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Renforcement des partenariats dans l'optique de la couverture sanitaire universelle : l'expérience de l'Érythrée

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Renforcement des partenariats dans

l'optique de la couverture sanitaire universelle :

l'expérience de l'Érythrée

Mai 2019

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Citation suggérée. Le Programme de transformation, série 2 – Renforcement des partenariats dans l’optique de la couverture sanitaire universelle : l’expérience de l’Érythrée. Organisation mondiale de la Santé ; 2019. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

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Conception et impression en Congo

Le Programme de transformation, série 2 – Renforcement des partenariats dans l’optique de la couverture sanitaire universelle : l’expérience de l’Érythrée

ISBN 978-929031313-7

© Organisation mondiale de la Santé, Bureau régional de l’Afrique 2019

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AVANT-PROPOS 1

1. CONTEXTE 5

2. LE PROGRAMME PHARE DE L’OMS SUR LA COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE EN ACTION DANS LA RÉGION

AFRICAINE 9

3. LE PROGRAMME PHARE SUR LA COUVERTURE SANITAIRE

UNIVERSELLE – L’EXEMPLE DE L’ÉRYTHRÉE 15

4. PERSPECTIVES 27

TABLE DES MATIÈRES

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Chers lecteurs et partenaires,

Le Programme de transformation du Secrétariat de l’Organisation mondiale de la santé dans la Région africaine 2015-2020, ci-après désigné le « Programme de transformation », est un programme audacieux et ambitieux qui a été lancé en vue de l’édification d’une organisation sanitaire régionale clairvoyante, proactive, capable de répondre aux attentes, axée sur les résultats, transparente, responsable, dotée des ressources appropriées et outillée pour remplir son mandat.

L’objectif du Programme de transformation est de parvenir à une organisation capable de répondre aux besoins et aux attentes de ses parties prenantes, autrement dit de mettre en place « l’OMS que souhaitent l’ensemble du personnel et les partenaires » et qui, entre autres réalisations, contribue efficacement au renforcement des systèmes de santé nationaux, à la coordination des activités de prévention et de maîtrise des maladies, y compris à la préparation et à la riposte aux épidémies, et mène des actions supranationales en faveur de la sécurité sanitaire mondiale.

La première année de mise en œuvre du Programme de transformation (2015) a coïncidé avec le processus de planification en vue de la préparation du budget programme 2016-2017 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est également en 2015 qu’ont été adoptés les 17 objectifs de développement durable (ODD) et leurs 169 cibles, qui serviront de boussole à l’action mondiale de développement au cours des 15 prochaines années, jusqu’en 2030. L’objectif 3 de développement durable, axé exclusivement sur la santé, vise à permettre à tous de vivre en bonne santé et [à] promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Le Secrétariat de l’OMS dans la Région africaine a commencé à donner une forme concrète à son Programme de transformation en élaborant ce que l’on a appelé le Programme de transformation de la santé en Afrique 2015-2020 – Une vision pour une couverture sanitaire universelle, un document qui sert de cadre stratégique pour orienter la contribution de l’OMS à la plateforme du développement durable en Afrique.

L’objectif visé dans ce document est de garantir l’accès universel à un ensemble de services de santé essentiels dans tous les États Membres de la Région et, de fil en aiguille, de converger vers la couverture sanitaire universelle (CSU), en éliminant autant que possible les obstacles financiers, géographiques et sociaux à l’accès aux services.

AVANT-PROPOS

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Nous sommes fiers des nombreuses réalisations enregistrées depuis le lancement du Programme de transformation. En collaboration avec nos États Membres, nos partenaires de développement et nos donateurs, nous avons réalisé des progrès et effectué des changements sur trois principaux fronts. Dans le domaine de la sécurité sanitaire, la capacité accrue de la Région et des pays à détecter rapidement les menaces pour la santé publique et à y riposter efficacement a permis d’endiguer rapidement la plupart des flambées épidémiques qui se sont déclarées. Les efforts faits pour édifier des systèmes de santé pleinement opérationnels dans lesquels tous les individus reçoivent en toute équité les services de santé de qualité dont ils ont besoin sans encourir à cet effet des difficultés financières ou autres se traduisent progressivement par un meilleur accès à des interventions sanitaires d’un bon rapport coût-efficacité, ainsi qu’à de meilleurs résultats sanitaires dans les États Membres.

En outre, les efforts faits pour que le Secrétariat opère une mutation culturelle, programmatique et institutionnelle qui lui permettrait de s’acquitter de son mandat ont permis d’améliorer la qualité de ses prestations, avec à la clé l’émergence d’une nouvelle culture institutionnelle ancrée sur des valeurs comme la lutte ouverte contre le harcèlement et la création d’un milieu de travail respectueux. Des mutations importantes s’opèrent déjà dans notre façon de travailler, de penser et de collaborer avec d’autres ; la responsabilisation, l’efficacité et la transparence ne cessent de croître ; et nous commençons à obtenir des résultats dans les pays.

La liste de publications ci-après s’inscrit dans notre volonté de partager avec vous quelques- unes des grandes avancées que nous avons enregistrées dans des axes spécifiques depuis le lancement du Programme de transformation.

Six documents sont publiés au titre des séries sur le Programme de transformation, à savoir :

Le Programme de transformation, série 1 – Renforcement du principe d’action en faveur des pays en vue d’un impact accru sur la santé ;

Le Programme de transformation, série 2 – Renforcement des partenariats dans l’optique de la couverture sanitaire universelle : l’expérience de l’Érythrée ;

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Le Programme de transformation, série 3 – Une capacité accrue à faire face aux flambées épidémiques dans la Région africaine de l’OMS – Leçons tirées des flambées de fièvre jaune en République d’Angola et en République démocratique du Congo ;

Le Programme de transformation, série 4 – Progrès durables accomplis sur la voie de la certification de l’éradication de la poliomyélite dans la Région africaine de l’OMS ;

Le Programme de transformation, série 5 – Promotion de l’efficacité, de la

responsabilisation et de l’optimisation des ressources : les indicateurs de performance essentiels dans le domaine de la gestion ; et

Le Programme de transformation, série 6 – Vers un accent marqué sur la qualité et les résultats – les indicateurs de performance essentiels en matière programmatique.

