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La gestion de l eau souterraine dans l Oasis de Jemna en Tunisie :

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Academic year: 2022

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Mémoire présenté par : Oumaima LFAKIR

Le 07 Septembre 2021

Pour l’obtention du : MASTER 2 – EcoDEVA

Economie du développement agricole, de l’environnement et alimentation

Devant le jury composé de :

SEPTEMBRE 2021

M. Stefano FAROLFI Economiste - HDR UMR G-Eau CIRAD

Mme. Myriam KESSARI Enseignante-chercheuse IAM Montpellier

Mme. Caroline LEJARS Economiste-directrice Adjointe UMR G-Eau CIRAD

M. Hatem BELHOUCHETTE Enseignant-chercheur IAM Montpellier

M.Rachid HARBOUZE Enseignant-chercheur IAV Hassan II

La gestion de l’eau souterraine dans l’Oasis de Jemna en Tunisie :

Une enquête préparatoire pour une analyse par l’économie

expérimentale

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L’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions n’engagent que leur auteur. »

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Dédicace

A mon cher Papa

Tu es mon confident, ma source de motivation, ta présence me rassure dans les moments les plus difficiles, aucun mot ne saurait exprimer mon amour éternel et ma sincère gratitude, mais je te promets,

papa chéri, que le meilleur reste à venir. Je ne peux t’exprimer comme je suis fière d’être ta fille.

A ma chère Maman

Ce travail n’est que le premier fruit de plusieurs années de patience et de bienveillance. Aujourd’hui un des objectifs est atteint grâce à ton éducation et à tes sacrifices. Ensemble, nous avons tant enduré mais

« doucement mais sûrement » comme tu disais toujours. Un nouveau chapitre vient de commencer.

A mes chers Zineb, Taha et Nouaamane

En souvenir d’une enfance dont nous avons partagé les meilleurs et les plus agréables moments. Pour toute la complicité qui nous unit, je me dois d’être un bon exemple pour vous.

A mes chers Abi & Mami

En ce jour sacré pour moi ainsi que pour vous, je tiens à dédier cet humble travail à vous, très chers grands parents, pour votre amour, votre tendresse, et vos prières tout au long de mes études.

Que Dieu, le tout puissant, vous préserve et vous accorde une meilleure santé et une longue vie.

A mes chers copains et copines

Oumayma, Yousra, Zineb, Siham, Nadia, Abir, Chaymaa, Safa, Amine, Fatima, Oussama, Mourad, Brahim, Khalil, Mouad, Yassir, Hatim, Salma F, Salma M, Hana et le groupe Lhercha.

Je vous remercie pour tous les moments que nous avons partagés.

A ma chère Flifla

Merci d’avoir tenu le coup, pendant 23 ans, d’avoir toujours cru en moi malgré toutes les déceptions.

Merci d’avoir fait de moi la femme que je suis : Forte, ambitieuse et indépendante.

Autant de phrases et d’expressions aussi éloquentes soient-elles ne sauraient exprimer mon amour.

A ma famille IAVISTE

A tous mes camarades de Supagro Montpellier, de l’ IAMM et du CIRAD A tous ceux et celles qui m’aiment…

A tous ceux que je n’ai pas cités mais que je n’oublierai jamais Je dédie ce travail

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier mes illustres encadrants qui m’ont accompagné, conseillé et encouragé tout au long de la période de stage, une formidable équipe à côté de laquelle j’ai eu la chance de réaliser mon projet de fin d’étude dans des conditions excellentes.

A commencer par Mr FAROLFI S., mon maître de stage, pour le temps qu’il a consacré lors de nos échanges pour m’aider à cerner la problématique de l’étude et l’approche méthodologique à suivre ainsi que pour son encadrement avisé auquel ce mémoire doit beaucoup. Le fait de travailler avec lui m’a permis d’acquérir des nouvelles compétences. Je le remercie énormément pour son aide, ses encouragements et surtout son amour pour la recherche dont je m’inspire énormément. Je tiens à le remercier aussi pour l’intérêt qu’il a porté à la valorisation de mon travail à travers les papiers que nous allons publier dans les revues et journaux scientifiques.

Au terme du présent travail, réalisé partiellement au sein du LEEM, CEE-M dans le cadre du projet IDES, je tiens à exprimer ma gratitude envers Mr. WILLINGER M., Mme LAVAINE E. et Mr. KOFFI S., pour leur suivi régulier ainsi que pour la pertinence de leurs conseils tout au long du stage.

Il m’est également agréable d’adresser mes remerciements, et d’exprimer ma reconnaissance à Mme MORARDET S.et MmeKHAMASSI F. pour tous leurs efforts consentis au de ce mémoire.

Mes remerciements vont également à Mr BELHOUCHETTE H. et à Mme KESSARI M., mes enseignants référents IAMM au sein d’ECODEVA pour l’aide et le soutien qu’ils m’ont apporté tout au long du travail.

Je tiens à remercier également Mr HARBOUZE R. pour son encadrement pertinent ainsi que pour ses recommandations aux différentes étapes de mon stage, ce qui m’a permis de bien orienter le présent travail pour qu’il puisse aboutir aux objectifs prédéfinis.

Mes vifs remerciements vont aussi à Mr ETAHRI T. pour son aide précieuse durant la durée du stage.

J’adresse mes remerciements également aux différents membres du jury d’avoir accepté d’accorder de leurs temps précieux pour examiner ce modeste travail.

Un grand remerciement à l’équipe SIRMA, qui concrétise les projets de recherche comme IDES permettant d’accompagner les dynamiques locales des systèmes irrigués au Maghreb, ainsi qu’à toute l’équipe de l’UMR G-eau pour leur accueil au sein du CIRAD, notamment Mr. KUPER M. et Mme LEJARS C. pour leurs conseils et leur gentillesse ainsi que pour l’environnement convivial de travail et les échanges qu’on a pu partager.

J’adresse un spécial remerciement pour tout le corps professoral et administratif de l’IAMM, de SUPAGRO, de l’UM et de l’IAV Hassan II pour leurs efforts et leurs dévouements qui m’ont permis d’acquérir l’ensemble des enseignements théoriques et pratiques nécessaires pour faciliter mon insertion dans le monde professionnel.

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Résumé

Les oasis en Tunisie présentent de nombreux enjeux socio-environnementaux liés à la dégradation des ressources en eau et aux dysfonctionnements institutionnels. L’Etat a délégué son rôle et a confié la gestion de l’eau d’irrigation de ces écosystèmes aux groupements de développement agricole (GDA).

Pourtant, les oasis restent, à ce jour, menacés par des problèmes de surexploitation de l’eau souterraine, notamment avec le phénomène d’expansion de terres cultivées, autrement appelées : « les extensions » en bordure des oasis « traditionnelles ».

La présente étude, menée dans l’oasis de Jemna au gouvernorat de Kébili, a pour objectif de conduire une analyse préliminaire à l’évaluation de la faisabilité d’un mécanisme de gouvernance innovant pour améliorer la gestion de l’eau souterraine dans les territoires oasiens.

Plus précisément, nous avons mené une enquête en ligne auprès de 65 agriculteurs de Jemna et avons participé à l’élaboration d’un prototype d’économie expérimentale. Les résultats de l’enquête montrent que les agriculteurs sont prêts à collaborer entre eux et font plus confiance en leur collaboration qu’aux institutions pour une meilleure gestion de l’eau. Ces résultats révèlent la présence de conditions favorables pour la mise en œuvre d’un mode de gouvernance coopératif comme le mécanise d’approbation qui assure la participation active des usagers de l’eau d’irrigation de Jemna.

De plus, les tous premiers résultats de l’expérience au laboratoire visant à tester un mécanisme innovant de gestion de la ressource commune semblent confirmer l’utilité du mécanisme dans notre cas d’étude.

