R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
F. B OUQUEREL
Simples propos sur l’étude des marchés
Revue de statistique appliquée, tome 1, n
o1 (1953), p. 82-95
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1953__1_1_82_0>
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82
SIMPLES PROPOS SUR L’ÉTUDE DES MARCHÉS
F. BOUQUEREL
Professeur au Centre de Perfectionnement dans l’Administration des affaires de la Chambre de Commerce de Paris (C,P.A.)
Diplômé
de l’EcoleBréguet
en1920,
MonsieurBouquerel
fit ses débuts aux Mines de Maries(Pas-de-Calais)
et exerça ensuite, de 1923 à1928,
la fonctiond’ingénieur chargé
des installa- tionsélectrique
au MatérielTéléphonique,
à l’usine deBoulogne-sur-Seine,
alors en construction.Rien ne le
prédisposait,
comme on le voit, à exercer son activité dans un service commercial.Une rencontre fortuite le conduisit à
changer
d’orientation.Après
avoir débuté comme ingénieur attaché au service commercial d’une importante entre- prise de transformation - matières moulées thermo-durcissables et thermo-plastiques - l’auteur de cet article en assumeaujourd’hui
la direction commerciale.Dès 1929, Monsieur Bouquerel fut conduit à entreprendre lui-même de nombreuses enquêtes dans les industries les plus diverses : parfumerie, radio-amateur,
horlogerie,
automobile, textile,etc... dans le but d’y chercher de nouveaux débouchés aux matériaux que son entreprise voulait utiliser pour étendre son marché, Il y fut vivement encouragé par son directeur à cette époque, Monsie;rr Jean de Fréminville qui, pour lui permettre
d’acquérir
unetechnique
suffisante, lui conseilla, en 1933, de suivrel’Enseignement
du C. P. A.Ce concours de circonstances
l’obligea
à travailler avecplus
de méthode, d’autant que les discussions portant sur les études de marchés et la vente, dirigées par Messieurs de Boissac etJones, professeurs au C. P. A., lui en donnèrent le goût et les moyens.
Ajoutons
que MonsieurBouquerel
fera paraître en octobre, aux Presses Universitaires de France, un ouvrage en deux volumes intitulé ~r l’Etude des Marchés au service del’Entreprise
»,ouvrage essentiellement pratique, destiné à faciliter la tâche des commerçants et industriels qui
sont appelés à faire des études de marchés.
Dans une
entreprise, quelle
que soit sataille,
ou saposition
dans la structureéconomique,
d’innombrables difficultés assaillent
chaque jour
le chef et ses collaborateurs. Ellesfinissent,
à unmoment
donné,
par obscurcir presquecomplètement
la claire notion et la hiérarchie d’un certain nombre deconcepts
surlesquels reposent,
d’unefaçon générale,
la vieéconomique
etplus parti-
culièrement la vie de
l’entreprise.
C’est
pourquoi,
nous nous proposons de remettre en évidence desfaits,
sans doute bien connus, mais en réalité enfouis sous la masse des incidents et des accidentsqui,
sansrépit,
forcent notreattention :
Premier propos
Quand
le marché est dominé par le consommateur, la ventel’emporte
sur la
production.
Deuxième propos Mais t’élude des marchés domine la vente. L’étude des marchés est un facteur essentiel de la
productivité.
Troisième propos L’Etude des marchés ne consiste pas seulement à lire le courrier de la
clientèle,
celui desreprésentants,
et à recevoir clients et confrères.Quatrième
proposSeule,
l’utilisation de la méthode dessondages peut
fournir des indications valables sur lecomportement
de lapopulation.
Cinquième
proposSeule,
la méthode dessondages peut
fournir des indications valables sur laqualité
des circuits de vente.Sixième
propos : Une étude de marchéqui
se contente d’une connaissance de lapopulation
et des circuits de vente est
incomplète ;
elle doit aussi tenircompte
de laconjoncture
sous ses différentsaspects.
Septième
propos Desrenseignements
inexacts sonttoujours
d’unprix trop
élevé.Huitième propos Pour arriver au
but,
deux bons yeux ne suffisent pas, il faut aussi une bonne tête.PREMIER PROPOS
Quand le marché
estdominé par le consommateur, la
ventel’emporte
sur
la production.
La vente, la
liaison,
nous le savons tous, devient d’autantplus
nécessaire que la division dutravail,
à l’intérieur de la nation, estplus poussée
que laspécialisation
est avancée.Mais, seule,
la vente réelle est créatrice de valeurs. Laproduction
n’est pas une création dematières,
mais une créationd’utilités ;
onconçoit
que, dans une économied’abondance,
la venteréelle, qui
seule libèredétaillants, grossistes
etproducteurs,
desrisques qu’ils
avaientpris
au cours des transactionsantérieures,
domine laproduction.
