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l Homme d aujourd hui à chasser les rides ou les bourrelets, à guetter sur son corps le moindre signe de vieillissement et à présenter toujours un

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Academic year: 2022

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La Mort

La Mort n’est pas forcément un sujet que l’on aborde en toute sérénité tant elle nous touche de manière intime.Pourtant toute notre vie maçonnique nous amène à en parler car elle est présente en permanence au travers des symboles , rites et initiations de notre ordre. On la voit du cabinet de réflexion au plateau du Vénérable en passant bien entendu par le revers du tablier de maître,la chaîne d’union,et l’élévation au 3e degré.

Pour préciser le sujet, je vais d’abord le tailler en creux en précisant ce de quoi je ne parlerai pas. Il ne sera pas question ici de toute la littérature sur les NDE (near death experiments),autrement dit sur les expériences proches de la Mort qui ont fait les choux gras de certains éditeurs. Par contre j’essaierai de dégager - oh , sans doute de manière encore trop superficielle! - les grandes lignes symboliques , sociales et philosophiques de la Mort , mais dans une approhe qui ne pourra être que personnelle et subjective .

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Dès notre naissance , nous sommes susceptibles de passer de vie à trépas à tout moment , cependant notre appréhension de la Mort évolue . Enfant , nous n’y croyons pas trop. Nous imaginons mal qu’elle puisse exister et chacun de nous se rappelle sa surprise et son incompréhension devant le cadavre d’un oiseau ou de tout autre animal. Adolescent , la Mort nous révolte . Nous la

considérons comme une injustice , comme l’injustice suprême . Lorsque nous en faisons connaissance , c’est à travers les guerres , les attentats , les faits divers ou à travers nos proches . Les autres morts , bien sûr , nous en entendons parler , mais elles ne nous touchent pas . A cet âge , la mort naturelle n’existe pas , nous y sommes aveugles . Homme fait , nous nous faisons à l’idée que cette fin est inéluctable , inévitable . Une certaine fatalité s’empare de nous :nous craignons la Mort mais nous savons que nous n’y échapperons pas . Petit à petit , nous nous faisons une raison . De la fatalité , nous passons à l’acceptation jusqu’à faire de cette Mort une compagne que nous apprivoisons (ou qui nous

apprivoise !). La Mort , en quelque sorte ,s’insinue dans la vie , elle y mêle ses fils et infléchit nos pensées .

D’un point de vue occidental , nous constatons que tous les efforts de la médecine et de la biologie tendent vers le recul des causes de la Mort . Ce point de vue relève de l’ambition constante de l’Homme à dominer la Nature et à s’élever ainsi au rang de démiurge . C’est une ambition noble et une source de progrès , pas seulement dans la prolongation de la vie , mais également sur le plan de la pensée . Cependant cette ambition bien compréhensible a son revers qui est d’exclure et de diaboliser la fin qui nous attend . L’heure est pour

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l’Homme d’aujourd’hui à chasser les rides ou les bourrelets , à guetter sur son corps le moindre signe de vieillissement et à présenter toujours un visage lisse , un corps musclé et bronzé . Ce leitmotiv est le Credo de l’Homme moderne , l’exorcisme quotidien qu’il pratique jour après jour contre la Mort . Un visage ne doit plus avoir d’âge à défaut de ne plus avoir vingt ans . Les rides , véritable écriture d’une vie vécue doivent disparaître :l’Homme doit-il rester un livre vierge jusqu’à la fin ? Bien sûr, nous devons glorifier la Vie et tous ses signes . Elle , est tangible , visible et prévisible dans une certaine mesure . C’est sur elle et par elle que nous exerçons nos facultés . Nous nous construisons une vie , nous nous réalisons dans cette vie et nous y tenons, mais est-ce moins y tenir que de considérer la Mort ? Lorsqu’on regarde ce qui fait mal dans la Mort c’est la plupart du temps le fait qu’elle nous prive définitivement de la présence d’un être cher avec qui nous avons partagé une tranche de vie , et plus la tranche de vie a été longue ou intense , plus la douleur ressentie est vive . En fait la Mort est douloureuse pour ceux qui restent , pour les vivants ; mais notre propre Mort , comment la considérons-nous ?

Dans un premier temps , dans la force de l’âge , nous la pensons par défaut . Nous aussi , nous nous voyons abandonner des êtres chers , des

couleurs , des paysages , des odeurs et des sensations . Quitter tout celà ! Est-ce là le but de la Vie ? Est-ce là ce pourquoi nous avons vécu ? C’est bien souvent par ce retour sur soi que commence alors une réflexion sur ce que nous pouvons et sur ce que nous devons attendre de la Vie , autrement dit sur ce qu’est le sens de la Vie , car auparavant , cette question était vide de sens . La Vie , nous la vivions tête baissée : carpe diem n’avait qu’un sens premier , c’était plus simple , donc moins riche ! Mais voilà que la Mort s’immisce , redonnant du même coup couleur et sens à la Vie . La vie avait perdu son ombre et par là ses

contrastes et son relief . La Mort la lui rend et en même temps lui donne sens et perspective: « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? » . réexaminer les questions que nous nous sommes posées jusqu’à présent sous cet éclairage donne une autre perspective à notre questionnement et une autre

