L impact du changement climatique sur les femmes et les filles : double impact, double injustice, double enjeu.

L’impact du changement climatique sur les femmes et les filles : double impact, double injustice, double enjeu.

Atelier du Réseau des femmes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, dans le cadre de la 66e session de la Commission de la condition de la Femme

(CCF/CSW).

Compte-rendu de l’atelier du 15 mars, 2022 Sous la modération de Maryse Gaudreault (Présidente du Réseau) Experte : Anne Delorme

Sections présentes : Belgique/Communauté française/Wallonie-Bruxelles, Bénin, Burundi, Canada, Maurice, Madagascar, Nouvelle-Calédonie, Québec, Rwanda.

Les inégalités Homme-Femme accroissent les conséquences des catastrophes naturelles liées au changement climatique, à la variabilité climatique sur l’agriculture et le travail des femmes.

Cette problématique a été soulevée dans le Programme d’action de Beijing de 1995 ainsi que lors de la Conférence de Lima de 2014 : dans ces deux instruments sont démontrés, d’une part les connexions entre genre et enjeux climatiques, et d’autre part l’enjeu essentiel de la représentation et la participation active des femmes dans les processus de prise de décision.

En outre, certains pays membres de l’APF s’engagent déjà dans une démarche d’égalité des sexes via les investissements climatiques¹. L’objectif de l’atelier est de favoriser une meilleure compréhension de la manière dont les changements climatiques touchent les femmes et l’importance de leur rôle pour les aborder efficacement. La présentation d’Anne Delorme, experte sur la question du Genre et développement durable, est basée principalement sur la fiche technique du CQFD de l’AQOCI (2015)².

Les changements climatiques impactent les femmes de manière disproportionnée : Catastrophes naturelles

• Au cours des 20 dernières années, selon le recensement du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNSDIR), pas moins de 7 348 désastres naturels ont été enregistrés dans le monde (pour un coût évalué à près de

1 Plan climat du Gouvernement canadien

2 Comité québécois femmes et développement-CQFD de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale-AQOCI (2015) Femmes et changements climatiques.

3000 milliards de dollars), soit deux fois plus qu'entre 1980 et 1999. (Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe UNSDIR).

Selon l’ONU, ce sont les changements climatiques qui sont principalement responsables du doublement des catastrophes naturelles dans le monde en vingt ans. Ces désastres naturels auraient tué plus de 1,2 million de personnes depuis l’année 2000. Puisque les femmes représentent près de 70% de la population vivant sous le seuil de la pauvreté, ceci les rend plus à risques lors des catastrophes naturelles (IUCN).

Premièrement, les femmes sont plus nombreuses à habiter des zones à risque lors de catastrophes. Les hommes sont plus fréquemment appelés à migrer pour le travail, alors que les femmes demeurent plus fréquemment avec la famille en région rurale. Et si elles sont appelées à migrer en zone urbaine, leur condition économique les confine souvent à des quartiers défavorisés et plus vulnérables lors de catastrophes naturelles.

Deuxièmement, la culture et les rôles traditionnels attribués aux femmes ont une influence sur leur mobilité. Le fait d’assumer la responsabilité de personnes à charge augmente considérablement le temps nécessaire à leur évacuation lors de catastrophes. Dans certains cas, elles se retrouvent dans l’incapacité de fuir à cause de leur habillement traditionnel, ou du fait que leur socialisation a découragé l’acquisition de compétences comme grimper aux arbres ou nager. Certaines demeurent sur place, car elles doivent obtenir la permission de leur mari avant de quitter les lieux.

Et finalement, les femmes ont souvent moins accès aux alertes ainsi qu’aux informations liées à l’évacuation puisque les réseaux d’alertes sont développés par les hommes et pour les hommes.

• Le nombre de décès lors de catastrophes naturelles est 14 fois plus élevé chez les femmes et les enfants³

Les conséquences de cette situation sont désastreuses : la santé des femmes est affectée par l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes. Le réchauffement climatique entraine une augmentation du nombre de maladies et d’épidémies. Les inondations, sècheresses et vagues de chaleur contribuent à la contamination de l’eau et à la propagation des maladies. Dans la plupart des cas, le soin des malades incombe alors aux femmes, ce qui alourdit leur tâche. Cet alourdissement de la tâche des femmes se traduit souvent par la mise à contribution accrue des filles, illustrant comment leur scolarisation est la première à être compromise suite aux catastrophes.⁴

La raréfaction de la nourriture provoquée par les désastres a un impact direct sur la sécurité alimentaire des communautés. Les femmes ont tendance à s’assurer que les membres de leur famille soient nourris en priorité, ce qui les rend plus à risque de carences, surtout lorsque s’accroissent leurs besoins alimentaires spécifiques pendant la grossesse et l’allaitement.

