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Sur la déformation des molécules en phase condensée et la « liaison hydrogène »

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(1)

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Sur la déformation des molécules en phase condensée et

la “ liaison hydrogène ”

Edmond Bauer, Michel Magat

To cite this version:

(2)

SUR LA

DÉFORMATION

DES

MOLÉCULES

EN PHASE

CONDENSÉE

ET LA LIAISON

HYDROGÈNE »

Par EDMOND BAUER et MICHEL MAGAT.

Sommaire. 2014 On démontre que les perturbations électrostatiques des molécules par leurs voisines per-mettent d’expliquer qualitativement et même quantitativement toutes les particularités de la bande OH dans les différents états de la matière. L’hypothèse d’une liaison H homéoplaire apparaît comme inutile.

1. Introduction. - En

1931, Pauling (1),

pour

expliquer

l’existence de molécules

B,H,, imagina

un

type

nouveau de

liaison, qui

se

ferait,

non comme dans les liaisons

homéopolaires

habituelles par

l’échange

de

deux

électrons,

mais d’un seul

proton.

Cet

échange

consiste en une

superposition

de deux « états purs de valence », où

l’hydrogène

est attaché à deux groupe-ments

chimiques

voisins.

Quelques

années

plus

tard,

la

spectroscopie

(infra-rouge et

Raman)

a montré

qu’il

existe des molécules

dont la formule

chimique

porte

un radical OH ou

NH,

mais où les

fréquences caractéristiques

de ces radicaux

ont subi un fort

déplacement.

Tel est le cas de

l’aldé-hyde salicylique.

On a aussitôt

interprété

ce fait par une liaison

hydrogène

(2) :

l’état stable de la molécule

d’aldéhyde

salicylique

serait une

superposition

de deux états

purs de valence

(I

et

II),

ce

qui

donnerait en définitive

le schéma

III,

où les ...

désignent

des sortes de

demi-liaisons dues à la

superposition

de deux états.

J.’ J".. ;...

Des faits

analogues

se

présentent

lors du passage de

certains corps de l’état gazeux à l’état

solide,

liquide,

ou dissous

(eau,

alcools,

acides).

On leur a donné la

même

interprétation,

par extension de la théorie aux

actions intermoléculaires

( 3).

Cette extension se heurte à deux

objections

graves : 10 La

probabilité

d’échange

de

protons

diminue

très vite

quand

la distance

augmente

(4)

et

l’intégrale

d’échange.

qui

détermine la

liaison,

devient

négli-geable ;

20 D’autre

part,

si dans une molécule

unique

comme

l’aldéhyde salicylique

deux états de valence purs,

(1) L. PAULING, J. Amer. Chem. Soc., 1931, 53, 3225.

(2) W. M. LATIMER et W. H. RODEBUSH, J. Amer. Chem.

Soc., 1920, 42, 1419 où se trou’ve l’origine de cette conception ; HILBERT, WULF, HENDRICKS et LIDDEL, Nature, 1935, 135,

p. 147 ; ERRERA et MOLLET, C. R., 1935, 900, p. 814.

(3) ERRERA et MOLLET, J. Physique, 1935, 6, 2$2 ; M, et R.

FREYMANN,

Bull. Soc. Chim., 1937, 4, 944.

(4) M. POLANYI et E. CREMER, Z. physik. Chemie, 1933, B 21,

p. 459 ; M. BORN et V. ~lEISSKOPF, id., 1931, B 12, p. 478.

également

saturés

peuvent

se superposer, il faut

admettre entre molécules différentes

l’échange

simul-iané de deux

protons

au

moins,

ce

qui

conduit à

l’hypothèse

de

bimolécules,

comme on en trouve dans les acides. Mais dans les alcools

(5)

et surtout dans l’eau et la

glace (6),

la structure révélée par les rayons X est

incompatible

avec l’existence de bimolécules : il

faudrait

imaginer

dans ces cas des

échanges

simultanés

de

protons,

avec des relations de

phase,

tout le

long

d’une chaîne de

molécules,

ce

qui

semble peu

pro-bable

(7).

Ces difficultés nous ont conduits à chercher une

explication

plus

simple

des

changements

observés sur

la bande OH en

phase

condensée. On verra

qu’une

théorie

électrostatique

rend

compte

des

phénomènes

observés,

à condition de ne pas se borner à un modèle

dipolaire.

II. Les faits à

interpréter.

- De l’ensemble

des

observations,

assez

complexes

et

parfois

contradic-toires dans le

détail,

semblent se

dégager

à l’heure

actuelle les traits essentiels

qui

suivent :

A)

CORPS PURS.

1 ° A l’état gazeux, on observe dans les alcools une

bande

OH, fine,

de

fréquence

Vg variable d’un corps à

l’autre,

mais

toujours

voisine de 3 700 cm-1

(pour

le troisième

harmonique,

la

demi-largeur,

englobant

les

raies de

rotation,

est d’une dizaine de

cm-1);

dans la vapeur

d’eau,

il faut

distinguer

deux

fréquences

fon-damentales v, et v?, dont la distance à v est d’environ 100 cm-1

(8).

20 Dans le

cristal,

cette bande est

remplacée

par

une autre, v, , 3 300

cm-1,

un peu

plus

étalée

(largeur

30 cm-1 pour le troisième

harmonique).

Celle-ci est

également

double dans la

glace (9).

30 A l’état

liquide,

au

voisinage

du

point

de

fusion,

on observe en

général

une bande extrêmement

diffusé

et

(5) W. ZACHARIASEN, J. Chem. Phys., 1935, 3, 158.

(6) J. D. BERNAL et R. FowLER, J. Chem. Phys., 1933,1, 515.

(7) La même objection paraît valable pour HCI liquide. Cf. les observations de B. VODAR, R. FREYMANN et YEOU TA, Bull. Soc. fr. de Physique, 1938, p. 415.

(8) R. MECKE, Z. Physik., 1933, 81, 313.

(’) CABANNES et DE RIOLS, C. R., 1934, 198, 30.

.

