A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
G. M ICHON
Mesures de Gibbs sur les Cantor réguliers
Annales de l’I. H. P., section A, tome 58, n
o3 (1993), p. 267-285
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267
Mesures de Gibbs
surles Cantor réguliers
G. MICHON Université de Bourgogne URA 755, Mathématiques,
BP 138, 21004 Dijon, France
Vol. 58, n° 3, 1993, Physique théorique
RÉSUMÉ. -
L’objet
de ce travail est d’établir un théorème d’existence de mesures de Gibbs sur les ensembles de Cantor dont l’arbre estéquipé
d’une fonction
(ou
d’unvecteur) d’énergie quasi
additif. A cettefin,
nous utilisons des résultats de type « Grandes déviations »adaptés
aux arbresainsi que le concept de fonction
génératrice.
Mots clés : Ensemble de Cantor, mesure de Gibbs, grandes déviations, arbres.
ABSTRACT. - We prove an existence theorem for Gibbs measures on a
Cantor set whose tree is
equiped
with aquasi
additive energy function(or vector).
We uselarge
deviations resultsadapted
to trees andgenerating
functions.
0. INTRODUCTION
L’objet
de ce travail est d’établir un théorème d’existence de mesuresde Gibbs sur les ensembles de Cantor dont l’arbre est
équipé
d’une fonction(ou
d’unvecteur) d’énergie quasi
additif. A cettefin,
nous utilisons des résultats de type « Grandes déviations »adaptés
aux arbres ainsi que leClassification A.M.S. : 60 F 10, 54 F 45/05 C 05, 82 A 30.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-0211 1
concept de fonction
génératrice.
L’aired’application
de nos résultats estdifférente de celle du théorème de
Ruelle-Perron-Frobénius,
sur l’existence des mesures deSinaï-Ruelle-Bowen,
donné par ce dernier dans[1]. Lorsque
chacun
s’applique,
les mesures trouvées sontéquivalentes. Mais,
par exem-ple, lorsqu’un
Cantor est obtenu par itération d’une fonction non définie partout sur[0, 1 ],
la différentiabilité des branches donne naissance à la fonctionpotentielle qui
permetd’appliquer
le théorème de Ruelle(cf. [2]
pour un traitement
classique).
Sansdifférentiabilité,
sousl’hypothèse
dequasi-additivité (substitut
du lemme dedistorsion),
notre théorèmes’appli-
que, assurant l’existence de mesures de Gibbs. C’est essentiellement l’exis- tence de ces mesures de Gibbs démontrée dans un cadre différent
quoique
voisin du cadre
dynamique classique qui distingue
ce travail des travaux[10]
et[3].
Chemin
faisant,
nousdonnons,
outrel’existence,
deux informations surles mesures de Gibbs : elles sont concentrées sur des ensembles dont
l’énergie
est dans la sous-différentielle que nousprécisons
et leurentropie
est - comme il convient - donnée par la transformée de
Legendre
d’uneénergie libre,
du moinslorsque l’énergie
est différentiable. Ils’agit
là d’unavatar du
principe
variationnel de D. Ruelle.Ce
travail,
essentiellement centré sur des théorèmesd’existence,
n’envi-sage pas
d’applications
autres quecelles, immédiates,
portant sur le Cantor itéré définiplus
haut. Ce dernier est utilisé commeparadigme
tout aulong
de ce travail : il assure une sorte de médiation entre le côté très formel des arbres et certains Cantor de l’intervalle
[0, 1].
Desapplications,
notam-ment à la théorie de la
dimension,
ferontl’objet
d’autrespublications.
Voici le
plan
commenté. Dans unepremière partie,
Arbre etCantor,
nous introduisons le formalisme des arbres en le
dégageant
del’exemple
des Cantors itérés. En
effet,
l’arbrepondéré
d’un Cantor itérés’impose
delui-même, lorsqu’on remplace,
àquasi-isométrie près,
lamétrique usuelle,
induite par[0, 1 ],
par uneultramétrique.
Cettepossibilité
dechanger
lamétrique exprime
la natureprofonde
du lemme de distorsion. Nous rappe- lonsrapidement
que tout espacemétrique
compact, totalementdiscontinu,
s’offre à nous avec un arbrepondéré,
et que,lorsque
le Cantor estrégulier (dans
un sens que nousprécisons),
les invariants parquasi-isométrie
sontinscrits dans l’arbre
pondéré
associé(pour plus
de détails voir[5], [6]).
Apartir
delà,
nous substituons au Cantor proprement dit un arbrepondéré.
