• Aucun résultat trouvé

Changer de cap pour le second degré

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Changer de cap pour le second degré"

Copied!
13
0
0

Texte intégral

(1)

d’emploi, garantissant l’autonomie financière des jeunes, donnant à chacun le droit à un emploi stable.

A deux reprises, lors de la crise des banlieues comme lors de la lutte contre le CPE, la question de l’emploi des jeunes a été posée avec acuité. Au-delà des différences - sorties sans qualification d’un côté, surexploitation d’une main d’œuvre qualifiée de l’autre- c’est bien le besoin de justice sociale, le refus des inégalités et du tort fait à la jeunesse que traduisaient ces mouvements.

Les études sur l’emploi des jeunes font état des difficultés importantes qu’ils rencontrent pour s’insérer sur le marché du travail ; mais cette marginalisation des jeunes sur le marché du travail touche essentiellement les non diplômés, débutant à 60 % sur des emplois non qualifiés et demeurant pour 44 % d’entre eux sur ce type d’emploi, 7 ans plus tard. Résorber les sorties du système scolaire sans qualifications est plus que jamais une urgence d’autant qu’elles touchent majoritairement des jeunes victimes de différentes discriminations, souvent condamnés à la précarité et à la pauvreté.

Les pays de la Communauté européenne font le constat que la création des richesses et le développement passent par la production de savoirs et l’augmentation des qualifications, la faculté d’affronter les évolutions des processus de production, une formation tout au long de la vie, assise sur une formation initiale suffisante.

Pour atteindre, d’ici 2015, une proportion de 46 % de jeunes diplômés du supérieur (travaux du BIPE), il faudrait augmenter de 6 points la proportion de jeunes sortant avec un niveau égal ou supérieur au bac, soit 45 000 bacheliers supplémentaires par an.

Rompre avec une politique dévastatrice pour le second degré et les jeunes Or, le système éducatif est en panne depuis maintenant 10 ans. Après les progrès spectaculaires marqués entre 1985 et 1995, la part d’une génération obtenant le baccalauréat a stagné, le vivier d’étudiants ne s’est plus accru et le noyau dur de l’échec est stable. Cette panne et le désarroi de certains personnels ont servi de justification aux pouvoirs publics pour imposer un changement radical de cap. Il se traduit d’abord par une politique de réduction drastique des moyens du service public d’éducation, menée avec un acharnement tout particulier contre le second degré qui a perdu, depuis la rentrée 2003, 27 000 postes d’enseignants et plus de 60 000 postes d’encadrement éducatif (le double de ce qui correspond à la baisse démographique !). Le décret sur les obligations de service et l’objectif fixé de récupérer 26 000 emplois supplémentaires d’ici 2010 sur la base d’une réduction des horaires d’enseignement confirment qu’aujourd’hui, l’obsession budgétaire pilote pour l’essentiel la politique d’éducation.

Le changement de cap se traduit aussi par la logique de l’ « Egalité des chances ». La responsabilité de l’échec est renvoyée à l’élève qui n’a pas su ou voulu saisir sa chance, les personnels réduits à des tâches d’exécution. La formation de qualité devient une « faveur accordée » sous condition de « bon » comportement dans une logique de contractualisation, conditionnant désormais à tous les étages du système éducatif l’octroi de moyens humains et matériels. La méritocratie est le fondement

«philosophique» d’un tel système où la réussite de quelques uns servira à justifier le maintien de toutes les injustices sociales, le renoncement à une véritable politique d’éducation prioritaire.

Renouer avec l’ambition

À cette logique archaïque, le SNES oppose un projet éducatif ambitieux qui prend appui sur les capacités de ses acteurs et combat les inégalités sociales, spatiales, toutes les formes de discriminations. La véritable « économie de la connaissance » n’a qu’un seul moteur : l’intelligence, sur laquelle il faut parier. Celle des enfants et des adolescents de ce pays à qui l’école doit donner accès à une culture commune émancipatrice et à des diplômes reconnus, celle des personnels du second degré, dont les métiers se sont complexifiés et nécessitent de plus en plus d’expertise.

Pour cela, le rôle des services publics, facteurs de redistribution et d’égalité, est déterminant, notamment celui du service public d’éducation. Le désinvestissement vis- à-vis de ce dernier, la loi Fillon qui en rabat sur la formation initiale, exclut certains jeunes, les transferts accrus aux collectivités territoriales accentuent les inégalités sociales et vont à contresens des investissements nécessaires pour davantage d’intégration, de socialisation, de cohésion sociale.

Renforcer le budget de l’Éducation nationale en le ramenant à son niveau de 1995 Le discours rebattu sur le budget de l’éducation, premier budget de l’État, et qui serait l’un des plus importants du monde, masque des réalités qui méritent d’être examinées de plus près.

indicateur les dépenses consacrées à la formation initiale par rapport au PIB, la France se situe juste au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, 1 % en dessous de la Suède et des USA.

Le SNES propose que soit acté l’objectif à terme de 10 % du PIB consacrés à la DIE et qu’au moins les deux tiers de cette dépense soient assurés par le budget de l’État si l’on veut garantie d’égalité. La première étape serait de revenir rapidement au niveau atteint en 1995.

C’est à ce prix que pourrait être menée une politique radicalement différente de celles menées ces dernières années. Cela permettrait d’amorcer le rattrapage des retards très importants dont souffre l’enseignement supérieur, sans pour autant redéployer les moyens du second degré. Il n’y aura en effet pas de développement du supérieur sur la base d’un second degré en voie de dévastation. Cela permettrait aussi la mise en place d’un véritable plan de programmation des recrutements et des emplois, indispensable pour atteindre des objectifs ambitieux en matière de formation pour tous, l’allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, la lutte contre l’échec scolaire et la mise en place d’équipes de professionnels qualifiés.

Prévenir l’échec scolaire, dispenser une véritable culture commune, relancer réellement l’éducation prioritaire

Relancer la démocratisation nécessite de clarifier les objectifs de l’école et d’en expliciter les choix et les valeurs. Cela suppose de mener une politique résolue de prévention de l’échec scolaire dès l’école primaire, de donner les moyens au collège de dispenser une véritable culture commune à tous les élèves afin de les préparer efficacement à des poursuites d’études après la classe de Troisième, de s’appuyer pleinement sur la complémentarité des trois voies de formation au lycée, de mettre en place des équipes pluri-professionnelles complètes dans tous les établissements.

Pour assurer un traitement équitable de tous les élèves sur l’ensemble du territoire, il convient de garantir le respect des horaires et programmes nationaux. La lutte résolue contre toutes les inégalités suppose d’en finir avec les ghettos scolaires, de viser partout une réelle mixité sociale et d’engager une véritable relance de l’éducation prioritaire.

