A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
M ICHEL B AUDERON
Le problème inverse du calcul des variations
Annales de l’I. H. P., section A, tome 36, n
o2 (1982), p. 159-179
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159
Le problème inverse du calcul des variations
Michel BAUDERON I. U. T. A, Université Bordeaux I,
33405 Talence Cedex
Vol. XXXVI, n° 2, 1982, Physique théorique.
RÉSUMÉ. - L’extension aux
puissances
extérieures del’opérateur d’Euler-Lagrange
fournit une suite exacted’espaces
vectoriels différen- tielsgradués,
constituant unesynthèse
des diversesapproches
du pro- blème inverse. Nous montrons que cette construction est tout à fait natu- relle et redonnebeaucoup plus simplement
les résultats usuels. Elle nousdonne de
plus
une preuve immédiate d’un résultatglobal conjecturé
par Takens.ABSTRACT. -
Extending
tohigher
exterior powers theEuler-Lagrange
operator
gives
an exact sequence ofgraded
differential vectors spaces, which unifies the variousapproaches
to the inverseproblem
of the cal-culus of variations. We show that this construction is
quite
natural andgives
muchsimpler proofs
of the usual results. Moreover we obtain astraightforward proof
of aglobal
resultconjectured by
Takens.1 . INTRODUCTION
Le
problème
inverse du Calcul des Variations consiste à déterminer des conditions pourqu’un système d’équations
aux dérivéespartielles puisse
être considéré comme leséquations d’Euler-Lagrange
associées àun certain
problème variationnel,
et sipossible,
à déterminer lelagrangien correspondant.
Des
techniques d’analyse
fonctionnelle(Vainberg, 1964)
ont mis enAnnales de l’Institut Henri Poincaré-Section A-Vol. XXXVI, 0020-2339/1982/159/$ 5,00/
y Gauthier-Villars
160 M. BAUDERON
évidence une condition dite
d’auto-adjonction (cf.
Tonti[12 ]) qui s’exprime
à l’aide d’un nouveau
système d’équations
aux dérivéespartielles
portantsur les coefficients du
système
initial. Un résultat du type « lemme de Poincaré » montre que cette condition est suffisante localement(sur
unouvert
simplement connexe).
Pourplus
de détails on pourra consulter Santilli[9] ] qui
fait uneanalyse approfondie
des diverses méthodes et propose une résolutionexplicite
du casclassique (problème
variationnel d’ordre un à unevariable).
Une autre
approche
consiste à construire uncomplexe
différentiel donton prouve l’exactitude
locale, toujours grâce
à un « lemme de Poincaré » : :c’est celle de Horndecki
[6 ], qui
sur un casparticulier
construit effecti-vement un
lagrangien.
Elle a été renouvelée récemment par divers auteurs, dont Takens( [10] et [11 ])
etTulczyjew ([13] et [14]).
Nous nous
placerons
ici dans le même contexte que cesderniers,
uti- lisant le formalisme des espaces dejets
de sections d’un fibré pour définir la notion deproblème
variationnel d’ordrequelconque
à n variables.Nous
rappelons
les traits essentiels de ce formalismeaux §
IIet §
IV.La construction
proposée
au§
III constitue unesynthèse
de ces diffé-rentes
approches.
Basée essentiellement sur la « naturalité » del’opéra-
teur
qui
à unchamp
de vecteurs surl’espace
total associe son extensionaux
jets
desections,
elle permet, par unprocédé
élémentaire de « trans-position »
ou «d’adjonction
»,puis
par une extension naturelle auxpuis-
sances
extérieures,
de retrouver lesopérateurs
définis apriori
parTulczy- jew [13] ]
ou par Takens(seulement
pour lepremier
cf.[10 ]).
Cesopéra-
teurs que nous notons
DP*,
définissent unhomomorphisme
decomplexes
decochaînes et donc une suite exacte
noyau-image :
:0-~G-~~-~A-~0(suite d’Euler-Lagrange)
réunissant lescomplexes
G et A définis respec- tivement par Takens etTulczyjew.