Des recherches ultérieures permettront de tester définitivement ce protocole en laboratoire, en prévision de son expérimentation sur le terrain (Lab in the field).

Mots clés : Tunisie/ irrigation/ Jemna / Mécanisme d’approbation / Ressource commune

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Title: Groundwater management in the Jemna Oasis in Tunisia:

A preparatory survey for an experimental economic analysis Abstract

The oases in Tunisia present many socio-environmental issues related to the degradation of water resources and institutional dysfunctions. The authority had delegated its role and entrusted the management of irrigation water in these ecosystems to the agricultural development groups (GDA). However, the oases remain threatened by problems of overexploitation of groundwater, particularly with the phenomenon of expansion of cultivated land, otherwise known as "extensions" on the edge of "traditional" oases.

The present study conducted in the Jemna oasis in the governorate of Kebili aims to conduct preliminary analyses to assess the feasibilit of an innovative governance mechanism to improve groundwater management in oasis territories.

Specifically, we conducted an online survey of 65 farmers in Jemna and participated in the development of an experimental economy prototype. The survey results show that farmers are willing, for better water management, to collaborate with each other and trust their collaboration more than institutions. These results reveal the presence of suitable conditions for the implementation of a cooperative governance mode such as the approval mechanism that ensures the active participation of Jemna irrigation water users.

Moreover, the very first results of the laboratory experiment aimed at testing an innovative mechanism for managing the common resource seem to confirm the usefulness of the mechanism in our case study. Further research will allow testing definitively this protocol in the laboratory, in anticipation of its experimentation in the field (Lab in the field).

Keywords: Tunisia/ irrigation/ Jemna / Approval mechanism / CPR

(7)

Sommaire

LISTE DES TABLEAUX ... 8

LISTE DES FIGURES ... 9

LISTE DES ABREVIATIONS ... 10

INTRODUCTION GENERALE ... 11

CONTEXTE, QUESTIONS DE RECHERCHE ET METHODOLOGIE ... 13

CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE ... 14

I - L’agriculture en Tunisie ... 14

L’importance de l’agriculture irriguée en Tunisie ... 14

1. Ressources hydriques ... 14

2. II - Système oasien en Tunisie ... 14

L’importance des oasis ... 14

1. La gestion de l’eau dans les oasis en Tunisie ... 16

2. La gestion de l’eau dans l’Oasis de Jemna ... 16

3. La gestion actuelle de l’eau dans l’Oasis de Jemna ... 18

4. III - Quelques concepts économiques et propositions d’outils de gestion des ressources communes en accès libre ... 18

Les ressources communes en accès libre (-communs) ... 18

1. La gestion des communs ... 19

2. Les dilemmes sociaux... 19

3. Mécanismes de gestion des communs ... 19

4. CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES... 20

I - Caractéristiques de la zone d’étude ... 20

Cadre géographique ... 20

1. Cadre historique et institutions ... 21

2. Données naturelles... 22

3. II - Méthodologie de l’enquête ... 23

Elaboration du questionnaire en ligne ... 24

4. Test du questionnaire ... 25

5. L’enquête ... 25

6. Déroulé de l’entretien ... 26

7. La base de données ... 26

8. Analyse Statistique ... 28

9. III - Méthodologie de l’expérimentation... 28

(8)

Design expérimental ... 28

1. Déroulé des séances d’expérimentations ... 29

2. CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION ... 30

I - Représentativité de l’échantillon enquêté ... 30

II - Statistiques descriptives des données d’enquête et discussion ... 30

Typologie d’agriculteurs selon le type d’oasis ... 30

1. Résultats de la section 1 du questionnaire : Profil des agriculteurs ... 30

2. Résultats de la section 2 : Institutions ... 35

3. Résultats de la section 3 : Répartition selon les productions animale et végétale ... 36

4. Résultats de la section 4: Irrigation ... 38

5. Résultats de la section 5 : Perceptions et attitudes des agriculteurs ... 42

6. III - Les résultats de l’expérimentation ... 47

CONCLUSION ET PERSPECTIVES ... 48

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : ... 50

ANNEXES ... 53

صخلم ... 65

TABLE DES MATIERES... 66

(9)

Liste des tableaux

Tableau 1: Typologie des biens économiques ... 18

Tableau 2: Les groupements de développement agricole de l’oasis de Jemna ... 22

Tableau 3: Répartition des ressources en eau et de l’exploitation des nappes profondes (2005). 23 Tableau 4: Nombre des agriculteurs et superficie de l’oasis de Jemna ... 24

Tableau 5: Les variables sortantes de chaque section du questionnaire ... 27

Tableau 6 : Nombre et surface enquêtés ... 30

Tableau 7: Les types d’agriculteurs de l'échantillon ... 30

Tableau 8: Répartition de l’échantillon selon le rôle dans l’exploitation (en %) ... 31

Tableau 9: Rôle des agriculteurs dans l’exploitation (% par type) ... 31

Tableau 10: Répartition de l’échantillon selon leur âge (en %) ... 31

Tableau 11: Age des agriculteurs selon leurs types ... 32

Tableau 12: Catégories d'âge des agriculteurs ... 32

Tableau 13: Activité secondaire des agriculteurs dont l’activité principale est l’agriculture (en %) ... 33

Tableau 14: Activité principale des agriculteurs pour lesquels l’agriculture n’est pas l’activité principale (en %) ... 33

Tableau 15: Activité principale des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 34

Tableau 16: Nombre d’enfants des agriculteurs selon leurs types ... 34

Tableau 17: Répartition de l’échantillon selon leur niveau d’instruction (en %) ... 34

Tableau 18: Niveau d’instruction des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 34

Tableau 19: Formation professionnelle des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 35

Tableau 20: Appartenance des agriculteurs aux GDA selon leurs types ... 35

Tableau 21: Superficie des exploitations des agriculteurs selon leurs types ... 36

Tableau 22: Caractéristiques de la superficie des terres dans l’oasis traditionnelle ... 36

Tableau 23: Année de début de l’activité agricole des agriculteurs selon leurs types (moyenne) 37 Tableau 24: La volonté des agriculteurs d’acheter un hectare supplémentaire selon leurs types (en %) ... 37

Tableau 25 : Elevage dans l’oasis de Jemna ... 37

Tableau 26: Système de production des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 38

Tableau 27: Source de l’eau des agriculteurs selon leurs types ... 38

Tableau 28: Caractéristiques des puits de l’oasis de Jemna ... 39

Tableau 29: Pourcentage des systèmes d’extraction des puits de l’oasis de Jemna ... 39

Tableau 30: Technique d’irrigation des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 40

Tableau 31: Problème de la qualité de l’eau des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 41

Tableau 32: fréquence prix et disposition à payer du tour d’eau ... 41

Tableau 33: Suffisance du tour d’eau des agriculteurs selon leurs types (en %) ... 42

Tableau 34: Echelle utilisée pour les questions d’attitudes et perceptions ... 42

Tableau 35: Perception de la résolution des conflits par coopération selon leurs types ... 45

Tableau 36 : Informations sur les sessions expérimentales ... 47

Tableau 37: Paiements du jeu du dilemme du prisonnier ... 62

(10)

Liste des figures

Figure 1 : Evolution de la superficie totale des oasis en Tunisie (ha) ONAGRI 2020 ... 15

Figure 2 : Evolution de la production des dattes ... 15

Figure

3 : Carte de localisation de la zone d’étude en Tunisie œuvre du géographe Vincent Bisson ... 17

