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ENQUÊTE PUBLIQUE - PÔLE HÉLOÏSE À ARGENTEUIL 26 MARS

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(1)

E

NQUÊTE PUBLIQUE

-

PÔLE

H

ÉLOÏSE À

A

RGENTEUIL

26

MARS

2019

(2)

=> PIÈCE JOINTE ATTACHÉE À CE MESSAGE

Enquêtes publiques sur la vente du terrain Jean Vilar au promoteur (déclassement du parking) et sur le contenu du projet proposé par celui-ci

A l’attention de MM. les Commissaires-Enquêteurs

J’ai le plaisir de vous transmettre ci-dessous des éléments de réflexion touchant à la fois à la vente au privé de la partie centrale de l’île Héloïse pour un projet immobilier, et au contenu spécifique de ce projet déposé par Fiminco. Ces éléments figuraient en substance dans notre recours, déposé avec Marie-José Cayzac, contre la modification du PLU qui permet ce projet ; recours qui a été déclaré irrecevable pour une raison de forme (l’acte administratif tel que nous avons joint au recours n’était pas la version signée par le président du Territoire). Son contenu reste, à mon sens, entièrement pertinent.

Frédéric Lefebvre-Naré

A. Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) d’Argenteuil prévoit une évolution du site

dans la continuité de sa vocation historique et actuelle, non un bétonnage 1

B. Les Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) d’Argenteuil confirment le rôle de

transition entre le fleuve et le cœur de ville, que l’ancienne île devrait jouer. 5

C) Le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) repère cette partie de l’île comme espace non

urbanisé et espace vert, par opposition aux îlots proches qu’il repère comme « à densifier » 6

D) Le projet s’écarte des priorités du Plan Climat de la ville d’Argenteuil 7

E) Les réponses à l’enquête publique sur la modification du PLU ont soulevé plusieurs points auxquels le

projet ne répond pas. 10

o E1) La hauteur exceptionnelle de ce projet (44,20 m) reste injustifiee. 10

o E2) Le projet nous semble pouvoir constituer un Immeuble de grande hauteur (IGH), dont les conditions de

securite ne seraient pas remplies. 11

o E3) Le sacrifice de l’ensemble des espaces verts actuels n’est pas justifie 12

o E4) La contre-proposition d’EELV sur la circulation pietonne, proposant une traversee vers la Seine, est restee

sans reponse 14

o E5) Les observations sur la concurrence avec l’offre commerciale de centre ville sont restees sans reponse

factuelle 15

o E6) L’objectif invoque de « densification » ne tient pas la route sur ce site 16

F) Le stationnement prevu pourrait e1tre insuffisant 17

(3)

A. Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) d’Argenteuil prévoit une évolution du site dans la continuité de sa vocation historique et actuelle, non un bétonnage

La lecture du PADD montre que l’aménagement proposé va à l’encontre de ce PADD.

Le « complément au rapport de présentation » du PLU rappelle que :

« Ce secteur est identifié dans les Orientations d’Aménagement (OAP) et le Projet de Développement Durable (PADD) du Plan Local d’Urbanisme approuvé le 25 septembre 2007 comme un des principaux lieux à conforter pour renforcer l’attractivité et l’identité d’Argenteuil, relier le centre-ville aux berges de Seine et accueillir une offre de loisirs et de commerces.

Le site de l’Ile Héloïse constitue précisément dans les Orientations d’Aménagement du PLU un secteur d’études dont l’aménagement doit prendre en compte plusieurs problématiques :

"entrée de ville, perspectives vers la Seine, ouverture vers le fleuve, échanges entre le pont d’Argenteuil et la voie sur berges (RD 311), aménagement cohérent de l’ensemble de l’Ile d’Argenteuil, participation à la dynamisation du Cœur de ville." »

De fait, le site de l’île, ou « espace Jean Vilar », occupe le point focal dans la géographie d’Argenteuil, et dans la relation entre Argenteuil et le reste du Territoire Boucle Nord de Seine.

L’île appartient à la commune depuis des temps immémoriaux.

Au Moyen-Âge, le port d’Argenteuil se situait dans la partie amont du bras de Seine aujourd’hui comblé (sur une partie du parc des Berges actuel). La rue du Port, actuelle rue Jean Borderel, aboutit à l’angle Nord-Ouest de l’emprise, où se situait un « petit bac » jusqu’à l’île, puis un

« grand bac » vers Colombes. Les ponts successifs ont été implantés à hauteur de cet ancien bac.

Une fois le bras de Seine comblé, des activités portuaires (notamment de plaisance) sont restées à la même hauteur, sur la partie de l’ancienne île en amont du pont, aménagée en terre-plein.

L’installation du club COMA-Aviron en reste le témoignage.

La partie aval, soit les trois quarts aval de l’ancienne île, en aval du pont actuel, a été plantée en quinconces, pour la promenade et les loisirs, sans doute l’hiver 1788-1789 à l’initiative de Victor de Mirabeau, qui résidait alors rue de Seine.

A partir de 1864 environ, la Ville a réinvesti ce site, de nouveau la promenade et les loisirs,

« considérant que la plus grande partie de la prospérité d’Argenteuil est dans l’embellissement de ses promenades » (PV de Conseil municipal de l’époque). Elle décide de déplacer ailleurs les

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marchandises. Elle fait « élaguer les arbres … plantés sur les promenades publiques …, (et) arracher ceux dont l’état est dépérissant » : de cette replantation pourraient dater plusieurs des platanes aujourd’hui présents, au regard de leur circonférence (plus de 3 mètres). Claude Monet représente ces jeunes plantations dans « L’allée du champ de foire à Argenteuil » (1874).

Le « quai de Seine » qui n’en est plus un, entre ville et ancienne île, est rebaptisé « boulevard Héloïse ». La Ville y crée sa « Place des Fêtes » puis y déplace le marché qui se situait auparavant en centre ville près de l’actuelle Basilique. L’emprise du projet « Cap Héloïse » correspond à celle de l’ancienne place des Fêtes, et pour partie au marché de l’époque, aujourd’hui déplacé d’environ 100 mètres vers l’aval.

Depuis cette époque, les ¾ aval de l’île (du site du projet jusqu’à la hauteur de la rue Verte) sont restés des espaces de loisirs (ponton de bains publics, centre de loisirs, aujourd’hui disparus, terrain de boules, emplacement du cirque jusqu’à récemment, gymnase et terrain de sport…), de culture (kiosque à musque aujourd’hui disparu, salle des fêtes Jean Vilar depuis 1969…), et de commerce forain avec le marché Héloïse, considéré comme le plus grand d’Ile-de-France, avec plus de 500 commerçants et jusqu’à 50000 visiteurs, rayonnant à des dizaines de kilomètres.

Le PADD qualifie la berge de Seine de « poumon vert » et insiste sur le respect d’une

« topographie sensible » :

« Les espaces naturels et agricoles de la ville (Plaines d'Argenteuil et de Mainville, buttes du Parisis, berges de Seine) constituent des poumons verts pour tout le bassin de vie d'Argenteuil. » (…)

« Parmi les caractéristiques fortes de la commune figurent l'existence d'une topographie sensible et un parcellaire en lanières d'origine rurale organisé en fonction des lignes du relief et du fil d'eau. Ces permanences doivent être reconnues et servir de guide à un développement urbain qui cherchera à mettre en valeur le territoire communal en respectant son identité et celle de ses quartiers. » (PADD, pp. 11-12)

En l’espèce, autoriser la construction à 44,20 m de haut sur l’île d’Argenteuil, inondable et qui historiquement n’était pas construite, bétonner l’ensemble de l’emprise, comme le PLU le permet après modifications, ne suit pas le « guide » constitué par ces « permanences » et supprime une partie du « poumon vert » à préserver.

