pour le second degré
‡ Scolariser tous les élèves et les faire réussir, porter pour
tous des exigences de culture, de justice, de qualification, indispensables à la construction des individus et des futurs citoyens, telles sont les finalités que le SNES assigne au système éducatif. L’École doit contribuer à créer une société plus juste, de croissance et d’emploi, garantissant l’autonomie financière des jeunes, donnant à chacun le droit à un emploi stable.
À deux reprises, lors de la crise des banlieues comme lors de la lutte contre le CPE, la question de l’emploi des jeunes a été posée avec acuité. Au-delà des différences – sorties sans qualification d’un côté, surexploitation d’une main-d’œuvre qualifiée de l’autre – c’est bien le besoin de justice sociale, le refus des inégalités et du tort fait à la jeunesse que traduisaient ces mouvements.
Les études sur l’emploi des jeunes font état des difficultés importantes qu’ils rencontrent pour s’insérer sur le marché du travail; mais cette marginalisation des jeunes sur le marché du travail touche essentiellement les non-diplômés, débutant à 60 % sur des emplois non qualifiés et demeurant pour 44 % d’entre eux sur ce type d’emploi, 7 ans plus tard. Résorber les sorties du système scolaire sans qualifications est plus que jamais une urgence d’autant qu’elles touchent majoritairement des jeunes victimes de différentes discriminations, souvent condamnés à la précarité et à la pauvreté.
Les pays de la Communauté européenne font le constat que la création des richesses et le développement passent par la production de savoirs et l’augmentation des qualifications, la faculté d’affronter les évolutions des processus de production, une formation tout au long de la vie, assise sur une formation initiale suffisante.
Pour atteindre, d’ici 2015, une proportion de 46 % de jeunes diplômés du supérieur (travaux du BIPE), il faudrait augmenter de 6 points la proportion de jeunes sortant avec un niveau égal ou supérieur au bac, soit 45 000 bacheliers supplémentaires par an.
Rompre avec une politique dévastatrice pour le second degré et les jeunes
Or, le système éducatif est en panne depuis maintenant 10 ans.
Après les progrès spectaculaires marqués entre 1985 et 1995, la part d’une génération obtenant le baccalauréat a stagné, le vivier d’étudiants ne s’est plus accru et le noyau dur de l’échec est stable.
Cette panne et le désarroi de certains personnels ont servi de justification aux pouvoirs publics pour imposer un changement radical de cap. Il se traduit d’abord par une politique de réduction
drastique des moyens du service public d’éducation, menée avec un acharnement tout particulier contre le second degré, qui a perdu, depuis la rentrée 2003, 27 000 postes d’enseignants et plus de 60 000 postes d’encadrement éducatif (le double de ce qui correspond à la baisse démographique!). Le décret sur les obligations de service et l’objectif fixé de récupérer 26 000 emplois supplémentaires d’ici 2010, sur la base d’une réduction des horaires d’enseignement, confirment qu’aujourd’hui l’obsession budgétaire pilote pour l’essentiel la politique d’éducation. Le changement de cap se traduit aussi par la logique de l’ « Égalité des chances ». La responsabilité de l’échec est renvoyée à l’élève qui n’a pas su ou voulu saisir sa chance, les personnels réduits à des tâches d’exécution. La formation de qualité devient une « faveur accordée » sous condition de « bon » comportement dans une logique de contractualisation, conditionnant désormais à tous les étages du système éducatif l’octroi de moyens humains et matériels. La méritocratie est le fondement « philosophique» d’un tel système où la réussite de quelques-uns servira à justifier le maintien de toutes les injustices sociales, le renoncement à une véritable politique d’éducation prioritaire.
Renouer avec l’ambition
À cette logique archaïque, le SNES oppose un projet éducatif ambitieux qui prend appui sur les capacités de ses acteurs et combat les inégalités sociales, spatiales, toutes les formes de discriminations. La véritable « économie de la connaissance » n’a qu’un seul moteur : l’intelligence, sur laquelle il faut parier. Celle des enfants et des adolescents de ce pays à qui l’école doit donner accès à une culture commune émancipatrice et à des diplômes reconnus, celle des personnels du second degré, dont les métiers se sont complexifiés et nécessitent de plus en plus d’expertise.
Pour cela, le rôle des services publics, facteurs de redistribution et d’égalité, est déterminant, notamment celui du service public d’éducation. Le désinvestissement vis-à-vis de ce dernier, la loi Fillon qui en rabat sur la formation initiale, exclut certains jeunes, les transferts accrus aux collectivités territoriales accentuent les inégalités sociales et vont à contresens des investissements nécessaires pour davantage d’intégration, de socialisation, de cohésion sociale.
Renforcer le budget de l’Éducation nationale en le ramenant à son niveau de 1995
Le discours rebattu sur le budget de l’éducation, premier budget de
réalités qui méritent d’être examinées de plus près.