3Carlsson Rex, Helene Monika; Trohanis, Zoe Elena.(2012) Making women's voices count : integrating gender issues in disaster risk management : overview and resources for guidance notes.Washington, D.C. : World Bank Group.

4 CQFD de l’AQOCI (2015) Femmes et changements climatiques.

Une analyse basée sur 130 études révèle que les femmes et les filles sont souvent confrontées à des risques de santé disproportionnellement élevés en raison des impacts du changement climatique par rapport aux hommes et aux garçons. Par exemple, les femmes et les filles sont plus susceptibles de mourir dans les vagues de chaleur en France, en Chine et en Inde, et dans les cyclones tropicaux au Bangladesh et aux Philippines. Dans de nombreuses régions du monde, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de souffrir d'insécurité alimentaire à la suite d'événements météorologiques extrêmes.⁵

On observe aussi une aggravation et une multiplication des cas de violence à l’égard des femmes et des filles suite aux catastrophes: violence domestique, harcèlement, viols et traite de personnes. Les décès et déplacements entrainent la destruction des réseaux de protection naturels des femmes et des filles, et les organisations criminelles en profitent pour sévir⁶⁷. La logique d’urgence renforce les rapports inégalitaires entre les femmes et les hommes.

• 84% des personnes déplacées par le changement climatique sont des femmes.⁸

Tandis que le développement durable promeut une approche spécifique et transversale de l’égalite femmes-hommes (EFH). Pour le système humanitaire, la logique d’urgence et la livraison de service emporte sur la promotion de l’ÉFH. Ce n’est pas pratique courante de sonder les bénéficiaires sur leurs besoins, et si cela est fait, ce sont rarement les femmes qui sont consultées (7% dans certains rapports des agences des NU). Même les rapports d’évaluation des interventions et programmes d’Aide humanitaire utilisent rarement des données désagrégées par sexe (CQFD, 2015).

Les camps de réfugié-e-s climatiques et personnes déplacées ne sont donc pas bien adaptés pour les femmes. Les toilettes ne sont pas bien illuminées, et leur emplacement est éloigné, augmentant le risque de violence envers les femmes et les filles. Les femmes sont rarement impliquées dans les exercices de gouvernance, planification et prise de décisions.

Quelques exemples :

• Suite au tremblement de terre en Haïti, les déplacements internes de masse, les logements inadéquats, la perte de moyens de subsistance ont renforcé la situation de précarité des femmes et les violences physiques et sexuelles à leur égard.

• Au Vanuatu, après deux cyclones tropicaux en 2011, il y a eu une augmentation de 300 % des cas de violence domestique signalés au Centre de conseil pour femmes de Tanna.⁹

• Madagascar, la tempête tropicale Ana fait au moins 34 morts dans la capitale Antananarivo, mais peu de données désagrégées par sexe sont disponibles.¹⁰

5 Dunne, Daisy (2020) Mapped :How Climate Change disproportionately affects women’s health. Carbon Brief 29 10 2020.

6 Hales S., Kovats S. et al. (2014). Quantitative risk assessment of the effects of climate change on selected causes of death, 2030s and 2050s. Genève, Suisse. Organisation mondiale de la santé.

7 Camey, I.C., Sabater, L et Al (2021) Gender-based violence and environmental linkages. IUCN.

8 PNUD (2016) Overview of linkages between Gender and Climate Change

9 ONU Femmes (2022) Tackling Violence against women and girls in the context of climate change.

10 ONU (15 mars 2022) Les femmes à Madagascar au cœur de l’urgence climatique.

• Le RFP de l’APF a pris connaissance du peu d’aménagement des besoins des femmes et des filles lors d’une visite des camps de réfugié-e-s en Grèce. Elles ont observé que de jeunes filles dorment sur des couchettes à côté des hommes de 40 ans.

Conséquences de la variabilité climatique sur les femmes

La sècheresse et la désertification, qui entrainent une rareté des ressources, sont aussi amplifiées par les changements climatiques et affectent les femmes de façon disproportionnée.

