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Couples endogames et couples mixtes : comparaison de la satisfaction conjugale, de la perception des pairs à l'égard du couple et de l'estime de soi

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Academic year: 2021

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(1)

COUPLES ENDOGAMES ET COUPLES MIXTES: COMPARAISON DE LA SATISFACTION CONJUGALE, DE LA PERCEPTION DES PAIRS

À L’ÉGARD DU COUPLE ET DE L’ESTIME DE SOL

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval

pour l'obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

Département de psychologie FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL

SEPTEMBRE 2000

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La nature de plus en plus multiculturelle des populations rend la contraction d'unions amoureuses entre personnes de cultures différentes de plus en plus fréquente. Cette étude vise à comparer la satisfaction conjugale, l'estime de soi et !'acceptation du couple par les pairs auprès de 20 couples formés de Québécois d'origine et de 20 couples mixtes dont l'un des partenaires est d'origine latino-américaine et l'autre d'origine québécoise. Pour réaliser cet objectif, questionnaires et entrevues auprès des couples ont été utilisés. Les résultats montrent une différence significative entre la satisfaction conjugale des hommes et des femmes, ces dernières affichant un taux de satisfaction plus élevé que leur partenaire. Le type de couple (mixte ou endogame) n'a pas d'influence sur le taux de satisfaction, d'estime de soi et d'acceptation du couple par les pairs laissant entrevoir que la variable «culture» n'a pas l'impact qui était prévu sur la dynamique du couple mixte. D'autres avenues de recherche sont proposées pour approfondir la question.

Marguerite Lavallée Directrice

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AVANT-PROPOS

"Ce qui n'est pas donné est perdu... "

Après des dizaines de maux de tête, d'incertitudes, de doutes, d'angoisses, d'essoufflements, mais également des vingtaines de sourires, de rencontres marquantes et d’encouragements, j'y suis finalement parvenue... Mais cela n'aurait pu être possible sans ces personnes qui m'ont soutenue et aidée à qui je voudrais rendre hommage en quelques lignes.

D'abord, à ma directrice de recherche, Mme Marguerite Lavallée, pour avoir cru en mon projet, pour son soutien, sa compréhension, pour sa rigueur scientifique et littéraire que j'admire, de même que pour sa capacité d'aller chercher le meilleur en nous, merci.

Merci à ma famille pour avoir été tout près de moi dans les moments durs comme ceux de joie... et à mon frère, Stéphane, qui me fait rire quand j'en ai besoin.

À mes amis, particulièrement Sandy, Isabelle, Geneviève, Évelyn, Céline, Sophie, Marie-Claude (x 2), Annie et Sébastien, merci de m'avoir écoutée lorsque je partais dans mes «montées de lait» scolaires (et Dieu sait qu'elles furent nombreuses!!!). Pour votre présence, votre soutien et pour être simplement vous, merci. Pour mes amies mexicaines *.(para

siempre», Anayantzin et Hilda, qui m'ont ouverte sur cette culture remplie de richesses qu'est

la culture latino-américaine, «hay un lugar especial en mi corazón para ustedes, gracias

para todo».

À M. Pocreau et à mes collègues de stage, Didier {la France) et Lucienne {le Brésil), pour votre entrée dans ma vie, j ' {le Québec) en garde des souvenirs savoureux et des apprentissages précieux :-) À l'équipe de travail (Claudie, Ariane, Jacinthe, Vicky) et aux professeurs du Cégep de Ste-Foy, j'ai beaucoup appris à vos côtés, vous avez su m'encourager en me faisant confiance dès ma première année d'étude, je tiens à vous exprimer ma gratitude.

À Patrick et Hans du service d'aide à la recherche, pour leur simplicité, leurs connaissances et leur générosité malgré leur horaire si chargé.

Aux 40 couples ayant accepté de participer à mon étude, généreux de leur temps et de leur personne, de même que pour les moments passés ensemble avec beaucoup de simplicité, un merci sincère. Para los Latinos que acepten con mucha generosidad de participar a mi

estudio y para la práctica de español también, muchas gracias. Fueron momentos preciosos.

Enfin, à tous les gens que j'ai côtoyés au fil des ans et qui viennent d'un autre coin du monde (Cécile, Samia, Feman, Javi, Yukiko, Sanae, Fernando, Abdou), vous m'avez permis d'entrevoir ma culture sous un autre jour et m'avez donné le goût de connaître d'autres visions du monde, merci.

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé... I Avant-propos... Il Table des matières... III Liste des tableaux et figures...VI

INTRODUCTION... 1

CHAPITRE 1... 5

CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL... 5

Couples mixtes : revue de littérature... 5

Perspectives théoriques... 7

Motifs d’initiation de la relation... 10

Portrait sommaire des gens en union mixte... 13

Les caractéristiques psychologiques... 13

Âge... 14

Facteurs d’ordre socio-démographique...14

Les études menées sur les couples mixtes : obstacles et difficultés... 16

CHAPITRE II... 18

Les variables psychologiques étudiées... 18

Satisfaction maritale et couple mixte... 18

Stabilité... 19

Satisfaction... 20

Perception de l’entourage vis-à-vis le couple mixte... 22

Estime de soi et couple mixte... 24

CHAPITRE III... 25

25 Les couples mixtes au Québec

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La situation des Latino-américains au Québec et au Canada... 25

Quand deux cultures se rencontrent : latino-américaine et québécoise... 27

La culture latino-américaine...27 Un peu d’histoire... 28 Familialisme... 30 Machisme et marianisme...: 32 La culture québécoise... 33 Un peu d’histoire... 34 La religion... 35 La famille au Québec... 35 Le féminisme... 36 Problématique... 39 Buts et objectifs... 40 Hypothèses...r... 41 CHAPITRE IV... 42 Méthode...42 !.Sujets... 42 2. Procédure... 42 3. Instruments... 43 3.1. Questions socio-démographiques...43 3.2 Instruments... 44 3.3 Entrevue semi-dirigée... 47 CHAPITRE V... 49 Description de !,échantillon... 49 Niveau de scolarité... 49

Durée de relation et statut des couples... 51

Profil des Latino-américain (e) s... 53

Résultats...54

Satisfaction conjugale... 54

(6)

DAS et type de couple... 54

DAS et partenaire latino ou québécois... 56

ESM et type de couple... 57

ESM et culture du partenaire... 59

Estime de soi... 60

Estime de soi générale et type de couple... 60

Estime de soi générale et culture du partenaire...62

Estime de soi familiale et type de couple... 63

Estime de soi familiale et culture du partenaire... 64

Estime de soi sociale et type de couple... 66

Estime de soi sociale et culture du partenaire... 67

Estime de soi professionnelle et type de couple... 68

Estime de soi professionnelle et culture du partenaire...69

Échelle de mensonge et type de couple... 70

Échelle de mensonge et culture du partenaire... 71

Estime de soi totale et type de couple... 73

Estime de soi totale et culture du partenaire... 74

Perception des pairs...

75-Perception de la différence comme couple et type de couple...76

Perception de la différence comme couple et culture du partenaire... 77

Perception de !'acceptation des pairs et type de couple... 78

Perception de !'acceptation des pairs et origine culturelle du partenaire... 79

Perception de la différence comme couple et culture du partenaire...80

Résultats qualitatifs...81

Motifs d'initiation de l'union des couples mixtes... 81

Motifs d'initiation de l'union des couples québécois... 83

L'intérêt à fréquenter quelqu'un de culture québécoise...84

L'intérêt à fréquenter quelqu'un d'origine latino-américaine...85

Avantages liés au fait de fréquenter quelqu'un d'une origine culturelle différente... 86

Principaux inconvénients à fréquenter quelqu'un d'une origine culturelle différente...87

L'aspect où la différence culturelle se fait le plus sentir... 88

Réactions des couples québécois vis-à-vis les couples mixtes...89

CHAPITRE VI... 91

Discussion... 91

Limites de l'étude et avenues de recherche...100

(7)

Bibliographie...105

Annexes... 114

A : Verbatims des entrevues avec les couples mixtes...114

B : Verbatims des entrevues avec les couples endogames... 135

C : Formulaire de consentement...149

D: Questionnaires utilisés... 151

E : Schéma d'entrevue... 162

F : Carte d'Amérique Latine... 164

(8)

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

Liste des figures

Figure 1 : Niveau de scolarité des partenaires à l'étude selon le type de couple...49

