A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
É TIENNE D ELASSUS
Sur le problème de Cauchy pour les équations aux dérivées partielles du premier ordre à deux variables indépendantes
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 12, no3 (1898), p. F1-F9
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F.I
SUR LE PROBLÈME DE CAUCHY
POUR LES
ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES
DU PREMIER ORDRE
A DEUX VALABLES
INDÉPENDANTES,
PAR M.
ÉTIENNE DELASSUS,
Chargé de Cours à la Faculté des Sciences de Toulouse.
Je me propose ici de comparer les diverses méthodes
employées
pourtraiter lc
problème
deCauchy
et de montrerqu’on
ne doit pas les consi-dérer.comme distinctes,
maissimplement
comme desinterprétations
rentes d’un même
système
de formules. Enparticulier,
nous verronsrintégrale
àpoint singulier
de Nl. Darboux s’introduit nécessairement dans laquestion,
de sortequ’en
traitant leproblème à
lafaçon
ordinaireon passe, en
quelque
sorteinconsciemment,
par son intermédiaire.i_. Je commencerai par
m’occuper
d’unepropriété
rotative auxloppes
et, bien que cela ne soitpas
n.écessaire pour cequi suivra, je
lapré-
senterai sous sa forme la
plus générale
etindépendamment
de la théorie deséquations
aux dérivéespartielles.
Soit une surface fixe S a
chaque point
M delaquelle correspond
dansl’espace
une surface r. Ces surfaces a à deuxparamétres peuvent
avoir uneenveloppe; désignons-la
par ~.Supposons,
deplus, qu’a chaque point
l’ del’espace corresponde
une courbe C surS;
il ycorrespondra
par la même une surfaceEp enveloppe
de rquand
décrit C.Faisons alors décrire à 1’ une courbe
r ;
la courbe (j sedéplaçant
sur Saura une
enveloppe
Y.lorsque
l’clécnit I’,
se compose de losurface
Z c-tc
03A3’, enveloppe
de a,quand
M décrit 03B3.(
pourrait
s’établir par des considérations de Géométrieinfinitésimale,
maisje
m’attacheraiuniquement
au calcul ci, poursimpli-
le
langage, je désignerai
par A et par B ces deuxproblèrnes qui
con-duisent ii la même surface 03A3’.
Désignons
parw’, y’, .~‘
les coordonnées de 1> et les coordonnées d’unpoint
MdeS,
la surface j seraet lu courbe (;
Soit une courbe r
c~~
désignons
parce que devient o
quand
on yremplace x’, ~y‘,
.~’ en fonction de 1.Cherchons d’abord à résoudre le
problème
B.()n obtiendra y en élirninant t entre les deux
équations
Pour avoir
l’enveloppe
de o-quand 1,
~ décrit 03B3, onpeut
considérer 03C3comme
dépendant
de deuxparamètres
r~ liés parl’équation
de y oucomme
dépendant
de troisparamètres 03BE, ~, t
liés par les deux relations(y).
On aura donc 03A3’ en
éliminant 03BE, ~, t
entre lesquatre équations
la dernière
équation
se réduit à(h
~2W ~t2
n’est pastoujours
nut sansquoi
tes troisparamètres
seraient tirspar trois
relations,
de sortequ’on
obtiendra 03A3’ enéliminant 03BE, ~, t entre
Cherchons maintenant à
interpréter
atitrement leséquations abréger,
nous poseronsPour
éliminer (,
entre leséquations
supposons que de deux des trois
premières,
ontire ~
et 11 etqu’on porte
danslcs deux autres entre
lesquelles
il suffira alors d’éliminer t. Nous devons ll;t-turcllen1cnt supposer,
puisque
4 == o, que l’un des deux déterminants d’0394" n’est pas nul. La surface résultant de l’élimination
de 03BE, ~
entre troispremières
est,diaprés
la théorie desenveloppes, l’enveloppe
de 03C3 quand 03BE,v; vérifient la relation
c’est-à-dire
quand
M décrit la courbe C relative aupoint
P de la F.donc
Xp.