Améliorer la formation des enseignants, faciliter le travail en équipe, ouvrir des discussions sur les carrières

La complexité de métiers soumis à des tensions contradictoires, la nécessité pour les enseignants de posséder une qualification disciplinaire élevée comme une véritable formation professionnelle implique des mesures d’urgence pour améliorer la formation, élever le niveau des recrutements, faire évoluer les services, faciliter le travail en équipe, rendre le métier plus attractif, alors même que l’Éducation nationale aura à remplacer plus de 40 % de ses membres d’ici 2010.

Assurer ces relèves mais aussi mieux répondre aux besoins de qualification et de lutte contre les inégalités nécessite de l’État une politique volontaire pour renforcer, auprès des jeunes diplômés l’envie d’exercer dans le second degré, des dispositifs d’aide à l’entrée dans le métier ; cela nécessite aussi l’ouverture de discussions sur les carrières et la remise à niveau des rémunérations; cela suppose également de conforter les personnels dans leurs missions, de permettre la construction d’un véritable collectif de travail et de nouveaux repères professionnels. Cet objectif ne peut être atteint que si du temps et des moyens sont laissés aux personnels pour développer recherches, initiatives et échanges, initiatives et échanges sur les contenus et les méthodes d’enseignement.

Prendre en compte dans le service des enseignants les évolutions du métier

La réflexion sur les services des enseignants doit s’appuyer sur les missions de ces

derniers, rompre avec les réformes précédentes qui ont multiplié des dispositifs

périphériques à la classe, fondés sur le présupposé d’une dichotomie entre les cours

et d’autres formes de travail, sans penser prioritairement des formes d’intervention

en classe efficaces pour tous. Intégrer dans le service des enseignants des formes

de soutien, en penser les contenus, former les enseignants à mieux appréhender

la nature des blocages cognitifs, les obstacles en terme de démarches, de méthodes

de travail, permettrait d’améliorer les conditions d’apprentissage. Parallèlement,

d’autres formes d’aide, telle que l’aide aux devoirs pourraient être assurés par des

personnels comme les étudiants surveillants, afin de mieux accueillir et suivre les

élèves au sein du service public d’éducation. Le travail collectif doit être développé

et reconnu, les recrutements des différents personnels de l’équipe éducative

suffisants, leur missions respectées.

(2)

Alors qu’actuellement dans notre pays 93 % des jeunes ayant entre 17 et 18 ans sont en formation, le système éducatif est bouleversé par la mise en œuvre de la loi du 23 avril 2005 (dite Loi Fillon) d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École. Elle prend appui sur le concept « d’égalité des chances » et s’inscrit dans la démarche préconisée par le programme de travail Éducation et Formation 2010, déclinaison de la stratégie de Lisbonne en matière d’éducation. Dans un contexte où l’efficacité se mesure principalement à l’aune des réductions des dépenses publiques, cette loi instaure une école naturalisant les inégalités sociales, ne permettra pas de répondre au défi de l’élévation nécessaire des qualifications de tous et à l’aspiration de la jeunesse à s’insérer socialement et professionnellement dans une société plus juste et plus égalitaire.

Cette conception d’une école étroitement utilitaire pour la masse des jeunes se traduit par une réduction de l’offre de formation et le renoncement à assurer l’accès de tous à une vie sociale et culturelle qui requiert des savoirs et des compétences complexes. Pourtant, ces exigences mériteraient de tout mettre en œuvre, à tous les niveaux de la scolarité, pour construire l’égalité au lieu de se contenter de « donner sa chance » à chacun.

L’objectif, partagé par tous, d’en finir définitivement avec les sorties du système éducatif sans qualification nécessite pourtant une réelle ambition qui ne peut trouver sa traduction dans la réduction des apprentissages à un socle commun reposant sur une déclinaison des compétences-clés définies par la Commission européenne ou par la simple adoption du cadre européen de certification (CEC) qui substitue la notion de « compétence » à celle de « qualification ».

Nous souhaitons que les prises de position et avis formulés par les représentants français auprès de la Commission (Direction générale de l’éducation et de la culture) fassent l’objet de débats et de consultations préalables, notamment auprès des organisations syndicales représentatives des personnels. Cela est d’autant plus nécessaire que chaque gouvernement aura à élaborer durant ce premier trimestre 2007 un rapport national d’avancement sur la mise en œuvre du programme Éducation et Formation 2010.

La nation doit pouvoir faire le choix d’une école luttant résolument contre les inégalités spatiales, sociales et de genre.

Cette dernière doit susciter l’ambition de chacun et offrir à tous des parcours de formation lisibles, ouvrant toujours droit à des poursuites d’études et débouchant sur des qualifications reconnues.

Le développement de la formation tout au long de la vie, construite sur une formation initiale forte souligne les enjeux d’une formation continue des adultes à la hauteur des enjeux économiques et sociaux, de son ancrage dans le service public, et de son articulation avec la formation initiale.

Le droit à l’éducation ne doit pas rester formel. Actuellement il est gravement remis en cause contre les jeunes scolarisés dits « sans-papiers » : intrusions de la police dans les établissements scolaires, expulsions, contrairement à la convention internationale des droits de l’enfance ratifiée par la France. L’éducation doit être garantie à tous les jeunes, quels que soient leur situation, leur milieu, leur lieu de vie.

• Comment envisagez-vous de réduire significativement les sorties sans diplôme ou qualification ?

• Partagez-vous l’objectif de 50 % de diplômés à bac +3 et si oui quels moyens vous donnez-vous pour les atteindre ?

• Quelle attitude adopterez-vous par rapport à la loi Fillon pour l’avenir de l’école (abrogation, modifications...) ?

Les objectifs en matière d’éducation et l’organisation pédagogique

1

FICHE

(3)

La loi Fillon vise à organiser un collège à plusieurs vitesses en partant du postulat, que nous récusons, que tous les élèves ne seraient pas capables d’aller au-delà de quelques connaissances et compétences de base et en les renvoyant à une hypothétique formation tout au long de la vie. La loi ne pose jamais la question des conditions de travail des élèves au sein de la classe alors que c’est en donnant aux équipes les moyens d’apporter au bon moment aide et soutien aux élèves qui en ont besoin que l’on peut s’attaquer aux inégalités scolaires.

Présentés comme une modalité de prévention de la grande difficulté, les PPRE

(1)

sont généralisés sans moyens malgré le bilan peu positif de l’expérimentation de l’an dernier. Les collèges ne disposant que de très faibles marges de manœuvre pour les mettre en place, ce sont des enseignements obligatoires qui risquent de disparaître. Or toutes les disciplines jouent un rôle incontournable dans l’appropriation de la culture commune.

