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Luminosité et netteté des images optiques
P. Fleury
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE
RADIUM
.LUMINOSITÉ
ETNETTETÉ
DES IMAGESOPTIQUES (1)
Par M. P. FLEURY.
Conservatoire National des Arts et Métiers et Institut
d’Optique,
Paris.Sommaire. 2014 Examen d’ensemble des rectifications
qu’imposent les résultats de divers travaux
récents aux notions classiques concernant la clarté, le pouvoir séparateur et les aberrations tolérables
dans les instruments visuels.
StRIE YIII. - TOME V. N° 10. OCTOBRE 19~,~.
I. Intérêt d’une révision de certaines notions fondamentales. - Avec la couleur
(que
nouslaisserons de côté pour ne pas
surcharger
cetexposé),
la luminosité et la netteté sont les
qualités
primor-diales des
images
visuelles ou instrumentales : d’oùl’importance
d’une détermination convenable de laclarté,
dupouvoir séparateur,
et des conditions de correctionoptimum
dessystèmes
optiques.
Dans le cas des instruments associés à
l’oeil,
les raisonnementsclassiques s’appuient
sur despro-positions
telles que les suivantes :10 La luminosité des
images
rétiniennes estpro-portionnelle
à la surface depupille
traversée par lefaisceau
qui
les forme.2° Sauf aux très faibles brillances
(ou lorsqu’il
y a
éblouissement)
la limite deséparation angulaire
de l’0153il est de l’ordre de i minute.
30 Pour que deux taches de
diffraction,
images
de deux sources
ponctuelles
d’intensitéscompa-rables,
puissent
êtredistinguées
l’une del’autre,
il faut que la distance de leurs centres soit au moins
égale
au rayon de chacune d’elles.4~
Enfin,
l’influence des aberrations sur la netteté devientnégligeable
parrapport
à celle de ladif-fraction dès que l’écart entre la surface d’onde réelle
et la
sphère
osculatrice estpartout
inférieurà 4
Cette dernière affirmation résulte d’unraison-(1) Un résumé de cet exposé a été présenté le 18 février g1~4 à la Société Française de Physique.
nement
approché
de lordRayleigh,
les deuxprécé-dentes sont admises comme résultats
d’expérience,
la
première paraît
évidente....Or,
toutes sont endésaccord avec les résultats de certaines recherches
modernes.
Fig. 1. - Limite de
séparation oculaire s en fonction du
diamètre pupillaire w, pour les mires de Foucault
(con-traste y, brillance des parties claires B). ( D’après Arnulf.)
Nous reviendrons sur les très beaux travaux de
M. Arnulf
[1,2],
et surd’autres,
inspirés
par eux, etpoursuivis,
comme eux, à l’Institutd’Optique;
dèsmaintenant,
l’examen des courbes desfigures 1
218
et 2
2
montreu’il
estimpossible
de caractériser par un seul nombre lepouvoir séparateur
del’oeil.
Fig. 2. - Limite de séparation oculaire s
en fonction du
diamètre pupillaire w, pour les mires de Foucault
(con-traster, brillance des parties claires B). ( D’après Arnulf . )
D’autre
part,
Stiles etCrawford
ontmontré,
en
1933,
et diversphysiciens
ont confirmé[3
à8]
que l’eff~cacité lumineuse d’unpinceau
de rayonsFig. 3. -
Exemple de variation de l’intensité apparente l,. d’une source de lumière, observée à travers un diaphragme
étroit placé contre l’oeil, en fonction de la distance
hori-zontale r du centre de la pupille au centre du
dia-phragme. (D’après Stiles et
Crawford.)
qui pénètre
à travers une étroiteportion
de lapupille
varie avec sa distance r au centre de celle-ci.(2) Les définitions utiles seront précisées plus loin.
Cette
variation,
qui dépend
del’observateur,
de la brillance desplages observées
et même de leurcouleur,
est, dans les casusuels,
considérablet f g. 3);
on doit en tenircompte
si l’on cherche àexprimer
correctement la clarté.Il semble par suite utile de réviser les notions
traditionnelles,
pour rectifier dans la mesure dubesoin les
conséquences qu’on
en a déduitesjusqu’ici;
nous allons tenter deprésenter
une vuegénérale
sur cesujet,
dont les diversaspects
feront bientôt de lapart
de ceuxqui
les étudient actuellementl’objet
d’exposés plus
détaillés.z
II.
Clarté,
contrastes. - Considérons d’abordle cas
(le plus simple
possible)
où l’on observe uneplage unique,
de brillance uniforme B0).