Les
points
du Cantor sont les branches del’arbre,
les noeuds forment unebase d’ouverts fermés. C’est sur l’ensemble des
noeuds, rangés
parniveaux,
que nous
plaquerons
le formalisme desgrandes
déviations.Dans une seconde
partie,
nousadaptons
aux arbres le formalisme desgrandes
déviations telqu’il
estprésenté
par R. S. Ellis[4].
D’uneconstruction niveau par niveau des mesures de Gibbs finies
classiques,
nous induisons la définition d’une mesure de Gibbs sur les branches de
l’arbre,
i. e. sur lespoints
du Cantor. Postulantl’existence,
nous donnons deux informationsimportantes
sur ces mesures : caractérisation des ensem-bles sur
lesquels
elles sont concentrées et valeur de leurentropie. Ces
résultats doivent
beaucoup
à laprésentation
par R. S. Ellis des théorèmes degrandes
déviations.Les troisième et
quatrième parties
traitent de l’existence des mesures de Gibbs dans le casquasi
additif : c’est iciqu’interviennent
les fonctionsgénératrices
des noeuds de l’arbre. Disonsqu’à chaque
noeud a de l’arbre est associée une série(de
Dirichlet dans le casgénéral) qui
converge pour les valeurs s strictementplus grandes qu’une
valeur c. Le scalaire cest une valeur
singulière
pour toutes les fonctionsZa (s).
Même dans lecas
quasi additif,
il ne semble pas que lasingularité
soitpolaire (ce qui simplifierait
bien leschoses).
Tout auplus
a-t-on un contrôle(uniforme
sur les
n0153uds)
desquotients Za/Zb
en des n0153udsdifférents, lorsque s
tendvers c. Ce contrôle des
quotients exprime
le fait que la renormalisation enchaque noeud,
sans redonner exactement lecomportement
en la racine de l’arbre ne s’enéloigne
pas trop : il y aquasi
renormalisation. Cephéno- mène, replacé
dans un cadreplus général,
semble très lié à l’existence des états de Gibbs.Nous terminons en donnant des conditions très
générales, portant
sur le comportement des fonctionsgénératrices, qui
assurent l’existence demesures de Gibbs.
Je remercie
Jacques Peyrière
àqui
ce travail doitbeaucoup.
1. ARBRE ET CANTOR
1.1.
Rappelons
la construction d’un Cantor par itération d’une fonction dilatante C1+&,
nonpartout
définie sur[0, 1],
introduite par Sullivan. De tels Cantors serontqualifiés
dans la suite de « Cantors itérés ». Notre but est dedégager
à travers eux, le concept d’arbrepondéré
d’un Cantor(pour
les démonstrationsdétaillées, cf [8]).
Soient
Io, Ii, ... , Ip_ 1 p
intervalles fermés(~~2) disjoints
contenusp-i
dans l’intervalle
[0, 1] ]
et uneapplication
T : UIk
-[0, 1] ]
vérifiant lesk=0
propriétés
suivantes :(i)
Pourchaque k, TI Ik
estsurjective.
(ii)
T est de classe dilatante.On sait définir
T2,
à condition d’exclure certainesparties
desIk,
demême définit-on
T3,
...Finalement, apparaît
un Cantor K tel queT K
est à valeur dans K. A
l’étape
de laconstruction,
ce Cantor estapproximé
par des intervalles1~
indexés(noté
rapidement p),
définis relativement aux intervalles donnésIo,
..., 1par
Ainsi,
se trouve-t-on avec la donnée suivante : une famille d’intervalles1~
indexéepar U {0, 1,
...,~n.
Notonsla
lalongueur
nO
de l’intervalle I. Nous allons montrer que, à
quasi-isométrie près,
leCantor K est
complètement
décrit par la famillePar arbre
p-aire (p >_ 2),
nous entendons l’arbre formé àchaque
niveaun >_ 0
des mots delongueur n
construits surl’ensemble {0,
...,j92014 1}.
Leschéma en arborescence est
classique lorsque p égale 2, qui
suffit pour visualiser. Une branche de l’arbre est un motinfini,
i. e. un élément de{0, 1, ... , p -1 ~N,
etchaque
noeud de l’arbre définit un ensemble de branches : cellesqui
passent par ce noeud. Ces noeuds définissent une base detopologie
en ouvertsfermés, qui
munit l’ensemble des branches d’unetopologie
compacte totalement discontinue. Revenons au Cantor itéré.Tout
point
de ce Cantor est caractérisé par la suite des intervallesIa qui
le
définissent,
cequi
conduit à une branche de l’arbrep-aire qui
est lecode du
point
considéré.Ainsi,
àhoméomorphisme près,
peut-on voir le Cantor itéré comme l’ensemble des branches de l’arbrep-aire,
les noeudss’identifiant aux ensembles ouverts fermés
!~
nK, qui
sont une base de latopologie
du Cantor K.Passons à
l’aspect métrique.