Au moment où nous célébrons les acquis engrangés jusqu’à présent, permettez-moi de saisir cette occasion pour exprimer notre gratitude à l’ensemble de nos parties prenantes – États Membres, partenaires de développement, donateurs, fondations et autres – qui sont passés de la parole aux actes avec nous. Ces acquis doivent être consolidés, soutenus et même renforcés à mesure que nous évoluons vers les derniers mois de 2019, et même au-delà de l’année 2019.

Je vous recommande vivement ces documents. Vous pouvez accéder aux copies électroniques sur le site Web du Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique, à l’adresse www.afro.who.int.

Nous nous attendons à ce que les réalisations et les succès présentés dans ces publications consacrées au Programme de transformation nous incitent à poursuivre nos efforts pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous, moyennant l’instauration de la couverture sanitaire universelle, la gestion des situations d’urgence sanitaire et la promotion d’une meilleure santé pour toutes les populations.

Dre Matshidiso Moeti

Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique Brazzaville, République du Congo

Mai 2019

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1. CONTEXTE

1 OMS, « Health System, The Path to Universal Coverage », Organisation mondiale de la Santé, Genève, Suisse, 2010 2 OMS, « Déclaration d’Alma Ata (6-

12 septembre 1978) », Conférence internationale sur les soins de santé primaires. Alma Ata, URSS, 1978.

La couverture sanitaire universelle est l’objectif fédérateur autour duquel les gouvernements et les acteurs de la santé se mobilisent afin d’impulser le développement du secteur de la santé. Son but ultime est de permettre à chaque individu d’avoir accès aux services de promotion de la santé, de prévention des maladies, de soins curatifs, de rééducation et palliatifs dont il a besoin, sans pour autant encourir des difficultés financières.1 Inscrite dans le Programme de développement durable en tant qu’objectif général de toutes les cibles de l’ODD 3, la couverture sanitaire universelle joue un rôle central dans la planification et le suivi des actions sanitaires nécessaires pour assurer la santé et promouvoir le bien-être pour tous à tout âge.

La couverture sanitaire universelle s’appuie sur un riche héritage en matière d’approches de la santé en Afrique, et les enseignements tirés à différents moments éclairent les prochaines étapes.

Dans les années 1950 et 1960, le secteur de la santé dans les pays africains était principalement conçu autour des hôpitaux et axé sur la satisfaction des besoins de populations coloniales peu nombreuses. Quantité d’hôpitaux qui fonctionnent aujourd’hui dans la Région africaine ont été construits avant ou pendant la colonisation, car les premiers gouvernements postcoloniaux ont tenté de maintenir ce système. Cependant, lorsque les services ont été ouverts à l’ensemble de la population, l’on s’est vite rendu compte que cette approche ne fournirait pas aux pays la santé et le bien-être auxquels les populations aspiraient. Ce constat, ajouté aux chocs économiques des années 1970 consécutifs à la crise pétrolière, a imposé une réflexion sur l’approche des soins de santé primaires (SSP), l’accent étant désormais mis sur des services de base accessibles au plus grand nombre, au détriment du modèle de soins hospitaliers de haut niveau accessibles uniquement à une minorité d’élites.

La santé pour tous a été évoquée pour la première fois dans la Déclaration d’Alma-Ata de 1978, qui énonçait les principes de l’approche des soins de santé primaires et plaçait le système de santé de district au cœur de la prestation de services.2 Cette nouvelle orientation a toutefois été interprétée de diverses manières par les pays et les parties prenantes, ce qui a donné lieu à de multiples initiatives. La persistance des difficultés financières dans les pays a conduit à l’adoption de divers

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programmes, notamment l’Initiative de Bamako de 1987 destinée à encourager l’autofinancement des services au niveau local3 et l’accent mis sur le rapport coût-efficacité en tant que facteur déterminant des services de base, comme cela a été énoncé dans le Rapport sur le développement dans le monde établi en 1993.4 Dès lors, le secteur de la santé a progressivement concentré ses efforts sur la maîtrise des coûts et la viabilité financière, au détriment de la gamme et de la qualité des services. Cette situation a été aggravée par les programmes d’ajustement structurel des années 1990, qui ont encore grevé les allocations budgétaires à ce secteur.5 La santé et le bien-être ne s’amélioraient donc pas : au demeurant, la situation sanitaire de nombreux pays de la Région s’était même détériorée au tournant du Millénaire. Les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’ont ainsi constitué qu’une solution de fortune appliquée dans l’urgence afin de mobiliser des ressources et des efforts pour s’attaquer aux principales causes de morbidité et de mortalité de cette époque, alors que les pays repensaient leur approche de la santé.

Le passage à une approche systémique a été évoqué pour la première fois en 2000 dans le Rapport sur la santé dans le monde6 et cette approche a été consolidée en 2007 dans une autre publication majeure exposant les éléments constitutifs de l’approche.7 Ces efforts ont plutôt mis l’accent sur le type de système qu’un pays doit mettre en place pour fournir les services dont ses populations ont besoin. Les argumentations en faveur des systèmes de prestation de services, de la gouvernance, du financement national et de la disponibilité des informations ont commencé à gagner en importance et ont été rassemblés dans le Rapport sur la santé dans le monde 2010, qui a remis au goût du jour l’approche qui consiste à définir des systèmes capables d’assurer une couverture universelle. Le concept a ensuite été intégré dans l’actuel Programme de développement durable et constitue désormais le paradigme dominant. La couverture sanitaire universelle est donc considérée comme une synthèse des aspects positifs du développement sanitaire qui ont été retenus à chaque étape. C’est une version revue de l’approche des soins de santé primaires, qui met l’accent non plus sur les services de base, mais sur les services essentiels pour tous – et pas uniquement pour les plus défavorisés. La couverture sanitaire universelle souligne également la nécessité de l’optimisation des ressources, en s’appuyant sur les leçons du passé pour concevoir des approches adaptées au financement des prestations de services.