Figure 2: Durée de fréquentation selon le type de couple... 51

Figure 3: Le statut des couples selon le type de couple...52

Figure 4: Provenance des Latino-américain (e) s de l'étude... 53

Figure 5: Moyennes obtenues au DAS selon le type de couple... 54

Figure 6: Moyennes au DAS selon l’origine culturelle du partenaire...56

Figure 7: Moyennes obtenues à 1ESM selon le type de couple... 57

Figure 8: Moyennes à 1ESM selon l'origine culturelle du partenaire...59

Figure 9: Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle générale)... 60

Figure 10: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l'origine culturelle du partenaire (échelle générale)... 62

Figure 11 : Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle familiale)... 63

Figure 12: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l'origine culturelle du partenaire (échelle familiale)... 64

Figure 13: Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle sociale)... 66

Figure 14: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l'origine culturelle du partenaire (échelle sociale)... 67

Figure 15: Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle professionnelle)... 68

Figure 16: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l'origine culturelle du partenaire (échelle professionnelle)... 69

Figure 17: Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle de mensonge)... 70

Figure 18: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l’origine culturelle du partenaire (échelle de mensonge)... 71

Figure 19: Moyennes obtenues au Coopersmith selon le type de couple (échelle totale)... 73

Figure 20: Moyennes obtenues au Coopersmith selon l'origine culturelle du partenaire (échelle totale)... 74

Figure 21 : Perception de la différence comme couple et type de couple...77

Figure 22: Perception de la différence comme couple et origine culturelle du partenaire78 Figure 23: Perception de !'acceptation des pairs et type de couple... 79

(9)

Liste des tableaux

Tableau 1 : Motifs d'initiation de l'union des couples mixtes...81

Tableau 2 : Motifs d'initiation de l'union des couples québécois...83

Tableau 3 : L'intérêt à fréquenter quelqu'un de culture québécoise...84

Tableau 4 L'intérêt à fréquenter quelqu'un d'origine latino-américaine ... 85

Tableau 5 . Avantages liés au fait à fréquenter quelqu'un d'une origine culturelle différente... 86

Tableau 6 : Principaux inconvénients à fréquenter quelqu'un d'une origine culturelle différente... 87

Tableau 7 · L'aspect où la différence culturelle se fait le plus sentir...88

(10)

"Et l'énamourement n'est pas seulement érotisme ou plaisir. C’est une expérience unique et incomparable, un bouleversement radical de la sensibilité et du cœur, qui fond ensemble deux êtres différents et éloignés. Grâce à l'énamourement, deux êtres qui appartiennent à des nations, des races ou des religions différentes, trouvent l'énergie et le courage de rompre avec leur propre groupe social afin de former une entité nouvelle où les vieilles haines et les préjugés se trouvent surmontés".

Alberoni, Je t'aime.

Il n’est plus rare de nos jours de croiser dans la rue une Québécoise au bras d’un Japonais, un Africain tenant la main d’une Française. Les unions mixtes, phénomène en constante progression partout dans le monde, continuent pourtant d’intriguer et de

questionner l’ordre social. Par delà les barrières de la culture, de la langue ou de la religion, des êtres choisissent de s’unir malgré ce qui semble au départ les séparer.

Le couple, dans les sociétés humaines, correspond à un libre-choix effectué en tenant compte des divers critères sociaux, personnels et culturels propres à chaque individu.

Conséquemment aux déplacements facilités des populations, à la mondialisation et aux accords internationaux, les relations interculturelles se sont accrues et ont débouché, entre autres, sur des unions mixtes. Les mariages et unions mixtes sont en progression continuelle partout dans le monde. Aux États-Unis, en 1970, il y avait 300 000 mariages entre gens de

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cultures différentes, alors qu’en 1994, on en compte plus de 1,3 million (Shibazaki et

Brennan, 1998). En Europe, les mariages mixtes représentent 10 % du total des mariages en France, 7 % en ancienne RFA et ces pourcentages sont trois fois supérieurs en Suisse

(Lamotte, 1997). Au Canada, de 1981 à 1985, sur plus de 930 000 mariages conclus, 12,4% des premiers mariages et 19,3 % des remariages sont mixtes (Barbara, 1991). Le Québec suit la même tendance. Selon Passerieux (1997), les mariages mixtes au Québec représentent approximativement 10% des unions (jusqu’à 19% selon Statistiques Canada, 1989) et sont en croissance constante, alors que le nombre de mariages en général diminue. On peut supposer que les couples mixtes non-mariés, davantage difficiles à dénombrer, suivent la même tendance. Cette nouvelle réalité sociale suscite beaucoup de questionnements, d’où la nécessité de s’attarder à ce phénomène.

Au-delà du fait qu’une union est nécessairement mixte lorsqu’elle implique une relation entre un homme et une femme, le terme mixte utilisé ici désigne des unions conclues entre personnes de nationalités, d’origines ethniques, de religions ou de couleurs différentes. Une union mixte peut être définie comme : « toute union conjugale conclue entre personnes appartenant à des religions, à des ethnies et à des races différentes, si ces différences

provoquent une réaction de !’environnement social. » (Bensimon et Lautman, (1974), p.20) S’il est envisagé qu’une relation avec quelqu’un de sa propre culture implique déjà une adaptation à un être différent par sa personnalité, son sexe ou son âge, il est

vraisemblable de supposer que le couple mixte exige de la part des deux partenaires des aj ustements interpersonnels, interfamiliaux et sociaux plus importants que chez les couples endogames (Martin, 1995).

(12)

Pour comprendre la dynamique particulière des couples mixtes, il convient d’étudier ceux-ci dans une perspective multidimensionnelle afin de mieux cerner certains des aspects de leur réalité. Quoique notre étude soit avant tout psychologique, diverses théories et perspectives empruntées à d’autres disciplines sont invoquées pour permettre une meilleure saisie des nombreux enjeux et ajustements qu'entraîne une telle situation.

Notre étude s’attarde aux couples mixtes dont l’un des partenaires est québécois et l’autre est d’origine latino-américaine en comparaison avec des couples dont les deux partenaires sont issus de la même culture d’origine, en l’occurrence la culture québécoise. L’intérêt envers les couples mixtes latino-québécois provient d’une curiosité personnelle à l’égard de la culture latino-américaine qui, tout en partageant certaines valeurs avec la société québécoise, s’en distingue sur plusieurs aspects. Le couple offre à cet égard un excellent terrain pour étudier l'impact des différences et similitudes culturelles sur certaines variables psychologiques dont la satisfaction conjugale, l’estime de soi et la perception du couple par les pairs. Pour mieux approfondir notre compréhension du phénomène, dans notre étude, il s'avère essentiel de limiter notre analyse à deux univers culturels particuliers, l’univers latino- américain et l'univers québécois.

Nous ne prétendons pas lever le voile sur ce phénomène complexe, mais plutôt ouvrir la voie à des questionnements sur cette réalité en vue de poursuivre les recherches dans ce domaine encore trop peu développé.

La pertinence de l’étude repose sur la nature de plus en plus multiculturelle des populations et la nécessité de s’attarder à ce phénomène. Les statistiques et les projections démographiques révèlent !’augmentation de la multiculturalité dans les pays occidentaux et, par extension, des mariages mixtes. De ce fait, les thérapeutes seront amenés à intervenir

(13)

auprès de gens de différents bagages culturels, tout comme auprès de couples dont les partenaires sont issus de cultures différentes.

Aussi, est-il pertinent, avant toute chose, de situer le contexte théorique à partir

duquel le thème sera appréhendé. Tel est le but du premier chapitre consacré à la présentation de la revue de littérature.

Le chapitre II traite des variables psychologiques étudiées: la satisfaction des couples mixtes, la perception de l'entourage à leur égard et l'estime de soi seront examinés.

Le chapitre III met l'accent sur les deux cultures dont il est question, à savoir les cultures québécoise et latino-américaine. Un survol historique, de même que les valeurs qui caractérisent les deux cultures étudiées y sont présentés. Cette section se termine par la présentation de la problématique et des hypothèses.

Le chapitre IV révèle la méthode de l'étude.

Quant au chapitre V, il est divisé en deux sections, la première dresse le portrait de !'échantillon à l’étude, la seconde énonce les résultats quantitatifs et qualitatifs obtenus.