(3)

large,

dont le maximum a une

fréquence

vl, voisine de

vs, mais un peu

plus

élevée

(1°).

Le cas de l’eau est

plus

compliqué, cf.

§

V.

Quand

la

température s’élève,

cette bande s’étale

dissymétriquement

en faveur des

grandes fréquences,

ce

qui déplace

le

maximum vl

vers vg

(11).

50 A une

température

donnée,

il se détache sur cette

bande,

du côté des

petites

longueurs d’onde,

une bosse

nette,

dont la

fréquence

vgi est assez voisine

de vg

mais

inférieure

(11).

[vg

- vgl est de l’ordre de 30 cm-1 pour la fondamentale au

voisinage

de la

température

ambiante

(12).]

60 A

température

plus

élevée,

cette bosse

s’accentue,

puis

devient une raie fine dont la

fréquence

croît

Fig. 1. - Influence de la

température sur le spectre des alcools

méthylique et éthylique (3e harmonique). L’origine des courbes est déplacée. D’après Badger et Bauer (11).

très lentement

(12).

En même

temps,

le

bande vi

diminue d’intensité et se fond peu à peu

dans vol

(Fig.

1).

Les fréquences

vgl et vg se raccordent de

façon

continue

lors du passage au

point

critique

(12,13).

Tandis que le

déplacement

de vi

est essentiellement fonction de la

température,

celui de vgt

et vg

ne

paraît

dépendre

que

de la densité

(12).

70 Sur la

question

des intensités

d’absorption,

dont la mesure est

difficile,

les

opinions

sont

diver-gentes (voir § X).

(1°) Voir, par exemple, R. FREYMANN, Ann. Physique, 1933, 20; p. 243 ; C. R., 1937, 204, 1063. ERRERA.

(11) R. M. BADGER et S. H. BAUER, J. Chem. Phys., 193Í, 5, 839. Nous désignerons désormais ce mémoire important par les ini-tiales B. B.

(12) L. NAHERNiAc, Ann. Phystque, 1937, 7, p. 528.

(13)

P. C. CROSS, J. BURNHAM et Ph. A. I~EIGHTON, J. Amer. Chein. Soc., 1937,59, 1134, cité dans la suite sous les initiales P. C.

B)

SOLUTIONS

DANS LES LIQUIDES NON POLAIRES

(13b).

10 A faible

concentration,

on trouve une bande vgd

voisine de vg, dont la

fréquence

et la

largeur

dépendent

Fig. 2. - Variation

avec la concentration du troisième

harmo-nique de la bande de CH3OH dans CC14 (B. B.).

du solvant

(bande étroite,

vgd - vg très

petit

pour les

alcools dans l’hexane et

C~CI~).

20

Quand

la concentration

augmente,

cette bande

s’affaiblit,

(la

masse absorbante restant

invariable),

Fig. 3. - Variation de la fondamentale

avec la température

(eau dans CCI,, d’après Errera et Mollet;.

tandis

qu’apparaît,

avec une intensité

croissante,

une bande vid, diffuse et

large,

de

plus

en

plus

proche

(14) ERRERA et MOLLET, Nature, 1936, 138, 882 ; BOSSCHIETER

et ERRERA, C. R., 1937, 205, 560; R. FREYMANN, ~4?~~. Physique, 1933, 20, 243 ; BUSWELL, DEITZ et RODEBUSH, J. chem. Phys., 1937, 5, 502 ; BORST, BUSWELL et RODEBUSH, J. chem.

(4)

de vi

et finissant par se confondre avec celle-ci dans

le

liquide

pur.

30 Une élévation de

température

produit

le même effet que dans le

liquide,

mais la diminution de

l’in-tensité vid

paraît

être

plus

rapide

que celle de vi

(Errera

et

Mollet,

l.

c.).

C)

SOLUTIONS DANS LES LIQUIDES POLAIRES

(15).

Dans les solvants

polaires

(acétone,

dioxane),

on

observe en

général plusieurs

bandes,

toujours

larges :

l’une,

vid, voisine de vl, et

qui

ne

dépend

pratiquement

pas du

solvant,

s’observe surtout à

grande

concentra-tion ;

l’autre vd

s’observe surtout aux faibles

concen-trations,

sa

position

est

comprise

entre vl

et vg

et

dépend

du solvant. L’effet de la

température

n’a pas

encore été étudié.

III. Essai

d’interprétation

par liaison

hydro-gène.

- Les théoriciens n’ont

généralement

cherché

d’interprétation précise

que

pour

les deux faits les

plus

saillants : la différence

considérable vg

-

vs

(ou

v9 -

vd),

et l’étalement de la bande vl.

Les

premières

tentatives

d’explication,

celle de

Po-lanyi

et Cremer

(16)

à l’aide des forces de van der

Waals-London et celle de Breit et Salant

(17)

par un effet

Lorenz-Lorentz,

aboutirent à un échec : les

déplace-ments

qu’elles prévoient

sont

beaucoup

trop

petits.

D’autre

part,

les

phénomènes

observés

paraissent

être

liés «

spécifiquement »

à

l’hydrogène

(OH,

NH)

et la

position

de vd

ne

paraît

pas être une fonction

simple

du moment

électrique

du solvant. C’est

pourquoi

divers

expérimentateurs

et théoriciens ont attribué

ces

phénomènes

à la « liaison H ». Deux d’entre eux

ont

précisé

les

hypothèses

et tenté le calcul dans le cas

de l’eau : M. L.

Huggins

(111),

puis

P. Cross et ses

collaborateurs

(14).

Nous nous contenterons de dis-cuter ce dernier

travail,

qui

seul aboutit à un calcul

de

fréquence ;

nous le

désignerons

par les initiales P. C.

En voici les idées directrices :

10 Une molécule d’eau est formée par

l’accouple-ment de deux radicaux

OH,

dont la

fréquence

propre à l’état isolé est vo - 3 700 cm-1 et la chaleur de

dissociation 110

kCal;

la distance

d’équilibre

entre

les noyaux 0 et H est la même dans OH que dans

H20,

ro -

0,97 À.

