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Submitted on 3 Feb 2017
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La protection des civils par les opérations de maintien de la paix de l’ONU
Namie Di Razza
To cite this version:
Namie Di Razza. La protection des civils par les opérations de maintien de la paix de l’ONU : Le cas de la MONUC/MONUSCO en République démocratique du Congo (1999-2015). Science politique.
Institut d’Études Politiques de Paris, 2016. Français. �tel-01454840�
Institut d'études politiques de Paris ECOLE DOCTORALE DE SCIENCES PO
Programme doctoral en Science politique, Relationsinternationales Centre de recherches internationales
Doctorat en Science politique
Namie Di Razza
La pro tec t ion des c iv i ls par les opéra t ions de ma in t ien de la pa ix de l’ONU
Le cas dela MONUC/MONUSCO en République démocratique du Congo (1999-2015)
Thèse dirigée par Jacques Sémelin, Directeur de recherche, CNRS/CERI Soutenuele 15janvier 2016
Membres du jury :
M. Frédéric Charillon,Professeur des universités, Université d’Auvergne (rapporteur) M. Emmanuel Decaux,Professeur des universités, Université Panthéon-Assas (rapporteur) M. Guillaume Devin, Professeur des universités, Sciences Po Paris
M. Jean-Philippe Ganascia, Général (2S), Ministère dela Défense, Consultant Secteur de Sécurité et Défense et ancien commandant del'EUFOR Tchad-RCA
M. Baptiste Martin, Conseiller Protection des civils au Département des opérations de maintien de la paix,ONU
M. Jacques Sémelin, Directeur de recherche, CNRS/CERI
Avant-Propos
Cettethèse estle fruit de cinq années detravail, dontle cœur fut une expérience unique de 18 mois à Goma, àl’Est du Congo, entant que personnel del’Opération des Nations unies pour la Stabilisation au Congo – l’on dira dans notre jargon académique, dans cette position précieuse d’observateur participant, censée offrir une perspective indispensable à toute critique.
Sila recherche documentaire a éveillél’intérêt etles questionnements du chercheur sur la protection des civils par les opérations de maintien de la paix, c’est en effet sur le terrain, dans un quotidien ponctué parles coups defeu etlestirs de mortiers, quel’auteur put observer,saisir, palperetsentir le dramatiquechaoscongolais,l’urgence des menaces de crimes contrel’humanité et de génocide surles populations, etles réponses des Nations unies face à ces défis. Des réponses parfois ambitieuses et souvent prétentieusement affichées, des réponses parfois honteusement absurdes, et souvent carencées.
J’aiainsi personnellementéprouvécettefierté de porterlacasquette de peacekeeper, accourant en hélicoptère blanc sous un Casque et un gilet pare-balle bleus, dansles zonesles plusreculées del’Afrique centrale pour «protégerles civils ». Responsable de missions d’investigation ou d’évaluation, chargée de défendre le droit humanitaire sous le drapeau de l’ONU face aux groupes armés, ou de former les Casques bleus sur leur obligation absolue d’intervenir pour protéger les civils « sous menace physique imminente », j’ai été un rouage de la machine ONU. J’ai aussi éprouvé ce sentiment éhonté de culpabilité et ces frustrations onusiennes, devantl’immobilisme del’organisation,l’incompétence deson personnel ou l’amateurisme de ses actions.
J’aiétéflattée de voircertainscivils meremercier de notre présence,accueilliravec soulagement nos opérations,etaccourir versla MONUSCO pourchercher unsemblant de sécurité. J’ai été poussée dans le retranchement de nos insuffisances par ces civils mécontents, mejetant des pierres, m’accueillant d’un air menaçantla main surleur machette, m’accusant d’inaction, me présentant leurs plaies ouvertes ou me décrivant le massacre, les viols etles mutilations deleurs proches.