Enfin, la discussion des résultats, des limites de l'étude et des avenues de recherche se retrouve dans le chapitre VI.

(14)

CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL

Couples mixtes : revue de littérature

Les relations entre individus de races, de nationalités ou de religions différentes ne datent pas d’hier; cependant, le thème des couples mixtes n’a provoqué l’engouement des chercheurs que depuis les années 1940'. Malgré cela, la littérature concernant les mariages interculturels et interraciaux demeure encore relativement rare (Cretson et Leon, 1982). Étant donné la complexité du phénomène, il n’est pas surprenant de constater l'intérêt qu'il a suscité dans différentes disciplines telles la psychologie sociale, l’anthropologie, la

sociologie, la communication et l’ethnologie. Par exemple, les études anthropologiques menées auprès des couples mixtes placent la notion de culture au centre de leurs réflexions. Pour leur part, les démographes cherchent plutôt à montrer, à travers cette même réalité, l’influence du facteur démographique sur la continuité culturelle et sociale des groupes.

Les couples exogames existaient déjà dans la Grèce Antique. Π en est même question dans l'Ancien Testament, dans le livre de Ruth précisément.

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De la littérature recensée, ce sont les travaux sociologiques qui semblent avoir montré le plus grand intérêt pour l’étude des couples mixtes. Ainsi, Barbara ( 1993), Bensimon et Lautman (1974) axent particulièrement leurs recherches sur les questions touchant l’exogamie. Les concepts centraux par lesquels ils traitent de la mixité sont la religion, la langue et la culture.

Ils voient le couple mixte comme un mini-groupe à l’intérieur d’un groupe social donné qui sera réceptif ou non à la dite union dépendant de la proximité ou de l’éloignement des deux cultures en cause. Barbara (1993) et Varro (1984) qualifient le mariage mixte de véritable « laboratoire d’étude du mariage » où apparaît de façon visible et transparente ce qui serait resté fort probablement latent dans un mariage non-mixte. Par exemple, les codes culturels différents des partenaires des couples mixtes pourront engendrer des problèmes de communication et de compréhension d’une intensité plus explicite qu’ils ne se

manifesteraient à l’intérieur d’un couple possédant le même bagage culturel. Pour Barbara (1993), chaque individu: « est modelé dès son enfance dans son milieu familial, lui-même inséré dans une culture globale. L’individu devient alors le produit d’une différence culturelle qui s’atteste en face d’un autre comme un morceau vivant d’identité » (p. 104).

En psychologie, les chercheurs s’intéressent particulièrement aux questions d’identité sociale et personnelle des individus en relation mixte, donnant ainsi plus de poids à la

dimension psychologique qu’aux questions sociales. C’est dans cette optique que sera menée la présente étude.

Mais d'abord, un bref survol des théories de diverses disciplines qui ont été mises de l’avant pour comprendre le couple mixte introduira le lecteur à la multidimensionnalité du phénomène étudié . Seront ensuite recensées les études portant plus spécifiquement sur les

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caractéristiques des partenaires des couples mixtes. Enfin, seront présentés les obstacles et difficultés inhérentes aux études sur les couples mixtes.

Perspectives théoriques

Les premiers travaux sur les mariages exogames menés par Davis ( 1941) et Merton (1941) voient !’union mixte comme un mécanisme qui indique le maintien ou les

changements dans les frontières ethniques. Bogardus (1958) considère l'exogamie comme une façon de mesurer !'acceptation d’une minorité particulière par la société alors que Gordon ( 1964) identifie le mariage mixte comme une étape critique dans le processus d’assimilation vu comme un processus graduel de perte d’attachement envers son groupe ethnique d’origine. Cottrel (1990) voit les unions interculturelles comme un phénomène moderne reflétant une augmentation de la mobilité internationale.

La théorie de Davis et Merton (1941) (DMT ou théorie des échanges compensatoires) est une perspective théorique élaborée afin d’expliquer les mariages Noirs-Blancs. Davis ( 1941) fut l’un des premiers théoriciens à suggérer que les mariages mixtes soient étudiés en terme d’échanges compensatoires. Il explique que l’homme d’une classe ou d’un statut social supérieur échange sa position sociale contre la beauté, la jeunesse ou la santé d’une femme d’un rang social inférieur. Ou encore, le mariage mixte serait un moyen pour l’homme noir d’échanger son statut socio-économique (élevé) contre le statut racial de son épouse blanche. Par contre, l’homme blanc, ayant peu à gagner de ce type d’union, aurait moins tendance à épouser une femme noire. Sous certaines réserves, ce phénomène a été constaté et continue encore aujourd’hui d’avoir son fondement même s’il a été beaucoup critiqué (entre autres, Monahan, 1976).

(17)

Il est à noter, comme le mentionne Mühsam (1990) que la théorie des échanges compensatoires de Merton et Davis (1941) n'a reçu que peu de support empirique; de même, ses origines peuvent être qualifiées de folkloriques. Le contexte dans lequel a été élaborée cette théorie était, à l'époque, il faut le rappeler, encore sous une emprise raciale marquée et les mariages entre Noirs-Blancs étaient interdits dans plusieurs états aux États-Unis. Cretser et Leon (1982) mentionnent qu’en 1966, les mariages interraciaux étaient interdits dans 17 états. Il aura fallu attendre jusqu’en 1967 pour qu'une loi rende légaux les mariages

interraciaux aux États-Unis.

Une autre théorie, celle de l'assimilation suggère que les mariages mixtes sont des indicateurs du degré d’assimilation des immigrants dans la société. Comme l’a fait remarquer Jiobu (1988), ceci signifierait un mélange uniforme des cultures des deux individus en relation. Mais ce n’est pas si simple. Ce même auteur a constaté la rareté d’un mélange culturel parfait dans ses études sur les mariages mixtes.

Une autre théorie mise de l’avant afin d’expliquer la formation des unions mixtes est celle de la « Propinquity » (promiscuité) qui énonce que les individus qui vivent dans des groupes religieux ou culturels restreints vont tendre à se marier davantage dans les groupes religieux ou culturels dominants du fait d’une plus grande éligibilité des partenaires; ceci conduira à un taux d’exogamie plus élevé dans les groupes restreints (Larson et Monro,

1990).

Dans le même ordre d'idées, la théorie de la distance sociale, la plus ancienne théorie sur le sujet (Drachsler, 1921, cité dans Mühsam, 1990), émet que la fréquence des mariages mixtes est déterminée par la distance sociale entre les hommes et les femmes de groupes sociaux donnés. En concordance avec la thèse qui émet que la distance physique, de même

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que la disponibilité de partenaires issus de différents groupes ethniques étendent ou limitent les occasions de former un couple mixte, les études indiquent que la promiscuité est liée à Γattraction (Fujino, 1997). L’inconvénient majeur de cette théorie concerne la difficulté de mesurer avec précision la distance qui sépare les individus (Mühsam, 1990).

D’autres théories sont émises afin d’expliquer les mariages mixtes, telle celle liée aux préférences spécifiques des hommes et femmes des groupes impliqués. Par exemple, Schoen (1985) a émis l’hypothèse connue sous le nom de « Money-Beauty », à l’effet que les

femmes seraient premièrement intéressées par le statut socio-économique du conjoint, alors que les hommes seraient davantage intéressés par les attributs physiques de leur compagne. Ceci impliquerait d’autres mécanismes dans la formation des unions mixtes.

Il est souvent affirmé que : « plus grande est la différence culturelle, plus grands sont le conflit culturel et le stress ». Selon différents auteurs, cela ne s’avère pas être toujours le cas. Les différences culturelles ne susciteraient pas en soi du stress au sein des couples mixtes, de même que la distance culturelle ne serait pas nécessairement reliée au degré de stress. Le niveau de stress vécu dépendrait du degré de la tolérance de la société d'accueil à l’égard des autres cultures et, par extension mais aussi, plus près du couple, de l’attitude des amis et de la famille. Entrer en contact avec quelqu’un d’une culture différente est

quelquefois stressant à prime abord par !'incompréhension de certains comportements et attitudes, mais la source du conflit n’est pas tant la différence culturelle comme telle, sinon la manifestation d’une intolérance à l'égard de ces différences. Cottrel (1990) et Thornton (1983) maintiennent que l’identité culturelle est dynamique et en général situationnelle et que les mariages mixtes, comme toute autre union, ont des impacts négatifs et positifs sur les partenaires et !’environnement immédiat.