Le PADD insiste à plusieurs endroits sur un réaménagement doux de la berge et de la RD311 (voie sur berge, actuelle 2x2 voies) :

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« La requalification de la Route Départementale 311 (ancienne RN 311) en une voie urbaine engage la revalorisation des rives de Seine, l'accès de tous au fleuve, et la redécouverte de la vocation fluviale de la ville. » En regard, un schéma, difficilement lisible mais qui ne suggère pas d’alourdissement de la circulation à hauteur de l’île (« séquence 2 : centre ville ») :

« La RD 311 en rive droite de la Seine constitue la principale rupture dans la continuité de promenade des berges entre Paris et Conflans-Sainte-Honorine, » il faut donc « assurer l’accès aux berges et permettre une promenade continue. »

« La mise en valeur des rives de Seine répond à des enjeux de réhabilitation paysagère et de reconquête écologique de la végétation des berges. Elle permettra d'envisager le développement de nouveaux usages liés au fleuve et l'animation de ses berges. La Seine pourra progressivement devenir la principale façade urbaine d'Argenteuil ce qui exigera une attention particulière sur la qualité paysagère et architecturale des nouveaux développements. L'ouverture sur la Seine doit aussi permettre la pénétration de l'ambiance fluviale dans le tissu urbain. » PADD, p. 12, 13 et 14.

Le commissaire-enquêteur chargé de l’enquête publique sur la modification du PLU demandait dans son rapport, de façon cohérente avec le PADD,

« Est-il envisagé que le projet d’aménagement conserve une sorte de « coulée vert » entre le centre-ville et les quais de Seine ? » Rapport, 5.3.2.2 ; puis, dans son commentaire faisant suite au mémoire en réponse de l’EPT : « le commissaire-enquêteur … ne peut qu’encourager la ville et l’EPT à « préserver une continuité piétonne de qualité entre le centre-ville et les quais de Seine » qui soit végétalisée. »

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En l’espèce, s’il n’est pas discutable que la densification, prévue par le projet de l’île d’Argenteuil, constitue un « nouveau développement », celui-ci va à l’opposé des objectifs décrits ici par le PADD :

- le projet prévoit une construction continue parallèle à la Seine sans voie d’accès permanente à la berge ; il élèverait potentiellement le niveau de « promenade » au-dessus d’un étage de parking ; la vue sur la Seine depuis cette « promenade » serait d’ailleurs très limitée ou partielle, selon les esquisses présentées.

- le projet ajoute un trafic PL et/ou automobile considérable sur la voie sur berge et au carrefour d’entrée de ville ;

- il ne « réhabilite » en rien le paysage des berges mais au contraire le transforme de façon revendiquée : suppression de tous les arbres en pleine terre, dont certains constituent, avec les plantations plus en aval, un « ensemble arborée remarquable » selon l’avis de l’association A.R.B.R.E.S1 ; construction à une hauteur et sur une surface inégalées en centre ville (44,20 m de haut, et plus de 30 m sur une grande part des 22000 m2) ;

- quelle que soit la valeur écologique éventuelle de terrasses, elles ne peuvent pas constituer une

« reconquête écologique » de l’écosystème fluvial ;

- au total, et en l’absence de toute obligation de « coulée verte » ou traversée « végétalisée » à hauteur du sol de la Seine vers le cœur de ville, comme suggéré par le commissaire enquêteur du PLU, le projet ne « permettrait » pas « la pénétration de l’ambiance fluviale dans le tissu urbain », mais l’arrêterait.

Plus largement, le PADD prévoit que le cœur de ville soit « conforté dans toutes ses dimensions » :

PADD, p. 11 : « Le Cœur de ville doit … être conforté dans toutes ses dimensions : - le lieu emblématique de l'ensemble de la ville,

- le nœud de transport et la porte d'entrée du territoire communal, - la vocation économique et commerciale pour un centre actif, - le rôle culturel,

- la fonction résidentielle pour un centre habité. »

L’île d’Argenteuil, et notamment la zone du projet, font bien face au cœur de ville, mais en sont bien distincts comme le montrent la vue aérienne, la géographie des flux (évoquée précédemment) et l’architecture. Le cœur de ville se termine en effet en « front de Seine » ou « front d’île », avec plusieurs bâtiments de valeur patrimoniale, face au boulevard Héloïse (ancien quai de Seine) et à

1 Ce qui ne constitue formellement pas un label, celui-ci ne pouvant être attribué que sur demande du propriétaire du terrain. La Ville, propriétaire, n’a pas répondu à A.R.B.R.E.S à notre connaissance.

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l’ancienne île avec ses « magnifiques promenades » plantées (selon l’expression utilisée dans de nombreuses affiches anciennes) ; en partant de l’aval :

 Ancienne gendarmerie (XIXème siècle),

 Ancienne hôtellerie de l’abbaye Notre-Dame, datant au moins du XVIème siècle ;

 Villa « Les Rocailles » d’inspiration Art nouveau ;

 Villa du 1 rue Valère Collas ;

 Ancienne mairie et actuel Conservatoire à rayonnement départemental, bâtiment dit « le château » (Argenteuil n’en ayant plus d’autre depuis 1950), IIIème République ;

 Et au mur d’un nouveau bâtiment du Conservatoire, la fresque d’Ernest Pignon

« L’homme du XXème siècle » (1970).

Les fonctions commerçantes, économiques et (hormis Jean Vilar) les fonctions culturelles du cœur de ville s’étirent sur une bande centrale de la Basilique à la gare SNCF, autour de l’ex-Grand Rue (rue Paul Vaillant Couturier). Elles se rapprochent progressivement de la gare, et ce tropisme devrait s’accroître avec le projet en cours « Argenteuil Littoral », la réouverture future de la ligne de grande ceinture, et la concrétisation du projet de « ZAC des deux Gares ».

L’implantation d’un centre commercial et de loisirs sur l’emprise de Jean Vilar, loin de « conforter le cœur de ville », ferait à celui-ci une concurrence directe sur les fonctions économique et commerciale, et culturelle, alors que le cœur de ville dispose d’équipements déjà dimensionnés bien au-delà de leur fréquentation actuelle et passée : le cinéma le Figuier Blanc et sa salle de spectacles, le centre commercial Côté Seine avec l’hypermarché Géant Casino ; l’un et l’autre à quelques hectomètres du projet : aucun des deux ne serait « conforté ».

B. Les Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) d’Argenteuil confirment le rôle de transition entre le fleuve et le cœur de ville, que l’ancienne île devrait jouer.

Les OAP indiquent :

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« L'ancienne île d'Argenteuil, notamment sa partie comprise entre le pont d'Argenteuil et le futur musée de ville, correspond à la seconde zone d'étude. Plusieurs problématiques s'inscrivent dans l'aménagement de ce secteur : entrée de ville, perspectives vers la Seine, ouverture vers le fleuve, échanges entre le pont d'Argenteuil et la voie sur berges (RD 311), aménagement cohérent de l'ensemble de l'île d'Argenteuil, participation à la dynamisation du Cœur de ville... Cet emplacement pourrait être dévoué aux loisirs et aux activités commerciales. »

De fait, comme indiqué dans les éléments historiques présents plus haut, la « partie » citée de l’île d’Argenteuil, en aval du pont, a bien été « dévouée » depuis le milieu des années 1860 à des

« loisirs et activités commerciales » : marché, restauration, promenade, sports, spectacles de plein air ou en salle de spectacles, fêtes, jeu de boules, manèges, cirque… Tous ces loisirs et commerces sont déjà représentés sur l’île d’Argenteuil ! Auparavant il y avait également eu des bains, un kiosque à musique,…

En revanche, le « pôle » proposé ne correspond pas aux orientations :

 D’une part, il comporte une grande part de logements, ce qui ne correspond pas aux OAP ;

 D’autre part, les « loisirs et activités commerciales » autorisées par le PLU modifié ne contribuent pas aux « plusieurs problématiques » citées par les OAP :

— au plan paysager, le PLU modifié permet de faire écran en « entrée de ville », et de couper les « perspectives vers la Seine »,

— sur le réseau de voirie, il permet de bloquer toute perspective d’ « échange entre le pont et la voie sur berge »,

— physiquement, il conduit à couper l’île d’Argenteuil en trois parties sans

« cohérence », et non communicantes,

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— il concurrence et potentiellement affaiblit, comme cela a été écrit plus haut, le

« cœur de ville ».

C) Le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF) repère cette partie de l’île comme espace non urbanisé et espace vert, par opposition aux îlots proches qu’il repère comme « à densifier »

Argenteuil ne dispose pas de Schéma de Cohérence Territoriale, si bien que les décisions d’urbanismes doivent être directement compatibles avec le SDRIF.

