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Potentiel d’ionisation et énergie de dissociation de la
molécule d’azote
Marc de Hemptinne, J. Savard
To cite this version:
POTENTIEL D’IONISATION ET
ÉNERGIE
DE DISSOCIATION DE LAMOLÉCULE
D’AZOTEPar MARC DE HEMPTINNE et J. SAVARD. Institut de
Physique
de l’Université de Louvain.Sommaire. - On a déterminé par la méthode de bombardement électronique le potentiel dionisation
de la molécule N2 ainsi que les points critiques supérieurs. Il résulte de ces expériences que l’énergie de dissociation de la molécule normale en atomes normaux est 6,72 V; que le niveau minimum de l’état
$$ 203A0u de
l’ionN+2
est 17,2 V, et que les trois niveaux203A3+g,
203A3+u,
203A0u
de l’ion moléculaire fournissent, pardissociation, un atome d’azote normal et un atome-ion 1D.
On a vérifié la valeur proposée, pour l’énergie de dissociation de la molécule, en observant les points
critiques correspondant aux dissociations accompagnées d’ionisation :
1. Introduction. - Les mesures du
potentiel
d’ionisation de la molécule
d’azote,
ainsi que les déter-minations de sonénergie
dedissociation, ayant
donné lieu à des conclusions souventdiscordantes,
nous avonsjugé
utiled’apporter
à notre tour notre contribution àcette étude.
Rappelons
enquelques
mots les travaux denos
prédécesseurs qui
furent en mêmetemps
nosguides.
Trois méthodes furent
principalement
utilisées : 1" bom-bardementélectronique
etobservation du courantélec-tronique
à la sortie de la chambred’ionisation;
2° bombardementélectronique
etanalyse
des ions aumoyen du
spectrographe
à masse(ces
deux méthodespouvant
êtreemployées
simultanément et devant secontrôler l’une
l’autre) ;
3° détermination del’énergie
de dissociation par l’étude de la convergence des bandes duspectre,
et détermination du niveaud’énergie
minimum de l’ion moléculaire.La
première
méthodefournit,
pour lepotentiel
d’ionisation,
des valeurs reconnuesaujourd’hui
commebeaucoup
trop
élevées etcomprises
entre 16 et 17 V(1).
La deuxièmepermit déjà
d’abaisser à15,8 le
potentiel
d’ionisation de la
molécule,
mais la valeur del’énergie
de dissociationD,
déduite dupotentiel
correspondant
àlapremière
observation des ionsatomiques,
fut trouvéetrop élevée,
et entache parconséquent
d’erreur la valeur de cepotentiel
(1).
Récemment,
Tate,
Smith etVaughan
abaissaient à15,
65 V lepotentiel
d’ionisationlm
de la molécule(spectrographe
àmasse),
mais ne donnaient aucunrenseignement
concernant lepotentiel
de formation des ionsatomiques,
etpermettant
de conclurequant
à la valeur de D(1).
Lozier
(~)
détermina la différence depotentiel
corres-pondant
à la formation des ions moléculaires d’unepart,
et celle des ionsatomiques
d’autrepart,
mais futobligé
d’admettre, pourinterpréter
sesrésultats,
quel’ion
atomique possède
uneénergie cinétique
dont la déterminationdoit,
nous le pensons, introduire unedifficulté
supplémentaire.
Lozier devait deplus
ad-mettre que l’un des
produits
de la dissociation setrouvait dans un état activé dont la détermination ne
pouvait
êtrequ’hypothétique.
S’il proposa d’admettre que l’activation serapportait
à l’ion N+ ~1,89)
Mulliken
(1)
au contraire considéra l’atome N commeactivé
(2 Jj
=~,37!.
Les valeurs ainsi déduites pourl’énergie
de dissociation de l’ionN2
nous semblenttrop
élevées.Des nombreuses discussions
auxquelles
donna lieul’interprétation
de la convergence des bandesspec-trales,
un seul résultatapparaît
comme définitif : c’est que la différence des minimad’énergie
des états2!.t
et
1:~+
de l’ion moléculaire est de3,15
V. Le niveau minimum de l’ion normal(2~’~ ~
n’ajamais
été déter-minédirectement,
mais déduit de celui de l’état2,+
u
par soustraction des
3, t 5
Vprécédemment
cités. Jadis fixé à19,6
V (6),
ce minimum de l’état fut successi-vement abaissé à 19(7), puis
à1H,67
V(8).