De 6,4 % en 1980, la part de la Dépense Intérieure d’Éducation (DIE) dans le PIB a atteint 6,8 % en 1982 pour revenir à 6,4 % en 1989 ; si elle a augmenté de 1990 à 93 pour atteindre en 1995 les 7,6 %, du fait en particulier de l’effort des collectivités territoriales, depuis 1995, cette part diminue et atteint 6,9 %. En prenant comme indicateur les dépenses consacrées à la formation initiale par rapport au PIB, la France se situe juste au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, 1 % en dessous de la Suède et des USA.
Le SNES propose que soit acté l’objectif à terme de 10 % du PIB consacrés à la DIE et qu’au moins les deux tiers de cette dépense soient assurés par le budget de l’État si l’on veut une garantie d’égalité. La première étape serait de revenir rapidement au niveau atteint en 1995.
C’est à ce prix que pourrait être menée une politique radicalement différente de celles menées ces dernières années. Cela permettrait d’amorcer le rattrapage des retards très importants dont souffre l’enseignement supérieur, sans pour autant redéployer les moyens du second degré.
Il n’y aura en effet pas de développement du supérieur sur la base d’un second degré en voie de dévastation. Cela permettrait aussi la mise en place d’un véritable plan de programmation des recrutements et des emplois, indispensable pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de formation pour tous, l’allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, la lutte contre l’échec scolaire et la mise en place d’équipes de professionnels qualifiés.
Prévenir l’échec scolaire, dispenser une véritable culture commune, relancer réellement l’éducation prioritaire Relancer la démocratisation nécessite de clarifier les objectifs de l’école et d’en expliciter les choix et les valeurs. Cela suppose de mener une politique résolue de prévention de l’échec scolaire dès l’école primaire, de donner les moyens au collège de dispenser une véritable culture commune à tous les élèves afin de les préparer efficacement à des poursuites d’études après la classe de Troisième, de s’appuyer pleinement sur la complémentarité des trois voies de formation au lycée, de mettre en place des équipes pluri- professionnelles complètes dans tous les établissements.
Pour assurer un traitement équitable de tous les élèves sur l’ensemble du territoire, il convient de garantir le respect des horaires et programmes nationaux. La lutte résolue contre toutes les inégalités suppose d’en finir avec les ghettos scolaires, de viser partout une réelle mixité sociale et d’engager une véritable relance de l’éducation prioritaire.
en équipe, ouvrir des discussions sur les carrières
La complexité de métiers soumis à des tensions contradictoires, la nécessité pour les enseignants de posséder une qualification disciplinaire élevée comme une véritable formation professionnelle implique des mesures d’urgence pour améliorer la formation, élever le niveau des recrutements, faire évoluer les services, faciliter le travail en équipe, rendre le métier plus attractif, alors même que l’Éducation nationale aura à remplacer plus de 40 % de ses membres d’ici 2010.
Assurer ces relèves mais aussi mieux répondre aux besoins de qualification et de lutte contre les inégalités nécessite de l’État une politique volontaire pour renforcer, auprès des jeunes diplômés l’envie d’exercer dans le second degré, des dispositifs d’aide à l’entrée dans le métier ; cela nécessite aussi l’ouverture de discussions sur les carrières et la remise à niveau des rémunérations;
cela suppose également de conforter les personnels dans leurs missions, de permettre la construction d’un véritable collectif de travail et de nouveaux repères professionnels. Cet objectif ne peut être atteint que si du temps et des moyens sont laissés aux personnels pour développer recherches, initiatives et échanges sur les contenus et les méthodes d’enseignement.
Prendre en compte dans le service des enseignants les évolutions du métier
La réflexion sur les services des enseignants doit s’appuyer sur les
missions de ces derniers, rompre avec les réformes précédentes
qui ont multiplié des dispositifs périphériques à la classe, fondés
sur le présupposé d’une dichotomie entre les cours et d’autres
formes de travail, sans penser prioritairement des formes
d’intervention en classe efficaces pour tous. Intégrer dans le
service des enseignants des formes de soutien, en penser les
contenus, former les enseignants à mieux appréhender la nature
des blocages cognitifs, les obstacles en terme de démarches, de
méthodes de travail, permettrait d’améliorer les conditions
d’apprentissage. Parallèlement, d’autres formes d’aide, telle que
l’aide aux devoirs, pourraient être assurées par des personnels
comme les étudiants surveillants, afin de mieux accueillir et
suivre les élèves au sein du service public d’éducation. Le travail
collectif doit être développé et reconnu, les recrutements des
différents personnels de l’équipe éducative suffisants, leur missions
respectées.
Alors qu’actuellement dans notre pays 93 % des jeunes ayant entre 17 et 18 ans sont en formation, le système éducatif est bouleversé par la mise en œuvre de la loi du 23 avril 2005 (dite Loi Fillon) d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École. Elle prend appui sur le concept « d’égalité des chances » et s’inscrit dans la démarche préconisée par le programme de travail Éducation et Formation 2010, déclinaison de la stratégie de Lisbonne en matière d’éducation.