Pour la rentrée 2007, le ministère incite à assouplir les grilles horaires en s’appuyant sur l’article 34 de la loi Fillon (qui permet l’expérimentation d’une organisation dérogatoire des enseignements) et anticipe les conclusions de l’audit collège (amputation de 20 % des horaires actuels et définition locale de leur utilisation). Il s’agit d’une grave menace pour le respect des horaires et des programmes nationaux sur l’ensemble du territoire.

L’Apprentissage Junior permet d’évincer du collège des élèves dès l’âge de 14 ans. Privés de culture commune, ces jeunes sont cantonnés, en LP ou CFA, à l’acquisition du seul socle commun. Après une première phase d’initiation aux métiers, l’élève de 15 ans perd son statut de collégien en entrant en Apprentissage. Cette remise en cause de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans constitue un retour en arrière de plus de 40 ans ! Les textes affirment que l’apprenti junior peut revenir à tout moment au collège. Mais comment pourrait-il y réussir après avoir été privé d’une partie importante des enseignements obligatoires ? L’objectif ministériel de 15 000 apprentis juniors à la rentrée 2006 n’a pas été atteint ; ce dispositif ne correspond donc pas à une demande sociale (ni des familles, ni des employeurs).

Le SNES demande l’abrogation de ce dispositif ; c’est au sein du système éducatif qu’il faut trouver des solutions pour répondre au problème urgent des élèves en grande difficulté scolaire, en maintenant des objectifs de culture commune pour tous les élèves et en ouvrant de vraies perspectives d’accès au niveau V de qualification.

Pour que le collège scolarise efficacement tous les élèves de la Sixième à la Troisième sans filière ségrégative ni éviction précoce, le SNES propose de :

◆ repenser la culture commune (exigeante mais accessible et mobilisatrice) ;

◆ améliorer les situations d’apprentissage au sein de la classe (24 élèves maximum, 20 en ZEP ; des horaires disciplinaires suffisants pour traiter les programmes ; alterner le travail en classe entière et en groupes) ;

◆ multiplier de véritables dispositifs d’aide et de soutien, sans priver les élèves d’une partie des enseignements ;

◆ créer des équipes pluri-professionnelles complètes (enseignants, CPE, CO-Psy, assistante sociale, infirmière...) qui disposent de temps pour suivre les élèves les plus en difficultés ;

◆ favoriser le travail d’équipe en intégrant du temps de concertation dans le service des membres de l’équipe ;

◆ en finir avec les ghettos scolaires et assurer une mixité sociale dans tous les collèges ;

◆ organiser des aides aux devoirs.

Le SNES demande par ailleurs le maintien et le développement des SEGPA afin de couvrir tous les besoins en matière d’enseignement adapté.

(1) PPRE : Programme personnalisé de réussite éducative

• Quelles mesures comptez-vous prendre pour que le collège permette à tous les élèves d’atteindre les objectifs de fin de Troisième

et d’accéder à une classe de Seconde (générale, technologique ou professionnelle) ?

• Comment vous situez-vous par rapport aux propositions de définition locale de 20 % des heures de cours ?

• Envisagez-vous d’abroger le dispositif d’Apprentissage Junior ?

Le collège

2

FICHE

(4)

ACCÈS AU BACCALAURÉAT ET QUALIFICATIONS

Le lycée, par les tranches d’âge qu’il scolarise, tient une place importante au sein du système éducatif dans sa mission de préparation des jeunes à l’entrée dans leur vie d’adulte, que ce soit dans une perspective de poursuite d’études ou d’insertion professionnelle. Les lycéens devraient pouvoir trouver au lycée des éléments de réponse à leurs questions sur l’avenir, leur place dans la société et l’évolution de celle-ci.

Ces interrogations sont percutées par l’inquiétude face aux difficultés d’insertion professionnelle et de construction d’un parcours professionnel enrichissant.

Aujourd’hui la proportion de bacheliers dans une classe d’âge s’élève à 61,4 % (32,3 % bac général, 17,8 % bac technologique, 11,7 % bac professionnel). Ces chiffres sont stables depuis 1995. Ce diplôme national demeure un repère majeur tant pour les jeunes et leurs familles comme passeport pour les formations supérieures. Dans ce sens, cette spécificité française est à manier avec beaucoup de discernement. Des évolutions mal réfléchies risqueraient d’entraîner une déstabilisation du système éducatif et de fait un affaiblissement du repère national, qu’est le bac, surtout si elles ne sont justifiées que par des considérations budgétaires. En revanche, la Nation ne peut certainement pas se satisfaire d’un taux de bacheliers bloqué à 60 % depuis plus de 10 ans.

TROIS VOIES POUR CONJUGUER DIVERSITÉ ET ÉGALITÉ

L’entrée au lycée vient après neuf années d’une scolarité obligatoire assez uniforme en terme de contenus, d’attentes et d’exigences, construisant un ensemble de connaissances communes. Une diversité se construit au lycée par la mise en place des trois voies de formation :

◆ diversité des choix de disciplines dominantes et des options facultatives ;

◆ diversité des approches pédagogiques selon les voies ;

◆ diversité des activités proposées;

◆ diversité des programmes de disciplines générales selon les voies de formation.

Les trois voies des lycées sont depuis longtemps au centre d’enjeux sociaux importants et sont une réponse, avec leurs propres dynamiques, au besoin croissant de qualification. En terme de formation, elles se valent : toutes les disciplines, à leur manière et avec leur spécificité donnent des outils de compréhension du monde, de jugement, et d’action.

SCOLAIRES, ÉTUDIANTS OU APPRENTIS

L’apprentissage, qui concerne environ 380 000 jeunes, est une forme de formation initiale sous statut de salarié. Gérées par les régions et les branches professionnelles, ces formations échappent souvent à l’État en terme de financement, d’organisation, de personnels. Seuls les contenus de formation mais surtout l’évaluation sont de la responsabilité de l’Éducation nationale. Historiquement positionné sur les premiers niveaux de qualification et sur les métiers de l’artisanat, l’apprentissage s’en éloigne progressivement. De moins en moins de jeunes y préparent des diplômes de niveaux V (CAP - BEP), même si ceux-ci restent majoritaires et les formations sous statut d’apprentis se développent dans l’enseignement supérieur ; BTS, licences, diplômes d’ingénieur et de commerce...

Une forme de dualité est donc en train de se construire : apprentissage en perte de vitesse sur les bas niveaux de qualification, apprentissage d’excellence sur les plus hauts.

l’État et le ministère n’ont que très peu de prise sur cette évolution pilotée au niveau local.

Faut-il, pour vous, augmenter la proportion des jeunes bacheliers et comment comptez-vous arriver à cet objectif (diversification des structures ? recours à l’apprentissage ? ...) ?