Sur les cartes de déclinaison du SDRIF, l’emprise « UGP3 » est, pour partie laissée en blanc (comme les espaces agricoles), pour partie en vert clair « espaces verts et espaces de loisirs ». Le centre ville voisin, de l’autre côté du boulevard Héloïse, est pour partie « à densifier » et pour partie, « urbanisé à optimiser ».

Le rapport de la Direction Départementale des Territoires présenté à la CDAC, quand il estime que le SDRIF classerait la parcelle Jean Vilar comme « à densifier » (selon sa citation par Val d’Oise Environnement pour son recours devant la CNAC), commet donc une erreur de fait. Le terrain marqué « à densifier à proximité d’une gare » sur la carte « Polariser et équilibrer » se situe, au contraire, en amont du pont d’Argenteuil et correspond à l’ancien terre-plein à usage portuaire, actuel parc des Berges, sur lequel la CDAC avait autorisé le 24 avril 2007 le projet de centre commercial « Quai de Seine » qui ne s’est pas réalisé.

(10)

Le SDRIF prolonge en cela les choix d’aménagement antérieurs concernant l’île et ses alentours (Cf. les deux cartes postales ci-dessous, de 1916 date d’envoi, et 1910) :

— utilisation urbaine et marchande aux alentours de la gare (en amont du pont),

— espace vert avec équipements publics sur le reste de l’île (en aval du pont). Celle-ci n’a jamais été construite pour l’habitation, hormis la « maison du passeur » du bac, avant la construction du pont ; maison devenue ensuite un hôtel, jusqu’à la crue de 1910 : il a été abandonné peu après.

Par ailleurs, le texte même du SDRIF ne contredit pas cette cartographie puisque, quand Argenteuil est citée, c’est sans précision spécifique sur l’île :

« Argenteuil-Bezons : le territoire d’Argenteuil-Bezons est un secteur à forts enjeux et potentiel de renouvellement urbain. Il permet le développement d’une offre résidentielle en favorisant la réduction des inégalités dans l’accès au logement. Par ailleurs, c’est un territoire de développement et de structuration d’un réseau de parcs d’activités de PME-PMI complémentaire de l’offre tertiaire du territoire de la Boucle permettant la diversification des emplois. » p. 131 du document 5 du SDRIF.

(11)

Ainsi, la modification du PLU prend un parti opposé à celui du SDRIF, en construisant, avec une densité inégalée à Argenteuil, cet espace partiellement vert en bord de Seine.

Par ailleurs, en matière de commerces, le SDRIF préconise le développement d’un réseau de PME-PMI plutôt que l’accroissement de surfaces commerciales. Les nouvelles implantations doivent être orientées vers les zones existantes et déjà dédiées au commerce.

Selon cette orientation, le PLU de la commune d’Argenteuil devrait inciter à la rénovation du centre commercial « Côté Seine » et du commerce de centre-ville, conforter ou développer les pôles commerciaux des quartiers périphériques déficitaires (Orgemont / Joliot-Curie, Val d’Argent…), et non créer une nouvelle polarité commerciale.

D) Le projet s’écarte des priorités du Plan Climat de la ville d’Argenteuil

Le Conseil Municipal d’Argenteuil a adopté un Plan Climat à l’unanimité lors de sa séance du 17 décembre 2015 (délibération 15-142).

(Extraits du Plan Climat) :

« I. LES PRIORITES DU PLAN CLIMAT DE LA VILLE D’ARGENTEUIL 1.1. Favoriser les déplacements propres

Les déplacements en véhicules motorisés génèrent des impacts importants sur l’environnement : consommation de carburant, émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, impact sur la santé, nuisances sonores. Il est nécessaire de favoriser des déplacements propres (transports en commun, marche, vélo...), pour préserver la qualité et le cadre de vie des Argenteuillais en réduisant les nuisances, tout en conciliant les besoins de mobilité croissants, pour accéder aux lieux de travail, aux équipements et aux commerces.

Dans le cadre de ses compétences, la Ville s’engage à :

- Encourager l’usage des transports en commun et des modes de déplacements actifs (marche à pied, vélo) ;

- Participer à la réduction des nuisances liées aux conditions d’usage des véhicules motorisés ; - Faciliter les déplacements de proximité.

1.3. Encourager le développement de modes de consommations moins émetteurs en gaz à effet de serre Forces : Existence d’un tissu de commerces de proximité en centre ville et de centralités commerciales constituées dans les quartiers (…)

Faiblesses :

- Difficultés d’installation des nouveaux commerces

- Fort contexte concurrentiel, proximité et attrait de centres commerciaux importants : Paris, La Défense - Offre commerciale globalement peu qualitative et présentant des carences

(…)

1.4. S’adapter au changement climatique

(…) Face à ce changement de climat qui affectera de nombreux secteurs d’activités (agriculture, tourisme, bâtiments et infrastructures...), l’adaptation de notre territoire au changement climatique est devenue un enjeu majeur. Cette adaptation doit permettre de garantir la continuité de l’activité

économique, d’accompagner le maintien et l’évolution des espaces verts, naturels et agricoles, de

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prévenir la dégradation éventuelle des bâtiments, d’assurer la disponibilité et la qualité de la ressource en eau (…)

Forces :

6 km de berges de Seine (…) Faiblesses :

Equilibre fragile de la biodiversité du fait de la forte urbanisation du territoire

Territoire soumis à plusieurs types de risques naturels de par ses caractéristiques géologiques et géomorphologiques

Forte imperméabilisation de la ville masquant le réseau hydrographique et topographie en pente vers la Seine

(…)

Appauvrissement écologique des berges de la Seine Dans le cadre de ses compétences, la Ville s’engage à :

Anticiper les effets du changement climatique dans l’aménagement urbain, (…) II. LE PLAN CLIMAT 2016-2020 DE LA VILLE D’ARGENTEUIL

Favoriser les déplacements propres : 3- Faciliter les déplacements de proximité (…)

3.2 Poursuivre les actions d’accompagnement et de redynamisation des commerces de proximité S’adapter au changement climatique

1- Anticiper les effets du changement climatique dans l’aménagement urbain (…)

1.2 Préserver les espaces verts et naturels dans le PLU pour limiter les effets îlots de chaleur et maintenir les liaisons et les continuités écologiques : autorisation de réaliser des toitures végétalisées, zonage N et A, exigences d’espaces verts à la parcelle... »

Ce projet sur le site de Jean Vilar va à l’encontre des priorités du Plan Climat :

- Il décourage « l’usage des transports en commun », en éloignant l’activité commerciale de la gare, à l’inverse de la tendance des dernières décennies, notamment de la création du centre commercial Côté Seine ;

- Il augmente les « nuisances liées aux conditions d’usage des véhicules motorisés », en générant des milliers de déplacements voiture/jour sur des carrefours déjà saturés une grande partie de la journée (voir étude de trafic et avis de la MRAE) ;

- Il ne « facilite » pas « les déplacements de proximité », l’offre commerciale et culturelle actuelle étant déjà située aussi près, voire plus près, de l’habitat de centre ville, sans parler des quartiers plus éloignés.

- Il ne résout pas les « difficultés d’installation des nouveaux commerces », la fréquentation des rues du centre ville et celle de Côté Seine étant vouées à diminuer de par cette concurrence nouvelle ; il va donc à l’encontre des éventuelles « actions d’accompagnement et de redynamisation des commerces de proximité » ;

- Il ne répond pas au « fort contexte concurrentiel », à la « proximité et attrait de centres commerciaux importants : Paris, La Défense », car l’offre commerciale nouvelle annoncée est constituée de surfaces moyennes déjà existantes à Argenteuil. Par exemple, le seul magasin « Jardiland » de Cormeilles, 11000 m2, a une surface proche de l’ensemble des surfaces commerciales que le PLU permettra de constituer sur la parcelle : 14854 m2 selon le dossier déposé en CDAC.