Figure 4 : Localisation de Jemna par satellite Maphill ... 20

Figure 5 : Location de Jemna par Google Maps ( 1 : 50 000) ... 20

Figure 6 : Cartographie des GDA de l’oasis de Jemna ... 22

Figure 7 : Palmier dattier de l’oasis de Jemna ... 23

Figure 8 : Les box du LEEM lors des sessions expérimentales ... 29

Figure 9 : Distribution de l'âge des agriculteurs selon leurs types ... 32

Figure 10 : L'activité principale et secondaire des agriculteurs enquêtés ... 33

Figure 11 : Pourcentage des agriculteurs adhérents aux GDA ... 35

Figure 12 : Répartition des enquêtés selon leurs GDA ... 36

Figure 13 : Répartition des enquêtés membres de plusieurs GDA selon leurs GDA principale ... 36

Figure 14 : Pourcentage des agriculteurs utilisant uniquement l'eau des GDA ... 38

Figure 15 : Source de l’eau des agriculteurs selon leur appartenance aux GDA (en %) ... 39

Figure 16 : Pourcentage des puits autorisés ... 40

Figure 17 Satisfaction des membres des GDA par rapport à la gestion des GDA et des règles pour garantir suffisamment d’eau pour tous à un prix correct. ... 42

Figure 18 : Satisfaction des répondants par rapports à la gestion des GDA et de la suffisance des règles pour garantir suffisamment d’eau pour tous à un prix correct. ... 43

Figure 19 : Perceptions de tous les répondants de la qualité de la quantité et de l’accès à l’eau dans l’oasis ... 43

Figure 20 : Perceptions par type d'agriculteurs de la qualité de la quantité et de l’accès à l’eau dans l’oasis ... 44

Figure 21 : Perceptions de tous les répondants par rapport à l'existence des conflits sur l'eau .... 44

Figure 22 : Volonté de tous les répondants de collaborer avec d’autres agriculteurs et perception de la volonté des autres agriculteurs à collaborer pour assurer une meilleure gestion. ... 45

Figure 23 : Volonté par type d'agriculteurs de collaborer avec d’autres agriculteurs et perception de la volonté des autres agriculteurs à collaborer pour assurer une meilleure gestion. ... 46

Figure 24 : Confiance de tous les répondants dans les institutions et dans les autres agriculteurs pour une meilleure gestion de l’eau. ... 46

Figure 25 : Confiance par type d'agriculteurs dans les institutions et dans les autres agriculteurs

pour une meilleure gestion de l’eau. ... 47

(11)

Liste des abréviations

AM : Approval Mechanism (Mécanisme d’approbation) APOJ : Association pour la protection des Oasis de Jemna CEE-M : Centre d’Économie de l’Environnement de Montpellier CI : Nappe du continental intercalaire

CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche CPR : Common Pool Resource (Ressource commune) CRDA : Commissariat régional au développement agricole CT : Nappe du continental terminal

DN : Dinar

DB : Disapproval Benchmark (Règle de désapprobation) GDA : Groupements de développement agricole

Ha : Hectare

IAMM : Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier IAV : Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II

IDES : Innovation et Développement Economique, Social et Solidaire pour une Oasis Durable INAT : L'Institut National Agronomique de Tunisie

KM² : Kilomètre carré

LEEM : Laboratoire de l’économie expérimentale de Montpellier M : mètre

ONAGRI : Observatoire National de l'Agriculture PAS : le plan d’ajustement structurel

PG : Public good (Biens publics)

SIRMA : Systèmes irrigués au Maghreb

SMVDA : Société de mise en Valeur et de Développement Agricole.

UM : Université de Montpellier

UMR G-EAU : Unité Mixte de Recherche Gestion de l'Eau, Acteurs, Usages

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Introduction générale

« L’homme mord la main qui le nourrit » (Jager et al., 2000) Les oasis sont des écosystèmes très complexes, cultivées de manière intensive et marquées par l’aridité du climat saharien, et où la vie s’organise autour de la ressource en eau. Cette aridité se caractérise par des températures élevées ainsi que des faibles apports pluviométriques (Sghaïer, 2010). En Tunisie, les oasis couvrent une surface de plus de 40 000 ha dans le sud désertique, répartis entre 4 gouvernorats différents : Gafsa, Gabès, Kébili et Tozeur (Khalfallah, 2019).

Cependant, la croissance démographique, l’extension importante des périmètres irrigués ont augmenté les besoins en eau de cette zone (Marouan et al., s. d.). L’eau est la ressource la plus rare dans une oasis, sa valorisation dépend des conditions de son accessibilité, de son abondance, de son mode de gestion et d’organisation. Les problèmes que pose l’exploitation des ressources en eau dans le sud tunisien sont à la fois le résultat des conditions naturelles sahariennes, du climat aride et de la configuration hydrogéologique des nappes phréatiques (Mamou, 2009).

Par conséquent, la priorité est désormais donnée à l’économie et à la gestion rationnelle pour préserver cette ressource. Dans le passé, les zones oasiennes en Tunisie étaient des propriétés du gouvernement et l’accès aux ressources en eau était collectif (Mekki et al., 2013) et gratuit. Ce n’est qu’à la fin des années 80 que l’Etat Tunisien commença à se désengager progressivement de l’administration et de la gestion directe de l’eau agricole au profit du secteur privé (Sghaïer, 2010).

Le code de l’eau de 1975 a achevé le transfert de la propriété de l’eau au gouvernement, et depuis 1998, des associations d’usagers de l’eau, actuellement appelées GDA (Groupement de développement Agricole) collaborent étroitement avec une structure régionale CRDA (Conseil Régional de Développement Agricole) pour une gestion participative de l’eau (Mekki et al., 2013).

Devant la particularité et la fragilité de ces écosystèmes, un tournant décisif est nécessaire afin d’assurer la durabilité de toutes les activités de développement (Fassi, 2017). Dans le but de proposer, en concertation avec les acteurs de l’Oasis, une réponse aux défis d’une gestion durable, le projet IDES (Innovation et Développement Economique, Social et Solidaire pour une oasis durable) a été mis en place en Tunisie. Parmi ces défis, la question de l’eau est centrale.

Dans cette optique, le projet propose de tester expérimentalement un mécanisme d’approbation comme forme de gouvernance pour mieux gérer l’eau de l’oasis de Jemna. Notre stage s’insère dans ce contexte spécifique et contribue aux objectifs du projet.

Dans notre cas d’étude, dans l’Oasis de Jemna, neuf GDA assurent la gestion de la ressource commune.

Cette gestion fait face à de nombreux problèmes liés entre autre au comportement ‘prédateur’ ou ‘free riding’ des agriculteurs à travers le creusement de puis individuels, souvent illicites, ce qui accroit la surexploitation des nappes.

Dans une telle situation, où l’extraction d’une ressource commune (Common Pool Resource – CPR, selon la terminologie d’Ostrom, 1990) est libre et incontrôlée, le comportement de surexploitation est étudié depuis des décennies, bien décrit par Hardin (1968) comme ‘tragédie des communs’. Stipulant que lorsque les agents sont en concurrence pour des ressources limitées en accès libre, cette concurrence conduit à une surexploitation.

La « tragédie des communs » met en exergue la nécessite de déployer des moyens de gestion qui vont concilier la préservation des nappes et le développement social et économique. Il s’agit d’une situation qualifiable comme ‘dilemme social’, où l’intérêt des individus rentre en conflit avec l’intérêt collectif.

(13)

En économie expérimentale, une méthode de recherche consistant à étudier les décisions des agents économiques dans un contexte identifié, contrôlé et reproductible (Theroude, 2019), plusieurs mécanismes ont été proposés et documentés pour faire face à ce type de dilemmes et réduire la surexploitation des ressources communes, comme par exemple le mécanisme d’approbation, utilisé d’abord sur les biens publics (Masuda et al., 2014 ; Saijo et al., 2015 et 2018), puis par Yao et al. (2021) sur les CPR.

Ce stage a pour objectif de préparer ce test du mécanisme d’approbation, à travers une enquête préliminaire sur l’oasis de Jemna afin de comprendre les caractéristiques et les attitudes des agriculteurs locaux envers les règles et les institutions pour la gestion de l’eau. Le stage a permis également de participer à l’élaboration du protocole expérimental en laboratoire et aux premières sessions expérimentales.