Les
statistiques indiquant
les variations de laproduction
sont fort utiles. Mais laproduction
ne se mesure
point
suivant lalongueur,
le volume ou lepoids
duproduit,
mais suivant l’utilitéqu’on
lui a donnée.
Aussi,
à notre avis, dans une économied’abondance,
le-véritable indice de la pro- duction se situe au niveau des ventes du commerce de détail.Que
deviendront tous ces biens de consommationqui
sont stockés chez lesdétaillants,
chez lesgrossistes
et dans lesmagasins
desentreprises
detransformation,
s’ils restent dans la vitrine ducommerçant
de détail ? Ce seront desinvendus ; quelle
sera la valeur de ces invendus ? Cequ’un
soldeur voudra
bien,
unjour peut-être lointain,
enoffrii,
si toutefois il en offrequelque
chose.Si
je
vousdisais,
avec Donald Francisco ; « Vendre est une nécessité vitale. Dans notre écono- mie enexpansion,
ledistributeur, l’agent
de vente, lepubliciste,
sont devenus deplus
enplus impor-
tants pour notre
prospérité.
Rien n’est advenu tant quequelque
chose n’a pas été vendu. Le nombred’emplois
dans notresystème économique, n’est,
en dernièreanalyse,
déterminé ni par la direction desentreprises,
ni par lessyndicats,
mais par laquantité
de marchandisesqui peuvent
être absorbées par le marché »(1).
Vous merépondriez
quej’enfonce
uneporte
ouverte et que chacun sait cela.Hélas non, chacun ne sait pas cela.
Certains Economistes
n’hésitent pas àécrire,
enplein
accord depensée, d’ailleurs,
avecquel-
ques
entreprises françaises,
que l’acheteur n’est pas créé par levendeur ;
etqu’en définitive,
ce der-nier se contente
purement
etsimplement
derépartir
lesproduits
d’achats manufacturés.. Aux
Etats-Unis,
on a conscience de laprédominance
de la vente sur laproduction ;
on saitque la vente
joue
un rôlebienfaisant, qu’elle
accroît le bien-être du pays,qu’elle
contribuelargement
au
progrès,
et cette idée estpartagée
non seulement par des millions decitoyens
américains, mais par tous les chefsd’entreprises
de ce pays,lesquels,
à coupsûr,
seraientstupéfaits d’apprendre qu’en
France
l’opinion précédente
trouve un certain crédit.Et pour
parler
net, nous dirons avecCarnegie :
« J’aime mieuxperdre
mes usines que mesmarchés ».
,
(1)
FRANCISCO Donald. - Vice-Président de la WalterThompson
Co. -Aspects
del’Entreprise
américaine.
DEUXIÈME PROPOS
Mais l’étude des marchés domine la
vente.L’étude des marchés
est unfacteur essentiel de la productivité.
En
effet,
si la notion deproductivité
estexprimée
par « la relation entre le travaildépensé
dans la nation et le
produit
national net»(1)
il est évident que l’étude des marchésjoue
un rôleprédo-
minant dans la
productivité.
Laissons de côté tout ce
qui
concerne le travaildépensé. L’organisation
des ateliers et desmagasins,
l’étude destemps,
le contrôle desproduits
en cours de fabrication et desproduits finis,
la
comptabilité
industrielleadaptée
aux nécessités del’entreprise, témoignent
suffisamment de l’effort incontestable de tous ceuxqui
concourent à laproduction physique
des biens et des services pourqu’il n’y
ait pas lieu d’insister.Mais examinons maintenant ce
qui
a trait auproduit
national net, somme de trois facteurs« biens livrés à la consommation intérieure, investissement net,
exportation
nette »(1).
A. - Biens livrés à la consommation intérieure. - Ces biens sont essentiellement des biens et des services de consommation, ils
représentent
des ventes réelles. Cepremier
facteur est sansconteste le
plus important
des trois.Comme nous le verrons par la suite, l’étude des marchés
permet
auxproducteurs,
d’unepart,
de connaître avec une certaine
précision
les mobiles et les motifs d’achat ainsi que les mobiles et les motifs d’abstention d’unepopulation,
d’autrepart,
de faire desprévisions
de vente. Elle facilitel’ajustement qualitatif
en offrant aux consommateurs unproduit qui correspond
à leurs désirs, enmême
temps qu’elle
donne au service de vente le moyen de mieux axer sapublicité, laquelle «
...cor-respond
à unaspect essentiel, indispensable,
non seulement de laproduction
industrielle moderne,mais de la vie même des sociétés évoluées »
(2).
