SUR LA DÉSAIMANTATION DU FER ET DU NICKEL PAR DES CHAMPS ALTERNATIFS DE HAUTE FRÉQUENCE
Par ST. PROCOPIU, Professeur
et N. FLORESCU, Préparateur au Laboratoire d’Electricité de l’Université de lassy.
Sommaire. 2014 Nous avons étudié la diminution de l’aimantation rémanente, c’est-à- dire la désaimantation, de fils de fer, d’acier et de nickel, de diamètre 0,1 ; 0,25 et 0,5 mm, par des champs magnétiques alternatifs de fréquence 50; 3.104; 6.104; 15.104;
5.105 et 15.105 et d’intensité variant de zéro à 50 gauss environ (amplitude maximum).
La désaimantation est d’autant plus faible que la fréquence du champ démagnétisant est plus grande et son intensité plus petite. La courbe de désaimantation en fonction du champ démagnétisant présente trois parties, dont la deuxième après l’inflexion de la courbe, prolongée jusqu’à l’axe des champs, nous a permis de définir le champ coercitif apparent.
Le champ coercitif apparent est proportionnel à la racine carrée de la fréquence du champ démagnétisant et au diamètre du fil soumis à la désaimantation. Une explication
en est donnée, en partant de la répartition de l’induction magnétique alternative suivant
une section transversale du fil, c’est-à-dire par l’effet de peau, par lequel on a établi la formule
qui relie le champ coercitif apparent au champ coercitif statique Hc, à la fréquence f et
au rayon a du fil.
Dans le cas du nickel nous avons constaté des réaimantations spontanées sous l’influence du champ alternatif démagnétisant et nous les avons attribué à une viscosité magnétique
du nickel, faible ou nulle.
1. Introduction. - Pour produire la désaimantation d’une substance ferrolnagné- tique et la ramener à l’état neutre, on l’introduit dans un solénoïde par lequel on fait
passer un courant alternatif de la plus basse fréquence possible et d’amplitude décroissant continuellement depuis une certaine valeur jusqu’à zéro. Ce procédé a été indiqué par
Ewing. D’autres expérimentateurs, Searle, Burrows (1), ont constaté que pour une désai- mantation parfaite, il est nécessaire que le champ maximum, à partir duquel on produit
la désaimantation, dépasse une certaine valeur critique, voisine de celle qui correspond
au maximum de la perméabilité.
La désaimantation du fer peut être produite aussi par des oscillations électromagné- tiques de haute fréquence. Rutherford (2), en 1896, a observé au magnétomètre, que de fines aiguilles d’acier sont partiellement désaimantées lorsqu’elles sont entourées d’un
petit solénoïde, par lequel on fait passer des oscillations électriques amorties. Ce procédé
était utilisé pour détecter des ondes ou pour mesurei leur amortissement. Marconi (1), en 1902, observe que de faibles oscillations électriques peuvent modifier l’aimantation de
pièces minces de fer doux et déterminer dans une bobine en liaison avec un téléphone des
courants d’induction, (- qu’aujourd’hui, depuis Barkhausen, on reconnaît comme dils
aux discontinuités d’aimantatiol -); ce qui constitue le détecteur magnétique, fameux à
cette date. Mitra () constate que les ondes électriques non amorties produisent une désai-
(t) Ch. w. BURROWS, The best method of Demagnetizing Iron in Inagnetic Testing Bulletin of Bur. of
Standards (1907), (d’après Lurnière Electrique, t. 3 (1908), p. 19). Avant Ewing, il y a des observations ana-
logues de GAUGAIN, C. R., 77 (1873), p. i01L
.(2) E RUTHERFORD, A magnetic Détector of electrical waves. roy. Soc., London, 60 (1’,~96) p. 184~
Trans. 189. A. a897) p. 1.
(3) G. MARCONI, l’roc. roy. Soc., 70 (1902), p. 341.
l4) S. K. Sur la désaimantation du fer par des oscillations électromagnétiques, C. R., 176 (1923),
p. 1214, Journal de phys. 4 ~1923), p. 2~9. S.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0193300405025100
mantation d’autant plus faible, que la fréquence des oscillations est plus grande. Son
étude se rapporte à un fil de fer de 1 mm de diamètre, soumis au champ démagnétisant
fourni par des courants alternatifs, d’intensité efficace 0,3 ampères et de fréquence 50, 2u0, 640, ~~ 000, ~ 000, 13000, 43000, 166000 et 500 000, le dernier correspondant à la longueur d’onde 600 m.
