EPFLAlgèbre linéaire 1ère année 2009-2010
Corrigé de la série 8
Exercice 1. 1. Si v = (x1, x2, x3, x4) ∈ ker(T), alors x1 = 5x2 et x3 = 7x4. On peut donc écrire v = (5x2, x2,7x4, x4) = x2(5,1,0,0) + x4(0,0,7,1). On a par conséquent ker(T) = span ((5,1,0,0),(0,0,7,1)) et comme cette liste est libre, c'est une base de ker(T). On trouve doncdim(ker(T)) = 2 et d'après le théorème du rang :
dim(im(T)) = dim(F4)−dim(ker(T)) = 4−2 = 2 = dim(F2).
Soit (v1, v2) ⊆ F2 une base du sous-espace vectoriel im(T). Cette liste est donc libre et possède deux éléments. D'après un théorème du cours, c'est donc une base de F2. On obtient alors im(T) = span(v1, v2) =F2 etT est surjective.
2. Admettons qu'il existe S∈L(F5,F2) telle que
ker(S) = {(x1, x2, x3, x4, x5)∈F5 |x1 = 3x2 etx3 =x4 =x5}.
On prouve de la même manière que dans la question précédente que((3,1,0,0,0),(0,0,1,1,1)) est une base de ker(S). On trouve doncdim(ker(S)) = 2 et par le théorème du rang :
dim(im(S)) = dim(F5)−dim(ker(S)) = 5−2 = 3.
D'autre part, comme im(S) est un sous-espace vectoriel de F2, on a dim(im(S)) ≤ dim(F2) = 2, une contradiction.
Il n'existe donc aucune application linéaire de F5 dans F2 ayant un noyau de dimension 2.
Exercice 2. 1. Soient v, w ∈ U et α, β ∈ F. En utilisant la dénition de la composée de deux applications et le fait queS et T sont linéaires, on obtient
(T ◦S)(αv+βw) = T(S(αv+βw)) =T(αS(v) +βS(w))
=αT(S(v)) +βT(S(w)) =α(T ◦S)(v) +β(T ◦S)(w), donc T ◦S est linéaire. (Voir aussi l'exerice 5 de la série 6.)
2. Si u∈ker(T ◦S), alors 0 = (T ◦S)(u) = T(S(u))et donc S(u)∈kerT. La restriction S0 deS dénie par :
S0 : ker(T ◦S)→kerT, S0(u) :=S(u) pour toutu∈ker(T ◦S)
est donc bien dénie. Il est facile de montrer que S0 est linéaire, et on a imS0 ⊂ kerT. On a aussi kerS0 = kerS : si u ∈ ker(S0), alors S(u) = S0(u) = 0 et donc u ∈ kerS, si u ∈ ker(S), alors u ∈ ker(T ◦S) et S0(u) = S(u) = 0, donc u ∈ ker(S0). Comme ker(T ◦S)⊆U, on a d'après le cours dim(ker(T ◦S))≤dimU < ∞et on peut appliquer le théorème du rang pour obtenir
dim(ker(T ◦S)) = dim(kerS0) + dim(imS0).
1
Mais comme kerS0 = kerS et imS0 ⊂kerT, on trouve
dim(ker(T ◦S))≤dim(kerS) + dim(kerT).
Attention, la partie droite de cette inégalité peut être égale à ∞ carkerT n'est pas forcé- ment de dimension nie.
Exercice 3. Il est facile de vérier que φ est une application linéaire. On montre les deux implications.
⇒ : Si φ est bijective, alors φ est en particulier injective et on a kerφ = {0} car φ est linéaire. Si α1, . . . , αn ∈ F sont tels que Pn
i=1αivi = 0, alors le vecteur (α1, . . . , αn) ∈ Fn a pour image φ(α1, . . . , αn) = 0. On a donc (α1, . . . , αn) ∈ kerφ = {0} et par conséquent α1 = . . .= αn = 0. La liste (v1, . . . , vn) est donc libre. Comme φ est aussi surjective, il existe pour tout v ∈ V un vecteur (α1, . . . , αn) ∈ Fn tel que Pn
i=1αivi = φ(α1, . . . , αn) = v. On a donc v ∈ span(v1, . . . , vn) pour tout v ∈ V, ce qui montre que span(v1, . . . , vn) = V. La liste (v1, . . . , vn)est donc une base de V.