D’une
façon générale,
elle conduit unepopulation
vers l’achat -quasi automatique
dansune économie de
pénurie,
et incertain dans une économie d’abondance où les besoins se sont émoussés et contrariés - parcequ’elle
transforme la ventepassive
etaveugle
en une vente active et éclairée,ce
qui
a pour effetd’augmenter
le volume et le montant « des biens livrés à la consommation inté- rieure », en incitant le consommateur à faire un effort de travail pour satisfaire ses nouveaux besoins actifs.B. - Investissement net. -« Mais le
produit
national ne se limite pas à cequi
est consommé.Il faut y
ajouter
les biensproduits
et non consommés dansl’année,
accroissement desstocks, équipe-
ments nouveaux. Il faut en retrancher l’usure des
équipements pré-existants qui équivaut
à uneconsommation de matière »
(1).
Que
valent ces biensproduits,
ces stocks ? Dans uneentreprise,
dont le bilan est établi honnê- tement, ilspourront
être évalués auprix
de revient si leprix
de venteespéré
lui estsupérieur.
Ets’il lui est inférieur ? Il faudra alors créer une
provision
pour variations de cours si cette éventualité est encore incertaine et dans le cas contraire, débiter lecompte
depertes
etprofits.
Bien conduite, l’étude des marchés
peut
être unguide précieux
pour la bonnegestion
desstocks de matières
premières,
deproduits
demi-finis et finis. Sans doute nepeut-elle
toutprévoir
- ce serait à la fois
trop simple
ettrop
beau -par exemple,
le passage d’une économie depaix
àune économie de guerre et vice-versa, mais elle en tient
compte
et attire fermement l’attention des chefs de service sur ces éventualités.Mieux encore, elle tient
compte
de la concurrence verticalequi
résulte destechniques
nou-velles
susceptibles
de bouleverser un marché existant : parexemple,
le cinéma et latélévision,
te livre et ledisque
microsillonqui
satisfont un même besoin : l’utilisation des loisirs. Décetée par l’étude desmarchés,
cette forme de concurrence conduit le chefd’entreprise scrupuleux
à ne pas se contenter d’un amortissementreprésentant
« l’usure deséquipements préexistants »
mais à aller bienau-delà,
et à considérer dans ce cas tout ou
partie
desbâtiments,
du matériel et de l’ensemble desstocks,
comme de véritables biens
fongibles.
(1)
DAYRE Jean. - Productivité, mesure du progrès, p. I I.Édité
par la S. A. D. E. P., Il, rue duFaubourg
St-Honoré - Paris - 1953.(2)
SIEGFRIED A. - La Revue de Paris, p. 3, Avril 1953.85
Là encore, l’étude des marchés
apporte
aux chefsd’entreprises
et, pardelà,
à l’économie nationale touteentière,
un moyen de mieux saisir lesconséquences
d’un état de faitinéluctable,
deprévoir
àtemps
unemodification - lorsqu’elle
estpossible -
de l’activité del’entreprise menacée,
une reconversion, et de
sauvegarder
enpartie
laproductivité
de la nation.C. -
Quant
au troisièmefacteur, l’exportation
nette,qui
résulte de l’excédent desexportations
sur les
importations,
il n’est pas besoin delongs
commentaires pour démontrer que l’étude des marchés continue àjouer
son rôle en tant que facteur essentiel de laproductivité.
Grâce à cette
étude,
lesimportations peuvent
être limitées aux strictespossibilités
du marchéintérieur,
et lesexcédents,
réduits aux stocks de sécurité.Sans étude des marchés
d’exportation,
le fabricantfrançais apprendra
avecsurprise
que ses fabrications ne conviennent pas au Texas dont le climat sec provoquera le fendillement du bois ; le fabricant de tissus de hautequalité
s’étonnera queChicago
refusesystématiquament
d’acheter saproduction jusqu’au jour
où il saura que c’est la ville des Etats-Unis surlaquelle
tombe laplus
forteproportion
de suie. Lesproducteurs
de vins de France feront mainteshypothèses
sur la baisse de la consommation auxEtats-Unis,
mais ils omettront sans douted’envisager,
s’ils ne fontqu’une enquête
sur
place, qu’une
des raisonsmajeures
de cette sous-consommationprovient
du fait que l’Américain moyen est ennemi de toutecomplication
et que laprésentation
de gammes nombreuses deBourgo-
gnes ou de
Bordeaux,
loin de l’inciter àacheter,
provoque sonabstention ;
faute depouvoir
fixerson
choix,
il se contentera dewhisky.
Les vins d’Alsace seront mieuxplacés
parcequ’ils
necomportent
que trois crus
principaux.
