Lycée Louis-Le-Grand,Paris MPSI 4– Mathématiques A. Troesch
Problème n
o8 : Moyenne arithmético-géométrique
Correction du problème 1– Autour de la moyenne arithmético-géométrique Question préliminaire : Comparaison des moyennes arithmétique et géométrique Soitaet bdeux réels positifs. On a
ma(a, b)−mg(a, b) =a−2√ ab+b
2 = (√
a−√ b)2 2 >0.
Ainsi mg(a, b)6ma(a, b).
Partie I – Définition de la moyenne arithmético-géométrique
Soit (a, b)∈R2
+. On définit deux suites(an)n∈Net(bn)n∈N par les relations :
a0=a, b0=b
, et∀n∈N,
an+1=an+bn
2 =ma(an, bn) bn+1=√
anbn=mg(an, bn)
1. • D’après la question préliminaire, pour toutn>1,an>bn. Alors, étant donnén>1, an+1=an+bn
2 6 an+an
2 =an, donc la suite(an)n>1 est décroissante.
• De même pourn>1,
bn+1=p
anbn>p
bnbn =bn. Donc la suite(bn)n>1 est croissante.
• On obtient alors, pour toutn>1 :
an>bn>b1 et bn6an6a1.
Ainsi(an)n∈N∗ est décroissante et minorée, donc (an)n∈N converge vers un réelα, et(bn)est croissante et majorée, donc (bn)n∈N converge vers un réelβ.
2. En passant à la limite dans la première relation de récurrence, il vient : α= α+β
2 soit: α=β
3. On ama(a, b) =a1et mg(a, b) =b1. La suite(an)étant décroissante de limiteα, il vient ma(a, b) =a1>liman=M(a, b).
De la même manière, la décroissance de(bn)amènemg(a, b)6M(a, b). Ainsi : mg(a, b)6M(a, b)6ma(a, b).
Partie II – Expression intégrale de la moyenne arithmético-géométrique
On pose, pour toutx∈[0,1[, et pour tout(λ, µ)∈R2 : I(x) =
Z π2
0
dt
p1−x2sin2t et J(λ, µ) = Z π2
0
dx q
λ2cos2(x) +µ2sin2(x) .
1. On pose, dans l’intégrale
I 2√
x 1 +x
= Z π2
0
1
q1−(1+x)4x 2sin2(u) du,
le changement de variableu= Arcsin
(1 +x) sin(t) 1 +xsin2(t)
=ϕ(t) Le réel xétant dans[0,1[, la fonctionψ: t7→
(1+x) sin(t)
1+xsin2(t) est continue et de classeC1 sur[0,π2[, et pour toutt de cet intervalle : ψ′(t) =(1 +x) cos(t)(1 +xsin2(t))−2xcos(t) sin(t)(1 +x) sin(t)
(1 +xsin2(t))2 =(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t)) (1 +xsin2(t))2 >0 Ainsi,ψ est strictement croissante, et ψ(0) = 0, ψ π2
= 1. En particulier, pour tout t ∈[0,π2[, ψ(t)in[0,1[.
Par composition de fonctions de classeC1, on en déduit queϕest de classeC1 sur[0,π2[. Comme on n’a pas la classeC1sur l’intervalle fermé, on se restreint dans un premier temps à un intervalle[0, A], oùA∈]0,π2[. Ainsi, sur cet intervalle, on a
du
dt =(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t))
(1 +xsin2(t))2 · 1 q
1−(1+x)(1+x2sinsin22t)(t)2
=(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t))
(1 +xsin2(t)) · 1
q
(1−xsin2(t))2−(1 +x)2sin2(t)
=(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t))
(1 +xsin2(t)) · 1
q
(1−xsin2(t)−(1 +x) sin(t))(1−xsin2(t) + (1 +x) sin(t))
=(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t))
(1 +xsin2(t)) · 1
p(1−sin(t))(1−xsin(t))(1 + sin(t))(1 +xsin(t))
=(1 +x) cos(t)(1−xsin2(t))
(1 +xsin2(t)) · 1
q
cos2(t)(1−x2sin2(t))
= (1 +x)(1−xsin2(t)) (1 +xsin2(t))
q
(1−x2sin2(t))
Le plus dur est fait. On a alors (ϕétant bijective de[0,π2[sur lui-même d’après le théorème de la bijection, car continue et strictement croissante)
Z A 0
dt
q1−(1+x)4x 2sin2(u) du=
Z ϕ−1(A) 0
1 q
1−(1+x)4x 2×(1+x)(1+xsin2sin2(t))2(t)2
× (1 +x)(1−xsin2(t)) (1 +xsin2(t))
q
1−x2sin2(t) dt
= (1 +x)
Z ϕ−1(A) 0
(1−xsin2(t)) q
(1 +xsin2(t))2−4xsin2(t)× q
1−x2sin2(t) dt
= (1 +x)
Z ϕ−1(A) 0
(1−xsin2(t)) q
(1−xsin2(t))2× q
1−x2sin2(t) dt
= (1 +x)
Z ϕ−1(A) 0
1 q
1−x2sin2(t) dt
et donc, en passant à la limite lorsqueA tend vers π2 (la fonctionϕ−1 étant continue en tant que récirpoque d’une fonction continue, donc lim
A→π
2
ϕ−1(A) =ϕ−1π 2
=π
2), on obtient : I
2√ x 1 +x
= (1 +x)I(x) 2. On a, pour tout x∈]0,1]:
J(1, x) = Z π2
0
dt q
cos2(t) +x2sin2(t)
= Z π2
0
dt q
1−(1−x2) sin2(t)
=I(p 1−x2)
D’un autre côté : J
1 +x 2 ,√
x
= Z π2
0
dt q 1+x
2
2
cos2(t) +xsin2t
= 2
1 +x Z π2
0
dt r
1−
1−x 1+x
2
sin2(t)
= 2
1 +xI 1−x
1 +x
.