Le dia-mètre mauquel
sefixe,
après adaptation,
lapupille
d’entrée de
l’oeil,
est une fonction de B, très variableselon les
observateurs,
pourlaquelle
onpeut
admettreprovisoirement
les valeurs moyennesreprésentées
par la
figure 4 (4);
maislorsqu’on
observe à traversun
instrument,
l’ouverture depupille
réellementutilisée est souvent réduite.
Fig. 4. - Diamètre cl de la
pupille d’entrée de l’oeil moyen
en fonction de la brillance B de la plage observée
(abs-cisses logarithmiques). ( D’après Reeves.)
Avant la découverte de l’effet
Stiles-Crawford,
on considérait l’éclairement de
l’image
rétiniennecomme
proportionnel
à B et à CV2 : nous sommesconduits désormais à faire intervenir un éclairement
($) Rappelons que la brillance B d’un petit élément de surface a pour mesure le quotient de son intensité lumineuse par la projection de son aire sur un plan normal à la direc-tion d’utilisadirec-tion. On peut évaluer les brillances en bougies
par cm2, appelées stllbs, ou encore en bougies par m2, appelées
nits. Nous utiliserons cette dernière unité ( nit = I 0-4 sb) qui convient bien pour l’étude des corps non lumineux par eux-mêmes; une surface parfaitement diffusante et non
absorbante a une brillance de nit lorsqu’elle reçoit un
éclairement der lux. Le mécanisme de la vision crépusculaire
ou nocturne intervient dans le cas des brillances inférieures à
quelques centièmes de nit.
(4) Un seul des deux yeux est supposé ouvert : ce serait
219
rétinien cc
efficaces »
de la forme e = k Bm2 z, k
étantune constante, pour un oeil
donné,
et X
unfacteur,
fonction de m et de B,
qu’on peut
calculer àpartir
de données telles que celles
représentées
sur lafigure
3,
ou mieux mesurer directement. Auxbril-lances
usuelles,
nous admettrons pour X les valeursindiquées
ci-contre(~g. 5),
en attendant les résultatsd’une étude
portant
sur ungrand
nombred’obser-vateurs, et sur des valeurs échelonnées de B.
(On
sait dès maintenantqu’en
visionnocturne x
diffère peu del’unité, l’effet Stiles Crawford étant
alors trèsatténué).
Pour comparer correctement diverses observations
visuelles,
il est nécessaire de connaître les valeurscorrespondantes
desproduits Bm2 x (~).
Si,
enparti-culier,
on observe uneimage
fournie par uninstru-ment,
sa brillance B’est,
dans le cas des rayonsparaxiaux, égale, d’après
un raisonnement connu,à celle B de
l’objet, multipliée
par lerapport
n2,
des112
carrés des indices des milieux
image
etobjet
et par lef acteur
de transmissionphotométrique
z del’ins-trument. Posons donc B’ = KB.
Soit w’ le diamètre de la
pupille
d’entrée del’oeil,
telle
qu’elle
est ouverte derrièrel’instrument;
w’
dépend
de B’ comme mdépend
de B.Supposons
que la
pupille
de sortie de l’instrument ait undia-mètre
o’,
que l’oeil soit dans sonplan (s)
et centré surelle,
etappelons
Mi laplus petite
des deuxlongueurs
o’ et (,)1: l’éclairement rétinienefficace,
dans la visioninstrumentale,
este’ = k B ú) î XiJ
X1 étant la valeur du facteur de Stiles et Crawfordrelative au diamètre de
pupille
Ú)1 et à labril-lance B’.
La clarté
Ci
del’instrument,
dans les conditionsd’emploi
considérées,
est par convention mesuréee, w z
par le
rapport
e- ’
Sa valeur estdonc,
non pasK w
,e
comme on l’admettait
naguère,
maisC1= K
‘-’1 ? 1
Ellepeut
varier avecB,
et si Mi est sensiblementplus petit
que M, le facteur correctifX1
se trouve(aux
brillances noncrépusculaires)
trèssupérieur
à l’unité.L’instrument reste bien
caractérisé,
aupoint
de vue de saluminosité,
par les valeurs de K eto’,
mais il est nécessaire de tenir
compte
des variationsde m, (,)1, X et Z,, avec B et B’. Une discussion
détaillée a été
préparée
par M.Arnulf,
et serabientôt
publiée.
Bornons-nous ici à remarquer quela recherche d’une
grande
clartéimporte
surtoutlorsque
la brillance del’image risque
de devenir assez(6) Troland avait proposé de donner à l’unité d’éclairement
rétinien correspondant à une surface de pupille de mm et à une brillance observée de nit le nom de « photon ".