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Motifs d’initiation de la relation

Les motifs qui favorisent l’initiation d’une relation amoureuse entre individus de cultures différentes sont très variables et rejoignent en grande partie ceux impliqués dans les unions non-mixtes : affinités de personnalité, attirance physique, compatibilité, critères sociaux, rencontres fortuites (voyages, réunions sociales, etc.) débouchant sur des relations affectives, etc. À ceci, Girard (1974) ajoute que l'âge des partenaires, l'état matrimonial, la scolarité, les valeurs culturelles, le statut social ainsi que la possibilité de se fréquenter

interviennent dans le choix du conjoint.

Lasry et Safar (1986), pour leur part, expliquent tout choix conjugal par le biais de trois théories : celle de Y endogamie, qui pourrait être résumée par l’expression : « qui se ressemble, s’assemble », sous-tend que l’attraction amoureuse est déterminée par le fait que les deux partenaires ont les mêmes valeurs, les mêmes buts dans la vie, et se satisfont mutuellement dans leurs échanges. Ceci rejoint les résultats de Rubin (1973) et Epstein ( 1984) qui rapportent qu’en général, les partenaires d’un couple se ressemblent sur les plans physique, émotionnel et sociologique. Dans une perspective sociologique, Passerieux (1997) tente de démontrer que si les mariages s'effectuent généralement à l’intérieur d’un même groupe (endogamie), c’est que certaines règles implicites sont à l’œuvre dans la formation d’une union. Ces règles signifient que le trop proche, inceste, et le trop lointain, mariage mixte, se situent à la limite de l'interdit parce qu’ils mettent en péril la survie du groupe.

À l’inverse, Y exogamie, deuxième théorie de Lasry et Safar, s’exprime par le dicton : « les contraires s’attirent ». Une telle union serait basée sur une relation de complémentarité

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où chaque partenaire apprécierait en l’autre ce qu’il ne possède pas en lui-même. Cette théorie expliquerait en partie la tendance de certains individus à chercher un partenaire d’une autre origine culturelle qu’eux. Enfin, une théorie plus fonctionnelle, celle de / ’actualisation, implique la découverte progressive du (de la) conjoint (e) à travers la relation de couple par le biais d’une alternance rythmique entre la complémentarité et la similitude dans la relation (Shostrom, 1970). Il serait abusif de réduire la motivation à entrer en relation de couple à l’une ou l’autre de ces théories ; la réalité est beaucoup plus complexe.

McGuire (1993, cité dans Shibazaki et Brennan, 1998), qui explorait le

développement des relations interethniques, a analysé les motifs des gens à entrer en relation avec un individu d’une autre culture. Par une approche qualitative, il a interrogé 20 sujets sur les raisons du choix de leur partenaire. La majorité des répondants ont rapporté avoir été attirés par l’autre pour des questions de compatibilité, de personnalité et d’apparence : peu souvent mentionnée, la dimension ethnique apparaissait tout à fait secondaire. En fait, son

influence réelle sur le choix d'un partenaire est difficile à déterminer.

Dans leur étude sur un des partenaires de couples endogames et exogames, chez 100 étudiants d’une université américaine, dont 44 étaient en relation exogame, Shibazaki et Brennan (1998) ont examiné l’influence des variables culturelles sur la qualité de la relation. Les auteurs se sont intéressés aux motifs liés à !’initiation de la relation et à la satisfaction conjugale. Leurs résultats démontrent que les motifs invoqués par les partenaires des couples mixtes et non-mixtes sont sensiblement les mêmes et que le niveau de satisfaction rapporté est également similaire pour les deux catégories de couples.

Dans sa revue de littérature sur les mariages mixtes Noir / Blanc, Porterfield (1978) fait remarquer que plusieurs des mariages interraciaux surviennent tout simplement parce que

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les individus sont amoureux. Les couples se marieraient pour les mêmes raisons que les couples endogames, pour des questions de personnalité et de compatibilité. Plusieurs des études qu'il a recensées rapportent que les partenaires des couples mixtes se sentent différents des partenaires des couples endogames. Un motif invoqué par l'auteur afin d'expliquer la formation d'unions mixtes est que les Blancs marient les Noirs pour des raisons idéalistes ou libérales, c’est-à-dire pour défier les préjugés culturels de la société. D’autres motifs relevés par l’auteur sont une attirance sexuelle pour la différence, ce qu’il qualifie de « charme de l’exotisme », le refus de l’autorité parentale, la répudiation de sa propre culture et enfin, Γ auto-dégradation ( par le mariage à un être considéré soi-disant comme inférieur). Cependant, des dires de l’auteur, ces motifs sont non systématiques, fragmentaires et spéculatifs. Dans plusieurs cas, ils découlent d’expériences isolées ou d’échantillons restreints, limitant leur portée. De même, l'époque où se déroulent les études teinte les résultats des recherches.

Char (1988) a obtenu des résultats semblables. Pour lui, un mariage est basé sur une combinaison complémentaire de motifs conscients et inconscients qui doivent être interprétés en regard des cultures et des époques impliquées. Parmi les motifs cités par l'auteur, on retrouve l’amour, la chance, la disponibilité des partenaires, un besoin d’être différent, la rébellion envers l’autorité parentale et des raisons aussi concrètes que le fait d’améliorer son statut socio-économique.

Pour leur part, certains psychanalystes rattachent le fait d'entrer en relation

interculturelle à la dynamique sous-jacente au complexe d’Œdipe/ Electre. Vers l’âge de 3 à 5 ans, l'enfant se retrouve en conflit entre de forts sentiments d'attachement envers le parent du sexe opposé et des sentiments de rejet envers le parent du même sexe. Si l'enfant n'arrive

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pas à surmonter ce conflit, le complexe peut « se transformer » en phobie exagérée du parent dont l’enfant est « amoureux ». Plus tard, cette phobie se manifesterait à travers le choix symbolique d’un partenaire tout à fait different du parent aimé; cette différence pourrait s'exprimer dans le choix d'une personne d’une autre origine culturelle. D’autres motifs sont également invoqués. La fixation à un objet d’amour durant la petite enfance pourrait

expliquer la relation. Par exemple, une personne pourrait être attirée par quelqu’un de la même culture d'origine que son gardien lorsqu’elle était enfant.

Les préjugés favorables ou défavorables face aux autres cultures peuvent être des motifs qui favorisent les unions exogames. Par exemple, le fantasme de l’autre comme étant investi d’une plus grande énergie sexuelle (particulièrement en ce qui a trait à la culture africaine) pourrait accentuer le désir d’entrer en relation avec quelqu’un d’une autre culture (Vinsonneau, 1985).

Portrait sommaire des gens en union mixte

Les caractéristiques psychologiques

Il y a plus de cinquante ans, Resnik (1933) proposait que les personnes qui

choisissaient de se marier avec quelqu’un d’une origine culturelle différente se divisaient en quatre catégories : émancipées, rebelles, détachées ou aventurières. Selon Hutter (1990), les gens qui se marient ou sont en relation avec quelqu’un d’une autre origine culturelle, sont jusqu’à un certain degré, psychologiquement, sociologiquement ou culturellement

marginaux; mais ceci ne signifie pas qu’ils soient malajustés émotionnellement.

Sung (1990) s’est intéressée aux caractéristiques psychologiques des partenaires des couples mixtes sino-américains. Ses résultats indiquent que les gens qui se marient à

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l’extérieur de leur groupe social d’origine semblent plus rebelles et moins conventionnels. Ils sont ouverts aux changements, plus matures et acceptent davantage les idées non- traditionnelles. Ils sont également plus flexibles et capables d’affronter les problèmes de façon efficace. La religion ne leur cause pas de problèmes et les traditions et coutumes américaines sont plutôt bien acceptées. Les personnes interrogées ne rapportent pas non plus de différences culturelles majeures dans leur couple. Les principales critiques ont trait aux habitudes personnelles du (de la) conjoint(e), ce qui ne diffère pas de tout autre mariage.

Âge

Les études menées indiquent que les mariages à l’extérieur du groupe culturel d’origine se contractent plus souvent dans les cohortes d’individus plus jeunes; cette

association serait reliée à des différences générationnelles dans tes comportements maritaux. (Gurak et Fitzpatrick, 1982, Kitano et al., 1984). Effectivement, l’ensemble des recherches menées sur les couples mixtes laissent voir que les immigrants de première génération ont plus tendance à se marier de façon endogame, tendance qui s’amenuise considérablement dans les générations subséquentes.