La fonctionl,
lelong
dechaque branche,
décroît et tend vers 0. Si les branches différentes x, y se
séparent
aun0153ud a, posons
03B4(x, y)=la (et 03B4(x, x)=0).
(1.1.1) L’application
Õdé~nie
ci-dessus est uneultramétrique
sur l’en-semble ~ 0, 1,
..., des branches(i.
e.vérifie l’inégalité ultramétrique
~
(x, Y) ~
sup(8 (x, z),
Õ(z, y))
°Ainsi,
l’ensemble des branches de l’arbre est muni de deuxmétriques : l’ultramétrique qu’on
vient de définir est lamétrique
issue duplongement
dans
[0, 1], qu’on
notera1 x- y 1,
si x et y sont deux branches. Uneapplication
du lemme de distorsion(nommé principe
de variation bornée dans[2])
permet de prouver :(1.1. 2)
Il existe une constante C > 0 telle que, pour tout x, y .a En d’autres termes,(1.1. 3)
Le Cantor itéréK,
muni de lamétrique
induite par[0, 1]
estquasi isométrique
à l’ensemble des branches de l’arbrep-aire
muni del’ultramétrique
Õ.De ce
fait,
tout concept de naturemétrique
relatif au CantorK,
inva- riant parquasi-isométrie,
peut être étudié sansréduction,
via l’arbre p- aire etl’application
1 :U {0, 1,
...,p -1 ~n
-R~.
1. 2. Une nouvelle
application
du lemme de distorsion conduit au résul- tat suivant :( 1. 2 .1 )
Il existe une constante C > 0 telle que, pour tous noeuds a,b,
de l’arbrep-aire (i.
e. pour tous motsfinis
a,b) :
Une
application
1 :U {0, 1, ... , p -1 ~n
-R +
vérifiant cettepropriété
sera
qualifiée
dequasi
additive(en fait,
sonlogarithme
estquasi additif).
Nous verrons
plus
loinqu’une
tellepropriété
entraîne l’existence d’unemesure de Gibbs.
Rappelons
que le théorème deRuelle,
dans ce contexte, repose sur la dérivation par rapport au shift lelong
des branches dans lesens suivant. Notons ...,
~-1)~(~1?
..., mot shifté. Toutpoint
duCantor,
identifié à soncode, produit
àchaque
niveau un motfini de
longueur n
et :La dérivation de l le
long
des branches fournit lepotentiel - log
T’. Enpostulant
seulement laquasi-additivité, qui n’implique
pas ladérivabilité,
notre théorème d’existence
s’applique,
alors que le théorème de Ruelle nes’applique
pas.1. 3. Donnons la définition d’un arbre dans toute sa
généralité.
(1 . 3 . 1)
Un arbre(de
racinedonnée)
est une suite d’ensemblesfinis (Eo, El, ... )
etd’applications surjectives En
+ 1 -En 1
n >__0) appelées
transitions
(toutes notées f).
On suppose en outre queEo
est réduit à unélément
(la racine).
L’arbre est schématisé ainsi. On porte sous 0
l’unique
élément deEo,
sous 1 les éléments de
El,
etc. Ce sont les noeuds de l’arbrerangés
par niveaux.Ensuite, on joint
le noeudxn E En
au noeud si1- xn,
f
étant la transition du niveau n + 1 au niveau n. Leprototype
est l’arbre
binaire,
les transitions étant lesprojections.
Le passage du fini à l’infini se fait en considérant les branches de l’arbre. Une branche est une suite de noeuds(xn n >_ o)
telle que, pourchaque ~ ~ +1 = ~.
L’ensem-ble des branches E est, pour
chaque n
muni d’uneapplication 1tn :
E -~En qui
consiste àprendre
le noeud d’indice n de la branche.Clairement,
l’ensemble des branches munies des
projections
est une limiteprojective
du
système projectif
d’ensembles finisparticulier qu’est
un arbre. Commelimite
projective
d’ensemblesfinis,
l’ensemble des branches est un espacecompact totalement
discontinu,
et les noeuds forment une base dénombra- ble d’ensemble ouverts-fermés : il suffit pour s’en convaincre d’identifierun noeud aux branches
qui
passent par lui.Visiblement,
la suite des noeudsqui
définissent une branche forment une base devoisinages
ouverts fermésde la branche.
1. 4.
L’aspect métrique,
ouplutôt ultramétrique
passe par la notion trèssimple
depondération.
