J. L IOUVILLE
Analyse appliquée. Mémoire sur la théorie analytique de la chaleur
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 21 (1830-1831), p. 133-181
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I33
ANALYSE APPLIQUÉE.
Mémoire
surla théorie analytique de la chaleur ;
Par M. J. L I O U V I L L E , élève ingénieur des ponts
etchaussées.
THÉORIE
DE LACHALEUR.
1.
LE
mémoire que l’on va lire est extrait desparagraphes l , 2
et 4
des Recherches sur la théoriephysico-mathématique
de la cha-leur que
j,’ai présentées
àl’Institut,
en février dernier. Je donne les moyens de tenircompte
de la variation dupouvoir rayonnant
aux divers
points
d’une barre échauffée. Je considère comme ar- bitrairementdifférentes,
d’unpoint
à l’autre d’une substance don-née,
sa conductibilité et sa chaleurspécifique.
Cesquestions jus- qu’ici
n’avaient été traitées par aucungéomètre ;
elles semblent of- frir des difficultés presqueinsurmontables , lorsqu’on
suppose aux corps leurs trois dimensions. Si l’on fait abstraction de deux d’en-tre
elles ,
leproblème
estcomplètement
résolu par mon travail.Soit une barre
métallique AB, plougée
dans un milieu entretenu àla
température
o° ; les extrémités de cette barre sontassujëtics à
desconditions
quelconques ;
elles ont , parexemple ,
destempératu-
res constantes. On la suppose d’ailleurs assez mince pour que les
divers points
d’une même sectionperpendiculaire
à l’axe aient tou-jours ,
au mêmeinstant ,
la mêmetempérature.
De la nature decette barre
dépend
saconductibilité ,
que nousregardons
commeinvariable ,
le métal étanthomogène. Quant
aupouvoir rayonnant
ildépend
dupoli
des diverspoints
de labarre ,
et nous sup- posonsqu’il
varieproportionnellement
à une fonctionquelconque
de l’abscisse.
Tom. XXI, n.° 5, I.er
novembre I830. I8I34 THÉORIE
Le cas le
plus simple
est celui où l’on propose de déterminer l’état permanent destempératures , auquel
le corps ne peut arri-ver , en
rigueur , qu’après
untemps
infini. Le mouvement de la chaleur estreprésentée
alors par uneéquation
linéaire du secondordre entre la
température
u et sa fluxion seconded2u dx2 , prise
par
rapport
à 1 abscisse x. A cause de la fonction arbitraire rela- tive au rayonnement ,l’équation
dont nousparlons
est laplus générale
de sonespèce. Il s’agit
d"en trouverl’intégrale complète.
L’un des moyens que nous
employons
consiste à substituer à la courbequi représente
lepouvoir
rayonnant, en fonction del’abscisse,
unpolygone
inscritqui
en diffère aussi peuqu’on
veut.Le
second ,
àdévelopper
la valeur de u en une suiteinfinie ,
dontnous montrons
généralement
la convergence. L’un et 1 autre seplient
aisément aux calculsnumériques ,
etpartant
sontsuscepti-
bles
d’applications.
Nous avonsemployé
lepremier,
dès l’année1829 ,
dans un mémoirequi
ne traitait que du mouvement per- manent , et que nous avonsreproduit
dans nos recherches de i83o.Dans tous les cas ,
l’équation
duproblème
étant linéaire et dusecond
ordre ,
il suffit d’en connaître uneintégrale particulière
pouren trouver
l’intégrale complète ;
ou , pour traduirephysiquement
celle
propriété mathématique ,
on traiteragénéralement
la ques-tion du mouvement
permanent
de la chaleur dans unebarre ,
sil’on résout par
l’expérience
cette mêmequestion ,
enassujétissant
les extrémités de celle
barre a
des conditionsparticulières.
Les difficultés
d’analyse
s’accroissentdéjà beaucoup lorsque
c’estle mouvement
linéaire
et varié de la chaleurqu’on
veut mesurer.La
température
devenant alors une fonction de l’abscisse x et dutemps t, dépend
alors d uneéquation
aux différencespartielles
àdeux variables
indépendantes.
Heureusement la seconde d’entre cllesn’y
entrequ implicitement ,
cequi permet d’employer
les mé-thodes ordinaires. On
développe
la valeur de u en une série d"ex-ponentiels qui contiennent ,
enexposant
letemps t , multiplié
parI35
DE LA
CHALEUR.
diverses
quantités successives ,
queje désigne ,
engénéral ,
par -m , et que l’on détermine ensuite. Chacune desexponentielles
a pour coefficient une fonction de 1 abscisse.
