L’EFFET DE GROUPE CHEZ L’ABEILLE
I. - L’ABEILLE
D’HIVER ;
SURVIE ET CONSOMMATION DE CANDI DES ABEILLES
ISOLÉES OU GROUPÉES G. SITBON
Laboratoire de
7!y!Aop!y!!o/o!M,
Faculté des Scievxces,
67 - .Çtrasbourg
SOMMAIRE
L’expérience
montre clairement lagrande fragilité
des abeilles isolées ; elles meurentplus
viteque les abeilles
groupées
par 5o, mêmequand
on réalise dans les cagettes d’isolement les conditionsphysiques
de la ruche. Cette mortalité n’est pas due à un refus de nourriture, mais à l’isolement lui- même. En effet, isolées ou groupées les abeilles consomment sensiblement autant.Cependant
lesabeilles groupées consomment davantage que les isolées pendant les 4
premiers jours,
cequi
sembleleur permettre de surmonter
plus
efficacement le stress,auquel
elles sont soumises.INTRODUCTION
Le
problème
de savoir si les abeillessupportent
ou non l’isolement a intéressé de nombreux chercheurs. Parmi eux, WEISS,CHAUVIN, GRASSE,
Vox FRISCHet PAIN étaient parvenus à la conclusion que les abeillesséparées
de leurgroupement
socialet isolées mouraient en très
grand
nombre. Cepoint
semblaitacquis quand
enr96!,
HE USNER
remit le tout en
question ;
en affirmantqu’une
butineuse isoléepeut
vivrejusqu’à
trois semaines soitl’espérance
de vie d’une butineuse.Il m’a alors paru intéressant de
reprendre
cette étude defaçon systématique,
et les
résultats
obtenus confirment l’influence de l’effet de groupe sur la survie. Dansun 2e
temps, j’ai
cherché à savoir si la consommation de nourriture était un facteurresponsable
de la mortalité des individus isolés. Le but de ce travail estd’exposer
ces 2
points.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Pendant toute la durée de
l’expérience, je
n’ai utiliséqu’un
type de cagette d’isolement. Ils’agit
du nouveau modèle de cagettesexpérimentales
mis aupoint
parJ.
PAIN (r 966). L’abreuvoir enpyrex a été
remplacé
par un abreuvoir enpolystyrène
ayant 5o mm de long, r3 mm de diamètreexterne et une
capacité
de 3,5 à 4ml, et fermé par un bouchon de caoutchouc. Les orifices corres-pondant
auxmangeoires
sont obturés par des bouchons de caoutchouc. Lesmangeoires
initiales sont remplacées par des mangeoires enpolystyrène,
de formeparallélépipédique
et de dimensions20 X 20 X 10 mm.
Les
expériences
ont porté sur 70 cagettes ne contenantqu’une
abeille et 4 en contenant 50. Toutes les abeilles sont des abeilles d’hiverprélevées
le izjanvier
y6;, dans une ruche se trouvant àl’extérieur et
calorifugée
par un double caisson contenant entre sesparois
de lapaille
et de la sciure de bois. Ils’agit
donc d’ouvrièresâgées
de 3 à ;3 mois
1/2. pouvant encore vivre environ 3 mois(A.
MAURIZIO).
La ruche était dans un excellent état
physiologique.
- Les abeilles sont nourries avec du « Candi à reine », mélange de
sucre-glace
et de miel. Les abreuvoirs contiennent de l’eaupure ( 1 ).
- ’l’outes les cagettes
sont réparties
sur les 4rayons d’une étuvemétallique
de 7a X 50 x Il2cm, à raison de 20cagettes ne contenantqu’une
abeille et une à 5°abeilles sur chacun des 3rayons supé- rieurs, et 10cagettes à une abeille et une à 5o sur le rayon inférieur.La
température
relevée sur chacun de ces rayons estrespectivement
de haut en bas,33 °C, 32°C
,
3i°C et 310(’.Les cagettes des 3rayons
supérieurs
nous ont servi simultanément à l’étude de la mortalité et de la consommation de Candi. Les cagettes du rayon inférieur n’ont serviqu’à
l’étude de la mortalité.Toutes les abeilles sont maintenues à l’obscurité.