(1. 4 .1)
Onappelle pondération
de l’arbre(Eo, El, ... )
une suite descalaires
(Eo, E1.... )
strictement décroissante vers 0.A une telle
pondération
est associée uneultramétrique.
Si x et y sont des branches différentesqui
seséparent
au noeud a eEn, posons 8 (x, y)
= 8~On montre facilement que
(1.4. 2) L’application 8
est uneultramétrique
surl’espace
compact totale-ment discontinu des branches.
Nous avons montré
([5], [6])
que(1.4. 3)
Tout espace compactultramétrique
estl’espace
des branches d’un arbrepondéré unique,
muni del’ultramétrique définie
par lapondération.
Remarquons
quel’espace
des branches de l’arbrep-aire
muni del’appli-
cation 1:
U {0, 1, ...,~-1}"-~R~
estéquipé
d’uneultramétrique
n i o
(1.1.1).
Mais l’arbrep-aire
n’est pas l’arbre de cetteultramétrique.
Lesbranches sont les
mêmes,
mais les noeuds sontrangés
par niveaux defaçon
différente :
plutôt
querangés
parlongueur
de mots, ils le sont en tenant compte de lalongueur
de l’intervallequ’ils représentent.
On dit que l’arbrea été
réorganisé.
Leslongueurs
sont strictementpositives
et s’accumulenten 0. Leur
ensemble, dénombrable,
s’ordonne en une suite décroissantequi
donne lapondération
del’ultramétrique (cf [6]).
1. 5. Le cantor itéré K considéré
plus
haut faitpartie
de la famille des ensembles de Cantorréguliers,
ainsi définie :(1.5.1)
On ditqu’un
espacemétrique
compact totalement discontinu est un ensemble de Cantorrégulier
s’il estquasi isométrique
à un espace compactultramétrique.
Ainsi,
de tels espaces s’étudient via un arbrepondéré.
Lespoints
sontdes
branches,
les noeuds des ouverts fermésqui génèrent
latopologie.
Achaque
niveau ondispose
d’un ensemble fini de noeuds. L’étudethermodynamique
d’un tel ensemble revient à l’étude de lathermodynamique
des arbres
pondérés.
Des résultats
plus précis
sur les ensembles de Cantorréguliers
sontdonnés dans
[5], [6].
On y montre enparticulier qu’à
tout espacemétrique
compact totalement discontinu est associé fonctoriellement un arbre pon-déré, lequel
arbre nedépend
que del’espace
à l’exclusion de toutprocédé
de contruction : en
résumé,
les espaces nommés ci-dessuspossèdent
unarbre
pondéré intrinsèque.
2. ARBRES ET GRANDES
DÉVIATIONS
2.0. On se propose ici
d’adapter
aux arbres le formalisme desgrandes
déviations et d’énoncer les résultats
qui
serviront dans la suite. Nousadoptons
laprésentation
de R. S. Ellis[4]
et pour lesdémonstrations,
renvoyons à cet auteur.
2 .1. Soient un arbre
(Eo, Ei, ... ),
unepondération (80,
8~... ),
etune fonction 1: U est un entier
fixé).
Pourchaque ~1
n~O
vient une
application
(où ln
note la restriction de 1 àEn), qu’on
convientd’appeler
le vecteurénergie
du niveau n.Maintenant,
soit(~,~ ( n > 1 }
une suite deprobabilités,
oùchaque
estune
probabilité
surEn.
On diraqu’une
telle suite est un état de l’arbre. Achaque
niveau on associe la fonctionCn:RdR
donnée en t E Rdpar
Chaque
fonctionCn
est convexe,analytique,
nulle en zéro. Nous feronsl’hypothèse
suivante :(2 . 1 . 1)
Pourchaque
t ERd,
la suite desCn (t)
converge vers C(t).
La fonction C
(t),
limitesimple
de fonctions convexes, est convexe. Dansce cas, la convergence est uniforme sur les compacts de R~. R. S. Ellis
nomme
énergie
libre cette fonction[en fait, C (t)
n’est pas unpotentiel thermodynamique
mais une fonction deMassieu].
2.2. Notons 1 la transformée de
Legendre
del’énergie
libre. Poury E Rd :
Vu que C
(0)
=0,1 (y)
estpositive.
Elle est à valeur dans[0, 00], puisqu’infi-
nie sur le
complémentaire
del’image
de C’. Elle est convexe par nature,et pour
chaque
scalairefini,
l’ensemble de niveau est compact(et convexe).