Ces

hypothèses

raisonnables en

première approximation

conduisent à décrire

l’inter-action entre 0 et H par la fonction

potentielle

de Morse

, - , ,

(15) Voir, par exemple, B. B., ou encore GORDY, J. Chem. Phys.,

1936, 4, p. 749-769; WILLIAMS et PLYLER, id., p. 154 ; R. FREY-MANN, C. R., 1937, 204, 41; BOSSCHIETER et ERRERA, etc.

(~s) M. POLANYI et E. CREMER, Z. physik., CherrtieBodensteinband,

1931, p. 770.

(17) G. BREIT et O. SALANT, Phys. Rev., 1930, 36, 871.

(18) M. L. HUGGINS, J. Phys. Chem., 1936, 40, p. 723.

20 Le

couplage

des deux radicaux

produit

une

pertur-bation relativement faible e = 50 cm-1. Il en résulte

dans la molécule libre un dédoublement de vo en

Vú = Vo + é: =3 750cm -1

et

~==~o2013~=3650cm-~(~).

30 L’eau

liquide

et solide ont les structures établies par Bernal et Fowler

(6).

Il en résulte que dans la

glace

chaque

molécule est tétra-coordonnée : deux de ses

voisines

(A,

et

A2,

fig.

4)

agissent

immédiatement sur

les

protons

dont elles

changent

les

fréquences ;

soit

à la

grandeur

de cet effet

(2°).

Les deux autres

voi-Fig. 4. - Structure de l’eau

et de la glace.

sines

By

et

B~ apportent

chacune à la

fréquence

une

perturbation

8. La

perturbation

totale est donc A

+

2 ~.

40 Dans le

liquide

et même la

glace

fondante,

une

molécule n’est pas nécessairement tétra-coordonnée : -.

il

peut

exister des molécules « libres », mono-,

di-,

tri-coordonnées. Il en résulte 9 combinaisons

pos-sibles,

donnant chacune deux

fréquences,

soit 18 au

total. Celles-ci interviennent avec des

poids

statis-tiques

différents pour donner par

superposition

les

courbes

expérimentales (absorption

et

Raman).

LTne discussion sommaire de ces

dernières,

tenant

compte

des maxima observables dans la

glace

fondante et

dans

l’eau,

conduit P. C. à poser :

Remarquons

dès maintenant que ces nombres sont

fournis par

l’ajustement

d’une théorie assez

rudimen-taire à des faits très

complexes.

Peut-on

distinguer

en fait 9

couplages possibles

entre molécules d’eau?

Peut-on leur faire

correspondre

à chacun deux fré-quences déterminées?

L’agitation thermique

ne

per-met-elle pas une série

quasi-continue

de

fréquences,

dépendant

des distances et des

angles

entre les

molé-cules ?

(19) Nous reviendrons sur la fréquence de cisaillement 9 IV).

(5)

5° La

perturbation A

est due à une « lzaison H »

entre molécules

voisines,

c’est-à-dire à une interaction

entre 0 et H. On

représentera

le

potentiel correspondant

Up(p)

par la

même

fonction

de Morse

(1 )

que la liaison

0---H

ordinaire,

mais

multipliée

par un

facteur

indétermir2é

~,

p étant la distance d’un

proton

au

noyau

oxygène

d’une molécule voisine.

L’énergie potentielle

totale, U m

w-

Up,

peut

se

développer

en série de

puissances

de Ar = r -

~. A

l’équilibre,

la dérivée

première

est

nulle,

la dérivée

seconde donne la constante de la force

quasi-élas-tique,

dans le radical OH

perturbé

par une seule

molé-cule voisine

A,

c’est-à-dire K = 4x2

c2lI~H

( vo

-

~)2.

On déduit des

équations

obtenues la nouvelle distance

d’équilibre r’ 0

=

0,986 À

et la constante

~

=

0,25

dans la

glace

à 0°C.

P. C. se servent de ces résultats pour calculer : 1 ° Les

fréquences

intermoléculaires de libration et de vibration dans la

glace

et

l’eau ;

2° La chaleur de sublimation de la

glace.

Le

premier

calcul n’aboutit

qu’à

l’aide

d’hypothèses

nouvelles et de nouvelles constantes

ajustables.

Le

second échoue : « A peu

près

la moitié de la chaleur

de sublimation de la

glace,

6

kcal jmol,

est due

proba-blement à des interactions d’un autre

type

que la liaison H ».

Mais il est évident que ces « autres interactions »

.

doivent modifier aussi les

fréquences.

Leur

impor-tance

énergétique

diminue

singulièrement

la valeur

des calculs que nous venons de résumer.

D’ailleurs,

indépendamment

de toute

objection théorique plus

profonde,

nous nous demandons

quelle

est la

significa-tion

physique

du

coefficient

~,

dont le seul rôle semble

être de

permettre

un accord avec

l’expérience.

IV. Théorie

électrostatique.

- Comme la

molécule d’eau est

polaire,

les forces

électriques

doivent

jouer

un rôle dans tous les

phénomènes

obser-vables à l’état condensé. D’autre

part,

étant donnée la

position périphérique

du

proton,

qui

forme le centre des

charges

positives,

on ne

peut

pas se contenter d’un modèle

dipolaires.

Il faut tenir

compte

de la

distribution

spatiale

des

charges.

Cette remarque est

très

générale.

Elle

suffit

en

particulier

à

expliquer

le rôle

spéci fcque

de

l’hydrogène.

Il y a

quelques

années,

l’un de nous est

arrivé,

en

utilisant le modèle structural de Bernal et Fowler

(l.

c.),

à calculer avec une

approximation

convenable

les

fréquences

intermoléculaires de vibration et de

libration de l’eau

(200 cm-’,

500

cni-1)

et sa chaleur

de sublimation au zéro absolu

(10,6

kcal /mol

calc.,

11,8

kcal /mol

obs.) (21).