Avant les objectifs de développement durable et la définition de la cible de la couverture sanitaire universelle, la santé et le bien-être ne répondaient pas aux besoins, surtout dans la Région africaine.

3 G. J. Ebrahim, « The Bamako initiative », Journal of Tropical Pediatrics, 1993

4 R. A. Lea, « World development report 1993: Investir dans la santé

», Forum Dev. Stud., 1993 5 F. Heidhues and G. Obare,

« Lessons from structural adjustment programmes and their effects in Africa », Q. J. Int. Agric., 2011.

6 Organisation mondiale de la Santé, « RAPPORT SUR LA SANTÉ DANS LE MONDE 2000

», Organisation mondiale de la Santé, Genève, Suisse, 2000.

7 World Health Organization, Strengthening Health systems to improve health outcomes: WHO framework for acton. Genève, Suisse : Organisation mondiale de la Santé, 2007

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L’espérance de vie moyenne à la naissance dans la Région n’était que de 60 ans en 2015, malgré les améliorations constatées grâce aux investissements réalisés pendant la période des OMD.8 La Région africaine ploie toujours sous une lourde charge de maladies transmissibles, aggravée par une prévalence en augmentation des affections non transmissibles. La situation est accentuée par le manque d’attention accordée à tous les déterminants de la santé, nombre de pays choisissant plutôt d’agir sur les déterminants de la santé qui relèvent de la compétence directe des Ministères de la santé.9 Les résultats des services de santé ne sont toujours pas à la hauteur des attentes, la proportion de femmes ayant bénéficié d’au moins quatre visites prénatales s’établissant à 53 % en 2013 ; la couverture des accouchements assistés par du personnel qualifié à 51 % au cours de la même année ; la proportion d’enfants recevant au moins trois doses du vaccin DTC à 78 % en 2015 ; et le taux de détection des cas de tuberculose à 48 % en 2014.10 Fait aggravant, nombre de ces résultats ont été obtenus grâce à des ressources extérieures, avec d’importantes variations à l’intérieur des pays et d’un pays à l’autre.11

La situation dans la Région est rendue plus complexe par les changements démographiques, économiques, sociaux, sécuritaires et environnementaux en cours. Le profil démographique change, de nombreux pays affichant une forte augmentation de la population jeune et un nombre croissant de personnes âgées. Les économies enregistrent des taux de croissance très élevés, mais dépendent d’un trop petit nombre de facteurs de production, généralement des matières premières ou des ressources naturelles, et non du secteur des services, comme c’est le cas dans de nombreux pays développés. Les citoyens gagnent en assurance et deviennent de plus en plus exigeants grâce à de meilleurs moyens de communication et aux réseaux sociaux. De plus en plus de personnes sont exposées à des risques environnementaux tels que la pollution et les effets du changement climatique.

Les systèmes de santé ne sont pas conçus de manière à fournir les services nécessaires au développement durable. Les niveaux d’investissement dans les ressources humaines, les infrastructures et les produits de base sont encore trop faibles et ne sont pas utilisés efficacement pour produire des résultats de santé à la mesure de leur plein potentiel.12 Pour l’essentiel, les services font encore l’objet d’une planification verticale, avec d’importantes pertes d’efficacité dues à la mauvaise répartition des ressources découlant d’investissements redondants ciblant des résultats liés à des maladies spécifiques.

8 World Health Organization, « WHO Global Health Observatory

», World Health Organization, 2016.

9 UN-IGME, « Levels and Trends in Child Mortality. Report 2015.

Estimates Developed by the UN inter-agency Group for Child Mortality Estimation », United Nations Child., p. 36, 2015.

10 Organisation mondiale de la Santé, Bureau régional de l’Afrique, Atlas des statistiques sanitaires de la Région africaine 2016. 2016

11 Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique, État de la santé dans la Région africaine de l’OMS.

Brazzaville, Congo, 2018 12 WHO/World Bank, « Tracking

universal coverage: first global monitoring report. Geneva, World Health Organization, 2015 », Geneva, Switzerland, 2015.

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C’est ce contexte, entre autres principales raisons, qui a amené la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique, à s’engager fermement à promouvoir la couverture sanitaire universelle dans la Région africaine lorsqu’elle a pris ses fonctions en février 2015. Dans le cadre du Programme de transformation du Secrétariat de l’OMS dans la Région africaine, la Directrice régionale a lancé le Programme de transformation de la santé en Afrique 2015-2020 – Une vision pour la couverture sanitaire universelle, qui constitue le cadre stratégique guidant la contribution de l’OMS au développement durable en Afrique. Le Programme de transformation de la santé en Afrique 2015-2020 présente une vision pour la santé et le développement, avec pour finalité de remédier aux inégalités et aux injustices inacceptables qui perpétuent le retard important que la Région a pris en ce qui concerne les indicateurs sanitaires et la promotion du niveau de vie le plus élevé possible. Ce programme vise à permettre l’utilisation des services de santé essentiels dans toutes les tranches d’âge et dans tous les États Membres de la Région, d’une manière transcendant les obstacles financiers, géographiques et sociaux qui empêchent les populations d’utiliser ces services.

Cette aspiration ne peut être réalisée en maintenant le statu quo. Elle exige que tous les acteurs de la santé œuvrent de concert pour la faire prospérer. Des efforts parallèles et non coordonnés seraient inefficaces et ruineux pour la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Pour autant, tous les acteurs du secteur qui apportent leur concours aux États Membres doivent travailler en partenariat pour faciliter l’atteinte de la couverture sanitaire universelle. Les États Membres doivent créer les conditions favorables à la réussite de ce partenariat. Ils doivent :

• convenir de la gamme de services qu’ils doivent s’atteler à rendre disponibles pour leur population, à tout âge ;

• planifier la manière de transposer à grande échelle les interventions nécessaires axées sur la promotion de la santé, la prévention des maladies, les soins curatifs, palliatifs et de réadaptation, afin de pouvoir fournir les services mentionnés ci-dessus, surtout aux populations habituellement laissées pour compte ; et

• concevoir des systèmes pour financer ces services de manière équitable et sans risque financier.