- Il n’améliore pas une « offre commerciale globalement peu qualitative et présentant des carences », puisque, selon les déclarations du président de la foncière (s’exprimant dans la presse2) comme du Maire (réponse à la

2 http://www.leparisien.fr/argenteuil-95100/argenteuil-un-gros-supermarche-de-proximite-en-projet-sur-l-ile-heloise-13-06-2017-7047588.php , 13 juin 2017

(13)

question orale de Frédéric Lefebvre-Naré, 10 octobre 2017), le projet réalisable sur cette emprise s’articulerait sur un grand supermarché, sans doute un déménagement de l’actuel Intermarché, et ne comprendrait pas les grands commerces manquants à Argenteuil (bricolage, jardinerie, électronique…).

- ll réduit l’atout constitué par les « 6 km de berges de Seine », contribue à la « forte urbanisation » réduisant

« l’équilibre fragile de la biodiversité », accroît la vulnérabilité aux « risques naturels », en l’occurrence d’inondation, et à la « forte imperméabilisation de la ville masquant le réseau hydrographique et topographie en pente vers la Seine ».

- Il contribue à l’« appauvrissement écologique des berges de la Seine », des « terrasses végétalisées » (bâches…) ne pouvant équivaloir à un espace vert en pleine terre.

- Il ne préserve pas un « espace vert et naturel » actuel pourtant bien situé « pour limiter les effets îlots de chaleur » ; il ne maintient pas mais supprime une « liaison et continuité écologique » ;

- Au total, il constitue un « aménagement urbain » risquant d’aggraver, non d’anticiper, les « effets du changement climatique », quelles que soient les dispositions prises par le constructeur et les exploitants en termes de consommation d’énergie. L’inquiétude sur ce dernier point ne peut être qu’aggravé par le niveau très modeste de performance annoncé (BREEAM « Good », l’échelle étant : « Pass, Good, Very Good, Excellent, Outstanding ») et l’absence de recours aux énergies nouvelles ou renouvelables (malgré le très bon positionnement d’Argenteuil sur la nappe géothermale de l’Albien).

E) Les réponses à l’enquête publique sur la modification du PLU ont soulevé plusieurs points auxquels le projet ne répond pas.

o E1) La hauteur exceptionnelle de ce projet (44,20 m) reste injustifiée.

Le commissaire enquêteur sur le PLU avait relevé que

« Les hauteurs autorisées semblent élevées » (45 m de haut sur 10% de la surface, 30 m de haut sur encore 40% de la surface), « au risque de créer éventuellement une fracture entre les quais de Seine et le Centre-ville » (Conclusions motivées, p. 12).

(14)

Après avoir reçu la réponse de l’EPT,

« Le commissaire-enquêteur prend acte de la position de la commune et de l’EPT ainsi que de leur volonté de préserver la rentabilité du futur projet en favorisant une densité forte sur le secteur. Il faut aussi prendre en compte que des salles de cinéma et de spectacles nécessitent d’être conçues en amphithéâtre, ce qui implique une hauteur certaine. » (Rapport, p. 34)

Mais la « hauteur certaine » que « nécessitent » des « salles en amphithéâtre » est très inférieure à 45 m (PLU) ou 44,20 m (projet actuel) : rares sont les salles de cinéma et de spectacles qui dépassent la hauteur d’un immeuble de 6 étages, soit une vingtaine de mètres. Par exemple, pour le théâtre de Sartrouville, 12 m sous faux gril ; le théâtre du Châtelet : 19 m de hauteur moyenne ; le théâtre de Grasse : 20 m hors tout ; le Centre de congrès et de conférences de Lyon : 21 mètres jusqu’au gril technique.

Le commissaire-enquêteur relève en outre que :

« Juste derrière ce secteur de l’Ile Héloïse, il y a déjà des immeubles de 12-15 étages, soit environ 45 mètres. » (Rapport, p. 34, ibidem).

C’est bien le cas pour un immeuble qui se trouve rue de la Liberté, mais il est séparé de l’emprise par le « château » du Conservatoire et ancienne Mairie (photo Google StreetView).

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Au demeurant, lesdits immeubles sont vieux d’un demi-siècle, et ne seront donc certainement plus présents pendant la plus grande partie de la durée de vie des constructions du projet.

La hauteur à prendre comme point de comparaison pour le projet est donc celle autorisée pour le centre ville (zone UA), soit 20 mètres.

o E2) Le projet nous semble pouvoir constituer un Immeuble de grande hauteur (IGH), dont les conditions de sécurité ne seraient pas remplies.

L’article R. 122-2 du Code de la Construction et de l’habitation définit comme « Immeuble de Grande Hauteur » (IGH) :

« Tout corps de bâtiment dont le plancher bas du dernier niveau est situé, par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable pour les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie:

– à plus de 50 m pour les immeubles à usage d’habitation tels qu’ils sont définis par l’article R.111-1-1;

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– à plus de 28 m pour tous les autres immeubles. »

← De plus, conformément à l’article GN 7 de l’arrêté du 25 juin 1980,

« les établissements situés dans des immeubles dont le plancher bas du dernier niveau est à plus de vingt-huit mètres par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable par les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie doivent répondre aux dispositions du présent règlement et du règlement de sécurité des immeubles de grande hauteur, dans les conditions fixées par ce dernier. »

La construction d’un immeuble de grande hauteur (IGH) est précisément réglementée dès le choix de son emplacement : selon l’article R 122-6 du Code de la Construction et de l’Habitat, la construction d'un IGH n'est permise qu'à des emplacements situés à 3 km au plus d'un Centre de Secours Principal ou Centre Principal des Services Publics de Secours et de Lutte contre l'Incendie.

L’emprise se situe à plus de 3 kilomètres des centres de secours : celui d’Argenteuil est à 4 km, celui de Colombes à 3,1 km, celui de Gennevilliers à 5,5 km, celui du port de Gennevilliers à 3,2 km, celui de Bezons à 3,3 km. Certes, la limite de 3 kilomètres n’est dépassée que de peu, mais il convient de rappeler qu’il s’agit d’une limite nationale (les 3 kilomètres peuvent aussi bien être en rase campagne) alors qu’il s’agit ici de 3,1 km ou plus en milieu urbain sur une voirie particulièrement chargée.

La création éventuelle d’un nouveau centre principal de secours constituerait un lourd surcoût pour les fonds publics.

Dans le projet tel qu’il a été présenté, le point bas du dernier niveau du multiplexe (la plus grande salle) se situe à précisément à 28 mètres « par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable par les engins ». Retenir ce point bas comme référence valable suppose que l’évacuation de la salle ne soit possible que par ce point bas. Il nous a pourtant semblé, sur les schémas, que, comme c’est très généralement le cas dans les salles en amphithéâtre, un accès haut était prévu (pour le personnel ? les PMR ? d’autres publics ?).

(17)

o E3) Le sacrifice de l’ensemble des espaces verts actuels n’est pas justifié

Le commissaire-enquêteur lors de l’enquête sur le PLU, reprenant les observations de nombreux participants à l’enquête publique, et faisant suite au mémoire en réponse de l’EPT, observait :

« Il parait préjudiciable à la qualité de vie des Argenteuillais d’abaisser à ce point les règles sur les espaces verts. S’il est louable, d’un point de vue « écologique » de végétaliser les toits terrasses, celles-ci ne sont ni accessibles au public ni visibles. Cet endroit est aujourd’hui très arboré, il serait dommage de n’y laisser « Min 1 arbre pour 1000 m2 de terrain, dans le sol, sur dalle ou en pot ». Je recommanderai à la commune et à l’EPT de revoir à la hausse cette règle de l’article 13 du PLU modifié ». (Rapport, 5.3.2.4, p. 33)

Qui plus est, le PLU modifié ne formulait pas d’exigence quant à la hauteur de terre sur ces toits terrasse « végétalisés » non accessibles (point 13-1 du Règlement du PLU). Or, considérant la relation entre le coût de construction et la hauteur de terre, donc le risque élevé que le promoteur en reste à une profondeur de terre minime voire nulle : dans le vocabulaire professionnel, une

« terrasse végétalisée » « est une terrasse ou une toiture qui comporte un procédé d’étanchéité avec végétalisation légère », par opposition à une « terrasse jardin » coûtant de l’ordre de 2,5 fois plus cher3. Il est donc indispensable d’exiger des garanties supplémentaires.