Les lycées

3

FICHE

(5)

UN BILAN CONTRASTÉ MAIS UNE POLITIQUE OPÉRATOIRE ET LÉGITIME

Après les deux « relances » de 1990 et 1999, la carte des Zep concernait 20,1 % des collégiens à la rentrée 2005, 11 % des lycéens en LP et 3 % des lycéens en LGT. Mais la part du budget consacrée à l’éducation prioritaire n’a pas permis de répondre aux difficultés croissantes de territoires de plus en plus marqués par la paupérisation.

La politique d’éducation prioritaire est non seulement légitime, mais « opératoire ». Si les résultats scolaires en ZEP restent, en valeur absolue, plus faibles qu’ailleurs, les écarts ne se sont pas creusés malgré l’insuffisance des moyens octroyés alors que le contexte social et économique s’est, lui, globalement dégradé.

UNE RÉFORME MARQUÉE PAR LE RENONCEMENT

La réforme de Robien de l’éducation prioritaire en a bouleversé à la fois la philosophie, les objectifs et les modalités. Il ne s’agit plus d’assurer la réussite de tous les élèves, mais de viser seulement la « mixité des élites » ; à une politique collective qui s’attachait à développer les territoires, le ministère substitue une politique qui cible des individus : ceux qui ne réussissent pas seront rendus responsables de leur échec tandis que les plus « méritants » ont déjà le droit de choisir leur lycée !

Faisant éclater la carte des ZEP, le ministère recentre sa politique sur un très petit nombre d’établissements, abandonnant progressivement tous les autres qui cumulent pourtant des difficultés sociales parfois tout aussi importantes. La politique de l’éducation prioritaire se réduit aux seuls réseaux dits « ambition réussite » (EP1), qualifiés de « territoires prioritaires », tandis que les autres établissements (seulement à « publics prioritaires ») doivent rentrer dans le droit commun.

Les 1 000 postes d’enseignants référents ont été implantés dans les EP1 par redéploiement sur le dos de tous les collèges.

Leurs missions, définies localement par les comités exécutifs sans consultation des personnels, répondent très rarement aux besoins réels car les équipes en place demandent des effectifs allégés, du travail en groupe et du temps de concertation dans leur service.

Les élèves de milieux populaires sont désormais cantonnés aux savoirs peu exigeants et formateurs du socle commun, devenu le seul « objectif cible », et les réseaux EP1 constituent le territoire de toutes les déréglementations pour les élèves

(1)

comme pour les personnels.

Le SNES demande l’abrogation de cette réforme et une véritable relance de l’éducation prioritaire.

QUELQUES PROPOSITIONS DU SNES

◆ Assurer une plus grande mixité sociale par une carte scolaire plus équitable et une réelle diversité de l’offre d’enseignement, notamment au niveau des options.

◆ En finir avec la multiplication des labels et en revenir à une dénomination unique attribuée sur la base de critères objectifs nationaux transparents.

◆ Maintenir le même niveau d’exigence en ZEP comme ailleurs, en favorisant la diversité des approches.

◆ Développer les heures de soutien et d’aide aux devoirs organisées et encadrées par des personnes qualifiées.

◆ Stabiliser les équipes pédagogiques par l’amélioration des conditions de travail en ZEP (effectifs réduits, encadrement adulte renforcé, travail en petits groupes).

◆ Favoriser le travail en équipe par l’intégration de temps de concertation dans le service.

◆ Revaloriser le montant des bourses sur critères sociaux et élargir le nombre de bénéficiaires en relevant les plafonds de revenus des parents.

(1) On note déjà des dérives avec des élèves privés de certains enseignements obligatoires jugés moins « fondamentaux » !

Quelles mesures envisagez-vous de prendre en zone d’éducation prioritaire pour maintenir les mêmes exigences qu’ailleurs, améliorer les conditions d’étude des élèves, rendre les postes attractifs et stabiliser les équipes ?

L’éducation prioritaire

4

FICHE

(6)

L’école doit permettre à l’élève de construire progressivement et de façon encadrée son autonomie. L’organisation du temps scolaire est un facteur déterminant pour la réussite.

C’est d’abord le travail au quotidien dans la classe qui doit donner aux élèves les outils nécessaires pour qu’ils puissent mener à bien, progressivement et de manière suffisamment autonome, le travail personnel qui leur sera demandé en prolongement du cours.

L’élève doit pouvoir trouver dans l’établissement un cadre visant à favoriser la pratique du travail personnel indispensable à sa formation. Le travail à la maison a souvent été accru pour compenser la baisse des horaires élèves ou l’alourdissement des effectifs. Le travail de l’élève, notamment dans son aspect méthodologique, doit se faire dans le cadre de l’école, et d’abord pendant les cours, grâce à des pratiques pédagogiques, des contenus disciplinaires, du travail en demi-groupe, en travaux dirigés et des horaires permettant aux enseignants de mieux accompagner le travail de chaque élève.

Aujourd’hui, tous les élèves doivent pouvoir bénéficier d’une formation à la recherche documentaire dès le collège, par un enseignant documentaliste en liaison avec ses collègues des disciplines. Il est donc nécessaire de recruter des professeurs documentalistes.

De plus une utilisation raisonnée des outils informatiques et de communication n’est pas innée : elle doit être intégrée aux programmes de toutes les disciplines.

Pour les élèves rencontrant des difficultés, un volant d’heures complémentaires devrait être mis à la disposition des équipes, pour l’aide aux devoirs, sous des formes diverses, par exemple des études dirigées et des études surveillées par des MISE (ce qui nécessite de nouveaux recrutements).

Enfin une réflexion approfondie sur la nature d’un travail scolaire pertinent en dehors de l’école doit avoir lieu. Cette réflexion doit alimenter la formation des enseignants et elle doit pouvoir être prise en charge par les équipes d’enseignants.

AIDE ET SOUTIEN AUX ÉLÈVES : CHOISIR LE SERVICE PUBLIC

Pour être vraiment égalitaire, l’aide aux élèves doit rester une mission de service public. Or le soutien marchand se développe aujourd’hui de façon importante d’une part parce que l’école ne remplit pas toutes ses missions, d’autre part parce que l’illusion grandit que la solution de l’échec scolaire réside dans l’individualisation des apprentissages. Nous demandons la suppression des déductions fiscales pour les familles qui ont recours aux services marchands d’aide et de soutien scolaire.

La masse financière récupérée doit permettre de financer dans les établissements la mise en place des dispositifs de soutien et d’aide aux devoirs.

ACCOMPAGNEMENT À LA SCOLARITÉ

Tel qu’il est défini par la charte de 2001 comme l’« ensemble des actions visant à offrir aux côtés de l’école, l’appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour réussir à l’école, appui qu’ils ne trouvent pas toujours dans leur environnement familial et social. Ces actions, qui ont lieu en dehors du temps de l’école, sont centrées sur l’aide aux devoirs et les apports culturels nécessaires à la réussite scolaire » est pour nous distinct du soutien scolaire.