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Dans le cadre du Programme de transformation de la santé en Afrique, le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a élaboré un programme phare sur la couverture sanitaire universelle. Le programme reconnaît que chaque pays doit suivre sa propre voie vers la couverture sanitaire universelle et les gestionnaires de ce programme devront travailler avec chacun pour déterminer et suivre cette voie.

L’objectif global est de soutenir l’identification et la mise en œuvre des mesures de renforcement des systèmes axées sur les résultats nécessaires pour l’atteinte d’objectifs durables et mesurables en matière de couverture sanitaire universelle dans chaque pays de la Région africaine.

Le programme phare sur la couverture sanitaire universelle est conçu pour identifier et traiter les goulets d’étranglement qui entravent le déploiement de la couverture sanitaire universelle dans les pays. Il est prévu de le mettre en œuvre dans l’ensemble des 47 pays de la Région africaine de l’OMS, mais la collaboration avec les pays se fera à leur demande. Le processus du programme phare sur la couverture sanitaire universelle comprend quatre étapes, décrites ci-après. Premièrement, le pays doit avoir pris l’engagement de mettre en route la couverture sanitaire universelle. À ce jour, les 47 pays se sont tous engagés de différentes manières. Un groupe de pays a pris des engagements verbaux uniquement, mais n’a rien changé concrètement.

Un deuxième groupe de pays, outre les engagements verbaux, a identifié et commencé à appliquer

2. LE PROGRAMME PHARE DE L’OMS

SUR LA COUVERTURE SANITAIRE

UNIVERSELLE EN ACTION DANS LA

RÉGION AFRICAINE

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des mesures spécifiques pour s’attaquer aux domaines perçus comme des entraves à la réalisation de la couverture sanitaire universelle. Par exemple, l’Afrique du Sud est en train de mettre en place un système national d’assurance-maladie ; le Kenya a fait de la couverture sanitaire universelle l’un des quatre programmes majeurs du chef de l’État et procède à des réformes relatives au financement de la santé dans cette optique. Le troisième groupe de pays apporte des modifications salutaires aux approches de prestation de services afin de les harmoniser avec la nécessité de converger vers la couverture sanitaire universelle. Par exemple, l’Érythrée réorganise son système de santé de district et son ensemble de services de santé essentiels. Le pays affine également sa nouvelle politique nationale de santé fondée sur l’instauration de la couverture sanitaire universelle et l’atteinte des objectifs de développement durable. Le Nigéria met en application son approche consistant à intégrer les activités humanitaires et de développement (lien entre action humanitaire et développement) afin de réorienter son appui vers des systèmes durables.

La deuxième étape est une mission de cadrage dans le pays. Il s’agit d’une visite d’une équipe multidisciplinaire de l’OMS dans le pays, afin d’engager le dialogue avec les autorités sanitaires, les parties prenantes et les partenaires et d’examiner différents points de vue et perceptions quant aux mesures de leur stratégie sanitaire nationale qui doivent être appliquées en priorité pour faciliter la couverture sanitaire universelle dans le pays. Cette approche reconnaît la nécessité de partenariats solides et de la participation effective de tous les acteurs clés dans toute démarche visant à promouvoir la couverture sanitaire universelle. Tout commence par l’examen de l’orientation stratégique du pays afin d’en déterminer les objectifs généraux et les priorités. Des entretiens ont ensuite lieu avec le Ministère de la santé, d’autres départements ministériels ayant un lien avec la santé, des institutions du système des Nations Unies, des donateurs et des partenaires de développement, la société civile et d’autres acteurs clés actifs dans le secteur de la santé du pays afin de recueillir différents points de vue et perspectives sur les priorités à adopter pour répondre au triple objectif de la couverture sanitaire universelle, à savoir plus de services, une meilleure couverture et une protection contre les risques financiers (figure 1). Sur la base de ces discussions, des mesures essentielles sont identifiées pour chaque composante du système de santé et consolidées dans une feuille de route de la couverture sanitaire universelle pour le pays.

Ce cadre sert de base à tout appui futur aux activités du gouvernement et de tous les acteurs du pays visant l’atteinte de la couverture sanitaire universelle.

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Figure 1. Couverture sanitaire universelle : axes stratégiques

Services disponibles Interventions utilisées Protection contre les risques financiers

• Les services existants répondent aux besoins en matière de santé et de bien-être de chaque tranche d’âge : grossesse/

nouveau-né, enfance, adolescence, âge adulte, personnes âgées

• Utilisation équitable de la promotion de la santé, de la prévention des maladies, des interventions curatives, rééducatives et palliatives par tous, ne laissant personne de côté

• Financement des services fondé sur la capacité de payer et non sur le besoin

À la fin du mois de mars 2019, des missions de cadrage sur la couverture sanitaire universelle s’étaient rendues dans 14 pays : Bénin, Cameroun, Érythrée, Eswatini, Éthiopie, Ghana, Kenya, Madagascar, Mozambique, Nigeria, Soudan du Sud, Tanzanie, Togo, Zambie. Sur la base de leurs feuilles de route, ces pays mettent actuellement en œuvre les mesures arrêtées. En outre, six pays – Burkina Faso, Libéria, Maurice, Niger, Sierra Leone, Zimbabwe – ont sollicité des missions de cadrage, et celles-ci devraient avoir lieu avant la fin du mois de juin 2019. Ainsi, à la fin du premier semestre 2019, tous les pays devraient avoir volontairement demandé et reçu le concours de l’OMS pour harmoniser leurs priorités en matière de couverture sanitaire universelle.