Quoi
qu’il
ensoit,
si l’on admet pour exacte la valeur18,67
V.,
il en résulte que lepotentiel
d’ionisation«
spectral »
de la molécule serait1D,52
V. L’accord estassez bon avec la valeur du
potentiel
d’ionisation« vertical » déterminée par
Tate,
Smith etVaughan.
(Nous appellerons potentiel
d’ionisation «spectral
ocelui
qui
est défini par la différence des niveaux minima de la molécule et de l’ionmoléculaire,
etpotentiel
d’ionisation «
vertical »,
suivantl’expression
deMulliken,
celuiqui
est défini par leprincipe
de Francket
Condon.)
Nous avons conclu que si le
potentiel
d’ionisationIm
pouvait
être considéré comme fixé à0,1 V près,
l’énergie
de dissociation D par contre n’avaitjamais
été déter-minéedirectement,
et que la valeur encoreproposée :
7,~ V
(9),
ne résultait que de la discussion de résultats souvent contradictoires. Une nouvelle détermination500
des données
expérimentales
s’imposait
donc etpermet-tait de vérifier l’exactitude de la formule
déjà
proposée
par l’un de nous(lO):
D == 2n - D’autrehant,
un défaut de
précision
des mesures ne suffisait pas àexpliquer
la discordancemarquée
entre les valeurs delm
fournies par lapremière
méthode,
et celles fournies par les deux autres. Les ions observés auspectrographe
à masse étant leplus
souvent activésélectroniquement
oucinéliquement,
nous avonscraint par cette méthode des résultats
trop
élevés,
et avons faitappel
à lapremière.
Nouspensions
eneffet que les valeurs ainsi déterminées par les
premiers expérimentateurs
nepouvaient
être entachéesd’une erreur aussi
considérable,
maiscorrespondaient
peut-être
à un processusqu’il
serait intéressantd’élucider.
2.
Appareil. -
Ladescription
del’appareil
ainsi que de latechnique
des mesures fut leplus
souvent très sommaire. Nous croyons utile de nous étendre sur cepoint,
afin que le lecteurpuisse
estimer lui même ledegré
de confiancequ’il
croirapouvoir
raisonnable-ment accorder à nos résultats. Cette
description
estfaite une fois pour toutes et ne sera pas
reprise
ausujet
de nouvelles molécules.Fig, l.
Le
principe
del’appareil
fut établi par Franck etperfectionné
par Tate et ses collaborateurs(1 1).
Les électrons sont émis par un filament detungstène
incandescent de
0,15
mm dediamètre,
replié
en formed’épingle
double suivant l’axe del’appareil.
Le filamentest relié par des serre-fils à deux
tiges
detungstène
traversant un
premier
tube de 12 mm de diamètre. Un deuxième tube B coaxial dupremier
grâce
à unrodage
porte un cylindre
degarde
en cuivre directement soudé. Cecylindre
entourecomplètement
le filament émetteur. Il est à son extrémité Jibre fermé par uneparoi
decuivre
percée
en son centre d’un trou de0,5
mrn. Lapointe
du filaments’engage
dans cet orifice sans ledépasser.
Le tube Bporte
un deuxièmerodage
qui
le rend à son tour coaxial du tube externe C. L’ensembleémetteur est ainsi facilement démontable. Le tube C
est fixé au moyen d’une soudure interne au tube
général
D. L’extrémité de C est fermée par uneplaque
de cuivre T de 40 mm. de
diamètre,
directenlent soudéeet
percée
en son centre d’un orifice de0,5
mm.Trois
plaques
de cuivresemblables, P,
P’ etP",
percées
en leur centre font suite à laplaque
T. Ellessont
portées
par un tube E coaxial du tube Cauquel
il est soudé. Des anneaux de pyrex calibrés assurent leparallélisme
desplaques,
et trois ressorts la fixité de l’ensemble.L’appareil récepteur
d’électrons est constitué :a)
parune
plaque
deprotection
semblable auxprécédentes,
mais
percée
en son centre d’un orifice de 4 mm;b)
par une boiterectangulaire
(60 m
20 >; 15mm) percée
d’une fenêtre de8 X 8
mm, pour recueillir les électrons. Cette boiteporte
à l’intérieur uneplaque rectangulaire
en cuivre. L’ensemble est monté sur un bâti en pyrexqui glisse
à l’intérieur du tube D.L’appareil
est en pyrex.Chaque pièce métallique
estreliée à une électrode constituée par une soudure
cuivre-pyrex
Le tout est
disposé
suivant l’axe d’un solénoïde encuivre
qui,
parcouru par un courant de :~00 A sous i 2. V fourni par ungénérateur,
crée unchamp magnétique
de 450 G. Le
gaz à
étudier circule continuellement dansl’appareil dans lequel
ilpénètre par un capillaire.
