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Submitted on 1 Jan 1971
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Décanalisation par un défaut d’empilement
Jean Mory
To cite this version:
Jean Mory. Décanalisation par un défaut d’empilement. Journal de Physique, 1971, 32 (1), pp.41-45.
�10.1051/jphys:0197100320104100�. �jpa-00207020�
DÉCANALI SATION PAR UN DÉFAUT D’EMPILEMENT
Jean MORY
C. E. N. de
Fontenay-aux-Roses-92,
France(Reçu
le 6juillet 1970)
Résumé. - On décrit l’influence d’un défaut d’empilement sur la canalisation, supposée pla- naire, de particules chargées. Une particule atteignant le défaut d’empilement subit une brusque variation d’énergie transverse, et elle est décanalisée si cette nouvelle énergie est supérieure à l’éner- gie transverse
critique.
On est donc amené à calculer sa probabilité de présence entre deux ordon-nées pour lesquelles cette condition est remplie. Cette probabilité dépend de la distance minimale d’approche particule-atome, qui peut ainsi être mesurée par une expérience de décanalisation.
Un calcul complet a été effectué pour des canalons 03B1 se propageant le long des
plans { 111}
dansun réseau d’or contenant des défauts d’empilement intrinsèques. Le coefficient de décanalisation 0393 ainsi déterminé a pour valeurs, selon la distance minimale d’approche da :
Ces résultats sont en bon accord avec l’expérience qui donne r = 0,24 pour des canalons 03B1 se pro- pageant le long de 112 > dans les
plans {111}
d’or.Abstract. - The influence of a stacking fault on planar channeling of charged particles is
described. A channelon reaching the stacking fault suffers a sudden variation of its transverse energy, and is dechanneled if this new energy is greater than the critical one. The probability of
presence of the channelon between two ordinates where this condition is fulfilled has to be deter- mined. This probability depends on the particle-atom minimal approach distance, which can thus
be measured by a dechanneling experiment.
A complete calculation has been carried out for 03B1 channelons which move
along { 111 }
planesin gold containing intrinsic stacking faults. The calculated dechanneling coefficient 0393 is, for diffe-
rent minimal approach distances da :
These results are in good agreement with an experiment giving 0393 = 0.24 for 03B1 channelons moving along 112 >
between { 111 }
planes of gold.Les
particules
canalisées dans un cristal ont tendance à être décanalisées par les défauts cristallins[1].
Parmi
ceux-ci,
on connaîtexpérimentalement
l’effetdécanalisant du défaut
d’empilement [2, 7]. Or,
ce défaut est d’une étudeparticulièrement intéressante, puisqu’il
fait subir à unepartie
du cristal unesimple
translation par rapport à l’autré. La
description
duprocessus de décanalisation doit donc être
particulière-
ment
simple.
Nous verrons dans cequi
suit que la section efficace de décanalisation sur un défautd’empilement
nedépend
que d’unparamètre :
la dis-tance minimale
d’approche
canalon-atomes. Uneexpérience
de décanalisation doit donc donner lamesure de ce
paramètre.
Nous décrirons ci-dessous la décanalisation par
un défaut
d’empilement intrinsèque
dans un cristalcubique
à faces centrées. Lesapplications numériques
LE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 32, N° 1, JANVIER 1971.
seront faites dans le cas de canalons a dans l’or.
Nous traiterons le cas de la canalisation
planaire.
Celui de l’influence des défauts
d’empilement
sur lacanalisation axiale a été examiné pour des protons de relativement faible
énergie
parMorgan
et Van Vlietqui
ont utilisé une méthode de simulation detrajec-
toires sur ordinateur
[8].
1.
Principe.
- Soit uneparticule
canalisée - nous dirons un canalon -arrivant,
avec unelongueur
d’oscillation
À,
àproximité
d’un défautd’empilement (Fig. 1).
Onconçoit
que, suivant sonénergie
transverse,son
point
d’arrivée sur lafaute,
saphase
en cepoint,
le canalon pourra :
- continuer son chemin
(a) ;
- être décanalisé immédiatement
(b),
ou du moinsà une distance inférieure à
03BB/4 ;
4
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0197100320104100
42
FIG. 1. - Un canalon rencontrant un défaut d’empilement
F. E. 1 peut : a) ne pas être décanalisé ; b) être décanalisé immé- diatement ; c) être décanalisé à environ À/4 au-delà de la faute ; d) être virtuellement décanalisé (cas c) puis recanalisé par un
défaut d’empilement F. E. 2 sufhsamment proche (cas d’un tétraèdre de défauts d’empilement). L’échelle, en haut à gauche,
montre d’une façon approximative la grande différence entre
l’amplitude (= 1 A) et la longueur d’oscillation (= 2000 A)
du mouvement du canalon.
