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Philippe HOFFMANN et Andrei TIMOTIN (dir.), Théories et pratiques de la prière à la fin de l Antiquité

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Academic year: 2022

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1 | 2022 Varia

Philippe H OFFMANN et Andrei T IMOTIN (dir.), Théories et pratiques de la prière à la fin de l’Antiquité

Paris, Brepols (« Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences Religieuses », volume 185), 2020

Chloé Mathys

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/rhr/11725 DOI : 10.4000/rhr.11725

ISSN : 2105-2573 Éditeur

Armand Colin Édition imprimée

Date de publication : 1 mars 2022 Pagination : 134-137

ISBN : 978-2-200-93407-1 ISSN : 0035-1423 Référence électronique

Chloé Mathys, « Philippe HOFFMANN et Andrei TIMOTIN (dir.), Théories et pratiques de la prière à la fin de l’Antiquité », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2022, mis en ligne le 01 mars 2022, consulté le 12 mars 2022. URL : http://journals.openedition.org/rhr/11725 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.

11725

Ce document a été généré automatiquement le 12 mars 2022.

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Philippe H OFFMANN et Andrei

T IMOTIN (dir.), Théories et pratiques de la prière à la fin de l’Antiquité

Paris, Brepols (« Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences Religieuses », volume 185), 2020

Chloé Mathys

RÉFÉRENCE

Philippe HOFFMANN et Andrei TIMOTIN (dir.), Théories et pratiques de la prière à la fin de l’Antiquité, Paris, Brepols (« Bibliothèque de l’École des Hautes Études, Sciences Religieuses », volume 185), 2020, 23,4 cm, 398 p., 75 €, ISBN 978‑2-503‑58903‑9.

1 Si la prière est au cœur de la pratique religieuse de l’Antiquité tardive, elle est aussi un objet récurrent de la littérature philosophique et théologique de la période. L’objectif de ce volume collectif est ainsi de croiser les regards sur la prière, comme pratique et comme concept, dans le paganisme, le néo-platonisme et le premier christianisme, à partir d’une approche pluridisciplinaire, puisque « l’histoire de la philosophie et la théologie se confrontent à l’épigraphie, à l’histoire littéraire, à la papyrologie ou à l’archéologie » (p. 353). Comme le fait apparaître Andrei Timotin dans son introduction, les auteurs ont néanmoins en commun une série de questionnements transversaux : le problème du lexique de la prière ; la relation entre prière et rhétorique ; la tension entre les dimensions publiques et privées de sa pratique ; son contexte rituel ; la spécificité définitionnelle de la « prière philosophique », mais aussi le rapport entre prière et affectivité, qu’il s’agisse de celle des orants, ou de celle de Dieu, de celle des dieux. Plus largement, il s’agit d’étudier les « modes de rapport » entre le théorique et le pratique, et le caractère « multiforme » de leur interaction (p. 9). En d’autres termes, la réflexion sur la prière n’est pas abstraite ; l’objet est inscrit dans un cadre socio- religieux qui la détermine et sur lequel elle agit en retour.

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2 Les trois premières contributions ont en commun un objet et une méthode : elles étudient le monde gréco-romain de l’époque hellénistique puis impériale à partir de la documentation épigraphique. Dans la première contribution, Nicole Belayche étudie une pratique de prière repérée dans l’épigraphie religieuse de l’Anatolie impériale : la

« prière eulogique » (p. 37), qui consiste en l’exaltation des divinités auxquelles on s’adresse. N. Belayche fait apparaître cette pratique de prière comme le produit de la diversification des formes d’adresse aux dieux lors de la période hellénistique (p. 22).

Avec l’article d’Adian Robu, l’analyse de la documentation épigraphique permet cette fois l’étude d’une autre forme d’eulogia : la célébration du culte des héros dans le paganisme de l’époque impériale tardive, en tant que modalité de préservation de la mémoire civique. L’exemple des épigrammes du panthéon de Mégare, mettant à l’honneur les héros tombés dans la guerre contre les Perses, fait ainsi apparaître les enjeux de revitalisation identitaires dans un contexte de résistance face à un

« christianisme conquérant » (p. 14). L’analyse de Maik Patzelt, enfin, porte sur le contexte rituel de l’une des prières les plus « controversées du monde romain » (p. 14), le Carmen Arvale. Par une approche anthropologique, l’auteur repère les facteurs de façonnement de l’expérience religieuse, dans l’emploi ritualisé de techniques corporelles et vocales.

3 Les deux interventions suivantes prennent pour objet un certain type de pratique de la prière dans l’Antiquité tardive : la prière hermétiste, étudiée par Anna Van den Kerchove, puis la prière magique, par Thomas Galoppin. La première se consacre aux pratiques de prières telles qu’elles semblent rapportées dans le Corpus Hermeticum. Il y est question d’initiation à une doxopraxie : sur le modèle néo-platonicien, les prières sont traitées comme la sublimation des pratiques d’offrandes matérielles, et visent la communion silencieuse avec le divin. Ensuite, en travaillant sur les papyrus de magie grecs, Th. Galoppin met en question la relation d’exclusion traditionnellement reconnue entre prière et magie. Son chapitre étudie un certain type de pratique de prière, la prière magique, dont il s’agit d’appréhender les enjeux, et de repérer la spécificité dans l’économie plus générale du rite.