Le résultat essentiel porte sur le comportement des
probabilités images
directes
(2.2.1)
THÉORÈME. - Avec lesdonnées, hypothèses
et notationsqui précèdent,
pour toutK fermé cRd,
2.3. Le résultat suivant relie la sous-différentiabilité de la fonction
d’énergie
libre à la convergenceexponentielle
enprobabilité. Rappelons qu’un
vecteur z est unsous-gradient
de C en ysi,
pour tout h :C(~+/!)~C(~)+(z, h ~ .
La sous-différentielle de C en y est l’ensemble dessous-gradients
de C en y. Cet ensemble est noté ôC( y).
(2 . 3 .1) 1 (z) = 0 si et
seulement si z E ôC(o).
En outre, aC(0)
est unconvexe
fermé, borné,
non vide.’
Ce résultat introduit à la notion de convergence
exponentielle :
si U estun
voisinage
ouvert de ôC(0),
alorsCeci se traduit par : pour tout
voisinage
ouvert U de ôC(0),
il existe r > 0 et no tels que, si n > no :Qn (U~) _
(2.
3.2)
On dit que la suite(Qn I n >__ 1)
convergeexponentiellement
sur Krelativement à la suite
( - log I n >_ 1)
si, pour toutvoisinage
ouvert Ude K on a la
propriété précédente.
Lorsque
K est unpoint,
on dit que la limite est là valeurd’équilibre.
2 . 4. Soient n >_
1 )
et(vn
n >_1 )
des suites deprobabilités,
l’indice ndonnant des
probabilités
surEn (on parle
d’états surl’arbre).
(2 .
41)
On dit que les suites sontéquivalentes
s’il existe A > 0 tel que Il est clair que l’existence de la fonctionénergie libre,
de la limiteexponentielle
aussi bien que leurs valeurs nedépendent
que des classes modulo cette relation. Enparticulier,
l’état parexemple
peutprovenir
d’uneprobabilité
v surE, chaque
vn étantl’image
de v surE par
la
projection
d’indice n.(2 . 4 . 2)
On dira que laprobabilité
v sur E estéquivalente
à n >_1)
siles suites des vn et des ~,n sont
équivalentes.
2 . 5. Les vecteurs
d’énergie log ln/log En Rd
définissent parcomposition
avec lesprojections
7r~ : E -~En
une suite de fonctions définiessur
E,
à valeurs dans Rd. Chacune de ces fonctions est abusivement notéeRappelons
un dernierrésultat,
corollaire du lemme de Borel-Cantelli.(2.
5.1) Supposons
que la suite EI,... ) vérifie
lapropriété
suivante :pour tout r >
0, E~
+E~
+ ... 00 et soit p uneprobabilité
sur E. Si la suitedes
probabilités
.converge
exponentiellement
dans Rd sur un compactK,
et siEK
notel’ensemble des branches x de l’arbre le
long desquelles
la suitelog lxn/log
En - 1 est bornée et dont les valeurs d’adhérenceappartiennent
àK,
alors :2.6. Le résultat
précédent
affirme que, sous certainesconditions,
lamesure y est concentrée sur
EK :
c’est laterminologie
que nousadopterons
dans la suite. Ce
résultat, joint
à(2. 3.1),
donne finalement :(2.6.1)
Si une mesure y sur E induit un1 )
conduisant à uneénergie
libre C(t),
cette mesure est concentrée surEac
(0).Rappelons
que celasignifie
que la mesure est concentrée sur les branches x dont les valeurs d’adhérence z sontbornées,
et telles que,quel
que soit t :
C(~)~(z, t ) .
3. MESURE DE GIBBS
3.0. Nous travaillons maintenant avec les données suivantes :
- un arbre
(Eo, El, ... ) pondéré
par(so,
81,... ),
- une fonction 1 : U
En Rtd,
nO
- une mesure ~. sur
E,
telle que l’état(~~~1)
sur l’arbre admetteune
énergie
libre C(t).
Nous avons vu que la mesure Il est concentrée sur les branches dont les adhérences
d’énergie
sont dansôC (0).
Nous allons définir la mesure de Gibbs deparamètre
s ~ Rd de telle sortequ’elle
soit concentrée sur les branches dont les adhérencesd’énergie appartiennent
à 8C(s).
3.1.