- être décanalisé à environ
Â/4
au-delà de la faute(c).
Considérons
No
canalonsincidents ;
siNd
d’entreeux sont décanalisés par le
défaut,
nous dirons que le coefficient(ou probabilité)
de décanalisation est T =Nd/No.
Un défaut dont la surfaceprojetée
per-pendiculairement
auplan
de canalisation est 27 aurapour section efficace de décanalisation J = Er.
Nous
adopterons
dans cequi
suit le concept depotentiel
continu deplan,
et nous nous limiterons à l’interaction du canalon avec les deuxplans
entrelesquels
il progresse. SoitV(y)
cepotentiel, y
étant l’ordonnée du canaloncomptée
àpartir
duplan
médian P de la nappeplanaire (Fig. 2).
Ce
potentiel, symétrique
par rapport auplan P, imprime
au canalond’énergie cinétique
E, une oscilla-tion définie par :
-
l’angle 4fo
de latrajectoire
lors de la traversée deP,
-
l’énergie
transverseE1-
=E 0,
- la
longueur 20 et la période To d’oscillation,
-
l’amplitude
yo, solution deEt/J2
=V(yo).
Sur le défaut
d’empilement,
les vallées depotentiel correspondant
auxpaires
successives deplans
voisins subissent une translation. Pour un défautintrinsèque
d’un cristal
cubique
à facescentrées,
et pour desplans
de canalisation{111},
cette translation estdp/3
(Fig. 2),
oùdp est la
distanceinterplanaire.
Nous admettrons alors
qu’à
la traversée duplan
dedéfaut, l’énergie cinétique
transverse estconservée,
et que le canalon subit une
brusque
variationd’énergie potentielle (Fig. 2),
cette varia-tlon etant iournie par une variation opposée ne
l’énergie cinétique
totale.V2(y’)
etVI (y’)
sont lespotentiels
aupoint d’impact
canalon-défaut de part.
FIG. 2. - Potentiel canalon-plans
atomiques au niveau d’un défaut d’empilement. Cas d’un canal on oc dans un réseau d’or
(le réseau est supposé rigide, la distance minimale d’approche égale à aT. F.) ; a) répartition du potentiel Vl(y) avant le défaut d’empilement ; b) répartition du potentiel V2(y) après le défaut d’empilement ; c) énergie transverse minimale de décanalisation
Une particule d’énergie transverse
Ey /2 0
sera décanalisée si elle atteint le défaut d’empilement entre y i et y2. En ordonnées :et d’autre du
défaut, y’
étant l’ordonnée de cepoint d’impact.
Cettesimplification
revient à supposer que la variationd’énergie potentielle
sur leplan
de défautest
abrupte.
Nous dirons enfin avec Lindhard
[9],
que laparticule
est décanalisée si elle
s’approche
d’un desplans
ato-miques
translatésP’
ouP2
d’une distance inférieure àune certaine valeur limite
da, correspondant
à uneordonnée
critique
yM.Il est clair dans ces conditions que pour une
énergie
E et un
potentiel V(y) donnés,
le coefficient T nedépend
que de
da.
Ceparamètre da
pourra donc être éventuelle- mentajusté
si l’on détermineexpérimentalement
r.Juste
après
la traversée dudéfaut, l’énergie
trans-verse du canalon est : étant
l’énergie
transverse sur leplan
de défaut.La
particule
est décanalisée ou non suivant queE’L
est
supérieure
ou inférieure àV(ym).
La
probabilité
de décanalisation est doncsimple-
ment la
probabilité
deprésence
du canalon entreles
points
d’ordonnées yi et Y2, entrelesquels El
estsupérieure
àV(yM),
soit :Pour déterminer la
probabilité
moyenne de décana- lisation d’un canalon par un défautd’empilement,
il faut
donc,
pour toutes les valeurspossibles
det/J 0 :
c)
calculer laprobabilité
deprésence
du canalon entrer et y2, soitd)
calculer la moyenne dery2y1(.po).
Si l’on suppose tous lesangles
d’incidencepo également probables
le coefficient de décanali- sation est alors :2. Détail du calcul. - 2. 1 CHOIX DU POTENTIEL.