L’obtention de cette suite exacted’espaces
vectoriels différentiels rend triviale la démonstration du « lemme de Poin- caré » que les auteurs
précédents
n’obtiennentqu’au
moyen de considé- rations élaborées detopologie algébrique (suites spectrales...)
ou de restric-tions sur le domaine considéré. De
plus,
elle nous permet de prouver en même temps un résultatglobal conjecturé
par Takens : la nullité du(n
+1)-ième
espace decohomologie
de de Rham del’espace
total dufibré assure que tout
problème
localement variationnel l’estglobalement.
Enfin,
nous montrons dans les derniersparagraphes
que la condition que nous donnons est exactement celle de Tonti et retrouvons bien lessystèmes d’équations
aux dérivéespartielles
donnés dans le casclassique
par Santilli
[9].
Nous reprenons ici des résultats
exposés
dans[2 ]. Depuis,
nous avonspris
connaissance deplusieurs
articles prouvant le même résultat local(Olver [8 ], Kuperschmidt [7], Vinogradov [15] ]
et[16])
ainsi que d’unpreprint
de Takens[11 ] prouvant
saconjecture globale.
Toutes ces démon-strations utilisent des suites
spectrales
et sont relativementlongues.
Annales de l’Institut Henri
II. ESPACES DE JETS
Les notations que nous ne
précisons
pas sont les notations usuelles(cf.
parexemple [1 ]).
Toutes les variétés etapplications
différentiables que nous considérons sont de classe C~.1. Notations.
Soit M =
(M, B, x)
un espace fibré de base B et deprojection
x. Si U estun ouvert de
B,
on note l’ensemble des sections de x au-dessus deU ;
est le faisceau des sections locales du fibré
(M, B, x). Lorsque
M estun fibré
vectoriel,
on peut se contenter d’étudierl’espace
vectorieldes sections
globales
du fibré.Le fibré tangent vertical à M
(relativement
à laprojection x)
est lesous-fibré du fibré
(TM, M, TM)
tangent àM,
noyau del’application
Tx : TM -~ TB tangente
à ~ ;
nous le noteronsM,
Nous utiliserons par la suite les fibrés vectoriels
suivants,
tous de base M :TqM
=Aq(TM)
fibré des q-vecteurs tangents àM,
et le sous-fibré :T~M
= des q-vecteurs tangentsverticaux ; AP(TM)*
fibré des p-covecteurs, ainsi que :(Ai(TVM)*)
A fibré des(i
+j)-covecteurs
s’annulant par pro- duit intérieur avec au moins i + 1 vecteurs verticaux. C’est un sous-fibré du fibréAi+ j(TM)*.
A chacun de ces fibrés vectoriels sur M est associé un espace vectoriel réel de sections
globales
au-dessus deM ;
nous les noteronsrespectivement :
,
i~M
etT~M
espaces dechamps
de q-vecteurs,.
AqM et
A~M
espaces de formes différentielles.Il est bien clair que
T~M
est un sous-espace vectoriel deTqM
et queA~M
est un sous-espace vectoriel de
2. Fibre affine.
Un fibré affine E de base B modelé sur un fibré vectoriel
(V, B, ~ )
est unfibré
(E, B, ç)
muni d’unmorphisme
de fibrés au-dessusde B : V x BE
Equi
à uncouple (v, e)
associe v + e appartenant àE,
tel que pour toutpoint
b deB,
la fibreEb = ~ -1(b)
soit un espace affine modelé surl’espace
vectoriel
Vb = ~ -1 (b)
parl’application Vb
xEb Eb qui
à(v, e)
associev + e. Pour tout
point
e deEb, l’application v
- v + e deVb
dansEb
estun
difféomorphisme (pour plus
de détails et desdémonstrations,
cf. Gold-schmidt
[4 ]).
Le fibré V étant
vectoriel,
sa fibre type estdifféomorphe
à un certain [RNVol. XXXVI, n° 2-1982.
162 M. BAUDERON
(N entier désignant
le rang dufibré)
et il en est de même pour la fibre type de E. Il existe donc une sectionglobale s :
B - Ede ç
etl’application
de E dans V
qui
à unpoint e
associe e -s(ç(e))
est unisomorphisme
defibrés. En
particulier,
elle définit undifféomorphisme
entre les espaces totaux E etV, qui
induit encohomologie
unisomorphisme
entre les espaces decohomologie
de de Rham de E et V. Comme deplus
V est un fibrévectoriel,
sacohomologie
estidentique
à celle de la base. Nous avonsdonc,
endésignant
parHdR
le foncteur «cohomologie
de de Rham » : :3. Jets de sections.