L’éva-cuation est assurée par deux pompes à diffusion dontl’une
communique
avec la chambre d’émission etl’autre avec celle d’ionisation On
peutainsi
établir dansla
première
un videbeaucoup plus
poussé
que dans la seconde. Une réserved’argon
et une autre de mercurepermettent
de calibrerl’appareil
àchaque
instant.Quatre
barboteursplongeant
dans l’airliquide
protègent
l’appareil
contre la vapeur de mercure.Le
cylindre
degarde
étant mis à laterre,
ainsi que le milieu du filament par un circuitélectrique
appro-prié,
les électrons sont accélérésjusqu’au premier
dia-phragme
par unpotentiel réglable
et connu. Lapointe
du filament doit ètre
rigoureusement
centrée,
afin queson émission fournisse dans
l’appareil
récepteur
uncourant
électronique
suffisant,
sansqu’il
soit besoin d’accélérer les électrons par unpotentiel supérieur
à celui que l’on désire étudier. On évite ainsi de devoir retarder les électrons avantl’ionisation,
et une erreurcertaine dans la détermination du
potentiel
effectif retardateur.Un faible et l constant
potentiel
retardateur est établi dans la chambre d’ionisation. Il a pour effet d’interdire l’accès del’appareil
récepteur
aux électronsqui
ontrencontré les molécules et dont la vitesse est
sensible-ment nulle par suite de résonance ou d’ionisation. Il
permet
aussi de rassembler laplus
grande
partie
des ions sur laplaque
deprotectiun.
Nous
disposons
pour la mesure de l’intensité du501 de 2.10-l’A. L’une des bornes du
galvanomètre
estreliée à
l’appareil
récepteur
et l’autre à la terre. 3.Calibrage
ettechnique.
---Lepotentiel
observéau voltmètre du circuit accélérateur doit être
corrigé
en raison dupotentiel
propre dedépart
desélectrons,
et de l’effet
possible
dupotentiel
retardateur établi dans la chambre d’ionisation. Ilimporte
de calibrerl’appareil
dans delarges
limites,
car la correctionpourrait
n’êtrepoint
constantequand
varient lechauffage
du filament ou lepotentiel
accélérateur. Cecalibrage
fut réalisé au moyen de mercure et del’argon.
Suivant la
pression
régnant
dansl’appareil
et suivant l’intensité du courantélectronique,
plusieurs
types
d’observationspeuvent
êtreeffectués,
dontles extrêmes sont :1. Le courant
électronique
est de forteintensité,
de l’ordre de 5.10-9A,
lapression
est faible. Dans cesconditions,
l’augmentation
d’intensitéproduite
par l’élévation dupotentiel
accélérateurpeut
masquer lepotentiel
cherché. La courbe croîtcontinuellement,
ouprésente
tout auplus
un courtpalier
de 2 ou 3dixièmes de volt au
voisinage
dupotentiel
d’ionisationou de résonance. Si la
pression
augmente
lepalier
setransforme en un net maximum suivi d’une chute
brusque
de l’intensité observée.Si la
pression
augmente
encore, la courbed’inten-sité ne croît que très lentement ou est même horizon-tale. Le
potentiel critique
estmarqué
par une chutefaible mais nette.
2. L’intensité du courant
électronique
est faible. Lapression
doit être trèsfaible,
sinon les électrons neparviennent plus
aurécepteur
enquantité
suffisante La courbe est horizontale ou croît trèslégèrement.
Ilest
fréquent
que lepotentiel critique n’apparaisse
pas(faible probabilité
duplénomène
dechoc).
Si la pres-sionaugmente,
lepoint critique
est nettementvisible,
puis
la courbe sepoursuit
suivant le mêmepalier
queprécédemment
ou suivant unpalier quelque
peuinférieur.