Aussi, cette thèse est fondamentalement doublée de la narration d’un retour d’expérience humainement marquant. En décrivantles actions dela mission de maintien dela paix pour protéger les civils, et en mettant en exergue leurs carences, leur mécanique tantôt
insensée,tantôt salvatrice,leur politisation annihilante ou pleine d’inflexionsinespérées,je ne cherche ni à encenser naïvementles évolutions enla matière, ni à dénoncer d’un doigt accusateurla passivité del’ONU souvent décriée ettrop simplifiée.
La protection des civils est fascinante. Son dessein est noble et consensuel, son exécutionestlefruitcomplexe du droit, dela politique, del’institutionnelet dusocialen action dans uneseule organisation : une mission de maintien dela paix, microcosme et quintessence des virtualités del’action collective.
D’une étudiante fascinée par les Nations unies et leurs promesses, jusqu’aux frustrationsissues del’expérience d’une volontaire del’organisation,je crois être enfin passée à ce qu’on attend du chercheur. Critique, mais, m’a-t-onfaitremarqué unjour,
« jamais cynique», j’espère apporter une analyse constructive de ce qui est réalisé, et possiblement réalisable par notre communauté internationale pour préserver la vie d’innocents des fléaux des conflits armés.
Remerc iements
Mes premiersremerciementss’adressentà Sciences Po, quia permis quecetravail voit le jour et m’a offert un encadrement fécond pour mener à bien mes recherches. Merci à mon directeur de recherche Jacques Sémelin, qui par ses orientations et ses encouragements, m’a accompagnée pendant cinq ans. En m’accordant sa confiance, il m’a poussée à aller le plus loin possible dans chacune de mes initiatives, et à écrire une thèse ancrée dans l’expérience pratique qui m’était chère.
Jeremercie profondémenttoutesles personnes qui,aucours decescinq dernières années, ontréponduà mes questionset ont nourricetravail parleurstémoignages,leurs indicationsetleursinterprétationséclairantes. Chacun de mesentretiensaété un véritable plaisir et à contribué à faire mûrir mes réflexions et à construire une lecture plus affûtée des enjeux onusiensliés àla protection des civils.
Cettethèse a par ailleurs bénéficié d’une aide financière del’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), à quije souhaite exprimer ma reconnaissance pourle soutien humain, matérieletintellectuel qui m’a permis de menerà bien ma premièreenquête de terrain en République démocratique du Congo.
J’exprime par ailleurstoute ma gratitude pourl’accueil qui m’a étéfait dansles enceintes des Nations unies. En particulier,je remerciela MONUSCO, qui m’a reçue entant que chercheur, puis m’a offert la précieuse opportunité de conduire une observation participanteentant que personnel del’opération de maintien dela paix. Cetteexpérience, nourrissant et enrichissant chaque ligne de cette thèse, a stimulé et affiné mes analyses et a ajouté à ma compréhension des enjeux de protection une dimension pratique et un principe de réalité rare et envié.
Je remercie égalementle Carr Centerfor Human Rights Policy,et notamment Charlie Clements, qui s’est intéressé à mes recherches et m’a offert de créer à la Harvard Kennedy School un forum de réflexion prestigieux autour de mestravaux, pour stimuler encore davantage mon analyse et mettre en perspective mes observations pratiques. De même, merci au Ministère dela Défense, et en particulier àl’IRSEM, pour m’avoir crédité de sa confiance et encouragée à approfondir mes recherches surla question de protection des civils.
Enfin, que toutes les personnes qui ont fait fructifier ma pensée ou ont permis que ce travaille aboutisse se sentent concernés par ces remerciements. Merci à tous ceux qui m’ont soutenueet m’ont guidéenrelisantetcommentant mestravaux. Mercià mafamille pour m’avoir constamment aidée àréaliser cettethèse et encouragée dansla voie quej’avais choisie. Et surtout, merci à Alexis, mon collègue, ami, mari et co-pilote de vie, pour m’avoir soutenuetout aulong de cette épreuve, pour avoir partagé avec enthousiasme chaque étape de ma réflexion, et pour m’avoir poussée à écrire unethèse passionnée.