On note l’ensemble des
r jets
de sections de x de source x, etl’ensemble de tous les
r jets
de sections de x. Pour r > s >0,
on note7~ : Jr(n)
-JS(n) l’application qui
à unr-jet
associe les-jet qu’il
déter-mine ; ~°
estl’application qui
à unr-jet
associe sonbut,
et - B cellequi
à unr-jet
associe sa source. Les résultats suivants nous seront utiles :(pour plus
de détails et desdémonstrations,
on pourra consulter Bourbaki[3 et
Goldschmidt[4 ]).
- Les
applications ~r
et nr déterminent des fibrés7~)
etB, nr).
Si(M, B, x)
est un fibrévectoriel,
les derniers sont aussi des fibrés vectoriels.- Si s est une section de M au-dessus d’un ouvert U de
B, l’applica-
tion x -
jrxs
est une section de au-dessus deU,
notéejrs. L’applica-
tion s
~ jrs
induit unmorphisme
deLorsque
M est un fibrévectoriel,
elle définit uneapplication
linéairejr
de dans Nous noterons
parfois: jrs(x)
=jxs.
- Pour tout entier r, le fibré
~~+ 1)
est un fibré affinemodelé sur le fibré vectoriel 8J de base où S~+
désigne
la(r
+1)-ième puissance symétrique
de TB*. Cerésultat prouve en
particulier
quequel
que soit l’entier r, nous avons :1 (~))
= et donc que pour tout r :4.
Espace
des~-jets.
Pour r ~ s ~
0,
on associe sonapplication
linéaire tangente Les familles~~)
et forment dessystèmes projectifs
dont leslimites,
notées(J(x), nS)
et(TJ(x),
sontpar
définition, l’espace
desoo-jets
de sections de x etl’espace
tangent àJ(x).
Poincaré-Section A
Notons
AJr(03C0) = ~ApJr(03C0) l’algèbre
différentiellegraduée
des formesdifférentielles sur
Jr(n).
Lesapplications 03C0sr
induisent desapplications 03C0s*r
de dans telles que la famille
(AJr(n), 7r~)
forme unsystème
inductif dont la limite notée
nS)
sera pardéfinition, l’algèbre
diffé-rentielle
graduée
des formes différentielles sur(le produit
extérieuret la différentielle définis par passage à la limite
inductive,
sont notés de la mêmefaçon
et vérifient lespropriétés usuelles,
cf.Tulczyjew [13] ]
et
[14 ]).
La différentielle extérieure fait de uncomplexe
de cochaînesA,
dont
-~-
est unsous-complexe
de cochaînes que nous noterons 8l.Pour tous
r > s >0,
nous identifieronssystématiquement
à sonimage
dansAJ(x)
et dansAJr(n).
5.
Cohomologie.
Nous noterons H le foncteur
qui
à uncomplexe
de cochaînes(C, d) (espace
vectorielgradué
muni d’une différentielle dedegré 1)
associe sonespace vectoriel de
cohomologie H(C)
= kerd/Im
d.A
l’espace (qui
apriori
n’est pas unevariété)
nous avons associé lecomplexe
A =(AJ(x), d)
et donc un espace decohomologie
Le
complexe
A est la limite dusystème
inductif(An ~r*)
decomplexes
de cochaînes
Ar
=(AJr(n), d)
dontl’espace
decohomologie H(Ar)
est pardéfinition, l’espace
vectoriel decohomologie
de de Rham de la variété Le foncteurcohomologique
H commutant avec les limitesinductives,
nouspouvons écrire :
Nous
appellerons
espace decohomologie
de de Rham deJ(x) l’espace
vectoriel
H(A) : H(A)
=Les remarques faites au
§ II.3
prouvent laPROPOSITION 1. - La
cohomologie
de de Rham deJ(7r)
estidentique
à celle de
E,
i. e. : =HdR(E).
6.
Champs projetables.
Nous dirons
qu’un champ
de vecteursXr
E estprojetable,
si pour toutentier s r,
il existe unchamp
de vecteursXS
E’fJS(n)
tel que, pourtout sr E on ait : = Notons le sous-espace
vectoriel de formé des
champs
de vecteursprojetables. L’applica-
Vol. XXXVI, n° 2-1982.