RÉSULTATS
A —
Étude de
la mortalité chez les abeilles isolées etgroupées
Il était intéressant de savoir si les différences de
température
existant entre lesrayons avaient une
importance.
C’estpourquoi,
dans unpremier temps, j’ai
étudié lamortalité par rayon,
puis
dans un deuxièmetemps,
sur l’ensemble descagettes
des trois rayonssupérieurs.
C’est ce que traduisent les courbes de lafigure
i.De ces
courbes,
il ressort lespoints
suivants :- la différence de mortalité entre les individus isolés et ceux
groupés
est évi-dente et
importante.
Eneffet,
au bout dit 21ejour d’isolement,
la mortalité chez lesgroupés
n’excèdepas
10P. 100,
alors que chez lesisolés,
elle atteint 90fi.
100.- Chez les abeilles isolées des rayons n° 1, 2, 3,
( 2 )
on atteint une mortalitéde 5o p. 100,
respectivement
le I4e, 1 5e, 16ejour,
et au ziejour d’isolement,
les pour-centages
de mortalité sont85,
80 et 90. Ces chiffres nous montrent que l’évolution de la mortalité estpratiquement parallèle
sur les trois rayons. Ceparallélisme
seretrouve d’ailleurs aussi chez les abeilles
groupées.
Donc les faibles variations detempérature,
notées entre les rayons del’étuve,
sont sansconséquences.
- Chez les abeilles isolées
du 4 e
rayon, l’évolution de la mortalité estplus
lente. Les 5o p. 100ne sont atteints que
le 1 7 e jour; au 21 e jourle pourcentage est de 7 0
et l’ensemble de la courbe se situe au-dessous de celles obtenues pour les trois rayons
supérieurs.
Ceci est vraisemblablement dû au fait que lescagettes
des troisrayons
supérieurs
ont en mêmetemps
servi à l’étude de la consommation de candi et de ce fait ont été sorties tous lesjours
del’étuve,
alors que celles du rayon inférieur n’ont été touchées que très rarement durant toutel’expérience.
Ceci se retrouveéga-
lement au niveau des abeilles
groupées.
( 1
) Les cagettes ne contiennent pas de pollen, car il est admis que les abeilles d’hiver n’en consomment pas, ce qui coïncide avec mes observations personnelles.
( 2
) Les rayons de l’étuve ont été numérotés de i à 4 de haut en bas.
- Le
point
dedépart
des courbes est de l’ordre de 10 p. 100 pour les abeillesisolées,
alorsqu’il
n’est que de 2 p. 100 pour les abeillesgroupées.
Cette mortalité semble être due aux diversesmanipulations auxquelles
les abeilles sont soumisesau moment du
prélèvement
et de l’isolement. La différence entre les deux pourcen-tages
sembleindiquer
que les abeillesgroupées
surmontentplus
facilement le stress dû auxmanipulations.
- La forme
générale
des courbes nouspermet
de dire que la mortalité due à l’isolement est d’abord faiblepuis plus importante
àpartir
du zoejour.
Aucontraire,
à
compter
du i8ejour
les courbes tendent vers despaliers.
Mais ceci ne semble êtrequ’un
artefact dû au fait que nous nous trouvonsdéjà
aux environs des 100p. 100 de mortalité. En d’autres termes, la courbepeut
être considérée comme une para- bole devenantasymptote
à laligne
des 100p. 100 vers la fin del’expérience.
Pour les abeilles
groupées
nous retrouvons une courbe du mêmetype, mais,
cette
fois, asymptote
à laligne
des 10p. 100. C’est ce que traduisent les courbes sim-plifiées
de lafigure
2.- Notons
également, qu’au 25 e jour
d’isolement les Abeilles isolées restantes sont dans un bon étatphysique, puisque
remises enliberté,
elles se sont envolées immédiatement.Toutes ces observations nous
permettent
de déduire que :- les abeilles isolées meurent
plus
vite et enplus grand
nombre que les abeillesgroupées
par 5o ;- que cette mortalité devient
importante
àpartir
d’un certainepériode
cri-tique
quej’évalue
à iojours
dans le cas de cetteexpérience.