De nombreuses observations seront donc effectuées
entre ces limites extrêmes : faible intensité
électro-nique
etpression
suffisammentfaible;
forte intensitéélectronique
etpression
suffisamment forte.Au delà du
potentiel d’ionisation,
la courbe aura encore descaractéristiques
différentes suivant lesconditions
expérimentales :
1. Les ions
formés,
arrivant aurécepteur,
l’em-portent
surl’augmentation
d’intensité du courantélec-tronique
recueilli(augmentation
produite
parl’augmen-tation du
potentiel accélérateur) :
la courbe décroît defaçon
continue;
1. Le
polentiel
pourlequel
les ionsl’emportent
ainsisur les électrons est
plus
élevé(d’un
pelit
nombre de dixièmes devolt)
que lepotpntield’ionisaLion(eas
d’unepression plus
faible queprécédemment).
On observe donc un deuxième maximum àpartir duquel
la courbe décroît. Ce maximum n’est pas unpotentiel
critique.
Il varie avec les conditions
expérimentales
etdis-paraît
dès que les conditionsexpérimentales qui
lui avaient donné naissance sontquelque
peumodifiées ;
3. Les électronsl’emportent
sur les ions au fur et àmesure que croît le
potentiel
accélérateur. Dans ce cas,la courbe
reprend, après
unminimum,
son ascension continue.Ces remarques ont leur
importance
quand
on cherche à observer despotentiels critiques supérieurs
aupoten-tiel d’ionisation.
Fig. 2.
Vapeur
de mercure. - On a observé lespotentiels
de résonance suivants(fig. 2) :
On a observé le
potentiel
d’ionisation du mercure.Ce dernier est
beaucoup
moinsmarqué
que lespoten-tiels de résonance.
Nous ferons la même remarque à propos de l’azote: la résonance est souvent
plus
facile à déterminer quel’ionisation.
Potenliel d’ionisation du mercure : valeur
théorique
10,39 V,
observée10,2 V,
diff. _ -0, tu
V(fig. 3).
Argon. -
Cecalibrage
était pour nous trèsimpor-tant car nous savions que le
potentiel
d’ionisation de502
Fig. 3.
’
Les corrections déterminées ne
changent
passuffisam-ment avec les conditions
expérimentales
peur inter-direl’emploi
d’une constante decalibrage.
L’erreur moyenne desprécédentes
mesures est de0,19
V. Nousavons
adopté
une correctionpratique
de 0,2 V.L’er-reur moyenne maximum
possible
nedépasse
pasFig. 4.
4.
Observations
concernant la moléculed’azote.
- Commele montrent les courbes de la
figure
4, lepotentiel
d’ionisation « vertical » deN2
est15,6
V(corrigé ;.
Cepoint critique
fut t obtenu dans des conditions trèsdifférentes,
soit comme maximum d’une courbeascendante,
soit commepoint
extrêmed’un
palier
horizontal. Les ions sont formés en faiblequantité,
toujours
trop
faible pour inverser le sensdu courant observé. Si le courant
électronique
estde moyenne intensité
(1
à 2.10-9 A parex.),
cepoint
parait des que i intensité électronique est plus torte,
ou la
pression
plus
faible. En unmot,
il n’est visiblequ’à
la condition que la courbe d’intensité du courantélectronique
ne soit que trèslégèrement
ascendante endeçà
dupotentiel
d’ionisation. Nous necraignons
pas d’avouer que ce
potentiel
nous auraitpeut-être
échappé
si nous n’avions pas étéguidés
par les travauxde nos
prédécesseurs.
Ce résultat déconcertant seraexpliqué
ci-dessous.Il convenait de s’assurer de la nature de ce
potentiel
qu’il
aurait étéfacile, plausible
même,
de confondreavec un
potentiel
de résonance. Pourcela,
un fortpotentiel
retardateur,
20V,
fut établi dans la chambre d’ionisation. Aucun électron neparvient
donc auré-cepteur,
quelle
que soit la valeur dupotentiel
accéléra-teur. Legalvanomètre
demeure au zéro tantqu’aucun
ion moléculaire n’a été formé. Il accuse au contraireune nette déviation dès
qu’apparaissent
les ionsqui
sont accélérés vers
l’appareil récepteur.
Lecalibrage,
évidemment
différent,
fut déterminé à nouveau aumoyen de
l’argon.
