Maˆıtrise de Math´ematiques Universit´e d’Angers
2003/04 D. Schaub
Chapitre 5
Introduction ` a la g´ eom´ etrie alg´ ebrique
5.1 Alg` ebre de polynˆ omes
D´efinition 5.1.1 Soit A un anneau commutatif unitaire, on rappelle qu’un ensemble E est muni d’une structure de A-alg`ebre si E est muni de deux lois internes not´ees (+, ×), E × E → E telles que (E, +, ×) soit un anneau (commutatif unitaire) et une loi externe · : A × E → E telle que (E, +, ·) soit un A-module avec une propri´et´e de compatibilit´e entre “multiplications” : pour tous a ∈ A, x, y ∈ E, (a · x) × y = a · (x × y) (ce qui permet d’´ecrire, en “oubliant” les signes axy).
Remarque : Alternativement, E est une A-alg`ebre si E est un anneau et s’il y a un homomor- phisme d’anneaux unitaires f : A → E (la loi externe est alors d´efinie par ax = f (a)x).
On peut aussi donner la structure d’alg`ebre uniquement par une collection de diagrammes de fl`eches (exercice).
D´efinition 5.1.2 Soient E et F deux A-alg`ebres. Une application f : E → F est un homomor- phisme de A-alg`ebres si f est A-lin´eaire et commute `a la multiplication interne.
On remarquera que l’ensemble des morphismes de A-alg`ebres de E dans F est seulement un sous- ensemble de l’ensemble HomA(E, F ) (par exemple, f + g ne commute pas `a la multiplication interne).
Une sous-alg`ebre d’une A-alg`ebre E est un sous-ensemble F tel que les restricitions des op´erations
“`a” F le munit d’une structure de A-alg`ebre.
Soit E une A-alg`ebre et (Fi)i∈I une collection de sous-alg`ebres de E, Alors l’intersection G =T
i∈IFi est encore une sous-alg`ebre de E.
D´efinition 5.1.3 Soit E une A-alg`ebre et P un sous-ensemble de E. Alors l’intersection des sous-alg`ebres de E contenant P est appel´ee sous-alg`ebre de E engendr´ee par P , not´ee A[P ]. On v´erifie que G est la plus petite sous-alg`ebre de E contenant P ou encore que G = {P
finie ax1· · · xn| a ∈ A, x1, . . . , xn∈ P }.
Remarque : en fait, grˆace `a la commutativit´e de (E, ×), on peut regrouper les produits en affectant les xi d’exposants.
Exemple : les anneaux de polynˆomes `a coefficients dans un anneau A sont munis d’une structure de A-alg`ebre. Ainsi A[X], consid´er´e par exemple comme l’ensemble des suites infinies (ai)i∈N o`u
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tous les ai = 0 sauf un nombre fini, a une structure naturelle de A-module ((ai) + (bi) = (ai+ bi) et λ(ai) = (λai)). On peut aussi d´efinir une multiplication interne par (ai)i× (bi)i = (ci)i o`u ck=P
i=0kaibk−i et v´erifier la propri´et´e de compatibilit´e.
On remarque alors que : l’´el´ement neutre de l’addition est la suite nulle, not´ee 0, l’´el´ement neutre de la multiplication est la suite dont tous les termes sont 0 sauf le premier qui est 1. On d´efinit un monomorphisme d’anneaux A → A[X] par a 7→ a × 1. Enfin, si on note X, qu’on appelle variable la suite dont tous les termes sont 0 sauf le deuxi`eme qui vaut 1, on constate que Xk est la suite dont tous les termes sont nuls sauf le k + 1-i`eme qui vaut 1 et ainsi la suite (a0, a1, . . . , ad, 0, 0, . . .) =Pd
i=0aiXi, c’est l’´ecriture que l’on adoptera. Le nombre entier d s’appelle degr´e de ce polynˆome. On appelle valuation du polynˆome le plus petit entier ν tel que aν 6= 0 et ak = 0, ∀k < ν.
On remarque que A[X] est engendr´ee par X puisque tous les ´el´ements peuent s’´ecrire comme sommes finies du type P λkXk.
On peut de mˆeme d´efinir l’anneau de polynˆomes `a deux variables A[X, Y ] sur A comme l’ensemble des tableaux (matrices) (aij)i,j∈N infinis `a coefficients dans A o`u tous les ´el´ements sont nuls sauf un nombre fini. On d´efinit les op´erations d’une mani`ere analogue `a ci-dessus.
L’´el´ement neutre pour l’addition est alors le tableau constitu´e uniquement de z´eros. L’´el´ement neutre pour la multiplication est le tableau o`u tous les ´el´ements sont nuls sauf le premier qui vaut 1. On note X le tableau tel que tous les ´el´ements sont 0 sauf l’´el´ement a10 = 1 et Y celui pour lequel tout est nul sauf a01 = 1. On constate alors que tout ´el´ement P (X, Y ) de A[X, Y ] peut s’´ecrire P
i,jaijXiYj.
On peut remarquer qu’on peut, comme pr´ec´edemment, plonger A dans A[X, Y ], mais aussi A[X] ou A[Y ] (en effet, l’application A[X] → A[X, Y ] telle que P (X) = Pd
k=0akXk 7→
P ijbijXiYj telle que bij = 0 pour j 6= 0 et bi0 = ai est un monomorphisme d’alg`ebres) et que A[X, Y ] est engendr´ee par X, Y .