Les maîtres artisans
qui fabriquent
despoteries,
des vases enétain,
etqui s’ingénient
à pro- duire despièces uniques appréciées
par la clientèle du vieux continentéprise
de tout cequi présente
un caractère
personnel,
méconnaissent lapsychologie
des acheteurs américainséventuels, épris
de
machinisme, qui
verraient volontiersfabriquer
en série des vases en étainsignés
ou cespoteries
d’art
français,
pourvu que leursprix
soient accessibles.Oui,
l’étude des marchés domine bien la vente. « L’idée clef danslaquelle
tient l’essentiel de laphilosophie
américaine est :seule,
la vente en massepermet
laproduction
en séries suffisantes pour entraîner à son tour desprix
de revient bas... Les Américains ne semblent d’ailleurs pas travaillés par la crainte de lasurproduction.
Ilspensent
en effet que lesexpériences
de 1929 leur ontpermis
deconjurer
cedanger,
car les méthodes d’études de marchés et deprévisions
leurpermettent
de connaître ce
qu’ils appellent
« l’avenir de leurs affaires » suffisamment en avance pourchanger
de
production
entemps
utile »(1).
TROISIÈME PROPOS
L’étude des marchés
neconsiste pas seulement à lire le courrier de la clientèle, celui des représentants
età recevoir clients
etconfrères.
Un fait vaut la
peine qu’on s’y
arrête.Pratiquée systématiquement depuis plus
de trente annéesaux
Etats-Unis,
l’étude du marché connaît enFrance, plus particulièrement,
une désaffectionsingu-
lière.
Serions-nous dispensés
de lapratique
de ceremarquable
instrument de direction des entre-prises
par un sens commercialaigu qui
fait défaut aux hommes d’affaires des U. S. A. ?...Non,
sansdoute,
mais bon nombre de chefsd’entreprises
ont une hauteopinion
d’eux-mêmes et n’hésitent pas, en toute bonne
foi,
à considérer leuropinion personnelle
comme larepré-
sentation
quasi
absolue de celle de la masse, alorsqu’en
réalité il n’en est rien(2),
comme leprouvent
souvent les
sondages
faitsauprès
d’ungrand
nombre de consommateurs.Moins nombreux sont ceux que ne sont pas rebelles à l’étude du marché. Le malheur veut
qu’ils
fassent une confusion grave entre cequ’elle
est véritablement et le sentiment trèspersonnel qu’ils
en ont. Pour eux, lire le courrier desclients,
lesrapports
desreprésentants,
les revuesprofes- sionnelles,
d’unepart,
et, d’autrepart,
s’entretenir avec leursvendeurs,
leursclients,
leursconfrères,
( I ) Aspects
del’Entreprise
américaine. Comment font-ils ?Enquête
en vue de l’accroissement de laproductivité,
p. 245, S. A. D. E. P., 1953.(2)
De BOISSAC - Introduction àl’enseignement
del’organisation
commerciale.Étude
et ana-lyse
dumarché, p. ! -
C.P.A.Chambre de Commerce de Paris.86
c’est faire
quotidiennement
l’étude de leurs marchés. De là à conclurequ’ils
n’ont pasgrand
choseà
apprendre personnellement qu’ils
ne sachentdéjà,
iln’y
aqu’un
pasqui
est vite franchi(1).
Certains croient faire des études de marchés en faisant interviewer leurs clients par les
voyageurs.
Convenons que cette illusoire connaissance de la réalité est un nouvel obstaclequi s’ajoute
auxprécédents.
D’autres enfin confondent l’étude du marché et la vente, ces deux éléments de la
technique
commerciale. Alors que la
première
se fait dans unbureau, à
têtereposée,
la seconde sefait
chezle
client,
dans le feu de la discussion(2).
L’étude
pratique
du marché d’un bien ou d’un serviceproduit
par uneentreprise
est touteautre chose. Elle
comprend l’analyse puis
lasynthèse
de tout cequi
a trait : -10 Au
produit ;
20 Aux consommateurs ou usagers ; 30 A la .
distribution ;
"-40 A la concurrence.
10 Produit. - La
première
condition d’une étude de marché est de bien connaître ce que l’on doit vendre et aussi ce quet’en
désire vendre.S’il est vrai que, pour leur
plus grand malheur,
bon nombred’entreprises
ont laissésubsister
des cloisons étanches entre la fabrication et la vente
(3),
l’étude des marchés doit passer outre.A titre
indicatif,
citons lespoints
suivantsqui peuvent
êtreprécisés
par l’étude des marchés :a)
Essais sur lesqualités préférées
duproduit ; b)
Utilité duproduit ;
c)
Utilisation nouvelle duproduit
ancien ;d)
Amélioration duproduit
existant ;e) Suppression
d’unproduit
ou réduction d’unecollection ;
f)
Essais surl’empaquetage ; Conditionnement ; Modèles ;
g) Appellation
duproduit ;
h)
Structure desprix, préparation
dechangement
deprix ; i) Politique
desstocks ;
.j)
Marchandises en retour ;k)
Annulation d’ordres.20 Consommateurs ou usagers. - La
production
dtun bien ou la mise àdisposition
d’unservice ne sont réalisées
qu’en
vue de leur vente. La connaissance des désirs et desexigences
réellesde ceux
qui, peut-être,
lesacquerreront
est une nécessitéabsolue, trop
souventignorée.