Dans un contexte où l’efficacité se mesure principalement à l’aune des réductions des dépenses publiques, cette loi qui instaure une école naturalisant les inégalités sociales, ne permettra pas de répondre au défi de l’élévation nécessaire des qualifications de tous et à l’aspiration de la jeunesse à s’insérer socialement et professionnellement dans une société plus juste et plus égalitaire.
Cette conception d’une école étroitement utilitaire pour la masse des jeunes se traduit par une réduction de l’offre de formation et le renoncement à assurer l’accès de tous à une vie sociale et culturelle qui requiert des savoirs et des compétences complexes. Pourtant, ces exigences mériteraient de tout mettre en œuvre, à tous les niveaux de la scolarité, pour construire l’égalité au lieu de se contenter de « donner sa chance » à chacun.
L’objectif, partagé par tous, d’en finir définitivement avec les sorties du système éducatif sans qualification nécessite pourtant une réelle ambition qui ne peut trouver sa traduction dans la réduction des apprentissages à un socle commun reposant sur une déclinaison des compétences-clés définies par la Commission européenne ou par la simple adoption du Cadre européen de certification (CEC) qui substitue la notion de « compétence » à celle de « qualification ».
Nous souhaitons que les prises de position et avis formulés par les représentants français auprès de la Commission (Direction générale de l’éducation et de la culture) fassent l’objet de débats et de consultations préalables, notamment auprès des organisations syndicales représentatives des personnels.
La Nation doit pouvoir faire le choix d’une école luttant résolument contre les inégalités spatiales, sociales et de genre.
Cette dernière doit susciter l’ambition de chacun et offrir à tous des parcours de formation lisibles, ouvrant toujours droit à des poursuites d’études et débouchant sur des qualifications reconnues.
Le développement de la formation tout au long de la vie, construite sur une formation initiale forte, souligne les enjeux d’une formation continue des adultes à la hauteur des enjeux économiques et sociaux, de son ancrage dans le service public, et de son articulation avec la formation initiale.
Le droit à l’éducation ne doit pas rester formel. Actuellement il est gravement remis en cause contre les jeunes scolarisés dits « sans-papiers » : intrusions de la police dans les établissements scolaires, expulsions, contrairement à la convention internationale des droits de l’enfance ratifiée par la France. L’éducation doit être garantie à tous les jeunes, quels que soient leur situation, leur milieu, leur lieu de vie.
et l’organisation pédagogique
Théoriquement unique et uniforme, le collège est travaillé par des fractures sociales et géographiques de plus en plus manifestes. Particulièrement sensible à son environnement, il a subi de plein fouet les mouvements ségrégatifs des populations. La crise scolaire y est plus patente qu’ailleurs : c'est en son sein que le premier grand tri des élèves s’opère alors qu’il constitue le dernier échelon d’une scolarité en théorie commune. Esquivant la question de ce que l’on enseigne et de la façon de l’enseigner, toutes les formes de rénovation du collège sont restées jusqu’ici au seuil de la classe pour multiplier les dispositifs aux noms prometteurs (consolidation, remise à niveau, remédiation, aide au travail personnel…).
Le SNES conteste toute velléité d'établir des catégories d'élèves en difficulté qui n’auraient soi-disant pas leur place au collège
(1). Il est tout aussi dangereux de s’appuyer sur l’existence réelle d’élèves en grande difficulté pour remettre en cause le principe de classe hétérogène et recréer des classes de niveau
(2). De nombreuses études montrent en effet que les classes de niveau pénalisent fortement les élèves faibles alors que les élèves forts en tirent peu de profit.
La difficulté est inhérente à l’acte d’apprendre. Elle peut être ponctuelle ou plus ou moins durable. Les apprentissages se construisant dans la classe, c’est d’abord en définissant des horaires suffisants que l’on doit tenter de résoudre les difficultés qui y font obstacle. Ces horaires doivent rester nationaux, afin de garantir un traitement équitable des élèves sur l'ensemble du territoire. Le SNES récuse donc tout assouplissement des horaires au nom de l'article 34 de la loi Fillon ou de l'audit collège qui propose d’amputer les horaires actuels de 20 % et d'utiliser localement tout ou partie de la marge dégagée pour adapter les horaires et programmes aux élèves scolarisés.
Si l’on veut que le collège scolarise efficacement tous les élèves de la Sixième à la Troisième sans filière ségrégative ni éviction précoce, il faut lui donner rapidement les moyens de favoriser des pratiques pédagogiques diversifiées au sein de la classe et de prévenir les échecs en apportant très tôt aide et soutien aux élèves qui en ont besoin.
Il faut également en finir avec les ghettos scolaires et viser partout une réelle mixité sociale, indispensable à l’hétérogénéité scolaire (voir fiche n° 10).
