BIOFUTUR 301 • JUILLET-AOÛT 2009 11
É D I T O R I A L
I
l y a quelques décennies, l’intérêt porté par les biologistes à la vie marine et à sa diversité pouvait se limiter à l’étude de modèles biologiques particuliers illustrant des mécanismes généraux : les échinodermes pour le développement, la raie torpille pour la transmission synaptique, les algues toxiques pour leurs neurotoxines, etc. Les biotechnologies marines révèlent aujourd’hui leur potentiel unique, avec l’étude et l’exploitation des organismes marins en ce qu’ils ont, justement, d’original et de différent des organismes terrestres.L
es biotechnologies marines, au sens le plus large, peuvent s’envisager comme un ensemble de moyens et de techniques permettant d’utiliser, d’exploiter mais aussi de gérer les res- sources marines, considérées comme un immense réservoir de molécules : polysaccharides, enzymes, lipides… dont les propriétés ouvrent de nouveaux champs d’application dans les domaines les plus divers : nutrition, thérapeutique, mais aussi matériaux… Le principal problème, et pas le moindre, est bien sûr de les isoler et de les purifier, éventuellement de les reproduire et de définir les marchés correspondants.P
endant longtemps, l’exploitation par l’homme des ressources biologiques des océans a eu pour principal objectif la récupération de nourriture. Ces ressources sont limitées et il faut sans tarder envisager des utilisations plus rationnelles ou même des usages différents pour les biomasses marines, éventuellement les cultiver à condition de rester dans le cadre d’une pro- duction « soutenable ». Dans bien des cas, contrôler la production naturelle d’espèces utiles peut se révéler plus judicieux et moins coûteux que d’essayer de les élever de bout en bout.À
cet égard, l’un des objectifs les plus prometteurs que l’on peut assigner aux biotechno- logies marines est sans doute la maîtrise des outils permettant de gérer les populations exploitables ou même les écosystèmes marins.L
e dossier consacré aux biotechnologies marines ne saurait recouvrir tous les champs d’un domaine aussi vaste. Il s’agit aujourd’hui d’illustrer quelques nouvelles pistes et, en particulier, de replacer les biotechnologies marines dans le contexte combien actuel d’une exploitation raisonnée et responsable de la biodiversité marine. GYves Le Gal
Sous-directeur honoraire au Collège de France Correspondant du Muséum national d’histoire naturelle
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Éponges et ascidies, sources d’anticancéreux
De l’exploitation à la gestion
des ressources marines
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