Combiende chefs
d’entreprises prennent
leursgoûts personnels
pour un critère sansappel,
etpoussent
leparadoxe jusqu’à
considérer comme unefaute,
un manque dediscernement,
uneincompréhension
ou même une sottise, tout
jugement
du consommateurqui
diffère du leur.Mais,
nous allons le voir, l’étude du consommateur ou de l’utilisateur conduit àanalyser
successivement onze marchés pour un même bien ou service.
Ce
qui
nous conduit :a)
A faire un dénombrement des consommateurs et desutilisateurs,
enpartant
soit de la popu- lation totale du territoireenvisagé,
soit des utilisateurs seulement s’ils’agit
de biensindirects,
dits deproduction ;
b)
A évaluer ensuite, par divers moyens, les non-consommateursabsolus,
cequi
nous per- met, pardifférence,
d’aboutir au marchéthéorique
total de laprofession ;
c)
Aanalyser
le marché des non-consommateursrelatifs,
à en déterminerl’importance.
Nous, aboutissons, par différence,
au marché actuel total de laprofession
(1)
LENGELE R. - L’étude rationnelle du marché, p. 21. Delmas, 1938.(2)
LASSALLE M. - Président de la Chambre de Commerce de Paris - lestechniques
commer-ciales
françaises.
Conférenceprononcée
aucycle
d’études desproblèmes d’approvisionnement
et dedistribution,
p. 22. CEGOS 1943.(3)
De BOISSAC. - P. 1. Document cité.87
d)
Aprendre
une connaissance exacte du marché actuel de notreen (1) ;
e)
Au marché actuel de la concurrencequi représente
la différence entre le marché actuelde
laprofession
et le marché actuel de notreentreprise ;
f)
A étudier ensuite lemarché
total de laprofession
en fonction des diversaspects
de la con-joncture : économique, technique, professionnelle et psychologique.
D’où l’intérêt de l’étude du marché
~assé
total de la~rofession qui
se subdivise en deuxparties
Le marché
passé
del’entreprise ;
Le marché de la concurrence.
g)
A tenircompte
de l’incidence de ces différentsaspects
de laconjoncture
pou r leproche
avenir, ce
qui
entraîne l’étude du marché tendanciel de notreentreprise
et de laprofession ; h)
Aenvisager
l’activité et lespossibilités
de notre propreentreprise,
en fonction de sonmatériel,
de sonpersonnel,
de ses circuits de vente, afin de situer laplace
quepeut
occuper le marchép2tentiel
de notreentreprise, lequel correspond,
enquelque
sorte, aux limites de notreactivité ; i)
A admettre vraisemblablementqu’il
nous estimpossible, immédiatement,
d’étendre nosventes aux limites du marché
potentiel,
que celles-ci nepourront
être atteintes que parétapes
succes-sives, d’où la détermination du marché
projeté
ou marchéenvisagé
commepouvant
êtreacquis après
un ouplusieurs la ps de temps déterminés ;
j) Enfin,
si le cas seprésente,
à tenircompte,
pourrégler
nosactivités,
dumarché plonifié.
Remarquons
que ce marchéplanifié prévoit
et conduitgénéralement
à une extension dumarché actuel total de la
profession
et même du marchéthéorique total,
cetteaugmentation
étantprévue
en fonction d’unplan qui
tientcompte
des besoins futurs.Ce
qui précède
démontre bien quel’analyse
des faits doittoujours
être menée enpartant
du consommateur ou
utilisateur,
et non del’entreprise.
Si nouspartions
des faits constatés à l’inté- rieur d’uneentreprise,
nousrisquerions
de voir leproblème
d’unpoint
de vuetrop
réduit et de nouslaisser « enfermer » dans un certain nombre d’observations
qui
auraient très souvent pour effet de fausser notrejugement qui
deviendraitsubjectif.
Mais nous ne manquerons pas derapporter
sanscesse et de confronter tous les faits relevés au dehors aux résultats que nous avons constatés à l’inté- rieur de
l’entreprise.
Dans une étude de
marché,
il estindispensable
de conserver le maximumd’objectivité,
departir
sanspréjugés, d’accepter
les faits telsqu’ils
sont. C’estpourquoi
nouspartirons
de la popu- lation totale du territoireétudié,
de lagénéralité,
pouraboutir, après
un certain nombred’analyses,
au marché actuel de
l’entreprise.