Ce chiffre n’acependant
pas de valeur absolue. hn
effet,
pour leç e
rayon, parexemple,
la mortalité s’accentueà
compter
dui 5 e jour.
Celasignifie
que les conditionsd’expérience
influent sur lenombre de
jours
d’isolement nécessaire àl’apparition
de lapériode critique.
En outre, durant toute
l’expérience,
il ne m’a pas étépossible
dereconnaître, d’après
dessignes extérieurs, quelles
étaient les abeilles queje
retrouverais mortes le lendemain. Si l’onajoute
à cepoint
que les dernières abeilles libérées étaient dansun bon état
physique,
onpeut
alors penser que la causeresponsable
de la mortalité est unphénomène
brutal. Mais il est bien évidentqu’il
nes’agit
là que d’unehypo-
thèse. En
effet,
il n’est pas exclu que l’isolement provoque desperturbations
internessans effets visibles
extérieurement,
et dont l’effet final seul se manifestebrusquement.
Jusqu’ici, je
n’aiprésenté
que l’étude de la mortalitécumulée, c’est-à-dire,
pour 1, 2, 3, ...
jours
d’isolement. Mais il est aussipossible
de l’étudierquotidiennement, c’est-à-dire,
pour le Ier, le 2e, le 3e, ...jour
d’isolement. Ceci n’a de sensque si l’on
évalue la mortalité
quotidienne
en calculant lepourcentage
de mortalitéd’après
lenombre d’abeilles restant en vie
chaque jour,
et non pas enpartant
du nombre d’abeillesinitial, qui
était commeje
l’aidéjà
dit de 70. Enprocédant
de la sorte,j’ai
obtenu les courbes de la
figure
3, dont l’étude m’apermis
de confirmer ungrand
nombre de
points déjà mentionnés,
mais aussi de mettre en évidence desphénomènes
curieux que
je
neparviens
pas àexpliquer
pour le moment.Comme
l’autre,
ceprocédé
met en évidence la différence de mortalité entre les abeilles isolées etgroupées.
Nous voyons très nettementqu’à partir
du i2ejour d’isolement,
la mortalité diminue etdisparaît
chez les individusgroupés,
alorsqu’elle
continue à croître chez les abeilles isolées.
Nous retrouvons aussi les trois
phases
mentionnées.- Chez les
isolées,
du 1er au3 e jour,
la mortalité diminuejusqu’à
o ; c’est laphase
de mortalité due aux diversesmanipulations.
Puis surviennent les effets del’isolement ;
du4 e
au roejour,
la mortalité est relativementfaible ;
àpartir
dum
e
jour
elle est sensiblementplus importante.
En outre, le 21jour,
elle revient au o.Cela
correspond
à l’artefact de find’expérience déjà mentionné,
vu lepetit
nombred’abeilles restantes.
- Chez les
groupées,
on retrouve cesphases,
mais bienvite,
lapériode critique, qui
se situe à peuprès
comme chez lesisolées,
est surmontée par legroupement
et la mortalitédisparaît.
Si nous
joignons
entre eux les sommets des courbes(fig. 3 ),
nous retrouvons commeprécédemment
uneparabole
pour lesisolées,
et, pour lesgroupées,
uneparabole jus- qu’au r 2e j jour, puis
un retour au o,correspondant
à lapartie asymptotique déj à évoquée.
Notons que le
4 e jour,
la mortalité des individus isolés estpratiquement
la mêmeque le 8e
jour.
Ceci est dû au faitqu’il
y asuperposition
de 2phénomènes.
Eneffet,
ily a d’une
part
la mortalité due au stress et d’autrepart
le début de la mortalité due à l’isolement. Ceci fait que la valeur trouvée pour leq e jour
d’isolement est un peuplus
élevée
qu’elle
ne devrait l’être si l’on dissociait les 2phénomènes.
C’est ce que tra-duisent les courbes
simplifiées
de lafigure
4.On
pourrait
tenir un raisonnementanalogue
pour la courbe de mortalité des individusgroupés.