Nous demandons notamment de :
◆ définir rapidement une culture commune exigeante, accessible et mobilisatrice pour tous les élèves ;
◆ réduire les effectifs des classes (24 élèves maximum hors ZEP) ;
◆ prévoir un horaire/professeur supérieur à l’horaire/élève afin d’organiser des travaux de groupes, des dédoublements ;
◆ renforcer les dispositifs d’aide en Sixième et les installer à tous les niveaux du collège, sans réduire les horaires d’enseignement actuels ;
◆ offrir les moyens de suivre en équipe pluriprofessionnelle les élèves les plus en difficulté (voir fiche n° 8).
Le collège
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2
C’est au sein du système éducatif qu’il faut trouver des solutions pour empêcher toute sortie sans qualification et non en évinçant les élèves en difficulté dès l'âge de 14 ans vers l’Apprentissage junior. En les privant d'une partie des enseignements obligatoires, ce dispositif remet en cause la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans et renforce l’exclusion à l’encontre essentiellement des jeunes de milieux défavorisés. Il ne correspond absolument pas à une demande sociale (ni des familles, ni des employeurs).
Le SNES demande au président de la République d'abroger ce dispositif, comme il s’était engagé à le faire quand il était candidat.
Si une politique résolue de prévention de l'échec scolaire s'impose de toute urgence, il faut dans le même temps trouver des solutions immédiates pour répondre au problème des élèves actuellement en grande difficulté scolaire. Le module de découverte professionnelle de six heures a été créé à titre transitoire pour les élèves « repérés en voie de décrochage scolaire à la fin du cycle central », afin de mieux préparer leur accès à une formation qualifiante de niveau V.
Le SNES dénonce la confusion qu’entretient le ministère sur le public visé pour ce module et exige le respect de l’arrêté du 2 juillet 2004. Il rappelle son exigence qu’un bilan rigoureux soit fait au terme de l’année scolaire en cours.
Les dispositifs relais, qui accueillent des élèves entrés dans un processus évident de déscolarisation, peuvent représenter un recours utile. Ils doivent rester exceptionnels pour ces seuls élèves, et leur garantir un retour pédagogiquement accompagné dans la classe d’origine, ainsi qu’un suivi de leur parcours sur au moins deux ans.
Loin de régler les problèmes de comportement de certains élèves, la note de vie scolaire dénature le travail des enseignants et des CPE, crée des malentendus et ne peut que générer des tensions avec les élèves et les parents. Le SNES s’oppose à la prise en compte de cette note pour l’obtention du brevet et demande l’abrogation du décret du 10 mai 2006 qui institue cette note.
(1) Nous récusons notamment la typologie prédélinquants/en difficulté psychologique/perturbateurs proposée par Xavier Darcos dans son rapport à Nicolas Sarkozy.
(2) Dans ce même rapport, Xavier Darcos affirme que la classe hétérogène serait « facteur d’inégalité des chances ».
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Le lycée, par les tranches d’âge qu’il scolarise, tient une place importante au sein du système éducatif dans sa mission de préparation des jeunes à l’entrée dans leur vie d’adulte, que ce soit dans une perspective de poursuite d’études ou d’insertion professionnelle. Les lycéens devraient pouvoir trouver au lycée des éléments de réponse à leurs questions sur l’avenir, leur place dans la société et l’évolution de celle-ci.
Ces interrogations sont percutées par l’inquiétude face aux difficultés d’insertion professionnelle et de construction d’un parcours professionnel enrichissant.
Aujourd’hui la proportion de bacheliers dans une classe d’âge s’élève à 61,4 %, chiffre stable depuis 1995 (32,3 % bac général, 17,8 % bac technologique, 11,7 % bac professionnel, répartition inchangée depuis près de 10 ans). Passeport pour les formations supérieures, ce diplôme national demeure un repère majeur pour les jeunes et leurs familles. Affaiblir le baccalauréat, c’est prendre le risque de déstabiliser le système éducatif. En revanche, la Nation ne peut certainement pas se satisfaire d’un taux de bacheliers bloqué à 60 % depuis plus de 10 ans, alors que pour répondre aux prévisions des besoins de recrutement (projection Bipe 2015) il faut augmenter de 6 points en 10 ans ce pourcentage.
TROIS VOIES POUR CONJUGUER DIVERSITÉ ET ÉGALITÉ
L’entrée au lycée vient après neuf années d’une scolarité obligatoire assez uniforme en terme de contenus, d’attentes et d’exigences, construisant un ensemble de connaissances communes. Une diversité se construit au lycée par la mise en place des trois voies de formation :
◆ diversité des choix de disciplines dominantes et des options facultatives ;
◆ diversité des approches pédagogiques selon les voies ;
◆ diversité des activités proposées ;
◆ diversité des programmes de disciplines générales selon les voies de formation.