Facteurs d’ordre socio-démographique

Les études associant le niveau socio-économique et les mariages mixtes ne font pas consensus. Certains auteurs observent une corrélation positive entre l’éducation et les mariages mixtes (Carter et Click, 1966), alors que d’autres ne trouvent pas cette relation (Kitano, 1984).

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Passerieux (1997) fait ressortir le fait que les mariages mixtes se réalisent davantage entre des individus de milieux socio-économiques et de niveaux d’éducation semblables tel que démontré également par Porterfield (1978) et Barbara (1985). Ces résultats coïncident avec ceux de Monahan (1976) qui rapporte que la majorité des conjoints dans les mariages mixtes ont des niveaux occupationnels relativement semblables. Passerieux souligne en outre qu'à la lumière des résultats de recherches obtenus, les mariages mixtes se réalisent plus souvent à l’intérieur des classes sociales élevées et populaires que dans les classes moyennes. Ce fait puiserait son origine dans la constitution des flux migratoires : une population

hyperscolarisée et spécialisée d’un côté, une immigration issue des milieux populaires de l’autre. Cependant, les unions mixtes s’effectueraient davantage dans les classes aisées du fait que les individus appartenant à cette strate sociale ont plus de mobilité physique (voyages, etc.), de même qu'une facilité accrue à s’adapter et à s’insérer dans la société d’accueil en raison de leur statut social privilégié.

Cretser (1990) a remarqué, en étudiant les mariages mixtes en Angleterre, que les partenaires des couples exogames avaient quitté l’école plus tardivement que les partenaires des couples endogames. L'âge moyen de retrait de l’école (« school leaving age »), indice utilisé en Angleterre pour mesurer le statut éducationnel, est de 15,4 ans pour les partenaires masculins des couples exogames et de 12,6 ans pour les partenaires de même sexe des couples endogames. La même tendance se remarque chez les femmes avec des résultats de

15,4 ans et de 13,3 ans. Dans une étude comparative, couples mixtes sino-américains et couples américains endogames, Sung (1990) remarque que les couples mixtes sont plus scolarisés que les couples endogames.

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Concernant les mariages mixtes américains mexicains, Mur guia (1982) montre que Γ exogamie est positivement associée au statut socio-économique : plus le statut socio- économique du Mexicain est élevé, plus le taux d’exogamie est élevé; quant aux Mexicaines qui sont en union mixte, elles tendent à être mariées avec des hommes de haut statut socio- économique.

D'autres études menées auprès des couplés mixtes dont l’un des partenaires est

d’origine latino-américaine traitent de paramètres autres que l'aspect socio-économique. Ces études suggèrent que les Mexicains contractant un mariage mixte auraient tendance à

maintenir leurs liens culturels et leur identité ethnique (Salgado, De Snyder et Padilla, 1982). Les études menées sur les mariages mixtes des Hispanophones démontrent que ceux nés à l’extérieur des États-Unis se marient moins à l’extérieur de leur groupe culturel d’origine. S’ils se marient, ils le font davantage avec un autre hispanophone. (Gurak et Fitzpatrick,

1982).

Murguia et Cazares (1982) ont mené une étude sur les mariages des Mexicains et des Américains. Leur nombre est selon les auteurs en progression continuelle. Ils l’expliquent par la plus grande mobilité et soulignent que les premières générations immigrées aux Etats-Unis avaient un taux d’exogamie peu élevé et que ce taux tend à augmenter dans les générations subséquentes. Ils prédisent donc un taux de mariages exogames qui s’accroîtra dans les prochaines années.

Les études menées sur les couples mixtes : obstacles et difficultés

Parmi les études effectuées sur les couples mixtes, certaines ont reçu des critiques méthodologiques sévères. Hutter (1990) mentionne la difficulté à recruter les couples

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mixtes. Selon lui, 47% des études seraient basées sur des échantillons de 30 couples et moins et un tiers sur 20 couples ou moins. De plus, la grande majorité des études sont effectuées dans de grands centres urbains tels que New York, Paris et San Francisco. Il est fait mention de couples habitant de petites villes dans quelques rares études telles celles de Cottrel (1970, 1972 et 1990) et Walters (1953) sans que ne soit prise en compte cette variable géographique. La méthode de recrutement des couples est dans bien des cas biaisée, les sujets étant clients de psychologues ou de travailleurs sociaux. Hutter (1990) critique également le fait que les études se concentrent sur le couple, sans ou avec peu de

considération pour les réseaux sociaux et F environnement social plus large. De plus, les enfants des couples sont généralement absents de ces études, tout comme les couples divorcés.

En ignorant d'étudier le contexte social dans lequel vivent les couples, les chercheurs négligent de considérer des aspects significatifs de l’environnement socioculturel tels le racisme, les préjugés, qui créent parfois des difficultés supplémentaires aux couples, à leurs familles et amis. Ils oublient également de considérer l’impact qu’ont ces relations sur leur environnement. Ceci mène à un questionnement quant à la satisfaction de telles unions. Certains chercheurs se sont penchés sur cet aspect. Dans le prochain chapitre, il sera question de la satisfaction conjugale et de la stabilité des couples mixtes.

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CHAPITRE Π

LES VARIABLES PSYCHOLOGIQUES ETUDIEES

Satisfaction maritale, stabilité et couple mixte

En général, la satisfaction conjugale chez les couples a fait l’objet de maintes études. En psychologie, les recherches menées auprès de couples mettent T accent sur différentes composantes des relations qui permettent de prédire le niveau de satisfaction conjugale telles la communication dans le couple, les coûts et bénéfices engendrés par la relation et les attentes des partenaires. Selon Dagenais (1981), plusieurs chercheurs s’entendent pour dire que la similitude des caractéristiques psychologiques ou socioculturelles de même que l’homogénéité du style d’interaction des partenaires prédisent le mieux le niveau de satisfaction conjugale.

Les sources d’insatisfaction conjugale dans tout couple peuvent découler de differents facteurs. Il peut s’agir, comme le mentionne Langlois (1983), de comportements déplaisants ou irrespectueux d'un des conjoints, de situations difficiles et de renforcements négatifs à l’intérieur du couple. Le fait de ne plus trouver de plaisir dans les sphères entourant !’interaction maritale, telles que la sexualité, la communication, la famille, les amis, la religion, l’argent et les enfants sont tous des éléments pouvant contribuer à une moins grande

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satisfaction conjugale. Quant aux couples mixtes, à part ces sources de perturbation, ils sont par ailleurs confrontés à des difficultés que ne vivront probablement jamais les couples endogames entre autres au niveau de la communication et des valeurs respectives de chaque partenaire. Certains auteurs se sont penchés particulièrement sur la stabilité et la satisfaction conjugale des couples mixtes.

Stabilité

La stabilité des couples mixtes, quoique ayant fait l’objet de quelques études, n’a pas été clairement démontrée par les résultats obtenus. Au début des années 60, Burma (1963) a montré que seuls les mariages Blancs / Noirs impliquaient plus souvent des partenaires ayant déjà connu un divorce. Pour les autres mariages exogames, le taux de personnes

antérieurement divorcées était moindre que dans les mariages Blanc-Blanche. Des résultats semblables ont été obtenus par Monahan (1973). Les mariages mixtes (en excluant les partenaires de couleur) impliquaient généralement un premier mariage pour les deux partenaires.