Mais on sait que ce vocable a reçu une autre affectation.
(e) Nous laissons de côté le cas des instruments à disque oculaire virtuel.
faible pour que la vision des détails s’en trouve notalement réduite
(voir §
III).
Les {~ lunettesde nuit » méritent à ce
point
de vue une étudetoute
spéciale.
Fig. 5. - Valeurs
relatives Z de l’éclairement rétinien
effi-cace, en fonction du diamètre pupillaire c~. (Calculées par
Arnulf d’après des données de Crawford.)
On sera souvent conduit à éviter de rendre le
disque
oculaire trèspetit,
donc à limiter legrossis-sement. On cherchera
aussi,
bienentendu,
àaug-menter le facteur de transmission ’r, ce que
permet,
dans une mesure
parfois importante,
latechnique
récente des « traitements de surface »
[9, io].
Enréduisant l’influence des
réflexions,
ces traitementsont en outre
l’avantage
de contribuer à diminuerla lumière
parasite :
onappelle
ainsi la lumièrediffusée ou réfléchie
plusieurs
foisqui parvient
surun
point image
sansprovenir
dupoint objet
corres-pondant ;
elle est non seulementinutile,
mais comme nous le verrons,parfois
très nuisible(7).
Lorsque
les faisceaux utiles sontlargement
ouverts,
ou que lespoints
observés sont assez écartés del’axe,
lespertes
par réflexion ouabsorption
sontaugmentées,
d’où une diminution des(souvent
négligeable,
il estvrai).
Mais en outre, pour tenircompte
del’obliquité
des rayons issus de la sourceou arrivant sur
l’image,
ainsi que d’une réduction(7) L’Institut d’Optique a mis au point un appareillage
permettant de déterminer la proportion de lumière parasite
aux divers points du champ d’un instrument (visuel ou
photographique). On doit, naturellement, déduire le terme
qui lui correspond des résultats bruts des mesures destinées
220
de la surface utile des
diaphragmes (effet
« d’oeil de chat»),
onpeut
être amené à modifier d’unefaçon
appréciable,
et variable selon la distance despoints
observés àl’axe,
le « facteur detransmis-sion
global
o Kqui
intervient dansl’expression
dela clarté
(8).
Que
devientcelle-ci,
quand
on observe unpoint
brillant,
sur fondbeaucoup
plus
sombre ? On acoutume de considérer comme définissant la clarté
dans le cas de l’observation des étoiles le
rapport
des flux
y’
et 9 reçus par l’oeil soit en visioninstrumentale,
soit en vision directe.Appelons-le
C2;
ondémontre,
pour une lunette afocale degrossissement
G, la relation
C2
= G2CI.
Ce résultatsemble,
àpremière
vue,pouvoir
êtreconservé,
malgré
l’existence de l’effetStiles-Crawford,
à condition d’introduire dans les raisonnements desflux lumineux « efficaces »
(au
sens admis ci-dessus pour les éclairements rétiniensefficaces) (9).
Maisl’hypothèse d’après laquelle
ces flux seconcentre-raient l’un et l’autre sur une même cellule nerveuse,
ou sur une tache
image
de mêmesdimensions,
n’est certainement pas valablequand
l’ouverture utilede
pupille
variebeaucoup (1°).
Laquestion
serait donc à réétudier.Examinons en
passant
le cas des instrumentsformant une
image
réelle sur un cliché ou un écrande
projection
(on
ne doit pas oublier decompter
parmi
eux leslunettes,
télescopes
et mêmemicro-scopes dans leurs utilisations
photographiques).
Suivant quel’objet
considéré est uneplage
nontrès
petite,
de brillanceBl,
ou une étoile d’ « éclatapparent
»E°
(11),
on sera amené à considérer des-El «p’ facteurs de clarté
C,
=oc B
ouC4
=
E’ étant , j? - ’ ol’éclairement de
l’image
étendue,
4J’ le flux reçupar
l’image
«ponctuelle
», aet (3
deux coefficientsconventionnels. On
pourrait
chercher à choisir cesderniers de telle
façon
queC,
etCl
soient,
commeCl
et
C2,
deux « nombres purs o dont lerapport
ren-seigne
sur la visibilité desimages
stellaires parrapport
au fond surlequel
elles se forment....n2
(1) On peut poser K = et évaluer d’après des
considérations purement géométriques. (Voir, à titre d’exemple
un travail récent de Maréchal et Terrien [11]).
(’) Les flux efficace étant égaux aux produits des éclai-rements efficaces par les surfaces des images rétiniennes
,
e’
correspondantes, on a : 1 =
G2 -.