Les trois voies des lycées sont depuis longtemps au centre d’enjeux sociaux importants et sont une réponse, avec leurs propres dynamiques, au besoin croissant de qualification. En terme de formation, elles se valent : toutes les disciplines, à leur manière et avec leur spécificité donnent des outils de compréhension du monde, de jugement, et d’action.
SCOLAIRES, ÉTUDIANTS OU APPRENTIS
L’apprentissage, qui concerne environ 380 000 jeunes, est une forme de formation initiale sous statut de salarié. Gérées par les Régions et les branches professionnelles, ces formations échappent souvent à l’État en terme de contrôle du financement, d’organisation, de personnels. Seuls les contenus de formation mais surtout l’évaluation sont de la responsabilité de l’Éducation nationale. Historiquement positionné sur les premiers niveaux de qualification et sur les métiers de l’artisanat, l’apprentissage s’en éloigne progressivement. De moins en moins de jeunes y préparent des diplômes de niveaux V (CAP - BEP), même si ceux-ci restent majoritaires, et les formations sous statut d’apprentis se développent dans l’enseignement supérieur : BTS, licences, diplômes d’ingénieur et de commerce...
Une forme de dualité est donc en train de se construire : apprentissage en perte de vitesse sur les bas niveaux de qualification, apprentissage d’excellence sur les plus hauts. L’État et le ministère n’ont que très peu de prise sur cette évolution pilotée au niveau local.
Pour permettre une réelle réussite des jeunes et surtout de vraies possibilités de poursuite de formation, l’Éducation nationale devrait reprendre le pilotage et s’engager vers une « rescolarisation » de l’apprentissage.
Maillon essentiel du système éducatif pour répondre aux besoins de qualification d’aujourd’hui et de demain, et pour se mettre en situation de relever le défi de « 50 % de jeunes diplômés
du supérieur », le lycée doit faire l’objet d’une attention politique toute particulière.
Les lycées
Après les deux « relances » (1990 et 1999), la carte des ZEP concernait 20,1 % des collégiens à la rentrée 2005, 11 % des lycéens en LP et 3 % des lycéens en LGT.
Si les résultats scolaires en ZEP restent, en valeur absolue, plus faibles qu’ailleurs, les écarts ne se sont pas creusés alors que s’accroissaient les difficultés dans des territoires marqués par une paupérisation de plus en plus marquée, comme en témoignent les rapports annuels successifs de l’ONZUS
1.
Faisant éclater la carte des ZEP, la réforme Robien a restreint la politique d’éducation prioritaire à un très petit nombre d’établissements (249 EP1) qualifiés de « territoires prioritaires » ; les autres établissements (seulement à « publics prioritaires ») doivent rentrer dans le droit commun alors qu’ils cumulent pourtant des difficultés sociales et scolaires parfois tout aussi importantes.
Les 1 000 postes d’enseignants référents ont été implantés dans les EP1 par redéploiement sur le dos de tous les collèges.
Leurs missions, définies localement par les comités exécutifs sans consultation des personnels, répondent très rarement aux besoins réels car les équipes en place demandent des effectifs allégés, du travail en groupe et du temps de concertation dans leur service.
De plus, le ministère veut cantonner les élèves de ZEP au seul socle commun, devenu « l’ objectif cible », et faire des réseaux EP1 le territoire de toutes les déréglementations pour les élèves comme pour les personnels.
Cette réforme ne cherche pas à assurer la réussite de tous les élèves, mais seulement la « mixité des élites ».
Elle permet aux plus « méritants » de choisir leur lycée ; ceux qui ne réussissent pas seront rendus responsables de leur échec.
La suppression de la carte scolaire amplifierait encore cette logique et aurait des effets dévastateurs sur les écoles, collèges et lycées de l’éducation prioritaire en les ghettoïsant de façon irrémédiable. Les établissements qui concentrent déjà toutes les difficultés perdraient alors leurs meilleurs élèves, à commencer par les boursiers au mérite ; dans ceux où il existe encore aujourd’hui une certaine mixité sociale, les phénomènes de « fuite » seraient accentués.
Au total, il y aurait davantage d’établissements ghettoïsés.
Le SNES demande l’abrogation de la réforme ZEP, marquée par le renoncement, et une véritable relance de l’éducation prioritaire qui doit avoir pour priorité l’amélioration sensible des conditions d’enseignement et prendre appui sur l'expertise collective des enseignants.
‡ ‡ ‡
(1) Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles
À l'inverse de la logique des enseignants référents, et de la mise en opposition des personnels, il est essentiel de favoriser l’innovation pédagogique et la mise en œuvre de pratiques pédagogiques diversifiées pour permettre à tous les élèves d'entrer dans les apprentissages et dans la culture écrite. Centrer les projets pédagogiques sur les apprentissages en maintenant un haut niveau d’exigence dans le cadre des programmes nationaux suppose des moyens permettant :
◆ de réduire significativement les effectifs par classe ;
◆ de développer les dédoublements et le travail en petits groupes et de renforcer les dispositifs de soutien ;
◆ de mettre du temps à la disposition des équipes pour la coordination pédagogique, la concertation et les rencontres avec les parents ;
◆ de favoriser l'accès à la culture ;
◆ de favoriser la stabilité des personnels.