A titre
indicatif,
citons lespoints
suivantsqui peuvent
êtreprécisés
par l’étude des marchés :a)
Estimation des non-consommateursabsolus ;
b)
Estimation du marché des non-consommateursrelatifs ;
c)
Détermination des mobiles et des motifs d’abstention des non-consommateursrelatifs ;
’
d)
Détermination des mobiles et des motifs d’achat en vue de réduirel’importance
des non-consommateurs
relatifs ;
.e) Analyse
des mobiles et des motifs d’achat du consommateur ;f) Analyse
du marché par consommateur ;g) Analyse
du consommateur par zoneterritoriale ; h)
Variationssaisonnières ;
i)
Variations de latendance ;
j)
Marchépassé,
marchéfutur ;
k)
Influence des conditions depaiement
sur la consommation.(1) Rappelons
quelorsque
nousemployons
le terme « marché det’entreprises
ou « marché det’entreprise
concurrente sjis’agit toujours
du marché d’un bien ou d’un service, le marché étant définipar « l’ensemble des offres et des
demandes
concernant un bien ou un service déterminé s. ttn’y
apas à proprement
parler
de marché d’une entreprise, il y a autant de marchés que de biens.88
3" Distribution. - Pour
parvenir
duproducteur
ou du transformateurjusqu’au
consommateurou
utilisateur,
le bien de consommation, le bien deproduction
ou le service, a dû cheminer par descanaux de distribution
qui
ont chacun leurs caractères propres ; ilspeuvent
êtrerapides
ou lentset
parfois présentent
desincompatibilités.
Certains distributeurs se bornent à laisser passer ou à faciliter le passage ;d’autres,
au contraire, aident à écouler.C’est dire
l’importance
d’un choixjudicieux
de ces canaux dedistribution, puisque
de ce choixdépend
l’écoulement desproduits qui peut
être notammentobtenu,
soit avec detrop
fortespertes
decharge,
c’est-à-dire de grosfrais,
soit aucompte-gouttes,
c’est-à-dire sansampleur.
L’étude des marchés s’attachera
plus particulièrement
auxpoints
suivants :a)
Potentiels des diversmarchés ;
b)
Délimitation des territoires desmarchés ; c)
Choix des méthodes de distribution ;d)
Sélection des distributeurs(situation
etstanding) ; e) Exigences
de la distribution ;f)
Taille etorganisation
de l’étude des ventes ;g)
Contrôle del’équipe
desvendeurs ; h)
Sélection et formation des vendeurs ;i)
Rémunération desvendeurs ; primes ; j) Politique
desprix
et taux de remises ;k)
Fixation desquotas
de vente ;1)
Prévisions.4’ Concurrence. - Enfin, l’étude de la concurrence, sous toutes ses
formes,
doitporter,
non seulement, sur lesentreprises qui produisent
des biens ou des servicesidentiques
auxnôtres,
maisencore sur celles
qui
réalisent des biens ou des servicessusceptibles
d’être substitués à ceux que nousoffrons ;
elle nouspermettra
de déceler et de mesurer les obstaclesqui s’opposeront
a nos propres ventes.A titre
indicatif,
citons lespoints
suivantsqui peuvent
êtreprécisés
par l’étude des marchés :a)
Dénombrement des concurrents ;b) Caractéristiques juridiques
et financières de la concurrence ;c) Caractéristiques
destechniques
de la concurrence ;d) Caractéristiques
de laproduction ; e) Caractéristiques
commerciales.En
partant
de cequi précède,
onpeut
direqu’étudier
le marché d’un bien ou d’un serviceau sein d’une
entreprise quelconque
revient àrépondre
auxquatre questions
suivantes :-
Que
vendons-nous ? - ou - Etude duproduit ;
- A
qui
vendons-nous ? - ou - Etude du consommateur ou del’utilisateur ;
- Comment vendons-nous ? - ou - Etude des canaux de distribution et de vente ;
-
Qui
limite nos ventes ? - ou - Etude de la concurrence sous toutes ses formes.En conclusion, il
apparaît
maintenant comme évidentqu’il
ne suffit pas de lire le courrier de la clientèle et lesrapports
desreprésentants,
de recevoirpersonnellement quelques
clients et defréquenter
les réunionssyndicales
pourpouvoir prétendre
connaître son marché.QUATRIÈME PROPOS
Seule l’utilisation de ~a méthode des sondages peut fournir
des indications valables
surle comportement de la population.