Ce calcul faisait intervenir

uniquement,

outre les forces moléculaires

classiques,

le

potentiel électrostatique

de la distribution assez

compliquée

des

charges

électriques

dans le réseau de la

glace

(fig. 4),

à l’exclusion de toute autre

inter-action,

par

exemple

du

type

homéopolaire.

(2~) M. MAGAT, J. Physique,1934, 5, 347; Ann. Physique, 1936, 6, 108.

Nous nous sommes demandé si le même

potentiel

électrostatique,

agissant

comme

potentiel

perturba-teur de la molécule

elle-même,

ne devait pas être

rendu

responsable

des

changements

de

fréquence

observés lors de la condensation.

Nous ne savons résoudre actuellement ni le

pro-blème de

Schrôdinger

de la molécule

d’eau,

ni

encore moins le

problème

complet

d’association de

plusieurs

molécules. Il a fallu nous contenter de

déterminer,

par une

approximation semi-classique

assez

grossière,

la déformation de la molécule d’eau

dans le

champ électrique

de ses voisines immédiates

et d’évaluer ensuite l’influence de cette déformation

sur la

fréquence.

Comme on le verra, on

parvient

ainsi à

expliquer

pratiquement

tous les faits

observés,

sans faire

inter-venir aucune

hypothèse

nouvelle,

sans

ajuster

aucune

constante arbitraire. Les structures de l’eau et de la

glace

ont été établies sur des données absolument

indépendantes

de la

question qui

nous occupe

(moment

d’inertie,

moment

électrique

de la

molécule,

diffrac-tion des rayons

X).

A)

HYPOTHÈSES FONDAMENTALES.

1° Nous fixons dans la

glace

un réseau de

référence,

celui des noyaux

d’oxygène,

dont la distance est d =

0102

=

2,72 À

au zéro absolu. Dans les

molé-cules,

les liaisons 0-H sont orientées suivant le modèle de Bernal et Fowler

(réseau

de la

tridymite).

Une structure

analogue,

mais

quasi-cristalline,

est attribuée à l’eau

liquide

(réseau

du

quartz).

2° Dans le radical

0-H,

avant toute

perturba-tion,

le

potentiel

d’interaction entre les deux atomes est

représenté

par la fonction de Morse

~7~ (équation

1).

Dans la molécule

libre,

la coexistence des deux liaisons 0-H introduit la

perturbation

= 50 cm -i.

3° En

phase

condensée,

une molécule donnée est

perturbée

par le

champ électrique

de ses voisines.

L’énergie perturbatrice

Ue

est la somme des termes

électrostatiques

dus aux

quatre

voisines

immédiates,

que nous considérons seules :

Ai

et

A2

du côté des

protons,

B1

et

B2

du côté de

l’oxygène (fig.

4).

Comme la distance d entre atomes

d’oxygène

(2,72

À à

OOK)

est

comparable

à la distance H H

(1,54

Á)

et à r = OH

(0,972

À dans la

vapeur),

on ne

peut

réduire les

charges

portées

par la molécule à un

dipôle,

ni même à deux

pôles

distincts. Nous avons

adopté

le

modèle de Bernal et Fowler

(22),

qui

a

déjà

permis

d’évaluer’ les

fréquences

intermoléculaires et la

cha-leur de sublimation de la

glace.

On a le

droit,

pour

simplifier,

de supposer les

charges

négatives

concentrées en leur centre de

gravité

C

-qui

ne se confond nullement avec le noyau 0. Les

charges positives

sont

portées

par les deux

protons

H. Pour tenir

compte

de « l’effet écran », c’est-à-dire

du fait que les

protons

sont encore à l’intérieur de

(6)

l’atmosphère électronique

moléculaire,

on admet que

les

charges

concentrées en H et C ne sont pas les

charges

élémentaires e et -

2e,

mais

plus

petites,

e’

et - 2 e’. Le choix de e’ et de la distance OC est fait

de manière à retrouver le moment

électrique

de la

molécule.

A l’aide de ce modèle et de la structure moléculaire de la

glace,

un

calcul,

dont on retrouvera les éléments dans la note

1,

permet

d’évaluer l’action directe des

quatre

molécules voisines sur les

protons,

action

qui

tend à

augmenter

la distance OH. Il en résulte une

perturbation

du

premier

ordre sur la

fréquen ce.

1-je

champ

intermoléculaire

agit également

au

pre-mier ordre sur les

électrons,

en diminuant la distance CO.

On

peut

représenter

le

déplacement

de C comme un

moment induit dans la molécule. Celui-ci

réagit

à

son tour sur les

protons,

d’où,

sur la

fréquence,

une

perturbation

du second ordre, dont l’évaluation est

beaucoup

moins sûre que la

première.

Enfin,

un mécanisme

analogue produit

une dernière

perturbation,

du second ordre

également :

le

champ

électrique

de la molécule cejztrale

polarise

ses

voisines,

TABLEAU 1.

- --- - - -- - -

----modifie la distribution de leurs

charges,

le

champ

per-turbateur

qu’elles

exercent sur lui

et,

par

suite,

sa

fréquence

de vibration.

B)

PERTURBATIONS DU PREMIER ORDRE.

On trouvera dans la note 1

quelques

formules déduites des

figures

4 et 8.

L’énergie

potentielle

totale d’un

proton Ue

-+-

Um

se

développe,

au

voisi-nage d’une distance r = OH

donnée,

en série des

variations Or de cette distance.

Les coefficients de ce

développement

U ae, U am,

Fe,

Fm, Ka,

Km

sont fonctions de la distance d =

0102,

de r = OH et des autres

grandeurs

caracté-ristiques

de la structure. On calcule la

position

d’équi-libre du

proton,

c’est-à-dire la distance r, en annulant

le terme du

premier

ordre :

Fe +

Fm

== 0.

Connais-sant cette

distance,

la

fréquence

d’oscillation v est donnée

par la

constante

quasi-élastique

K =

Ke

-~-

Km.

Les résultats des calculs sont résumés dans le tableau

suivant

(23) :

La dernière colonne

donne,

pour les différentes distances

intermoléculaires,

la

fréquence

Vo. Pour

V1t, le calcul est

analogue,

les résultats diffèrent de (28) Pour obtenir des courbes convenables, il faut faire les calculs numériques avec une assez grande exactitude. Bien entendu, la précision physique est bien inférieure à la précision

mathéma-tique.