Plaçons-nous
au niveau n. Nous sommes enprésence
d’un ensem-ble fini
En,
d’un état Jln et d’un vecteurd’énergie log ln/log En
Rd.Toutes ces données permettent la construction de mesures de
Gibbs,
paramétrées
par s E Rd. Notonsplus
sobrement l-S a le scalaireLa mesure de
Gibbs,
indexée par est la mesure surEn,
normalisée par
puisque, rappelons-le (2.1) :
A s E Rd fixé,
affectons l’ensembleEn
de la mesure de GibbsÉvidemment,
engénéral,
cesprobabilités
ne sont pas issues d’uneprobabilité
Ils sur E : tout leproblème
des mesures de Gibbs est là. Calculonsl’énergie
libre pour l’état1)
sur l’arbre :d’où
finalement :
et, en utilisant
(2 . 6 . 1 ) :
(3 . 1 . 1)
La suite desprobabilités (log ln/log
n, s converge exponen- tiellement dansRd
sur aC(s).
3 . 2. L’état
1)
sur l’arbre ne se recolle pas en un état Ils surE, plus précisément,
nous ne sommes pas enprésence
d’unsystème projectif
de mesures. Comme nous le
remarquions
en(2 . 4),
travailler àéquivalence près
n’altère pas certainespropriétés asymptotiques,
d’où la définition suivante :(3 .
21)
Onappelle
état de Gibbs d’indice s E Rd tout état y sur Eéquiva-
lent à
1),
i. e. pourlequel
existe une constante k > 0 telle que, pour tout a EEn :
Clairement,
deux états de Gibbs de même indice étant tels quesont des mesures sur E
équivalentes
au sens usuel. De cefait,
un état deGibbs est en fait une classe pour cette
équivalence.
Comme il résulte de
(2 . 5 . 1 ) :
(3 .
2 .2)
Un état de Gibbs d’indice SE Rd est concentré sur les branches dont les adhérencesd’énergie appartiennent
à ôC(s).
3. 3. Tout concept attaché à une mesure, invariant par
équivalence,
aun sens pour les mesures de Gibbs définies ci-dessus. Au niveau n, nous avons, en passant au
logarithme :
En
intégrant
sur le niveau n, en divisantpar - log
et en notantSn
lafonction
d’entropie
du niveau n :d’où,
si nous supposons l’existence de C’(s) :
Or, ( s,
C’(s) ~ -
C(s)
estjustement
la valeur de la fonctiond’entropie
1au
point
C’(s),
d’où( 3 . 3 .1 ) lim
-log
1 En - 1
= I
(C’ ( s ))
si y est un état de Gibbs en unpoint
SE Rd où C’(s)
existe.4.
THÉORÈME
D’EXISTENCE4.0. Tout compte
fait,
la fonctionénergie
et l’état de Gibbs aupoint
SE Rd fontintervenir,
pourchaque a E En,
non pas le vecteurmais le
produit
Nous sommes donc
amenés,
pour traiter de l’existence de l’une etl’autre,
àrépondre
auxquestions
suivantes :l’arbre,
lapondération,
la mesureétant donnés. Soit 1 : U
En Rt .
(i)
Pourchaque
n >_1 ,
soitCn
=(log
En -1) - 1 ¿ la
a. La suite desCn
a E En
admet-elle une limite ?
( ii)
Peut-on trouver une mesure y sur E pourlaquelle
existe une constanteh ~ 0 telle que, pour tout a E
En :
Nous allons voir que pour les arbres
p-aires, équipés
de lapondération
c
- e n,
lesréponses
sontpositives lorsque
la mesure p estquasi-ernoulli
et
lorsque
lafonction
1 estquasi
additive.4 .1.
Rappelons
que par arbrep-aire(p>2),
nous entendons l’arbre formé àchaque
niveaun >_ 0
par les mots delongueur n
construitssur
l’ensemble {0, 1,
...,p-1}.
Les transitions sont lesprojections
oubliant la dernière lettre. La limite
est {0, 1,
...,p - 1 ~N.
La pro-jection ~ : {0, 1,
...,p -1 F -~ { 0, 1,
..., consiste à associer(ao,
ai, ..., au mot infini(ao,
al,...). Rappelons
enfinqu’une
mesure y sur
~0, 1,
..., est la donnée de scalairespositifs ~
a,pour
1,
...,p -1 ~"
tels que :Du fait que U
( 0, 1,
... , est un monoïdelibre,
toutmorphisme
nO
de
monoïde,
ï. e. touteapplication
1 telle que :à valeur dans
R*
est caractérisée par les valeurslo, ll, ... , lp_ 1 :
c’est lecas additif et, du
point
de vueprobabilité,
le cas Bernoulli. Introduisons les casquasi
additifs etquasi
Bernoulli.(4.1.1)
Ondit que
1 :U {0,
uneapplication
nz o
quasi
additive s’il existe une constante K > 0 telle que, pour tous motsfinis
a, b :Une
probabilité ~ 1,
...,p -1 ~ N quasi
additive sera ditequasi
Bernoulli,
i. e. il existe une constante M > 0 telle que, pour tous mots finis a, b :L’intérêt de la
quasi additivité,
outre l’abondance desexemples,
est sagrande
stabilité :- La
quasi
additivité se conserve parproduits
et parpuissances quelconques.