Pour avoir
l’enveloppe
de nous pouvonsprendre,
parexempte,
pouréquation
de cette surfacel’équation
V==o et 7] seraient !es va)eurs tirées de W == o et A == o.’
il faudra donc éliminer / entre
~03BE ~t et ~~ ~t étant
donné; parfinalement,
il faudra doncr~, ~
entrela dernière
(’’({nation
seréduit,
en vertu des autres ilSupposons qu’on parte
alors desquatre équations
mt aura,
de sorte que les deux
équations
ne
pourront
être vérifiées que sicu
qui
conduit âl’cnveloppe
03A3.Si,
aucontraire,
nouspartons
du facteur ~W dt = o ’ nous retrouvons lesquatre équations
qui
définissent 03A3’.Ainsi,
leséquations qui
résolvent leproblème B,
résolvent en mêmetemps
leproblème
A débarrassé de la solution E connue apriori.
Pour
simplifier
lecalcul,
nous avonssupposé
que les coordonnées d’unpoint
de 0393 étaientexprimées
en fonction d’unparamètre,
mais il est évidentque, même dans le cas où la courbe r serait donnée par deux relations entre
.~~’, y’, ~’,
la doubleinterprétation
des formulesserait encore possible.
ll.
Considérons
uneéquation
aux dérivéespartielles
ci proposons-nous de chercher la surface
intégrale passant
par une courbePour cela
appliquons
la méthoderigoureuse qui
est cclle deNous devons commencer par
intégrer
leséquations
descaractéristiques ;
mais nous savons que
si,
pour lefairc,
onprofite
de leur formeon retombe sur la recherche d’une
integrate complète
par la méthode de
Lagrange
etCharpit
et quel’in tégralc générale
de ceséquations
est alors donnée par"
Il nous faut introduire les valeurs initiales
x’, y’, z’, //, q’ qui
i doiventvérifier
Pour
l’intégrale considérée,
les trois constantes initiales a,b,
~~ seront 1fonctions de
x’, p’, q’
et, parsuite,
seront des fonctions de l queje désignerai par ç, "1), (. En plus,
pourabréger, je poserai
Pour
avoir 1,
Y),03B6, je remplacerai
d’abord .x, y, z, p, q par leurs valeurs initialcs dans leséquations (a),
cequi
donneraParmi les
équations (03B2), l’avant-dernière
est vérifiéequels
que~, ~;
il ne reste à vérifier quel’élimination de
p’
etq’
entre(03B2’)
et les deux dernièreséquations
( a’ > estévidente et donne
iW,
plus simplement
,’:, r~, ~
doncdéterminées,
comme fonctionsde t,
parPour avoir
l’équation
de la surfaceintégrale,
il faudra élinliner t entrece
qui
revient aumême, éliminer 03BE,
Y],03B6, t
entre lescinq équations
quenous venons (récrire. L’élimination
de (
est Immédiate et l’on cst finalement â éliminer entreI 11. On
peut
arriverplus rapidement,
et d’unefaçon
aussirigoureuse,
n ces
équations
en se servantanalytiquement
del’intég.rale complète.
Enune
intégrale
s’obtient en considérant Yj comme fonctionde (
et éli-minant 03BE
entrePour que
l’intégrale
obtenue contienne la courbeh,
il faut et il suffit quecette fonction r~ soit tellc que,
quel
quesoit t,
il y aittoujours
unede 03BE
vérifiant les deuxéquations
03BE
est une fonction de t et, en différentiant lapremière)
il vientqui,
en vertu de laseconde,
devientLes deux
équations
ne contenant pas
d~ d03BE définissent 03BE
et Yj comme fonctions et suite ~comme fonction de
~. Réciproquement si §
vérifient ces deuxéquations,
certainement
nn est donc ramené à
1,
q,j§’ ,
l entreen éliminant tout de suite
d’~
on retombc sur leséquations E
duparagraphe précédent.
IV.
L’interprétation géométrique
des formulesauxquelles
les deuxthodes
précédentes
viennent de nous conduire se fait immédiatement.Considérons les deux
paramètres 03BE, ~ qui
entrent dansl’intégrale
com-plète
comme les coordonnées
curvilignes
d’unpoint
M cl’une surface S. Achaque point
Mcorrespond
une surface r. Achaque point
1’(x’, y’, z’ ) correspond
sur S la courbe
qui exprime
que o passe parl’. ,
Les
équations
Epeuvent
être considérées comme celles d’unproblème
l~.c’est-a-dire comme définissant
l’enveloppe
de la surface Equand M décrit l’enveloppe
deC, c’est-à-dire
la courbe y définie parCes deux retapons
expriment
queInéquation
on considère 1 comme
inconnue,
a une racinedoul)le, c’cst-u-diuc tangente
~l F.Les formules E
peuvent
doncs’interpréter
comme délinissantl’enveloppe intégrâtes complètes tangentes
à la courbeproposée
et nous retrouvonsainsi la méthode
géométrique généralement employée.