Le mémoire sera organisé en 3 chapitres, en plus de l’introduction générale, la problématique et la conclusion générale. Le premier chapitre est consacré à une mise au point bibliographique sur l’agriculture en Tunisie et sur les oasis ainsi qu’une revue de littérature sur quelques concepts de l’économie expérimentale.

Le second chapitre présentera le cadre méthodologique et la zone d’étude tandis que le dernier chapitre est consacré à la présentation des résultats que nous interpréterons et discuterons afin d’en tirer les réponses à nos questions de recherche.

(14)

Contexte, questions de recherche et méthodologie

Nous allons dans cette section résumer le contexte dans lequel la recherche s’insère. Les détails de ce contexte sont présentés dans la section suivante sur la Revue bibliographique. Cette revue nous a permis d’identifier les questions de recherche détaillées plus bas. La méthodologie employée est finalement ici introduite. Elle sera détaillée dans la section Matériel et méthodes.

En Tunisie, comme dans chaque pays sujet à la rareté de l’eau et à un niveau de pluviométrie très bas, l’irrigation tient une place cruciale. La gestion de l’eau d’irrigation, ressource commune rare, a toujours été le centre de préoccupations des gestionnaires et des agriculteurs dans les oasis du sud tunisien.

Depuis 2008, les oasis tunisiennes doublent en superficie et la mobilisation de l’eau devient de plus en plus accrue. Cette expansion est sous forme de terres irriguées appelées « extensions » en bordure des oasis « traditionnelles ». Ces extensions exercent en particulier une pression forte, incontrôlée et illicite sur l’eau souterraine et constituent une réelle menace pour la durabilité de l'écosystème.

En raison du fort conflit d’intérêt par rapport à l’exploitation de la ressource, le partage de l’eau dans ce contexte est compliqué. Il s’agit d’une situation dans laquelle les décisions prises indépendamment par les individus afin de maximiser leurs utilités individuelles sont en conflit avec l’intérêt du groupe, autrement appelée un dilemme social. En économie expérimentale, plusieurs mécanismes ont été proposés et documentés pour faire face à ce type de dilemmes et réduire la surexploitation des ressources communes, comme par exemple le mécanisme d’approbation (MA),

Dans ce contexte, la recherche d’un mode de gouvernance de l’eau, capable d’assurer à la fois le développement socio-économique et la durabilité environnementale, devient une priorité. Notre stage, va dans ce sens. L’enquête conduite auprès des agriculteurs a pour objectif l’acquisition d’une meilleure connaissance de l’exploitation de l’eau souterraine et du fonctionnement du GDA. Elle est une étape préliminaire à l’expérimentation en laboratoire. Les résultats de l’enquête nous permettront d’adapter le mécanisme aux réalités observées sur le terrain. C’est cette enquête qui représente le cœur de ce stage.

Notre objectif sera de répondre aux questions suivantes :

 Quelles sont les caractéristiques des agriculteurs de l’Oasis de Jemna ?

 Quelles sont les règles appliquées par les GDA et quelles sont les attitudes des agriculteurs vis-à- vis de ces règles ?

 Est-ce qu’un mécanisme de gestion comme le MA peut être appliqué au cas de l’oasis de Jemna afin de régler le dilemme social existant dans la gestion de l’eau d’irrigation ?

Pour répondre à ces questions, nous avons commencé par la construction d’un questionnaire, ensuite nous avons réalisé une enquête de terrain auprès des agriculteurs de l’oasis de Jemna afin de comprendre et décrire leurs attitudes vis-à-vis des règles et des institutions pour la gestion de l’eau, ainsi qu’en termes de perceptions des conflits, et leur disponibilité à coopérer pour une meilleure gestion de l’eau.

Ensuite, sur la base des observations de l’enquête, nous avons participé à un groupe de recherche qui vise à introduire des innovations dans le mécanisme d’approbation proposé par (Yao et al., 2021) et le tester en laboratoire, avec des étudiants de l’université. Ce test en laboratoire est une étape préparatoire préalable au test en grandeur réelle avec les agriculteurs de l’oasis de Jemna. Ce dernier n’aura pas lieu au sein de ce stage pour en raison d’une limite de temps.

(15)

Chapitre 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

Cette partie présente les références bibliographiques de l’étude afin de mieux cerner la problématique. Le premier paragraphe traite de l’agriculture irriguée en Tunisie, le deuxième paragraphe est une synthèse sur le système oasien en Tunisie. Le troisième est une revue rapide des études en économie expérimentale autour de la gestion des ressources en accès libre, puis des mécanismes d’approbation pour réduire la surexploitation des ressources communes en accès libre (CPR).

I - L’agriculture en Tunisie

En Tunisie, le secteur de l’agriculture et de la pêche est d’une grande importance dans l’économie nationale, contribuant à 10% du PIB national en 2017. Outre sa fonction économique de production de biens destinés à l’alimentation et à la transformation industrielle, le secteur, considéré comme un facteur d’équilibre du pays, contribue à la création d’emploi, à la sécurité alimentaire et au développement (Chebbi, 2019).

L’importance de l’agriculture irriguée en Tunisie 1.

Comme pour tout pays méditerranéen, la Tunisie est soumise à un climat capricieux avec des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes (Atiri, 2006). Selon le Bureau de la planification et des équilibres hydraulique (2016), l’agriculture irriguée, grande consommatrice en eau, représente 37 % de la production agricole (8 % de la surface agricole utile, 27 % des emplois agricoles et 20 % de la valeur des exportations). En effet, elle consomme 80 % des ressources en eau disponible (Chebbi, 2019).

L’irrigation tient alors une place de choix cruciale. Les périmètres irrigués représentent près de 8% de la surface agricole utile (Atiri, 2006). L’agriculture irriguée revêt un caractère stratégique par sa contribution à l’économie agricole par la création de la valeur et des emplois.

Ressources hydriques 2.

Suite à la croissance démographique mondiale, les ressources hydriques subissent de plus en plus de pression. Tout comme au niveau mondial, la Tunisie a également un problème subtil d’or bleue.

Les ressources en eau dans les oasis sont principalement en eau souterraine (nappes profondes). La région de Kébili où se situe l’oasis de Jemna s’étend sur deux zones aquifères : le complexe terminal (CT) et le continent intercalaire (CI) (Marouan et al., s. d.).

Les nappes du CI, s’étendant sur une superficie de 350 000 km² avec une profondeur allant jusqu’à 300 m alors que la nappe du CT a une profondeur comprise entre 100 et 400 m. (Document de travail non citable, 2021). Ces nappes sont exploitées par des puits de profondeurs moyennes (entre 50 et 320 m) répartis entre puits publics dans les oasis traditionnelles et des puits privés dans les zones d’extensions (Aıssa et al., 2004).

II - Système oasien en Tunisie

Le Système Oasien est un écosystème unique où la présence de l’eau constitue la base des activités.

L’importance des oasis 1.

Marquée par un climat méditerranéen capricieux et les influences du désert, le climat dominant en Tunisie (les ¾ du pays) est semi-aride à aride. Cette aridité conjuguée à l’importance du palmier dattier confère aux oasis un rôle décisif dans le devenir des populations et du développement économique et social.

La superficie des oasis n’a pas cessé de s’étendre pour passer de 32 000 ha en 1993 (soit 0,63% de la superficie agricole) à 41 710 ha en 2010 (soit 0,8% de la superficie agricole (Ministère de l’Environnement, 2012).

(16)

Les résultats publiés par l’ONAGRI (2020) montrent l’évolution des superficies oasiennes, la superficie des extensions a doublé entre 2008 et 2016. (Figure 1)

Figure 1 : Evolution de la superficie totale des oasis en Tunisie (ha) ONAGRI 2020

Les oasis en Tunisie fournissent les produits agricoles à haute valeur marchande notamment les dattes qui occupent la 3ème place des produits agroalimentaires à l’échelle nationale après l’huile d’olive et les produits de la pêche (Hajji, 1997) .