Ceci alors que le PLU prévoit, pour plusieurs zones dont une autre zone de grand projet (UGP2), que :

« Lors de la création de jardins sur dalle à rez-de-chaussée, il doit être prévu une hauteur de terre végétale minimum de 50 cm pour l’engazonnement, 70 cm pour les arbustes et 1,5 m pour les arbres à grand développement.» (Règlement du PLU modifié, p. 132)

3 Ces indications : Maud Philibert, in « Informations rapides de la copropriété » n°537, 6 septembre 2011.

(18)

Pour la zone UGP3, le PLU modifié ne spécifie aucune hauteur de terre pour les arbres sur dalle, et seulement 40 cm pour les terrasses accessibles :

« Le traitement des terrasses devra prévoir :

←  La végétalisation sur au moins 70% de leur superficie pour les terrasses non accessibles

La végétalisation sur au moins 30% de leur superficie pour les terrasses accessibles à usage collectif avec un minimum de 40 cm de hauteur de terre végétale » (Règlement du PLU modifié, p. 146)

Il ressort de la comparaison de ces hauteurs que le PLU modifié permet, sur les terrasses non accessibles, une végétalisation trop superficielle et peu durable.

Le commissaire-enquêteur avait recommandé « à la commune et à l’EPT de revoir à la hausse cette règle de l’article 13 du PLU modifié ».

Sur le nombre total d’arbres, l’EPT a donné une suite extrêmement minimaliste à cette recommandation, passant seulement le nombre d’arbres, de 1/ 1000 m2, à 1/ 500 m2 (au point 13- 2), ce qui reste la plus faible densité d’Argenteuil. Mais le Maire, en réponse à une question orale posée par Frédéric Lefebvre-Naré au Conseil Municipal du 10 octobre 20174, a indiqué que le projet actuel de FIMINCO prévoit 5 fois plus d’arbres que requis par le PLU modifié.

Sur le fait qu’aucun arbre en pleine terre ne serait requis par le PLU, l’EPT n’a donné aucune suite. Pourtant, le Maire, toujours le 10 octobre 2017 en réponse à la même question orale, déclare que « le projet a … été conçu » initialement, et quand il a été soumis au vote du Conseil,

« avec comme objectif la préservation d’un maximum d’arbres présents sur site ». Le projet présenté à cette enquête publique ne semble ne préserver aucun de ceux des deux espaces verts, le square et le jardin arboré devant Pierre Dux.

Sur les terrasses, il n’a pas été donné de suite à la recommandation du commissaire enquêteur, et il n’a pas été donné de justification à ce rejet, hormis une pétition de principe selon laquelle des toitures végétalisées constitueraient une solution « innovante » créant des « espaces qualitatifs confortant son identité » (p. 7/13 du mémoire en réponse de l’EPT).

Le contexte ne permet pas de préciser à quoi le mot « son » fait référence, mais un regard sur l’emprise actuelle permet de douter qu’il s’agisse de conforter l’identité environnementale et paysagère de celle-ci.

4 Réponse retranscrite sur http://engagespourargenteuil.fr/post/Projet-Fiminco-Vilar-reponses-du-Maire, dans l’attente de la présentation et de l’approbation du PV de ce Conseil.

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Claude Monet, L’Allée du champ de foire à Argenteuil, 1874. / Square actuel

o E4) La contre-proposition d’EELV sur la circulation piétonne, proposant une traversée vers la Seine, est restée sans réponse

Répondant à l’enquête publique, Europe-Écologie Les Verts Argenteuil (EELV, observation n°7) proposait que le PLU prévoie une « place publique piétonne reliant le Bd Héloïse à la Seine, à l’air libre et au niveau du sol, accessible 24h/24 » assurant donc en tout temps la libre circulation piétonne sur la parcelle.

Dans sa réponse sur ce point, l’EPT estime que

« Le futur projet, sera, de par son caractère culturel et commercial, ouvert au public. Le PLU favorise des espaces d’usage public et de libres circulations par les règles d’implantation des constructions entre elles (10 mètres minimum entre les constructions). » (5.3.2.3 du rapport du commissaire enquêteur, p. 33) ce que le commissaire-enquêteur ne conteste pas, estimant seulement que

«La modification du PLU n’empêche en rien la création d’une place publique. C’est dans le cadre ultérieur de la définition du projet que cette demande pourrait être étudiée. » (5.3.2.4, p. 33).

Cela ne répondait ni à la demande d’un accès permanent, ni à celle que l’accès soit traversant de la ville vers la Seine.

De plus cette réponse est entachée d’une erreur de fait : si PLU modifié exige bien 10 mètres entre des constructions distinctes, c’est seulement 8 mètres (le minimum imposé par les normes de sécurité) « dans le cas de corps de bâtiments partiellement jointifs » (point 8-2, p. 139 du Règlement du PLU). Or, aucune disposition du PLU n’impose le fractionnement des constructions en plusieurs non contiguës ; le PLU l’autorise certes (point 8-1 du règlement) mais ne l’impose pas.

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De fait, le projet présenté à la présente enquête public montre une construction continue sur la moitié Nord-Est de la parcelle, là où la hauteur serait la plus élevée, et l’absence de voie ouverte et traversante vers la Seine.

o E5) Les observations sur la concurrence avec l’offre commerciale de centre ville sont restées sans réponse factuelle

Sur ce sujet évoqué par de nombreuses observations, le commissaire-enquêteur a elle-même constaté que la surface commerciale en centre ville est déjà très excédentaire par rapport à la demande :

« Certains linéaires commerciaux du Centre-ville sont vides et le Centre Commercial Côté Seine semble lui aussi souffrir déjà d’un manque de clientèle. » (Rapport, p. 35)

Le groupe Casino exploite l’hypermarché Géant du centre commercial Côté Seine. Il a dû réduire la surface de celui-ci d’un tiers, à l’été 2010, du fait du manque de clientèle5. Il a formulé une observation sur l’enquête publique, proposant que le PLU modifié exige une complémentarité entre les nouveaux commerces à implanter, et « l’offre proposée dans le pôle Côté Seine, notamment en alimentaire ». Il a déposé un recours contre la modification du PLU (rejeté en première instance).

L’EPT répondait au commissaire-enquête que « les commerces sont autorisés dans le PLU actuel » (avant modification), ce qui est doublement inexact :

— d’une part, si la réglementation du bâti en zone UA permet des commerces, c’est avec une bien moindre ampleur que ceux autorisés par le PLU modifié en zone UGP3 ; ainsi, « Côté Seine » n’est pas en zone UA mais UZ1 (ancienne ZAC Carême Prenant 2).

— d’autre part et surtout, ce PLU fléchait l’emprise de Jean Vilar comme « équipement public » (les salles Jean Vilar et Pierre Dux), ce qui n’est pas une activité commerciale.

Toujours selon ce mémoire en réponse de l’EPT, « la Ville souhaite ancrer le linéaire commercial de l’avenue Gabriel Péri à l’entrée de Ville au niveau du Pont d’Argenteuil afin de lutter contre la forte évasion commerciale constatée » : le verbe « ancrer » constitue une localisation, non une justification. La relation de cause à effet, « afin de lutter… » est à ce stade une affirmation gratuite. La parcelle UGP3 (qui jouxte le pont) est en effet séparée du centre ville par le « château » (ancienne mairie, actuel Conservatoire) et un ensemble bâti sur le même terrain (salles de répétition, MJC, Ateliers d’artistes, mairie de quartier), qui empêche de toute évidence la continuité du « linéaire commercial » jusqu’à la Seine.. Le Maire a confirmé, dans sa réponse du 10 octobre 2017 déjà citée, que ces équipements publics resteraient.

Les CCI du 92 et du 95 ont mis en évidence, dans leurs observations à l’enquête publique, les mêmes risques, et la CCI 95 se proposait pour « accompagner » une « démarche » de « concertation entre les commerçants existants, la direction de Côté Seine et le promoteur » sur la zone UGP3. Si cette proposition était faite, c’est bien que le projet déstabilise l’ensemble du commerce de centre ville. La marge de décision restant ouverte à la

« concertation » ne peut être que minime. Au demeurant, depuis cette proposition de 23017, aucune concertation de ce type n’a eu lieu à notre connaissance, sinon avec le supermarché Intermarché qui déménagerait sur le nouveau site.