Cette formule, acceptablen e
dans le cas d’objets
étendus,
le resterait quand leur diamètreapparent tendrait vers zéro.
(~o) Les valeurs de w (et éventuellement Wl) et par suite
celles de x (et Xl) qu’on doit introduire dans l’expression de C2 sont ici conditionnées par la brillance du champ général observé, l’influence des étoiles qui s’y projettent étant à ce
point de vue négligeable.
(11) On appelle ainsi « l’éclairement produit par la source sur un élément plan occupant la place de la rétine et normal
aux rayons » (Commission Internationale de
l’Éclairage,
Scheveningue, 1939).
Bornons-nous à
rappeler qu’en première
approxi-mation,
dans le cas d’unobjectif
mince,
C,
seraitproportionnel
au carré de son ouverturerelative,
et
G’4
au carré de son diamètre d’ouverture.Parlons maintenant des
contrastes;
si l’on avaittoujours
affaire à laplage unique
de brillance uniforme considérée au début de ceparagraphe,
cene serait
guère
intéressant : dans un paysage(couleur
mise à
part),
ce sont les variations de brillance auxdivers
points qui
rendentperceptibles
les formeset les détails. Continuant à
schématiser,
supposonsdeux
plages,
de brillances B et B - dBjuxtaposées
suivant uneligne parfaitement
nette. Leur contraste est, par définition : y -W
ilpeut
varier de o à i,cette dernière valeur
correspondant
au cas d’uneplage
brillante sur fond noir.Fig. 6. - Contraste minimum
perceptible en fonction de la brillance B (abscisses logarithmiques), pour l’oeil moyen.
(D’après Kaenig, Brodhun, Nutting, Blanchard. Résultats
groupés par Abribat.)
Le contraste minimum y,
permettant
de discerner deuxplages
voisines(12) dépend
un peu del’obser-vateur ;
sa valeur moyenne, dans de bonnescondi-(12) yo caractérise le « seuil de perception différentiel », tandis que le « seuil absolu correspond à la plus faible brillance
221
tions,
est de l’ordre de 0,02, mais elleaugmente
auxfaibles brillances
(fig.
6),
ainsiqu’aux
faiblesouver-tures de
pupille:
onpeut,
noussemble-t-il, admettre,
au moins en
première approximation, qu’elle
n’estfonction
(pour
une couleurdonnée)
que de l’ « éclai-rement rétinien efficace », c’est-à-dire duproduit
BW2X.
La connaissance de yo
permet
dans une certainemesure, de
prévoir
oud’expliquer
les conditions devisibilité
d’objets plus compliqués.
Mais à mesureque les
régions
àdistinguer
sontplus
nombreuses,
et surtout
plus petites,
le manque de netteté deleurs
lignes
deséparation,
ledégradé
dû à ladif-fraction,
ainsiqu’aux
aberrations dessystèmes
optiques (et
enparticulier
del’oeil),
enfinéventuel-lement le manque d’uniformité du
récepteur
(élé-mentsrétiniens,
grain
des émulsionsphotogra-phiques,
etc.)
rendentplus
difficile laperception
des formes. Ces considérations sont essentiellesquand
ons’intéresse,
comme nous allons le fairemaintenant,
au «pouvoir séparateur
».III. Limites de
séparation
visuelles etinstru-mentales. - Nos connaissances
sur ce
sujet
ont été renouvelées par les travaux de M. Arnulf ; sesrésultats,
déduits d’un ensemble deplus
de 6000me-sures, avec des
justifications théoriques,
n’ontpeut-être
pas eu, à cause desévénements,
toute la diffusionqu’ils
méritent.Rappelons-en
donc l’essen-tiel.Les recherches ont
porté
surl’observation,
àtravers des
pupilles
diverses,
de mires de Foucault formées de bandesparalléles
et de mêmelargeur
alternativement claires(brillance
Bréglable
dans delarges limites)
et foncées(brillance
b,
le contrasteY
pouvant prendre
une série de valeurséchelonnées entre i et
0,02).
Ces «objets
»schéma-tiques
seprêtent,
mieux quebeaucoup
d’autres,
à des mesures assez
précises
et à desinterprétations
simples.
La « limite de
séparation
»(13) angulaire,
repré-sentée par s pour la vision à l’oeil nu, par S dans le
cas de la vision à travers une
lunette,
a pour mesurepar convention le diamètre
apparent
du pas d’une mire(écart
entre les axes de deux bandes clairesvoisines)
dont les bandes sont toutjustes distinguées
les unes des autres. Il lui
correspond,
dansl’obser-vation au
microscope,
une limite deséparation
linéaire T.