164 M. BAUDERON
tion induit une
application
linéaire dePJY(n)
dans telle que lesystème (PJY(n),
soitprojectif. L’espace
vectoriel deschamps
pro-jetables
surJ(x)
est la limiteprojective PJ(x)
de cesystème.
Le
produit
intérieur d’unchamp
de vecteursprojetable
X et d’unep-forme
ev sur est défini par passage à la limite àpartir
duproduit
intérieur usuel. La
proposition
suivante(évidente)
nous permettra de limiter toutes nos constructions aux seulschamps projetables :
PROPOSITION 2. - Soit w une
p-forme
de Si pour toutq-uplet
dechamps projetables Xl,
...,Xq
surJ(x)
avec on ai(Xl)
... = 0la forme ev est
identiquement
nulle.Enfin,
la dérivée de Lie d’unep-forme
par unchamp projetable X,
notéeL(X),
est elle aussi définie par passage à la limite et vérifie naturellement :L(X)
=di(X)
+i(X)d (cf. [7~] ou [13 D.
7.
Expression
en coordonnées locales.Nous fixons ici les notations que nous utiliserons par la suite.
Soit
(M, B, 7r)
un fibré avec dim B = n et dim M = n + m. A un sys- tème(xi, yJ)
de coordonnées locales sur M(avec
1 ~ i n et 1# j # m)
tel que les soient des coordonnées sur
B,
est associé unsystème
decoordonnées locales
~x~, y’, y~)
surJY(n) (avec a ~ r)
est définipar : si s est une section locale de x, s’écrivant dans ces coordonnées
...,
~,)),
et Sr son on a : ...,xn))
= ...,xn),
Dx
désignant
la dérivationpartielle
d’ordrea ~
r.Ces
applications
coordonnées permettent de définir desrepères
desdivers espaces de p-vecteurs et de formes
grâce
auxapplications :
1~ ~xj,
a
etdx. d ’ d ’ on
osera0 a .
etd ’ - d ’
Nous obtenons alors les =
~03B11j1 ^ ... ^ ~03B1pjp
pourl’espace
des
p-vecteurs verticaux,
et pourl’espace
des(n
+p)-formes
n ... A
dyxp
A dx(les
indices sont tels que 1jk m et
r ; 1. les sommations sont
toujours
restreintes à des ensembles d’indices tels que les familles ci-dessus forment des bases des espaces vectoriels cor-respondants).
La
suppression
de larestriction
r dans tout cequi précède,
définitun
système
de coordonnées locales surl’espace
desjets
d’ordre infini et sur les divers espaces dechamps
de vecteurs et de formesqui
lui sont asso-ciés,
bien que ce dernier ne soit pas une variété au sens usuel du terme(en fait,
seules lesexpressions
pour lesjets
d’ordre fini seront utiliséesdans les
démonstrations).
III LA SUITE D’EULER-LAGRANGE
Dans la
suite,
nous considéronstoujours
un même fibre(M, B, x)
avec dim B = n et dim M + n.
1 Relèvement d’un
champ
de vecteurs verticaux.Soit X un élément de i. e. un
champ
de vecteurs verticaux sur M.Soit d’autre part Sr un
r-jet
de section de 7r et s ~ sr(s
est une section véri-fiant sr
= E Bdésignant
la source de Ler-jet
de X o s aupoint
xne
dépend
pas de s, mais seulement car,d’après
larègle
de compo- sition desjets : =~Xo~.
On définit ainsi uneapplication
declasse Coo sur ~ - = o
3~
dont la valeur en unpoint
de ne
dépend
en fait que dur-jet
deX
aupoint
y =s(x)
but de~.
Cette
application
est apriori
à valeurs dansl’espace B)
desr-jets
de sections de T~M au-dessus de B.
Cependant :
PROPOSITION 3. - Cette
application
définit unchamp
de vecteurs ver-ticaux sur i. e.
X,
~Démonstration. - Soit .s un
représentant de sr
défini dans unvoisinage
ouvert U de x dans B. Dans un
voisinage
Vde y
=s(x),
lechamp
verti-cal X sur M définit un flot vertical t -
~,
t appartenant à unvoisinage
de 0
dans R,
telque: - = X(y).
