C LAUDE L E C ONTE DE P OLY -B ARBUT
Le diagramme du treillis permutoèdre est intersection des diagrammes de deux produits directs d’ordres totaux
Mathématiques et sciences humaines, tome 112 (1990), p. 49-53
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1990__112__49_0>
© Centre d’analyse et de mathématiques sociales de l’EHESS, 1990, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Mathématiques et sciences humaines » (http://
msh.revues.org/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.
numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est consti- tutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
LE DIAGRAMME DU TREILLIS
PERMUTOÈDRE
EST INTERSECTION DES DIAGRAMMES DE DEUX PRODUITS DIRECTS D’ORDRES TOTAUX
Claude LE CONTE de POLY -
BARBUT1
RÉSUMÉ -
Deuxcodages
sont utilisés sur l’ensemble despermutations
ou ordres totaux sur un ensemblefini
à n éléments et à chacun de ces codages est associé unproduit
direct d’ordres totaux. On démontre que lediagramme
du treillispermutoèdre
(ou ordre deBruhat faible
sur le groupesymétrique Sn)
est intersection desdiagrammes
des deuxproduits
directs de n-1 ordres totaux à 2,3, .... n éléments.ABSTRACT - The
diagram
of thepermutohedron
lattice is the intersection of the diagrams of two direct products of linear orders.Two codes are used on the set of permutations or linear orders on a n-elements set. To each
of
them isassociated a direct
product of
total orders of 2,3,...,n elements. It is shown that thediagram
of thepermutohedron
lattice (or weak Bruhat order on thesymmetric
groupSn)
is the intersectionof
thediagrams of
the two direct products
of
n-1 linear orders.INTRODUCTION
L’ensemble des n! ordres totaux - ou
permutations -
sur un ensemble fini à n élémentspeut
êtreorganisé,
dès lors que l’on s’est fixé un ordre deréférence,
en treillis : le treillispermutoèdre appelé également
ordre faible de Bruhat sur le groupesymétrique S..
Des
codages permettent d’organiser
les mêmes n! ordres totaux en treillisproduits
directsde n-1 ordres totaux à
2,3,...,n
éléments de mêmegraduation
que lepermutoèdre.
Le
diagramme
dupermutoèdre
est intersection desdiagrammes
de deux telsproduits
directsd’ordres totaux.
LES
DUNNÉES
Un ensemble
A = ) a,b,...,r )
de n éléments et l’ensemble 0 des n!permutations
ou ordrestotaux sur A
organisé
en treillis(le permutoèdre P)
de lafaçon
suivante : un ordre total surA,
0 = 01,02,...,on est
pris
comme ordrealphabétique
et une relationd’adjacence orientée
surl’ensemble des ordres totaux est définie par :
Oi O2
ssi01
et02
diffèrent seulement parl’échange
de deux élémentsconsécutifs,
et les élémentséchangés
sont dans l’ordrealphabétique
dans
0, (donc
dans l’ordreantialphabétique
dans02).
1 C.N.R.S., C.A.M.S., 54 boulevard
Raspail
75270 Paris Cedex 06.L’ordre obtenu par fermeture transitive
de permutoèdre
maximum l’ordre 0 inverse de l’ordre
0 ;
ce treillis est étudié en détails dans[1].
LES CODAGES
Sur n
peuvent
être construits huitcodages (dérivant
des huit éléments du groupe diédral des transformations despermutations
associé auxsymétries
ducarré),
chacun d’entre euxdéterminant un
produit
direct de n-1 chaînes à2,3,...,n
éléments sur l’ensemblen.
Nous utilisons deux de ces
codages.
Codage C1
"lesplus grands
avanr"Le
codage Ci(Oi)
d’un ordre01
est la succession de n éléments E{ o,1,...,n-1 }
où mi est le nombre d’éléments de A
placés après
le ième élément de l’ordrealphabétique 0,
dans cet ordrealphabétique 0,
et avant ce même élément dans l’ordre01.
Exemple :
- le
premier
2correspond
aux deux éléments c et dplacés après
a dans 0 et avant a dansOi;
- le deuxième 2
correspond
aux mêmes éléments c et dplacés après
b dans 0 et avant bdans
01 ;
- le
premier
0 traduit le faitqu’aucun
élémentplacé après
c dans 0 ne se trouve avant c dans01.
Remarque.
Le dernier terme ducodage
esttoujours
0. On se contentera donc des n-1premiers
chiffres ducodage.
Le
premier
termeappartient
à l’ensemble{ 0,1,...,n-1 },
le deuxième à{ 0,1,...,n-2 } , ..., le {O, 1 }.
Il y a bien n !possibilités
decodage correspondant
aux n !permutations.
Ce
codage
estappelé
table d’inversions par Hall[2]
et Knuth[3] :
la somme des termes ducodage
est le nombre decouples
d’éléments de Aplacés
dans l’ordreantialphabétique
dans
01 (couples "inversés").