- La
quasi
additivité se conserve par renormalisation. Voici cequ’on
entend par là. Soient 1
quasi
additive et aE {O, 1,
...,~ - 1}".
Définissonsune
application T
enposant : lb
=lab/la.
Exemples d’applications quasi
additives :- les
applications additives,
enparticulier
lesexponentielles
du nombred’apparitions
d’unsymbole donné,
- les
longueurs
d’intervalles provenant des Cantor itérés[cf (1.2.1)],
- les mesures de Sinaï-Ruelle-Bowen et les mesures de Gibbs que nous avons définies
plus
haut.4.2.
Énonçons
le théorèmeprincipal :
(4.2.1)
Soient un arbrep-aire, équipé de
lapondération (~"~~~0),
d’une mesure p
quasi
Bernoulli et d’uneapplication
quasi
additive.(i)
La suite deslog ( ~ la y a)
admet une limite C.a E { 0, 1, ... , p- 1 }n
_- _.__
En outre, il existe une constante K >_ 1 telle que, pour tout n >_ 1 :
(ii)
Il existe un état de Gibbs y pour cesdonnées,
i. e. il existe uneconstante R > 0 telle que, pour tout mot
fini
aE ~ 0, 1,
...,p -1 ~" :
Avant de passer à la
démonstration,
situons ces mesures par rapportaux mesures de
Sinaï-Ruelle-Bowen,
issues d’unpotentiel.
Dans le cas oùl’application
1 est lalongueur
des intervalles résultant de la construction du cantoritéré,
et oùl’inégalité
donnée par(ii)
ci-dessus est :ce
qui
fait que y estéquivalente
à une mesure deRuelle-Bowen,
C +log
p étant lapression.
4.3. Démonstration de la
première partie
du théorèmeprincipal.
Notons L et M les constantes strictement
positives
telles que pour tousmotsa,b:
et posons
Zn= L
d’oùlog Z~.
a~{0,1,...,p-l}"
Écrivant 1, ...,
on montre queOn se souvient alors de l’exercice
99, proposé
par G.Pôlya
et G.Szegö [9],
dont la solution est
précisément
lapremière partie
du théorème :(4 . 3 . 1)
Soit une suite(al,
a2,... ) véri~f’iant
La limite (0 de la suite existe et :
Une remarque : la constante K
qui
intervient dans le théorème est ML.4 . 4. Introduisons la fonction
génératrice
en le mota E pk.
Ils’agit
de lasérie suivante :
On posera
On
peut
voir les choses ainsi.Plaçons-nous
au noeud a de l’arbrep-aire,
situé au niveau k > 0. Si l’on
prend
les branchesqui
partent de cenoeud,
on définit un arbre
p-aire,
dont les noeuds sont les mots finisqui prolongent
le mot a. Sur cet
arbre,
on définit une mesure en posant J.1ac/J.1 a
commemasse du mot c
(on
asimplement
conditionné par lecylindre a)
et unefonction
quasi
additive donnée parlac/la.
On peut dire
qu’on
a renormalisé les données. Dans le cas « tout additif », les fonctionsgénératrices
enchaque
noeud sont touteségales :
les données se renormalisent
parfaitement.
Dans le casquasi additif,
les fonctionsgénératrices
sont, dans un sens àpréciser, proches
les unes desautres. L’existence de mesures de
Gibbs,
même dans un cadreplus général,
est liée à ce
phénomène.
(4 . 4 .1 )
La sérieZa (s) possède
une abscisse de convergence donnée parL’étude de cette limite se fait avec la
première partie
du théorèmeprincipal.
Eneffet, puisque lac/la
et y a sontquasi additives,
la suiteenvisagée
converge, et du fait queCette limite ne
dépend
pas du mot a et estégale
àC, qui correspond
aucas a =
0.
En outre, comme nous leremarquions
en(4 .1. 2),
en renormali-sant, on peut
prendre
des constantesindépendantes
du mot a car,rappel- ons-le,
On obtient le résultat intermédiaire suivant en localisant les résultats de la
première partie
du théorèmeprincipal
au noeud a.(4 . 4 . 2)
SoitZQ (s)
= 1 +Zl (a)
e - +Z2 (a) e r 2s
+ ... lafonction généra-
trice d’un noeud a.