Par ailleurs, d’après la question précédente : 2
1 +xI
1−x 1 +x
= 2
1 +x× 1 1 +11+x−x ×I
2q
1−x 1+x
1 + 11+x−x
=I(p
1−x2).
On en déduit alors J(1, x) =J
1 +x 2 ,√
x
. 3. Soitn∈N. Supposonsan6= 0. Alors
J(an+1, bn+1) =J
an+bn 2 ,p
anbn
=J an×1 + ban
n
2 , an× rbn
an
! .
Or, de façon évidente, pour toutα >0, et tout(λ, µ), on aJ(αλ, αµ) = α1J(λ, µ), donc
J(an+1, bn+1) = 1 an
J 1 +abn
n
2 , rbn
an
!
= 1 an
J
1,bn an
,
d’après la question précédente, d’où, en rentrant de nouveau le facteuran : J(an+1, bn+1) =J(an, bn).
Commea=a0 >0, une récurrence immédiate montre alors que cette propriété est vraie pour toutn et que (J(an, bn))n∈N est constante .
4. Soitε >0 tel queε < M(a, b). Il existe un rangN ∈Ntel qu’on ait à la fois :
∀n>N, |an−M(a, b)|6ε et |bn−M(a, b)|6ε.
On a alors, pour toutt∈[0,π2]et toutn>N : 1
q
(M(a, b) +ε)2(cos2t+ sin2t)
6 1
q
a2ncos2t+b2nsin2t
6 1
q
(M(a, b)−ε)2(cos2t+ sin2t) ,
soit :
1
M(a, b) +ε 6 1 q
a2ncos2t+b2nsin2t
6 1
M(a, b)−ε, et par croissante de l’intégrale, il vient facilement :
∀n>N, π
2 · 1
M(a, b) +ε 6J(an, bn)6π
2 · 1
M(a, b)−ε .
5. Le terme du milieu de l’encadrement précédent est constant, égal à J(a0, b0) = J(a, b), et ε peut être choisi aussi petit qu’on veut. Une fois qu’on a remplacéJ(an, bn)parJ(a, b), on n’a plus de dépendance enn, on peut donc sans problème faire tendreεvers0, et il vient :
J(a, b) = π
2M(a, b), soit: M(a, b) = π 2J(a, b) .
Partie III – Une variante de la moyenne arithmético-géométrique
Soit toujours(a, b)∈(R∗+)2. On définit cette fois (an)et(bn) par :
a0=a
b0=b et ∀n∈N,
an+1=an+bn 2 bn+1=p
an+1bn
1. • Supposonsa6b, montrons par récurrence surn∈Nla propriétéP(n):06an 6bn. La propriétéP(0) est satisfaite d’après l’hypothèsea6b.
Soitn∈Ntel queP(n)est vrai. Alors on obtient :
06an+16bn puis: bn+1>p
(an+1)2>an+1. Ainsi, la propriétéP(n+ 1)est encore vraie.
D’après le principe de récurrence, on a donc, pour toutn∈N, 06an6bn.
Soitn∈N. On déduit alors de la relation définissantan+1, de la même manière que ci-dessus, que : an6an+16bn,
puis de la seconde relation, que
bn+1=p
an+1bn6p
b2n=bn, d’où la croissance de(an)et la décroissance de(bn).
On est dans une situation similaire à celle des suites adjacentes (à part qu’on ne sait pas bien montrer de façon directe que an−bn tend vers0), la démonstration de la convergence est rigoureusement la même : (an)n∈N est croissante et majorée par b0, et(bn)n∈N est décroissante et minorée par a0. Donc, d’après le théorème de la limite monotone, (an)et (bn)convergent.
• Sia>b, alors on montre strictement par les mêmes arguments que pour toutn∈N,bn 6an, que (bn)est croissante et majorée par a0 et (an) est décroissante et minorée par b0. Ainsi, dans cette situation aussi,
(an)et(bn)convergent.