L’équation qui
donnela valeur de chacun de ces coefficiens est linéaire et du second ordre.
Elle a la même forme que celle
qui
a étéprécédemment traitée ;
les mêmes niéthodes lui sont
appiicables ;
et c’est ainsi que lemouvement varié se ramène au cas
plus simple
du mouvementpermanent.
Toutefois il reste à déterminer les valeurs des constantes arbi-
traires,
en nombre infini . introduites parl’intégration
de ceséquations diverses,
etqui dépendent
de l’état initial de labarre,
comme
l’équation qui
donne les valeurs de mdépend
des con-ditions relatives à ses extrémités. La forme de cette dernière
équa-
tion rend cette détermination
très-simple.
Ici seprésentent
descalculs
analogues
à ceuxqu’on
trouve dans les ouvrages de MM.Fourier et
Poisson,
et lapossibilité
dereprésenter
une fonctionquelconque ,
entre des limitesdonnées ,
par une série dontles
termes sont les
intégrales
d’uneéquation
linéaire du second or-dre.
Déjà
l’on avaitdéveloppé
une fonctionquelconque
en sériede sinus et de
cosinus ,
et en suites infinies formées de ces quan- titésqui
seprésentent
dans les recherches relatives à l’attraction dessphéroïdes ;
maisje
ne sache pas quejusqu’ici
on ait fait unsemblable
usage
des fonctions transcendantes que notreanalyse
nousa fournies.
La
quantité générale m , qui
entre comme facteur dutemps
dépend
d’uneéquation
dont toutes lesracines
sont réelles et po- sitives. Eiles ne sont pasnégatives,
car alors latempérature
croî-trait indéfiniment avec le
temps ,
et il est clair que cela nepeut
arriver ici. Si elles étaientimaginaires,
les mouvemens libres dela chaleur seraient
assujétis
à desoscillations,
cequi
estimpos-
sible sans 1 action de causes
périodiques
extérieures. Cette démons- tration directe etgénérale
est de M. Fourier. Toutefois nous avonsprouvé ,
par un moyenparticulier ,
dans laquestion qui
nous oc-cupe , la réalité des ra‘ines de
l’équation déterminée ,
afin de mieux établir l’accord des élémensanalytiques
dont se forme la théo ie.Jusqu’ici
nous avonssupposé
constantes et la conductibilité etla chaleur
spécifique
de la barre.Cependant
si sa matière étaithétérogène ,
ces deuxquantités
varieraient avec les coordonnées dechaque point.
Par un heureuxhasard ,
laméthode qui
tientcompte
de la variation dupouvoir rayonnant
s’étend à la réso- lution du nouveauproblème
dont nousparlons.
Cette extensionde notre méthode n’offre aucune difficulté. Elle se trouve détail- lée dans les derniers
paragraphes
de notre mémoire.II. Dans les divers mémoires
qui
ont étépubliés
sur la théo-rie de la
chaleur ,
lesgéomètres
ontnégligé
de tenircompte
dela variation du
pouvoir rayonnant
d’unpoint
à l’autre de la sur-face du corps en
expérience.
L’examen des effetsproduits
par cette variation sera lesujet
de nospremières
recherches. Considérant d’abord le cassimple
d’une barremétallique
parvenue à un étatpermanent,
et assez mince pour que les diverspoints
d’une mêmesection transversale
puissent
êtreregardés
comme ayant . à cha- queinstant ,
unetempérature
commune,j’essaye
ensuite de trai-ter, par la même méthode et dans le même
but ,
desqaestions plus
élevées.Soit AB une barre
métallique , homogène,
maisinégalement polie ,
dont les extrémitésA ,
B sont constamment entretenues auxtempératures 03B8 , 03B8’ ;
en unpoint
mquelconque
de cettebarre,
dont la distance à
l’origine
A estreprésentée
par x, latempé-
rature est
assujétie
àl’équation
lorsque
l’on considère la barre arrivée à un étatpermanent ,
dansun milieu dont la
température
estprise
pour le zéro de l’échelleDE LA
CHALEUR.
I37thermométrique.