dimension aux réponses que nous trouvons . Les petits tracas quotidiens nous semblent bien peu importants et les questions éthiques , par exemple ,dépassent alors les contingences immédiates ou même historiques sans cependant que les nuances échappent . Simplement,elles entrent dans un autre contexte et

acquièrent une importance différente , relative à ce contexte plus large , et relatives entre elles . Telle composante qui semblait primordiale , essentielle , presque vitale devient , dans une autre perspective , banale , triviale ou même superfétatoire . Par contre tel fait qui paraîssait anodin , fortuit , conjoncturel prend une place de premier plan , devient clef de voûte de l’édifice . Un monde où la question essentielle était le « Comment » devient un monde où cette essence sort du « Pourquoi ».L’immixion de la Mort dans la Vie entraine un changement radical de nos points de vue et réoriente fondamentalement nos

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conceptions philosophiques , politiques et éthiques . Notre regard sur le monde et sur l’Homme est bouleversé , notre mode d’explication intègre cette donnée fondamentale et nous ne traitons plus les problèmes dans la même durée ni sur le même plan : nos réponses prennent étendue et profondeur. Essayons de voir comment s’applique ce changement de point de vue.

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Notre éducation occidentale nous entraine dès notre naissance ou presque vers une socialisation orientée . Par le jeu , nous apprenons à communiquer avec les autres ; par des jeux collectifs , à nous mettre en phase avec le groupe ; puis très tôt vient se greffer tout d’abord l’idée de réussite comparativement à un état antérieur , puis de réussite comparativement aux autres . Les liens sociaux , une fois créés , sont mis dans une perspective dynamique de compétition . Cette compétition instaurée entre les individus se développe à l’encontre de la notion de solidarité qui est cependant réintroduite , mais toujours dans un contexte de compétition , cette fois-ci entre groupes , que ces groupes s’appellent

équipes,gangs , clans , classes ou pays . Nous passons ainsi du jeu proprement dit au jeu social, politique ou économique , le but est d’acquérir une position dominante . Nos valeurs sont placées dans ce contexte et nous sommes évalués en tant qu’homme selon nos capacités plus ou moins développées à faire face à ces situations de concurrence , à nos aptitudes à intégrer harmonieusement et sans conflit majeur des niches économiques , politiques et sociales déterminées . Nous sommes amenés à choisir des stratégies de réussite en fonction des

objectifs que le système nous assigne , nous sommes entrainés à combler nos carences techniques dans nos domaines d’action . Réussir sa vie est alors accéder à des postes dits de responsabilité , des fonctions notables ou des carrières de direction .

Nous sentons bien ici qu’un verrou doit sauter . Il n’est pas possible de penser qu’un homme soit au bout de sa route lorsqu’il a rempli les niches attribuées . Ce « supplément d’âme » , il le cherche dans les différentes

« boutiques spirituelles » qui lui sont ouvertes , il en poursuit la quête dans une attitude consumériste qui a pour effet de repousser plus loin encore l’horizon de ses espoirs ; soit de manière ouverte - et c’est encore pour l’instant le moindre des maux - par l’accès à des cultures différentes et , partant , à une relativisation de ses acquis culturels ; soit de manière fermée en lui proposant le nirvana en échange d’un abandon de soi au groupe - et nous avons affaire alors au

phénomène sectaire . En tout état de cause , et à moins d’être mentalement très solide , le quêteur d’absolu risque la perte de ses repères humains .

Nous revenons donc à un rationalisme garant de notre intégrité humaine . Mais c’est à l’intérieur même de cette rationalité que l’idée de mort crée une brêche non rationalisable et irréconciliable avec tous les efforts raisonnables qui

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tendent à prolonger la vie . De fait cette émergence dans le rationel a été scotomisée ou déviée . Sous-jacent au rationel vient cette idée de prolonger la vie ici-bas à défaut de se préparer à un au-delà mythique , hypothétique et non garanti . Notre pérénité ? Elle est portée par l’espèce . De matière organisée en un être , la Mort nous transforme en matière première réutilisée par la Vie . Bien sûr , cela ne nous satisfait pas complètement . Nous aimerions bien que notre personne mentale , morale , sociale et pensante se prolonge , mais là les considérations rationelles n’ont plus cours et nous laissent pantois sur le bord du chemin . Nous ne sommes pas préparés à cet abandon d’une expérience durement acquise tout au long d’une existance laborieuse . Nous ne souhaitons pas non plus abandonner de sitôt ce monde chatoyant , chatoyant surtout , notez-le , depuis que nous nous sentons périssables . La préparation au passage se doit d’être intégrée à la Vie . En celà notre société a perdu ses rites de

passage et d’initiation qui permettaient , en dramatisant , de dédramatiser . Il nous faut maintenant considérer les choses , les êtres et les événements comme ayant un revers, une face cachée que nous devons nous attacher à découvrir . L’idée de Mort nous amène donc à prendre du recul ou de la hauteur pour considérer également les deux faces d’un objet . C’est le premier apport conceptuel décisif qu’engendre la notion de Mort.