On peut enfin remarquer aussi que A[X, Y ] est naturellement isomorphe, en tant que A-alg`ebre, `a l’ag`ebre sym´etrique SA[A2] du A-module libre de rang 2, A2.
On peut bien sˆur g´en´eraliser pour obtenir l’alg`ebre des polynˆomes `a plusieurs variables X1, . . . , Xn et mˆeme les polynˆomes `a un nombre infini de variables.
D´efinition 5.1.4 On dit qu’une A-alg`ebre E est de type fini s’il existe une partie finie P = {x1, . . . , xr} d’´el´ements de E telle que E = A[x1, . . . , xn].
Les exemples d’alg`ebres de polynˆomes `a un nombre fini de variables sont des alg`ebres de type fini.
Proposition 5.1.1 Toute A-alg`ebre commutative unitaire de type fini est isomorphe `a un quo- tient d’un anneau de polynˆomes par un id´eal.
Preuve : Si E est une A-alg`ebre de type fini, soit P = {x1, . . . , xn} une partie g´en´eratrice.
Soit alors φ : A[X1, . . . , Xn] → E d´efinie par φ est l’homomorphisme de A-alg`ebres qui en- voie Xi 7→ xi, i = 1, . . . , n. Par construction, φ est surjective, donc si I d´esigne son noyau, A[X1, . . . , Xn]/I ∼= E.
5.2 Notion d’int´ egralit´ e
D´efinition 5.2.1 Soit B un anneau et A un sous-anneau. On dit qu’un ´el´ement x ∈ B est entier sur A si l’une des 3 conditions ´equivalentes suivantes est v´erifi´ee :
(i) il existe an−1, . . . , a0 ∈ A tels que xn+ an−1xn−1+ · · · + a0= 0 (qu’on appelle ´equation de d´ependance int´egrale de x sur A) ;
5.2. NOTION D’INT ´EGRALIT ´E 53 (ii) A[x], la sous-alg`ebre de B engendr´ee par x, est un A-module de type fini ;
(iii) il existe un A[x]-module fid`ele qui est un A-module de type fini.
Ajoutons encore que, pour un anneau A, un A-module M est dit fid`ele si αM = 0 ⇒ α = 0.
Notons que A est un A-module fid`ele. De plus, si A 6= 0, un A-module fid`ele est n´ecessairement non r´eduit `a 0.
Montrons que ces 3 conditions sont bien ´equivalentes. Les implications (i) ⇒ (ii) ⇒ (iii) sont imm´ediates. En effet, une relation de d´ependance int´egrale de x sur A montre que A[x] est engendr´e par 1, x, . . . , xn−1 et pour la deuxi`eme implication, il suffit de prendre comme module fid`ele A[x] lui-mˆeme.
Il suffit donc de prouver (iii) ⇒ (i). Soit donc M un A[x]-module fid`ele qui soit un A-module de type fini et soient u1, . . . , us un syst`eme de g´en´erateurs de M sur A.
Consid´erons la multiplication par x dans EndA(M ). On a xui = Ps
j=1ajiuj, aji ∈ A, autrement ditP
jδji(x − aji)uj = 0. Alors , si P d´esigne la matrice P = (δji(x − aji)), l’ensemble des relations obtenues se traduit par
P
u1
· · · us
= 0 (∗).
Mais, si ˜P d´esigne la matrice des cofacteurs de P , ˜P P = det(P )I, par cons´equent (∗) ⇒ det(P )
u1
· · · us
= 0, autrement dit det(P )ui= 0 pour tout i = 1, . . . , s, soit encore det(P )M = 0. Comme det(P ) ∈ A et que M est fid`ele sur A, on en d´eduit det(P ) = 0, ce qui se traduit pr´ecis´ement par une relation de d´ependance int´egrale de x sur A.
On peut g´en´eraliser cette notion au cas d’un homomorphisme d’anneaux f : A → B. Un
´el´ement x ∈ B sera dit entier sur A si, notant J = ker(f ), x est entier sur A/J identifi´e au sous-anneau f (A) de B.
D´efinition 5.2.2 Soit f : A → B un homomorphisme d’anneaux. Alors B est entier sur A si tout x ∈ B est entier sur A.
Exemple : soit k ∈ K une extension de corps. Alors K est entier sur k ssi K est alg´ebrique sur k.
Proposition 5.2.1 Soit f : A → B un homomorphisme d’anneaux. L’ensemble des ´elements x ∈ B entiers sur A forme un sous-anneau B0 de B.
Preuve : Soient x, y ∈ B entiers sur A. Il s’agit de montrer que x ± y et xy sont alors entiers sur A. Consid´erons alors M = A[x] et N = A[y]. Alors M N contient 1 donc est fid`ele sur A.
De plus, M N est un A[x ± y]-module puisqu’on sait multiplier M N par x ± y, de mˆeme, c’est un A[xy]-module. De plus, M N est de type fini, puisque sur u1, . . . , usengendre M et v1, . . . , vt engendre N , alors M N peut-ˆetre engendr´e par l’ensemble des uivj. D’o`u d’apr`es la condition (iii), x ± y et xy sont entiers sur A
Proposition 5.2.2 Si B est une A-alg`ebre de type fini, enti`ere sur A, alors B est un A-module de type fini.