On constate que15,6
V est bien lepotentiel
d’ionisation de lamolécule,
car il est leplus
petit potentiel
correspondant
à une arrivée d’ions.Fig. 5.
Au delà de ce
potentiel,
un nouveaupoint
critique
situé à
17,2V
(corrigé)
est extrêmement net. Il esttoujours
visible pour des conditionsexpérimentales
très variées. Aux fortespressions
et pour une forte intensité de courantélectronique
( f 0-g
A),
il est suivi d’une arrivée d’ions enquantité considérable,
et uneinversion du seiis du courant observé.
Pour de
plus
faiblespressions,
il est au contrairesuivi d’une courbe ascendante
qui permet
d’observerles
points critiques
plus
éttvés(fig.
5).
Nousenvisage-rons tout à
l’heure,
au cours de la, discussion desrésultats
expérimentaux, quelle
peut
être la nature deprobable
que cepotentiel
fut observé par lespremiers
expérimentateurs.
Pour rechercher les
points
critiques supérieurs,
cor-respondant
parexemple
à une dissociationaccompa-gnée
d’ionisation de l’un desatomes,
il ne suffit pas,le
plus souvent,
pour unréglage
donné du filament etde ia
pression, d’augmenter progressivement
lepoten-tiel accélérateur.
Cette
façon
un peu sommaired’opérer permet
ce-pendant
de mettre en évidence deux nouveauxpoints
critiques
à2l,2
et2,’1,
tV,
corrigés
(fig.
6).
Mais unetrop rapide
variation de l’intensité du courant électronique peut
facilement masquer unpotentiel critique.
Ilfaut donc étudier l’échelle des
potentiels
accélérateurs parpetites
fractions(de 1
volt parex.),
et établir pour chacune d’elles des conditionsexpérimentales
conve-nables,
c’est-à-dire une intensité de courantélectro-nique
et unepression
telles que la courbe soit enpalier,
oumieux,
légèrement
ascendante.Fig. 6.
Ces conditions
qui
donnent à l’observation sonmaximum de sensibilité
présentent
par contre undanger :
s que le maximum observé necorresponde,
comme nous l’avons ditplus
haut,
qu’au potentiel
pourlequel
l’arrivée des ionsprécédemment
formésl’em-porte
surl’augmentation
d’intensité du courantélec-tronique.
Il est doncindispensable
des’assurer,
par de nombreusesexpériences,
de la constance dupotentiel
critique
observé,
pour de suffisantes variations des conditionsexpérimentales.
On voit alors que les
potentiels
2J,2 et23,1
V sontaccompagnés
de nombreux et nouveauxpotentiels
cri-tiques qui purent
être bien déterminés :98,~ ; 18,7 ;
19 :20; 20,
21,9 ; ~~,3 ;
23,8
V(corrigés).
Avec une émission
électronique
de moyenneinten-sité et une forte
pression (conditions
les meilleures pour observer lepotentiel
17,2
V),
laplupart
de cespotentiels
sont visibles sur la même courbe(fig. 5
et6).
Sur
celle-ci,
lepotentiel
18,7
est peuapparent ;
lepotentiel
~(),3
estpratiquement
masqué,
ainsi que lepotentiel
~3,8,
par l’arrivée des ions. Ce dernier po-tentiel est au contraire très netquand
lechauffage
du filament est maximum(fig.
5. Discrimination des
potentiels
observés. -Les conditionsexpérimentales
danslesquelles
ont été déterminés lespoints
critiques
ci dessus sont telleq que l’onpeut
supposer bombarder non pas des molé-cules mais des ionsdéjà
formés. Unpotentiel
tel que18,4
V devrait alors êtreangmenté
dupotentiel
d’ioni-sation de la molécule(et
Eventuellement del’énergie
d’activation de l’ionformé)
pourreprésenter l’énergie
totale transmise à la molécule normale.Pour
distinguer
ciili-e cespotentiels (nous
appelle-ronsprimaires
ceuxqui
représentent
uneénergie
trans-mise à la
molécule,
et secondaires ceuxqui
repré-sentent une
énergie
transmise àl’ion),
nous avonsplacé
idans
la chambre d’ionisation deuxplaques
ho-rizontales entrelesquelles
est établie par une batterieune différence de
potentiel
de 14 V. Les ions forméssont
éliminés,
et onpeut
supposer que lespotentiels
observés
correspoi>di
ont à des chocsélectroniques
surles molécules. Le nouveau
calibrage
del’appareil
f ut déterminé commeprécédemment : 0,4
V. Dans cesconditions,
on constate que seuls subsistent lespoten-tiels
15,6 ;
17,2 ;
18,7 ; /19; 2i,2
et23,t V.