A côté de ces
points déjà évoqués précédemment,
il enest 4 autres
queje
ne peuxexpliquer
pour le moment :a)
la courbe de mortalitéquotidienne
des isolées estcyclique
etchaque cycle
dure environ 3
jours. (Ce phénomène cyclique
existe defaçon
moins nette chez lesgroupées.)
b)
Lepourcentage
de mortalité croît àchaque cycle,
avec la durée de l’isolement.c)
Lepoint
dedépart
d’uncycle
n se situe à un niveausupérieur
à celui ducycle
n — r.d)
Corrélativement aux 2dernierspoints,
la mortalité s’accentue àchaque cycle,
donc au cours de l’isolement.
En
conclusion,
nous retiendrons lespoints
suivants :- les abeilles isolées meurent
plus
vite et enplus grand
nombre que les abeillesgroupées
par 50 ;- cette
mortalité,
d’abordfaible,
devientplus importante
au-delà d’unepériode critique
dontl’apparition
est conditionnée par les modalitésexpérimentales ;
- elle semble se
présenter
comme unphénomène cyclique.
B —
Étude
de la consommation de candi chez les abeilles isolées etgroupées
La
température
de l’étuve étant de32 °C,
le candi mis à ladisposition
des abeillessubit une dessiccation et par
conséquent
une diminution depoids
dont il faut tenircompte
pour déterminer la consommation réelle des abeilles. Pour cefaire, je dispose
de 2
mangeoires
« témoins &dquo;, surchaque
rayon de l’étuve et se trouvant exactement dans les mêmes conditions que les autresmangeoires,
mais dans descagettes
sans abeille. Pour déterminer les diminutions depoids
des deux témoins d’un rayon, il suffit d’en faire unepesée quotidienne
et deprocéder par différence.
La valeur moyennedes 2 variations est à retrancher aux diminutions de
poids
trouvées pour les autresmangeoires.
En d’autres termes, pour unjour J donné,
et une cage habitée x d’un rayon, on doit calculer :- la variation de
poids
desmangeoires
témoins- la variation de
poids
de lamangeoire
x- la consommation
Je procède
de la sortequotidiennement
pour toutes lesmangeoires.
Cela mepermet
donc de déterminer la consommationquotidienne
dechaque
abeilleisolée,
pendant
toute la durée del’expérience.
Pour les abeillesgroupées, je procède
de lamême
façon
en ramenant la consommation àl’unité,
en divisant la consommation trouvée par le nombre d’abeillesprésentes
dans legroupement.
Il est alors
possible
de calculer pourchaque
rayon ou pour l’ensemble del’étuve,
la consommation moyenne pourchaque jour
d’isolement et pour une abeille. C’est ce que traduisent les tableaux i et 2, où lespoids
sontexprimés
en dixième demilligramme.
Représentons graphiquement
ces séries de chiffres(fig. 5 ).
Courbes et tableaux nous
permettent
de tirer lespoints
suivants :a)
les moyennesgénérales
obtenues montrent une consommationlégèrement
supérieure
des abeillesgroupées
parrapport
aux isolées.Mais le test « T » de Student montre que cette différence de consommation n’est pas
significative,
si l’on considère toute la durée del’expérience.
b)
Pendant les 4premiers jours,
la consommation des abeillesgroupées
esttoujours supérieure
à celle des isolées.Or,
cettepériode correspond
à laphase
demortalité due au « stress de
manipulation » (voir plus haut).
Ceci nous amène à considérerséparément
2périodes :
jusqu’au 4e jour, inclus ;
du 5eau
z 5 e jour.
Ce tableau montre que :
- dans la
première période,
la consommation desgroupées
estsupérieure
àcelle des
isolées ;
aucontraire,
elle est inférieure dans la 2epériode ;
- la consommation des isolées
augmente
dans la 2epériode,
alors que celle desgroupées
diminue.Toutefois, l’analyse
de variance(voir
tabl.3 )
montre que :- la différence de consommation des isolées entre les deux
périodes
n’est passignificative ;
- la différence de consommation des isolées et des
groupées pendant
la 2epériode
n’est pas
significative ;
- la
différence de
consommation des isolées et desgroupées pendant
la irepériode
est hautement
significative
au seuil de0,01 ;
- la
différence de
consommation desgroupées
entre les 2périodes
est haartementsignificative
au seuil de0,01.