La réussite des élèves suppose aussi une carte des options et des formations sans discontinuité territoriale qui permette une plus grande mixité sociale. L’enjeu est de créer les conditions du développement d’une véritable ambition, pour permettre aux jeunes de s’appuyer sur de multiples possibilités de réussite : les collèges qui concentrent les difficultés doivent pouvoir offrir une palette d’options au moins aussi riche qu’ailleurs ; les lycées des quartiers populaires doivent avoir une large gamme de sections et d'options ; les formations supérieures de proximité implantées dans les lycées (BTS, CPGE, comptables) doivent être renforcées.
Les moyens alloués actuellement aux ZEP ne permettent qu'une augmentation marginale du taux d'encadrement et
sont très insuffisants pour faire reculer sensiblement l'inégalité scolaire. Il est impératif d’en revenir à un classement
unique refondé sur des critères sociaux objectifs, nationaux, transparents et que les moyens de l’éducation prioritaire
soient augmentés. Le budget de l’Éducation nationale doit être abondé en ce sens pour éviter tout redéploiement.
L’école doit permettre à tous les élèves de s’approprier des savoirs et savoir-faire exigeants, et de construire, progressivement et de façon encadrée, leur autonomie afin de pouvoir s’insérer dans un monde de plus en plus complexe.
C’est dans le cadre de l’école, et d’abord dans les cours, que les élèves doivent acquérir les outils et les méthodologies nécessaires à la réussite scolaire.
LE SOUTIEN SCOLAIRE
Le soutien scolaire marchand organisé par des officines privées s’est considérablement développé parce que le système éducatif ne remplit pas toutes ses missions. Cette externalisation n’est pas acceptable. S’appuyant sur la culpabilisation des familles, elle ouvre la porte à une école à plusieurs vitesses. Elle entretient l’illusion que la résolution de l’échec scolaire passe par l’individualisation à outrance et que la réussite ne peut dépendre que d’une aide extérieure, alors que dans le même temps les suppressions de postes d’enseignants sont massives au sein de l’Éducation nationale. Elle renforce les inégalités puisque seules les familles assujetties à l’impôt peuvent bénéficier de facilités de financement.
C’est d’abord et avant tout au quotidien dans la classe qu’il faut éviter les malentendus cognitifs parce que c’est là que se construisent les apprentissages. Prévenir et résoudre les difficultés suppose donc simultanément d’améliorer les conditions d’étude au sein de la classe (effectifs, dédoublements, travail en petits groupes) afin de varier les pratiques pédagogiques et de définir des contenus exigeants, accessibles et mobilisateurs.
Au-delà, chaque élève doit pouvoir trouver au sein de son établissement un cadre qui lui permet de mieux s’approprier les notions et concepts étudiés en classe et de s’entraîner.
Toutes ces activités doivent être encadrées par des enseignants car elles supposent de lever les malentendus éventuels en revenant sur ce qui a été fait en classe.
Le SNES demande la mise en place de dispositifs de soutien au sein de l’Éducation nationale. Ils pourraient être financés en partie par la suppression des déductions fiscales accordées aux familles qui ont recours aux services marchands de soutien scolaire.
Ces dispositifs doivent être pleinement intégrés dans le service des enseignants qui les prennent en charge.
Ils peuvent s’inspirer de l’aide individualisée, qui existe déjà en classe de Seconde en maths et en français, et être élargis aux autres disciplines et aux autres niveaux.
Pour être efficace, le soutien scolaire doit être réalisé en groupes réduits, voire de manière individuelle à certains moments.
C’est aux équipes pédagogiques de déterminer la forme et les modalités du dispositif, en fonction des besoins des élèves.
et les études surveillées/dirigées
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L’AIDE AUX DEVOIRS
Les inégalités sociales se creusent aussi dans le cadre du travail personnel en dehors de la classe, qui a souvent été accru pour compenser la baisse des horaires élèves. Cette question cruciale a fait l’objet de peu d’études mais on sait que les résultats obtenus ne sont pas forcément proportionnels au temps consacré aux devoirs à la maison, notamment pour les élèves les plus éloignés de la culture scolaire.
Le contenu, la nature, la forme des devoirs et la manière dont ils sont donnés, doivent faire l’objet d’une réflexion beaucoup plus approfondie qui alimente la formation des enseignants dès l’IUFM. Cela permettrait de lever les codes, aujourd’hui trop souvent implicites, du système éducatif.
C’est d’abord et avant tout en confortant les horaires d’enseignement et en développant les travaux en groupes que l’on donnera aux élèves les outils nécessaires pour réaliser efficacement le travail personnel qui leur est demandé dans le prolongement du cours.
