Le DIU constitue la méthode contraceptive la plus utilisée dans le monde, en raison de son innocuité [11, 12] ; cependant, il peut engendrer certaines complications, comme les troubles du cycle menstruel, les fistules vésico-vaginales, les infections pseudotu- morales type actinomycose [4], l'expulsion ou la perforation utéri- ne.
La migration du DIU dans les organes de voisinage constitue une complication rare [15].
Nous rapportons un cas de migration transutéro-vésicale d'un DIU.
OBSERVATION
Madame A. S. âgée de 38 ans, sans antécédents pathologiques par- ticuliers (3ème geste, 3ème pare) a présenté 6 mois avant son hospi- talisation, une hématurie terminale caillotante avec des cystalgies, douleurs pelviennes, pollakiurie et brûlures mictionnelles.
- L'examen clinique était sans particularité.
- L'ECBU s'est révélé stérile;
- L'échographie a objectivé une image de lithiase vésicale de 4 cm de diamètre;
- L'AuSP a montré une image de lithiase se projetant sur l'aire vési- cale.
La lithotritie endovésicale préconisée a été vouée à l'échec, d'où l'indication d'une extraction du calcul par voie chirurgicale sus pubienne.
Cette extraction a révélé la présence d'un stérilet calcifié (Figure 1).
A posteriori, l'interrogatoire de la patiente a mis en évidence la mise en place d'un stérilet depuis 3 ans. Les suites opératoires étaient simples.
DISCUSSION
Le DIU constitue une méthode contraceptive provisoire, la plus uti- lisée dans le monde [15].
En plus de son mécanisme d'action mécanique et hormonal, le sté- rilet induit une inflammation endométriale empêchant alors la nida- tion; cette inflammation est une arme à double tranchant. L'impor- tance des réactions inflammatoires entraîne une accumulation non négligeable d'enzymes lysosomiales lytiques favorisant la destruc- tion endométriale et la migration [1].
L'insertion du DIU est un acte médical simple mais non dénué de risque et de complications, telles la migration après perforation uté- rine et l'infection. L'incidence de la perforation utérine est rare (entre 0,4 et 6,7 pour 1000 insertions) [10, 13]. Elle survient sou- vent au moment de la pose du DIU.
La migration intramyométriale commence par l'incarcération d'une branche du DIU dans le myomètre, les phénomènes inflammatoires ainsi que les contractions utérines vont permettre au DIU de poursui- vre sa migration [8, 10]. Certains facteurs prédisposent à cette migra- tion, entre autres une fragilisation du myomètre par des grossesses multiples et des césariennes, utérus anté ou rétroversé, hypoplasiques et la pose de DIU trop précoce dans les suites de couches [7].
La migration transutérine des DIU peut prendre plusieurs directions soit cutanée, soit dans l'abdomen, soit dans l'ovaire, soit dans l'espa- ce pelvien extravésical, soit dans la vessie comme c'est le cas de notre patiente [1, 7, 8, 15].
◆ UROLOGIE DE LA FEMME Progrès en Urologie (2004), 14, 374-375
Migration intravésicale d’un dispositif intra-utérin compliquée d’une lithiase
Abdenbi JOUAL, Badreddine QUERFANI, Abellatif TAHA, Amine EL MEJJAD, Younes FROUGUI, Redouane RABII, Adil DEBBAGH, Mohamed EL MRINI
Service d’Urologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
RESUME
La migration transutérine d'un dispositif intra-utérin (DIU) est une complication rare. Nous rapportons un cas de stérilet migré dans la vessie, qui s'est calcifié secondairement et qui a été pris à tort pour une lithiase vésica- le.
Il s'agit d'une femme âgée de 38 ans, porteuse d'un stérilet depuis 3 ans, qui consulte pour hématurie, avec des signes d'irritation vésicale.
Le couple écho/AUSP a posé le diagnostic de lithiase vésicale. Le diagnostic positif du DIU migré et calcifié ne s’est posé qu'après l'extraction chirurgicale du calcul.