Il existe cependant des résultats contradictoires en ce qui a trait au taux de divorce des couples exogames lorsque comparés aux couples endogames. Monahan ( 1970) rapporte que les mariages Blanc/Noir sont plus stables que les mariages Noir/Noir et que les mariages Noir/ Blanche ont des taux de divorce moins élevés que ceux des couples formés de Blancs. Heer ( 1974) a mené une étude longitudinale comparant la stabilité des couples exogames (Noir/Blanc) et des couples endogames (Blanc/ Blanc et Noir/ Noir). Les couples s’étaient mariés pendant les années 50-60 et étaient revus en 1970. Une différence significative dans la stabilité des couples a pu être démontrée. Le nombre de couples mixtes demeurés

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ensemble était substantiellement moindre que celui des couples endogames. McGoldrick ( 1982) parvient à des résultats semblables et fait ressortir le fait que les couples mixtes ont plus de risque de divorcer et de vivre divers types de problèmes. Lorsqu’on fait référence aux études menées à Hawaï (Lynd, 1964, cité dans Sung, 1990) à Los Angeles (Barron, 1972), et en Iowa (Monahan, 1976), il est démontré que les taux de divorces des mariages exogames sont supérieurs à ceux des mariages endogames. Il faut cependant être prudent quant à !'interprétation de ces résultats qui ont été obtenus à une époque où le divorce était plus ou moins accepté socialement et n'était pas encore vu comme une solution possible aux problèmes de couple contrairement à ce qui s'observe actuellement. Il ne faudrait donc pas conclure hâtivement à une plus grande stabilité des couples endogames.

Satisfaction

La satisfaction conjugale des couples mixtes a fait l’objet de plusieurs études qui, tout comme pour la stabilité, n'ont pas donné de résultats convergents. La littérature sur les mariages mixtes suggère que les partenaires des couples exogames rapportent se sentir différents des couples plus conventionnels sur un bon nombre de variables psychologiques et sociologiques. Miller (1982) souligne que ces couples rencontrent des difficultés uniques dans leur mariage qui découlent souvent de leurs différences culturelles et qu'avec le temps, leur relation se détériore puisque leurs scores de satisfaction et de stabilité conjugales se révèlent moins élevés que ceux des couples endogames. Barbara (1985) mentionne que, dans un couple exogame, les conjoints sont davantage alertés par leurs oppositions et différences.

Hamad (1984) voit cependant dans cette dernière remarque un avantage :

« ils (les partenaires des couples mixtes) s'attendent d'emblée à avoir des choses à négocier, des accommodations à faire quant aux conflits spécifiques créés par les

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distances objectives qui séparent les systèmes de valeurs dont chacun d'eux est imprégné » (p. 104).

Donc, ce qui a priori pourrait sembler être un obstacle à la satisfaction sera en fait un avantage pour les couples qui auront appris dès le début à communiquer et à s’ajuster l'un à l’autre. Leonard et Yacov (1988) ont mené une étude sur le bonheur conjugal et ont comparé des couples endogames et exogames. Aucune différence significative n’a été démontrée entre les deux groupes quant à leur niveau de satisfaction conjugale. Chan et Smith (1996) ont effectué une expérience similaire auprès de couples exo et endogames. Leur hypothèse de départ dérivait de la littérature sur le sujet et stipulait que les caractéristiques personnelles des couples mixtes étaient différentes de celles des couples non-mixtes et que la stabilité et la satisfaction conjugale de leur couple étaient moins élevées. Pour vérifier cette hypothèse, ils ont interrogé 5110 couples mariés. Les résultats obtenus ne sont pas confirmés.

Shibazaki et Brennan (1998) ont examiné la satisfaction conjugale. Leurs résultats démontrent que le niveau de satisfaction est similaire pour les deux catégories de couples.

Barbara (1985) avance l’idée que dans un couple où la femme aspire à une vision plus égalitaire, la rigidité dans la définition des rôles sexuels par le mari peut mener à une moins grande satisfaction. Comme le citent Lasry et Safar (1991) :

« Si les aspirations d’émancipation de la femme se trouvent contrées par des rôles sexuels figés, comme dans un couple traditionnel, les conflits se trouvent multipliés. Le problème devient évidemment plus crucial lorsqu’il s’agit d’un couple où la femme provient d’une culture dont les rôles sont égalitaires et l’homme, d’une société imprégnée du modèle patriarcal», (p. 155)

Frisbie (1986) a effectué une recherche comparative de couples endogames de

diverses cultures. Les Mexicaines des couples endogames ont obtenu les résultats de stabilité les plus élevés. L'auteure suggère que cela peut être dû à l’importance des valeurs familiales

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dans la culture mexicaine particulièrement chez les femmes. Les recherches menées sur la satisfaction maritale des couples formés de partenaires mexicains d’origine vivant aux États- Unis indiquent que certaines variables telles qu’un nombre moindre d’enfants et un partage équitable du pouvoir marital contribuent à un taux de satisfaction maritale plus élevé.

Même si certaines recherches ont obtenu des résultats à l’effet que les familles hispanophones sont plus stables que les familles formées de Blancs, d’autres données indiquent que les deux groupes ont des taux de divorce relativement similaires (Vega, 1990).

Perception de l’entourage vis-à-vis le couple mixte

L'union de deux personnes avec des normes culturelles et comportementales

différentes et un bagage culturel enraciné ou basé sur des différences religieuses, raciales ou ethniques n’a pas seulement des répercussions sur le couple lui-même, mais a également un impact sur les liens de la famille étendue et sur le groupe social. (Hutter, 1990)

Les réactions face aux unions mixtes peuvent être envisagées sous plusieurs angles. La famille, les amis, les collègues de travail constituent des réseaux sociaux pouvant

manifester de l’opposition ou de l’encouragement face à l’union. Selon Barbara (1992), « le mariage avec un étranger rompt toujours un équilibre familial existant, surtout s’il est le premier à se produire dans !’environnement immédiat » (p.37). Romano (1988) mentionne que la famille peut être le pire ennemi ou le meilleur allié des couples interculturels. Les parents des conjoints sont souvent mis à l’avant-scène et doivent apprendre à composer avec les commentaires quelquefois défavorables des gens qui les entourent.

« L ’ environnement familial immédiat peut avoir des réactions positives ou négatives, à cause d’un environnement social qui, à différents degrés, accueille ou non ce type d’union. Des variations d’acceptation peuvent se percevoir selon la religion, la

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nationalité, la couleur de la peau et aussi selon le statut social du couple étranger ».(Barbara, (1992), p. 44)

Bien que difficile, l'étude des réactions d’un environnement à l’égard des couples mixtes s'avère un facteur déterminant du degré de stabilité et de satisfaction conjugale. Comme le mentionne Barbara (1992), il serait souhaitable d'émettre des pistes d’orientation, de réactions et d’attitudes qui tiendraient compte de chaque contexte particulier.

Pour McGoldrick et Preto (1984), les réactions négatives des parents face aux mariages mixtes peuvent découler de leur peur d’être abandonnés ou rejetés par leur enfant. À ce sujet, Friedman (1990) a émis l’hypothèse que les parents qui coupent les liens avec leur enfant le font davantage en réaction à leur propre difficulté à se séparer de lui, que sur des principes liés au mariage mixte comme tel. Ce type d’union peut être perçu dans !’environnement immédiat comme une menace inconsciente à la survie du groupe.

Shibazaki et Brennan (1998) se sont interrogés sur la perception qu’ont les couples mixtes de l’acceptation de leur entourage à l’égard de leur relation. En ce qui a trait aux préjugés perçus, comparativement au partenaire d’un couple homogène, le partenaire en couple mixte perçoit !’acceptation générale du public comme étant moins grande et celle des amis comme davantage élevée que celle des parents. Cette observation aurait-elle une

incidence sur la satisfaction conjugale? Il n’existe pas réellement de consensus sur ce dernier point. Certaines recherches mettent en évidence que la désapprobation familiale à l’égard du couple nuit à la satisfaction conjugale et peut même conduire au divorce (Gaines et Ickes, 1987, Rosenblatt et al. 1995). D’autres auteurs mentionnent que ceux qui sont heureux dans leur relation savent susciter une meilleure acceptation de leur couple par l’entourage

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différences ainsi que l’habileté à se détacher des perceptions de la famille et de la société contribuent au succès de la relation des couples mixtes. Cependant, dans ces dernières études, aucun groupe contrôle avec des couples de même culture n’a été utilisé pour établir la comparaison et déterminer l’influence de la dimension interculturelle.

Estime de soi et couple mixte

Siegel ( 1966) et Brayboy (1966) proposent que les théories sur l’estime de soi et la culpabilité permettent de comprendre les motivations liées à la contraction de mariages mixtes. Pour ces derniers, les individus avec une estime de soi faible et des sentiments d’infériorité peuvent marier un membre d’un groupe social moins élevé par compensation.

Shibazaki et Brennan (1998) ont comparé le niveau d’estime de soi d’individus en relation endogame et exogame. Une différence significative a été notée entre les deux catégories de couples pour les scores d’estime de soi. En effet, les chercheurs ont démontré que les individus de couples de même culture tendent à avoir une estime de soi plus élevée que les individus des couples mixtes. Cette étude est, selon les dires des auteurs, la première à avoir obtenu de tels résultats.