4 Les articles de Jordi Pià Comella et Johann Goeken introduisent une série de contributions sur la théorisation philosophique de la prière. Pià Comella parcourt la littérature stoïcienne de l’époque impériale pour examiner la cohérence d’une posture complexe et peu commentée : comment peut-on concilier l’exhortation à la pratique de la prière avec le rationalisme, le déterminisme et l’exigence de liberté intérieure qui définissent le stoïcisme de Sénèque, Perse, Épictète et Marc Aurèle ? La lecture méticuleuse des textes introduit le lecteur à une nouvelle dimension de la prière : son assimilation possible à un « exercice spirituel » à part entière, selon la formule de Pierre Hadot. J. Goeken poursuit l’exploration du statut de la prière dans la philosophie gréco-latine, en s’intéressant au second Discours sur la royauté de Dion Chrysostome.

L’analyse d’un dialogue sur la prière royale dans un contexte de banquet permet, d’une part, d’éclairer un nouvel aspect des pratiques rituelles de la prière et, d’autre part, de mettre en lumière la place qu’elle peut prendre dans une réflexion théorique sur la politique et la morale de l’exercice du pouvoir.

5 Dans la ligne des études sur la théorisation philosophique de la prière, les textes d’Andrei Timotin, Robbert Van den Berg et Philippe Hoffmann prennent plus spécifiquement pour objet le corpus néoplatonicien. La contribution d’A. Timotin aborde ainsi la philosophie de la prière du néoplatonisme post-plotinien au travers de

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la Lettre à Anébon de Porphyre, comparée à celle de Hermogène de Tarse, théoricien de la rhétorique. L’étude prend pour objet les théorisations de la dimension affective de la prière, qu’il s’agisse de l’émotion des dieux, dont on questionne l’impassibilité, ou de l’émotion des orants, et notamment de la place que peut prendre l’expression pathétique dans la rhétorique de la prière. R. M. Van den Berg, à son tour, met en relation l’œuvre théorique de Proclus sur la prière, en particulier le Commentaire sur le Timée, avec des épisodes de prière de guérison, racontés dans la biographie de son disciple, Marinus. L’objectif est pour lui d’éclaircir une hiérarchisation obscure : si la supériorité théorique de la théurgie sur la philosophie est avérée pour Proclus, quel est alors le statut de la prière philosophique, conçue comme pratique d’unification de l’âme avec le divin, ce qui est la finalité même de la pensée néoplatonicienne ? Ph. Hoffmann porte quant à lui l’attention sur les prières qui ponctuent les œuvres philosophiques de Simplicius pour analyser leur articulation à la rhétorique, à la stylistique et à la théologie des mêmes œuvres. Ce faisant, Ph. Hoffmann éclaire la nature de la religiosité des derniers néoplatoniciens, dans un contexte de réaction à la

« christianisation intégrale de l’Empire byzantin » (p. 210).

6 Les auteurs des quatre dernières contributions s’intéressent aux premières théorisations chrétiennes de la prière. L’étude de Christian Boudignon place la première théorisation chrétienne de la prière, le traité Sur la prière de Tertullien, dans un héritage stoïcien. La thèse de l’auteur revient ainsi à faire apparaître ce texte comme une véritable « christianisation de la pensée stoïcienne » (p. 270), et en particulier de celle de Sénèque. La deuxième contribution sur la théorisation chrétienne de la prière, celle de Lorenzo Perrone, s’intéresse au célèbre Traité sur l’oraison d’Origène. Il propose de le relire à la lumière de l’une de ses sources bibliques, Romains 8, pour analyser le mouvement dialectique qui rassemble la prière comme gémissement, comme silence et comme cri. Marilena Vlad poursuit l’étude de Ph. Hoffmann sur le statut des prières qui ponctuent les textes théoriques au travers de l’exemple de l’œuvre théologique du Pseudo-Denys, en particulier dans Les noms divins.

Brouria Bitton-Ashkelony, enfin, s’intéresse à l’héritage de la théorisation de la prière par Évagre le Pontique dans le christianisme syriaque, apparent dans la manière dont les œuvres d’Isaac de Ninive et Joseph Hazzaya (Ier siècle) thématisent la prière pure.

7 Ce collectif, introduit par le constat de la difficulté à définir la prière, est clôturé par un épilogue de J. Goeken qui, finalement, s’y aventure. Cette entreprise définitionnelle est d’une certaine manière ce qui permet a posteriori de justifier le rapprochement entre des études sur des pratiques dont on s’est évertué à montrer qu’elles se distinguent, et parfois même s’opposent – par exemple prière magique et prière philosophique. La difficulté de l’exercice n’est pourtant pas amoindrie : dire que la prière est ce par quoi

« l’homme veut établir une relation avec le divin » (p. 345) exclut la prière magique, mais la définir comme « [demande de] quelque chose à la divinité » exclut la quête d’une communion désintéressée avec le divin, au principe de la prière philosophique, notamment plotinienne. Avantageusement pourvu d’un index et d’une bibliographie, le volume atteste l’importance des projets pluridisciplinaires dans la documentation de l’histoire religieuse tardo-antique. Plus largement, il nourrit l’intelligence du fait religieux lui-même, en tant que produit d’une théorisation et d’une pratique qui s’influencent réciproquement, et dont la succession des transformations fait l’histoire.

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AUTEURS

CHLOÉ MATHYS

École normale supérieure, Lyon.

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