Je tire cetteéquation
dupremier
mémoire de M.Poisson ,
sur la théorie de la chaleur : 03C9 estl’aire , 03B5
le con-tour d’une section
perpendiculaire
à l’axe. Le coefficient K me- sure la conductibilité de la barre. Nous supposonsqu’en
tous sespoints
il a la mêmevaleur ,
ainsi que w et 03B5. Lecoefficient 7
mesure le
poavoir rayonnant
dela
surface extérieure : il varie d’unpoint
àl’autre,
à cause del’Inégalité
dupoli
des différenspoints
de cette surface. Nous lereprésentons
par la fonction dé- terminéef(x) ;
et de la sortel’équation ci-dessus
devientPour résoudre le
problème
que nous nous proposons , il fautintégrer cette équation
et déterminer les deux constantes de sonintégrale
par cette double conditionqu’à
x=0réponde u=03B8 ,
etqu’à x=AB=l réponde u=03B8’,
III. Nous observerons d’abord que
l’équation (i)
étant linéaireet du second
ordre ,
estintégrable , chaque
foisqu’une intégrale particulière
en est connue. Cette remarque, faitedepuis long-
temps, répond à
unepropriété
du mouvement linéairepermanent
de la chaleur.Supposons ,
eneffet,
la barre ABplacée
dans unmilieu entretenu à
0°,
et ses extrémités ayant destempératures
constantes
quelconques. Déterminons ,
parl’expérience ,
la loi destempératures permanentes. Qu’elle soit ,
si l’on veut ,représentée
par
l’équation u=F(x).
De cetteloi ,
et sans connaître le pou- voirrayonnant
dontdépend f(x) ,
on tire la valeur de la quan-tité u ,
dans un casquelconque.
Eneffet,
par la manière même dont onl’obtient,
la fonctionF(x)
satisfait à la conditionSoit v une
nouvelle variable.
Posonsu=vF(x) ;
il en résulteraEn substituant ces valeurs dans
l’équation (i) ,
elle deviendra.et se réduira à
On a
donc , sur-le-champ ,
où C et CI sont les constantes arbitraires.
Multipliant
parF(x)
la valeur
de v,
on obtient la valeurde u ; savoir :
Ainsi
donc,
comme nous l’avonsdit,
leproblème général
du mou-vement linéaire et
permanent
de la chaleur se traite sansdifficulté , quand
on sait le resoudre pour un étatparticulier
des extremites de la barre.IV.
Mais ,
si l’on ne connaît pasF(x) ,
et que lepouvoir
rayonnant f(x),
aucontraire,
soit déterminé par un moyenquel-
conque, il faudra recourir à des calculs d’une autre nature. Une considération
qui
seprésente
d’abord nousdirigera
dans la mar-che que nous
devons prendre. Nous
admettrons que la fonctionI39
DE LA CHALEUR.
f(x)
a été obtenue parinterpolation ,
en mesurant , parexemple,
sa valeur au
point
A , aupoint
B et aux n-Ipoints
intermé-diaires
également espacés
entre eux de laquantité l n. Soient b’ ,
b" les valeurs de
f(x)
à deux de cespoints consécutifs ,
dont lesabscisses sont xl ,
x" ;
faute de donnéesplus positives ,
on pourra supposer queLa barre se trouvera ainsi
partagée
enportions d’égale longueur
pour
lesquelles
la valeur def(x)
etl’équation (I)
seront différen-tes, ce
qui
nécessitera de nouvelles conditions pour la détermi- nation des nouvelles constantes arbitrairesqu’introduira l’intégra-
tion de ces
équations
diverses. Ces conditions consistent évidem-ment eu ce
qu’aux
diverspoints
departage
de labarre ,
les va-leurs de u et
du
doivent être lesmêmes ,
soitqu’on
les déduisedx
de
l’équation qui
serapporte
à lapartie
antérieure aupoint
dedivision dont il
s’agit,
ouqu’on
les déduise del’équation qui
serapporte
à laportion
située au-delà.Je
distinguerai
par lesnuméros 1 , 2 , 3 ,
... p., ... n lesn
parties égales
danslesquelles
la barre a été divisée. Je nom-merai u03BC la
température
de lapartie 03BC ,
etp03BC+q03BCx
la valeur cor-respondante
def(x) K03C9.