En plus de l’appui direct aux pays, des biens publics ont été produits dans le cadre du soutien majeur à la couverture sanitaire universelle afin de faciliter l’action dans différents domaines nécessaires pour conformer les systèmes nationaux aux exigences de la couverture sanitaire universelle. Les outils de mise en œuvre suivants ont été produits, examinés par les directeurs de la planification des Ministères de la santé lors de leur réunion annuelle en novembre 2018, et devraient être disponibles sur la page de l’Observatoire africain de la Santé en juin 2019.

• Planification en matière de santé pour la couverture sanitaire universelle dans la Région africaine de l’OMS – Guide pratique à l’usage des pays ;

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• Suivi et évaluation de la couverture sanitaire universelle et des autres cibles des ODD liées à la santé dans la Région africaine de l’OMS – Guide pratique à l’usage des pays ;

• Production de statistiques, d’informations et de renseignements sanitaires dans la Région africaine de l’OMS – Guide pratique à l’usage des pays ;

• Mise au point d’un ensemble de services de santé essentiels dans la Région africaine de l’OMS – Guide pratique ;

• Dossier sur la gouvernance de la santé à l’intention des gestionnaires nationaux et infranationaux de la santé ;

• Mise en place d’observatoires de la santé dans la Région africaine de l’OMS – Guide pratique à l’usage des pays ;

• Participation du secteur privé à l’atteinte de la couverture sanitaire universelle et des autres cibles des ODD liées à la santé – Guide pratique à l’usage des pays ;

• Collaboration intersectorielle pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle et des autres cibles des ODD liées à la santé – Guide pratique à l’usage des pays.

Le programme phare sur la couverture sanitaire universelle a révélé le caractère unique de la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle dans chaque pays. Toutefois, quelques thèmes communs sont apparus. Premièrement, les pays doivent repenser la conception de leurs ensembles de services de santé essentiels, car nombre d’entre eux ne sont pas adaptés à la couverture sanitaire universelle. Traditionnellement, ces ensembles de services étaient définis en fonction de ce qui était abordable et se focalisaient principalement sur les interventions préventives, car ce sont celles qui offrent le meilleur rapport coût-efficacité. La couverture sanitaire universelle nécessite des ensembles de services de santé essentiels qui définissent les services nécessaires pour assurer la santé et le bien-être de chaque cohorte d’âge – grossesse/nouveau-né, enfance, adolescence, âge adulte et vieillesse – ; qui décrivent les interventions de promotion de la santé, de prévention des maladies, curatives, rééducatives et palliatives qui permettront la disponibilité et l’utilisation des services susmentionnés ; et définissent les interventions ci-dessus à chaque niveau de soins – soins communautaires, primaires (y compris les hôpitaux primaires), secondaires et tertiaires.

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Deuxièmement, les systèmes nationaux de planification et de prestation de services ne sont pas encore conçus de façon à étendre la couverture aux populations non encore desservies. Les services sont toujours fournis de façon systématique, avec une identification et un ciblage limités des populations difficiles d’accès. Ces populations difficiles à atteindre comprennent maintenant de nouveaux groupes, notamment les populations urbaines (riches et pauvres).

Troisièmement, peu d’efforts sont consentis pour repenser les approches de prestation de services compte tenu de l’expansion prévue des services attendus. Pour la couverture sanitaire universelle, le système de santé de district traditionnel peut être inapproprié, car les attentes dépassent la prestation d’un petit ensemble de services. S’agissant des questions relatives aux groupes ayant des besoins spécifiques, les pays doivent s’attacher à inclure la participation et l’engagement de la communauté dans leurs systèmes de santé, en particulier en ce qui concerne la prise en charge des facteurs de risque pour la santé et le bien-être ; rationaliser les différents mécanismes de prestation de services, tels que les établissements fixes, les cliniques mobiles, les activités de proximité, le recours aux agents de santé communautaires ; intégrer des prestataires non publics ; prendre en compte le rôle des groupes communautaires et des groupes de la société civile dans la représentation des citoyens dans la détermination des services à offrir ; intégrer le dépistage des facteurs de risque sanitaires aux soins primaires courants. S’ajoute à ce qui précède le défi lié au manque de personnels de santé qualifiés.

En outre, de nombreux pays ne savent toujours pas comment justifier la nécessité d’un financement national accru. Plusieurs initiatives sont en cours d’expérimentation, notamment plusieurs mécanismes de financement innovants dont la capacité à mobiliser davantage de financements est au mieux discutable. Les efforts concrets destinés à améliorer la mise en commun des ressources restent marginaux. Dans certains pays, les budgets publics, en tant que réserves de ressources, sont abandonnés pour créer des mécanismes de mutualisation indépendants qui peinent à produire des résultats – leur couverture reste trop faible à cause de l’étroitesse du secteur formel (Ghana, Kenya, République-Unie de Tanzanie) ou les contributions sont si minimes qu’elles nécessitent régulièrement des subventions gouvernementales (Rwanda, Éthiopie). Les dépenses directes restent élevées, du fait de mesures officielles et officieuses.

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Dans certains pays, la participation aux frais est toujours de mise, en fonction de la mobilisation des ressources, mais son utilisation est gênée par des obstacles financiers. Les exemptions et les dérogations continuent d’être utilisées à mauvais escient.

Peu d’efforts sont accomplis en vue d’améliorer et de contrôler l’utilisation efficace des ressources disponibles. Les systèmes en place ne sont pas conçus pour produire et utiliser des données et des informations sanitaires pour orienter la couverture sanitaire universelle. Il demeure des lacunes dans les données, en particulier en ce qui concerne les statistiques d’état civil, les capacités d’analyse sont faibles et il n’existe quasiment pas de produit de diffusion des connaissances. La gouvernance est déficiente des lacunes, à l’instar des lacunes dans les capacités de contrôle, de la mauvaise coordination du secteur à tous les niveaux, de la faible intégration des actions multisectorielles et du manque de clarté dans la manière de collaborer avec le secteur privé.

Malgré ces difficultés, les pays se rapprochent progressivement de la couverture sanitaire universelle grâce au soutien du programme phare sur la couverture sanitaire universelle.