Nous pouvons ainsi construireune famille à un
paramètre
de sections de x au-dessus d’unvoisinage
U’ de xpar :
(t, x’)
~ os(x’)
pour ~-’ E U’. Cette famille vérifie naturel- lement so = S et := d dt st(x) .
. La définition de s’écrit :Or, l’application t
-jxsr
définit une courbe différentiable dansJr(n)
véri-fiant
j_(so
= sr, cequi
permet de considérerXr(sr)
comme un vecteur tan-gent
vertical à aupoint sr (la
courbe ainsi définie est dans la fibre au-dessus de x =Nous avons ainsi défini un
opérateur
linéaire de relèvement auxr-jets
~r :
par~rX
=X r,
ceci pour un entier rquelconque.
LesVol. XXXVI, n° 2-1982.
166 M. BAUDERON
éléments de
Ir
= Im~r qui proviennent
par « dérivation » d’unchamp
vertical sur
M,
sont leschamps
de vecteurs(verticaux) intégrables
deTakens ,
[10 ].
Ce sont deschamps projetables.
D’autre part,
l’application
LM définit uneapplication surjective
LVM(où
est le sous-espace deschamps
de vecteurs verticaux
projetables)
dont le noyau est le sous-espace deschamps
de vecteursprojetables
sur verticaux relativement à la fibra- tionM, 03C00s);
c’est la construction même de0394r qui
assure la sur-jectivité
depuisque : 0394s
= Id.Ceci,
pour un entier squelconque.
Nous noterons
D; l’application
linéaire définie par :D; = Tngr
de
pVJ2r(n)
dans On a bien sûr ImD; = Ir.
2. Extension aux
champs
de p-vecteurs.Notons le sous-espace vectoriel de formé des
champs
de p-vecteurs verticaux
projetables.
Lap-ième puissance
extérieure deD;
est
l’application
linéaireAPD;
définie sur leschamps
de p-vecteurssimples
par :
X2r
A ... AX2~ ~ X;
A ... AXf puis
étendue par linéarité(avec X2r
EpVJ2r(n)
etX~
= Cetteapplication possède
la facto-risation
remarquable
suivante. Soit Xun p-champ simple
depos-
sédant la
décomposition
X =X2r
A ... A lechamp
(où
on aposé X 2r
=42r
o est entièrement défini par la donnée deX,
à un terme03C002r-vertical près.
En étendant parlinéarité,
on peut ainsi construire uneapplication F2Y
sur à valeurs dansl’espace
vec-toriel
quotient
de par le sous-espace deschamps 7~-verticaux.
Son noyau étant inclus dans celui de
npD ,
elle permet de factoriser cettedernière à travers Im au moyen d’une
application Df
vérifiant :Df
oF2Y,
à valeurs dans. 3.
Opérateurs adjoints.
Les résultats
qui
suivent reposent sur le :THÉORÈME 1. - Pour tout entier r
positif
ou nul et pour toutentier p supérieur
ouégal
à1,
il existe uneunique application
linéaireDf*
dedans telle que : pour toute
(n
+p)-forme
cv appartenant àpour toute n-chaîne N de
B,
pour toute section s définie sur unvoisinage
ouvert de
N,
pour toutchamp
de p-vecteurs X de nul sur un voi-sinage
de on ait :(pour p
=1, F2r
est l’identité et les deuxpremiers
termes sontidentiques).
Démonstration. -
a)
Si D et D’ sont deuxopérateurs
vérifiant la rela- tiondésirée,
leur différence T est telle que, sous leshypothèses
du théo-rème,
on ait : = 0. L’unicité est donc uneconséquence
du lemme suivant :
LEMME 1. -
Soit f :
1 [Rn - lÉ de classe Si pour touteapplication
g de [Rn dans R de classe C ~, on a(pour
tout U relativementcompact) :
dont la démonstration est bien connue.
b)
Dans le cas p =1,
nous allons prouver le résultatplus précis :
ilexiste une
application
bilinéaireG~
depl J2r(n)
x danstelle que, avec les mêmes notations :
Pour
ceci,
laproposition
étant de nature essentiellement locale, nous allons utiliser unsystème
de coordonnées locales. Laprojection X
de Xsur TVM
(qui
seule nous est utiled’après
la définition deD1r)
et la n + 1-m
forme cv ont pour écritures :
X (x, a(x))
=X’(x, a(x))
aupoint (x, a(x))
m r
j= 1
et
03A303A3 03C903B1j(03C3r(x)) dyj03B1 ^ dx en Le relèvement de X
aux
r-jets,
s’écrit :X(ar)
=¿ ¿
et sonproduit
inté-rieur avec
m r
joc!=o¿ l
Le résultat annoncé est obtenu enappli-
./=! !x)==0
quant aux fonctions x -
Xj(x, a(x))
et x - le :LEMME 2. -
Soit f et g
deuxapplications
de classe C ~° de [Rn dans R.Vol. XXXVI, n° 2-1982.