Arnulf considère les
produits ce
= s m et 1 = S.o(pour
une lunette dont lapupille
d’entrée à undiamètre
o)
ou encore 1 = T 2 n sin u(pour
unmicroscope
d’ouverturenumérique
n sinu).
Il lesappelle respectivement
limites« spécl fiques o
desépa-ration visuelle et instrumentale
(1) ; s
et S y sont(l’) Cette expression est préférable à celle de « pouvoir
séparateur comme prêtant moins à confusion.
exprimés
parexemple
en minutesd’arc,
w et o enmillimètres
~4).
L’intérêt de ces limites
spécifiques apparaît
lorsqu’on
étudie dessystèmes
optiques
où l’influencedes aberrations et de la lumière
parasite
estprati-quement
négligeable;
ladiffraction,
qui
estiné-vitable,
intervenant seule pour ydégrader
lesimages,
de telssystèmes peuvent
être dits «parfaits ».
Fig. 7. -
Exemple de variation de la limite spécifique de
séparation oculaire a en fonction du diamètre pupillaire e~,
pour des mires de Foucault. (Contraste y, brillance des
parties claires B.) (D’après Arnulf Cf.fig. i.)
Si l’oeil était
parfait,
lors de l’observation de mires à contraste déterminé et à brillance suffisante,cr devrait être
indépendant
de l’ouverturepupil-laire
(~5);
pour y = i, enparticulier,
on devrait(1~) Si, dans le cas du microscope, T étant évalué en
milli-mètres, on veut encore mesurer E en minutes, il faut
multiplier 2 n T sin u par le nombre de minutes contenues dans un radian, soit
sensiblement )
Admettons, en effet, que la limite de séparation
angu-laire est le plus petit angle sous lequel il faut voir le pas de la
mire pour que l’image rétinienne de celle-ci présente le contraste minimum perceptible y. = 0,02 indiqué plus haut.
Les dimensions des taches de diffraction - variant
comme
t(a)
222
avoir,
d’après
les calculs 2 minutes.mm.L’expérience (vomir
lesfigures 7
et 8qui
traduisent les mêmes résultats que lesfigures
i et2)
montreFig. 8. -
Exemple de variation de la limite spécifique de
séparation oculaire a en fonction du diamètre pupillaire w,
pour des mires de Foucault. (Contraste y, brillance des
parties claires B.) (D’après Arnulf. Cf. fig. 2.)
que cette valeur n’est obtenue
qu’à
titre demini-mum,
lorsque
le diamètrepupillaire
est de l’ordrede o,fi à 0,7 mm;
quand
l’oeil estplus
ouvert, lesdimensions des éléments nerveux, et aussi les
aber-rations,
contribuent àaugmenter
~;quand
il l’estmoins,
l’éclairement e desimages
rétiniennes étantréduit,
le contraste minimumperceptible
est accru, d’où encore diminution de l’acuité visuelle....La limite de
séparation
minimum(à
grand
con-traste)
croîtquand
la brillance devient inférieureà 5oo nits
environ,
l’effet n’étant trèsmarqué
qu’en
dessous dequelques
nits,
commel’indique
la
figure
9(16}.
D’autrepart,
l’influence du contrasteFig. 9. - Limite
spécifique de séparation oculaire a en
fonction de la brillance B de la plage observée, pour deux valeurs du diamètre pupillaire w. (Abscisses logarithmiques,
contraste ~y = 1)’ (D’après Arnulf.)
de la mire sur sa visibilité n’est
notable,
si lesbrillances ne sont pas très
petites,
quelorsque
ydevient lui-même faible
(fig.
10).
Ce dernier casest toutefois
particulièrement
important,
car enpratique
les détails que nous cherchons à voir sontjustement
bien souvent peu contrastés.Pour ce
qui
est de laséparation spécifique
instru-mentale,
un calculsimple (la)
montre que, si les aberrations sont biencorrigées
(et
la lumièreparasite négligeable),
on doit avoir 1 =s’ o’, o’
étantle diamètre du
disque
oculaire,
et s’ la limite deséparation angulaire
de l’oeil dans les conditionsoù il se trouve
quand
il observel’image.
Parsuite,
lorsque
o’ est inférieur au diamètre de lapupille
d’entrée de cet
oeil,
cequi
est le cas leplus fréquent,
la courbe 1 =f o’)
estidentique
à la courbe o- =f
(m)
obtenue pour l’oeil nu; mais si o’ est
supérieur
àm’, s’
devientconstant,
et par suite 1 estpropor-tionnel à o’.