Mais il faut parallèlement organiser des espaces et des temps d’accueil pour leur permettre de faire leurs devoirs au sein de l’établissement.
Au collège, les efforts doivent être concentrés en priorité sur la classe de Sixième, classe charnière dans laquelle la plupart des élèves découvrent en théorie le travail « à la maison ».
L’aide aux devoirs doit être assurée par des enseignants volontaires (études dirigées) ou par des étudiants surveillants recrutés en nombre suffisant (études surveillées).
Pour être pleinement efficaces, les dispositifs de soutien scolaire et d’aide aux devoirs doivent donner lieu à un échange collectif, ce qui suppose un temps de concertation intégré dans les services (voir fiche n° 7).
En outre, le SNES soutient la demande de création d’un véritable service public de l’accompagnement à la scolarité, en complément de l’École et non en substitution aux missions exercées par ses personnels. Centrées sur les apports culturels nécessaires à la réussite scolaire, les actions de ce service public joueraient un rôle indéniable dans la lutte contre les inégalités scolaires.
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L’orientation
POUR UNE ORIENTATION RÉELLEMENT AU SERVICE DES JEUNES
Tout le monde s’accorde à reconnaître la nécessité d’une politique de prévention des abandons et décrochages scolaires et l’urgence de la résorption des sorties sans qualifications. Mais l’effort doit aller bien au-delà puisque les travaux du BIPE montrent qu’il faut accroître de 6 points la proportion de jeunes que le lycée doit conduire au Bac pour répondre aux besoins des emplois de demain. Les grandes avancées du système éducatif pour la prolongation de la scolarité et un accès élargi aux études secondaires se sont toujours accompagnées d’une forte mobilisation du service public d’orientation et de ses personnels.
POURQUOI ?
En France, la conception de l’orientation s’est en effet toujours inscrite, dans l’Éducation nationale, dans une démarche éducative et continue prenant appui sur les projets d’avenir des jeunes, leurs potentialités, leurs intérêts, pour contribuer à leur réussite scolaire, les aider à construire des parcours scolaires ambitieux débouchant sur une qualification et une insertion professionnelle réussie.
Pour le SNES, l’orientation doit être le moyen d’élever le niveau d’aspiration et d’ambition de toute la jeunesse. Elle doit favoriser l’accès à l’autonomie et l’élaboration d’une démarche personnelle, permettre aux jeunes de prendre de la distance par rapport aux déterminismes de tous ordres et de s’investir dans leur formation.
COMMENT ?
Le défi qui est lancé au système éducatif nécessite d’aborder les problèmes dans leur complexité.
◆ Pour dédramatiser l’orientation et faire reculer la perception négative de certaines formations, il faut multiplier les passerelles, diversifier l’offre de formation dans chaque district et développer les poursuites d’études dans toutes les voies.
◆ Pour permettre à tous les élèves de choisir réellement leur voie d’orientation, il faut donner un nouvel élan à la lutte contre l’échec scolaire en permettant notamment aux CO-Psy de jouer tout leur rôle dans l’analyse des blocages et difficultés scolaires et personnelles.
◆ Permettre l’appropriation d’informations objectives et fiables sur les formations et les métiers, suppose que l’image que l’élève a de lui-même n’est pas trop dégradée, qu’il peut se projeter dans l’avenir, que les activités qu’on lui propose sont bien conçues par rapport à son âge et qu’un accompagnement personnalisé et qualifié soit mis en place pour tous. On ne s’improvise ni informateur, ni conseiller.
◆ L’aide à l’élaboration des projets d’avenir et l’accompagnement de la préparation des choix met en jeu des processus psychologiques complexes. Les projets doivent ainsi toujours être replacés dans la dynamique de développement de chaque adolescent qui n’est pas identique au collège, au lycée et à l’Université. Les enseignants ont leur rôle à jouer en matière de conseil scolaire mais ne peuvent se substituer aux CO-Psy qui ont une vision plus globale de la personnalité et de son évolution. La substitution des tâches, préfigurée dans la mise en place des entretiens d’orientation systématiques en Troisième doit être abandonnée au profit d’un travail en complémentarité.
◆ La connaissance du milieu professionnel nécessite pour une bonne lisibilité une formation et un positionnement que les enseignants n’ont pas. Les équipes éducatives doivent pouvoir s’appuyer sur les CO-Psy et les DCIO, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la Découverte Professionnelle, pour construire des progressions et des activités adaptées aux caractéristiques et aux questions des adolescents.
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AVEC QUELS PERSONNELS ET QUELLES STRUCTURES ?
Le service public d’orientation existe, par le réseau des 560 CIO, il faut lui donner les moyens de fonctionner. Dans l’Éducation nationale, on a réduit les recrutements par 5 en 5 ans; dès la rentrée 2008, plus de 250 CO-Psy et DCIO partiront en retraite ; 4 conseillers d’orientation-psychologues sur 5 ne seront pas remplacés. Est-ce ainsi que l’on pourra améliorer l’orientation ? Le rapport du délégué interministériel pour l’orientation préconisait de former des « conseillers pour les métiers », organisant ainsi la mise en extinction du corps des CO-Psy et DCIO et supprimant la qualification de psychologue pour aborder les problèmes d’orientation. Comment justifier ce recul dans le service public alors que les cabinets privés de coaching en font leur argument de vente ?