168 M. BAUDERON
En tout
point
x =( x 1,
...,’B11)
et pour tout multi-indice a =(a 1,
... ,an)
on a :
g(x)dx - f (x)( -
=g)(x)
où l’on aposé :
et
G(, f; g)(x)
=H(, f; g)(x)dx
1 n ... nx
n ... ndxn,
le ;..indiquant
l’omission. De
plus, l’application
G :(j; g)
-g)
est bilinéaire.La démonstration du lemme consiste en une
simple
vérification. Enappliquant
cerésultat, puis
en sommant sur lesindices j
et a, nous obte-nons pour
expression
locale del’expression
deG~ (qui
est d’ailleurs sansgrand intérêt)
pouvant être obtenue àpartir
de celle de H.c)
Passons maintenant au cas p > 1.Remarquons
toutd’abord,
que la définition même deDf
nous permet de ne considérer que deschamps
de p-vecteurs appartenant à Im
F2r,
et même de nous restreindre auximages
parF2r
deschamps
de p-vecteurssimples
dequi engendrent
cette
image,
et dont lesimages
parAPD; engendrent
l’ensembleIf
deschamps
de p-vecteursintégrables simples.
P
Soit donc X
= - 1 X2r
A ... AX2r
A ... AX2r
un telchamp. Pour q
q= 1
compris
entre 1 et p, lapremière partie
du théorème nous permet d’écrire :Nous allons montrer, en coordonnées
locales,
le résultat suivant : LEMME 3. - Il existe une forme de telle que pour 1 q p :La relation
(1)
s’écriraalors,
pour 1soit,
en sommant sur q et en divisant par p :d’où,
finalement : =Preuve du lemme. En conservant
toujours
les mêmesnotations,
nouspouvons écrire les
expressions
locales de laprojection Xi
de de laforme 0153 et du relèvement
X~ :
En mettant en évidence le terme
X;
leproduit
extérieurX;
A ... AX~
a pour
expression
locale :la
sommation
se fait sur lesp-uplets ( j, j 1,
ettels que A
é«
t A ... A forment une base deet les
permutations a
del’ensemble { 1,
..., q -1, q
+1, ...~}
dontdésigne
lasignature.
Nous obtenons ainsi pour cvl’expression :
Le passage à
l’adjoint
donne pour lepremier
membre del’expression
du lemme :
Développant
le termeD"(...),
nous obtenons :où la sommation est étendue cette fois aux
p-uplets
...,f~ p -1, y) = ({3, y)
tels que
{31
+ ... +{3 p -
1 + y = a, le coefficientF§
étant un nombreentier naturel
s’exprimant
à l’aide des coefficients du binôme.Vol. XXXVI, n° 2-1982.
170 M. BAUDERON
Appelons
0153’ la forme :(la première
sommation se fait surlesp-uplets ( j, jl,
... , et(a,
al, ..., et sur lespermutations
cr, la seconde sur lescouples ([3, y),
dans les condi- tionsprécédemment définies).
La forme que nous venons de définir vérifie bien la relation du lemme
(en effet,
on ne la modifie pas enremplaçant
lespermutations
de l’ensemble{1,
..., q -1, q
+1, ...,~}
par celles del’ensemble { 1,
..., p - 1},
cequi
montre quel’expression
que nous avons obtenue pour 0153’ est indé-pendante
du choix del’indice q grâce auquel
nous l’avonscalculée).
d)
Notonsenfin, l’expression explicite
deD;* qui
nous sera utileplus loin ;
pour une n + 2-forme ev s’écrivant :
nous obtenons
l’expression
suivante deoù les sommations non
explicitées
sont étendues aux indices iet j compris
entre 1 et m et aux multi-indices a et
f3
de Nn delongueur comprise
entre 0et r, les
C~ désignant
ici les coefficients du binôme.4.