Tous les autrespotentiels
étaient donc de nature secondaire.Interprétation
de cespremiers
résultats.i~,6
Vdéfinit,
en bon accord avec lesprécédents
expérimentateurs,
lepotentiel
d’ionisation de lamo-lécule : formation de l’ion
iN +
normal’2!.t.
18,7 V définit,
en bon accord avecHopfield, l’énergie
de formation de l’ion activé
2!.t,
àpartir
de la molécule normale.Quant
aupotentiel
1,7,2 V,
il nepeut
définir quel’énergie
de formation de l’ion activé’n u ,
encorein-connu. Cet état avait été
prévu
parcomparaison
avec ceux deCO+,
et par l’étude desperturbations
(12).
L’analogie
avec CO+ estremarquable.
Eneffet,
on apour les différences
d’énergie
des états de cet ion : PourN+
ces différences sont :
3,1
et1,6
V. D’autrepart,
la théoriepermit
àRecknagel (13)
de calculerapproxi-mativement
quels
seraient les niveaux minima des ions2~g ,
2IIu
soit :16,6, -
18 et20,7
V. Ces valeurssont
trop fortes,
de 1 V pour lapremière,
et de 2 V pour la seconde. Notre valeur17,‘~
est de l’ordre degrandeur
prévu
par la théorie.La mise en évidence de cet
ion,
dont la formationprédomine
par bombardement Lélectronique,
explique
les
divergences
expérimentales précédemment
citées. Ellepermet
de supposer que les différencesd-énergie
mesurées auspectrographe
à masse ne serapportaient
peut-être
pastoujours
à l’ion normal.Les
potentiels 21,2
et~z3,~
Vétant,
dans cetterégion,
504
n’existant entre
~3,~
et 27V,
et la différence23,1-2~ ,2
étantégale
à1,9
V, c’est-à-dire àl’énergie
d’activation de l’atome-ionN+,’D,
il est naturel de supposer queces deux
potentiels
correspondent
aux dissociations :et
Aucun
potentiel correspondant
à une formation de N2D neput
être constaté.L’énergie
de dissociation de la molécule normale enatomes normaux est donc de
6,72
V. La différence des niveaux : ion normal et atome et ion normaux est de5, ~ Y.
Quant
à la formule D = 2n(lm
-la),
proposée
par l’un de nous, elledonne,
appliquée
aupotentiel d~6 :
D =
6,72
V. Elle demeure vérifiéemalgré
son caractèreempirique.
Vérification de D et de D’. A
partir
des valeurspré-cédemment
déterminées,
on calcule lesénergies
desdissociations
supposées :
.soit soit soit
Or,
les troispotentiels
primaires
suivants ont éténettement observés :
35,65 ; 37,~
et 39,4 V(corrigés).
Leur observation estdélicate,
carl’arrivée
du gaz dansl’appareil
doit être telle que la diminution depression
due à l’élimination des ions formés en
grande
quantité
soit exactement
compensée.
Si ce résultat n’est pasFig, 7.
atteint,
la variation de lapression
estaccompagnée
d’une variation de l’intensité du courant
électronique
qui
rend toute observation illusoire. Cesprécautions
prises,
lespotentiels
précédents
ont été déterminésavec certitude
(fig. 7).
Nous ne pouvons
préciser
si les deux niveauxsupé-rieurs
37,6
et39,4
correspondent
à des dissociations directes enproduits activés,
ou au contraire à unedis-sociation en
produits
normaux suivie d’activation de ces derniers. Mais onpeut
remarquer que ces résultatsvérifient de toute manière les nouvelles valeurs
pro-posées
pourl’énergie
de dissociation de la molécule normale. Nous avonssignalé
que lepotentiel
19 V subsistemalgré
l’introduction desplaques
horizon-tales Une incertitude demeurecependant,
car il semblevraisemblable que des électrons
possédant
uneénergie
de 19 V aient encore une
probabilité
de chocsuffi-sante avec les
molécules,
pour donner des ions2il
~.8,’~ V).