(i)
Toutes ces séries ont même abscisse de convergence C.(ii)
Il existe une constante K >0, indépendante
du mot a, telle que, pour toutComme
corollaire,
on obtient un encadrement uniforme en le noeud des fonctionsgénératrices
pour s > C. C’est unepropriété
fondamentale des fonctionsgénératrices
dans le cas additif.(4 . 4 . 3)
Il existe une constante K>O telle que, pour s > C etchaque
noeud a,
On peut
prendre
K =(LM)~.
4.5. Existence de la mesure de Gibbs. Nous noterons
abusivement ln :
{0,l,...,p2014l}~-~R~
lacomposée
deln
avec laprojection
{0, 1, ...,/?2014l}~-~{0, 1, ...,/?20141}".
Considérons la fonction poursER,
à valeur dans[1, oo]
donnée par la sérieClairement,
On définit ainsi une famille deprobabilités
(s))
pours > C,
dont il est facile de calculer la valeur au Vol. 3-1993.noeud a E
pk :
Écrit
autrement,Lorsque s
tend versC,
la famille admet au moins une valeur d’adhérence pour la convergence faible.D’après (4. 4. 3),
on sait queZ0 (s)
tend vers l’infini et que le rapport
Za (s)/Z~ (s)
restecompris
entre K-2 etK2,
et ce,indépendamment de a,
si bien que, si y est une valeur d’adhé- rence, on a, poura Epk :
Puisqu’en outre ~ ~ ~
demeureborné,
y est une mesure de Gibbs.Notons
qu’on
peutprendre
K =(ML)12.
Le théorème estprouvé.
4. 6. Soient
toujours
unarbre p-aire, pondéré
par~e - ~n + I ~ I n >_ o),
munid’une mesure
quasi Bernoulli,
et d’une vecteurdont
chaque
composante estquasi
additive. Pourchaque
t ERd,
leproduit
est
quasi additif, d’où,
avec le théorèmeprincipal,
une fonctionénergie
libre C
(t)
et une mesure de Gibbs.Énonçons
le théorème d’existence dansce cas.
(4 .
6 ..1 )
Soient un arbrep-aire, pondéré
par(e -
~n + 1~1
n >__0),
muni d’unemesure p
quasi
Bernoulli et d’un vecteurd’énergie
1 à valeur dans Rd dontchaque
composante estquasi
additive.(i)
Pourchaque
t ERd,
la limite deexiste,
définissant
unefonction énergie
libre C : Rd -; R.(ii )
Pourchaque
t ERd,
il existe une mesure ~.t1,
...,p -1 ~N
dite de
Gibbs,
pourlaquelle
existe une constante K > 0 telle que, pour tout1, ...,p-1~n :
(iii)
Notons l’ensemble des1,
..., tels que la suite(n-1 log lan 1
n >_0)
ait ses valeurs d’adhérence bornées et dans ôC(t).
La mesure ~,t est concentrée sur
Eac
~t ~-(iv) Lorsque la fonction
C(t)
estdifférentiable
en t ERd,
la mesure ~t est concentrée sur l’ensemble des aE ~ 0, 1 ,
...,p -1 ~N
tels queet
l’entropie
de la mesure ~.~ est donnée par I(C’ (t)).
La démonstration des
points (iii)
et(iv)
résulte de(2 . 5 .1 )
et(3 . 3 .1 ).
Évidemment,
la constante Kqui
intervientdépend de tE Rd.
Précisonscette
dépendance.
Notons M la constante dequasi
additivité de la mesureet
Lk
celle de chacune des composantesquasi
additiveslk
du vecteurd’énergie
1. En passant à lapuissance
tk, vient une constanteLkrk 1.
Pourla convergence de
Cn (t)
vers C(t),
on a :(remarquons
que ceci assure la convergence uniforme sur lescompacts.) (4. 6. 2)
Pour la constante K du théorèmeprécédent,
on peutprendre :
5. RETOUR AU CAS
GÉNÉRAL
5.0.
Replaçons-nous
dans le cadregénéral
d’un arbre(Eo, El, ... ) pondéré
par(Eo,
si,... ),
muni d’unvecteur-énergie
1 à valeur dansRtd
et d’une
probabilité
J.l.Rappelons
que note laprobabilité image
surE~, et ln
le vecteur restreint àEn.
Nous ferons en outrel’hypothèse qui
suitsur la
pondération :
(5.0.1)
Pourtout s> 0,
... 00.5 .1. Pour t E Rd
fixé,
et pourchaque
niveau n, viennent la fonction departition
et
l’énergie
libreNotons
Z (t, s)
la somme de la sériesuivante, prise
dans[0, 00] : Clairement,
Vol.58,n°3-1993.