Il est souvent gratuit et assuré par des associations dont le rôle dans la lutte contre les inégalités est indéniable. Il doit être soutenu et mieux pris en compte par les pouvoirs publics. Il doit aussi être mieux articulé avec le travail dans l’école car il apporte un éclairage différent sur le vécu des exigences scolaires.

• Êtes-vous d’accord pour supprimer le dégrèvement fiscal pour le soutien scolaire marchand et pour réintégrer

les sommes dans le financement d’un soutien scolaire public au sein de l’école ?

• Êtes-vous favorable à la reprise du recrutement d’étudiants- suveillants dans les établissements scolaires ?

Le soutien scolaire et

l’accompagnement à la scolarité

5

FICHE

(7)

Quelles sont vos propositions pour le service public

d’orientation, en particulier les CIO ? (Missions, recrutement et qualification des personnels, ...)

Orientation

POUR UNE ORIENTATION RÉELLEMENT AU SERVICE DES JEUNES

La conception de l’orientation, en France, s’est toujours inscrite dans une démarche éducative et continue, prenant appui sur les projets d’avenir des élèves, leurs intérêts, leurs aspirations, pour les aider à construire des parcours scolaires ambitieux, débouchant sur une qualification et une insertion professionnelle réussies. C’est ainsi que les grandes avancées du système éducatif pour la prolongation de la scolarité et un accès élargi aux études secondaires et supérieures, ont toujours largement fait appel au service public d’orientation et à ses personnels.

Aujourd’hui la logique est tout autre.

L’orientation devrait devenir le vecteur de parcours rectilignes, sans fautes et sans risques pour l’institution, débouchant sur une insertion professionnelle ajustée aux besoins économiques locaux, une orientation rentable et gestionnaire. Dans cette perspective, il faudrait convaincre les élèves, particulièrement ceux d’origine modeste, de s’engager dans des voies de formation professionnelles courtes correspondant aux offres d’emploi à court terme, surtout s’ils ne sont pas particulièrement brillants et méritants.

AINSI S’EXPLIQUENT LES DISCOURS ET LES CHOIX ACTUELS AUTOUR DE L’ORIENTATION

◆ Le ministère de l’Éducation nationale prétend que les jeunes manquent d’information alors que les ressources mises à disposition n’ont jamais été si nombreuses. Ce dont les élèves et les étudiants ont besoin c’est d’une aide spécifique et personnalisée pour s’approprier ces informations en fonction de leur cas.

◆ Il insiste sur la nécessité de conseils individualisés mais transfère les missions des conseillers d’orientation-psychologues sur les enseignants qui n’ont ni les connaissances, ni les compétences de psychologue, ni le positionnement institutionnel.

Il veut ainsi ignorer les processus psychologiques complexes à l’œuvre dans l’élaboration des projets d’avenir Parallèlement il divise par cinq le recrutement des conseillers d’orientation-psychologues, au risque de ne remplacer que 20 % des départs à la retraite dès l’an prochain.

◆ Il stigmatise les conseillers d’orientation-psychologues pour leur méconnaissance du monde professionnel et de l’insertion alors qu’ils sont les professionnels de l’éducation les plus formés dans ce domaine. Il oublie que l’orientation des élèves du secondaire porte avant tout sur des voies de formation, même si la mise en perspective des choix professionnels est nécessaire

◆ Le Premier ministre souligne le manque de cohérence des structures ayant en charge l’orientation et l’insertion oubliant que la quasi-totalité des collégiens et des lycéens sont pris en charge par les CIO. La plupart des organismes (Missions locales, Paio, Cidj, ANPE) n’intervenant qu’auprès de publics déjà sortis du système scolaire et à la recherche d’une insertion. Confondre les besoins spécifiques de ces différents publics, faire fi des qualifications spécifiques indispensables pour apporter des réponses adaptées, ne pourra que repousser les élèves du secondaire vers le secteur privé du « coaching ».

Pour le SNES, l’orientation doit être le moyen d’élever le niveau d’aspiration et d’ambition de toute la jeunesse. Elle doit permettre aux jeunes de prendre de la distance par rapport aux déterminismes sociaux, favoriser l’accès à l’autonomie et l’élaboration d’une démarche personnelle. Elle doit reconnaître un droit à l’erreur et au changement et s’inscrire dans un contexte où les passerelles sont plus nombreuses et où la lutte contre l’échec est une priorité. Elle doit être un moyen d’offrir des réponses adaptées en fonction de l’âge des jeunes en formation initiale, de leurs problématiques personnelles et des étapes de leur cursus. Pour atteindre ces objectifs, l’orientation scolaire doit relever du réseau public des CIO de l’Éducation nationale, lieux d’accueil, d’information et de conseils personnalisés, et être assurée par des conseillers d’orientation-psychologues .

6

FICHE

(8)

Les réformes en cours vont dans le sens d’une transformation en profondeur du métier d’enseignant : révision des décrets de 50 sur les services, bivalence, cahier des charges de la formation, « remplacements De Robien », socle commun... Elles dénaturent et déqualifient les métiers de l’enseignement hypothéquant l’avenir de l’école par la mise en péril du renouvellement de nos professions.

Le cahier des charges de la formation contre lequel s’est prononcé le CSE a été publié en décembre 2006. Il transfère des missions spécifiques d’autres personnels de l’éducation (CPE, CO-Psy) aux enseignants et réintroduit la bivalence dans les collèges et les lycées (les prémices de cette mesure sont apparues par la création des mentions complémentaires).

La compréhension et l’appropriation par les élèves d’un certain nombre de connaissances et de concepts est l’élément central de l’activité enseignante. Les processus engagés sont nombreux et mettent clairement en évidence la complexité de nos métiers : Comment construire un cours ? Comment multiplier les situations d’apprentissage pour prendre en compte la diversité des élèves ? Comment dialoguer au sein de la classe ? Quel type de questions poser aux élèves ? Comment travailler dans un temps imposé ? Peut-on faire un cours magistral ? Comment doit-on interpréter une évaluation ? Comment transposer des savoirs universitaires en savoirs scolaires accessibles à tous ? Ainsi, une haute qualification disciplinaire et une formation de qualité permettent, seules, à l’enseignant d’être concepteur, libre de ses pratiques, et non simple répétiteur d’une pédagogie officielle. Lié à l’évolution des connaissances scientifiques et des cursus universitaires, le SNES pense que le niveau de recrutement des enseignants et CPE doit être porté au master (Bac+5).