Passage
auxoo-jets.
On vérifie sans
peine
la commutativité dudiagramme
suivant :qui
entraîne celle dudiagramme :
Nous pouvons donc par passage à la limite
projective
sur r, définir desapplications
linéaires 0394 de dans et D1 deP’"J(x)
danslui-même,
limites
projectives
des famillesd’applications
linéaires(Or)
et(D~).
Nousnoterons 1 = Im A = Im
lim Ip.
Le
diagramme (ii)
s’étend bien entendu auxpuissances
extérieures et Annales de l’Institut Poincaré-Section Anous donne par passage à la
limite,
uneapplication
APD1 1 =lim pD1r.
La construction de
l’application F2r
commutant aussi avec lesprojections
la factorisation de
l’opérateur pD1r
passe à la limiteprojective,
i. e.,il existe des
applications
linéaires FP =lim F2p
et DP =lim D~
telles que :pD1 = DP 0
FP,
DP étant défini surIm
FP = lim sous-espace vectoriel del’espace quotient
de par lesous-espace
formé des vec-teurs
03C00-verticaux.
Les
propriétés précédentes
et la définition duproduit
intérieur surJ(x)
prouvent la commutativité dudiagramme
suivant :qui
nous permet donc de définir pour toutentier p supérieur
ouégal
à1,
une
application
Dp*linéaire,
de danslui-même,
limite inductive de la familled’applications
linéaires(D~).
Les diverses
applications
que nous venons de construire vérifient natu- rellement la relation :du théorème
I,
sous les mêmeshypothèses (en supprimant simplement
les indices
précisant
l’ordre dujet considéré).
5. Suite
Noyau-Image.
Pour tout
entier r,
notons par et parAf respectivement,
le noyau etl’image
del’application
linéaireDf*.
Notanttoujours
parsuppression
de r, les limites des
systèmes
inductifs associés à etAf
et aux pro-jections 7r~
nous pouvonsécrire,
pour toutentier p supérieur
ouégal
à1,
la suite exacte
d’espaces
vectoriels réels :suite
noyau-image
associée à DP*. Le noyau de Dp* est caractérisé par lapropriété
suivante :une
(n
+p)-forme
ev deappartient
à si et seulementsi,
pour tout
champ
de p-vecteursintégrable simple
X 1 A ... A XP et pourtous N et s vérifiant les
hypothèses
du théorèmeI,
on a :On retrouve ainsi les ensembles définis par Takens
[10 ].
Vol. XXXVI, n° 2-1982.
172 M. BAUDERON
D’autre part, nous pouvons remarquer que
l’espace
A 1 est très exacte-ment
l’espace
vectoriel des formessemi-basiques
surJ(x)
relativement à laprojection x°
deJ(x)
sur M. Eneffet,
la définition deD~ *
prouve que pour toute(n
+1 )-forme
sonimage
s’annule sur le noyau del’opéra-
teur
D;,
i. e., sur le sous-espace vectoriel deschamps projetables
ticaux.
1r
est donc un sous-espace del’espace
des formes03C002r-semi-basiqucs.
L’inclusion inverse est fausse à un ordre r donné.
Cependant,
soit ev une(n
+1)-forme 03C00-semi-basique.
Une telle forme s’écrit comme limite induc- tive d’une famille(wr)
de formes03C00r-semi-basiques. Moyennant
l’identifi- cation de avec sonimage,
sous-espace vectoriel de pour k’supérieur
ouégal à k, l’expression
de montre queD;*wr
=Par passage à la limite inductive sur r, il vient : = ce
qui
prouve bien que evappartient
à 1~11.Nous allons enfin étendre nos constructions
à p
= 0. Soit lesous-espace vectoriel de des n-formes
nr-semi-basiques
vérifiant :N jrs*103C9 = N jrs*203C9
pour toute n-chaîne de B et pour toutcouple
de sec-tions si 1 et s~
homotopes
etidentiques
sur unvoisinage
du bord de N.Notant
A~
lequotient
de par etD~
laprojection associée,
nous obtenons par passage à la limite inductive sur r, une nouvelle suite exacte
d’espaces
vectoriels réels :6. La suite
d’Euler-Lagrange.