Les oasis tunisiennes sont des entités qui jouent de multiples rôles sur les plans environnemental, économique, social et patrimonial (Sghaïer, 2010). Nous allons les citer brièvement :

Plan environnemental A.

A travers les siècles, l’oasis, par son microclimat particulier, est considéré comme un bout de paradis, un îlot de fraîcheur en plein désert (Boudjellal, 2009). Il maintient la biodiversité faunique et floristique en protégeant de la désertification.

Plan économique B.

Les habitants des oasis pratiquent une agriculture basée essentiellement sur le palmier dattier. Dans le secteur de la datte à travers le monde, la Tunisie occupe le 11ème rang pour la production, le 4ème pour le volume des exportations et 1er pour la valeur de ces exportations (Ministère de l’Environnement, 2012).

Selon le Ministère de l’environnement, la production totale n’a cessé de croître (Figure 2). La valeur des exportations des dattes est passée de 10,3 millions DT en 1982 à 276 millions DT en 2009.

Figure 2 : Evolution de la production des dattes

Source : (Ministère de l’Environnement 2012) Superficie en

ha

(17)

Plan social C.

Les oasis jouent un rôle social non négligeable. « On estime que l’agriculture oasienne fait vivre directement et indirectement 10 % de la population tunisienne. » (Ministère de l’Environnement, 2012).

Plan patrimonial D.

Les oasis constituent un patrimoine historique, culturel et religieux. Elles étaient le berceau de plusieurs révolutions à cause de la quête de l’eau et de la terre.

Si l’eau est à l’origine de la vie dans les oasis, il devient évident que sa gestion est une priorité.

La gestion de l’eau dans les oasis en Tunisie 2.

La gestion de l’eau en Tunisie a fait intervenir plusieurs parties prenantes. Après la phase coloniale et l’indépendance de la Tunisie en 1956, deux grands moments ont marqué l’histoire de la gestion de l’eau (Sghaïer, 2010).

 1ère étape : Avant 1987

Cette période a précédé le plan d’ajustement structurel (PAS), réorientant la politique économique de l'État au profit du marché (Chaker, 2008). Elle était marquée par la politique de l’offre, l’Etat tunisien gouvernait l’eau à travers des Offices de mise en valeur agricole (OMVA), institutions responsables de la distribution de l’eau aux périmètres publics irrigués (PPI).

En 1975, le Code des Eaux a impliqué le secteur privé dans la gestion des ressources hydrauliques par le biais d’associations. « .. dans un contexte économique libéral, l'eau qui est une ressource appartenant à l'État, d'après le Code des Eaux, sera dorénavant gérée par l'intermédiaire des mécanismes de régulation du marché» (Eau 21, 1998.46).

 2ème étape : Après le PAS

Suite au PAS, la gouvernance de l’eau s’est orientée vers une politique de demande plutôt que d’offre.

L’Etat se désengage progressivement de la gouvernance de l’eau et encourage l’implication des usagers et de leurs associations. Plusieurs réformes ont modifié le nom et le domaine d’action de ces associations en 1987, en 1999 puis en 2004.

En 2004, la loi (n° 2004-24 du 15 mars 2004) stipule l’adoption et la généralisation de l’application d’un statut unique de GDA, comme modèle d’organisation locale des exploitants, à but non lucratif, en charge notamment de la gestion des ressources naturelles (Ministère de l’environnement et de développement durable, 2015).

La gestion de l’eau dans l’Oasis de Jemna 3.

Avant de traiter la gestion de l’eau dans l’Oasis, il est nécessaire d’explorer l’historique de la gestion de l’Oasis de Jemna. Les principaux traits de la zone d’études seront présentés dans le chapitre 2 : Matériel et méthodes (page 20).

Au cours ce qu’on appelle le printemps arabe de 2011, pendant lequel des milliers de manifestants ont protesté dans les places et capitales arabes pour exprimer leurs revendications. (Mejdi, 2019), les habitants de Jemna, n’ont pas fait l’exception et ont agi à l’encontre d’un passé marqué par la marginalisation et la domination vécues par différentes générations.

Les villageois ont occupé l’Oasis, et ont restauré non seulement leurs droits aux ressources naturelles notamment l’eau et la terre mais aussi leurs droits à l’autogestion.

Depuis 2011, les Jemnians cultivent et gèrent eux-mêmes l’Oasis (figure 3).

(18)

Figure 3 : Carte de localisation de la zone d’étude en Tunisie, œuvre du géographe Vincent Bisson

Source : (Troin, 2005) L’association pour la protection de l’Oasis de Jemna (APJO)

A.

L’acte de l’occupation de l’Oasis est suivi par la formation de l’Association pour la Protection de l’Oasis de Jemna (APJO) qui a permis aux habitants de l’Oasis de l’autogérer, d’implémenter des lois, de mettre en œuvre des projets de développement et par conséquent, de devenir une structure autonomie.

Les Jemnians se sont mobilisés vu leur attachement à la terre, à l’eau et à la culture du palmier, moyen de subsistance de la population. Ce sont les principales raisons qui les ont poussés à établir leurs propres règles et a formé l’APJO.(Mejdi, 2019)

Mr. Taher, militant actif pendant la révolution de 2011 et ex-président de l’APJO, m’a raconté que cette lutte pour l’Oasis a commencé pendant l’ère coloniale (1882-1956), d’où le nom : ElMoamar (signifie le colon) et s’est poursuivi avec la STIL (Société Tunisienne de l’Industrie Laitière) qui a géré l’oasis après (1972-2002). (Hajji, 1997)

Après la dépossession coloniale, l’Etat tunisien avait nationalisé les terres autrefois impérialistes et avait reconnu l’Oasis comme propriété collective. De 2002 jusqu’à la révolution de 2011, 2 hommes d’affaires proches de Ben Ali, président tunisien à l’époque, évincé lors de la révolution, louaient l’Oasis.

Devant cet historique d’injustice, les Villageois n’ont trouvé meilleure façon de réclamer la terre de leurs ancêtres que de l’occuper, de la gérer et de la garder comme propriété collective à travers l’APJO, malgré l’ambiguïté juridique existante autour de l’association. A partir de 2011, l’APJO a géré l’Oasis et a mis en place plusieurs projets dont l’Oasis avait le plus besoin.

(19)

Ainsi, la gouvernance des ressources naturelles, sur le plan national, est marquée par de grands efforts de délégation du rôle de l’Etat aux structures locales comme les GDA.

Les groupements de développement agricole (GDA) B.

Les GDA (Groupements de développement agricole) sont des structures formelles dédiées aux zones agricoles collectives (Aıssa et al., 2004) qui y assurent la gestion participative. Elles sont dirigées par des représentants d’agriculteurs. Ces personnes sont des agriculteurs bénévoles et influents qui jouissent d’une certaine autorité sociale. La composition, le mode de fonctionnement et les missions des GDA sont prédéfinies dans leurs statuts.

La gestion actuelle de l’eau dans l’Oasis de Jemna 4.

Le libre accès à la ressource de l’eau et le dysfonctionnement de sa gestion menacent sa durabilité.

Avant la révolution, l’Etat était au pouvoir. Après, l’agence politique a été restauré, l’APJO gouvernait tout en négociant avec l’Etat l’institutionnalisation de ce mode de gestion de l’économie sociale et solidaire.(Mejdi, 2019)

Actuellement, dans l’Oasis, on distingue deux espaces irrigués distincts : l’Oasis traditionnel où la communauté continue à irriguer collectivement par le biais des GDA et les extensions où l’irrigation se fait à partir de puits privés.