100 cm-1 environ. Ceci n’est valable que pour la

glace

où la structure cristalline

permet

encore de

distinguer

ces deux

fréquences

(pour l’eau,

voir

~ V).

On voit que

l’effet

essentiel de la

perturbation

n’est pas

l’apparition

de

Ke,

toujours petit

par

rapport

à

Km,

mais la variation de la

distance r,

qui

entraîne celle de

Km.

Il en est d’ailleurs de même dans la théorie de P. C. Cet effet est lié à la forme des courbes de

poten-tiel intramoléculaire. Cette remarque ne vaut pas seule-ment pour les molécules à groupes OH : toutes les fois que l’on observe un

changement

de

fréquence

d’une

vibration de « valence », la

perturbation

correspon-dante consiste avant tout en

une

variation des

dis-tances

interatomiques ;

une variation très faible de

r

change

notalement

Km.

Il en est tout

autrement,

comme on le verra, des vibrations de cisaillement.

C)

PERTURBATION DU SECOND ORDRE.

Le calcul ne

peut

être conduit avec

rigueur.

Nous nous sommes contentés d’une évaluation sommaire.

I. Le centre

négatif

C de la molécule

perturbée

tend à remonter les

lignes

du

champ

électrique

pertur-bateur

Etc,

que

produisent

au

point

C les

quatre

voisines

immédiates ;

ou encore,

E~

induit dans la

molécule d’eau un moment

électrique

Mi ==

C’t Ec,

,x =

1,47.10-24

étant la

polarisabilité

électronique

moléculaire

(24).

E~

se calcule

approximativement

en

assimilant les molécules voisines à des

dipôles ;

ce

vecteur est

parallèle

à OC. On

trouve,

pour d

=

(7)

2,72

Â,

Ec

=

2,9.105

u. e. s.,

moi

=

0,44

Debye.

Mi

réagissant

sur les

protons

exerce sur eux une force

Fi

qui

tend à

augmenter

encore la distance r et à

dimi-nuer la

fréquence

v.

En

supposant

les

protons

en dehors du nuage

électronique,

ce

qui

est sûrement

inexact,

on obtient

probablement

une limite

supérieure

pour

Fi

et la

variation

correspondante

de

fréquence

l LlV2!.

On

trouve ainsi

Fi -

- 16

kcal lâ , mol

d’où,

pour la

perturbation

totale, r - 1,006

À,

Llv2

= -- 220 cm-1.

La

perturbation

du deuxième ordre

F ,

ainsi

calculée,

est donc

comparable

à celle du

premier

ordre

Fe.

L’-approximation

est donc médiocre. La raison de

ce fait est que la

polarisabilité ionique

des molécules d’eau est une faible fraction seulement

(3

%)

de leur

polarisabilité électronique.

Une estimation

plus

exacte

exigerait

la

connais-sance

précise

de la densité du nuage

électronique

moléculaire

jusqu’au

delà des

protons.

II.

Nous

avons fait nos calculs en admettant que

les molécules

perturbantes

ont la même structure

que dans la vapeur.

Or,

elles sont elles-mêmes

défor-mées. Comme la correction

(du

second

ordre) qui

en

résulte est due surtout à la

polarisation électronique,

il est

plus simple

et

plus

sûr de l’évaluer par un modèle

continu dont on trouvera les détails

au §

VTI.2

et dans la note 3. Elle

produit

dans l’eau un

changement

de

fréquence

supplémentaire

d’environ :

La théorie

prévoit

en

définitive

dans la

glace

au zéro

absolu une

fréquence

v~

comprise

entre 3 200 cm-1 et 3 420 cm-la

L’expérience

à OOC donne 3 370 cm-1.

V.

Fréquence

de cisaillement. - L’action des

molécules voisines modifie

également

la

fréquence

de

cisaillement v~, mais comme cette action est

faible,

on

peut

se contenter d’un calcul d’ordre de

grandeur,

tenant

compte

seulement pour

chaque

proton

de la molécule d’eau la

plus

voisine

(voir

note

2).

Au

premier

ordre,

en

désignant

par vsg et vss les

fréquences

dans

la vapeur

(1595

cm-1)

et dans la

glace,

on trouve :

2Ks

est la constante du

couple

de cisaillement de la

molécule libre et se calcule à

partir

de vsg et du

moment d’inertie

(2Ks -

1,41.10-il

cgs),

Kse

est

le

couple

perturbateur

d’origine

électrique.

Le calcul donne

Kse

=

2,8.10-12 cgs), r

et

ro sont les distances

OH dans la

glace

et dans la molécule libre. Il en

résulte :

La

perturbation

du second ordre due à la

polari-sation

électronique

augmente

l’angle

des valences et

diminue la

fréquence.

Un calcul

analogue

à celui du

paragraphe

précédent

donne finalement vis =

1 675 cm-1. On observe 1 660 cm-1. Accord

fortuit ;

l’essentiel est que la théorie

prévoie

en

phase

condensée un accroissement de vi et une diminution de v~ et Vo:,

avec un ordre de

grandeur

correct.

Il en résulte que

l’hypothèse

d’une liaison

hydrogène

apparaît

comme inutile pour

expliquer

quantitative-ment les

phénomènes

observés dans la

glace.

VI. L’eau

liquide.

- Il ne subsiste

plus

qu’une

structure

quasi-cristalline

(ordre

à

petite distance) ;

la

symétrie

est détruite. Comme la

perturbation

élec-trostatique

est

supérieure

à l’interaction entre les deux radicaux

0-H,

on ne

peut

plus

distinguer

les

fréquences v

et vs

(25).

Il faut donc rectifier sur ce

point

la classification tentée par l’un de nous

(26) :

les maxima de la bande

d’absorption

et de la bande

Raman de l’eau à basse

température

ne

peuvent

être

désignés

que par des

symboles

tels que vi et V2, combinaisons linéaires

perturbées

de ’J" et v6. Les

difficultés relatives à la

polarisation

dans le Raman

disparaissent.