Preuve : on proc`ede par r´ecurrence sur le nombre n de g´en´erateurs. Si B = A[x] et B est entier, c’est la condition (ii) qui assure que B est un A-module de type fini. Puis, on consid`ere que B = A[x1, . . . , xn−1][xn]. Par hypoth`ese de r´ecurrence, A[x1, . . . , xn−1] est un A-module de type fini et B est entier sur A implique que, a fortiori, B est entier sur A[x1, . . . , xn−1], d’o`u que B est un A[x1, . . . , xn−1]-module de type fini. Or, de mani`ere gen´erale, si D ⊂ E ⊂ F est une suite d’inclusions d’alg`ebres, et F de type fini sur E et E de type fini sur D, alors F est de type fini sur D. Autrement dit, dans le cas consid´er´e, B est de type fini sur A.
Proposition 5.2.3 Soit f : A → B un homomorphisme d’anneaux, J un id´eal de B, I un id´eal de A tel que f (I) ⊂ J , alors si B est entier sur A, B/J est entier sur A/I.
La preuve est laiss´ee en exercice.
Proposition 5.2.4 Si A → B → C est une suite d’homomorphismes d’alg`ebres, alors B entier sur A et C entier sur B implique que C est entier sur A.
Preuve : Soit x ∈ C. Alors x v´erifie une relation de d´ependance int´egrale xn+ bn−1xn−1+ · · · + b0 o`u bi ∈ B. Soit B1= A[b0, . . . , bn−1] ; alors B1est un A-module de type fini d’apr`es la proposition 5.2.2et est fid`ele. Alors B1[x] qui est un B1-module de type fini, est un A-module de type fini, donc x est entier sur A.
D´efinition 5.2.3 Soit A un sous-anneau de B. On appelle clˆoture int´egrale de A dans B l’en- semble des ´el´ements de B entiers sur A. On dit que A est int´egralement clos dans B, si A est
´egal `a sa clˆoture int´egrale dans B.
Lorsque A est un anneau int`egre. On dit que A est int´egralement clos si A est int´egralement clos dans son corps des fractions.
Proposition 5.2.5 Un anneau int`egre et factoriel est int´egralement clos.
La preuve est laiss´ee en exercice.
Proposition 5.2.6 Soit f : A → B tel que B est entier sur A et S une partie multiplicative de A. Alors S−1f : S−1A → S−1B et S−1B est entier sur S−1A.
Preuve laiss´ee en exercice.
5.3 Le lemme de normalisation
Th´eor`eme 5.3.1 Lemme de Normalisation de Noether Soit A = k[x1, . . . , xn] une alg`ebre de type fini sur un corps k, alors il existe un entier m ≤ n, des ´el´ements y1, . . . , ym ∈ A tels que
1. A soit entier sur k[y1, . . . , ym] ;
2. les yi sont alg´ebriquement ind´ependants sur k (ie. k[y1, . . . , ym] est isomorphe `a un anneau de polynˆomes `a m variables).
Preuve : On proc`ede par r´ecurrence sur n.
Si n = 0, il n’y a rien `a prouver car A en entier sur lui-mˆeme.
Supposons donc que A = k[X1, . . . , Xn]/I o`u I est un id´eal de l’anneau de polynˆomes k[X1, . . . , Xn]. Soit I = {0}, auquel cas il n’y a rien `a prouver, on prend pour yi les xi. Sinon I 6= 0 ; autrement dit, il existe un polynˆome f ∈ I tel que f (x1, . . . , xn) = 0 et, quitte `a r´eindexer les xi, on peut supposer que x1 apparaˆıt effectivement dans l’expression de f .
5.4. TH ´EOR `EME DES Z ´EROS DE HILBERT 55 Choisissons des entiers r2, . . . , rnet posons Zi = Xi−X1ri. On note zil’image de Zidans A. Alors l’inclusion naturelle k[x1, z2, . . . , zn] ⊂ k[x1, x2, . . . , xn] est en fait une ´egalit´e et f (x1, . . . , xn) = 0 ⇔ f (x1, z2+ xr12, . . . , zn+ xr1n) = 0.
D´eveloppons en monˆomes le polynˆome f (X1, Z2+ X1r2, . . . , Zn+ X1n] = P
αaαX1α1· · · Xnαn = P
αaαX1α1(Z2+ X1r2)α2· · · (Zn+ X1rn)αn o`u α = (α1, . . . , αn) est un n-uplet d’entiers et aα = 0 sauf pour un nombre finie de α. Choisissons alors r2, . . . , rn de telle sorte que les sommes α1+ r2α2+ · · · + rnαnsoient 2 `a 2 distinctes (...) pour aα6= 0. Alors si N est un entier sup´erieur
`
a tous ces entiers, on peut ´ecrire : f (X1, Z2+ X1r2, . . . , Zn+ X1n] = aαX1N + g(Zi, X1) o`u g est de degr´e < N en X1, ce qui pr´ecis´ement donne une relation de d´ependance int´egrale de x1 sur k[z2, . . . , zn], puisque aα 6= 0 est inversible.
Par hypoth`ese de r´ecurrence, il existe un entier m ≤ n − 1 et des ´el´ements y1, . . . , ym ∈ k[z2, . . . , zm] tels que
1. k[z2, . . . , zn] est entier sur k[y1, . . . , ym]
2. les yi sont alg´ebriquement ind´ependants sur k.