L’expérience
a, pour des instrumentssuffisamment bien
corrigés,
confirmé cesprévi-sions (fig. I I).
(18) La variation très lente de c en fonction de B, aux
brillances courantes, explique l’imprécision des mesures
photométriques basées sur le critérium d’ « égale acuité
visuelle ».
223
Il en résulte que pour une lunette «
parfaite
»,il
n’y
a pas lieu, comme on l’admettaitantérieu-rement, d’attribuer à son
objectif
une limite deséparation
S(radians)
=I,22
soit sensiblement0
S
(minutes)
== -( 2 )
indépendante
del’oeil,
nide définir un «
grossissemnt
utile » minimum Gupar la condition
Gu
= S
S3
10000radian 0(d’où,
pour À =
0,6
p, BGu=(mm).
Fig. 10. -
Exemple de variation de la limite spécifique de
séparation oculaire a avec le contraste y. (w ^ o,6mm.
Grande brillance.) (D’après Arnulf.)
Que
l’on veuille choisir l’oculairepermettant
d’utiliser au mieux pour la vision des détails unobjectif
donné,
ou bienl’objectif
d’ouverture laplus
petite
permettant
d’atteindre une limite deséparation
déterminée,
il seratoujours
bon dese
rapprocher,
pour o’, de la valeurcorrespondant
au minimum de 1. Si les
objets
observés ont des brillances et des contrastesélevés,
la condition o’ =0,7 mm
(environ)
correspondra
à la meilleure limite deséparation :
~ S(minutes) _ 2
~ ’ C’esto(mm)
bien la valeur
classique (18),
mais on ne l’obtient quepour un
grossissement optimum
Go
=ô
(mm),
soit0,7
environ 3
Gu,
ce que lapratique
a conduit en effetà
adopter
couramment. Lepoint important,
bien mis en évidence parArnulf,
estqu’il
estdésavan-tageux
dedépasser beaucoup
cegrossissement.
Si d’ailleurs c’est G
==!2,
qui
estimposé,
on7
(18) Cette coïncidence n’est pas fortuite, la formule ancienne de Foucault-Dawes n’ayant été adoptée que parce que d’accord avec l’expérience, tout au moins dans certains cas.
retiendra
qu’il
n’est pas utiled’augmenter
oau-delà de la valeur G. ú)’ à
partir
delaquelle
S reste constant.- Limite
spécifique de séparation E d’un instrument
« parfait » en fonction du diamètre 0’ du disque oculaire.
(Diamètre de pupille de limité à 4"- par un
dia-phragme. Brillance I 50 nits, contraste 1.) (D’après Arnulf.) Valeurs calculées, d’après les résultats connus pour
l’ 0153il.
o Résultats observés.
Pour un
microscope (associé
àl’oeil),
on renoncerade même à considérer une limite de
séparation
« propre à
l’objectif »
T~ 20132013:2013
et une « puis-2n sin u-sance utile »
(minimum)
Pu
= 2013,
correspondant
à s
= 3
radian.[D’où,
pour À = o, 6
u.,10 000
Pu
(dioptries) cu I ooo
n sinu].
Si les brillances etcon-trastes sont assez
élevés,
la condition o’ -=0,7 mm
(environ)
déterminera la meilleure limite desépara-tion
(2nTsin u=
3
p T(MUI)
=6 - ,
.tion
2
u= I o 000 ,
d’ où T(mm)
*00 2 n sin u
même accord que ci-dessus avec la valeur «
clas-sique
», mais seulement pour lapuissance
opti-2n 2 n sin 2n Sin sinu ..
mum Po =
o, 7-10-4
(dioptries)
N 3Pu.
o 7 . 1°-4
On n’oubliera pas, d’autre
part,
qu’aux
faibles brillances(vision
denuit),
et aussi aux faiblescontrastes, il y a
intérêt,
tant pour les lunettes quepour les
microscopes,
àaugmenter
o’(et
par suite o,ou bien à réduire Go ou
PQ),
le minimum de 1 étantdu reste alors très accru.
L’accord des conclusions
qui précèdent
avec les conditionsadoptées empiriquement
comme lesmeil-leures est
remarquable; l’emploi
de tests autres que224
systématiquement (1~~,
mais le choix en estdifficile,
et il n’est pas certain que l’utilité de ce travail
justifierait
leslongs
effortsqu’il
nécessiterait. Enrevanche,
une étude des limites deséparation
dansle cas des
récepteurs
autres que l’oeil,spécialement
des émulsions
photographiques, apparaît
indis-pensable ;
elle est d’ailleurs commencée.Mais revenons aux instruments
visuels;
ils sontloin d’être tous «
parfaits
», au sensadopté
ci-dessus.Voyons
quels
défauts restent tolérables.IV. L’influence des aberrations et de la lumière
parasite.