Par

contre, vs

garde

son individualité.

De

même,

la distinction reste

légitime

entre

fréquences

intermoléculaires,

intramoléculaires et leurs

combi-naisons,

telles que les bandes 2 150 et 4 020 cm-1.

L’interprétation précise

des maxima V1 et vz est

actuellement

impossible. L’image électrostatique

per-.y

Fig. 5.

met néanmoins de

prévoir

très

simplement

certains faits

généraux.

Pour cette

discussion,

nous nous

servi-rons de la

figure

5 où sont

portées

en abscisses les

distances d,

en

ordonnées .la

fréquence v

calculée en

(25) Notre attention a été attirée sur ce fait par M. ERRERA. (2") MAGAT (l. c.).

(8)

0-première

approximation

(tableau 1) ;

la courbe

infé-rieure

représente,

d’après

les

diagrammes

de

rayons X

(27),

la

répartition statistique

des molécules

dans l’eau

liquide

autour de l’une d’entre elles. 1~ La distance moyenne des molécules est dans

l’eau de

2,92 Â

au lieu de

2,76 Â

dans la

glace

à OOC.

Il en

résulte,

d’après

la

figure

6,

que la bande se

déplace

de 60 cm-1 environ vers les hautes

fréquences

pour

la

première

approximation,

ce

qui

est bien en accord

avec

l’expérience

(solide

3158-3376

cm-1, liquide

3 220-3 435

cm-1).

20 Tandis que dans la

glace

le réseau est bien

défini,

à

l’agitation thermique

près,

dans l’eau les distances moléculaires varient d’un

couple

à l’autre. Sur le

diagramme

de rayons X

apparaît

une

bande,

qui

va

environ de

2,72 ~

à

3,20

Á,

ce

qui correspond

pour

la bande

Raman,

d’après

la

figure

6,

à une

largeur

de 120 cm-1. Mais comme les librations moléculaires sont

plus

amples

que dans la

glace,

l’étalement réel

doit être

plus

grand.

La

largeur ’expérimentale

est

de

l’ordre de 200 cm-1.

30 A une

température suffisante,

certaines de ces

librations

deviennent

des rotations libres.

L’énergie

de

perturbation

est alors très fortement diminuée. On

prévoit

donc une bande voisine de vg, d’intensité

croissant avec la

température.

Nous pensons que dans

l’eau

liquide

cette bande est le troisième maximum V3 ~ 3 600 cm-1.

Quand

la

température s’élève,

tout le groupe 3 200-3 600

glisse

vers les hautes

fréquences ;

en même

temps,

il semble

d’après

les

expériences

de P. C. et de l’un de

nous que les

maxima v,

et v2

s’affaiblissent,

que v3

augmente

d’intensité et se raccorde de

façon

continue

avec vg au

point critique.

Nous reviendrons sur cette discussion

au § VII,2,

à

propos des

alcools,

où les faits observés sont

plus

nets. Nous

apporterons

en même

temps

un

argument

théo-rique

assez fort en faveur de notre

interprétation

de v3.

VII. Les alcools R-OH. - L’une des

complica-tions du cas de l’eau

disparaît :

il

n’y

a

plus

deux

fréquences

voisines v,-

et Ve¡, mais une bande OH pure ;

l’autre est

rejetée

par l’inertie du radical R vers les

basses

fréquences.

Nous n’avons pas fait de calcul

numérique,

mais on

voit sans

peine

que les effets de

perturbation

électro-statique

peuvent

être estimés à

partir

de ceux de l’eau : les moments

électriques

moléculaires sont du même

ordre,

l’angle

des deux valences de

l’oxygène

est

pratiquement

le même. De

plus,

comme le montre la

figure

6, empruntée

à un travail de Zachariasen

(6)

sur la diffraction des rayons X par l’alcool

méthylique,

les molécules voisines d’une molécule donnée y sont

disposées

du côté des atomes H et 0 comme dans l’eau.

C’est à elles

qu’est

dû l’essentiel de la

perturbation ;

(27) BERNAL et FOWLER, l. c. ; en particulier K~TZOFF, J. Chem. Phys., 1934, 2, 8-lil.

il faut donc s’attendre à des

déplacements

de fré-quences et à un étalement du même ordre que dans

l’eau. On

peut

calculer à

partir

des résultats de

Badger

et Bauer

(28)

sur le troisième et le

quatrième

harmo-Fig. 6.

nique

dans la vapeur

CH,OH

que la

fréquence

fonda-mentale est 3 766 cm-1

(3

750 dans la vapeur

d’eau),

tandis que dans le

liquide,

Errera et Mollet

(l, c.)

trouvent vi = 3 370

[Raman

3 388

(29)]

(3 376

cm-1 dans

l’eau).

Le fait que dans l’alcool

chaque

molécule n’est

« liée »

qu’à

trois voisines par des

groupements

OH a une influence

négligeable

sur la

perturbation

des

fréquences

(l’action

de la molécule

A2

sur

H 11

est

faible),

(fig.

4).

Il n’en est pas de même pour

l’énergie

totale du

liquide :

la contribution des interactions

électriques

à la chaleur

d’évaporation

doit en gros

être dans l’alcool les trois

quarts

de celle de l’eau. Partant de la valeur

10,5 kcal,

pour l’eau

(21),

on

trouve

7,6

kcal pour la contribution des groupes OH

à

l’énergie d’évaporation

des alcools

primaires ;

la valeur

expérimentale

est de

7,5

kcal

(voir B. B.,

p.

842).

La

perfection

de l’accord est encore un hasard.

VIII. Effet de la

température. -

Les courbes

de la

figure 1,

où l’on voit

apparaître

et se

développer

la bande étroite Blgl aux

dépens

de vi

quand

la

tempé-rature

s’élève,

mettent en évidence la transformation

progressive

de la libration en rotation libre. Il est clair que pour une molécule tournant librement la

structure ne

compte

plus.