5 Soit 3000 m2 de moins selon http://www.leparisien.fr/abo-val-d-oise/les-salaries-de-geant-casino-manifestent-03-05-2010-907294.php, 3 mai 2010.

(21)

o E6) L’objectif invoqué de « densification » ne tient pas la route sur ce site

Le projet poursuit un « objectif de densification », évoqué par exemple pp. 7, 25 et 28 du rapport de présentation du PLU.

La « densification » a toujours été désignée comme un fléau, par les principaux responsables de l’exécutif municipal argenteuillais. Ces appréciations répétées de leur part6 n’ont certes pas force de loi, mais elles démontrent que le seul terme de « densification » ne constitue pas une justification suffisante.

La densification, si elle constitue un objectif général en Ile-de-France dans les quartiers proches des gares, constitue-t-elle un objectif pertinent pour cet espace spécifique .

Le commissaire-enquêteur, lors de l’enquête sur le PLU, en doutait :

« Est-il opportun de construire des logements en entrée de ville, face aux quais de Seine souvent embouteillés, au-dessus ou juste à côté de salles de cinéma et/ou de spectacles, qui par définition ne peuvent qu’engendrer flots de véhicules, bruit, pollution, etc... ? » (5.3.6.2 du rapport, p. 37)

La MRAE demande également, sans son avis, pourquoi implanter ce projet en zone inondable, alors que 97,6%

de la superficie communale ne le sont pas. La seule réponse du promoteur est que le PLU le prévoit. Mais il s’agit ici de la modification spécifique du PLU pour ce projet précis ! C’est le serpent qui se mord la queue ; l’avis de la MRAE indique d’ailleurs explicitement que cette justification est insuffisante.

Selon nous,

• Cette zone est à ne pas densifier pour des raisons paysagères et patrimoniales. Partout les villes rendent leurs berges au paysage, Argenteuil ferait l’inverse !

• C’est une île où « quand on creuse on trouve la Seine » selon les mots de l’Adjoint à l’urbanisme ;

• La parcelle est plus éloignée des pôles de transport en commun que d’autres sites ayant le même potentiel, comme celui de l’actuel Centre Technique municipal (plus près de la gare, également inondable en partie), dont le déménagement est envisagé depuis longtemps.

L’EPT répondait également (au sujet du PLU) que :

« Le PLU actuel autorise les logements, la modification proposée reste dans cette continuité. » (5.3.6.3 du rapport, p. 37)

Or, comme pour les commerces (point ci-dessus), c’est doublement inexact.

6 Par exemple sur des sites de presse, les sites de ces personnalités, de leur groupe politique (AQNA), ou ceux de la Ville :

http://www.leparisien.fr/val-d-oise/georges-mothron-devoile-son-projet-26-03-2001-2002056245.php, http://95.telif.tv/2010/11/09/argenteuil- dans-le-top-10-des-villes-les-plus-embouteillees-de-france/ , https://lautreinfoargenteuil.wordpress.com/2013/05/15/et-si-on-laissait-argenteuil- respirer-un-peu/ , http://www.argenteuil.fr/uploads/Epublication/cd/76_1318508630_Mag22.pdf (p. 14),

http://www.argenteuil.fr/uploads/Epublication/3d/72_1316071487_Mag21-2.pdf (p. 16), http://philippe.metezeau.over-blog.fr/article- betonnage-d-argenteuil-le-projet-scandaleux-du-centre-ville-57050761.html , https://lautreinfoargenteuil.wordpress.com/2013/06/20/le-val- notre-dame/

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— D’une part, si la réglementation du bâti en zone UA permet des logements, c’est avec une bien moindre densité que ceux autorisés par le PLU modifié en zone UGP3 (avec son taux spécifique d’occupation du sol et sa hauteur autorisée jusqu’à 45 mètres), et effectivement prévus par le projet Fiminco ;

o A titre indicatif, la densité de construction à Argenteuil (44232 logements sur 17,36 km2) correspondrait à environ 50 logements sur cette parcelle. Bâtir 156 logements sur une parcelle de cette taille demanderait, si c’était en zone UA, de se rapprocher voire dépasser le maximum accepté (sur les hauteurs, la distance aux limites séparatives, le retrait sur l’alignement etc.). Il ne resterait plus de place pour un multiplexe, une salle de spectacles, un centre commercial, etc.

— D’autre part et surtout, l’emplacement est fléché comme « équipement public » (les salles Jean Vilar et Pierre Dux), fléchage qui disparaît dans la modification.

Au final, la création en zone inondable de 156 logements est une absurdité quand l’espace constructible abonde à Argenteuil. Cela n’a de sens que pour rendre le reste du projet rentable pour le promoteur, et démontre par là- même, que le reste du projet ne tient pas.

F) Le stationnement prévu pourrait être insuffisant

Le projet utilise un « coefficient de foisonnement », consistant concrètement à réduire la surface de parking à 40% de celle règlementaire pour chaque type d’équipement (le PLU antérieur n’avait pas de disposition de ce type).

Les multiplexes voisins — CGR Epinay (12 salles + un restaurant), Megarama Villeneuve (18 salles + un restaurant) — disposent de 900 et 700 places de stationnement respectivement, et il est facile de constater sur place que ces parkings sont saturés les soirées les plus chargées.

Or, à Argenteuil, le stationnement est déjà difficile en centre ville, sujet de frictions et d’incidents récurrents, dont les témoignages abondent dans la presse et dans les débats municipaux. Nombre d’Argenteuillais venant en voiture en centre ville renoncent à s’y garer et viennent plutôt stationner, quelques centaines de mètres plus bas, sur le parking actuel et gratuit de Jean Vilar…

qui ne serait certainement plus aussi accessible ou aussi gratuit dans le cadre futur des constructions autorisées par le PLU modifié.

(23)
(24)

=> PIÈCE JOINTE ATTACHÉE À CE MESSAGE

Enquête publique sur le contenu du projet proposé par Fiminco sur le site de Jean Vilar Monsieur le Commissaire-Enquêteur,

En complément de ma prise de position sur le fond de ce projet, je souhaitais vous faire part d’un certain nombre d’erreurs ou affirmations très tendancieuses figurant dans le résumé non technique du projet (pièce B), et qui me semblent en affecter les conclusions (partie 5). Je n’ai pas la possibilité d’en expertiser la totalité, au vu des « 8000 pages » de documentation technique. Je dois donc me limiter à attirer votre attention sur ces sujets.

Frédéric Lefebvre-Naré – 26 mars 2019

3. Présentation du projet...2

3.1 Origine et justification du choix du site... 2 3.2 Solutions de substitution raisonnables examinées... 2 3.3 Description du projet... 3 Approvisionnement en energie...4

4. Description de l’état actuel de l’environnement...4

4.1.4 Eaux souterraines... 4 4.1.6 Risques naturels...5 4.2 Milieu naturel... 5 4.2.7 Continuites ecologiques...5 4.3 Paysage et patrimoine... 6 4.3.1. Ambiance paysage7re...6 4.3.2 Patrimoine historique et culturel...6 4.4 Milieu urbain... 7 4.4.2 Documents d’urbanisme...7 4.4.4 Population et habitat...8 4.4.5 Emploi et activites economiques...8 4.4.6 Equipements...9 4.4.7 Activites touristiques...9 4.6 Autres projets existants ou approuvés... 10 4.7 Interrelations entre les différents milieux... 10

5. Analyse des effets du projet sur l’environnement et sur la santé et mesures destinées à éviter, réduire et compenser ces effets...10

Annexe : potentiel de la géothermie...12

1) Le projet Fiminco indique que le potentiel du site est « moyen »…...13 2) Selon le projet de Fiminco, la taille du projet ne justifierait pas l’investissement dans un forage geothermique…

...17

3. Présentation du projet

3.1 Origine et justification du choix du site

Le document prétend que le « site… est identifié au sein du PLU d’Argenteuil… pour … relier le centre-ville aux berges de Seine et accueillir une offre de loisirs et de commerces ».