Les femmes sont surreprésentées dans les emplois dépendant de ressources naturelles affectées par les changements climatiques, comme l’approvisionnement en eau et en bois ou l’agriculture de subsistance. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la production alimentaire résulte pour 60 à 80% du travail des femmes dans les pays du Sud. Leur accès à la terre est cependant restreint et précaire: elles en sont rarement propriétaires et se voient souvent attribuer la culture de terres de mauvaise qualité.

Par ailleurs, les effets de la marchandisation des semences se font sentir en contexte de variabilité climatique. Les cultures commerciales, souvent contrôlées par les hommes et misant un nombre restreint de cultivars, ne résistent pas nécessairement aux variations de climat de plus en plus fréquentes, augmentant ainsi le risque de perte totale des récoltes. Si la diversité de plantes et d’espèces pour les cultures vivrières est aussi réduite, la souveraineté alimentaire des communautés est mise en péril.

La hausse de température rallonge les saisons de sècheresse, entrainant l’épuisement des sources d’eau qui devient insuffisante pour la famille, les cultures ou la production d’électricité. Les récoltes, et par conséquent, les réserves alimentaires, s’en voient affectées, de même que le maintien de la santé du bétail. Ce contexte rend aussi la conservation de semences et de grains plus difficile. La diminution des ressources accessibles a pour effet d’augmenter le nombre de tâches effectuées par des femmes et les filles ou de rendre ces tâches plus longues à accomplir, comme la recherche d’eau et de bois de chauffage. Dans un tel contexte, le temps disponible pour se consacrer à des activités génératrices de revenus, s’éduquer et participer aux prises de décisions au sein de leur communauté se fait de plus en plus rare.

Une récente étude sur les changements climatiques démontrent que de 30% à 40% des mariages d’Enfants au Malawi sont dus aux inondations et aux sécheresses causées par les changements climatiques¹¹. Des familles souhaitant nourrir et éduquer plusieurs enfants se retrouvent dans l’impossibilité de pourvoir aux besoins de leurs enfants. La seule solution pour plusieurs famille est de retirer les filles de l’école pour les marier. C’est une bouche de moins à nourrir pour la famille mais c’est également pour assurer la survie de la jeune fille affamée. Quoique les données ne sont pas disponibles pour l’Afrique francophone, les taux de mariages précoces sont également élevés et l’impact de la variabilité climatique, dont la sécheresse, est fortement ressenti. Selon l'UNICEF¹², quatre pays parmi les dix qui affichent les

11 Chamberlain, Gethin (2017) Why Climate Change is Creating a New Generation of Child Brides dans le Guardian (26 nov, 2017)

12 Unicef et UNFPA (2018) Le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre.

taux de mariage d'enfants les plus élevés — le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée — sont situés en Afrique de l'Ouest francophone.

Quelques exemples

• Malgré le lien souvent clair entre la fragilité et la vulnérabilité climatique, le fait de ne pas intégrer les considérations d'adaptation climatique dans les plans de consolidation de la paix et les programmes de développement post-conflit peut compromettre la viabilité à long terme des deux. (NAP Global Network). Au Nord du Bénin l’insécurité lié au groupes terroristes est renforcée par les changements climatiques. Encore en 2020, le Nord Bénin est touché par la montée des eaux du fleuve Niger, ce qui entraine des épidémies de maladies (choléra) et la perte des récoltes.

• Au Sénégal et au Bénin, les hommes contrôlent largement l'utilisation des ressources productives du ménage (telles que les charrettes tirées par des ânes et la main- d'œuvre). En conséquence, les champs des femmes sont plantés en dernier, de sorte que leurs récoltes ne sont souvent pas récoltées avant la fin de la saison des pluies, lorsqu'elles sont plus susceptibles d'échouer à cause des périodes de sécheresse (GGCA, 2016).

• Au Sénégal et en Ouganda, les hommes ont généralement accès à de meilleures informations météorologiques que les femmes, qui peuvent être utilisées pour modifier les pratiques de production(GGCA, 2016).

• Dans le nord du Mali, la communication sur les lois foncières est médiocre et de nombreuses femmes marginalisées ignorent qu'elles ont un accès égal à la terre en vertu de la loi. Malgré la pénurie d'eau persistante dans toute la région, de nombreuses femmes n'ont pas cherché à quitter leurs terres arides actuelles pour des terres irriguées en raison de l'exclusion des agriculteurs masculins. (GGCA, 2016).

• Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a dévoilé en 2021 un nouveau rapport qui annonce pour la Nouvelle-Calédonie, des sécheresses de plus en plus récurrentes et de plus en plus longues. De plus, d'ici 2100, le niveau moyen des océans s'élèvera de 50 à 70 cm. Ce qui aura une conséquence sur l'érosion côtière mais aussi sur les terres agricoles. Même les aspects les plus techniques du changement climatique – tels que les scénarios de modélisation de l'impact du changement climatique sur la pêche dans le Pacifique – ont des implications sexospécifiques. Les hommes et les femmes utilisent les ressources halieutiques de différentes manières et les informations relatives à la manière dont le changement climatique affectera ces ressources doivent parvenir aux personnes impliquées dans la gestion de ces ressources.¹³ Mme Jalabert a noté que les changements climatiques, et notamment l’impact de la montée des eaux sur pêche, les moyens de transports terrestres), demeurent une priorité qui a été soulevé lors du Forum des Iles du Pacifique en 2020.

- Le Canada (Québec et Ontario) et la Belgique/Wallonie Bruxelles ont noté les effets des changements climatiques dont la plus grande fréquence d’inondations, chaleur et tempêtes. De plus, elles ont noté la vulnérabilité des femmes lors de la pandémie de la COVID.

- Au Rwanda, plusieurs initiatives et projet de l’État sont en cours pour contrer les effets des changements climatiques, dont le « greening » par l’entremise de plantage d’arbuste. Le Rwanda a également une loi contre la pollution.

13 ONU Femmes, Secretariat of the Pacific Community Gender and Climate Change toolkit : tools for practitioners

Les femmes sont à la clé des stratégies de résilience aux changements climatiques

Mais les femmes ne sont pas que des victimes des réchauffements climatiques : elles sont aussi et surtout des porteuses de solutions avec lesquelles il faut compter. Lors de catastrophes naturelles, leur connaissance des réseaux sociaux leur permet de savoir qui sont les victimes potentielles, où elles se trouvent et qui a besoin d’aide. Leur donner accès aux technologies a pour effet d’augmenter radicalement l’efficacité des opérations de secours.

Le GIEC définit les mesures d’atténuation comme des interventions destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre ou à en augmenter le stockage dans des réservoirs non atmosphériques. La protection de la forêt, la gestion écoresponsable de l’énergie ainsi que le développement de nouvelles sources d’énergie vertes (photovoltaïque et éolienne) en sont des exemples. Ainsi, ces initiatives visent l’élimination progressivement les émissions provenant de l’énergie produite à partir du charbon et en favorisant un accès équitable à des solutions d’énergie propre fiables et rentables et à des technologies éco énergétiques. Encourager les jeunes filles dans les domaines des sciences et technologies est essentiel à la participation des femmes dans ce domaine.

Quant à l’adaptation, il s’agit d’un ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’en atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques.

Aux quatre coins de la planète, des femmes sont à l’avant-garde de stratégies permettant de faire face aux changements climatiques, souvent à l’échelle communautaire et locale.

Nombreuses sont les femmes, et particulièrement les femmes autochtones, qui vivent en lien étroit avec leur environnement, en ont une connaissance approfondie et jouent un rôle de premier plan dans sa défense, sa préservation et sa protection. Leurs savoirs traditionnels, de même que les expériences et compétences développées dans l’exercice de leurs divers rôles en font des actrices de changement et de mobilisation communautaire incontournables pour aborder les changements climatiques. Plusieurs approches dites novatrices, telles que l’agroécologie, l’agroforesterie, l’agrobiodiversité puisent dans cet extraordinaire bagage.

L’agrobiodiversité et la sécurité semencière mettent aussi les savoirs traditionnels portés par les femmes au cœur des stratégies d’intervention. En faisant la protection de la diversité agricole, l’agrobiodiversité permet d’assurer la sauvegarde de variétés aux propriétés diversifiées: les unes précoces, d’autres résistants à la sècheresse, à certains parasites ou aux inondations. Une variété d’espèces dans les champs permet aux agricultrices et agriculteurs de minimiser les risques de perdre la totalité de leur récolte lorsque des conditions climatiques extrêmes surviennent et augmente les chances d’avoir des variétés qui résisteront à de multiples intempéries.

C’est une stratégie de mitigation des risques.