A titre indicatif, les périmètres irrigués privés qu’on appelle « extensions » ont commencé à multiplier de surface durant ces dernières années et sont irrigués à partir de puits privés creusés clandestinement par les agriculteurs. Ce sont des zones illicites aux voisinages des parcelles de l’Oasis. Depuis 1980, ces

« extensions » en bordure des oasis «traditionnelles » s’y sont multipliés (Brochier-Puig, 2004).

III - Quelques concepts économiques et propositions d’outils de gestion des ressources communes en accès libre

Les ressources communes en accès libre (-communs) 1.

Les ressources communes, sont des ressources naturelles ou artificielles dont l’exclusion de bénéficiaires potentiels est couteuse, mais pas impossible (Ostrom et al., 1992). Elles sont aussi définies ‘communs’.

Le terme ressource commune en accès libre ou CPR (Common pool ressource) désigne un bien défini par deux critères : la non exclusion et la rivalité, souvent à l’origine de sa dégradation voire de son épuisement (Ostrom et al., 1994).

Le tableau 1 montre la typologie des biens économiques selon deux critères : la rivalité et l’exclusion. Par rivalité, on entend que la consommation de ce bien par un agent diminue la quantité de ce bien disponible pour les autres agents. Par exclusion, on entend que qu’il est possible d’exclure un potentiel bénéficiaire à travers par exemple une règle, un contrat. (Samuelson, 1954)

Tableau 1: Typologie des biens économiques

Rivalité Non-rivalité

Non-exclusion

Ressources Communes en accès libre (CPR) : lacs, systèmes d’irrigation, bassin d’eau souterraine

Biens publics : défense nationale, paix et sécurité

Exclusion Biens privés : alimentation, vêtements, etc Biens de club : garderies, théâtres, club privés, etc

Source : Samuelson, 1954

(20)

La gestion des communs 2.

Il existe 2 modes de régulation classique de l’utilisation des ressources naturelles et sont : La régulation centralisée par l’Etat ou celle décentralisée par le marché. (Ostrom, 1990)

Ostrom, (Ostrom, 1990) montre qu’il y a une troisième possibilité pour la gestion des communs: celle faisant appel à la mise en place de règles et institutions définies et agréés par les usagers mêmes des ressources, sur la base des informations qu’ils détiennent.

Les dilemmes sociaux 3.

Un dilemme social est une situation dans laquelle le comportement qui convient le mieux aux intérêts d’un individu est négatif pour le groupe quand chacun l’adopte. Une représentation typique en économie est le dilemme du prisonnier (DP) (Saijo et al., 2018). Dans le DP, la solution choisie par les deux prisonniers en calculant les bénéfices individuels (avouer) est la pire possible, tandis que la solution optimale pour le groupe, mais aussi pour les individus (ne pas avouer) est écartée.

La gestion des oasis peut être reconduite au dilemme social. Plus précisément, comme pour les prairies de Hardin (1968) donnant lieu à sa « tragédies des communs », l’eau de nappe sera surexploitée si tous les agriculteurs creusent leur puits individuel pour puiser de façon incontrôlée.

Mécanismes de gestion des communs 4.

Pour faire face aux dilemmes sociaux, plusieurs mécanismes ont été proposés et documentés par les économistes, notamment par Clarke (1971), Groves (1973), Groves et Ledyard (1977), Green et Laffont (1979), Varian (1994) ou Falkinger (1996).

Ces mécanismes ont été testés théoriquement et expérimentalement et empiriquement pour les biens publics d’abord. Moins d'efforts ont été consacrés à la conception de mécanismes efficaces pour résoudre le dilemme social dans les ressources communes (CPR) (Hardin (1968), Ostrom (1990), Walker et al.

(1990)).

Plus récemment, les mécanismes dits d’approbation (MA) ont été testé en économie expérimentale, d’abord pour améliorer la gestion des biens publics (Saijo et al., 2015 et 2018 ; Masuda et al., 2014) puis pour les CPR (Yao et al., 2020).

Dans un effort de proposer un cadre de gestion adapté aux extractions d’eau souterraine dans les oasis tunisiennes, un projet (IDES) teste actuellement des MA qui soient applicables aux contextes locaux.

En effet le mécanisme d'approbation comporte deux étapes. A la première, les joueurs font des propositions d'extraction de la ressource. A la seconde, les propositions sont révélées à tous et soumises à leurs approbations. Chaque joueur est invité à approuver ou à rejeter le vecteur d'extraction.

Lorsque les joueurs approuvent (selon les règles de décision), les extractions soumises sont mises en œuvre. En revanche, s'ils désapprouvent, un niveau d'extraction bien défini est implémenté.

Nous avons participé aux recherches dans ce sens et faisons état par la suite des principaux enseignements tirés. Le mécanisme que propose le groupe de travail auquel nous avons participé a été détaillé dans les annexes (D, page 63).

Nous avons présenté dans ce chapitre certaines caractéristiques de l’agriculture en Tunisie ainsi que de l’écosystème oasien. Nous avons décrit le mode de gestion de l’eau dans l’oasis. Finalement, nous sommes aussi à quelques concepts de l’économie expérimentale.

Afin de répondre aux objectifs du projet IDES, nous essayerons dans le chapitre qui suit de présenter la démarche pour l’enquête que nous allons conduire afin d’avoir une meilleure acquisition des caractéristiques des agriculteurs et de leurs usages de l’eau d’irrigation mais aussi de notre participation aux premières sessions d’économie expérimentale.

(21)

Chapitre 2 : MATERIEL ET METHODES

Ce chapitre comporte deux parties : la première est une présentation de la zone d’étude, la seconde indique la méthodologie adoptée pour la réalisation de ce travail.

I - Caractéristiques de la zone d’étude

Il s’agit de présenter les principaux traits de la zone d’étude, d’identifier ses atouts et ses institutions.

Cadre géographique 1.

L’étude concerne l’oasis de Jemna, située au sud-ouest tunisien, entre les oasis de Kébili au nord et celles de Douz au sud. (33.33°-34.15° N ; 8.30°-9.10°E). (Figures 4 et 5)

Divisée en 2 secteurs (Jemna Nord et Jemna Sud), l’oasis est administrativement rattachée au gouvernât de Kébili, à la délégation de Kébili sud. La délégation occupe une superficie de 1 182 Km² avec une population de 32 270 habitants (INS, CHIFSUD, 2018).

L’oasis de Jemna se présente comme une région particulière qui pose certains problèmes quant à la question foncière et la gestion des ressources naturelles, notamment l’eau souterraine.

Figure 4 : Localisation de Jemna par satellite Maphill

http://www.maphill.com/tunisia/region-6/kebili/jemna/location-maps/satellite-map

Figure 5 : Location de Jemna par Google Maps ( 1 : 50 000)

(22)

Cadre historique et institutions 2.

Nous allons commencer par présenter le cadre historique de la zone d’étude.

L’oasis de Jemna se trouve au cœur des plus riches palmeraies du pays. Ses terres, avant 2011, étaient accordées, de manière opaque, aux riches du pays. En réponse à cette politique de népotisme, les villageois de Jemna se sont mobilisés et se sont dressés contre cette exploitation anarchique. Ils ont créé une association (Association de défense des oasis de Jemna), et gèrent eux-mêmes, depuis 2011, l’oasis.

Cette gestion coopérative, qui relève de l’économie sociale et solidaire, a été solide. S’il est certain que l’initiative a été une réussite, il n’en demeure pas moins que sa structure est illégale au sens strict de la loi. Face au succès et au soutien massif de la population, l’Etat est mis devant le fait accompli, et a envisagé le scénario de la régularisation. L’association se transforme alors en SMVDA : Société de mise en Valeur et de Développement Agricole.

Depuis, l’oasis de Jemna est considérée comme le sillage de la révolution oasienne en Tunisie, le lieu d’exercice d’une citoyenneté imposée après l’appropriation de la terre par les habitants, où les slogans de la révolution (liberté et dignité, coopération et solidarité) ont été respectés et prônés. (Intervention de l’ex président de l’APOJ à Paris).