De la sortej"aurai
ces néquations
indéfiniesI40
l’intégration
de ceséquations-
introduira 2n constantes que Fon déterminera par ces 2n conditions :V. Toute la
question
ainsi ramenée à trouver1 intégrale
com-plète
del’équation générale
se trouve réduite à un
problème
purementanalytique ,
dont onparvient,
sansbeaucoup
depeine ,
à obtenir la solution. Et d’a-bord ,
enposant
l’équation (2)
sechange
enDE LA CHALEUR.
I4I
Sous cette
forme,
on reconnaît1.0 que l’équation (3)
rentre dansun des cas de
l’équation
de Riccahqui , jusqu’à présent,
ontéchappé
à toutes lesméthodes,
etqui
vraisemblablement ne se- rontjamais résolus ;
2.°qu’il
faut renoncer, parconséquent ,
àexprimer
la valeur de u03BC autrement que par des séries convergen-tes ou par le secours de
quadratures
définies.VI.
L’équation (3)
étant linéaire et du secondordre ,
il nous suffira d’en chercher deuxintégrales particulières
pour arriver àson
intégrale complète.
L’une et l’autre se déduiront dudévelop-
pement
de u03BC ensérie ,
suivant lespuissances
croissantes de z.Considérons la suite infinie
dont la loi
régulière
est facile à saisir. La différentielle seconde decette
quantité
estde sorte
qu’en posant
on satisfera à
l’équation (3).
Toutefois la corrclusion
pourrait
êtreinexacte ,
si la série dont il estquestion
cessait d’êtreconvergence.
Nous allons faire voir que cela n’ajamais
lieuquelque grand
nombre que l’onsubstitue à la
place
de z. SoientP , Pl
deux coefficiens con-Tom. XXI. 19
sécutifs oui
répondent
dans la série auxpuissances
n-2et n+I
de x.Le rapport de ces deux termes sera =
z3 n(n+I)
.
Quelque grand
nombre
qu’on
prenne pour z , enassignant
à n une valeur assezconsidérable,
il seratoujours possible
de rendre Pplus grand que P/;
et , au-delà de cette valeurde n,
lerapport I’ P
irasans cesse en décroissant avec
rapidité jusqu’à
devenir nul. On ar-rivera
donc,
en considérant la série que nous prenons pour va- leur de u03BC à un terme P, tel que, si ton forme laprogression géométrique P(I+03C1+03C12+...),
où la raison est moindre q.lel’unité , et
dont la somme cstfinie,
le reste de la série sera moin-dre que cette
somme P I-.
La valeur de ut-’ se trouve donc ainsi
exprimée
par une série con-vergente ,
dans tous les caspossibles,
servira à en calculer la valeuravec tel
degré d’approximation
que l’on voudra. Cette série a enoutre
l’avantage
des’exprimer élégamment,
sous formefinie ,
par le secours d’uneintégrale
définie.VII. Pour démontrer avec facilité cette
proposition , j’écris
lavaleur de Uf’ sous la forme
ou bien
de sorte
qu en général
onpeut représenter
ainsi deux termes con-sécutifs.
I43
DE LA
CHALEUR.
Les numérateurs des fractions
qui multiplient z3n,
z3n+3 étant re-présentés par Pn, Pn+I,
sontassujétis
àl’équation Pn+I=Pn(I+3n).
La méthode
indiquée
parLaplace ,
dans sa Théorieanalytique des
probabilités,
pourintégrer
leséquations
aux différences finies étantici
applicable ,
on en déduitC
designant
la constante arbitraire et e la base deslogarithmes
deNéper. Ainsi ,
la valeur de u03BCpeut
être transformée en une série telle que la suivante :La série
comprise
entre lesparenthèses
a pourdifférentielle troisième,
par rapport à z ,de sorte
qu’en
lareprésentant par À t
elle satisfait àl’équation
d303BB dz3
=03B103BB ,
d’où résulteCI , C2 , C
3désignant
des constantes , et I , 03C1 ,03C12
étant les troisracines
cubiques
del’unité ;
et comme il est évident que, pourz=0 , on doit avoir
03BB=I ,
- =0, d203BB dz2 =0 , on trouvera sanspeine,
en serappelant
queI+03C1+03C12=0 ,
I44
Par
conséquent,
VIII. En différeiitiant deux fois de
suite,
parrapport
à z , la série suivanteon obtient ce résultat
En
posant
doncon satisfera de nouveau à
l’équation (3) ,
dont nous avons ainsiune nouvelle
intégrale particulière.