- Nous avons
utilisé,
commepotentiel planaire,
celui ayant la formeanalytique :
Ce
potentiel
ne diffère pas deplus
de 2%
de celuidonné par Lindhard
[9]
et sa forme estplus
maniable.Les notations sont les suivantes :
Z,
etZ2 :
numérosatomiques
du canalon et de l’élément du réseau ;N : nombre d’atomes du cristal par unité de
volume ;
dp
: distance entre 2plans
de canalisationproches voisins ;
c : constante
égale
à/3
aT. F. : rayon d’écran de
Thomas-Fermi ;
k = terme permettant
d’ajuster
les deuxpotentiels, égal
à1,04
dans le cas de canalons oc se propa-geant entre 2
plans {111}
d’or.La
figure
2 montre un telpotentiel
dans le casd’un canalon a
d’énergie supérieure
à 1 MeV se pro- pageant entre deuxplans { 111 }
d’or. Le réseau estsupposé rigide,
et la distance minimaled’approche da
est ici
prise égale
à aT. F., rayon d’écran de Thomas- Fermi. Sur la mêmefigure,
on areprésenté
les poten- tielsV1(Y) (courbe a)
endeçà
etY2(y) (courbe b)
au-delà du défaut
d’empilement.
La courbe c montre, dans ce cas, la variation de :2.2 EQUATION DE LA TRAJECTOIRE. - La
trajectoire
est définie par le
système d’équations :
où m est la masse du canalon et Va =
(2 E/m)¥2
sa vitesse.
En utilisant le
potentiel (2),
le mouvement trans-verse est donné par
l’équation :
où
Il
s’agit
d’uneéquation elliptique
du deuxième ordre.a)
Période. - Lapériode To
est donnée par :La
figure
3 montre la variation deTo
en fonctionde
l’amplitude
yo de l’oscillation. On voit que, contrai-FIG. 3. - Variation de la période d’oscillation To d’un cana- lon a entre des plans { 111 } d’or en fonction de son énergie
transverse
Ef//Õ.
En abscisses :Ef//6
= énergie transverse en10-10 erg; en ordonnées : To = période en 10-14 seconde.
rement à ce que l’on obtiendrait en utilisant un
potentiel harmonique,
lesoscillations,
bien qued’amplitude
trèsfaible,
ne sont pas isochrones.La
période
varie d’un facteur 3 entre lesamplitudes
minimale et maximale. Datz et al. avaient obtenu
un résultat
comparable
en utilisant unpotentiel
encosinus
hyperbolique [10].
b) Longueur
d’oscillation. - Lalongueur
d’oscil-lation se déduit de
44
On trouve, à titre
d’exemple,
pour un canalon a de 5MeV,
unelongueur
d’oscillation de 850A
si le canalonpossède l’énergie cinétique
transverse maxi- male et 2 300A
pour uneénergie cinétique
transversetendant vers zéro.
2.3 COEFFICIENT DE DÉCANALISATION. - Les
équa-
tions et courbes ci-dessus définies permettent, pourune
énergie cinétique
transverse initialeE4(,D donnée,
de connaître :- les limites yi et Y2 entre
lesquelles
le canalonsera décanalisé lors du passage du défaut
d’empile-
ment
(Fig. 2),
-
l’équation t
=t(y)
du mouvement transverse(éq. 3),
- la
période To
du mouvement(Fig.
3 etéq. 4).
La
probabilité
deprésence
entre lespoints
yi et Y2sera :
avec
d’après l’équation (3),
oùLe coefficient 2
provient
de ce que laprobabilité
de décanalisation est lamême,
pour une certaine ordonnée y, que laparticule atteigne
le défautd’empi-
lement dans un sens ou dans l’autre
(Fig.
1 b et1 c).
3.
Application numérique.
- Nous avons effectuéle calcul
complet
pour des canalons a se propageant dans l’or. Lesplans
de canalisation sont lesplans
{111}
distants dedp
=2,36Â
et sontsupposés rigides.
Après
le défautd’empilement,
le réseau est décalé dedp/3.
La
figure
4 montre la variation du coefficient de décanalisationr(t/Jo)
en fonction del’angle wo
pour différentes valeurs de la distance minimaled’appro-
cheda.
Les valeurs moyennes de T sont :
4. Discussion. - Des
expériences préliminaires, qui
sont
présentées
par ailleurs[7],
concernant la décana- lisation de canalons a par des défautsd’empilement
dans
l’or,
montrent que, pour les directions 112 >comprise
dans lesplans { 111},le
coefficient de déca- nalisation T est d’environ0,24.