Tout se
passe
comme si les abeillesgroupées réagissaient
au stress enaugmentant
leurconsommation, pour
revenir ensuite à la consommationnormale, q-zii
est celle desisolées
pendant
toute la durée del’expérie!ace.
Mais il est encoretrop
tôt pourexpliquer
comment cet excès de consommation
permettrait
aux abeillesgroupées
de surmonterle stress, comme cela a été constaté au cours de l’étude de la mortalité.
c)
Les fluctuations de la consommation se font dans le même sens chez les isolées et lesgroupées.
C’est ce que traduisent les flèches des tableaux i et 2.(L T ne
flècheascendante
représente
uneaugmentation
de consommation et une flèchedescendante,
une
diminution.)
Ce
parallélisme
des fluctuations est nettement visible sur les courbes de lafigure
5, mais on le retrouve aussi sur les courbes de lafigure
6représentant
la consom-mation cumulée et non
quotidienne.
Il met en évidence l’existence de facteurs indéterminés retentissant sur la consom-
mation de candi et ressentis aasssi bien
par
les abeillesgroupées qu’isolées.
Ces facteurspeuvent
être externes(pression atmosphérique,
beau ou mauvaistemps...)
ou intrin-sèques (cycles endocriniens...). Mais
il est évidentqu’une
étudeplus approfondie s’impose.
En
conclusion,
nous retiendrons lespoints
suivants :- sur 15
jours d’expérienee, la
consommation des abeilles isolées etgroupées est
sensiblement la
même ;
-
pendant
les 4premiers jours d’expérience,
les abeillesgroupées
accentuentleur
consommation,
cequi, semble-t-il,
leurpermet
de surmonter le stressqui
leurest
imposé ;
- la consommation semble
partiellement
conditionnée par des facteurs indé-terminés,
ressentis par les abeilles isolées ou en groupe.DISCUSSION
A — Mortalité
La mortalité des abeilles isolées de leur
groupement
social a été étudiée par de nombreux auteurs.Ainsi,
WEISS( 1930 )
a noté que les abeilles isolées et nourries vivent environ 5jours.
P.-P. GRASSE et R. CHAUVIN
( 1944 )
confirment cette observation en affirmant que les abeilles meurentbeaucoup plus
vite quelorsqu’elles
sontgroupées.
CHAUVIN
( 1950 )
note que letemps
nécessaire à ladisparition
de la moitié de lapopulation
est de 6jours
etprécise qu’en janvier
etfévrier,
la durée de vie semble nettementplus
courte.K.-V. FRISCH
( 1953 ) signale
lui aussiqu’une
abeille isolée ne survit que peu detemps.
De
même,
MllePAIN note que le nombre d’abeilles vivant dans lescagettes
d’isole-ment
agit
sur la durée de vie des insectes. Elle obtintpourtant
des surviesprolongées,
n’excédant toutefois
jamais
19jours ( 19 6 0 ). Cependant, renseignements pris,
il s’avèreque ce ne sont là que des cas très
exceptionnels
et que la durée moyenne de vie de sesabeilles isolées est de 6 à 7
jours.
Mais,
contrairement à l’avis des auteurs ci-dessusmentionnés,
HEUSNER( 19 6 4 )
constate
qu’une
butineuse isolée vitjusqu’à
3 semaines.Pour ma
part,
mesexpériences
ont montré que,effectivement,
les abeilles isolées meurentplus
vite que cellesgroupées.
D’autre
part,
cette mortalité semble évoluer defaçon cyclique. Cependant,
bien que les
prélèvements
aient été faits enjanvier,
la moitié des abeilles isolées nedisparaît qu’après
14jours d’isolement,
et 10 à 15 p. 100 sont encore vivantes le2I
e jour.