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L’État de l’Érythrée, situé dans la Corne de l’Afrique, est un pays pluriethnique de la Région africaine de l’OMS composé de Tigrignas (55 % de la population), des habitants du Tigré (30 %) et d’un certain nombre de minorités ethniques nilotiques. Le pays a accédé à la souveraineté internationale en 1991 après une longue lutte pour l’indépendance. L’Érythrée a fait d’importants progrès dans la réalisation de ses objectifs sanitaires. C’est l’un des rares pays de la Région africaine de l’OMS à avoir atteint toutes ses cibles des OMD.13 Avec la Guinée équatoriale, Cabo Verde et le Rwanda, l’Érythrée est l’un des quatre pays qui ont réussi à réduire la mortalité maternelle de plus de 75 % depuis 1990. En 2015, bien que classée pays à faible revenu, l’Érythrée avait une espérance de vie en bonne santé de 55,7 ans, soit plus que la moyenne de la Région africaine qui s’élevait à 53,8 ans, et son taux brut de mortalité était tombé à 6,3 pour 1000 habitants par an (la moyenne régionale était de 9,7 pour 1000 habitants).

Dans la perspective de l’adoption en 2015 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Érythrée a procédé en novembre 2014 à un examen de son approche stratégique nationale en matière de santé, par les soins de consultants internationaux indépendants.14 Le rapport d’examen a mis en lumière les progrès accomplis par le pays et défini les domaines sur lesquels il devait mettre l’accent en vue d’atteindre la couverture sanitaire universelle, notamment la révision de son ensemble de services, la capacité des districts en matière de prestation de services et le financement des innovations. Cet examen a également recommandé l’accélération de son orientation stratégique en cours, plutôt que de procéder à des changements d’orientation majeurs.

13 State of Eritrea, « Health Millennium Development Goals Report: Innovations driving health MDGs in Eritrea », Asmara, Eritrea, 2014

14 State of Eritrea, « Eritrea Health Sector Strategic Development Plan (2012–2016) Mid Term Review report », 2014.

3. LE PROGRAMME PHARE SUR LA

COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE

– L’EXEMPLE DE L’ÉRYTHRÉE

(20)

En 2016, le pays s’est engagé dans un processus national étendu visant à définir la manière dont il comptait mettre en œuvre la couverture sanitaire universelle. Cet exercice lui a permis d’élaborer son deuxième Plan national de développement stratégique du secteur de la santé 2017-2021.15 Ce plan national a été défini autour de la nécessité d’atteindre la couverture sanitaire universelle, dont l’objectif général est d’assurer à tous les Érythréens des services de santé essentiels et des services connexes de qualité, de manière efficace et équitable, en fonction de leurs besoins sanitaires individuels et collectifs spécifiques. Conformément à cet objectif, le pays s’est focalisé sur trois cibles précises liées à la couverture sanitaire universelle :

• la mise à disposition de services supplémentaires axés sur les facteurs de risque de maladies non transmissibles et sur les services destinés aux adolescents et aux personnes âgées, et l’élargissement du continuum de soins pour y inclure des sous-spécialités ;

• le renforcement de l’accès aux services disponibles en mettant l’accent sur les services d’orientation primaires (hôpitaux communautaires et postes de santé) ;

• l’amélioration de la protection contre les risques financiers de manière durable, en introduisant des mécanismes de financement par prépaiement reposant sur des systèmes d’assurance.

Afin de soutenir la mise en œuvre accélérée de la couverture sanitaire universelle, le pays a sollicité l’appui de l’OMS, et une mission de cadrage relative à la couverture sanitaire universelle a été effectuée dans le pays en mars 2018. La mission a rencontré les Ministères chargés des questions de santé, les donateurs et les partenaires, y compris les équipes du Ministère de la santé, afin d’identifier les mesures du plan stratégique les plus pertinentes et les plus réalisables pour accélérer l’atteinte de la couverture sanitaire universelle.

15 State of Eritrea, The second health sector strategic development plan II, 2017–2021. Asmara, Eritrea:

Ministry of Health, 2017.

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La mission rencontre le personnel de

l’OMS.

Mission de cadrage relative à la couverture sanitaire universelle en Érythrée, mars 2018

La mission dans un centre de

santé

Avec les hauts res- ponsables du

Ministère de la santé

En compa- gnie du coo-

rdonnateur résident et de représen- tants des institutions du

système des Nations Unies

Avec les équipes des programmes techniques du

Ministère de la santé

Dans un hôpital communau-

taire

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À l’issue de ces discussions, un certain nombre de prestations ont été considérées comme prioritaires pour le pays en vue de l’atteinte de la couverture sanitaire universelle ; elles sont énoncées au tableau 1.

Tableau 1. Prestations convenues pour la feuille de route en vue de la couverture sanitaire universelle et leur situation en Érythrée

Domaine Prestation convenue Situation à fin mars 2019

Leadership, gouvernance et planification stratégique du secteur

Mettre à jour la politique nationale de santé (PNS)

• Projet de PNS élaboré sur la base des orientations techniques de l’OMS AFRO et harmonisé avec le cadre d’action de l’OMS sur la couverture sanitaire universelle Soutenir l’élaboration

de la loi nationale sur la santé

• Mission technique pour examiner l’état d’avancement de la législation sanitaire et recommandations soumises au Ministère de la santé

Appuyer la mise en place du Comité national d’orientation sur les ODD afin d’améliorer la coordination et la mise en œuvre des actions intersectorielles sur les ODD et instaurer une coordination intersectorielle du secteur de la santé sur les ODD

• Discussions en cours avec le ministère de la Planification en vue d’en faire une partie intégrante du mécanisme national d’orientation des ODD dont la mise en place est attendue

(23)

Domaine Prestation convenue Situation à fin mars 2019 Leadership,

gouvernance et planification stratégique du secteur

Traduire le deuxième Plan de développement stratégique du secteur de la santé (PDSSS II) achevé en modes opératoires normalisés pour sa mise en œuvre opérationnelle au niveau décentralisé (zobas, sous-zobas) et au niveau des établissements de santé