Nous venons de voir, à propos du consommateur ou de
l’utilisateur, qu’il
fallaitpartir
de lapopulation
totale du territoire étudié. Est-il besoin de direqu’il
ne saurait êtrequestion d’analyser
cette
population
enprenant
isolément chacun des membresq-ji
la constituent ?89
Qu’il s’agisse
de biens ou de services, de consommation ou deproduction,
onopère
sur un desfragments
de cettepopulation, c’est-à-dire,
sur des échantillonspris
au hasard.Laissons de côté la méthode en elle-même
(1)
et admettons comme un faitacquis qu’elle donne, quand
on en use avecdiscernement,
des résultats dont l’exactitude est nettement suffisante pour le butpoursuivi.
Chefs
d’entreprises,
directeurs commerciaux, croyez-vous vraiment que, sans l’aide de la méthode dessondages,
vouspourriez
faire uneréponse
valable auxquatre
groupes dequestions
suivantes
(2) :
Premier groupe :
Pour unepopulation
donnée et pour unproduit donné,
sur 100 personnes, combien y en a-t-ilqui
consommentrégulièrement, quelquefois, jamais ?
Quel
est le nombre de consommateurs et de non-consommateurs relatifs lPourquoi
consomme-t-on et comment serépartissent
les véritables mobiles d’achat ?Pourquoi
ne consomme-t-onpas ?
et comment serépartissent
les véritables motifs d’abstention ?Deuxième
groupe :Cinq produits
se font une concurrence verticale : tafonte,
le cuivre, l’alu- minium, latôle galvanisée
et la tôleémaillée, auprès
desménagères qui
veulent acheter des ustensiles de cuisine.Quelle
est la nature desustensiles
en service ?. Quelles
sont lesperspectives
d’avenir ? ,Troisième
groupe :Quelles
seront lesconséquences
d’uneaugmentation
deprix,
due à unchangement de politique d’affaire,
sur lesquantités vendues ?
lQuatrième groupe : Quel
est lepourcentage
de personnesqui
connaissent véritablement votre marquesans confusion possible ?
Votre souci de ne pas
répondre
à lalégère
vous fait hésiter.Après
avoirpris
connaissance desexemples ci-dessous,
vous n’hésiterezplus
et vous serezd’accord pour considérer comme évident que seule la méthode des
sondages peut
fournir desindications valables sur la
population.
Premier groupe :
Premierexemple :
Crèmes de beauté(3).
A la
question posée
à l’ensemble desenquêtées :
Mettez-vous de la crème de beauté ? lesréponses
ont été lessuivantes :
Oui : 60 - Non : 33 -
Quelquefois :
7.Par classe sociale Classe A Classe B Classe C
Oui 75 64 54
Non 18 30 38
Quelquefois
7 6 8100 100 100
100 100 100On a considéré pour cette étude
quatre
classes sociales différentes :- La classe A
qui
groupe seulement 10%
de lapopulation disposant
de fortune élevée et consacrant à l’achat de biens de consommation des sommesconsidérables ;
d’unefaçon générale,
les
foyers
de Ici classe Adisposent
d’unappartement
très luxueux ou d’un hôtelparticulier,
ils ontplusieurs domestiques
ettoujours
une voitureautomobile ;
- La classe B groupe les
foyers
de la moyennebourgeoisie, industriels, commerçants,
chefsde services et, d’une manière
générale,
tous lesfoyers
danslesquels
le chef de famille n’était pas astreint à être inscrit à une caisse d’assurances sociales au moment où il existait unplafond
pour les cotisations ;(1)
YATES Frank - Méthodes desondage
pourrenseignements
et enquêtes. Dunod-Masson. 195 1.(2)
Ces groupes dequestions
n’ont aucun lien entre eux, Ils sont donnés à titred’exemple,
sans
plus.
’(3)
DOURDINJacques -
Etude du marché de laParfumerie,
réalisée pour la Commission inter-syndicale
de la Parfumerie en Avril et Mai 1949.90
- La classe C
qui
groupe de loin leplus grand
nombre defoyers correspond
à la classelaborieuse,
ouvriers,employés,
artisans,petits commerçants
et ungrand
nombred’agriculteurs.
- La classe D dont il n’a pas été tenu
compte
lors de cette étude estcomposée uniquement d’économiquement
faibles vivant pour laplupart
dans un état degêne
évident et nepouvant
consacrerà l’achat d’articles de luxe
qu’une part
infime de leurs ressources.Dans
l’ensemble,
la classeA,
comme nous l’avonsdit,
groupe 10%
de lapopulation,
la classeB,
25
%,
la classeC,
45%,
la classeD,
20%.
Cette étude a été menée dans les classes
A,
B etC,
soit 80%
de lapopulation.