Comme les

périodes

de

rotation moléculaire sont inférieures au

temps

de

relaxation du

liquide diélectrique,

les orientations des molécules voisines sont

pratiquement indépendantes

de celle de la molécule

qui

tourne. La deuxième

per-turbation du second ordre

Ov’2

subsiste seule : le milieu environnant

agit

par ses

propriétés

diélec-(28) BADGER et BAUER, J. Chem. Phys., 193G, 4, §69 ; cf. A. NAHERNIAC, Ann. Physique, 1937, 7, 528.

(9)

triques,

et presque

uniquement

par sa

polarisabilité

électronique

et

ionique.

La constante

diélectrique

D

qui

interviendra dans les formules ne sera donc pas

égale

à celle que l’on mesure en basse

fréquence,

mais un peu

supérieure

à celle que l’on calcule à

partir

de

l’indice de réfraction.

La variation de

fréquence

due à cet effet

peut

être

évaluée à

partir

d’un modèle de Kirkwood

(2g~)

(el.

note

3).

La molécule

perturbée

est réduite à un

dipôle

situé au centre d’une cavité

sphérique

de rayon a creusée dans le

diélectrique.

Elle induit en

celui-ci une

polarisation

uniforme,

d’où résulte dans

la cavité un

champ

uniforme

proportionnel

au

moment M du

dipôle

et tendant à

séparer

les

charges

des deux

signes.

En tenant

compte

de la non-har-monicité des vibrations -

que Kirkwood a

négligée

et

qui

donne le terme le

plus important

-, en

négli-geant

d’autres termes sûrement très

petits,

on obtient

pour cet effet :

où m et v sont la masse et la

fréquence

du vibrateur

moléculaire,

e’ la

charge

effective d’un de ses

pôles

et , , h .. "

Ô3UM /ô2UM

y une constante d’anharmonicité

égale

g à

a3 Um 2 ym,

c r3

i

d r2

Um

étant la fonction de Morse

(1).

Nous

ferons encore

le calcul dans le cas de l’eau. Pour les

alcools,

l’effet

est du même ordre.

Pour

l’eau,

Délec. N

2. Comme la formule est peu sensible aux variations de

D,

on

peut

être sûr de faire

D-1

une erreur assez

petite

en

posant P

= 2D + 1

= 0,3;

(D = 2 -~ P == 0,20; D == 3 -~

P=0,29;.D

=4

- P =

0,33;

D = 80 - P =

0,50). e’

=

2,15.10-10

u. e. s., a est la distance du centre de M au centre des

charges négatives

des molécules voisines. On

peut

admettre dans l’eau a = 2 n et l’on obtient

finalement Ao 0 02 70 cirn

finalement

- v , 2

=

0,02 ; il v’ 2

= - 70 cm-1.

v

,

On

prévoit

donc dans

l’eau,

pour les molécules

qui

tournent

librement,

les

fréquences

(intense

dans

l’in f ra-rouge)

et

(intense

dans le

Raman),

ce

qui

semble bien

corres-porzdre

à la

fréquence

expérimentale

v,.

La formule

~4)

ne

permet

de

prévoir

qu’un

ordre de

grandeur,

car la molécule d’eau ne

peut

pas être

assi-milée à un

dipôle,

comme nous l’avons vu

plus

haut,

et l’estimation de a est assez arbitraire.

D’un

point

de vue

qualitatif,

Ll v’ 2

ne

dépend

plus

que

(29a) D’après W. WEST et R. T. EDWARDS, J. chem. Phys., 1937, 5, p. 14.

de a et de

D,

c’est-à-dire en

définitive

de la derzsité c, ce

qui

est

conforme

aux résultats

expérimentaux

de

Naher-niac sur les bandes vgl et vg de

CH30H,

auxquelles

cette théorie

s’applique.

En combinant la formule

(4)

et celle de

Lorentz-Lorenz,

on trouve :

où A est la constante de

Lorentz-Lorenz D

où 4. est la constante de Lorentz-Lorenz

-,20132013.

D+2

p

La même théorie

permet,

comme l’ont

remarqué

West et Edwards

(29a),

de calculer vgd dans un solvant

quelconque.

Enfin,

à mesure que le nombre de molécules « libres n

augmente

et que se

garnissent

les niveaux

supérieurs

de libration et d’oscillation

intermoléculaires,

la

perturbation

moyenne sur les molécules encore

« liées »

diminue,

le

maximum vi

se

rapproche

de vgl

et s’affaiblit. Cet

eflet

est essentiellement

fonction

de la

température.

VIII. Solutions. - On

distingue

d’habitude deux

espèces

de

solvants,

polaires

et non

polaires.

En

réalité,

les

phénomènes dépendent uniquement

des

potentiels

électriques

d’interaction entre molécules

voisines. Étant

donrzée la

petitesse

des distances

inter-moléculaires,

ces

potentiels

sont

fonctions,

non pas du

moment moléculaire

total,

mais de la distribution

eOectiCJe

des

charges électriques

dans les molécules. Par

exemple,

le dioxane a un moment

électrique

nul,

mais

la

présence

des

oxygènes

en

position

para

produit

deux moments

partiels, comparables

chacun à celui

de

l’éther,

assez

éloignés

l’un de l’autre et assez

extérieurs pour

agir indépendamment

sur les

molé-cules voisines. De

même,

la

pyridine,

dont le moment

global (2,2 D)

est inférieur à celui de l’acétone

(2,8 D),

peut

néanmoins

produire

un

champ perturbateur

plus grand

sur les molécules

voisines,

comme on le voit sur un modèle

schématique

(note

4).

On

peut

com-prendre

ainsi les résultats

expérimentaux

de

Bosschie-ter,

Errera et

Gaspart

(3°).

Inversement,

certaines

molécules

polaires

ont des moments situés si loin de

la surface que leur

potentiel perturbateur

est

petit,

exemple :

C6Ht)CI

(31).

Les solvants forment donc une série presque conti-nue.