Par ailleurs, le niveau de satisfaction des gens en relation (incluant les relations d’amitié et les relations amoureuses) avec quelqu’un d’une origine culturelle différente est plus grand dans les relations amoureuses qu’amicales et est positivement associé avec l’estime de soi personnelle et globale de l’individu (Yuan-Huei et Rusbult, 1995).

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Les couples mixtes au Québec

Au Québec, différents couples mixtes (Anglophones et Francophones, Québécois et Africains) ont été étudiés (Lasry et Safar, 1991, Martin, 1995, Marcoux, 1993, Canada : Castonguay, 1982, Larson et Munro, 1990, Lamotte, 1997). Les couples interreligieux ont également fait l’objet d’études approfondies, notamment entre les Juifs et les Chrétiens. À notre connaissance, aucune étude n’a encore examiné les couples Québécois/ Latino- américains. Étant donné le nombre croissant d’immigrants d’Amérique Latine au Québec ces dernières années, cette réalité mérite un intérêt particulier, tant au niveau de l’étude des différences culturelles entre le Québec et les pays latino-américains qu’à leur impact sur les

relations des couples issus de ces deux cultures.

La situation des Latino-américains au Québec et au Canada

Il y a longtemps déjà que l’Amérique du Nord ouvre ses frontières afin de permettre à des populations immigrantes et à des réfugiés de s’établir dans un pays où ils tentent

d’aspirer à une vie meilleure. Au Canada particulièrement, des raisons humanitaire, économique et politique favorisent l’accueil d’étrangers des quatre coins du monde. Selon

Statistiques Canada, depuis la dernière décennie, le nombre total d’immigrants a varié, oscillant autour des 200 000 par année. Actif en matière de recrutement d'immigrants, le

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Québec accueille chaque année environ 25 000 immigrants originaires d’une centaine de pays. (Statistique Canada, 1996)

La majorité de la population immigrante se concentre particulièrement à Montréal; les Italiens, les Grecs, les Portugais, les Chinois et les Indiens formant les communautés

culturelles les plus importantes dans cette métropole (Statistique Canada, 1996). L’origine des immigrants s'est diversifiée au fil du temps. Dans les années 1950, plus de 90 % étaient d’origine européenne; en 1995, la proportion des immigrants venant d’Europe est passée à 31,5 %, alors que 36,2 % proviennent d’Asie, plus de 17,5 % d’Amérique et près de 15 % d’Afrique (Ministère des relations internationales, 1999).

Selon le dernier recensement de 1996, dans la province de Québec, sur la population totale de 7 045 085 habitants, la population des minorités visibles se chiffre à 433 990. De ce nombre, 51 440 sont Latino-américains, soit 11, 85% de cette population. Dans la ville de Québec, les Latino-américains représentent 9 % de la population immigrante, 1515 Latino- américains ont choisi de s’établir dans cette ville (Statistique Canada, 1996).

Selon Gray (1992), les Latinos forment la minorité ethnique qui croît le plus

rapidement aux États-Unis. Ils constituent la seconde minorité ethnique en importance (au moins 22 millions), mettant les États-Unis au 5e rang des pays où l’espagnol est la langue la plus parlée. Des projections démographiques permettent de penser que près de 30% de la population sera latino-américaine en l’an 2000. Cette tendance se manifesterait dans tous les états (Véga, 1990). H en résulte une augmentation du nombre de mariages mixtes entre les Latinos et les Américains. Des études récentes démontrent qu’en Californie, plus de la moitié des mariages impliquant des Mexicains établis aux États-Unis sont exogames (More et Pachón, 1985).

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Quand deux cultures se rencontrent : latino-américaine et québécoise...

Fréquenter quelqu’un d’une culture différente, c’est fréquenter un individu unique certes, mais aussi côtoyer et découvrir, à travers lui, une autre culture. Il est donc important de connaître les caractéristiques générales des cultures dont il est question dans cette étude. C’est ce dont il sera traité dans cette partie.

La culture latino-américaine

Dans les grandes lignes, la culture latino-américaine peut être encore aujourd’hui considérée à plusieurs égards comme traditionnelle. L’attachement à la famille, le sens de la communauté, !’importance des traditions, le respect envers les aînés, les rôles sociaux assignés selon le sexe des individus, sont autant de caractéristiques et de valeurs toujours présentes au sein de la culture latino-américaine. (Ramirez et Castaneda, 1974, cités dans Carlos Diaz, 1995). Certaines valeurs ont particulièrement retenu !’attention des chercheurs, telles que le familialisme, le machisme et le marianisme qui seront explicitées

respectivement. Mais auparavant, situons les choses dans un contexte davantage socio- historique.

Il faut être conscient du danger de généraliser et de figer la culture latino-américaine autour d'un ensemble de valeurs définitives. En fait, les Latinos, comme d'autres groupes, ont souvent été et continuent d’être affublés de stéréotypes et de caractérisations abusives.1 De même, il ne faut pas oublier que chaque pays latino-américain est différent, possède ses 2

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distinctions culturelles, ses propres traditions, valeurs et coutumes.3 Le portrait dressé ici de la culture latino-américaine en général vise à ne faire ressortir que les grandes tendances associées à cette culture.

Un peu d’histoire...

Une histoire riche comme celle de l'Amérique latine ne se résume pas en quelques lignes. Tel n'est pas l'objet de cette étude. L'histoire de l'Amérique latine au XXe siècle est marquée par de nombreuses guerres et révolutions (Mexico, 1910, Bolivie, 1952, Cuba,

1959, Chili, 1973, Nicaragua, 1979). Chaque pays a vécu ses moments de drames, ses défaites, ses victoires. Les dictatures ont été un phénomène commun en Amérique latine. Citons par exemple les dictateurs Rafael Leonidas Trujillo Molina en République

Dominicaine de 1930 à 1961, la dynastie Somoza au Nicaragua de 1937 à 1979, Juan Perón en Argentine de 1946 à 1955, Alfredo Stroessner au Paraguay de 1954 à 1989 et Fidel Castro à Cuba. Tous ces événements ont contribué à l'instabilité politique et sociale présente en Amérique latine.

Issue de pays de contraste et de diversité, la population latino-américaine représente une mosaïque culturelle exceptionnellement complexe. Elle est le résultat de la mixité de trois flux raciaux : les Indiens d'Amérique, les Blancs Méditerranéens et les Noirs d’Afrique, dont chacune de ces «races» résultait en elle-même d'un mélange culturel (Wellin, 1972).

Les années 80 ont particulièrement marqué cette partie du monde. Cette période a été dénommée «La décennie perdue». C'est le début de la crise suscitée entre autre par la dette extérieure en Amérique latine. Une crise financière affecte le Mexique qui est au bord de la

3 II n’y a qu’à voir la façon dont les Latinos se reconnaissent comme étant Colombiens, Mexicains, etc. avant d’être Latino-américain. La langue parlée au Brésil est le portugais.

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banqueroute. À la même période, les autres pays d'Amérique latine vivent des difficultés financières importantes. Les classes sociales sont entraînées vers le bas, les conditions de vie se dégradent et la pauvreté est fort présente. Covo (1998) cite qu'en 1985, 39% des familles vivent au-dessous du seuil de pauvreté, 46% en 1992. En 1993, la commission économique pour l'Amérique Latine (la CEP AL) y dénombre 196 millions de pauvres, soit près d'un habitant sur deux. Les inégalités entre riches et pauvres deviennent de plus en plus marquées, particulièrement dans les zones urbaines. Au Brésil, le pays le plus inégalitaire d'Amérique latine, le même auteur rapporte que 10% de la population détient près de la moitié des richesses (49,7%), mais les 10 % les plus pauvres s'en partagent moins de 1%. Une partie importante de la population travaille dans l'économie dite informelle (le travail au noir). Covo (1998) énonce que la population qui assure sa survie par les petits emplois informels représente 65% de la population en âge d'activité au Venezuela en 1990 et, entre 70 et 75% au Pérou à la même date.