Par ailleurs, la référence à la classe et à la semaine, que permet la définition en heures d’enseignement de notre maximum de service hebdomadaire, est une réalité fondamentale structurant les apprentissages et leur progression dans l’année scolaire. Cela permet d’exercer sa liberté pédagogique en étant pleinement maître de la conception de l’enseignement à dispenser dans le cadre des programmes pour s’adapter le mieux aux élèves qui nous sont confiés.

C’est aussi la raison pour laquelle ce qui rend illusoires et inefficaces les remplacements de Robien imposés en 2005.

Le temps et la charge de travail des enseignants ne cesse de s’alourdir. Les statuts particuliers des certifiés et des agrégés (décrets de 1972 modifiés en 1989) précisent dans leur article 1 que les enseignants « participent aux actions d’éducation, principalement en assurant un service d’enseignement » mais d’autres tâches (suivi des élèves dont l’évaluation, les conseils de classe, les relations avec les parents d’élèves ; travail en équipe...) sont en symbiose étroite avec ce service d’enseignement. Les personnels ont intégré dans leurs missions davantage d’aide à l’étude et de suivi des élèves, de gestion des conflits ; ils ont développé les relations avec les parents d’élèves, le travail collectif.

Le SNES demande donc une réécriture des décrets sur nos obligations de service qui respecte notre identité professionnelle, améliore la situation de tous et qui prenne en compte les évolutions du métier (prise en compte des différentes tâches constitutives du métier et des situations diversifiées d’exercice par une intégration forfaitaire dans le service défini en heures d’enseignement). Il récuse le décret De Robien de 2006-2007 pris contre l’avis unanime des organisations syndicales.

Les enseignants et leur métier

• Quelle conception avez-vous des missions et du service des enseignants des collèges et lycées ?

La bivalence est-elle compatible avec cette conception ?

• Quel est selon vous le niveau de recrutement aujourd’hui pertinent ?

• Reviendrez-vous sur les décrets De Robien de 2005 et 2007 sur les services ?

7

FICHE

(9)

Former des maîtres,

entrer dans la profession

• Quelles mesures prendrez-vous pour améliorer l’entrée dans le métier des enseignants (aménagement du service, action sociale, etc.) ?

• Vous engagez-vous à revoir la loi pour empêcher le recours à des personnels non titulaires ? Quelles dispositions dans l’immédiat pour résorber la précarité ?

La formation des maîtres est au cœur des réformes menées par le ministre depuis l’an dernier. Après une accélération du processus d’intégration des IUFM aux universités, en dehors de toute concertation, le cahier des charges de la formation des maîtres a été élaboré entre novembre et décembre derniers. Notre inquiétude face à la dissociation de ces deux dossiers, s’est, malheureusement, vue confortée ; d’une part, l’intégration des IUFM aux universités, ne permet, à l’heure actuelle, ni d’assurer l’unité de la formation sur le territoire ni de développer la recherche dans les IUFM ; d’autre part, le chier des charges propose une formation répondant à des métiers assujettis à l’exécution de pratiques normatives, déqualifiés, soumis à une évaluation pointilleuse et permanente.

Pour le SNES, la formation des maîtres doit se construire progressivement de la licence jusqu’aux premières années de titularisation et se poursuivre tout au long de la carrière. Des modules de pré-professionnalisation doivent être mis en place dès la licence. Tout en restant ancrée prioritairement sur l’acquisition des connaissances disciplinaires correspondant à la discipline scolaire, il est indispensable que la formation universitaire des futurs enseignants s’ouvre par exemple à l’épistémologie, la didactique et intègre également une réflexion sur la place de leur discipline dans le système éducatif.

Pour cela, il faut développer les pré-recrutements à toutes les étapes du cursus universitaire en articulant les objectifs suivants : assurer des viviers suffisants de candidats dans toutes les disciplines, démocratiser l’accès aux emplois statutaires d’enseignants et de CPE, contribuer à résorber la précarité. Cependant, les pré-recrutements ne doivent pas servir de prétexte à une régionalisation des concours ou à une affectation régionale. Pour le SNES, le service public doit être un moyen de lutter contre les inégalités territoriales. Tous les élèves ont le droit à un enseignement de qualité. C’est pourquoi nous sommes attachés à un concours national assorti d’une affectation nationale.

La première année de formation professionnelle ne peut en aucun cas se réduire à un stage pratique assorti d’une juxtaposition de modules qui répondraient à une conception étriquée du métier (référentiel de compétences, « Éducation à... »). Elle doit développer les conditions permettant une démarche réflexive dans laquelle s’enrichissent pratiques et gestes professionnels d’une part et connaissances scientifiques d’autre part. Cela est incompatible avec une augmentation de la durée de stage sur le terrain, comme cela est prévu actuellement.

Aujourd’hui, les non-titulaires n’ont plus que les concours internes ou externes pour espérer une titularisation. La précarité pourrait être résorbée par la mise en place d’un plan s’appuyant tant sur les concours que sur l’intégration des non-titulaires directement en deuxième année d’IUFM, comme stagiaires en formation.

Aujourd’hui, la titularisation débouche sur un changement brutal, par une entrée à temps plein dans le métier. Souvent submergés, les nouveaux titulaires n’ont pas le temps d’avoir le recul nécessaire à un exercice serein du métier. Les recherches disciplinaires, le travail collectif, par exemple, leur sont très souvent inaccessibles car consommateurs de temps. Une prise de fonction à mi-temps, et une deuxième année de titulaire à deux-tiers temps, permettraient de limiter la charge de travail des premières années.

Pour finir, la formation continue doit contribuer, pour les personnels, à l’amélioration des pratiques professionnelles, à la réactualisation des connaissances disciplinaires – qui évoluent régulièrement – à des qualifications en vue de la promotion ainsi qu’à l’enrichissement culturel et à la réalisation de projets, et ce pour toutes les catégories, titulaires et non- titulaires, sans exception. Il faut donc augmenter les crédits affectés à la formation continue et prendre en compte les demandes des personnels. La formation continue doit répondre de façon équilibrée aux exigences institutionnelles et aux aspirations de l’individu.

8

FICHE

(10)

UN MÉTIER MAL RÉMUNÉRÉ

Le revenu moyen d’un enseignant représente 65 % de la rémunération d’un cadre du secteur privé, 68 % de celle d’un cadre de la Fonction Publique (en 2003, DGAFP Faits et chiffres 2005-2006). Le salaire d’embauche représente 125 % du SMIC (salaires bruts) contre 207 % en 1981. Le pouvoir d’achat des professeurs du second degré a reculé de 20 % en 25 ans.

CARRIÈRES

Le MEN conteste la hors classe, acquise en 1989, comme élément de revalorisation de nos métiers et en fait un élément d’accélération de la carrière pour quelques uns. La déconcentration de la gestion introduit des disparités fortes et contrarie la mobilité géographique et professionnelle des personnels.