- Toutd’abord,
commentcaractériser le
degré
deperfection
d’un instrument ? Arnulf aproposé
d’appeler
efficacité
lerapport
E de sa limitespécifique
deséparation
à celle d’un instrumentparfait
travaillant dans les mêmescon-ditions ;
cette notionparaît
devoir êtreféconde;
ellepermet
notamment de comparerquantitativement
des
dispositifs
très divers.Fig. 12. - Efficacité E, en fonction du contraste y, pour
un même objectif de lunette utilisé soit normalement
(courbe 1), soit retourné, en visant l’image marginale
(courbe 2), ou l’image paraxiale (courbe 3). (D’après
Arnulf.)
’
L’Institut
d’Optique
est dès maintenantéquipé
pour étudier à ce
point
de vue lessystèmes optiques
qui
lui sont soumis. L’influence(importante
envision
crépusculaire)
de la clarté des instruments surleur efficacité est en cours d’étude.
La
figure 12 indique
la variation de E en fonctiondu
contraste,
pour un bonobjectif, employé
soitnormalement,
soit retourné(ce
qui
introduit uneaberration
sphérique longitudinale
d’environ 3mm).
L’efficacité est dans le second cas très
réduite, mais
~
(19) De nombreuses mesures faites sur test non périodique
(disque noir sur fond blanc) ont donné des résultats voisins de ceux obtenus à l’aide des mires de Foucault.
seulement aux faibles contrastes
quand
on utilisel’image marginale.
Les aberrations ont pour effetnon seulement
d’élargir
les tachesimages,
mais ausside les entourer d’un halo
qui
provoque une réduction du contraste avec les tachesvoisines,
la limite deséparation
en est d’autantplus
affectée quel’objet
lui-même est moins contrasté. La lumièreparasite
a une action
analogue,
parfois
trèsmarquée;
il y adonc gros intérêt à la
réduire,
notamment par lesmoyens
rappelés
auparagraphe
II.La courbe 3 de la
figure
12 faitapparaître
uneinfluence de la mise au
point, qui
peut
s’expliquer
ainsi :
l’image
formée par les rayonsparaxiaux
correspond
à une tache de diffractionplus
grande
que celle formée par les rayonsmarginaux,
cettedernière,
bien qued’aspect
moinsagréable,
corres-pond
donc à une meilleure efficacité.La détermination a
priori
des aberrations tolé-rables et duplan
de mise aupoint optimum,
dansun
système
quelconque,
demandera sans douteencore de
longues
recherches,
bien que laquestion
ait étéabordée,
il y alongtemps déjà,
par desopti-ciens tels que
Airy,
Abbe,
Conrady,
etc.Le
problème
fondamental de larépartition
des éclairements dans la « tacheimage
» d’unpoint
lumineux
(d’où
l’on passe, parintégration,
au casd’un
objet
de formequelconque)
n’a été résolujusqu’ici
que trèspartiellement.
M. Maréchal a mis en évidence récemment une relationsimple
entrel’éclairement au centre de la tache
image
et l’écartquadratique
moyen entre la surface d’onde réelleet la surface d’onde
théorique
[13].
Sans résoudre entièrement leproblème envisagé,
cette méthode semblepouvoir,
en facilitantbeaucoup
les calculs,permettre
leur extension à de nombreux cas nou-veaux.Un
intégrateur mécanique,
dont leprincipe
est dû au même auteur, fournirait
rapidement,
àpartir
des surfacesd’onde,
la solutionnumérique
complète
dechaque problème particulier :
cetappareil
est en construction.De son
côté,
au cours d’une très belle étudethéo-rique
etexpérimentale, qui
estdéjà
fortavancée,
M.Françon
[i4]
a pu mettre en évidence etinter-préter
lesdéplacements
duplan
de mise aupoint
optimum
suivant lafaçon
dont interviennent les aberrations. Il a montré comment larègle classique
de lordRayleigh, rappelée
ci-dessus,
etqui
sert de base à de nombreux calculspratiques,
esttrop
sévère
lorsque
les faisceaux traversent unepupille
largement
ouverte,
tandis que la tolérance doit être au contraire réduitequand,
à faible ouverturepupillaire,
le contraste desobjets
observés est assezfaible.
