,
essentiellement à based’orge, puisque
lepH
estsusceptible
deprésenter
des variations notables selon le site
d’enregistrement
au niveau de l’estomac(R OVEL -
S T AD
, OWENet MAGATH,
zg52).
Vis-à-vis de latechnique chirurgicale
mise en oeuvre,l’anatomie et
l’importance
fonctionnelle de larégion
antralejustifient également qu’ait
été retenu leprincipe
d’unsimple
tubegastrique permettant
de faire cheminer directement l’électrode stomacale.Assurément, l’usage
d’uneclassique
canule gas-trique,
telle que celles mises enplace
par I,9wx!VC!( I970 )
au niveau de lajonction fundus-antre,
auraitpermis
de réunir les électrodes stomacale et de référence et d’évi- ter une fistulation caecale additionnelle. Mais cette dernière esttoujours parfaite-
ment tolérée
pendant
despériodes
trèsprolongées,
et l’électrode de référence utilisée esthabituellement,
chezl’Homme,
mise enplace
dans un orifice naturel(bouche- anus). Aussi, l’usage
du tubegastrique
nousparait-il préférable
à une canule suscep- tible degêner
assez considérablement l’activité motrice antrale.Certes,
toute fistu- lationgastrique peut
être évitée parl’usage
de latechnique
de l’endoradiosondedéglutie, permettant
desenregistrements
continus degrande qualité
illustrés chezle Chien par le travail de I,9!xiD et al.
(rg 73 ).
Mais lasimple
limitation dudéplace-
ment de l’endoradiosonde par un fil de
nylon
interdisant le franchissement dupylore
n’assure pas la localisation
intragastrique
recherchée dans notre cas.L’usage
du tubegastrique
offre doncl’avantage
d’une localisationprécise permanente
de l’électrode stomacalequi
coiffe l’orifice du tube. La collerette d’élastomère cerclant cette extré- mité du tube assure par ailleurs le maintien d’un écartement constant de la surface muqueuse, évitant tout contact indésirable de l’électrode et de la muqueuse. Il n’est ainsi pas nécessaire d’utiliser unsystème
deprotection
du bulbe de verre de l’électrode stomacale tel que celui utilisé par RUNE( 19 68).
Onpeut
du reste noter l’identité des tracés recueillis par cet auteur chez l’Homme au niveau de l’antre et dupylore
et de ceux que nous avons
enregistrés
chez le Porc en des siteshomologues.
Pour enterminer avec la
méthodologie,
onpeut
remarquer que le relevé dupH
toutes les5 minutes
(I,nwx!NC!, 197 o)
estsusceptible
d’éliminer certaines variations brèves de peu d’intérêt vis-à-vis du décours dupH
au fil d’unejournée,
maisrisque égale-
ment de laisser
échapper
desphénomènes
d’un intérêtcertain,
tels que les refluxduodéno-gastriques.
De cefait, l’enregistrement
continu d’unsignal
filtré et débarassédes seules variations très brèves telles que celles liées au passage des ondes contrac-
tiles, représente
la solution laplus
satisfaisante.Si l’on examine très
globalement l’aspect
des courbes obtenues au cours de lapériode
diurne 9h- y h,
onpeut
constaterqu’à partir
d’une zone depH
trèsacide,
le
premier
repas exerce un effet d’inductionmajeur
de laprincipale
variation observée.Le relèvement ainsi
provoqué
de la courbe depH
est ensuiteplus
ou moins soutenu(mais
trèsexceptionnellement
seulementrenforcé)
selon le nombre des repas et lanature de l’aliment
proposé.
Laquestion
resteposée
de savoir si la courbe depH
évolue de
façon régulière
entre l’acidité moyenne observée à 17 h et la forte aciditégénéralement
observée à 9h,
ou si elleprésente
d’autres accidents notables. Ceci revient à se demander si lepremier
repas est véritablement l’inducteur d’une varia- tioncyclique
dupH,
ou s’il n’intervient que poursynchroniser
unrythme
autredans
lequel
l’alternance veille-sommeiljouerait
un rôle nonnégligeable (B AUST
etRoftxwASS!x, ig6g).
Sur cepoint,
lacomparaison
des courbes depH
intragastrique
au cours du
nycthémère
entre des porcs en alimentation ad libitum vraie et des porcs soumis à unrythme
de repas diurnesimposés, présentera
leplus grand
intérêt. L’éven-tualité d’une
pathologie gastrique
induite par certains modes d’alimentation n’est pas àexclure, indépendamment d’aspects
trèsclassiques
liés à l’aliment(finesse
demouture, taux de
cellulose).
L’existence
occasionnelle de soudaines déflections dupH intra-gastrique
acidevers la neutralité semble bien devoir être
rapportée
à l’existence de reflux duodénaux.A défaut de
démonstration,
certainesprésomptions
inclinent dans ce sens : évolutionsymétrique
dupH
duodénal voisin de la neutralité vers une acidification lors des émissions dechyme gastrique ;
courbe crénelée avec fortes oscillations dupH
intra-gastrique
chez les chiens «hyperchlorhydriques
»(L ABRID et al., 1973 ).