◆ Le SNES demande la reconstruction des carrières enseignantes avec intégration des indices de la hors classe en une carrière en onze échelons parcourue en 20 ans. Dans ce cadre, un début de carrière à 1 800 euros mensuels nets et le versement d’une prime d’équipement, l’indexation du point d’indice de la Fonction publique sur les prix.

◆ L’augmentation des congés de formation professionnelle doit favoriser la mobilité professionnelle.

LES ENSEIGNANTS FACE À LA RETRAITE

En 2004, moins de 57 % des certifiés radiés des cadres à partir de 60 ans travaillaient à temps complet (étude du SNES à partir des données exhaustives du service des pensions du MEN). La disparition du congé de fin d’activité, la réforme profonde de la cessation anticipée d’activité (CPA), rendue moins accessible et moins rémunératrice, commencent à affecter lourdement les fins de carrière enseignantes.

Du fait de carrières débutées à l’issue de leurs études, de la perte de la bonification pour enfants par un grand nombre de femmes, notamment celles qui ont débuté comme auxiliaire, les enseignants seront à brève échéance confrontés à un arbitrage impossible : poursuivre un exercice professionnel exposé et usant ou partir en retraite avec une pension nettement inférieure au taux maximum.

◆ L’abrogation de la loi de réforme des retraites doit conduire à mobiliser des financements nouveaux afin de garantir le niveau de 75 % à 60 ans. Elle doit aussi traiter de la prise en compte des années d’étude et rétablir une CPA accessible et avantageuse.

• Prévoyez-vous de revaloriser les traitements et les carrières des enseignants ?

• Quelles modifications pensez-vous apporter à la loi sur les retraites ?

Rémunération, carrières, retraite

9

FICHE

(11)

Organisation du système éducatif

LA DÉCENTRALISATION DE 2004 ET LE RÔLE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES La loi de décentralisation a conduit à un mouvement social d’une exceptionnelle importance. Ce mouvement est l’expression du refus de toute inégalité entre les citoyens quel que soit le lieu où ils vivent. Cette loi en renforçant le rôle des collectivités territoriales dans le domaine de l’Éducation crée une dynamique d’inégalité entre les territoires et entre les citoyens. Ce constat est d’ailleurs confirmé par toutes les études, y compris celles du ministère de l’intérieur (DGCL). L’absence de tout mécanisme significatif de péréquation financière, en particulier entre les régions, ne peut que renforcer notre inquiétude D’ailleurs, certaines collectivités territoriales ont fait le choix d’intervenir au-delà de leur champ de compétence (soutien scolaire, équipement informatique des élèves, prise en charge des voyages scolaires, etc.). On ne peut que constater que ce sont les collectivités les plus « riches » qui ont pu ainsi offrir plus dans les secteurs géographiques qui ne sont pas ceux qui sont en difficulté. C’est bien cette logique que nous contestons.

L’AUTONOMIE DES ÉTABLISSEMENTS

Les établissements scolaires du second degré ont aujourd’hui une autonomie importante. L’État conserve le contenu des programmes, la fixation des horaires d’enseignements, la gestion des personnels. Ces éléments doivent pour nous rester exclusivement de la compétence de l’État. Élargir l’autonomie des établissements ne peut que conduire à leur attribuer une partie de ces compétences. Nous pensons qu’une telle évolution ne pourrait qu’amener de graves inégalités entre les établissements et par là même à une hiérarchisation des établissements du second degré. Par ailleurs, l’autonomie des établissements n’est pas l’autonomie des chefs d’établissements. Dans le cadre de ce qui est aujourd’hui l’espace d’autonomie des collèges et des lycées, ce qui est fréquemment remis en cause par le ministère, c’est la possibilité pou l’ensemble des membres de la communauté scolaire (parents d’élèves, élèves, personnels, etc.) de pouvoir être les acteurs de cette autonomie. Pour nous, il s’agit d’abord de faire vivre démocratiquement l’autonomie existante.

LA CARTE SCOLAIRE

La carte scolaire n’a pas été créée dans le souci de promouvoir la mixité sociale. Pourtant elle en a été un des outils. Elle est trop souvent contournée. La supprimer ou en affaiblir les règles ne peuvent que conduire à accentuer ses faiblesses.

L’idée selon laquelle sa suppression ou son « aménagement » serait une liberté pour les parents est une illusion. Cela ne peut que permettre aux établissements les plus demandés de « choisir » leurs élèves faute de pouvoir accueillir tous ceux qui le souhaitent : fausse liberté pour les parents et renforcement de la liberté de choisir leurs élèves pour les établissements, cela ne va pas dans le sens d’une meilleure justice sociale face à l’école.

L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ SOUS CONTRAT

L’enseignement privé sous contrat ne cesse de réclamer depuis 2003 une augmentation de la part des crédits qui sont prévus pour le second degré, voulant ainsi remettre en cause l’équilibre des lois Debré et Chevènement, équilibre qui nous contestons. On notera à titre d’exemple que dans le second degré général et technologique les effectifs moyens par classe sont de 25 élèves dans le privé et de 28,8 dans le public (année scolaire 2005-2006) L’enseignement privé sous contrat qui prétend contribuer au service public d’éducation n’en accepte ni les règles ni les contraintes (quasi absence dans les secteurs difficiles, poursuite de la revendication du caractère propre des établissements, non soumission une quelconque carte scolaire).

Quelles conception avez-vous de l’organisation du système éducatif (carte scolaire, autonomie des établissements, décentralisation, enseignement privé ...) ?

FICHE

10

(12)

LA DÉPENSE INTÉRIEURE D’ÉDUCATION (DIE) De 1995 à 2005 la part des dépenses d’éducation par

rapport aux richesses produites est passée de 7,6 % à 6,9 %. Si la part des dépenses d’éducation dans le PIB avait été maintenue en 2005 au niveau de 1995, l’éducation dans notre pays disposerait aujourd’hui de 13 milliards d’euros de plus. Le budget du ministère de l’Éducation nationale disposerait alors de 7,2 milliards d’euros supplémentaires soit 12,8 % de plus que le budget 2007 voté par le Parlement. Ainsi le maintien de la situation de 1995 permettrait, par exemple, de traiter les situations les plus difficiles sans recourir à une augmentation du temps de travail des enseignants du second degré comme le fait aujourd’hui le ministère.

En 10 ans, la part des dépenses supportées par les familles est passée de 6,9 % à 7,6 % de la DIE et celle assurée par les collectivités territoriales (à compétences égales dans le domaine scolaire) est passée de 20 % à 21,2 %. Cette tendance ne peut qu’engendrer plus d’inégalités.