PROPOSITION 4. - Pour tout
entier p positif
ounul,
il existe uneunique application à"
de AP dans AP+ telle que :Démonstration. Elle repose en
partie
sur le résultat suivant : munie de la différentielleextérieure,
la familled’espaces
vectorielsest un
sous-complexe
de co-chaînes ducomplexe
2I =d ),
dont la démonstration se trouve dans Takens
[10] J (théorème 3 . 6 . d ).
Soit 03C9 ~ p et soient
1,2)
deux(n
+p)-formes
différentielles telles que :Dp*03C9i
=w(i
=1, 2).
La différence 03C91 - W2appartient
àet donc E
Gn+ 1J(~),
i. e. : Dp+ 1* 0 = 0 d’où par linéarité : = D~p+ 1* ~On peut donc définir 5~ comme étant
l’application
linéaire de AP dansAP+ 1
qui
à associe la forme = où W1 1 est unantécédent
quelconque
de co par Dp*.La
propriété a)
est vérifiée par construction.Calculons
~ ~
o~(0153)
=Dp+ 2* ~ ~(~(~)).
Pardéfinition, ~(0153)
=d~
i. e., dw est un antécédent de par
Dp + 1 *.
On a donc :Les
applications 0)
définissent donc uncomplexe
de cochaînes(AP, bP)
et les résultatsprécédents
montrent que lesopérateurs Dp*
formentun
homomorphisme
decomplexes
decochaînes,
ded)
dans(AP, bP),
de noyau
d).
"
Notons
9î,
G et A lescomplexes
de cochaînes(espaces
vectoriels diffé- rentielsgradués)
associésrespectivement
àd), d)
et(AP,
et D*
l’homomorphisme
decomplexes
associé à Dp*.Les résultats de ce numéro se résument dans le :
THÉORÈME II. - La suite de
complexes
de cochaînes(d’espaces
vec-toriels)
est exacte
(suite
exacted’Euler-Lagrange).
qui
traduit l’existence d’undiagramme
àlignes
exactes et carrés commu-tatifs :
Remarque (Takens [10 ]
Remark(4 . 3)) :
La colonne de droite du
diagramme
est exacte enA°,
i. e.,l’application 5~
est
injective.
Soient en effet mi et W2 deux n-formes appartenant à telles que : = Dl o Choisissons unefamille sr
à un para- mètre de sections de x, définie sur unvoisinage
de N(pour
une certainen-chaîne
N)
et constante sur unvoisinage
ducomplémentaire
de N. Nouspouvons alors
écrire,
endésignant
parXt
lechamp
verticalintégrable
Vol. XXXVI, n° 2-1982.
174 M. BAUDERON
associé à la famille de
sections s lil
est défini par :(jst(w))).
ce
qui
prouve que la différenceappartient
au sous-espace vecto- riel Leursimages
dansA°
parl’application
D°* sont doncégales,
ce
qui
montre bien que5~
estinjective (on
a noté iciXt
unchamp
verticalsur
J(x)
tel queX,
=7.
Cohomologie.
Notant
toujours
H le foncteurcohomologique,
nous obtenons le : THÉORÈME III. - La suite 0 -H(G) -~ H(A) -~
0d’espaces
vectoriels
gradués
est exacte ; autrementdit,
pour tout entier ppositif
ou
nul,
la suite0 -~
HP(8l) -
0 est exacte.Ce théorème est une
conséquence
immédiate du fait que la suite d’Euler-Lagrange
est une suite exacted’espaces vectoriels,
donc une suite exacte scindée. Il a d’autre part les deux corollaires suivants :COROLLAIRE I. -
(Lemme
dePoincaré).
Si
l’espace
total M estcontractile,
lecomplexe (A, b)
estacyclique
entoutes dimensions.
En
effet,
si M estcontractile, HdR(M)
est nul et l’est donc aussi.Or pour tout
entier p positif
ou nul est un sous-espace vectoriel de cequi
entraîne quel’espace
vectoriel decohomologie
ducomplexe (9Î, d)
est un sous-espace vectoriel deH(A)
= etplus précisément
que pour tout p,HP(C)
est un sous-espace de La nullité deHdR(M)
entraîne donc celle deH(9t)
ainsi que celle deH(A).
Cette même démonstration
lorsque
p = 1. prouve le :COROLLAIRE II. - Si =