Aujourd’hui, l’association gère encore des palmeraies tandis que d’autres, appartenant à l’Etat, sont gérées par des groupements de développement agricole. En outre, il existe aussi des extensions d’oasis illégales développées autour de l’oasis traditionnelle, basées sur des puits informels.

L’association pour la protection des oasis de Jemna A.

La lutte pour la terre a Jemna, a donné naissance à l’Association pour la Protection des Oasis de Jemna (APOJ). Mr Tahar Etahri, ex-président de l’APOJ, avait dit durant son intervention à la réunion publique du soutien le 6 décembre 2016 à Paris (Tahar Etahri_ La Commune de Jemna (Tunisie), 2016) que l’association est à but non lucratif, héritière du Comité de protection de la révolution. Elle a été fondée par des bénévoles qui désiraient mettre en place un modèle qui s’insère dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. L’expérience de Jemna met en valeur la gouvernance locale qui va à l’encontre du système économique capitaliste.

L’association avait accordé beaucoup d’importance à l’agriculture, en raison de la nature de la région mais aux différents projets de développement. Selon les mots de Mr. Etahri, l’APOJ a métamorphosé l’oasis en instaurant une philosophie de l’économie sociale et solidaire. En construisant un marché couvert, des salles de classes et des blocs sanitaires, une salle de sport et plusieurs autres bâtiments,

« L’APJO a fait en 8 ans, ce que l’état n’a pas pu faire depuis l’indépendance » (Mejdi, 2019).

Les groupements de développement agricole B.

Notre enquête a porté sur les 9 associations d’usagers de l’eau (GDA) existant dans les différentes palmeraies de l’oasis. Quoique la communauté à l’origine de ces associations soit la même, chaque GDA présente des différences en ce qui concerne le nombre de membres, la superficie couverte, l’eau disponible, la profondeur de la nappe, le tour d’eau et la tarification.

(23)

Le tableau 2 représente les 9 associations d’usagers de l’eau (GDA) sont établies dans l’Oasis.

Tableau 2: Les groupements de développement agricole de l’oasis de Jemna Nom du GDA Superficie (en ha) Nombre d'agriculteurs membres

1 Sidi Hamed 86 189

2 Bourzine 110 289

3 Almoamar 1 265 59

4 Almoamar 2 96 12

5 El Mtouria 100 210

6 Alaatilat 255 367

7 Byout mokayafa 15 32

8 Machroa Itali 16 28

9 Oasis Jemna 135 577

Total 1078 1763

La cartographie de l’oasis nous a été fournie, elle a été élaborée par un ingénieur agronome de l’Institut National Agronomique de Tunisie (INAT) (Figure 6).

Figure 6 : Cartographie des GDA de l’oasis de Jemna

Données naturelles 3.

Les oasis doivent leur existence à l’eau provenant des nappes phréatiques qui a permis au palmier dattier d’exister.

Ressources en eau A.

L’eau est le pilier fondamental dans le développement voire l’existence de toute activité socio- économique dans les oasis. Actuellement, ces oasis sont alimentées à partir des eaux de deux nappes fossiles : la nappe du complexe terminal (CT) et celle du complexe intercalaire (CI) (Tableau 3) (Aıssa et al. 2004.).

(24)

Tableau 3: Répartition des ressources en eau et de l’exploitation des nappes profondes (2005).

Gouvernorat Ressources en eau (Mmᶟ/an)

Exploitation (Mmᶟ/an) Taux d’exploitation

Kébili 235,9 295,9 125,43%

Sud tunisien 722,1 666,2 92,26%

Source : Ministère de l’Agriculture annuaire d’exploitation des nappes profondes Palmier dattier

B.

L'oasis est considérée comme un îlot de survie dans un environnement agressif pour les populations qui y vivent. Sans les palmiers, les sources de l’eau et les puits, les gens n’auraient pas survécu à Jemna (Mejdi, 2019.).

Le secteur du palmier dattier joue un rôle très important dans le sud tunisien tant sur le plan socio- économique que sur le plan écologique (Rhouma, 1993). La Tunisie occupe la 4ème place dans la liste des pays exportateurs de dattes dans le monde en termes de volume. (Ayari et al., 2019)

Le palmier dattier, culture majeure du système de production oasien, peut s'organiser sur plusieurs étages de cultures qui se développent harmonieusement grâce au microclimat favorable créé par les dattiers (figure 7). Le palmier dattier est appelé « L’arbre des sept bénédictions », en faisant référence à ses bénéfices et à ses vertus (Mejdi, 2019).

Figure 7 : Palmier dattier de l’oasis de Jemna

Source : Un des agriculteurs de Jemna ( Mai 2021)

II - Méthodologie de l’enquête

En amont de la construction du questionnaire, nous avons commencé par faire une recherche bibliographique, de lecture et d’analyse afin de bien cerner la problématique et de déterminer la démarche à suivre, et les questions à poser.

L’enquête auprès des agriculteurs vise à comprendre le contexte local, les pratiques agricoles, les usages de l’eau, la perception des agriculteurs vis-à-vis des règles, des institutions, du dilemme de la ressource commune.

Le stage s’est déroulé pendant une période où la situation sanitaire en Tunisie et en France n’était pas rassurante. Devant l’incertitude de la situation, nous avions dès le début du stage pensé à deux scénarios envisageables :

 Scénario 1 :

Ce scénario envisageait une période de 2 mois sur le terrain dans l’oasis de Jemna en Tunisie. La présence sur le terrain visait à vérifier les conditions de terrain à travers une enquête et à fournir les informations nécessaires à adapter éventuellement le protocole expérimental existant au cas d’étude.

(25)

 Scénario 2 :

Ce scénario, à l’encontre du premier, ne prévoyait pas que la situation sanitaire permettrait de quitter le territoire français pour la Tunisie. Dans ce cas, le questionnaire serait administré en ligne, l’enquête serait exclusivement à distance avec un accompagnement téléphonique. Dans un deuxième temps, en se basant sur les résultats de l’enquête, il était prévu d’adapter le protocole expérimental et de le tester en laboratoire (LEEM).

Tenant compte des restrictions de voyager liées au contexte sanitaire durant la période de mon stage, nous n’avons pas pu réaliser l’enquête sur le terrain et nous avons opté pour le scénario 2.

L’enquête réalisée à Jemna avait pour but de comprendre les perceptions des agriculteurs en termes de règles et institutions pour la gestion de l’eau. Les différentes questions traitent donc principalement les attitudes des agriculteurs, nous leur avons demandé dans quelle mesure ils sont d’accord ou non avec une affirmation, ce type d’échelle est connu sous le nom d’échelle de Likert. Les perceptions des agriculteurs ont été mesurés sur une échelle de 4 afin d’arriver à dessiner les grandes tendances au sujet de l’instauration d’un mode de gouvernance innovant.

Faute de pouvoir disposer d'un échantillon représentatif et cherchant à garantir la meilleure représentativité possible, nous avons pris contact avec Mr. Tahar Etahri (ancien président de l’APOJ), avec qui nous avons eu plusieurs réunions tout au long de la période de l’enquête. Mr. Tahar nous a fourni une liste qui répertorie 89 agriculteurs des 2 secteurs de Jemna (Jemna Nord et Jemna Sud).

La population à partir de laquelle l’échantillon enquêté est pris est représentée par l’ensemble des agriculteurs des deux secteurs de Jemna (Nord et Sud). L’échantillon de 65 agriculteurs a été constitué à partir d’une base de données fournie par le responsable de l’association de protection de l’oasis de Jemna qui répertorie 89 agriculteurs dans les secteurs cités.