Néanmoins,

pour

simplifier

la

discussion,

nous

considérerons deux cas extrêmes :

cc)

Solvants «

neutres o ;

;

b)

Solvants « actifs ».

ec)

Solvants « neutres o

(CCI~, C6H6, C6H12).

Les

phénomènes

observés

s’interprètent

facilement

grâce

aux remarques suivantes :

1° La courbe de la

figure

5 montre avec

quelle

rapi-dité

la

perturbation

sur v diminue en fonction de la

~3~~ BOSSCHIETER, ERRERA et GASPART, Physica V,1938, p.115.

(10)

distance intermoléculaire d : pour

l’eau,

la

fréquence

est

déjà

très voisine de celle de la molécule libre

quand

c~ -

2 do -

5,5

À,

la structure restant invariable:

mais comme la rotation libre s’établit très

rapidement

quand d

augmente

(2°),

la

perturbation

s’évanouit

beaucoup

plus

vite encore.

20 De

plus,

un calcul sur un modèle sommaire

montre que le

système composé

de deux molécules

H 20

et deux molécules

CCI,

possède

une courbe

d’énergie

potentielle

analogue

à celle de la

figure 7,

qui

présente

Fig. 7.

deux minima A et D : A

correspond

au contact entre

molécules

H 20,

D entre molécules

CCI,.

Les

positions

intermédiaires B et C sont donc peu ou

point

occupées

à la

température

ambiante. Il est très

probable qu’il

en est de même

quand

l’alcool

remplace l’eau,

car

l’allure de la courbe est liée au fait que les actions

entre les molécules du solvant ne sont pas

négligeables.

le calcul a d’ailleurs été fait dans les

hypothèses

les

plus

défavorables

(figure plane,

orientation

mutuelle constante des deux molécules

d’eau, etc.).

Il existe

donc en solution un

équilibre statistique

entre molé-cules « libres » et « liées »,

qui

se

déplace

en faveur des

premières

quand

la

température

s’élève. On

prévoit

donc à la

température

ordinaire deux

bandes,

l’une étroite vgd, voisine de vg, l’autre

large

vld, voisine de

vl. La

première

surtout subit l’action du solvant

qui

intervient par sa constante

diélectrique.

vgd est

plus

intense aux

grandes

dilutions,

vld se

développe

pratiquement

sur

place lorsque

la concentration

augmente.

3~

Quand

la

température s’élève,

le nombre des

molécules libres

croît,

en même

temps

que les états

d’énergie

supérieure,

compris

dans la zone

BC,

viennent

à être

occupés.

Il en résulte que l’intensité de vgd

augmente

tandis que le

maximum vld

s’en

rapproche.

Ces

prévisions

sont conformes aux courbes

expéri-mentales obtenues par Errera et Mollet

(l.

c.) (fig.

3),

par

Buswell,

Deitz et Rodebush

(14),

et par B. B.

Notre

interprétation

de vgd, d’ailleurs

classique,

est confirmée par des travaux récents de

Borst,

Buswell et Rodebush

(14)

et de

Kinsey

(34),

qui

ont observé dans des solutions d’eau dans

CCI~

les maxima

vn et va, ainsi

qu’une

structure de rotation.

b)

Solvants actifs

(CH3COCH3,

dioxane,

pyri-dine,

etc.).

On

peut

prévoir

trois cas-limites :

1° Dans les solutions étendues à haute

température :

molécules

libres,

fréquence

vgd;

2° A basse

température :

molécules dissoutes

cou-plées

électrostatiquement

à celles du

solvant,

fré-quence vd;

3° A forte concentration : molécules dissoutes

couplées

entre elles comme dans le

liquide

pur, fré-quence vld.

Quand

les molécules dissoutes ont un nombre de

coordination

élevé,

des cas intermédiaires entre 2 et 3 sont

possibles.

Jusqu’à

présent,

la bande vgd n’a pas encore été

observée dans ces

solutions,

car toutes les

expériences

ont été faites à la

température

ambiante. Il

paraît

pourtant

hors de doute que cette bande y doit

appa-raître comme dans les

liquides

purs à

température

assez élevée.

Les cas 2 et 3 ont été observés par

Freymann,

Bosschieter et

Errera,

D. Williams et K.

Plyler,

Gordy

(eau

dans le

dioxane),

B. et B.

(alcool

dans

l’acétone),

etc.

(15).

Comme nous l’avons

déjà

dit,

la distinction entre solvants neutres et « actifs » n’est pas tout à fait

adéquate.

L’allure des

spectres

dépend

d’autres fac-teurs et tel solvant « neutre » pour certaines molécules

peut

devenir « actif » pour d’autres. De la discussion

précédente,

il résulte

qu’il

peut

être commode de grouper les cas

possibles

comme il suit :

ex)

Zfl La molécule dissoute forme avec le solvant un élément de structure

quasi-cristalline,

dans

lequel

elle ne

peut

effectuer que des librations. Structure et

fréquence

de

vibration vd

sont alors déterminées par la distribution des

charges électriques

dans l’une et l’autre

espèce

de molécule. Le calcul des

fréquences

se

fait comme

au §

3.

Exemples :

eau dans les

alcools,

l’acétone,

la

pyridine.

20 Les molécules dissoutes forment entre elles des

essaims,

dont la grosseur et le nombre

dépendent

de la

concentration,

de la

température

et des interactions.

(Mêmes solutions,

fréquence

v~).

p)

La molécule dissoute tourne librement et sa

durée de rotation est inférieure au

temps

de relaxation

du

solvant,

ou bien celui-ci n’est pas

polaire.

Ce sont

alors les

polarisabilités électronique

et

ionique qui

déterminent les

phénomènes.

Le calcul des

fréquences

se fait à l’aide du modèle de Kirkwood.

Exemples :

alcool dans

CCI4, fréquences vl,

des

liquides

purs.

y)

La rotation de la molécule dissoute est assez

lente pour

qu’elle

ait le

temps

d’exercer une action

d’orientation sur les molécules solvantes voisines.

Exemple possible :

molécules dissoutes grosses par

rapport

à celle du solvant. On

peut

prévoir

des

Références

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