Je
croispouvoir expliquer
ladivergence
de mes résultats et de ceux des auteursayant
obtenu une survie de l’ordre de 5 à 6jours.
Eneffet,
GRASSE et CHAUVIN( 1944 ) procédaient
à l’isolementaprès
anesthésie auCO,. Or,
bien vite CHAUVIN(1950)
aconstaté que cette
pratique
n’était pas sans inconvénients pour la survie des abeilles.Il
change
alors detechnique
et secoue lapopulation
d’un cadre dans une cloche deverre,
puis prélève
les abeilles à l’aide depinces
fines.Or, j’ai
constaté dans uneexpé-
rience
préliminaire
que cettetechnique
aussi n’était pas sans inconvénients. Eneffet,
les abeilles extraites de leur cadre et rassemblées dans une cloche
jusqu’au
momentdu
prélèvement,
montrent unegrande agitation.
Il nefaut,
eneffet,
pas oublier que leprélèvement
dure 2 à 3 heures et que, parconséquent,
les abeilles sontplacées
dansde mauvaises conditions et sans nourriture
pendant
untemps
relativementlong.
Il estévident que ces modalités
expérimentales
ont accentué la mortalité. C’est ce quej’ai, d’ailleurs, remarqué
au cours de cetteexpérience préliminaire.
Pour
pallier
cesinconvénients, j’ai imaginé
undispositif permettant
de pro- céder auprélèvement
sans retirer les abeilles de leur cadre.L’expérience
faite dansces conditions montre
qu’il n’y
aplus d’agitation
et que les abeilles conservent leurcomportement
habituel et, enparticulier, peuvent
se nourrir dès que le besoin s’en fait sentir.Cette nouvelle
pratique
m’apermis
deprolonger
la survie. Ceci met t’accent surla
fragilité
desabeilles,
comme me l’amontré,
parailleurs,
la différence de mortalité notée entre lescagettes
sorties tous lesjours
et celles rarement touchées.En
effet, je rappelle
que le pour 4e rayon, les 5o p. 100 sont atteintsaprès
1
6
jours y 2
au lieu de i4 et au 2rejour,
il reste encore 30 p. 100 d’abeilles vivantesau lieu de 15 p. 100. Mais il n’en demeure pas moins vrai que les abeilles meurent
beaucoup plus
vitelorsqu’elles
sont isolées quelorsqu’elles
sontgroupées.
Et c’esten ce
point
que mes résultatsdivergent
de ceux de HEUSNER(r 9 6 4 ).
Ce dernier
afhrme,
eneffet, qu’une
butineuse isoléeplacée
dans une ruchette où les conditionsphysiques
de la ruche sont réalisées etdisposant
de miel et d’eaupeut
vivrejusqu’à
3semaines ;
et il conclut que les survies observées sontcomparables
àl’espérance
de vie d’une butineuse.Je
tiens àpréciser
quej’ai
obtenu moi-même des survies de l’ordre de 3 à 4 se-maines,
mais il nes’agit
tà que d’unfaible pourcentage puisqu’au
21ejour,
7o à go p. 100 dessujets
sont morts chez les abeillesisolées,
alors que 90 àc!8
p. 100 des abeillesgroupées
sont encore vivantes. Il est donc exactqu’une
abeille isolée «peut
vivrejusqu’à
3semaines » mais il aurait été intéressant depréciser
surquels pourcentages
ces constatations ont été faites.
En ce
qui
concerne l’évolutioncyclique
de la mortalitéje
ne peux rien en dire pour le moment, si ce n’estqu’aucun
des auteurs mentionnésn’y
fait allusion. Mais il est vraiqu’ils
n’ont étudié que la mortalité cumulée et nonquotidienne.
B — Consommation de candi
L’importance
de la nourriture a étésoulignée
par WEISS(i 93 o) qui
a étudiésysté- matiquement
la durée de survie en nourrissant les abeilles avec despêches,
dumiel,
de l’eau sucrée ou du sucre en
poudre.