En dernier, Tschetverikowa (’), par des ondes hertziennes, de longueur d’onde entre 1 7dO cm et 28 cm, constate que de la poudre de fer peut être désaimantée. Ses résultats sont purement qualitatifs, l’aimantation de la poudre étant appréciée d’après le nombre de
particules de la poudre de fer, retenues par un aimant permanent.
2. But du travail.
-Une étude suivie de la désaimantation du fer par des champs
alternatifs de différentes fréquences, en fonction de l’amplitude du champ et du diamètre du fil soumis à l’expérience, n’existe pas. Le seul travail pour les champs non amortis,
celui de Mitra, ne s’occupe que d’une seule intensité du champ. En outre, il serait inté- ressant de voir s’il y a une relation entre la désaimantation en haute fréquence et le champ
coercitif statique de la substance. Il fallait encore constater si la désaimantation com-
plète est possible, et dans quelles conditions, pour les champs de différentes fréquences.
Ce sont les motifs qui nous ont incités à commencer ce travail. Nous avons d’autant plus
tenu à faire cette étude, que dans un travail antérieur (2), on avait constaté que le champ
coercitif de la substance reste de même valeur jusqu’aux fréquences de l’ordre de 10J.
Pour cette étude il nous a fallu employer des courants alternatifs de basse fréquence,
50 cycles par sec, et de haute fréquence, jusqu’à 1,5. 106 cycles par sec, non amortis et d’intensité comparable. Avec des courants oscillants de haute fréquence d’intensité.
efficace entre zéro et 2 ampères, fournis par des oscillateurs à lampes, on a pu conduire
assez loin les côurbes de désaimantation, au moins pour la substance à faible champ
coercitif.
Pour nous rendre compte de l’allure des courbes de désaimantation nous avons choisi des substances ayant un cycle d’aimantation à pente lente, fer électrolytique et acier doux, et à pente brusque, pour le nickel. Les échantillons étudiés, en fils minces de ~~.,~ cm
de longueur, sont les suivants :
1. Fil de fer électrolytique, diamètre 0,1 mm et champ coercitif 4,8 gauss. Un paquet
de 3 fils.
2. Fil de fer électrolytique, diamètre 0,25 mm et champ coercitif 2,8 gauss. Un paquet
de 2 fils.
3. Fil de fer électrolytique, diamètre 0,5 mm et champ coercitif 2,8 gauss. Un paquet
de 2 fils.
4. Fil d’acier doux, diamètre 0,2 mm et champ coercitif 5,7 gauss. 6 fils.
5. Fil de nickel, diamètre 0,5 mm et champ coercitif 18,8 gauss. Un paquet de 9,, fils.
Un fil de nickel de 0,1 mm diamètre n’a pu être étudié, ayant un champ coercif trop grand. De même, des couches minces de fer, déposées sur de l’argent, présentaient des
inductions trop faibles pour être étudiées.
3. Méthode de mesure. - Les mesures étaient faites par la méthode magnétomé- trique, dans la première position de gauss. La substance ferromagnétique, en fil de 24,5 cm
de longueur, est introduite dans un tube de verre autour duquel on enroule deux bobines
concentriques, la bobine démagnétisante B,, de 25,3 cm longueur, de 0.64 cm de diamètre
et constituée de 282 spires, et la bobine magnétisante Bj, de 25,2 cm longueur, de 8,2 cm
(1) 31. TscHETVERiKowA, Entmagnetisierung von Eisenverbindungen durch elektrische Schwingungen
Z. Phy.,yk 44, (1927), p. 139.
(2) St. PROCopiu, Aimantation d’une substance ferromagnétique sous l’influence d’un champ alternatif,
J. phys. 1 (1930), p. 365.
de diamètre et formée de 280 spires (fig, f). La bobine Bi est en relation avec la source magnétisante de courant continu (120 volts, A, r) et avec une bobine compensatrice Bi.
La bobine démagnétisante B2 est en relation avec le courant alternatif à 50 fréquences,
pour la désaimantation initiale (’220 vols, - 24 volts, AT), ou avec le courant oscillant de haute fréquence, de circuit oscillant LC, et avec lequel elle est mise en série. Pour les
grandes fréquences il est nécessaire que la bobine B2 mise en série avec le circuit oscillant, ait la plus faible selfinduction; mais des essa,is préliminaires nous ont conduit à constater que la désaimantation n’est pas efficace que si l’enroulement de la bobine B~ s’étend sur
toute la longueur de l’échantillon et si les spires sont serrées l’une auprès de l’autre. Le
champ magnétique li de la bobine magnétisante et l’amplitude du champ alternatif Hmax de la bobine démagnétisante sont donnés par
Fig. 4 .
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