Les raisonnemensde l’art.VI,
étant
applicables
à cetteintégrale,
montrent enpremier lieu,
quela série
qui
enexprime
ledéveloppement
csttoujours convergente
et
peut
servir à en calculer la valeur avec teldegré d’approxij
mation que l’on désirera. Une marche
analogue
à celle de l’art. VIIdonne ensuite les moyens de l’écrire sous forme
finie ,
par le se-cours des
quadratures
définies.Pour
cela,
il suffit de mettre la valeur de u03BC sous la formeDE LA CHALEUR.
I45
de sorte
qu en général
onpuisse représenter
ainsi deux termes con-sécutifs
Les numérateurs des fractions
qui multiplient
z4+3(n-I) et z4+3aétant dénommés
Pn-z , Pn
sontassujétis
à la conditionde
laquelle
ondéduit ,
par la méthode deLaplace;
Il nous
vient
doncMais ,
si l’on poseon trouvera
d’où on
déduira,
parl’intégration ,
I46
C1 , C2 , C3 désignant
des constantes , et 103C1, 03C12
les trois raci-nes
cubiques
de l’unité. Les constantes se déterminent en obser-vant que,
pour
z=0 , on a03BB=0
,d03BB dz=I , d203BB dz2=0 ;
on trouveainsi
d’où résulte
et, par
conséquent,
IX.
Ayant
ainsidécouvert
aux art. VII et VIII deuxintégra-
les
particulières
del’équation (3) , l’intégrale complète
de cetteéquation
va s’obtenir en faisant la somme desproduits
de ces deuxintégrales
par des constantes arbitraires. On pourra doncprendra
pour
valeur complète
de u03BC celle que donnel’égalité
ou bien encore celle-ci
DE LA CHALEUR.
I47
qui
estl’équivalent
de lapremière ,
delaquelle
elle se déduit enremplaçant
p et03C12 respectivement
par -I+-3 2et
-I--3 2
,
puis
substituant auxexponentiels imaginaires
lesfonctions circu-
laires
équivalentes.
X.
Reprenons présentement l’équation
2
et rappelons-nous qu’en posant p03BC+q03BCx=zq303BC, nous l’avons trans-
formée
en
L’intégrale
del’équation (2)
est , parconséquent
I48
Cette
intégrale
résout la questionproposée,
ou du moins , envertu de l’art. IV , elle réduit le
problème
à la résolution de 2néquations
dupremier degré , qui
doivent déterminer les constan- tes arbitraires.La résolution de ces
équations
est de laplus grande simplicité.
On
part
des deux secondesEllcs contiennent quatre constantes
A1 , BI , A2 , B2 ,
et serventégalement
à déterminer les deux dernières au moyen, des deuxpremières.
Les deux suivantesdonnent A3 , B3
enA2 , B2 ,
d’où ensuite enAI , BI ,
et ainsides autres
jusqu aux
deux ayant - dernièresCelles-ci fournissant
An , Bn ,
on substitue les dernières valeurs dansl’égalisé un=03B8’ ,
pourx=l , qui
dès lors ne contientplus
que
AI , BI ,
etqui , jointe
à lapremière uI=03B8 ,
pour x=0 , fait connaître ces deux constantes dont toutes les autresdépendent.
La
question
se réduit à trouverA03BC+I , B03BC+I ,
en fonction deA03BC , B03BC
par le secours deséquations
En
désignant
par03BC
etV03BC
les deux valeursparticulières
deui,
obtenues aux art. VII etVIII,
on a , comme à l’art.X ,
I49
DE LA CHALEUR.
et
Soit fait x=03BC, et nommons
n
les valeurs
correspondantes
desquantités comprises
entre les pa-renthèses.
Leséquations
de condition serontOn tire de là les valeurs de
A03BC+I , B -
enA03BC , B .
Le dé-nominateur commun de ces valeurs est
Or,
il estremarquable
que ce dénominateur est constammentégal
àq303BC+I .
Cela résulte deséquations
Torr.
XXI. 20
I50
qui
ont lieu par la nature même desquantités U03BC+I , V03BC+I ,
etdont on déduit
Intégrant
on aPour déterminer la constante du second
membre ,
on remonteaux valeurs
et l’on
voit ,
sanspeine,
quel’égalité devant
subsister pour toutes lesvaleurs possibles
deDE LA CHALEUR. I5I la valeur de la constante est
q1 303BC+I. Donc,
ce
qu’il
fallait prouver.XI. La même
analyse
s’étendrait au cas où les extrémités delàbarre ,
au lieu d’être entretenues à destempératures
constantes,rayonneraient
librement dansl’espace.