• Appui fourni à un système de santé de zoba (district) et concept élaboré ; mise en place de DHMT révisés lancée conformément à ce concept

• Appui technique fourni pour l’élaboration d’un nouvel ensemble de services de santé essentiels, et projet de document en cours d’examen• Capacity building programme for zobas

• Programme de renforcement des capacités pour les zobas

Mettre en place une coordination et une intégration des programmes

• Mise en œuvre des CNS prévue avant fin 2019 par l’équipe nationale des statistiques ; plaidoyer et consensus autour des CNS

soutenus et en cours

Ressources du secteur de la santé et contributions du système

Créer des comptes nationaux de la santé (CNS)

• Mandat approuvé et processus de définition de la nouvelle stratégie prêt à commencer ; brève feuille de route du processus en

discussion sur la base des orientations du Bureau régional de l’Afrique

Élaborer une stratégie de financement de la santé

• Discussions initiées avec la Communauté d’Afrique de l’Est et l’IGAD en vue d’une harmonisation avec les pays de la Région

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Domaine Prestation convenue Situation à fin mars 2019

Ressources du secteur de la santé et contributions du système

Le secteur des produits pharmaceutiques et des autres produits sanitaires, qui

représente un domaine d’investissement prioritaire, doit produire des résultats en matière de couverture sanitaire universelle par le biais d’actions concrètes visant à améliorer l’accès à des produits pharmaceutiques et d’autres produits de santé sûrs et efficaces.

• Normalisation des dispositifs médicaux en cours, avec élaboration de lignes directrices, renforcement des capacités en ce qui concerne les dossiers et la bioéquivalence

• Mission d’appui au plan d’action national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens effectuée, ébauche finale produite et adoptée lors d’une réunion de consensus multisectorielle

Systèmes de prestation de services de santé

Renforcer les ressources humaines pour la santé

• Mise en œuvre du plan stratégique sur les ressources humaines pour la santé (2017- 2021) en cours, plaidoyer engagé en vue de promouvoir les associations en conseils ; planification de l’enquête sur les ressources humaines qui est prévue pour plus tard cette année

Étendre et améliorer la couverture et la portée des services de la couverture sanitaire universelle

• Enquête démographique et sanitaire en cours de déploiement dans 22 sous-zobas, sur la base des enseignements tirés du projet pilote initial

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Domaine Prestation convenue Situation à fin mars 2019

Systèmes de prestation de services de santé

Étendre et améliorer la couverture et la portée des services de la couverture sanitaire universelle

• Lignes directrices des programmes de santé communautaire élaborées et formation de neuf mois à l’intention des agents de santé communautaire intégrée (médecins aux pieds nus) mise sur pied pour prendre en charge les régions particulièrement difficiles d’accès

• Appui à l’élaboration de lignes directrices sur la qualité des soins fourni et ébauche disponible

Informations, analyse et renseignements sur la couverture sanitaire universelle

Normaliser les enquêtes à mener, qui fourniront des informations et des données plus précises sur la situation sanitaire de l’Érythrée

• Discussions tenues avec l’équipe nationale des statistiques et accord sur le calendrier des enquêtes en discussion

• L’enquête sur la disponibilité et la capacité opérationnelle des services devrait commencer en 2019.

• Enquête nationale sur la médecine traditionnelle en cours

Accroître la capacité de production de données à partir de différentes sources

• Le logiciel District Health Information System version 2 (DHIS2) désormais déployé dans tous les zobas, et le déploiement dans les sous-zobas toujours en cours

Examen des indicateurs du programme réalisé et fiches d’évaluation élaborées par la suite pour les programmes de suivi et le PDSSS II

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Domaine Prestation convenue Situation à fin mars 2019

Informations, analyse et renseignements sur la couverture sanitaire universelle

Accroître la capacité de production de données à partir de différentes sources

• Plaidoyer en cours pour l’introduction de l’autopsie verbale dans l’administration locale et mise en œuvre en attente du feu vert

Renforcer la capacité d’analyse et de production de renseignements pour l’information sur la santé par la création d’un observatoire national de la santé

• Appui technique fourni, et un prototype d’observatoire national de la santé de l’Érythrée désormais en place

Facteurs de progrès en Érythrée

Le pays s’efforce d’assurer la santé et le bien-être dans une situation qui serait catastrophique dans la plupart des autres pays. Le personnel de santé est encore insuffisant, et les taux d’abandon restent élevés parmi les jeunes. Le financement de la santé est l’un des plus faibles de la Région africaine (figure 2). Le pays a en effet été exclu de la structure de financement mondiale pendant une grande partie de la période qui a suivi son indépendance, ce qui a rendu difficile l’importation de capacités (ressources humaines, fournitures, médicaments, etc.).

(27)

Figure 2. Comparaison des dépenses totales de santé par habitant en dollars internationaux entre les pays de la Région africaine en 2015

Source : État de la santé dans la Région africaine

Cependant, au regard des progrès accomplis vers l’atteinte de la couverture sanitaire universelle, le pays s’en tire bien mieux que beaucoup d’autres. Un certain nombre de situations, tant spécifiques à la santé que contextuelles, ont aidé l’Érythrée à mettre en place une approche claire et résolue de la couverture sanitaire universelle.

Premièrement, la surveillance et la gouvernance de la santé sont très claires et ciblées. Un suivi et des réunions de haut niveau sont organisés de façon régulière sous la houlette du Ministre de la santé et du Représentant de l’OMS, afin de traiter les principaux problèmes rencontrés et d’orienter les programmes techniques prioritaires dans la mise en œuvre. À peu de choses près, le leadership technique du Ministère de la santé est resté inchangé au cours des dernières années.

Cette stabilité a facilité la planification et la mise en œuvre d’actions à long terme qui contribueront au succès du programme de couverture sanitaire universelle.