Le tableau 4 récapitule le nombre d’agriculteurs et les surfaces cultivées à Jemna dans la zone d’oasis dite traditionnelle et dans les extensions. Nous avons expliqué ces termes dans le chapitre I (page 18):

Tableau 4: Nombre des agriculteurs et superficie de l’oasis de Jemna L’oasis traditionnelle Les extensions Total

Nombre d’agriculteurs 1763 900 2663

Surface (en ha) 1078 2295 3373

Afin d’estimer la surface irriguée dans les extensions, vu l’indisponibilité des informations exactes, nous avons multiplié la surface moyenne des exploitations d’agriculteurs enquêtés dans les extensions (2.55 ha) par le nombre estimé d’agriculteurs dans ces zones (900). Nous avons ajouté les 2295 ha résultant de la multiplication aux 1078 ha de l’oasis pour obtenir la superficie irriguée totale, estimée à 3373 ha.

Elaboration du questionnaire en ligne 4.

Afin de récolter les bonnes informations, de structurer l’enquête et de valider le cheminement des questions posées, il fallait définir au préalable la finalité de l’enquête.

Le but de notre enquête était de comprendre les pratiques d’extraction et usages de l’eau d’irrigation des gestionnaires et agriculteurs de l’oasis de Jemna, Kébili. Ce travail nous a permis d’identifier une typologie des agriculteurs et de déterminer leurs caractéristiques socioéconomiques dans le but de raffiner les hypothèses de recherche et d’adapter le protocole expérimental déjà existant pour le tester en laboratoire.

L’élaboration des différentes sections du questionnaire, le contenu et la formulation des questions ont été établies suite à de nombreuses réunions avec toutes les parties prenantes (Association de protection des oasis de Jemna, GDA, INAT, UMR G-Eau).

(26)

En raison de la crise liée à la propagation du virus du Covid-19, l’enquête sur terrain a été remplacée par une enquête en ligne par le biais d’un questionnaire.

Ce questionnaire en ligne a été produit par l’outil OTree, une plateforme logicielle pour créer des questionnaires mais surtout pour les expérimentations comportementales. (Chen et al., 2016). Le questionnaire, rédigé en français, a été ensuite traduit en arabe puis retraduit en français pour une vérification inverse.

Il est composé de 50 questions fermées et d'une question ouverte et est organisé en 5 sections. Nous détaillerons les questions de chaque section (tableau7). Ces questions nous ont permis d'obtenir les données des agriculteurs selon leurs type d'oasis, leurs système d'irrigation et d'extraction de l'eau, leurs systèmes de production ainsi que d'autres différentes caractéristiques démographiques telles que le sexe, l'âge, l'activité principale et le niveau d'instruction, etc.

Le questionnaire et le guide d’entretien sont consultables en annexe I (A, page 53) ou en ligne sur le lien suivant : https://faropg.herokuapp.com/demo

Test du questionnaire 5.

Afin de valider la conformité du questionnaire à nos attentes, nous avons pris le temps de le tester en deux temps :

Pré-test A.

En premier lieu, nous avons commencé par faire tester le questionnaire par les différents membres du groupe de travail et par des collègues à l’UMR G-Eau. Cette étape nous a permis de détecter quelques questions ambiguës ou mal comprises et de les corriger.

Test sur la cible B.

Nous avons ensuite effectué un test sur la population concernée par l’enquête. 15 agriculteurs, choisis aléatoirement, ont été contactés avec la même méthodologie que pour l’enquête. Après les entretiens, nous avons étudié leurs réponses, et corrigé quelques anomalies puis nous leur avons demandé de commenter leurs expériences et de mettre l’accent sur les difficultés rencontrées pour répondre aux questions (déroulement des pages, accès aux questions, bugs, etc.). Finalement, la cohérence globale du questionnaire a été validée.

L’enquête 6.

L’enquête a été réalisée du 18 Mai au 08 juin 2021 depuis Montpellier.

Nous avons abordé les différents agriculteurs en deux temps : par voie téléphonique dans un premier lieu, et par un questionnaire en ligne. Nous avons sollicité les agriculteurs sur leurs téléphones, nous nous sommes présenté et avons explicité la finalité de l’enquête et son déroulement. Les enquêtés ont exprimé leurs consentements et leurs disponibilités à répondre favorablement à notre enquête.

L’aspect anonyme des données récoltées est respecté conformément au règlement européen 2016 /679 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données (RGPD) et à la loi n°

78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (Loi « Informatique et Libertés ») modifiée.

Les répondants ont bénéficié de tous leurs droits légitimes d’accès, de rectification et d’effacement conformément à la loi organique de Tunisie n° 63 de 2004 du 27 juillet 2004. Ainsi, l’enquête respecte la normative française et tunisienne pour la collecte et le traitement des données à caractère personnel.

Après, les agriculteurs ont été invités à répondre au questionnaire pendant une session programmée selon leurs disponibilités, durant laquelle, nous avons envoyé, à chacun d’eux, le lien dédié sur un serveur (Heroku), sur lequel ils pouvaient répondre au questionnaire. Durant la session, nous étions directement

(27)

en contact par appel avec les répondants pour les accompagner et assurer un suivi en cas d’éventuels problèmes techniques ou d’incompréhensions.

Pour vérifier la fiabilité des données collectées, nous les avons examinées minutieusement, nous avons identifié certaines valeurs aberrantes et contrôlé la cohérence des réponses. Par la suite, nous avons recontacté, le cas échéant, les répondants dans le but de contrôler la qualité de leurs réponses corriger les anomalies.

Déroulé de l’entretien 7.

Nous avons pris contact avec les agriculteurs par téléphone. Pendant l’appel téléphonique, nous nous sommes présentés, avons présenté l’enquête et sa finalité. Nous leur avons expliqué le déroulement de l’échange et l’importance de leurs avis objectifs. Nous avons mis l’accent sur l’aspect anonyme des données récoltées. Nous avons ensuite recueilli le consentement des enquêtés et leurs disponibilités pour répondre au questionnaire.

Après, selon ces disponibilités, nous avons programmé les entretiens par session sur les 20 jours de l’enquête. Nous avons envoyé aux agriculteurs le lien correspondant à leur questionnaire via la messagerie de Facebook: Messenger, vu que c’est un réseau social très utilisé en Tunisie, ou par SMS.

Au moment de l’entretien, nous avons rappelé l’objectif de l’enquête. Pendant que l’agriculteur répondait au questionnaire en ligne, nous étions en contact par téléphone pour lire les questions, les expliquer et accompagner l’enquêté pendant toute la durée de l’entretien. Les entretiens ont duré en moyenne une quarantaine de minutes.

La base de données 8.

Les données ont été hébergées provisoirement sur un serveur protégé en ligne (Heroku) avant d’être téléchargées sur nos ordinateurs afin d’assurer la protection et l’anonymat. Les données en ligne ont été détruites.

La base de données résultant de l’enquête contient 65 observations, composée de 57 variables : 44 variables quantitatives et 13 qualitatives. Elle est divisée en 5 sections selon l’objet des questions (Tableau 5)

 Section 1 : Profil des agriculteurs

Cette section regroupe les données démographiques de l’agriculteur : sexe, âge, niveau d’étude.

 Section 2 : Institutions

Cette section regroupe les questions relatives à l’adhésion à l’association pour la protection de l’oasis de Jemna et l’appartenance aux groupements de développement agricoles.

 Section 3 : Les productions animale et végétale

Cette section rassemble les questions associées à l’activité de d’élevage et au mode de culture, la composition du bétail, la superficie de l’exploitation etc.

 Section 4 : Irrigation

Cette section regroupe les données relatives à la source d’eau, au creusement de puits, système et technique d’irrigation.

 Section 5 : Attitudes et perceptions

Cette section représente les attitudes et perceptions des agriculteurs envers les règles et modes de gestion dans l’oasis, qui influencent les pratiques des agriculteurs relatives à l’irrigation.

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