Si l’on admetune telle
interprétation,
il fautsouligner
que laprésence
de salves de reflux duodéno-gastriques,
n’a été observée que pour les alimentscomportant
dulactosérum,
cequi
constitue une
particularité
dont la cause reste totalement obscure. Tout auplus peut
on remarquer
l’amplitude
de ces ondes. Si l’on enjuge
par les courbes depH
observéesdans le bulbe duodénal ou le
duodénum,
chez l’Homme ou leChien,
par RUNE( 19 68)
et par BRooKs et GROSSMnrr
(rg 7 o),
ilparaît probable
que ces refluxproviennent
d’unterritoire nettement
plus
distant dupylore
que le bulbe duodénal.Cependant,
chez lePorc,
le canalcholédoque
déboucheparticulièrement près
dupylore,
et ces ondes depH pourraient correspondre
à une remontée de bile. On note dans ce sens que lapré-
sence de
quantités
relativementimportantes
de bile estfréquemment
observée dans l’estomac de porcs àjeûn.
Mais les inconnues relativement aupH
du milieu duodénalrestent
trop
nombreuses(RUNE, 1973 )
pourpermettre
uneinterprétation
immédiate.L’étude plus particulière
de l’effet du repas dans l’heurequi
suit le début de celui-cipermet
de rassembler un certain nombred’aspects caractéristiques
de l’alimentutilisé. Cette observation confirme semblable affirmation de I,nwR!NC!
( I970 )
rela-tivement aux effets nettement distincts de
régimes
detechnologie
différente ou àl’obtention de
pH plus
faibles avec les aliments à based’orge
ouprésentés
sous formehumide,
parrapport
à des aliments à base de maïs ouprésentés
sous forme sèche(I,nwxENC!, 1972 ).
Ilapparait cependant
que cette affirmation doit être nuancéepuisque
si l’aliment croissance(orge,
maïs,blé)
induit bien la variation laplus
im-portante
et laplus
brutale lors du ier repas, il n’en induit aucune pour les autres repas de lajournée.
Par contre, l’aliment de finition(orge)
comme les aliments de fini- tioncomportant
du lactosérum induisent tous une variation pour chacun des repas.Les causes des
particularités qui
identifient les effets de chacun des aliments restent totalement obscures. Parmi les facteurspossibles
onpeut envisager
lepouvoir
tam-pon de ces
aliments, l’importance
des sécrétions salivaire etgastrique
selonl’appéti-
bilité
particulière
àchaque ration ;
lerythme
d’évacuationgastrique peut
enfin constituer un facteur déterminant de la décroissanceprogressive
dupH
à la suite del’augmentation
initiale au moment du repas. Il devient alors difficile de détermi-ner dans
quelle
mesure lepH peut
lui-mêmeparticiper
au contrôle de l’évacuationgastroduodénale.
CONCLUSIONS
L’évolution du
pH
intragastrique pré-pylorique
chez le Porc en croissance-fini- tion estprincipalement marquée
par l’effet du ler repas de lajournée.
Le nombre des repas, leurimportance quantitative,
leur vitessed’ingestion,
n’ont pas d’effet déterminant. Par contre, lacomposition
de l’aliment constitue une source de varia- tionsqui
fournit aux courbes depH
uneconfiguration caractéristique
de chacune des formulations utilisées. Les informationsdescriptives apportées
par latechnique
miseen oeuvre
peuvent
êtreprécieuses
dansl’analyse
dephénomènes pathologiques
d’ori-gine alimentaire,
mais nepermettent guère
d’en tirer des conclusionsquant
auproces-
sus d’évacuation
gastrique.
Reçu pour publication en août 1973.
SUMMARY
REGISTRATION OF INTRAGASTRIC pH AND ITS VARIATIONS ACCORDING TO THE TYPE, VOI,UM! AND FREQUENCY OF MEALS IN FINISHING PIGS In order to study the importance of pH as factor controlling the gastric emptying in pig,
a comparative in vivo registration of intragastric pH was made on 6 Large White pigs weighing
6 0
to 68 kg live weight. These pigs were fitted with a permanent gastric tubing and a permanent
caecal cannula. The glass-electrode, specifically designed for measuring pH changes in the gastro-
duodenal area, was introduced through gastric tubing and localized at 2 cm above the pyloric ring. The reference-electrode was kept in the cacal fistula. In vivo gastric pH changes were regis-
tered through a pH meter on a polygraph giving an uninterrupted curve.
Four diets were used : a standard diet for growing pigs (3j p. 100 barley, ij p. 100 corn, rj p. 100 maize) ; a standard diet for finishing pigs (66.j p. ioo barley) ; and two diets for fini-
shing pigs incorporating 40 p. roo of dried whey, soft (16° Dornic acidity) or acid (570 Dornic acidity). The pigs, housed in a metabolism cage, were fed on a semi liquid form (weight dilution :
flour i, water z).
The pH before the first meal (9 a.m.) was about a value of 2.00 (1.0to 3.0). At this first
morning meal, the standard diet for finishing pigs gave an increment of 2,2 to 2.4 pH units.
Thus the increase began after a variable post prandial delay, and was more or less fast. In the
case of the standard diet for growing pigs, such an increase was observed, but it was ever very fast, earlier and of greater amplitude (z. j to 3 pH units). On the other hand, the other meals
throughout the day gave only a small increase (standard-finishing pigs) or no effects (standard- growing pigs).
In the case of the diets incorporating whey, the increase at the first meal was ever of about 3 pH units ; the other meals gave, whatever the whey, an increase of 1.5 to 2 pH units ; The
most obvious characteristic was that, at the first meal, the increase was fast and early in the case
of the acid whey, and slow (30to 70mn) in the case of the soft whey.
Whatever may be the diet used, neither the number of meals, nor the volume of the meal gave a significant effect on the pH curve.
It was concluded that each diet gave a distinct pattern. But such a study brought no suffi-
cient information on the pH as factor controlling the gastric emptying.
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