L’ordre de
grandeur
du coefficient T calculé ici est donc correct.FIG. 4. - Variation de la probabilité de décanalisation d’un canalon a de 5 MeV par un défaut d’empilement dans l’or, en fonction de son angle d’incidence y/o, pour différentes valeurs de la distance minimale d’approche da : :
En abscisses : f//o = angle d’incidence en radians.
Cependant,
pourpouvoir
comparer valablement les valeurs de T déterminéesexpérimentalement
etthéoriquement,
il faut tenir compte de deux facteursimportants :
a) L’agitation thermique.
- Lesexpériences
expo- sées dans[7]
ont été effectuées à latempérature
ordi-naire,
àlaquelle
on ne peut pas considérer le réseaucomme
rigide. Chaque plan atomique tend,
sous l’effet del’agitation thermique,
à «s’épaissir »
et cela d’au-tant
plus
que latempérature
estplus élevée,
cequi change
la forme dupotentiel
et augmente la distance minimaled’approche.
Un calculcomplet
de ceteffet,
dans le cas du
silicium,
estexposé
dans[11, 12].
L’influence de la
température
se traduit donc parune
augmentation
du coefficient de décanalisation.b)
Distance entrefautes d’empilement.
- Lesexpé-
riencesauxquelles
il vient d’être fait allusion ont été faites sur des tétraèdres de défautsd’empilement.
On a vu que la
longueur
d’oscillation des canalons ocdans l’or peut varier de 850
Á
à 2 300À. Or,
les tétraèdres de défauts ont environ 250
Á
decôté,
dimensionpetite
par rapport au quart de lalongueur
d’oscillation. Il existe donc uneprobabilité
non nulle que des
canalons,
virtuellement décanalisés par une face dutétraèdre,
soient recanalisés par l’autre face(Fig. Id).
La valeur de r déterminéeexpérimentalement
ne peut donc être que par défaut.Par contre, bien que la distance moyenne entre les tétraèdres soit relativement
petite ( ~ 850 Â),
il est peu
probable qu’un
telphénomène puisse
seproduire
entretétraèdres,
un canalon ayant peu de chances de rencontrer successivement deux tétraèdresproches
voisins.un défaut
d’empilement
dans un réseau d’or est enbon
accord,
quant à l’ordre degrandeur,
avecl’expé-
rience. Mais des améliorations relativementsimples
doivent permettre d’améliorer la
comparaison
entre calcul etexpérience :
expérimentales
réaliséesjusqu’alors ;
- des irradiations à très basse
température
seront réalisées(dans
l’héliumliquide,
parexemple),
cequi
permettra de supposer le réseau
rigide
et de se rappro- cher des conditions du calcul effectué ci-dessus.Bibliographie [1] Voir, par exemple, pour un exposé général du pro-
blème : QUÉRÉ (Y.), Annales de Physique, à paraî- tre, 1970.
[2] QUÉRÉ
(Y.),
RESNEAU (J. C.) et MORY (J.), Acad. Sci.Paris, 1966, 262, 1528.
[3] QUÉRÉ
(Y.),
J. Physique, 1968, 29, 215.[4] SCHOBER (T.) et BALLUFFI (R. M.), Phys. Stat. Sol., 1968, 27, 195.
Ibid. Can J. Phys., 1969, 47, 1221.
[5] MERKLE (K. L.), Communication personnelle.
[6] DELSARTE (G.), JOUSSET (J. C.), MORY (J.) et QUÉRÉ
(Y.),
Proc. of the International Conference onAtomic Collisions, Brighton, sept. 1969.
[7] MORY
(J.),
Sous presse dans Radiation Effects.[8] MORGAN (D. V.) et VAN VLIET (D.), Proc. of the International Conference on Atomic Collisions, Brighton, sept. 1969.
[9] LINDHARD (J.), Math. fys. Meddr., 1965, 34, 1.
[10] DATZ (S.), ERGINSOY
(C.),
LEIBFRIED (G.) et LUTZ (H. D.), An. Rev. Nucl. Sci., 1967, 17, 129.[11] ERGINSOY
(C.),
Phys. Rev. Letters, 1965, 15, 360.[12] APPLETON (B. R.), ERGINSOY (C.) et GIBSON (W. M.), Phys. Rev., 1967, 161, 330.