GRASSE et CHAUVIN
(1 944 , ig5o)
ont utilisé du Candi à reine ou dusirop
dede saccharose à 20 p. 100. HE
U S N E
R
( 19 6 4 )
a nourri ses insectes de miel et d’eau.Mais on ne s’est pas intéressé à l’étude
comparative
de la consommationd’hy-
drates de
carbone,
des abeilles isolées etgroupées.
Pour mapart, j’ai pensé
y trouverdes indices
permettant d’expliquer
la mortalité des isolées. Or, il s’est avéré que les abeilles isolées consomment autant que cellesgroupées.
Ce n’est donc pas laquantité
de candi
ingurgité qui
détermine la mort ou la survie.D’ailleurs,
lagrande majorité
des abeilles isolées mortes ont consommé le dernier
jour
à peuprès
autant que n’im-porte quel
autrejour.
Il fautcependant préciser
que cela n’exclut pas des troubles du métabolisme des sucres.Par
ailleurs, j’ai remarqué
que les abeillesgroupées
surmontentplus
facilementque les isolées le stress du
prélèvement. Or, pendant
cette Irepériode,
leur consomma-tion en candi est
supérieure,
d’unepart,
à celle notéependant
la 2epériode
et d’autrepart,
à celle des isoléespendant
les 2périodes.
Celasuggère
que les abeillesgroupées réagissent
efficacement à un stress en consommantdavantage,
pour revenir secon-dairement à une consommation normale.
Enfin,
leparallélisme
des fluctuations de la consommation de candi des abeilles isolées etgroupées
sembleindiquer
l’influence de facteurs indéterminés ressentis par toutes les abeilles. Mais il est évident que d’autresexpériences
sont nécessaires pourexpliquer
tous cespoints
encore obscurs.CONCLUSION
Cette
expérience
montre clairement lagrande fragilité
desabeilles ; isolées,
ellesmeurent
plus
vite que les abeillesgroupées
par 50, mêmequand
on réalise dans lescagettes
d’isolement les conditionsphysiques
de la ruche. Cette mortalité n’est pas due à un refus denourriture,
mais à l’isolement lui-même. Eneffet,
isolées ou grou-pées
les abeilles consomment sensiblement autant. Notonscependant,
que les abeillesgroupées,
consommentdavantage
que les isoléespendant les 4 premiers jours,
cequi
semble leur
permettre
de surmonterplus
efficacement le stressauquel
elles sontsoumises.
Reçu pour
publication
en avril 1967.SUMMARY
THE GROUP EFFECT ON BEES. I. - THE WINTER BEE ; SURVIVAL AND CONSUMPTION OF SUGAR CANDY AMONG ISOLATED OR GROUPED BEES
This
experiment
clearly shows the greatfragility
of isolated bees ;they
diequicker
than thosegrouped by
50, even if we have, in the isolation cages, the samephysical
conditions as in a hive.This death rate is not due to a refusal of food, but to isolation itself. Indeed,
whether they
are isolatedor
grouped,
bees consume about the same amount of food.It is however to be stressed that
grouped
bees consume more food than the isolated onesduring
the 4first
days ;
this seems to allow them to offer a greater resistance to the stress to whichthey
aresubmitted.
ZUSAMMENFASSUNG
DAS GROUPPENEFFEKT BEI DER BEINE. I. - DIE WINTERBIENE; UBERWINTERUNG UND KANDIZUCKERVERBRAUCH BEI EINZELNEN ODER GRUPPIERTEN BIENEN
Diese Arbeit
zeigt
deutlich die grosseEmpfindlichkeit
der Bienen. Isoliert sterben sie schneller als die einerfünfziger Gruppe,
und das, selbst wenn in Versuchskästchen, diegleichen physischen
Annales de l’Abeille. - 1967. 2
Bedingungen
herrschen, wie im Bienenstock. Dieser Tod liegt nicht an einerNahrungsverweigerung,
sondern an der
Isolierung
selbst. Denn, isoliert odergruppiert
verzehren die Bienen fastgenausoviel.
Jedoch
während der ersten 4Tage
verbrauchen diegruppierten
mehr, als die isolierten Bienen ; anscheinend überstehen sie dadurch den « Stress », dem sie ausgesetzt worden sind, besser als die Isolierten.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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