D’o`u k[x1, . . . , xn] = k[x1, z2, . . . , zn] est entier sur k[z2, . . . , zn] qui est lui-mˆeme entier sur k[y1, . . . , ym], donc k[x1, . . . , xn] est entier surk[y1, . . . , ym].
D´efinition 5.3.1 0n appelle m le degr´e de transcendance de A sur k. On peut montrer que celui-ci est ´egal au nombre maximal d’´el´ements alg´ebriquement ind´ependants de A.
5.4 Th´ eor` eme des z´ eros de Hilbert
Nous allons d’abord prouver un r´esultat interm´ediaire : le Going-up theorem sous sa forme faible.
Th´eor`eme 5.4.1 Soit A → B un monomorphisme d’anneaux tel que B soit entier sur A, alors si B est un corps, A est un corps.
Preuve : clairement, si B est int`egre, alors A (comme sous-anneau par exemple) est int`egre. Il suffit donc de montrer que tout ´el´ement non nul de A est inversible dans A. Soit donc a ∈ A, a 6= 0. Comme a ∈ A, a ∈ B, donc 1/a ∈ B. Donc 1/a est entier sur A, autrement satisfait `a une relation de d´ependance int´egrale
1
an + αn−1 1
an−1 + · · · + α11
a+ α0 = 0.
En multipliant cette relation par an−1, on obtient 1
a + αn−1+ αn−2a + · · · + α1an−1+ α0an= 0, autrement dit 1a ∈ A.
le th´eor`eme suivant est plus souvent r´ef´erenc´e par son nom allemand Hilbert Nullstellensatz dans la litt´erature, c’est le th´eor`eme des z´eros de Hilbert :
Th´eor`eme 5.4.2 Soit k un corps alg´ebriquement clos, A = k[X1, . . . , Xn] un anneau de poly- nˆomes `a n ind´etermin´ees. Les id´eaux maximaux de A = k[X1, . . . , Xn] sont tous de la forme (X1− a1, . . . , Xn− an), ai∈ k.
Remarquons tout de suite que ce th´eor`eme est faux si k n’est pas alg´ebriquement clos. En effet, d´ej`a dans R[X], il existe des id´eaux maxiamux qui ne sont pas de la forme (X − a) ; par exemple, l’id´eal (X2+ 1) engendr´e par X2+ 1 (car R[X]/(X2+ 1) est en fait isomorphe `a C).
Preuve : Il est bien clair que l’id´eal I engendr´e par X1 − a1, . . . , Xn− an est un id´eal maxi- mal, car le quotient de A par cet id´eal est k comme le montre la surjection de k-alg`ebres
k[X1, . . . , Xn] //k qui envoie Xi sur ai dont le noyau est pr´ecis´ement l’id´eal I.
Inversement, soit m un id´eal maximal de A. Donc A/m = R est un corps. Du lemme de normalisation, on d´eduit alors l’existence d’´el´ements y1, . . . , ym ∈ R, m ≤ n tels que R est entier sur k[y1, . . . , ym] et ce dernier est isomorphe `a un anneau de polynˆomes `a m ind´etermin´ees.
Par le “Going-up”, R ´etant un coprs, on en d´eduit que k[y1, . . . , ym] est un corps, d’o`u que m= 0 (en effet, supposons m > 0, comme k[y1, . . . , ym] est un corps, y1
1 y appartient, donc peut s’´ecrire y1
1 = P (y1, . . . , ym), o`u P d´esigne un polynˆome, autrement dit y1P (y1, . . . , ym) = 1, ce qui fournit une relation alg´ebrique entre les yi et donc contredit leur ind´ependance alg´ebrique).
Donc R = k[X1, . . . , Xn]/m est entier (alg´ebrique) sur k et comme k est alg´ebriquement clos, cela signifie que la surjection π : k[X1, . . . , Xn]/m → k, d´efinie par les images π(Xi) et envoyant 1 sur 1, est un isomorphisme, donc, en posant ai = π(Xi), on obtient que m est un id´eal maximal contenant tous les Xi − ai, donc contenant l’id´eal (qui est maximal !) (X1− a1, . . . , Xn− an), d’o`u l’´egalit´e.
Le th´eor`eme des z´eros dit essentiellement que, pour un corps alg´ebriquement clos, il y a bijection entre les n-uples (a1, . . . , an) ∈ kn et les id´eaux maximaux de k[X1, . . . , Xn].
5.5 Notion d’ensemble alg´ ebrique
On consid`ere toujours k alg´ebriquement clos.
D´efinition 5.5.1 Soit I un id´eal de k[X1, . . . , Xn]. I peut ˆetre engendr´e par un nombre fini d’´el´ements (par noeth´erianit´e), I = (f1, . . . , fs). On appelle ensemble alg´ebrique ferm´e d´efini par I, on note V (I) l’ensemble V (I) = {x ∈ kn | g(x) = 0, ∀g ∈ I}.
Remarque : x ∈ V (I) ⇔ f1(x) = f2(x) = · · · = fs(x) = 0.
Soit E ⊂ kn un sous-ensemble, on note
I(E) = {f ∈ k[X1, . . . , Xn] | f (x) = 0, ∀x ∈ E}.
Proposition 5.5.1 I(E) est un id´eal de k[X1, . . . , Xn].