 Pour le premier point, « relier le centre-ville aux berges de Seine », c’est exact et vous relèverez que le projet ne le fait pas : au contraire, à la limite entre le projet et les quais de Seine, il prévoit des quais de livraison pour camions.

 Pour le deuxième point, le terme exact figurant dans les Orientations d’Aménagement et de

Programmation (OAP) est « L’ancienne île d’Argenteuil (…) pourrait être dévoué[e] aux loisirs et aux activités commerciales ». Ceci peut s’interpréter comme une préservation de la vocation de l’ancienne île qui depuis 1788/89, et de façon continue depuis 1862/63, comme espace vert et ouvert, accueille des activités de loisirs et commerciales, dont le plus grand marché d’Ile-de-France.

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3.2 Solutions de substitution raisonnables examinées

Le document prétend que « les différentes solutions envisagées ont été comparées afin de mettre en exergue la solution de moindre impact. Il s’agit du projet final présenté ». Le tableau qui suit prétend que le projet initial avait des « incidences fortes » (rouge) sur 6 des 8 sujets, qui deviennent dans le projet final « moyennes » sur 4 sujets et « faibles » sur 2 sujets.

Cette présentation est illusoire :

 Sur les sujets 2 et 3, l’amélioration serait constituée par le renoncement à des parkings à R-2 au profit de « R-1 + superstructure ». Mais les parkings aériens ainsi prévus jusqu’à environ 12 mètres de haut (R+2 et R+3) sur le boulevard Héloïse devraient, pour le moins, aggraver la note sur le sujet 4

« paysage » ; pour cette raison (ou une autre), le PLU d’Argenteuil exclut en centre ville les parkings en superstructure. Or les parkings ne sont pas mentionnés au point 4 « paysage » !

 Sur le sujet 4 « paysage », l’amélioration qui fait passer de « fortes » à « moyennes » est constituée par le « cinéma de hauteur réduite ». Pourtant le cinéma est prévu, dans le projet final, à 44,20 m de haut, soit, à 80 cm près, le maximum autorisé par le PLU ! Où est la « hauteur réduite » ? S’il y a eu réduction de quelques centimètres, en quoi ce micro-changement justifie-t-il le changement de notation des incidences ?

 Sur le sujet 5 « réponse au PADD », le document prétend que la situation existante n’y répondait pas (« non ») et que les deux projets y répondent (« oui »). La simple lecture du PADD montre que la première affirmation est parfaitement fausse, et que la deuxième ne peut résulter que d’une interprétation très osée du PADD.

 Sur le sujet 6 « accessibilité », le document prétend que la situation actuelle a des « incidences fortes » en raison d’un « accès unique via le boulevard Héloïse ». C’est d’une part absurde, d’autre part faux.

Absurde car les accès doivent être considérés au regard de l’usage actuel du site Jean Vilar (vocation unique d’accueil de publics pour des activités associatives, de spectacles ou fêtes). Faux car, même pour cet usage actuel, il y a de nombreux accès : une entrée-sortie voitures du parking (2x1 voie), 5 entrées piétons sur tous le pourtour, du pont d’Argenteuil au marché (donc pas seulement Héloïse), et une entrée véhicules devant Jean Vilar ouverte selon les besoins.

 Sur le même sujet 6 « accessibilité », le document prétend que le projet a des « incidences faibles » en raison « d’accès multiples et réservés selon les usages (logements / loisirs / commerces). » Pourtant, il me semble que pour les voitures, l’accès prévu soit uniquement par le boulevard Héloïse, à hauteur de l’entrée du marché (donc plus en conflit avec les circulations liées au marché, que dans la situation actuelle). Pour les piétons, l’accès par le pont d’Argenteuil semble même supprimé.

 Sur le sujet 7 « aspect financier », le document ne met pas la situation actuelle en vert mais en gris ! Pourtant, l’absence d’investissement (indiquée) aurait de toute évidence une « incidence faible ».

 Sur le même sujet 7 « aspect financier », le document tire de nouveau argument du « cinéma moins haut » qui contribue au passage de « incidences fortes » à « incidences faibles » ; il est douteux que l’éventuelle réduction de quelques centimètres ait eu cet effet. Quant au renoncement aux parkings R-2 pour les placer en superstructure au-dessus des commerces, le chiffrage de l’économie (ou du surcoût ?) serait bienvenu. Il est difficilement imaginable qu’un projet de cette ampleur (l’ordre de grandeur est sans doute proche de 100 M€) n’ait sur « l’aspect financier » qu’une « incidence faible ». Rappelons que la Ville a déjà dépensé près de 2 M€ rien que pour créer une salle provisoire censée durer le temps du chantier. Une justification plus étayée de cette « incidence faible » serait indispensable.

 Sur le sujet 8, « aspect technique », le document passe « d’incidences fortes » sur le projet initial à

« faibles » dans le projet final, parce que les toitures végétalisées seraient plus « simples » à réaliser ( !?) et en raison du « terrassement réduit » en renonçant aux parkings à R-2. Or, le terrain alluvial de l’île étant très peu portant, la totalité du projet devra être réalisé sur pieux, allant à une profondeur de l’ordre de 40 mètres ; la partie « logements » sera même réalisée dans l’ancien bras de Seine, à travers les remblais. Le terrassement prévu descend, on y reviendra plus loin, jusqu’à 15 cm de la hauteur habituelle de la nappe : il est invraisemblable que 15 cm de limon (la hauteur des crans de pneus d’un engin de chantier), noyé à la moindre remontée de nappe, suffisent à considérer le chantier comme

« d’incidences faibles » techniquement.

(26)

3.3 Description du projet

Selon le document, le projet est « ceint de tout un environnement végétal : jardin public, parvis public, parc public, berges de Seine et terrasses végétalisées » et « délivrera à terme plus d’espaces végétalisés et arborés qu’aujourd’hui ».

Cette deuxième affirmation suppose une équivalence entre un mètre carré de « terrasse végétalisée » (bâche humidifiée non accessible) et un mètre carré de square ou jardin public. C’est osé.

Quant à la première affirmation :

 Le « jardin public » est invisible sur les plans et perspectives présentées ;

 Le « parvis public » n’a rien de végétal, pas plus que celui de La Défense ou des « terrasses » du Val Nord ;

 Le « parc public » évoqué est sans doute le parc des Berges, de l’autre côté du pont, avec lequel aucune communication n’est prévue par le projet ;

 Les « terrasses végétalisées » ne semblent pas comprendre d’espaces verts accessibles au public. Un petit « jardin potager » est fortement souligné sur le plan p. 12, mais ne comporte apparemment pas d’accès au public.

Quant aux « ouvertures visuelles sur la Seine » indiquées par de grandes flèches bleues sur le schéma p. 10, chacune de ces trois flèches traverse des bâtiments, qui ne semblent pourtant pas être transparents.

Approvisionnement en énergie

Le document indique, sans engagement ferme, que « le maître d’ouvrage vise une certification BREEAM niveau « Good » », ce qui est un niveau médiocre, l’échelle BREEAM étant : « Pass, Good, Very Good, Excellent, Outstanding ».

Le projet exclut sans justification précise les différentes formes de géothermie, par exemple pour la PAC Eau- eau « aucun élément n’indique la présence d’une nappe phréatique à proximité », ce qui est pour le moins surprenant. (Cf. annexe en fin de ce document)

4. Description de l’état actuel de l’environnement

4.1.4 Eaux souterraines

Le document indique à juste titre une « perméabilité variable » du « substratum », un « sens d’écoulement dirigé vers le Sud-est, vers la Seine », « néanmoins, compte-tenu de la proximité du fleuve, des variations de sens d’écoulement peuvent avoir lieu ».

Or, il semble que la majorité du projet se situe dans l’ancien bras de Seine dont le comblement avait fait l’objet du levé de 1783. La carte ci-dessous essaye de replacer l’ancien bras de Seine sur la base de la carte de 1783 :

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Je me pose la question :

 D’une éventuelle circulation de nappe vers le Sud-Ouest dans l’ancien bras de Seine, régulière ou occasionnelle ;

 D’une éventuelle perturbation, par le projet, de ces circulations de nappes, susceptibles de causer des dommages aux constructions côté Nord-Ouest du boulevard Héloïse. Ce type de problèmes est fréquent à Argenteuil (cas tous récents sur l’ancien « ru Bicheret ») et un immeuble de la rue Ernest Bray, à quelques dizaines de mètres de Jean Vilar en « amont » sur la nappe, est évacué depuis le 22 décembre 2018 car trop dégradé par les eaux souterraines. À chaque crue de la Seine, les sous-sols d’immeubles le long du boulevard Héloïse sont inondés et possiblement dégradés, beaucoup d’entre eux data nt du XIXème siècle (voire avant, mais ces derniers ne font pas face au projet).