Si l’on convient de considérer comme consommateurs de base les femmes de 15 à 60 ans et
plus,
le marché intérieurfrançais représente
unepopulation
de 17 millions de personnesparmi lesquelles
iln’y
a pas de non-consommateurs absolus.Quel
est le nombre de consommateurs ? 1Consommateurs habituels : 17.000.000 x 60 = 10.200.000
- 100
Consommateurs
épisodiques :
17.000.000 x 7 = 1.190.000 100 201320132013201320132013Total I !!.390.000
Quel
est le nombre de non-consommateursrelatifs ?
17.000.000
x 33 =
° 5.610.000100 ______
Population
totale17.000.000
Quelle
est larépartition régionale ?
1Par région
Nord-Est Ouest Centre Sud-Ouest Sud-EstOui i 52 61 I 84 48 46
Non 34 34 Il I 44 49
Quelquefois
145 5 8 5
100 100 100 100 100
Quelle
est larépartition
par situation de famille ?Situation de famille Célibataires Mariées
Oui 59 60
Non 33 33
Quelquefois
8 7100 100
Quelle
est larépartition
par habitat ?Habitat Grandes Villes Petites
Campagne
Parisvilles
moyennes
villesOui i 67 58 51 I 45 72
Non 23 33 42 50 21 1
Quelquefois
10 6 75 7
100
97
100 100 100Sont considérées comme
grandes
villes celles deplus
de 100.000 habitants.Villes moyennes : de 20.000 à 100.000 habitants.
Petites villes : de 5.000 à 20.000 habitants.
Campagnes :
moins de 5.000 habitants.Aux femmes
qui
n’utilisentjamais
de crème debeauté,
il a été demandé :Pourquoi
ne mettez-vous pas de crème de beauté ?91
On à ainsi obtenu les mobiles d’abstention :- 24
0/,,,
ontrépondu je
ne memaquille
pas ;- 21
%
-je
n’en ai pasl’habitude ;
- Il I
%
-je
n’aime pascela ;
- 7
%
-je
n’en ai pasbesoin ;
- 7
%
- c’esttrop cher ;
- 4
%
- cela abîme la peau ; .- 2
%
-j’emploie
un fond de teint.- 2
%
-je préfère
l’huiled’amandes ;
- 2
%
-je
n’ai pas letemps ;
- 1
%
-j’emploie
un lait de beauté. _,
L’analyse
desréponses
en fonction de la classe sociale a faitapparaître
que laréponse «je
neme
maquille
pas» a été fournie par uneproportion plus grande d’enquêtées
dans les classes B et Cque dans la classe A.
Par contre «
je
n’ai pas l’habitude de mettre de la crème » a été fournie par uneproportion plus grande d’enquêtées
dans la classe A que dans les classes B et C.La
réponse
« c’esttrop
cher » a été fournie presque exclusivement par des femmes appar- tenant à la classe C.Etant donné le nombre relativement faible
d’interrogées
pour cettequestion,
il estimpossible
de tirer des différences
enregistrées
d’autres indications. En effet :- 10
% des interrogées
n’ont pu fournir deréponse précise
à cettequestion
et- 6
% ont
fourni desréponses
diverses telles que : ’« Je suis
trop jeune » ;
;« Ma peau ne la
supporte
pas » ;«
J’emploie uniquement
de la vaseline ».Aux femmes
qui
utilisent de la crème de beauté habituellement ouquelquefois (67 % de
!’en-semble)
on a alors demandé :Pourquoi
utilisez-vous de la crème de beauté ?- 27
%
ontrépondu :
Pour faciliter monmaquillage
- 46
%
- Poursoigner
ma peau ;’
- 27
%
- A la fois pour lemaquillage
et les soins de la peau.On a obtenu ainsi les mobiles d’achat.
A l’ensemble des utilisatrices de
produits
debeauté,
il a étéégalement
demandé :Préférez-vous une crème blanche ou une crème teintée ?
Les
enquêteurs,
enposant
cettequestion,
ontprécisé qu’il
ne fallait pascomprendre
dans lescrèmes teintées les fonds de teint. ’ Dans l’ensemble :
- 68
%
des femmes ont déclaréqu’elles préféraient
une crèmeblanche ;
- 20
% qu’elles préféraient
une crème teintée ;- 12
%
que cela leur était indifférent.L’analyse
desréponses
en fonction de la classe sociale a faitapparaître
que lapréférence
pour les crèmes teintées a été
exprimée
par unplus grand
nombre de femmes dans la classe A quedans les autres classes sociales. *
En effet :
Dans la classe
A,
28%
des femmes ont déclaréqu’elles préféraient
les crèmesteintées,
alors que la moyenne, dans les deux autres classes socialesconsidérées,
n’est que de 19%
A la
question :
Utilisez-vous de la crème enpot
ou de la crème en tube ?- 63
%
ont déclaréqu’elles
utilisaient de la crème enpot ;
’
- 20
% qu’elles
utilisaient de la crème entube ;
- 18