Preuve : Soient f, g ∈ I(E), alors f (x) = g(x) = 0, ∀x ∈ E, d’o`u (f g)(x) = 0 et (hf )(x) = 0 pour tout h ∈ k[X1, . . . , Xn].
Th´eor`eme 5.5.1 (forme forte du th´eor`eme des z´eros) Soit I un id´eal de k[X1, . . . , Xn]. Alors I(V (I)) =
√
I = \
I⊂p premier
p = {g ∈ k[X1, . . . , Xn] | ∃` t.q. g`∈ I}.
Preuve : On a clairement l’inclusion √
I ⊂ I(V (I)) puisque g ∈ √
I ⇒ ∃s tq. gs ∈ I et gs(x) = 0 ⇒ g(x) = 0 (l’anneau de polynˆomes est int`egre).
Etudions l’inclusion inverse. On veut montrer que g ∈ I(V (I)) ⇒ g ∈√
I. Soit f1, . . . , f` un syst`eme de g´en´erateurs de I. Consid´erons l’anneau k[X1, . . . , Xn, Xn+1] et J l’id´eal engendr´e par I et 1 − Xn+1g, ie. J = (f1, . . . , f`, 1 − Xn+1g).
Il y a alors 2 possibilit´es :
(1) J ⊂ m id´eal maximal de k[X1, . . . , Xn+1] (2) J = k[X1, . . . , Xn+1].
5.6. TOPOLOGIE SUR KN 57 Montrons que (1) est impossible. D’apr`es le Nullstellensatz, on sait que m peut s’´ecrire m = (X1− a1, . . . , Xn− an, Xn+1− an+1). De l’inclusion J ⊂ m, on d´eduit alors que fi(a1, . . . , an) = 0 ∀i = 1, . . . , ` et 1 − an+1g(a1, . . . , an) = 0. Or, puisque g ∈ I(V (I)), g(a1, . . . , an) = 0, on en d´eduit donc 1 = 0, ce qui est absurde.
Nous nous trouvons donc dans le cas (2). On peut donc ´ecrire
(∗) 1 =
`
X
i=1
hi(X1, . . . , Xn+1)fi(X1, . . . , Xn) + h(X1, . . . , Xn+1)(1 − Xn+1g(X1, . . . , Xn)).
Soit alors l’homomorphisme d’anneaux k[X1, . . . , Xn] → k(X1, . . . , Xn+1) d´efini par Xi 7→
Xi pour tout i = 1, . . . , n et Xn+17→ 1/g.
Alors (*) devient, dans l’image, 1 = P`
i=1hi(X1, . . . , Xn, 1/g)fi+ 0, autrement dit, en multipliant par une puissance suffisante de g, gs =P`
i=1h0i(X1, . . . , Xn)fi ∈ I.
D´efinition 5.5.2 Soit E un ensemble alg´ebrique ferm´e de kn, l’anneau k[X1, . . . , Xn]/I(E) est appel´e l’anneau de l’ensemble alg´ebrique ferm´e E, on le note g´en´eralement A(E).
Exemples : k, kn, un nombre fini de points dans kn, la parbole y = x2, la cubique “`a cusp” y2= x3, etc ... sont des ensembles alg´ebriques. Lorsque k est infini, alors k et kn sont irr´eductibles, le sous-ensemble de k2, V (XY ) n’est pas irr´eductible.
Remarque : Le th´eor`eme des z´eros signifie qu’il y a une bijection, renversant les inclusions, entre les ensembles alg´ebriques ferm´es et les id´eaux de k[X1, . . . , Xn] ´egaux `a leur racine.
En effet, si J est un id´eal de k[X1, . . . , Xn] de la forme J = I(E), alors pI(E) = {f ∈ k[X1, . . . , Xn]; ∃s tq.fs(x1, . . . , xn) = 0, ∀(x1, . . . , xn) ∈ E}, ce qui co¨ıncide avec {f ∈ k[X1, . . . , Xn]; f (x1, . . . , xn) = 0, ∀(x1, . . . , xn) ∈ E} = I(E) = J . Inversement, si J = √
J , comme
√
J = I(V (J ), J est bien l’id´eal de l’ensemble alg´ebrique ferm´e V (J ).
5.6 Topologie sur k
nProposition 5.6.1 Etant donn´es des id´eaux de k[X1, . . . , Xn], les faits suivants sont v´erifi´es : 1. J ⊂ J0⇒ V (J0) ⊂ V (J ) ⇒√
J ⊂√ J0 2. T
i∈IV (Ji) = V (P
i∈IJi) 3. V (Tn
i=1Ji) =Sn
i=1V (Ji).
Preuve : Les preuves sont imm´ediates. En ce qui concerne le premier point, V (J0) est l’ensemble des x ∈ kn tels que g(x) = 0, pour tout g ∈ J0; or J ´etant inclus dans J0, a fortiori, g(x) = 0, pour tout x ∈ J , donc x ∈ V (J ). D’autre part, f ∈ I(V (J )) si f (x) = 0 pour tout x ∈ V (J ), donc, a fortiori, f (x) = 0 pour tout x ∈ V (J0) ⊂ V (J ), donc f ∈ I(V (J0)).