Mots clés : Dispositif intra-utérin, lithiase vésicale, migration trans-utérine.
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Manuscrit reçu : mars 2003, accepté : juin 2003
Adresse pour correspondance : Dr. QUERFANI Badreddine, 12 rue de Compiègne, Bd Emile Zola, Apt 3, Casablanca, Maroc
e-mail : m.elmejjad@menara.ma
Ref : JOUAL A., QUERFANI B., TAHA A., EL MEJJAD A., FROUGUI Y., RABII R., DEBBAGH A., EL MRINI M., Prog. Urol., 2004, 14, 374-375
La localisation intravésicale n'est pas toujours synonyme d'une migration transutéro-vésicale. Chez certaines patientes, on a incri- miné une faute technique d'insertion du DIU qui peut être placé accidentellement en intravésical par voie transurétrale par un per- sonnel paramédical non expérimenté [6].
Cette migration transutéro-vésicale peut être émaillée de plusieurs complications, soit une actinomycose pelvienne englobant la vessie [9], soit une fistule vésicoutérine [2] avec une hématurie catamé- niale, soit la formation d'un calcul englobant le DIU, comme c'est le cas de notre patiente, et c'est la complication la plus fréquente [8, 14].
La perforation utérine par le DIU est souvent asymptomatique [8, 15]. Néanmoins, la migration intravésicale peut se manifester par une pollakiurie, des brûlures mictionnelles et une dysurie, faisant évoquer à tort une cystite banale [7, 8, 15]. Une hématurie termina- le peut être parfois associée.
Le diagnostic de migration est suspecté devant l'absence de visuali- sation des fils repères du DIU au niveau de l'exocol. Rarement on peut objectiver l'issue de fil du DIU à travers le méat urétral lors des efforts mictionnels [7].
Le diagnostic est évoqué sur l'AuSP qui montre le DIU englobé par une opacité de tonalité calcique. L'échographie confirme la locali- sation intravésicale du DIU et la vacuité de la cavité utérine. Donc le couple Echographie/AuSP permet le diagnostic de migration intravésicale du DIU dans la majorité des cas, cependant, il peut faire à tort le diagnostic de lithiase vésicale simple comme le cas de notre observation.
La cystoscopie reste le moyen diagnostique le plus fiable de migration intra-vésicale du DIU. De toutes les façons, cette erreur diagnostique ne change en rien l'attitude thérapeutique qui consiste en l'extraction du DIU par voie chirurgicale vésicale [5, 8]. Certains auteurs rappor- tent l'utilisation avec succès de la lithotritie endovésicale.
CONCLUSION
La migration intravésicale du DIU entraîne sa calcification, ce qui peut porter à tort le diagnostic de lithiase vésicale. Mais le couple
Echo/Ausp redresse en général le diagnostic en mettant en éviden- ce la vacuité utérine et l'absence de stérilet à l'AuSP.
La présence d'une lithiase vésicale chez une femme en période d'ac- tivité génitale, porteuse d'un DIU doit faire penser à la migration intravésicale du DIU et sa calcification doit rechercher ce DIU.
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SUMMARY
Intravesical migration of an intrauterine contraceptive device com- plicated by stones.
Transuterine migration of an intrauterine contraceptive device (IUCD) is a rare complication. The authors report a case of IUCD that migra- ted into the bladder and subsequently became calcified, leading to a false diagnosis of bladder stones. A 38-year-old woman with an IUCD for 3 years presented with haematuria and signs of bladder irritation.
Ultrasound and plain abdominal x-rays suggested a diagnosis of blad- der stones. The positive diagnosis of migrated and calcified IUCD was only established after surgical extraction of the stone.
Key-Words: Intrauterine contraceptive device, Bladder stones, Trans- uterine migration.
A. Joual et coll.., Progrès en Urologie (2004), 14,374-375
375 Figure 1. Aspect du stérilet calcifié.
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