Elleréduirait ,
comme toutà
l’heure ,
les difficultés duproblème à
celle de résoudre 2néqua-
tions du
premier degré.
Elle s étendraitégalement
à la détermi-nation du mouvement de la chaleur dans une
armille ; problème qui ,
dans lefond,
ne diffère pas de celui que nous venons de résoudre. La réduction des formules en nombres serafacile,
danstous les cas , ce
qui
est le caractère essentiel dune méthode pra-tique. Soit,
pour en donner unexemple ,
AB=l=2mètres ;
la va-leur de
03B5f(03B1) K03C9 ,
aux extrémités de labarre , reprcsentcc
par r , et à sou milieu par o. Enfin que lespoints A ,
B soient entretenusà des
températures
constantes de I0°.De x=0 à x=I , on a p03BC=I , q03BC=-I , et , par
suite
,De x=I à x=2, on a , au contraire ,
=z=x-I .
Substituant ces valeurs dans nos
formules,
pour en déduire lestempératures u
et les flux de chaleur aux diverspoints
de labarre ,
on formera le tableau suivant :
I52
La formule
générale
estdans
laquelle
DE LA CHALEUR.
I53
z étant
égal
à I-x de x=0 à x=I , et à x-I de x=I à x=2.XII. Il n entre pas dans notre
plan
de nous étendredavantage
sur ces détails
qui
neprésentent
aucunedifficulté ;
mais nouscroyons devoir
placer
icil’exposé rapide
dequelques
réflexionsanalytiques
propres à éclaircir cequi précède.
Lesdéveloppemens
dans
lesquels
on vient d’entrerdonnent ,
en résumé , une mé- tlaodegénérale
pourintégrer,
p.rapproximation, l’équation
linéairedu second ordre.
L’approximation
estpoussée
aussi loinqu’on
veut. En
augmentant
à volonté le nombre deséquations
du pre- mierdegré , auxquelles
se ramené la détermination des constantes ,on
s’approche
indéfiniment de la valeur exacte cherchée. Une telle méthodeparaît suffisante ,
dans l’état actuel del’analyse ,
vu ladifficulté de résoudre exactemeut la
question.
Si l’on veut
toutefois ,
onpeut
la traiterd’une
manièreplas
-directe.
En considérantl’équation
on
obtient ,
sansdifficulté ,
une suite infiniequi
ysatisfait ,
et dontla convergence peut être
prouvée
dans le cas duproblème qui
nous occupe. Je compose la valeur de u d’une suite de termes uo ,
u1 , u2 , ...
qui
seront déterminésplus
tard.Ainsi
je
faisLes
quantités
u0 , uI , u2 , ,... devront être tellesqu’on
aitI54
or, cette
équation
est satisfaite si Ion pose , cequi
estpermis ,
d’où on
tire ,
ennommant A , B ,
deux constantes arbitrairesLa somme de ces
quantités
sera la valeur de u etl’intégrale l’équation proposée
si toutefois la suiteinfinie,
fournie par cettesomme , est une suite
convergente ;
circonstance dont il est facile des’assurer ,
comme on va le voir. On considèreséparément
lesdeux séries
DE LA CHALEUR. I55
qui répondent
aux deux constantes arbitraires. La fonctionf(x) représente (
entre les limites x=0 ,x=l )
lepouvoir
rayonnantde la surface de la barre. C’est une
quantité
essentiellement po-slhve , qui ,
pour une ouplusieurs
valeursde x , peut
êfrenulle ,
maisjamais
infinie. Saplus grande
valeurcorrespond
àun
point quelconque
de labarre ;
c’est unequantité
finiepositive
M
qui ,
substituée à laplace
def(x) ,
dans chacun des termesdes deux séries
précédentes,
donnera nécessairement des valeursplus grandes
que celles de ces mêmes termes.Or,
en faisantf(x) =M ,
les deux suites enquestion
deviennentCes deux suites sont évidemment
convergentes.
En s arrêtant à des termes deplus
enplus éloignés ,
les restes nécessaires pouren
compléter
la valeur décroissentrapidement. Donc , à fortiori,
cela a lieu pour les deux suites
qui composent
la valeur de u. On trouverait même aisément le moyen de calculer ledegré d’approxi-
mation
qu’on obtiendrait,
en s’arrêtant à un termedésigné.