)V. Les ÎU)l’I11L1lc.’S E
peuvent
aussi considérées comme celles d’unproblème
A. Enassujettissant
lepoint
M à décrire la courbeC,
onassujettit l’intégrale complète
o- a passer parP,
de sorte que la surface03A3p
du pro- blème A estt’enveloppe
desintégrales complètes qui passent
parP;
9 donc alpoint singulier
de M. Darboux relative aupoint
1" et ilfaut ensuite chercher
l’enveloppe
de cetteintégrale quand
P décrit F.Nous retrouvons
ainsi,
par unsimple changement d’interprétation
desformules ordinaires la méthode
élégante proposée
par Ma Darbcmx.~ ~ ~~
V.
D’après
ce que nous avons vu, à propos desproblèmes
A etB,
lesdeux méthodes
géométriques
ne sont pas absolumentéquivalentes.
Chacunea ses
avantages
et ses inconvénients.La méthode par
l’intégrale complète ordinaire,
du moins enemployant
cette
qui
esttangente
en un nombre limité depoints
àl’intégrale singulière,
résout
rigoureusement
lcproblème
sans introduire de solutionauxiliaire,
mais
exige
que l’un recommencechaque
fois toutes les éliminations.La méthode par
l’intégrale
àpoint singulier présente l’avantage
clupermettre
defaire,
une fois pour toutes, les éliminationsqui
fournissentl’équation
del’intégrale
relative à unpoint quelconque x’, y’ ,
z’.Chaque
fois (lue l’on
changera
de courbef,
il y aura seulement à recommencerl’élimination d’une seule inconnue entre deux
équations.
Le calcul est doncplus simple; mais,
s’il y a une solutionsingulière,
on devra fatalement laen facteur dans lc
résultat,
et il faudra de nouveaux calculs pour l’ell débarrasser. ’Si donc il
n’y
a pasd’intégrale singulière
et si l’onn’a
à traiter le pro- deCauchy
que pour une seule courber,
les deux méthodes sontabsolument
équivalentes.
S’il
n’y
a pasd’intégrale singulière
et si l’on a à traiter leproblème
de(1) DARBOUX, Mémoire sur les solutions singulières des équations au,x dérivées par- tielles du premier orclre.
F.9 Cauchy
successivement pourplusieurs
courbesr,
il y aavantage
il em-ployer
icprocédé
de M. Darboux.Nous pouvons donc dire que dans le cas où
l’intégrale singulière
de La-grange n’existe pas, il y a
avantage
àemployer systématiquement l’intégrale
u
point singulier
de M. Darboux.Si
l’intégrale singulière existe,
il estimpossible
de choisir d’nnefaçon
générale,
car on est enprésence
de deux modes decalcul,
l’un brutal et fournissant la solutionsimple,
l’autresimple
etélégant,
mais fournissant la solution cherchéecompliquée
d’une solution auxiliaire.Dans ce cas, il est facile de donner
l’interprétation
des courbes C. 1’rn-nons
pour S l’intégrale singulière
03A3. 03BE, ~pourront
être considérées commeles coordonnées
curvilignes
dupoint
M où r touche ~. La courbeC
relativea un
point
P sera donc le lieu despoints
de contact desintégrales complètes
passant
par P avecl’intégrale singulière
ou encore la courbe de contact del’intégrale singulière
avecl’intégrale
àpoint singulier
relative aupoint
P.Quant
à la courbe y,enveloppe
des courbesC,
c’est le lieu despoints
decontact avec 2 des
intégrales complètes tangentes
à r.A la
façon
dont nous avonsprésenté
lescalculs,
il semble que,ayant
a résoudre leproblème
deCauchy,
pour une courbe bien déterminéer,
ilsoit nécessaire de chercher
l’intégrale
àpoint singulier uniquement
pour lespoints
de r. Cela tient seulement à la forme que nous avons donnée auxéquations
de r. Si r est donnée de lafaçon
laplus générale
on sera forcé de chercher
l’intégrale Ep
relative à unpoint
P absolumentquelconque (’).
(t) Je ferai remarquer que tous les calculs relatifs au problème de Cauchy sont hien
connus de tous ceux qui ont eu à s’occuper de cette question, mais que j’ai été obligé de Ics développer complètement ici, car ils ne figurent explicitement, à ma connaissance du moins,
dans aucun des Traités ou Mémoires classiques.