On peut aussi procéder de la manière suivante : on montre comme en haut que (v1, . . . , vn) est libre. D'après le théorème du rang et la bijectivité de φ, on a
n= dim(Fn) = dim(kerφ) + dim(imφ) = 0 + dim(imφ) = dimV.
La liste(v1, . . . , vn)est donc libre dans l'espace vectorielV de dimensionn. D'après un théorème du cours, c'est donc une base de V.
⇐ : Supposons que(v1, . . . , vn)est une base deV. On montre d'abord que φest injective.
Soit(x1, . . . , xn)∈Fntel queφ(x1, . . . , xn) = 0. On a alorsPn
i=1xivi = 0et, comme(v1, . . . , vn) est libre, x1 =. . .=xn = 0. On a donc montré kerφ={0} etφ est injective.
Soit maintenant v ∈ V. Comme span(v1, . . . , vn) = V, il existe x1, . . . , xn ∈ F tels que v = x1v1 +. . .+xnvn. Mais alors on trouve φ(x1, . . . , xn) = Pn
i=1xivi = v et, comme v ∈ V était quelconque, im(φ) = V. La fonction φ est donc bijective.
On peut aussi procéder de la manière suivante : on montre comme en haut queφ est injective.
Comme (v1, . . . , vn) est une base de V, on trouve dimV =n. D'après le théorème du rang, on a
dimV =n = dim(Fn) = dim(kerφ) + dim(imφ) = 0 + dim(imφ).
im(φ) est donc un sous-espace vectoriel de V de dimension dimV. D'après un théorème du cours, une base deim(φ)doit donc être une base deV. On trouve im(φ) = V etφ est surjective.
Exercice 4. Si T˜ : R2 → R2 est une application linéaire satisfaisant T˜(1,0) =t(1,0) = (1,1) etT˜(0,1) =t(0,1) = (1,2), on a pour tout (x, y)∈R2 :
T˜(x, y) = ˜T(x(1,0) +y(0,1)) =xT˜(1,0) +yT˜(0,1) =x(1,1) +y(1,2) = (x+y, x+ 2y) par la linéarité deT˜. Soit doncT :R2 →R2dénie parT(x, y) = (x+y, x+2y). L'applicationT est linéaire etT(1,0) = (1,1) =t(1,0)etT(0,1) = (1,2) =t(0,1). Il existe donc une extension linéaire T de t et elle est unique car on a vu que si T˜ est une extension linéaire de T, alors T˜ =T.
On a en particulier trouvé T(x, y) = (x+y, x+ 2y)pour tout (x, y)∈R2, et donc a=b= c= 1 etd= 2.
Exercice 5. 1. On vérie tout d'abord que la loi externe et la loi interne sont bien dénies.
Si T, S ∈L(V, W) et α∈ F, on a T(v), S(v) ∈W pour tout v ∈V. Comme W est un F-espace vectoriel, on a T(v) +S(v) ∈ W et αS(v) ∈ W. Les applications S +T et
2
αS sont donc bien des applications V → W. On doit montrer que S+T et αS sont linéaires. Soient v, w∈V eta, b∈F. On a alors
(S+T)(av+bw) = S(av+bw) +T(av+bw) =aS(v) +bS(w) +aT(v) +bT(w)
=a(S(v) +T(v)) +b(S(w) +T(w)) =a(S+T)(v) +b(S+T)(w) et
(αS)(av+bw) =αS(av+bw) =α(aS(v) +bS(w))
=aαS(v) +bαS(w) =a(αS)(v) +b(αS)(w).
T +S etαS sont donc bien linéaires.
(V1): SoientS, T ∈L(V, W). On a pour toutv ∈V :(S+T)(v) = S(v)+T(v) = T(v)+
S(v) = (T +S)(v)par la commutativité de l'addition dans W, et donc S+T =T +S pour tout S, T ∈L(V, W).
(V2): Soient R, S, T ∈L(V, W)et α, β ∈F. On a pour tout v ∈V : (R+ (S+T))(v) = R(v) + (S+T)(v) = R(v) +S(v) +T(v)
= (R+S)(v) +T(v) = ((R+S) +T)(v) et
(β(αS))(v) =β(αS)(v) =βαS(v) = (βα)S(v) = ((βα)S)(v).