Au reste , il n’est pas nécessaire que
f(x)
soittoujours
unequantité positive
de x=o àx=l ; f(x)
peut avoir des valeurs tantôtpositives
et tantôtnégatives ;
il suffit quejamais
ces valeursne soient munies.
Alors ,
dansl’analyse qui précède ,
onappelle
Mla
plus grande
d’entreelles ,
abstraction faitedu sine.
Le rai-sonnement
portera uniquement
sur les nombres et seraégalement rigoureux.
Ainsidonc ,
toutes les foisqu’entre
des limitesfixes ,
la fonction connue
f(x)
ne passerapoint
parl’infini , quelle qu ea
soit d’ailleurs la nature ,
l’intégrale
del’équation d2u dz2 = 03B5f(03B1) A03C9 .
usera
exprimable
ensérie ,
comme nous venons de le voir. Nous insistons sur cepoint
surlequel
il nous sera utile de nous ap- puyer ,lorsqu il s’agira
du mouvement varie.XIII.
Reprenons
la valeur de ucomposée
des deux sériesElle convergera d’autant
plus rapidcmment
vers salimife ,
que le rayon de la barre seraplus grand
ainsi que sa conductibilité.EUe
représentera
exactement toutes les circonstances du mouve- ment linéairepermanent
de la chaleur.Supposons ,
par excm-ple ,
que latempérature
soit nulle à l’extrémité de la barreou pour x= o , et l’unité pour
x = 1 ;
la constante sera nulleet la constante B aura pour valeur
Admettons que , du
point
A aupoint B ,
la fonctionf(x)
soitI57
DE LA CHALEUR.
toujours croissante ;
on voit que latempérature partira
de 0° ,pour arriver à la valeur I° , au - dessous de
laquelle
elle resteratoujours
dansl’intervalle
de x==o à x=l. Cette valeurcroitra
dans les
premiers instans , proportionnellement
àl’abscisse,
c’est-à-dire ,
comme les ordonnées d’unedroite ;
ensuite comme les or-données d’une courbe
parabolique
d’un ordre indéfini. Les accrois-semens de
température ,
d’abordtrès-petite ,
seront d’autantplus sensibles, qu’on s’approchera davantage
de la limite B. On pour- rait aisément en calculer lesexpressions numériques ,
comme nousl’avons fait voir sur un autre
exemple.
Les résultatscompris
del’art. II à l’art. XI sont de notre mémoire
de I829 ;
ceux desart. XII et XIII n’ont été
présentés
à 1 Institutqu’en I830 ;
ilen est de même des suival1s.
XIV. Nous nous occuperons
présentement
du mouvement variéde la
chaleur,
dans une barrehomogène Inégalement polie.
Nous avons une barre
AB,
dont les extrémités A et-B sont constamment auxtempératures
03B8 et 03B8’. Cette barre estplacée
dansun milieu entretenu à o°. On
désigne
par c la chaleurspécifique , par k
laconductibilité ,
l’une et t autreregardées
comme inva-riables ;
03C9 est l’aire et 03B5 le contour de lasection
,supposée
par-tout la même. Le coefficient -y
représente
lepouvoir rayonnant ,
dont la valeur est une fonctionquelconque
del’abscisse,
à causede
l’inégatité
dupoli
des différerspoints
du métal.En un
point quelconque
m , dont la distance àl’origine
0 estreprésentée
par x, latempérature u
estreprésentée
parl’équation
que
je prends
dans lepremier
mémoire de M.Poisson,
sur lachaleur. Divisant les deux membres par c03C9 , on a
Tom. XXI. ni
Le
coefficient 03BA dépend
tout à la fois de la chaleurspécifique
c
de la barre et cle sa conductibilité. C’est un nombre donné a.
La
quantité 03B303B5 c03C9
est au contraire variable avec l’abscisse x , et c’est par la fonctionf(x)
que nous la supposeronsreprésentée. L’équa-
tion du
problème devient
ainsiCette
équation
étantintégrée,
les arbitraires que contiendra sonintégrale
se détermineront par ces conditions : I.° que lestempé-
ratures soient constamment
03B8 ,
03B8’ aux extrémités de la barre. SoientOA=l , OB=l’ ,
et l’on aura ces deuxéquations
définies : u=03B8 pourx=l ,
etu=03B8’ pour x=l’ ;
2.° que , pour t=0 , àl’origine
destemps , les
températures
de x=l à x=l’ soient données par une fonctionF(x)
connue entre ces limites.Pour
intégrer 1"équation (a) , je
fais usage de la méthodequi
consiste à former
l’intégrale complète
d’un nombre infini d’inté-grales particulières.