La donnée de n-1 entiers obéissant aux
règles précédentes permet
de reconstituer un et unseul ordre total sur A
(cf. [3]).
Exemple :
reconstituer l’ordre01
tel queC1(Ol)
= 2 2 0.En lisant la
séquence
2 2 0 de droite àgauche,
on reconstruit01
en étudiant successivement lesplaces
des élémentsd,
c,b,
a(ordre antialphabétique)
- le 0 du
codage signifie qu’aucun
élémentplacé après
c dans l’ordre 0 n’est avant c dans01.
c est donc àgauche
de d dans01 : ...c...d...,
- le 2 le
plus
à droiteindique
que deux élémentsplacés après
b dans 0 sont avant b dans01
donc b est à droite de c et d :...c...d...b...,
- le dernier 2
indique
que deux élémentsplacés après
a dans 0 sont avant a dans01
et :01
= cdab.Les valeurs
prises
parCl
seplacent
naturellement dans unproduit
direct d’ordre totaux àn,
n-1,
..., 2 élémentsrespectivement.
Notons l’ordreproduit
direct de ces n-1 ordres1
totaux.
Cl
établit unebijection
entre 0 et les éléments de ceproduit
et induit sur n unordre
n 1 produit
direct d’ordres totaux,isomorphe
à :1Deux ordres totaux
01
et02
sontadjacents
dansn 1
ssi et sontadjacents
dans , 1 c’est-à-dire ne diffèrent que d’une unité sur un terme ducodage.
Exemple :
cbad et cdab sontadjacents
dansII1
carC1(cbad) = 210
etC1(cdab)
= 2 2 0.On vérifie que deux ordres
01
et02
sontadjacents
dansII1
si et seulement s’ils nedifférent que par
l’échange
de deux éléments iet j
tels que entre iet j
dans01
comme dans02
ne se trouvent que des éléments inférieurs à la fois à iet j
dans l’ordrealphabétique
0.Ces éléments
échangés
sont dans l’ordrealphabétique
dans leplus petit
des deux ordres.Dans
l’exemple précédent,
entre les éléments b et déchangés
se trouve l’élément aqui
eneffet est
plus petit
que b et d dans l’ordrealphabétique.
Deux ordres
adjacents
dans lepermutoèdre
vérifient cette conditionpuisque
les élémentséchangés
sont consécutifs.On en déduit le résultat : l’ordre du
permutoèdre
est un sous-ordre de l’ordreproduit
directn 1.
"les
plus petits après"
Le
codage C2
d’un ordre0~
est la succession p 1,...,pn de n éléments de{ 0,1,...,n-1 } ,
où pi est le nombre d’éléments
placés
avant le ième élément de l’ordrealphabétique,
dansl’ordre
alphabétique,
etaprès
ce même élément dans l’ordre01.
Exemple : C2(cdab)
= 0 0 2 2.Dans le
codage,
lepremier
termequi
esttoujours
un 0peut
êtresupprimé.
Au même titre que
C1, C2
est uncodage auquel
est associé un ordreII2
sur n défini par :où 2 est l’ordre
produit
direct des chaînes à2,3,...,n
éléments danslequel C2 prend
sesvaleurs.
adjacents II2
Ils ne diffèrent que par
l’échange
de a et c et l’élément d intermédiaire estplacé après
a et cdans l’ordre
alphabétique.
Comme on l’a
remarqué
pourC1,
deux éléments de nadjacents
dans lepermutoèdre
sontadjacents
dansII2.
B résulte immédiatement de cequi précède
que :LEMME. Deux ordres sont
adjacents
dans lepermutoèdre
si et seulement si ils sontadjacents
dans les deux
produits
directs etII2,
et la relation de couverture dans lepermutoèdre
estintersection des relations de couverture dans et
Il 2-
COROLLAIRE. Le
diagramme (ou graphe
decouverture)
du treillispermutoèdre
estintersection des
diagrammes
de couverture deII1
etII2.
Remarque.
Le treillispermutoèdre
et les treillisn 1
etn2
sontgradués,
et de mêmegraduation :
la hauteur d’un ordre01
est, dans les trois cas, le nombre decouples
de Aqui
sont dans l’ordre
antialphabétique
dans01.
Ce résultat est utilisé par B. Leclerc
[4],
dans ce mêmenuméro,
pourdénombrer,
parniveaux,
les sommets dupermutoèdre.
La figure
1représente,
dans le casn=3,
lediagramme
dupermutoèdre P3
et lesdiagrammes
den1
etII2 correspondants.
La
figure
2représente,
dans le casn=4,
lediagramme
dupermutoèdre P4 (traits pleins)
"injecté"
dans celui deII2 (traits pleins
et traitspointillés).
Figure
1.Figure
2.P4
etII2.
BIBLIOGRAPHIE
[1]
GUILBAUDG.Th.,
ROSENSTIEHLP., "Analyse algébrique
d’unscrutin",
Math. Sci.hum.