Pour les élèves en formation initiale, l’information et l’orientation sont organisées de manière très cohérente avec des professionnels ayant une formation spécifique et des centres chargés de l’accueil, du conseil et jouant le rôle d’observatoire du district. Pourquoi vouloir casser ce réseau en l’amalgamant avec des structures n’ayant ni les mêmes missions ni les mêmes publics ?
POUR LE SNES IL EST URGENT :
◆ De promouvoir le réseau des CIO au sein de l’Éducation nationale et leur spécificité de centres de ressources et de conseils sur la scolarité et l’orientation, leur rôle d’observatoire du fonctionnement du système éducatif et de l’insertion.
Ceci passe par un engagement fort de l’État pour le développement de ce service public, et la garantie d’indépendance par rapports aux pouvoirs locaux.
◆ De maintenir la qualification de psychologue des CO-Psy et de reprendre leur recrutement pour parvenir en 5 ans à compenser les départs en retraite et sur 10 ans à réduire les effectifs pris en charge à 600 élèves par conseiller.
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Les réformes en cours vont dans le sens d’une transformation en profondeur du métier d’enseignant: révision des décrets de 50 sur les services, bivalence, cahier des charges de la formation, « remplacements Robien », socle commun... Elles dénaturent et déqualifient les métiers de l’enseignement, hypothéquant l’avenir de l’école par la mise en péril du renouvellement de nos professions.
Le cahier des charges de la formation contre lequel s’est prononcé le CSE a été publié en décembre 2006. Il transfère des missions spécifiques d’autres personnels de l’éducation (CPE, CO-Psy) aux enseignants et réintroduit la bivalence dans les collèges et les lycées (les prémices de cette mesure sont apparues par la création des mentions complémentaires). La compréhension et l’appropriation par les élèves d’un certain nombre de connaissances et de concepts sont l’élément central de l’activité enseignante. Les processus engagés sont nombreux et mettent clairement en évidence la complexité de nos métiers. Nous récusons donc la bivalence et n’acceptons pas que l’on puisse la justifier en s’appuyant sur certains champs disciplinaires tels l’histoire géographie ou les lettres classiques, dont l’existence renvoie à la construction des savoirs et à l’épistémologie de ces disciplines, et pour lesquels les enseignants disposent d’une formation pendant les années d’IUFM.
Ainsi, une haute qualification disciplinaire et une formation de qualité permettent, seules, à l’enseignant d’être concepteur, libre de ses pratiques, et non simple répétiteur d’une pédagogie officielle. Lié à l’évolution des connaissances scientifiques et des cursus universitaires, le SNES pense que le niveau de recrutement des enseignants et CPE doit être porté au master (Bac+5). Il considère que, dans une perspective d’unification, l’agrégation revalorisée (recrutement au master) doit devenir la référence en matière de recrutement, de rémunération et de temps de travail pour tous les corps du second degré.
Par ailleurs, la référence à la classe et à la semaine, que permet la définition en heures d’enseignement de notre maximum de service hebdomadaire, est une réalité fondamentale structurant les apprentissages et leur progression dans l’année scolaire. Cela permet d’exercer sa liberté pédagogique en étant pleinement maître de la conception de l’enseignement à dispenser dans le cadre des programmes pour s’adapter le mieux aux élèves qui nous sont confiés. C’est dans ce cadre du groupe classe structuré pour la durée de l’année scolaire que peut se construire un travail d’équipe efficace au service des élèves. C’est aussi ce qui rend illusoires et inefficaces les remplacements Robien imposés en 2005.
Le temps et la charge de travail des enseignants ne cesse de s’alourdir. Les statuts particuliers des certifiés et des agrégés (décrets de 1972 modifiés en 1989) précisent dans leur article 1 que les enseignants « participent aux actions d’éducation, principalement en assurant un service d’enseignement », mais d’autres tâches (suivi des élèves dont l’évaluation, les conseils de classe, les relations avec les parents d’élèves, travail en équipe...) sont en symbiose étroite avec ce service d’enseignement. Les personnels ont intégré dans leurs missions davantage d’aide à l’étude et de suivi des élèves, de gestion des conflits ; ils ont développé les relations avec les parents d’élèves, le travail collectif. Tous les constats montrent que le métier s’est complexifié, que la charge de travail, la difficulté et la pénibilité du métier se sont accrues. Dans le champ des enseignements scolaires, les agrégés et certifiés sont les seules catégories enseignantes à n’avoir jamais eu aucune réduction de leur temps de travail.
Les enseignants et leur métier
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FICHE