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Le corps, un chemin de prière

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Annick Chéreau frère Pierre Milcent, o.c.d.

Le corps,

un chemin de prière

Tallandier Spiritualité

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© Éditions Tallandier, 2017

48, rue du Faubourg-Montmartre – 75009 Paris www.tallandier.com

ISBN : 979-10-210-2816-6

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Avant-propos

Ce livre est un témoignage et le recueil de toute une expérience de vie, de rencontre avec le Dieu vivant. Né en 1928, le père Pierre Milcent, carme de la Province de Paris, a consacré son existence à la prière silencieuse – ou oraison – et à sa trans- mission. Annick Chéreau, sa collaboratrice depuis 1997, est mariée et mère de famille. Leur recherche témoigne de la complémentarité des missions des laïcs et des religieux et leur expérience montre que l’oraison est compatible avec ces deux états de vie.

Leur pratique de la prière est originale  : elle prend en compte le corps. Notre tradition occiden- tale, mentalisante, a parfois oublié que l’homme est présent aux choses et aux êtres dans les sen- sations de son corps, alors que, souvent, pensées et émotions le dispersent. C’est pour la promo- tion de cette pratique, articulant la prière et la conscience du corps, qu’est née « La Passerelle »,

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association dont le siège se trouve au cœur de la campagne sarthoise, à Rouez, dans une ancienne ferme aménagée au lieu-dit « Le Boulay ». Dans cet espace de ressourcement sont proposées des sessions de prière et de présence à Dieu dans la vie quotidienne. Cette association assure également des séances de découverte et des écoles d’oraison dans divers endroits : diocèses de Bayeux-Lisieux et de la région parisienne, notamment.

Cet ouvrage recueille les points forts de cet enseignement de la prière dans la conscience du corps. Il donne un cadre théorique accessible qui assoit le propos en l’enracinant fermement dans la prière chrétienne et la tradition du Carmel. Il ne s’agit pas d’une étude savante pour spécia- listes de théologie ou de spiritualité. Il est nourri d’une familiarité quotidienne avec la prière et d’une longue pratique de sa transmission. Il invite chacun, quelle que soit son expérience, à expé- rimenter gestes et pratiques concrets afin de se lancer dans l’aventure.

L’approche de la prière par la conscience du corps a connu un engouement récent, au risque de certaines ambiguïtés (notamment vis-à-vis de traditions orientales non chrétiennes). En réaction, elle a pu et peut toujours susciter des méfiances, voire des suspicions, qui ne sont pas nécessairement mieux fondées. Le chemin pro- posé ici se situe de manière équilibrée et ajustée

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entre ces deux écueils. L’enjeu est décisif car, au- delà des modes et des idéologies, c’est avec tout son être, corps, âme et esprit que l’on prie, et c’est par son corps que l’on peut être réellement présent à la rencontre avec Dieu. Tel est bien le but de la prière et ce livre en propose un chemin concret qui n’a d’autres objectifs que d’aider les pèlerins dans ce voyage intérieur où retentit le cri du psalmiste : « Que tes demeures sont désirables, Seigneur ! Mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur, mon cœur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant ! » (Ps 84).

Fr. Guillaume Dehorter, Provincial de Paris de l’Ordre des Carmes déchaux

AVANT-PROPOS

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Introduction

Une école de prière pour aujourd’hui

Dans le contexte d’une vie trépidante, généra- trice de stress et de déséquilibre psychologique, chacun éprouve la nécessité de s’arrêter, de prendre du recul, pour mieux vivre. Diverses solutions sont proposées par les agences de voyages et les comités d’entreprises : quitter son milieu habituel le temps d’un week-end pour « se poser », partir en vacances au loin ou dans un cadre original, séjourner dans des abbayes. Depuis une dizaine d’années, ce sont les façons de vivre le quotidien et non seulement les opportunités pour le fuir qui sont mises en valeur par les médias. D’où le succès de l’ouvrage Méditer jour après jour, publié par Christophe André en 2011. Ce psychiatre et psychothérapeute a été l’un des premiers à intro- duire la méditation en psychothérapie. D’autres proposent des démarches voisines, comme Fabrice Midal, fondateur de l’École occidentale de médi-

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tation, qui enseigne la « méditation laïque », ins- crite dans une démarche bouddhique adaptée à l’Occident et hors de tout contexte religieux. La

« méditation » n’est pas entendue alors comme réflexion sur un texte, signification qu’elle a dans l’Église catholique. C’est une façon d’être « présent au présent » : elle rejoint le sens que lui donnent les spiritualités d’origine asiatique mais aussi les Pères du désert dans la tradition chrétienne. Nos contemporains disposent, pour plus de bien-être, d’un large éventail de techniques : yoga, méthode Pilates, sophrologie, méthode Vittoz, arts mar- tiaux… Dans tous les cas, conscience du corps et psychisme sont pris en considération pour mieux vivre.

Comment situer ces techniques de bien-être au regard de l’union à Dieu ?