1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0

297

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(28)

Cette gouvernance claire et ciblée s’étend à d’autres départements ministériels, ce qui facilite la collaboration intersectorielle pour atteindre les objectifs sanitaire. Par exemple, les Ministères de l’éducation et de l’environnement savent précisément ce qu’ils doivent faire pour améliorer la santé et atteindre ces objectifs même en l’absence de comités ou d’autres organes officiels pour guider cette collaboration.

Deuxièmement, au sein du Ministère de la santé, le débat sur les questions stratégiques est franc et transparent. Les hauts responsables actuels du Ministère de la santé pratiquent un style de prise de décision participatif, qui permet d’exprimer et de débattre de différents points de vue et perspectives avant que les décisions ne soient prises. Cette ouverture d’esprit est particulièrement manifeste parmi les acteurs gouvernementaux, ce qui témoigne d’un leadership fort de la part du gouvernement et de l’appropriation de ses décisions.

Troisièmement, le gouvernement affiche une volonté d’innover et d’explorer de nouvelles façons de relever les défis de la santé. La situation économique difficile implique la nécessité d’envisager constamment de meilleures façons de faire les choses. Dans le secteur de la santé, cette approche s’est traduite par une administration unique en son genre en ce sens qu’elle est institutionnellement prête à mettre à l’essai de nouvelles façons de procéder. La révision du système de santé des sous- zobas (districts) a été réalisée relativement rapidement – un processus qui, dans de nombreux autres pays, demanderait beaucoup de temps pour parvenir à un consensus. En outre, la révision de l’ensemble des services de santé essentiels a été entamée et mise en œuvre beaucoup plus rapidement qu’elle ne l’est habituellement dans d’autres pays.

Enfin, la disponibilité d’un financement spécifique alloué au pays par le Bureau régional de l’OMS pour soutenir la mise en œuvre des prestations convenues dans le programme phare sur la couverture sanitaire universelle a beaucoup facilité les choses. La souplesse des modalités de financement a permis au pays de planifier et d’échelonner les prestations et de les exécuter en temps voulu. L’utilisation des fonds mis à disposition est très efficace dans le pays, les résultats étant obtenus avec moins de ressources que dans d’autres pays.

(29)

L’enquête démographique et sanitaire à venir et l’examen à mi-parcours du deuxième Plan de développement stratégique du secteur de la santé montreront dans quelle mesure les actions soutenues dans le programme phare de la couverture sanitaire universelle se sont traduites par une meilleure santé et un meilleur bien-être pour la population érythréenne. Les progrès accomplis sont bien institutionnalisés et devraient constituer un bon modèle d’appui durable vers l’atteinte de la couverture sanitaire universelle.

(30)
(31)

À l’avenir, le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique entend renforcer l’appui ciblé par pays en ce qui concerne la couverture sanitaire universelle, sur la base des enseignements tirés de son expérience. Une approche pays par pays pour effectuer une cartographie et fournir des orientations pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle, comme cela se fait dans le cadre du programme phare sur la couverture sanitaire universelle, a montré son efficacité. Les pays recevront un appui à mesure qu’ils rejoindront le programme, pour évaluer leur contexte et identifier les prestations qu’ils doivent réaliser en priorité afin de progresser vers la couverture sanitaire universelle. Cette approche par pays est différente du précédent appui stratégique défini au niveau régional ou mondial, car c’est au pays qu’il appartient de définir ses prestations en fonction d’un idéal qui est de converger vers la couverture sanitaire universelle. Et, comme on l’a vu avec l’Érythrée, un appui ciblé et souple sera fourni à chaque pays en fonction des prestations qu’il aura identifiées. En outre, des biens publics sous la forme d’outils nécessaires pour rendre opérationnels les différents éléments de la couverture sanitaire universelle continueront d’être produits et fournis aux pays pour leur permettre d’adapter des approches fondées sur des données probantes en vue d’évoluer vers la couverture sanitaire universelle.

L’instauration de la couverture sanitaire universelle se définit comme le moment où un pays a atteint le plus haut niveau possible d’espérance de vie en bonne santé (indice d’efficacité régional) dans la Région ; lorsque ce pays a atteint un tel niveau sans laisser personne de côté (indice régional d’équité en santé) ; et lorsque la pays utilise ses ressources pour y parvenir de la manière la plus rationnelle possible (indice régional d’efficacité sanitaire). Le Bureau régional de l’Afrique suivra et publiera systématiquement les comparaisons des progrès accomplis par les pays sur la base de ces trois mesures du succès de la couverture sanitaire universelle. Ce n’est que lorsqu’un pays se situe en tête de la Région dans ces trois indices qu’il est considéré comme ayant atteint la couverture sanitaire universelle – dans le contexte africain.

4. PERSPECTIVES

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Les progrès vers la couverture sanitaire universelle feront l’objet d’un suivi dans l’ensemble des pays en fonction des progrès réalisés dans les trois dimensions de la couverture sanitaire universelle – l’éventail des services disponibles dans le pays. Pour ce faire, il faudra s’assurer qu’un ensemble de services de santé essentiels est disponible et suivi grâce aux données des évaluations de la disponibilité et de la capacité opérationnelle des services ou de l’évaluation harmonisée des établissements de santé : la couverture de la promotion de la santé, la prévention des maladies, les interventions curatives, rééducatives et palliatives en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, et la protection contre les risques financiers pendant l’utilisation de ces interventions sanitaires essentielles.

L’équipe dirigeante actuelle du Secrétariat de l’OMS dans la Région africaine espère et s’attend à ce que l’OMS, les États Membres, les partenaires, les donateurs et toutes les autres parties prenantes continuent d’œuvrer de concert pour que la population africaine puisse parvenir au niveau de santé le plus élevé possible grâce à la couverture sanitaire universelle et à l’atteinte des objectifs de développement durable.

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P. O. Box 06, Djoue | Brazzaville | Congo Tel | 00 47 241 39437 Website | www.afro.who.int

série

Strengthening partnerships

towards universal health coverage – the Eritrean

Experience

Mai 2019

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