Pour le deuxi`eme point, soit x ∈ ∩i∈IV (Ji), alors x ∈ V (Ji), pour tout i, donc f (x) = 0 ∀f ∈ Ji, d’o`u pour tout f ∈P
iJi. L’inclusion inverse est imm´ediate puisque Ji ⊂P
iJi. Enfin, il suffit de montrer cette ´egalit´e pour deux id´eaux, le r´esultat g´en´eral s’en d´eduit par r´ecurrence. Montrons donc que V (J1∩ J2) = V (J1) ∪ V (J2). L’inclusion V (J1) ∪ V (J2) ⊂ V (J1 ∩ J2) r´esulte imm´ediatement de J1, J2 ⊂ J1∪ J2 et de 1. Pour la r´eciproque, supposons qu’il existe x ∈ V (J1 ∩ J2) qui n’appartienne pas `a la r´eunion V (J1) ∪ V (J2). Alors, il existe f1∈ J1, f2 ∈ J2 tels que f1(x) 6= 0, f2(x) 6= 0, d’o`u f1f2(x) 6= 0. Mais le produit f1f2∈ J1∩ J2; ce qui est contradictoire. Notons au passage que nous avons aussi montr´e que V (J1 ∩ J2) = V (J1J2) = V (J1) ∪ V (J2).
Cons´equence : les ensembles alg´ebriques ferm´es de knforment les ferm´es d’une topologie appel´ee topologie de Zariski.
Un ouvert de kn pour la tolpologie de Zariski est donc le compl´ementaire d’un ensemble alg´ebrique ferm´e. L’ensemble kn muni de cette topologie est appel´e espace affine.
Exemple : si n = 1, les ensembles alg´ebriques sont constitu´es d’un nombre fini de points (l’espace des z´eros d’un nombre fini de polynˆomes ; en r´ealit´e, puisque k[X] est principal, il suffit d’un polynˆome) ; les ouverts sont donc constitu´es de toute la “droite” affine priv´ee d’un nombre fini de points ; ce sont des ensembles denses dans k.
D´efinition 5.6.1 Un sous-ensemble non vide Y d’un espace topologique X est dit irr´eductible s’il n’existe pas Y1, Y2, deux sous-ensembles stricts, ferm´es dans Y , tels que Y = Y1∪ Y2. Exemple : k est irr´eductible car ses seuls ferm´es sont des nombres finis de points, donc toute r´eunion de deux tels sous-ensemble est finie, or k ´etant alg´ebriquement clos est infini.
Cette d´efinition se traduit en ce qui concerne les ensembles alg´ebriques par :
D´efinition 5.6.2 Un sous-ensemble alg´ebrique ferm´e E de kn est irr´eductible s’il n’est pas la r´eunion de deux sous-ensembles alg´ebriques stricts de E. On appelle “vari´et´e alg´ebrique affine”
un ensemble alg´ebrique ferm´e irr´eductible d’un kn, muni de la topologie induite.
Th´eor`eme 5.6.1 Un sous-ensemble alg´ebrique E de kn est irr´eductible ssi l’id´eal I(E) est premier. De plus, tout sous-ensemble alg´ebrique est la r´eunion finie d’ensembles irr´eductibles.
Il nous faut tout d’abord un
Lemme 5.6.1 Soit A un anneau noeth´erien, alors tout id´eal de A qui est intersection d’id´eaux premiers est intersection finie d’id´eaux premiers.
Preuve : Supposons que le r´esultat soit faux et consid´erons J maximal parmi les id´eaux inter- section d’id´eaux premiers qui ne sont pas intersection finie. Alors, bien sˆur, J n’est pas premier, donc, il existe α∈/J, β∈/J tels αβ ∈ J . Alors, si J = ∩t∈Tpt, αβ ∈ pt pour tout t ∈ T .
Soit alors T0 = {t ∈ T ; α ∈ pt} et T00 = {t ∈ T ; β ∈ pt}. On a T = T0 ∪ T00. Soient J0 = ∩t∈T0ptet J00 = ∩t∈T00pt. Alors J = J0∩ J00. Or J ⊂ J0, J 6= J0 et J ⊂ J00, J 6= J00, puisque α ∈ J0 et α∈/ ∈ J et β ∈ J0, β∈/J . Ce qui implique, par la propri´et´e de maximalit´e de J , que J0 et J00 sont tous deux intersection finie d’id´eaux premiers, et par voie de cons´equence, J aussi, ce qui est impossible.
Preuve du th´eor`eme : d’apr`es le lemme pr´ec´edent, il suffit de prouver que l’´equivalence de E irr´eductible et I(E) premier. Supposons I(E) premier et E non irr´eductible, alors E = E0∪ E00, E0, E00⊂ E strictement, d’o`u I(E) ⊂ I(E0), I(E) ⊂ I(E00) strictement aussi.
Mais, de E = E0∪ E00, on d´eduit imm´ediatement, par la proposition ci-dessus, que I(E) = I(E0) ∩ I(E00), donc I(E) n’est pas premier. En effet, si α ∈ I(E0), ∈/I(E), β ∈ I(E00), ∈/I(E), alors αβ ∈ I(E0) ∩ I(E00) = I(E).
R´eciproquement, supposons que I(E) n’est pas premier, alors I(E) =pI(E) est l’intersection des id´eaux premiers qui contiennent I(E), d’o`u est intersection finie de tels id´eaux. Ecrivons, I(E) = ∩`i=1pi, ` ≥ 2, o`u l’on suppose ` minimal. Alors, d’apr`es la porposition ci-dessus, E =
∪V (pi). Mais, si E0 = V (∩i6=jpi) et E00 = V (pi), on a E = E0 ∪ E00, alors que E 6= E0, E00, par minimalit´e de `. Donc, E n’est pas irr´eductible.