Jedéveloppe
en série la valeur de u, sui-vant les
puissances
del’exponentielle e-t ,
et nommant u0 , uI , u2 , ... un , ... des fonctions de xqui
serontci-après
dé-terminées , je
poseou , par
abréviation ,
Il
vient ,
en différentiant cette valeurde u ,
parrapport à t ,
etensuite par rapport à x ,
substituant ces valeurs dans
l’équation Ca),
ou obtient cetteégalité
DE LA CHALEUR.
I59
qui ,
devant être satisfaitequel
quesoit t ,
donne cetteéquation générale
pour déterminer um , et, par
suite , u0 ,
uI , u2 , ...,lorsqu’on
connaîtra les valeurs de m.
L’équation (b)
est uneéquation
linéaire du secondordre ,
demême forme que celle
qui
a été étudiée dans laquestion
du mou-vement
permanent.
Sonintégrale , qui comprend
deux constantesarbitraires ,
peut s’obtenir dans tous les cas , au moins parapproxi-
mation. Je nommerai
~(x, m) , 03C8(x , m)
deuxintégrales parti-
culières
qui
ysatisfassent ; Am , Bm
deux constantes arbitraires.La valeur de um s’écrira ainsi :
et l’on aura , pour la valeur
de u,
XV. Les diverses valeurs de m se déduisent des deux
équa-
tions définies
déjà indiquées
dans leprécédent
article. Eneffet,
elles revien-nent à
Elles doivent subsister pour toute valeur
positive de t ;
d’où onconclut sans
peine qu’une
des valeurs deexposant
m doit êtrezéro ,
etqu’à
cet exposantrépondent
les deuxéquations
qui
donnent aisémentet déterminent
complètement
lepremier
terme de la valeur deu,
lequel représente
le mouvement de la clialeur dans une barre parvenue à un étatpermanent.
Toutes les autres valeurs de msont données par les
équations
Eliminant
A- et Bm , il vient:égalité
où tout est connu ,excepté
m, etqui détermine (
en yjoignant
la valeur dem=0)
toutes les valeurs dont cette va-riable est
susceptible.
Une desquantités Am , Bm
est donnée deplus
en fonction de l’autre. La valeur
Bm
est, parexemple, -Am ~(l,m) 03C8(l,m) ;
et , si l’on substitue cette
expression
dans la valeur de u, on trouvele
temps t
étant arbitraire.XVI.
Que
l’on fasse àprésent
t=o , u deviendraF(x) ; repré-
sentant donc par
F(x)
la différenceF(x)-u0 également
connue ,on devra satisfaire à
l’égalité
DE LA CHALEUR. I6I
qui pourtant
ne subsisteraqu’entre
les limites x=l et x=l’.La fonction
03A6(x)
peut être discontinue. Lapossibilité
de la dé-velopper
en une série semblable à celle du second membre ne saurait êtrerévoquée
endoute ;
sans cela leproblème
du mou-vement de la
chaleur,
dans une barreinégalement polie ,
seraitinaccessible à
l’analyse. L’équation (d)
résulte de raisonnemensrigoureux ;
et il ne resteplus qu’à
déterminer convenablement la valeur de Am.Or ,
sa détermination repose sur ce que la quan- tité~(x,m)03C8(l,m)-03C8(x,m)~(l,m) ,
queje représente
parV,,,
doit satisfaire àl’équation (b) ,
en sortequ’on
aSoit ,
eneffet ,
ml une seconde valeur de m, et l’on auraéga-
lement
Eliminant donc
f(x)
entre ces deuxéquations ,
on trouverad’où, intégrant
parrapport
à x et divisant, parm-m’ ,
Or ,
si l’onprend
cetteintégrale depuis
x=ljusqu’à x=l’ ,
lesecond membre sera
nul,
tant que la différence m-m’ ne le serapas ; ce
qui
résulte de ce que , à ceslimites ,
lesquantités t m
,Vm’
sont nulles elles-mêmes. Eneffet ,
on a , pour x=let pour