Dans les domaines que
j’ai passés
en revue(et
d’autres demanderaient une
présentation analogue),
les résultats
déjà
acquis
enFrance,
ouqui
semblent225
l’espérer,
une contribution nonnégligeable
audéve-loppement
del’optique
instrumentale. Je n’ai citéque
quelques
noms, mais enterminant,
je
tiens à dire(cela
ne diminue en rien des mérites individuelsévidents)
quebeaucoup
de ces recherches auraientété
plus
lentes,
etpeut-être
impossibles,
sans lacollaboration cordiale et dévouée de toute
l’équipe
qu’a
su animer M.Fabry.
Manuscrit reçu le 18 février 1944.
BIBLIOGRAPHIE.
[1] A. ARNULF, La vision dans les instruments (Réunions de l’Institut d’Optique, 1936), Revue d’Optique, éditeur,
p. 3 à 86. (Précédé d’une introduction de M. FABRY,
et suivi d’observations de MM. LE GRAND, COUDER, DE GRAMONT et LAPICQUE.)
[2] A. ARNULF, Limite de visibilité par le microscope, Bull. Soc. Fr. Micr., 1939, 8, p. 63 à 95.
[3] STILES et GRAWFORD, Proc. Roy. Soc., 1933, 112 B, p. 428 et 1934, 116 B, p. 55.
[4] DZIOBEK, Der Stiles-Crawford Effekt und seine Bedeutung
für die Photometrie, Das Licht, 1934, 4, p. 150.
[5] WRIGHT et NELSON, The relation between the apparent
intensity of a beam of light and the angle at which
the beam strikes the retina, Proc. Phys. Soc, 1936,
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entering the eye pupil at different points, and a new
colour effect, Proc. Roy. Soc, 1937, 123 B, p. go.
[7] CRAWFORD, The luminous efficiency of the light entering the eye pupil at different points and its relation to
brightness threshold measurements, Proc. Roy. Soc.,
1937, 124 B, p. 81.
[8] STILES, The directional sensitivity of the retina and the
spectral sensitivities of the rods and cones. Proc. Roy.
Soc., 1939, 127 B, p. 64.
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Cahiers de Physique, 1943, n° 15, p. 78.
[10] JACQUINOT, L’abaissement du pouvoir réflecteur des surfaces optiques, Revue d’Optique, 1942, 21, p. 15.
[11] BOUTRY, MARÉCHAL et TERRIEN, Sur la clarté des ins-truments oculaires, C. R. Acad. Sc., 1944, 218, p. 150.
[12] ABRIBAT, LE GRAND, LAPICQUE et PIÉRON, Les contrastes de brillance dans la nature et dans ses représentations,
(Réunions de l’Institut d’Optique, 1935), Revue
d’Optique, éditeur.
[13] A. MARÉCHAL, Sur l’application de la méthode des moindres carrés à l’étude du maximum central de la
tache de diffraction dans le cas des instruments peu
aberrants, C. R. Acad. sc., 1944, 218, p. 345.
[14] FRANÇON, La mise au point visuelle dans un instrument entaché d’aberration sphérique, Cahiers de Physique,
1943, n° 16, p. 82.
NOUVELLE
MÉTHODE
DE MESUREDES INDICES DE
RÉFRACTION
ET D’ABSORPTIONÉLECTRIQUES
POUR LA GAMME DES ONDES
DÉCIMÉTRIQUES
ETMÉTRIQUES
Par JEAN BENOIT.
Laboratoire
d’Enseignement
dePhysique
de la Sorbonne.TROISIÈME
PARTIE.Chapitre
V.Nous allons maintenant décrire les
lignes
demesure et leurs divers
accessoires,
que nous avonsutilisés à une
fréquence
de 1 800mégacycles
(7~ =
I6,66cm).
La construction d’une
ligne
àlongueur
variable nécessite forcément laprésence
de contactsglis-sants. Une
première préoccupation
sera donc deplacer
ces derniers là où ilspeuvent
être le moinsnuisibles,
c’est-à-dire en un noeud d’intensité.D’autre
part,
il faut serappeler
que la théorie a étéfaite sur une
ligne
homogène
ayant
uneimpédance
caractéristique
constante d’un bout à l’autre. Dans unpremier
type
de réalisation conforme auschéma de la
figure
i, les tubesT, et li
ont unelongueur
égale
àun multiple impair
duquart
d’onde. Afin que les deuxtronçons
deligne
et
T2 - t2
aient desimpédances caractéristiques
aussi voisines quepossible,
Tl et fi
doivent être très minces. Nedisposant
pas, àl’époque
où ceFig. 31.
travail a été
exécuté,
del’outillage
nécessaire,
nous avons réduitl’épaisseur
de tubes de cuivrede 15 X
i6mm(Ti)
et4,5
Xrespecti-vement à o,3 mm et o,2 mm par