Depuis vingt ans, nous expérimentons le lien entre le corps, le psychisme et l’ouverture à Dieu dans la pratique de l’oraison. Un mot sou- vent méconnu qui véhicule des représentations variées  : on imagine des religieux ou religieuses cloîtrés, à genoux dans la pénombre, dans un parfait silence. « Je ne sais pas comment font les sœurs pour rester comme ça en silence, sans bou- ger », nous disait récemment une paroissienne.

« Cette façon de prier n’est pas faite pour moi, c’est pour les religieux ! Moi, j’aime être dans l’ac- tion, ou bien dans une assemblée où l’on chante

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tous ensemble, avec de la musique ! » Dans une société où le bruit est très présent, il n’est pas rare que le silence soit mal vécu, tant l’habitude est prise de vivre avec un « fond sonore ». Enfants et adultes disent leur mal-être devant le silence, même au sein des paroisses. Faire silence est vécu comme un ensemble d’interdictions angoissant : ne pas parler, ne penser à rien, ne pas bouger. Ceci suscite à tort l’idée que la prière silencieuse est réservée aux religieux qui vivent hors du monde.

Pourtant, la prière silencieuse peut être prati- quée aussi par les laïcs dans le monde. Loin d’être incompatible avec l’action, elle la vivifie, tout comme l’action nourrit la prière.

Pour le laïc d’aujourd’hui, évoquer la pleine conscience ou la méditation est plus fréquent que de parler d’« oraison »  : on ne trouve pas souvent le mot dans les médias, il est rarement expliqué dans les paroisses. Le mot « oraison » a pour racine le mot latin orare qui signifie « prier ».

Thérèse d’Avila distinguait deux grandes formes de prière  : la prière vocale, c’est-à-dire à haute voix, et la prière dite mentale, à l’intérieur de soi. Les psaumes, le « Notre Père », le « Je vous salue Marie », l’Angélus, des phrases spontanées peuvent être dits, chantés à haute voix, ou bien exprimés mentalement en silence. Ce que nous entendons par « oraison » correspond, parmi les formes de prière mentale, à ce que Thérèse

INTRODUCTION

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d’Avila et les maîtres du Carmel appellent « prière contemplative ». C’est-à-dire une prière silen- cieuse dont le but est l’union à Dieu. Elle ne fait pas appel au discours intérieur. Il s’agit d’être ouvert simplement à la présence de Dieu en soi et de Le laisser nous transformer. « Dieu est en moi, et moi en Lui 1 »  : c’est ce que vivait la car- mélite sainte Élisabeth de la Trinité, à la suite de nombreux mystiques. Devenus perméables à Sa présence, abandonnés à Lui, nous sommes alors en mesure de Le laisser agir à travers nous par amour. Vivre « présent à la présence de Dieu » pendant le temps d’oraison et dans la vie quoti- dienne vont de pair.

Nous décrivons dans cet ouvrage le fruit de nombreuses années d’expérience de la prière silencieuse ou oraison. L’originalité de la démarche tient à la place attribuée au corps dans cette pratique. Notre but est de le mettre en valeur et de donner des outils au lecteur. Nous sommes aujourd’hui en mesure de rapprocher la conception de l’oraison dans le sillage des maîtres du Carmel, la prise en compte récente des connaissances actuelles du fonctionnement du cerveau et les relations entre le corps et le

1. Theo Mertens, « Quand bien même », Passionnément. Sœur Élisabeth de la Trinité (1906‑2006), CD, Éditions du Renard bleu, 2016.

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psychisme. Cette quête d’unité corps-esprit se situe au cœur des aspirations d’une société en recherche de sens.

La vie d’oraison ne se déroule pas de façon identique pour chacun, mais elle a pour nécessité l’ouverture au Seigneur, l’abandon en Lui, vécus dans la vie fraternelle, le détachement et l’humi- lité, ainsi que le rappelle Thérèse d’Avila 1. Elle se vit dans la liberté des enfants de Dieu. Dans cette profonde relation au Seigneur, la conscience du corps a toute sa place.

1. Thérèse d’Avila, Le Chemin de perfection, trad. père G. de Saint Joseph, Paris, Seuil, coll. « Livre de Vie », 1961, p. 64.

INTRODUCTION

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Première partie

UNE HISTOIRE DU CORPS

DANS LA PRIÈRE

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Quelle place pour le corps dans l’oraison ? À cette question, on répond en général que si l’on prie, c’est bien sûr avec son corps et qu’il ne peut en être autrement. C’est exact, mais c’est trop vite dit. Une réflexion plus approfondie s’impose si l’on veut comprendre ce qui est en jeu.

Thérèse d’Avila disait : « Faites ce qui est en votre pouvoir, disposez-vous à la contemplation 1 » et Jean de la Croix affirmait que la prière contempla- tive consiste « à recevoir 2 ». Oui, mais comment ? En quoi le corps peut-il contribuer à vivre ces atti- tudes intérieures qui convergent ? Car il s’agit bien de souligner l’importance de l’attitude intérieure.

Tout au long de l’histoire du christianisme, c’est elle qui a été présentée comme essentielle.

1. Ibid., p. 118.

2. Jean de la Croix, Œuvres complètes. Vive Flamme, trad. mère M. du Saint Sacrement, Paris, Cerf, 2004, p. 1511.

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