• Appelonsαla limite de(an)etβla limite de(bn). Alors, on montre comme plus haut, en passant à la limite dans la relation définissantan+1, que α=β .
2. Le plus simple est de faire une récurrence.
Soit, pour toutndansN, la propriétéP(n): Bn = 1 2n
sin(α) sin 2αn
.
B0 est un produit vide, donc par conventionB0= 1, ce qui valideP(0).
Soitn∈N. On suppose queP(n)est vrai. Alors Bn+1= 1
2n sin(α)
sin 2αn×cos α 2n+1
= 1
2nsin(α)× 1
2 sin 2n+1α
cos 2n+1α
×cos α 2n+1
= 1
2n+1
sin(α) sin 2n+1α
Cela montreP(n+ 1).
Par conséquent,P(0)est vraie, et pour toutndansN,P(n)entraîneP(n+1). D’après le principe de récurrence, P(n)est vraie pour toutndansN.
3. On suppose quea6b. Commeaet bsont positifs, on a alors ab ∈[0,1], doncα= Arccos ab
est bien défini.
Siα= 0, alorsa=bet les suites(an)et(bn)sont clairement constantes, d’où le résultat attendu.
On suppose don désormais queα6= 0. Commea0=b0cos(α), on obtient : a1= a0+b0
2 =b01 + cos(α)
2 = cos2α 2
,
puis :
b1=p
a1b0=b0cosα 2
.
Pour continuer à exprimer les termesbn, on exprime(bn)indépendamment de(an): pour toutn>0,
bn+2=p
an+2bn+1=
ran+1+bn+1
2 ×bn+1= sb2n+1
bn +bn+1
2 ×bn+1=bn+1
s
1 +bnb+1
n
2 .
Ainsi, on trouve par exemple :
b2=b1
s
1 + cos α2 2 =b1
r cos2α
4
=b0cosα 2
cosα 4
(les cosinus étant positif,a étant par définition dans[0,π2]). Ainsi, on voit apparaître le déubut du produit de cosinus étudié dans la question précédente. On effectue alors une récurrence.
Soit, pour toutndansN, la propriétéP(n): bn =b0Bn.
Nous venons de montrer queP(0)etP(1)sont vrais (et mêmeP(2)).
Soitn∈N. On suppose queP(n)etP(n+ 1)sont vrais. Alors, par les hypothèses de récurrence, bn+1
bn = cos α 2n+1
,
donc, d’après la relation établie ci-dessus,
bn+2=bn+1 s
1 + cos 2n+1α
2 =bn+1cos α 2n+2
=b0Bn+1cos α 2n+2
=bBn+2.
Par conséquent,P(0)etP(1)sont vraies, et pour toutndansN,P(n)etP(n+ 1)entraînentP(n+ 2). D’après le principe de récurrence,P(n)est vraie pour toutndansN.
Par conséquent, d’après le calcul précédent, pour toutn∈N,
bn= b α× α
2n
sin(α)
sin 2αn−→bsin(α) α .
On peut donc conclure :
n→+∞lim bn =
b·sin(α)
α siα6= 0
b siα= 0.
4. On reprend le même argument en l’adaptant aux fonctions hyperboliques. Pour cela, nous démontrons d’abord, par analogie avec le cas trigonométrique :
• Lemme 1 :Soitxety deux réels, alorssh(2x) = 2ch(x)sh(x) Démonstration : On a
2ch(x)sh(x) = (ex+ e−x)(ex−e−x)
2 = e2x−e−2x
2 = sh(2x).
• Lemme 2 :Soitxun réel. Alors 1 + ch(2x)
2 = ch2(x).
Démonstration : on a :
ch2(x) =(ex+ e−x)2
4 =e2x+ 2 + e−2x
4 =2 + 2ch(x)
4 = 1 + ch(x)
2 .
À l’aide de ces deux résultats, l’argument précédente s’adapte bien, à commencer par le casα= 0(correspondant comme avant àa=b). Nous supposons doncα6= 0.
Tout d’abord, puisque a>b, ab >1. Comme chest strictement croissante sur [0,+∞[, allant de 1 à +∞, et continue, d’après le théorème de la bijection,chinduit une bijection de[0,+∞[sur[1,+∞[. Ainsi, il existe un unique réelαtel quea= ch(α)b.
On a alors, d’après le lemme 2 :
a1=b1 + ch(α)
2 =bch2α 2
puis: b1=
r
b2ch2α 2
=bchα 2
.
La récurrence effectuée dans le casa6b s’adapte bien pour montrer que
∀n∈N, bn=b
n
Y
k=1
chα 2k
.
Le même calcul vaut aussi pour ce produit, d’après le lemme 1 :
∀n∈N, bn= b 2n
sh(α) sh 2αn.
Or, tout comme pour le sinus, lim
x→0
sh(x)
x = 0, d’où le résultat escompté :
n→+∞lim bn=
b·sh(α)
α siα6= 0
b siα= 0.