Le SNES demande que soit acté l’objectif de 10 % du PIB consacrés à la DIE et qu’au moins les deux tiers de cette dépense soient assurés par le budget de l’État si l’on veut la garantie d’égalité. La première étape serait de revenir rapidement au niveau atteint en 1995.

LE BUDGET 2007

Dans le second degré, les choix budgétaires conduisent notamment à la suppression de l’équivalent plus de 5 500 emplois pour la rentrée 2007.

Le SNES estime que la baisse des effectifs prévue à la prochaine rentrée devrait au contraire permettre d’utiliser les moyens ainsi dégagés pour renforcer l’encadrement éducatif avec un effort particulier en direction des établissements et des élèves en difficulté.

Il estime donc indispensable qu’une loi de finance rectificative soit votée dans ce sens durant l’été.

RECRUTEMENTS

Depuis deux ans le nombre de départs à la retraite est supérieur de 5 000 à celui des nouveaux recrutements. De plus, toutes les études montrent que d’ici 2010 le pays manquera cruellement d’étudiants ayant atteint le niveau bac +4. Enfin, les effectifs du second degré vont à nouveau augmenter dès les prochaines rentrées, comme on commence à l’observer déjà sensiblement en collège.

À ne pas vouloir anticiper ces difficultés, on court le risque de connaître dès le début des années 2010 une crise de recrutement telle que l’Éducation nationale se trouvera dans l’impossibilité de recruter les enseignants qualifiés dont elle aura besoin.

Le SNES demande une programmation pluriannuelle des recrutements.

Les moyens du système éducatif

PART DE LA DÉPENSE INTÉRIEURE D’ÉDUCATION DANS LE PIB 7,80 %

7,60 %

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 7,40 %

7,20 % 7,00 % 6,80 % 6,60 %

• Envisagez-vous sur la durée de votre mandat une croissance des dépenses intérieures d’éducation (DIE). Quelle part pour les crédits du ministère de l’Éducation nationale dans cette évolution ?

• Prévoyez-vous une programmation pluriannuelle du recrutement des enseignants du second degré et envisagez-vous le remplacement des départs à la retraite ?

FICHE

11

(13)

Les objectifs en matière d’éducation et l’organisation pédagogique

• Comment envisagez-vous de réduire significativement les sorties sans diplôme ou qualification ?

• Partagez-vous l’objectif de 50 % de diplômés à bac +3 et si oui quels moyens vous donnez-vous pour les atteindre ?

• Quelle attitude adopterez-vous par rapport à la loi Fillon pour l’avenir de l’école (abrogation, modifications...) ?

Le collège

• Quelles mesures comptez-vous prendre pour que le collège permette à tous les élèves d’atteindre les objectifs de fin de Troisième et d’accéder à une classe de Seconde (générale, technologique ou professionnelle) ?

• Comment vous situez-vous par rapport aux propositions de définition locale de 20 % des heures de cours ?

• Envisagez-vous d’abroger le dispositif d’Apprentissage Junior ?

Les lycées

Faut-il, pour vous, augmenter la proportion des jeunes bacheliers et comment comptez-vous arriver à cet objectif ? (Diversification des structures ? Recours à l’apprentissage ? ...)

L’éducation prioritaire

Quelles mesures envisagez-vous de prendre en zone d’éducation prioritaire pour maintenir les mêmes exigences qu’ailleurs, améliorer les conditions d’étude des élèves, rendre les postes attractifs et stabiliser les équipes ?

Le soutien scolaire et l’accompagnement à la scolarité

• Êtes-vous d’accord pour supprimer le dégrèvement fiscal pour le soutien scolaire marchand et pour réintégrer les sommes dans le financement d’un soutien scolaire public au sein de l’école ?

• Êtes-vous favorable à la reprise du recrutement d’étudiants-suveillants dans les établissements scolaires ?

Orientation

Quelles sont vos propositions pour le service public d’orientation, en particulier les CIO ? (Missions, recrutement et qualification des personnels, ...)

Les enseignants et leur métier

• Quelle conception avez-vous des missions et du service des enseignants des collèges et lycées ? La bivalence est-elle compatible avec cette conception ?

• Quel est selon vous le niveau de recrutement aujourd’hui pertinent ?

• Reviendrez-vous sur les décrets De Robien de 2005 et 2007 sur les services ?

Former des maîtres, entrer dans la profession

• Quelles mesures prendrez-vous pour améliorer l’entrée dans le métier des enseignants (aménagement du service, action sociale, etc.) ?

• Vous engagez-vous à revoir la loi pour empêcher le recours à des personnels non titulaires ? Quelles dispositions dans l’immédiat pour résorber la précarité ?

Rémunération, carrières, retraite

• Prévoyez-vous de revaloriser les traitements et les carrières des enseignants ?

• Quelles modifications pensez-vous apporter à la loi sur les retraites ?

Organisation du système éducatif

Quelles conception avez-vous de l’organisation du système éducatif (carte scolaire, autonomie des établissements, décentralisation, enseignement privé ...) ?

Les moyens du système éducatif

• Envisagez-vous sur la durée de votre mandat une croissance des dépenses intérieures d’éducation (DIE).

Quelle part pour les crédits du ministère de l’Éducation nationale dans cette évolution ?

• Prévoyez-vous une programmation pluriannuelle du recrutement des enseignants du second degré et envisagez-vous le remplacement des départs à la retraite ?

1

FICHE

2

FICHE

3

FICHE

4

FICHE

5

FICHE

6

FICHE

7

FICHE

8

FICHE

9

FICHE

10

FICHE

11

FICHE

Références

Documents relatifs

Cette étude qualitative s’intéresse aux interventions de collaboration école-famille (EF) menées par des enseignants du primaire qui tiennent compte des facteurs de risque et de

Pour conclure nous devons dans le second degré, retrouver la richesse d'expression du journal de l'enseigne- ment primaire en étendant les rubriqu es à toutes les

Mais nous y parvenions presque toujours tant nous voulions préserver notre indépen- dance, tant nous sentions que notre réussite dépendait du respect des autres

Telle qu'elle est pratiquée le plus souvent, la correspondance intersco- lair e nous conduit, après que lques brefs contacts entre Jnaîtres, à jumeler deux par d

ivionsicur Lichnerowicz ne décla rait-il pas: « .Notre école française fait livrer aujourd'hui à la société, au sortir de l'enseignement secondaire, une

Nous allons même, aux journées d'étu- des, restructurer la commission afin de permettre une meilleure information et une meilleure mise en valeur des recherches à ces

Les 6 ha libérés seront exploités  en cultures de vente. » Pour limiter les coûts liés à l’implantation des couverts végétaux, Sylvain et Éric Delahaye envisagent

[r]