Mais nous verrons
plus
loinqu’il
n’existe pas, pour lepotentiel
19,
d’interprétation
convenable en faisantappel à
une réaction secondaire. Cepotentiel
critique
avaitdéjà
été observé par Turner etSamson,
etcon-fondu le
plus
souvent avec lepotentiel i8,7
par lescommentateurs. Parmi les nombreuses
interprétations
que l’onpourrait suggérer
à sonsujet,
il ne nous est paspossible
de choisir avec certitude.Remarque. -
Deux autrespotentiels primaires
ont été observés avec une certaineimprécision:
27,4
±0,2
et 51.4 ±
0,2
V.Le
premier, déjà
observé par Kallmann et parMackay,
avait été mis en doute. Ilpourrait
corres-pondre
à la dissociationpour
laquelle
nouscalculons,
àpartir
de D =6,7
V:27,6 V.
6.
Interprétation
despotentiels
secondaires.-Il nous reste à déterminerquelle
peut
être la nature despotentiels
secondaires :18,4 ; 20 ;
20,35;
‘~ I ,9 ;
22,3 ; 23,8
V.La
disparition
de cespotentiels
quand
on établit lechamp
électrique perpendiculaire
montrequ’ils
repré-sentent desénergies
transmises aux ions et non auxmolécules.
L’énergie
totaletransmise,
depuis
leni-veau minimum de la molécule normale, sera donc
représentée
par la somme d’un de cespotentiels
avecl’un des
potentiels
d’ionisation de la molécule.Nous savons
d’après
lesprécédentes
expériences
que les niveauxd’énergie correspondant
à la formation de deux atomes-ions sontrespectivement :
35,68 ;
37,57 ; 39, ~6
V,
suivant que les deux ions N+ sontnormaux, que l’un est activé
(ID),
et que les deuxsont activés
Or,
on remarque que18,4 + 17,2 = 35,60
V. En d’autrestermes,
un ion moléculaireN+
2IIu,
recevantune
énergie supplémentaire
dei8,4
V donnerait naissance à deux ionsatomiques
normAUX. Nous nepouvons rien
préjuger
du mécanisme de cette dissocia-tion : formation intermédiaire d’un ion moléculaire doublementionisé,
ou dissociation de l’ion en N-~-
N+ suivie d’une ionisation de l’atome d’azote. Si onformait à
partir
de l’état111,, un
ionN2++,
cet ionserait,
suivant le nouvel électronenlevé,
dans l’un des étatsLe passage directe de l’ion
[Ju
au niveau de deux ions N+ n’est pasimpossible
nonplus.
Quoi qu’il
ensoit,
il ne nous semble pas absurded’expliquer
lepotentiel 18,~
V par combinaison aveccelui de la molécule
Il+
srj
ri .
De
même,
lepotentiel
20,
combiné avec lepotentiel
la,G
nous fait atteindre ce même niveau3~.G(l.
Lepotentiel 20,35,
combiné aupotentiel
17,‘~
nous conduità
37,55,
c’est-à-dire au niveau d’un ion N+ normal etd’un ion 11+
(lD).
De
même,
on remarquera que ~)~1,9+ 15,6
=3 i , ~0
et que
23,8 +
15,6
=:~f),4
V,
c’est-à-dire trèsexacte-ment les niveaux de 1’+ normal
+
~’+(iD)
et der N+( D)
-E-
N+(iD).
Enfin,
lepoteniel
22,3
combiné aupotentiel
17,2
donne
35,60
V.Ces
remarquables
coïncidences nouspermettent,
nousl’espérons,
de proposer pour lespotentiels
secon-daires
l’interprétation
suivante : ilsreprésentent
les passages des états’J~ ,
2IIu
et2~~
de l’ion moléculaireaux niveaux des deux ions
atomiques
normaux ouactivés
(1D).
Remarque :
uneinterprétation
semblable dupoten-tiel 19,
dont la natureprimaire
est encore incertaine(ct. ci-dessus),
n’est pas satisfaisante. La valeur laplus
approchée
serait obtenue par la somme : 19+
18,7
_ 37 7 V. L’erreur serait de
0,13 V, trop forte,
croyons-nous, pour nous
permettre
de proposer cetteinterprétation
avec certitude.7.