Le Canada vient d’annoncer un nouveau fonds « Partenaires pour le climat » de 300 M$ qui priorise l’adaptation aux changements climatiques et les droits des femmes. Il soutiendra des projets qui mettent à profit des solutions fondées sur la nature (SFN) pour aider les pays, les communautés et les populations d’Afrique subsaharienne (une région particulièrement

vulnérable aux changements climatiques) à devenir plus résilients aux effets des changements climatiques.

Quelques exemples :

• Une nouvelle initiative nommée « KIWA » en Nouvelle-Calédonie mise sur les solutions fondées sur la nature et les savoirs traditionnels. Des fonds sont également disponibles pour déplacer les familles qui font face à la montée des eaux et sécuriser tout un front de mer.

• Le Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO (CEREEC) vise à̀ compléter les efforts des régions pour améliorer l’accès à une énergie renouvelable pour tous. Il garantit le succès et l’efficacité de la politique de la CEDEAO pour une énergie renouvelable, incluant autant les femmes que les hommes pour résoudre les crises énergétiques des régions. D’autres initiatives de la CEDEAO: la politique 2015 de la CEDEAO pour un accès égalitaire à l’énergie ; l’Alliance ouest africaine pour une cuisson propre (WACCA) ; la Fédération des femmes d’affaires et chefs d’entreprise de la CEDEAO (FEBWE) ;

• A Madagascar, l’intersection entre les droits des femmes et la lutte contre les changements climatique a été démontré et des stratégies ont été mises en place. Les principales menaces auxquelles sont confrontés les agriculteurs de la région sont les pluies tardives et variables, les incendies de saison sèche, l'augmentation des épidémies et de maladies des plantes, les inondations occasionnelles, le manque de sécurité politique et foncière. Grâce à des initiatives ciblées à cet effet, les femmes désormais comment lutter contre le changement climatique et lancent des activités à petite et moyenne échelle, notamment le reboisement, les pépinières, l'agriculture intelligente face au climat, l'agriculture de conservation, l'agroforesterie et le compostage organique.¹⁴

• Le Réseau des Femmes pour l’Environnement et Relais Femmes sont des femmes qui luttent pour pallier à l'absence d'intégration de la dimension de genre dans la lutte québécoise aux changements climatiques au niveau des politiques gouvernementales et dans la société civile.

Les femmes dans les politiques et cadres d’action de niveaux international, national et local Diverses études relèvent le lien direct entre la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles et la méconnaissance des mécanismes de réduction de gaz à effets de serre. Cette sous-représentation compromet sérieusement l’efficacité des mesures de lutte aux changements climatiques, qui nécessitent l’implication de l’ensemble des parties prenantes. L’établissement de quotas est une piste de solution à ce problème de représentation. Il faut y assurer la participation effective des femmes et qu’elles soient considérées comme des actrices de développement et non seulement des groupes vulnérables.

14 Ministère de l’Environnement de l’Écologie, et des Forêts de Madagascar (2019) Pour un Processus de Plan National d’Adaptation (PNA) qui répond aux questions de genre à Madagascar.

Pourtant, le Cadre d’action de Hyogo portant sur la prévention des catastrophes, ainsi que plusieurs programmes d’action nationaux aux fins de l’adaptation (PANA) mis en place par la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) soulignent le rôle fondamental des femmes dans la gestion des ressources naturelles et leur expertise pour juguler les risques au niveau local. À la source de ces savoirs diversifiés, les multiples rôles qu’elles sont appelées à jouer, notamment comme utilisatrices et gestionnaires de ressources environnementales, soutien économique, dispensatrices de soins et travailleuses communautaires.

De plus, les femmes demeurent largement minoritaires dans les instances décisionnelles et d’élaboration des politiques publiques. Un fait illustre de manière frappante à la COP 21, qui comptait seulement 7% de femmes leaders de gouvernements¹⁵.

Les parlementaires peuvent faire un plaidoyer pour des plans d'action participatifs, multipartites et multisectoriels sur le changement climatique. Ils peuvent aider les pays à développer une action globale qui intègre les préoccupations de genre et s'appuie sur les connaissances et les perspectives uniques des femmes. Il est important d'assurer un espace et des ressources égaux aux femmes et aux hommes pour participer à la prise de décision et à l'action sur le changement climatique à tous les niveaux. Le financement climatique doit être accessible aux hommes et aux femmes et conçu pour générer des avantages mutuels, et non pour exacerber les schémas d'inégalité.

15 Global Gender and Climate Alliance (2016) Gender and Climate Change: A closer look at the evidence.