Piloter et intensifier les transitions vers une énergie propre : Le rôle des
institutions financières de développement
1Samantha Attridge (ODI),
Jiajun Xu (Institut de la nouvelle économie structurelle Université de Pékin), Kevin P. Gallagher (Global Development Policy Center, Université de Boston)
Objectifs et questions de recherche
On a peu étudié le rôle des IFD dans le soutien à la transition énergétique propre. Cet article vise à combler cette lacune en examinant les questions suivantes : quels sont les principaux obstacles au financement des ER, comment ces barrières ou contraintes actives varient-elles selon les différents stades de développement, quels modèles de financement les IFD déploient- elles pour piloter et intensifier les investissements dans les énergies renouvelables, et quels sont les avantages comparatifs des IFD à cet égard ?
L e monde doit impérativement lutter contre l’urgence climatique et adopter des voies de croissance sobres en carbone et résilientes au changement climatique.
Cela implique une transformation rapide et radicale de nos systèmes énergétiques, grâce au développement des énergies renouvelables (ER). L’investissement privé, cependant, n’afflue pas naturellement dans ce sens. Les institutions de financement du développement (IFD) peuvent jouer ici un rôle essentiel grâce à leur mandat de développement et à leur accès à des financements à long terme abordables.
Méthode
Les auteurs examinent principalement des études de cas pour identifier les risques et les mécanismes sous-jacents déployés par les IFD pour lutter contre ces risques. Pour garantir une sélection représentative des cas, les auteurs ont sélectionné 9 IFD dont la portée géographique, la structure de propriété et la taille varient.
1 Titre original : Piloting and Scaling Up Clean Energy Transitions: The Role of Development Finance Institutions
L’essentiel
Cette synthèse est publiée dans le cadre des groupes de travail de l’International Research Initiative on Public Development Banks, et à l’occasion de la 14ème conférence internationale de recherche de l’AFD sur le développement
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PILOTING AND SCALING UP CLEAN ENERGY TRANSITIONS:
THE ROLE OF DEVELOPMENT FINANCE INSTITUTIONS
Piloter et intensifier les transitions vers une énergie propre : Le rôle des institutions financières de développement Samantha Attridge (ODI), Jiajun Xu (Institut de la nouvelle économie structurelle – INSE, Université de Pékin),
et Kevin P. Gallagher (Global Development Policy Center, Université de Boston)
Résultats
Quatre catégories principales de risques sont identifiées pour les IFD dans le financement des ER à travers le monde : le risque technologique, le risque politique et réglementaire, les risques macroéconomiques et les risques de bancabilité. Le risque technologique est le principal obstacle au pilotage de nouvelles ER, les risques politiques et réglementaires étant la principale contrainte active au développement des investissements dans les ER.
Tous les obstacles existent quel que soit le niveau de développement, à l’exception du risque de change, qui est particulièrement pertinent dans les pays en développement.
L’étude montre que :
• La grande majorité des instruments et approches des IFD se concentrent sur le développement ou le pilotage des investissements dans les ER établies (solaire, éolienne terrestre et hydraulique).
• Les prêts et cofinancements de premier rang traditionnels prédominent dans les IFD. Les instruments et approches les plus innovants sont financés grâce à des financements mixtes ou au déploiement de fonds spéciaux gérés hors bilan par les IFD. Très peu d’IFD déploient des modèles de recyclage de capitaux tels que la titrisation.
• Les IFD, notamment dans les pays en développement, jouent un rôle très important dans la constitution de la réserve de projets en étroite collaboration avec les IFD multilatérales.
• Le risque de change est un obstacle majeur au développement des investissements dans les ER et demeure un problème non résolu.
• Les IFD nationales sont des intermédiaires clés des fonds internationaux pour le climat au niveau national.
Les IFD ont un rôle capital à jouer en termes de pilotage et d’intensification des investissements dans les ER : l’apport de capitaux patients et abordables, l’expertise technique, l’atténuation des risques pays, l’effet de démonstration pour surmonter le défi du premier arrivé et une approche coordonnée pour développer davantage les ER.
Recommandations
è Les grandes IFD multilatérales (IFDM) qui ont accès à des capitaux externes / moins chers que les IFD nationales (IFDN) doivent intensifier leur engagement et soutenir activement le développement de nouvelles technologies d’ER, directement ou indirectement, par des investissements de fonds.
è Les IFDM doivent s’engager davantage auprès des IFDN et acheminer plus de financements concessionnels par leur intermédiaire. Le Fonds vert pour le climat devrait s’efforcer, avec les associations régionales d’IFD d’examiner les obstacles à l’accréditation, de prioriser l’accréditation des BND et de développer de nouvelles formes d’accès pour les BND.
è Le risque de change est un obstacle majeur au développement des investissements dans les ER dans les pays en développement. L’utilisation de garanties et de rétrocessions libellées en monnaie locale par les BMD devrait être étudiée par les IFD pour remédier au risque de change.
è La cohérence des politiques est essentielle : dans plusieurs pays, l’incertitude politique et réglementaire a nui aux efforts des IFD nationales pour piloter et/ou développer les investissements dans les ER.
L’essentiel
Le programme de recherche « Réaliser le potentiel des banques publiques de développement pour atteindre les ODD » est initié par l’INSE et financé par l’AFD, la Fondation Ford et l’IDFC.
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