Energies
de dissociation des ions molécu-laires. - et21 u
Coster et Brons(11)
ont étudié lespectre
dupremier
groupenégatif
de l’azote(Z 2013B
qu’ils
ont lreprésenté
par la formule deJ z/
convergence :
Le calcul des convergences donne :
~
pour
pour’
l lerzberg par
contre,
avaitproposéla
formule de convergence suivante :permettant
de calculer :et
Malheureusement,
l’observation concernant l’état2B’+
d ’ 1 .... ,t, d .. ,
1
g
nedépasse
pas v ==15,
c’est-à-dire un niveauégal
àjj,5 V,
ou15,6 +
3,5’==
19,1
V àpartir
de lamolé-cule normale. O11 est encore, à
~i9,1 V, trop
éloigné
de la convergence pourpouvoir
supposer que celle-ci nedépasse
pas2J , 2 V.
Au
contraire,
sil’on supposeque l’état
2L+
donne par
fi
dissociation N normal et
eD),
c’est-à-dire doiveconverger à ~3,~1,
l’énergie
de dissociationl)l déterminée par nous serait7,5 V,
valeurcompatible
avec celle deCoster et Brons.
Pour l’état
~1~ ~
on connaît un dernier niveauobservé
(~s)
v‘ _13,
c’est-à-dire 3 V ou18,7
+
3= 2J , 7
àpartir
de la molécule normale. Laconver-gence de l’état
2+
u est doncsupérieure
à21,2
(produits
normaux)
et tend vraisemblablement vers23,1
(N
nor-mal
et N+ 1D).
L’énergie
de dissociation seraitd’après
nous :23, ’1
-18,7 =
4,4
V.I;tat L’existence de cet état a été mise en évi-dence par l’étude des
perturbations
de l’état robservées dans la structure fine de rotation. Le dernier niveau
perturbé
observé de est le niveauu
v’ =13
correspondant
à21,7
V. Onpeut
donc conclure que l’état ne converge pas à21, ’Z
et ne se dissocie donc pas enproduits
normaux. S’il se dissocie en N normal et N~e D)
sonénergie
de dissociation serait5,9
V. Connaissant désormais son niveau minimum1/,2 ,...,
onpeut
tenter dereprésenter
par une formulela convergence de l’état
1296U étant 1 en cm-1 la différence
d’énergie 17,2
-15,6.
Cette formule
représente
defaçon
satisfaisante les niveaux de l’état2ilu,
déduits de l’étude desperturba-tions. Elle
permet
de calculerl’énergie
de dissociation :l~l
=5,4
V, cequi
situe la limite de convergence à17,2 + 5,4
_ 22 6V,
alors que lepoint critique
expé-rimental,
correspondant
à N normal+
N+(’ D),
est23,1
V.8. Conclusion. - Il résulte de ce travail que le
niveau
d’énergie
minimumcorrespondant
à la forma-tion d’un atome N et d’un ion N+ normaux estV,
et que lepotentiel
d’ionisation11--l- -->-
2Ifu
est17,2
V.0
D’où il résulte que
l’énergie
de dissociation de la molécule est6,7
V. Cette valeur a été contrôlée parl’observation des trois
potentiels
3Õ,60; 37,55
et39,4),
en excellent accord avec les
potentiels
calculés àpartir
de D =
6, 7 ; 35,68 ;
37,57
et39,46.
Quant
aux trois états de l’ionmoléculaire,
l’incerti-tude dans
laquelle
on demeure encore ausujet
despro-duits de leur
dissociation,
ne nouspermet
pas depro-poser des valeurs certaines pour ces énergies. Toutefois,
il sembleacquis
par laspectrographie
que cesénergies
506
doivent ètre
supérieures
à la différence21,2 - 1,,,
(5,6
V dans le cas de l’état2~;)
qui correspondrait
à la formation deproduits
normaux. En admettant que lestrois états se dissocient en N normal et
N+
(1 D),
leursénergies
dedissociation,
déduites despoints critiques
que nous avonsobservés,
seraient :7,5 ;
L’hypothèse
d’une barrièrepotentiel peut
rendreplausible
la dissociation enproduits
normaux. Lesénergies
de dissociation des états de l’ion seraient alors5,6; !¡
et2,5
V.Manuscrit reçu le a0 août 1935.
BIBLIOGRAPHIE
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