« Le chômage est d'autant plus ressenti que la couverture sociale, en Amérique latine, est très sommaire et qu'il n'existe pas d'allocation de chômage ; les chômeurs se transforment en artisans ou en petits commerçants ambulants qui envahissent les rues centrales des grandes villes, Lima ou Mexico. Ces situations entraînent une

dégradation des conditions de vie, mais aussi des valeurs morales : les bas salaires favorisent la délinquance et la corruption- par exemple chez les fonctionnaires de police qui pratiquent parfois ce que l'on appelle au Mexique la mordida ; les classes fortunées préfèrent souvent la spéculation et la fuite des capitaux aux activités illicites, l'État étant ainsi privé des rentrées fiscales ». (Covo, p.64)

Depuis la deuxième guerre mondiale, la population de l'Amérique latine a augmenté plus rapidement que dans toute autre région du monde. La population est ainsi très jeune. Les moins de 15 ans y constituent une proportion qui va de 30 % à plus de 45 % de la population totale, dépendant des pays concernés. Cette expansion démographique sans précédent en Amérique latine a pour résultat des possibilités d'emploi de plus en plus limitées

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pour la grande proportion d'adolescents en âge de travailler, plus de pauvreté et plus de violence.

À ceci viennent s'ajouter les luttes internes. Quel pays latino-américain n'a pas eu sa révolution au prix de morts, d'emprisonnements, de tortures, de conditions tellement

difficiles qu'il devient même nécessaire de s'enfuir, de se réfugier ailleurs? Ces aspects, la guerre et le chômage, et d'autres encore, ont conduit certains Latino-américains à venir s'établir au Québec. Ils y viennent avec leur histoire et leurs valeurs.

Familialisme

Albert (1996) avance que les Latino-américains sont très ouverts aux autres et à la collectivité, ce que l’auteur qualifie «de culture à orientation interpersonnelle ». Ceci se manifeste notamment par une importance donnée à la famille, une communication tournée vers les autres et des valeurs privilégiant le respect et les relations harmonieuses. Pour Díaz- Guerrero (1975), cette orientation collectiviste différerait beaucoup de la vision nord-

américaine où )’attention est davantage portée sur la réalité physique externe. Cohen- Amérique (1991) résume la conception collectiviste en mentionnant que «l'individu (dans la société collectiviste) est conceptualisé en terme de relations sociales, modèle où il n'y a jamais de coupure du milieu familial d'origine et du groupe d'appartenance; c'est le sentiment

du "nous" qui prédomine sur le "je"» (p. 251). Les Latinos accordent beaucoup d’importance aux autres et à la sympathie manifestée, de même qu’au fait d’être ouvert, chaleureux,

intéressé aux autres et démontrant des comportements positifs et empathiques envers les gens qui les entourent.

La sympathie s'est révélée être une valeur importante chez les Cubains (Alum et Monteiga, 1995), les Américains d'origine mexicaine (Burma, 1963) et les Porto Ricains

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(Landy, 1959). McGoldrick et Preto (1984) soulignent que les Hispanophones valorisent Γexpression émotionnelle. Ils sont généralement très théâtraux et s’expriment beaucoup à travers leur corps. Ils gesticulent, touchent, serrent dans leur bras et se tiennent très près des gens et ce, autant dans leurs interactions intimes que quotidiennes.

Au cœur de la culture latino-américaine, la valeur de la famille occupe une place de choix. Aucune institution n’y est plus importante (Albert, 1996). Elle est particularisée par un système patriarcal où l’homme détient l’autorité et a une place dominante encore très marquée (Nash, 1980). Des études ont montré que les Latino-américains sont plus enclins à maintenir des liens étroits avec leur famille élargie (Chandler, 1979). Le groupe familial ne représente pas seulement la famille proche, mais aussi les grands-parents, les tantes, les oncles et les cousins, souvent du 2e et 3e degrés. Par exemple, pour les Latinos, se marier signifie ajouter d’autres membres dans le réseau familial étendu, sous-tendant une union d’amour entre les deux familles (McGoldrick et Preto, 1984). Keefe (1984, cité dans Véga,

1990) a tenté d’expliquer la prépondérance de la valeur familiale dans cette culture par le fait que les membres des familles latino-américaines habitent souvent plus près les uns des autres, ce qui les rapproche et intensifie les liens.

Kephart et Jedlicka (1988) soulignent que les Latino-américains respectent et obéissent aux normes parentales en ce qui a trait à leurs relations amoureuses. Ils mentionnent notamment les normes suivantes :

1- Avoir une relation et se marier dans leur groupe ethnique ou religieux respectif. 2- Avoir la permission et la supervision parentales dans leur choix de fréquentation. 3- Pratiquer l’abstinence sexuelle complète jusqu’au mariage.

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par les Latino-américains. Diaz-Guerrero et Szalay (1991) mentionnent que, dès l’enfance, la socialisation des enfants est basée sur des valeurs de respect et d’obéissance.

Machisme et marianisme

Le machisme est défini par Stevens (1973) comme étant le « culte de la virilité » et par Albert (1996) comme étant «une constellation de valeurs, idéaux, comportements appropriés à la réalisation de l’homme ». La perception qu'ont les Latinoraméricains ne rejoint pas forcément l'idée d'une supériorité de l’homme par rapport à la femme ou d'une domination de l’homme à l’égard de sa femme, par une autorité patriarcale marquée,

exprimée à travers la discipline et l’éducation des enfants. Comme le mentionnent Hutchison et Poznanski (1987) (cités dans Albert, 1996):

« Pour plusieurs Nord-Américains et Européens, le machisme évoque l’image du mâle agressif se pavanant et entrant en compétition avec chacun afin de dominer la femelle. Une interprétation plus juste basée sur notre discussion de l’importance de l’image chez les Latino-américains, est que l’homme Latino agit en concordance avec ce que l’image d’un homme devrait être pour lui : fort, respecté et capable de protéger et de prendre soin de sa femme et de sa famille ». (traduction libre, p.88)

Au terme machisme pour les hommes est souvent associé celui de marianisme chez les femmes. Inspiré du culte à la vierge de la Guadeloupe, le terme marianisme renferme l’idée que la femme est semi-divine, spirituellement et moralement supérieure aux hommes (Stevens, 1973). Elle est plus forte par son don total à son mari, sa famille et ses enfants et par le fait qu’elle est capable d’endurer toutes les souffrances pouvant lui être infligées (Giralda, 1972). Ces conceptions et les stéréotypes qui y sont rattachés sont cependant de plus en plus remis en question bien que leur influence culturelle continue d'être observée.

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En effet, depuis quelques années, on observe surtout dans les grandes villes, une modification de la vision des rôles sexuels et une remise en question du modèle traditionnel. Depuis 1960, la participation des femmes sur le marché du travail en Amérique latine a augmenté deux fois plus rapidement que partout dans le monde. (Acevedo, 1995). Les femmes ont également gagné plusieurs droits. Certains pays, dont le Brésil et Γ Argentine, ont voté des lois facilitant ou légalisant le divorce, augmentant la durée des congés de maternité et octroyant plus d’égalité au sein de la famille (Safa, 1995). Toutefois, cette vision plus égalitaire des rôles sexuels n'est pas répandue à toutes les couches de la société (Nash, 1986), touchant surtout les couches les plus privilégiées.

Parmi d'autres variables significatives à l'heure actuelle dans la culture latino- américaine, la religion occupe une place très importante. La majorité des pays latino- américains sont catholiques et pratiquants et l’Église y a joué et joue encore un rôle majeur. De même, l'arrivée de la télévision a fortement influencé la modification de certaines valeurs au profit des modèles américains qui y sont proposés, eux-mêmes symboles de modernité, de progrès, de réussite.

De même, l'intérêt marqué des Latinos pour les arts, dont la littérature, la poésie, la musique et la danse ne saurait être passé sous silence.

La culture québécoise

Depuis les quarante dernières années, la société québécoise a subi de multiples bouleversements. La révolution tranquille caractérisée par un vent de modernisme, de même que par la perte du pouvoir de l’Église, l'entrée plus importante des femmes sur le marché du travail dans les années 1960-1970, a été à l'origine de changements sociaux importants, entre

Figure

Figure 1. Niveau de scolarité des partenaires à l'étude selon le type de couple.
Figure 2. Durée de fréquentation selon le type de couple.
Figure 5. Moyennes obtenues au DAS selon le type de couple
Figure 6. Moyennes au DAS selon l'origine culturelle du partenaire
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