D´efinition 5.6.3 Un espace topologique X est dit noeth´erien s’il satisfait `a la condition de chaˆıne descendante pour les ferm´es, c’est-`a-dire : toute suite d´ecroissante Y1 ⊇ Y2 ⊇ . . . de ferm´es est stationnaire ie. il existe un entier r tel que Yr= Yr+1 = . . ..
5.7. VARI ´ET ´ES PROJECTIVES 59 Exemple : knest un espace topologique noeth´erien, car si Y1 ⊇ Y2⊇ . . . est une suite d´ecroissante deferm´es, il lui correspond une suite croissante d’id´eaux I(Y1) ⊆ I(Y2) ⊆ . . . de k[X1, . . . , Xn] qui stationne puisque k[X1, . . . , Xn] est un anneau noeth´erien.
On peut d´emontrer (en TD), d’une mani`ere assez voisine du th´eor`eme ci-dessus, un r´esultat analogue sur les espaces topologiques :
Proposition 5.6.2 Dans un espace topologique noeth´erien X, tout sous-ensemble ferm´e non vide Y peut s’exprimer comme r´eunion finie Y = Y1∪ Y2∪ · · · ∪ Yr de ferm´es irr´eductibles. Si on suppose de plus que Yj⊂/Yi si i 6= j, alors les Yi sont uniques. On les appelle “composantes irr´eductibles de Y ”.
On retrouve ainsi le r´esultat pr´ec´edent comme corollaire, avec en plus l’unicit´e.
D´efinition 5.6.4 La dimension d’un espace topologique X est le plus grand entier n tel qu’il existe une chaˆıne Z0 ⊂ Z1 ⊂ · · · ⊂ Zn d’ensembles ferm´es irr´eductibles distincts de X. La dimension d’une vari´et´e affine sera sa dimension en tant qu’espace topologique.
D´efinition 5.6.5 Dans un anneau A, la hauteur d’un id´eal premier p est le plus grand entier n tel qu’il existe une chaˆıne d’id´eaux premiers distincts p0 ⊂ p1 ⊂ · · · ⊂ pn. La dimension (de Krull) d’un anneau A est la borne sup´erieure des hauteurs de tous ses id´eaux premiers.
Exemple : On peut montrer que la dimension de k[X1, . . . , Xn] est n (voir Serre, Matsumura, Atiyah-McDonald, etc...).
5.7 Vari´ et´ es projectives
Soit toujours k un corps alg´ebriquement clos. On d´efinit Pnk comme l’ensemble des classes d’´equivalences de n + 1-uplets (a0, . . . , an) pour la relation (a0, . . . , an) ∼= (λa0, . . . , λan), pour tout λ ∈ k, λ 6= 0. Un point P de Pnk est donc repr´esent´e par un n + 1-uplet (a0, . . . , an), qui est un syst`eme de coordonn´ees homog`enes de P .
Soit S = k[X0, . . . , Xn] ; c’est un anneau gradu´e par le degr´e total. Si f est un polynˆome homog`ene de degr´e d, alors f (λa0, . . . , λan) = λdf (a0, . . . , an), pour tout λ ∈ k, λ 6= 0. On peut donc consid´erer les sous-ensembles de Pnk de la forme Z(f ) = {P ∈ Pnk; f (P ) = 0}, et, plus g´en´eralement, Z(T ) = {P ∈ Pnk; f (P ) = 0 ∀f ∈ T } o`u T est un ensemble de polynˆomes homog`enes. En particulier, si I est un id´eal homog`ene, il peut ˆetre engendr´e par des polynˆomes homog`enes (en nombre fini) f1, . . . , fs et on peut d´efinir Z(I) = {P ∈ Pnk; fi(P ) = 0, i = 1, . . . , s}.
D´efinition 5.7.1 Un sous-ensemble Y ⊂ Pnk est un ensemble alg´ebrique s’il existe un ensemble de polynˆomes homog`enes T tel que Y = Z(T ).
On a des r´esultats analogues `a ceux de la section pr´ec´edente qui permettent de faire des ensembles alg´ebriques des ferm´es d’une topologie appell´ee topologie de Zariski de Pnk.
D´efinition 5.7.2 Une vari´et´e alg´ebrique projective est un ensemble alg´ebrique irr´eductible d’un Pnk muni de la topologie induite par la topologie de Zariski.
Si Y ⊂ Pnk est un sous-ensemble, l’id´eal homog`ene associ´e `a Y est {f ∈ S; f est homog`ene et f (P ) = 0 ∀P ∈ Y } et si Y est un ensemble alg´ebrique, on d´efinit l’anneau des coordonn´ees homog`enes de Y comme S(Y ) = S/I(Y ).
Remarque : On peut recouvrir Pnk par n ouverts affines et, par suite, toute vari´et´e alg´ebrique de Pnk peut ˆetre recouverte par des vari´et´es affines.
5.8 Morphismes
D´efinition 5.8.1 Soient V ⊂ kn et W ⊂ km deux vari´et´es alg´ebriques affines et φ : V → W une application pouvant ˆetre ´ecrite φ = (φ1, . . . , φn) o`u φi : V → k. On dit que φ est r´eguli`ere (ou un morphisme) si les φi sont polynomiales.