Tout ce que j’ai lu du projet fait l’impasse sur ce type de risques, ne traitant que :

 la question de l’eau potable (absence de risque)

 celle de la submersion par les inondations,

 et « la prise en compte de la pollution des sols et des eaux souterraines », qui « constitue un enjeu moyen pour le projet » (p. 21).

La figure 21 mentionne une « sensibilité très élevée » (au risque de remontée de nappe) avec une « nappe affleurante », mais aucune conséquence n’en semble tirée..

Le projet ne semble traiter que la question des hauteurs d’eau en cas d’inondation (submersion), non les risques de désordres en sous-œuvre liés à des remontées de nappe : non plus p. 24 dans le tableau de synthèse)

De même p. 26 dans le tableau de synthèse, « sites et sols pollués », la « pollution des terres » est évoquée en détail, y compris les hydrocarbures volatils, mais sans préciser le risque de remontée ou transport par la remontée de nappe.

4.1.6 Risques naturels

Le document reconnaît que « une grande partie du terrain se retrouve sous la cote des PHEC (28,80 m), à l’exception de la butte centrale ou est située l’actuelle salle des fêtes Jean Vilar. », mais la visualisation (figure 22) suggérerait que près de la moitié du terrain n’est pas sous la cote des PHEC.

C’est une présentation douteuse, car le niveau du sol à prendre comme référence devrait être celui du terrain naturel. La « butte » centrale n’est pas naturelle (voir la carte de 1783 où elle n’est pas visible, c’est au contraire le « faux bras » de la Seine) : elle résulte apparemment d’une construction sur tertre du complexe Jean Vilar, précisément pour le mettre hors d’atteinte des eaux.

Du point de vue du terrain naturel, la totalité de la zone du projet est sous la cote des PHEC.

4.2 Milieu naturel

4.2.7 Continuités écologiques

Le document indique p. 16 que « le périmètre du projet apparaît également en limite d’un corridor alluvial en contexte urbain d’après le SRCE », formulation vague et lénifiante.

Il s’agit tout simplement de la Seine !

L’encadré p. 17, reprise dans le tableau de synthèse p. 25, est plus clair et explicite : « la Seine, corridor alluvial en contexte urbain de la trame bleue à préserver et restaurer, est à quelques mètres, et l’emprise de ce corridor englobe le périmètre du projet ».

Le projet n’indique nulle part, et pour cause, en quoi il contribuerait à « préserver et restaurer » cette trame bleue. Il est très étrange que la conclusion, dans ces conditions, soit que « les continuités écologiques constituent un enjeu [seulement] moyen ».

4.3 Paysage et patrimoine 4.3.1. Ambiance paysagère

Le document remarque que « l’ancienne île… constitue une séquence paysagère en lien direct avec le fleuve » et que le site comprend aujourd’hui « des espaces verts et de grands arbres, visibles depuis tous les points de vue en limite ».

Comment peut-il conclure que « l’intégration paysagère du projet constitue un enjeu moyen » ?

(28)

Peut-être au motif du « réseau routier dense » avec la 4 voies sur berge… dont toutes les annonces politiques et programmations, départementale ou municipale, depuis des décennies, évoquent la prochaine « reconquête » urbaine et paysagère.

Au contraire, le projet la fige dans un rôle d’approvisionnement poids lourds et fait barrage à une traversée vers la Seine.

L’intégration paysagère du projet constitue donc un problème massif.

4.3.2 Patrimoine historique et culturel

Le document relève à raison que le patrimoine architectural proche du projet n’a fait l’objet d’aucune forme de classement. De fait, la Ville d’Argenteuil est, d’une municipalité à l’autre, très réticente aux formes de

classement ou inscription de l’architecture argenteuillaise.

Mais le document a le tort de ne considérer que cet aspect administratif (classement ou non) en ignorant la réalité du patrimoine historique et culturel.

A côté de la ville médiévale dont il reste peu (ruines de l’abbaye, chapelle Saint Jean-Baptiste) et de la ville industrielle, l’île d’Argenteuil et le boulevard Héloïse restent le témoignage, même peu lisible aujourd’hui, des

« magnifiques promenades » qui ont fait l’attrait d’Argenteuil des années 1860 aux années 1930 :

« La partie agréable de la ville avoisine la Seine ; c’est le Champ de Mars, qui fut jadis une île ; un duc de Roquelaure, au XVIIIème siècle, le fit planter en quinconces, aujourd’hui superbes. Il est limité par le

boulevard Héloïse, où se voient des maisons de grand style, une source d’eau minérale assez curieuse, de jolies villas et des restaurants à terrasse, très achalandés le dimanche. Là se tient la fête foraine. Les Parisiens y viennent en foule jouir du spectacle émouvant des régates… » Louis BARRON, « Les environs de Paris », 1886.

Une partie de ce patrimoine reste là, et surtout, le paysage et le fonctionnement urbain restent inchangés et permettraient, si le projet Fiminco n’est pas concrétisé, de conserver et mettre en valeur la continuité avec cette époque. Certes, la source d’eau minérale a disparu ; les régates sont parties sur la Marne (puis plus loin) ont laissé la place au club d’aviron, plus discret : si les Parisiens viennent, c’est pour les fêtes ou le marché. Le meilleur restaurant d’Argenteuil selon le guide Michelin est bien au bout de l’île, mais n’a plus de terrasse ; celui du MEDEF Val d’Oise (MEEVO), sur le boulevard Héloïse, est dans une cour intérieure. Les plantations

« en quinconces » ont été rognées. Plusieurs villas d’époque sont encore là, toujours « de grand style ».

Ce paysage avait eu de très grands témoins, les peintres impressionnistes. Les toiles que Sisley, Caillebotte ou Monet ont peint sur place (pour Monet : « Le boulevard Héloïse à Argenteuil », « La fête d’Argenteuil »,

« L’allée du champ de foire à Argenteuil », « La Promenade à Argenteuil, soleil couchant », « Le bassin

d’Argenteuil »…) représentent des perspectives que l’on peut toutes retrouver aujourd’hui, et qui seraient toutes perdues en cas de réalisation du projet Fiminco.

Enfin la salle Jean Vilar elle-même, certes vieillissante et d’une acoustique difficile, est pourtant très appréciée par une partie des Argenteuillais pour son architecture de plain-pied, l’éclairage naturel du foyer et (en partie) de la salle, la légèreté et l’ouverture de l’espace, propices à de nombreux types de manifestations.

La conclusion du document, « le patrimoine historique et culturel constitue un enjeu faible pour l’implantation du projet », me semble donc constituer un non-sens au regard de la conception urbanistique du boulevard Héloïse et du rôle de cet espace dans la ville.

4.4 Milieu urbain

4.4.2 Documents d’urbanisme

Selon le document, « Le périmètre du projet est localisé dans un quartier à densifier et un secteur à fort potentiel d’urbanisation d’après le Schéma Départemental (sic) de la Région Ile-de-France ».

C’est précisément l’inverse.

Sur les cartes de déclinaison du SDRIF, l’emprise du projet est, pour partie laissée en blanc (comme les espaces agricoles), pour partie en vert clair « espaces verts et espaces de loisirs ». Le centre ville voisin, de l’autre côté du boulevard Héloïse, est pour partie « à densifier » et pour partie, « urbanisé à optimiser ».

Le terrain marqué « à densifier à proximité d’une gare » sur la carte « Polariser et équilibrer » se situe, au contraire, en amont du pont d’Argenteuil et correspond à l’ancien terre-plein à usage portuaire, actuel parc des Berges, sur lequel la CDAC avait autorisé le 24 avril 2007 le projet de centre commercial « Quai de Seine » qui ne s’est pas réalisé.

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