On a donc R+ (S+T) = (R+S) +T pour tout R, S, T ∈L(V, W) etβ(αS) = (βα)S pour tout α, β ∈F, S∈L(V, W).
(V3): Soit O:V →W l'application nulle, dénie par O(v) = 0W pour tout v ∈V, où 0W est l'élément neutre de W.O est linéaire et on a pour toutS ∈L(V, W)etv ∈V : (O+S)(v) =O(v) +S(v) = 0W+S(v) = S(v), doncO+S =Spour tout S∈L(V, W). (V4): SoitS ∈L(V, W)etv ∈V. On a(S+ ((−1)·(S)))(v) = S(v) + ((−1)·(S))(v) = S(v) + (−1)S(v) =S(v)−S(v) = 0W. La fonction (−1)S est donc telle queS+ ((−1)· S) = O. Il existe donc pour tout S ∈ L(V, W) une fonction T = (−1)·S ∈ L(V, W) (linéaire d'après le premier point) telle que S+T =O.
(V5) : Soit S ∈ L(V, W). On a (1·S)(v) = 1·S(v) = S(v) pour tout v ∈ V et donc (1·S) =S. On a donc montré (1·S) = S pour tout S ∈L(V, W).
(V6): Soient α, β ∈F etS, T ∈L(V, W). On a pour tout v ∈V :
((α+β)S)(v) = (α+β)S(v) = αS(v) +βS(v) = (αS)(v) + (βS)(v) = ((αS) + (βS))(v) et
(α(T +S))(v) = α(T +S)(v) =α(T(v) +S(v)) = αT(v) +αS(v)
= (αT)(v) + (αS)(v) = ((αT) + (αS))(v).
Commev ∈V était arbitraire, on a donc prouvé(α+β)S = (αS) + (βS)etα(T+S) = (αT) + (αS)pour tout α, β ∈F etS, T ∈L(V, W).
On a vérié tous les axiomes et(L(V, W),add,multi) est un F-espace vectoriel.
2. Soient, pour i = 1, . . . , n et j = 1, . . . , m, Fij ∈ L(V, W) les extensions linéaires des applications fij : BV → BW dénies par fij(vk) = δikwj pour k = 1, . . . , n. De manière plus précise : si v =Pn
k=1αkvk ∈V, alorsFij(v) =αiwj. 3
On montre que B:={Fij |i= 1, . . . , n, j = 1, . . . , m} est une base de L(V, W). Si F = Pn
i=1
Pm
j=1αijFij = 0, alors on a F(v) = 0 pour tout v ∈ V. En particulier, on obtient pour chaque k ∈ {1, . . . , n} :
0 = F(vk) =
n
X
i=1 m
X
j=1
αijFij
!
(vk) =
n
X
i=1 m
X
j=1
αijFij(vk) =
n
X
i=1 m
X
j=1
αijδikwj =
m
X
j=1
αkjwj.
Comme BW est libre, on trouve donc αk1 = . . . = αkm = 0. Comme ceci est vrai pour tout k ∈ {1, . . . , n}, on a montré αij = 0 pour tout i= 1, . . . , n etj = 1, . . . , m.
Soit maintenant F ∈L(V, W). Comme BW est une base de W et F(vk) ∈ W pour k = 1, . . . , n, on peut écrire chaque image F(vk) = Pm
j=1xjkwj avec xjk ∈F pour k = 1, . . . , n etj = 1, . . . , m. On montre que
F =
n
X
i=1 m
X
j=1
xjiFij.
Comme ces deux applications sont linéaires, il sut de vérier qu'elles coïncident sur la base BV de V. On a pour k = 1, . . . , n :
n
X
i=1 m
X
j=1
xjiFij
!
(vk) =
n
X
i=1 m
X
j=1
xjiFij(vk) =
n
X
i=1 m
X
j=1
xjiδikwj =
m
X
j=1
xjkwj =F(vk).
On a donc prouvé queF ∈span(B)et, comme F était quelconque,V = span(B). La liste Best donc bien une base de L(V, W).
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