Proposition 5.8.1 Soit φ : V → W un morphisme. Alors ˜φ : A(W ) → A(V ) d´efinie par φ(f ) = f ◦ φ est un homomorphisme de k-alg`˜ ebres.
La preuve en est imm´ediate.
Pour effectuer le calcul de ˜φ, on peut proc´eder de la mani`ere suivante. On a A(W ) = k[Y1, . . . , Ym]/I(W ) et A(V ) = k[X1, . . . , Xn]/I(V ). Notons ηi : W ⊂ km la i-`eme fonction coordonn´ee W → k. Alors ˜φ(ηi) = φi. Or les φi sont des restrictions `a V de polynˆomes Pi(X1, . . . , Xn), alors ˜φ est d´efini par
φ :˜ k[Y1, . . . , Ym]/I(W ) → k[X1, . . . , Xn]/I(V )
Yi 7→ Pi .
De plus, si φ(x) = y, on v´erifie aussitˆot que ˜φ−1(mx) = my o`u mx= {f ∈ A(V )|f (x) = 0}
(= I({x})) est un id´eal maximal de k[X1, . . . , Xn] (et de mˆeme en y).
Proposition 5.8.2 L’application Hom(V, W ) → Homk(A(W ), A(V )) donn´ee par φ 7→ ˜φ est bijective.
Preuve : Cette application est injective. Si φ, ψ : V → W sont deux applications r´eguli`eres telles que ˜φ = ˜ψ, alors, comme on le voit sur leurs composantes, φ = ψ (en effet : φi = ˜φ(ηi) = ˜ψ(ηi) = ψi).
Pour la surjectivit´e, soit θ : A(W ) → A(V ) un homomorphisme de k-alg`ebres. Posons φi= θ(yi) ∈ A(V ). Soit F (Y1, . . . , Ym) ∈ I(W ) et x ∈ V , alors F (φ(x)) = F (θ(y1), . . . , θ(ym))(x) = θ(F (y1, . . . , ym)). Or F (y1, . . . , ym) est l’image dans le quotient A(W ) du polynˆome F (Y1, . . . , Ym).
Or cet ´el´ement est nul, donc φ est `a valeurs dans W et θ = ˜φ.
Th´eor`eme 5.8.1 Supposons k alg´ebriquement clos. Il y a une ´equivalence de cat´egories entre la cat´egorie des k-alg`ebres de type fini r´eduites munis des homomorphismes de k-alg`ebres et la cat´egorie des ensembles alg´ebriques affines munis des applications r´eguli`eres.
Preuve : Une k-alg`ebre A de type fini est isomorphe `a k[X1, . . . , Xn]/I et comme A est r´eduite, I =√
I. Si V = V (I), on a alors I(V ) =√
I = I par le nullstellensatz, et donc A(V ) ∼= A.
D´efinition 5.8.2 Soit φ : V → W un morphisme. Alors φ est un isomorphisme ssi φ est bijectif et φ−1 est un morphisme.
Corollaire 5.8.1 Soit φ : V → W un morphisme. Alors φ est un isomorphisme ssi ˜φ est un isomorphisme de k-alg`ebres ; ce qu’on peut ´ecrire V ∼= W ssi A(V ) ∼= A(W ).
Exemples : 1. La parabole P = V (Y − X2) est isomorphe `a une droite. L’application V → D d´efinie par (x, x2) 7→ x est un morphisme dont l’inverse est x 7→ (x, x2). Mais, on a aussi A(V ) = k[X, Y ]/(Y − X2) ∼= k[T ] = A(D) o`u X 7→ T, Y 7→ T2.
2. Au contraire, la cubique C = V (Y2 − X3) n’est pas isomorphe `a une droite ; en effet A(C) = k[X, Y ]/(Y2− X3) ∼= k[T, T2] ⊂ k[T ] et n’est donc pas isomorphe `a un k[Z].
Bibliographie
[1] S. LANG, Alg`ebre, Addison-Wesley.
[2] M.F. ATIYAH, I.G. MACDONALD, Introduction to Commutative Algebra, Addison Wesley Publishing.
[3] R. GODEMENT, Cours d’Alg`ebre, Herrmann
[4] H. MATSUMURA, Commutative Algebra, Benjamin.
[5] N. BOURBAKI, Alg`ebre
[6] S. MAC LANE, G. BIRKHOFF, Alg`ebre 2, les Grands Th´eor`emes, Gauthier-Villars.
[7] J.P. SERRE, Repr´esentation lin´eaire des groupes finis.
[8] FULTON, HARRIS, Representations, Springer.
[9] O. ZARISKI, P. SAMUEL, Commutative Algebra, Van Nostrand.
61
Table des mati` eres
5 Introduction `a la g´eom´etrie alg´ebrique 51
5.1 Alg`ebre de polynˆomes . . . 51
5.2 Notion d’int´egralit´e. . . 52
5.3 Le lemme de normalisation . . . 54
5.4 Th´eor`eme des z´eros de Hilbert . . . 55
5.5 Notion d’ensemble alg´ebrique . . . 56
5.6 Topologie sur kn . . . 57
5.7 Vari´et´es projectives. . . 59
5.8 Morphismes . . . 60
63