Lorsque nous déclinons l’idée de Mort selon un axe paradigmatique , c’est-à-dire lorsque nous énumérons toutes les notions , sensations , conclusions , assertions qui s’y rattachent et que nous les plaçons en face des notions et valeurs du monde vivant , il n’y a pas annulation , il y a une antithèse bien plus radicale que celles que nous découvrons dans les oppositions classiques et dont on trouve un dépassement dans le même registre . Le dépassement de cette antithèse ci ne peut absolûment pas se fonder sur le plan purement logique ou dialectique . Il nécessite un saut sémantique dans le domaine spirituel . Je ne veux pas dire dans le domaine du rêve , de l’irréel ou de l’élucubration , je signifie ici qu’il faut laisser au seuil de ce nouveau domaine le mode de

raisonnement classique . Nous sommes en effet habitués à voir les idées et les êtres naître , se développer , changer et décliner . Une naissance, nous savons ce qui lui succède : la Vie . Nous pouvons en inférer des prolongements qui se vérifient ou ne se vérifient pas , et dans ce dernier cas nous infléchissons simplement nos postulats de départ . Nous n’en faisons pas un drame : c’est la Vie ! Ce qui se passe est appréhendable et compréhensible , explicable et analysable . Nous partons du principe que ce qui n’est ni compréhensible ni explicable ne rend pas caduque pour autant la démarche et que celà n’est qu’épiphénomène , bruit ou aléa sans incidence majeure . En bref , nous

pouvons tout expliquer - ou du moins l’essentiel - jusqu’à la Mort , mais est-ce vraiment l’essentiel , c’est-à-dire ce qui fait l’essence ? La main de la Mort semble renfermer l’objet de notre quête , mais ici les mots ne suffisent plus pour

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exprimer ce qui est ressenti ou vécu : la voie symbolique s’impose comme le moyen d’aller plus loin .

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Dans notre symbolique, la Mort apparaît en de nombreuses occasions . Dans le cabinet de réflexion , elle indique avant tout l’abandon du monde profane et la naissance à une nouvelle vie . L’impétrant est dépouillé de ses défauts acquis de sa vie précédente par une immersion dans un monde

souterrain qui se veut lustral . Ce symbole n’est souvent pas assez approfondi car on oublie la caractéristique de la Terre , tombe , lieu de décomposition et ici lieu de régénérescence . Le vitriol , le soufre et le mercure détruisent les tissus et les métaux en les brûlant . Un corps qui leur est soumis disparaît , ou plutôt se décompose en ses éléments premiers . L’élévation au grade de maître passe par le mythe d’Hiram et de sa Mort . Là encore l’idée de décomposition est présente : « la chair quitte les os : Mac Benah !» . Dans les deux cas , c’est pour aboutir à une renaissance à un autre monde , soit soi-même , soit par substitution à un autre ( Hiram ) pour perpétuer la Maçonnerie . On ne peut cependant se

contenter de ces différentes approches qui doivent nous inciter à aller plus loin et à intégrer dans notre vie vivante non seulement l’idée de Mort mais ses conséquences . En prenant de la hauteur , elle nous permet de voir les choses et les êtres à la fois en détail , et dans le milieu dans lequel ils se meuvent , et leurs réactions à ce milieu . Par effet retour , elle nous oblige également à nous

regarder de la sorte et donc à faire notre propre analyse - analyse qui , ne l’oublions pas, est une décomposition des éléments constitutifs d’un objet . L’oeil que nous trouvions dans le triangle radieux à l’Orient semble regarder au travers d’un prisme , instrument de décomposition de la lumière dans ses

couleurs constitutives . Au grade de Ch.Kad. . Ce regard à la fois précis et englobant est caractérisé par la bicéphalité de l’aigle du 30e degré . Nos éléments constitutifs se retrouvent symboliquement dans ses deux couleurs . Cette prise de hauteur est l’altitude considérable à laquelle il évolue . Le concept de Mort est bien sûr englobé dans le fait que l’aigle soit un oiseau de proie , qu’il porte en lui la vie et la mort , la vie associée à la mort, la vie vivant de la mort , la mort se nourrissant de la vie .

Revenons sur l’idée de contraste ou de relief que véhicule la notion de Mort associée à la Vie . On peut la comparer à un phénomène de stéréoscopie , à un gain d’acuité mentale . Le processus optique de mise en relief est dû à une modification des composants de la vision , cependant l’intégration du relief est mentale et inconsciente . On peut dire que l’apport de l’idée de Mort relève d’un processus semblable . C’est par retour sur notre façon de voir les choses que nous pouvons nous pencher sur ce qui a permis une modification de notre perception . Ainsi , comme pour la vision ,l’intellect ou l’inconscient , bref

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notre machinerie mentale a besoin d’un horizon pour situer les points de repère dans le champ de référence . La Mort est cet horizon mais avec cette différence , c’est que nous l’atteindrons . L’incertitude n’est pas dans l’espace mais dans le temps .

La Mort a toujours été associée à la couleur noire et cette couleur à l’idée des forces du Mal . La Mort , par syllogisme , est par conséquent le Mal à l’état pur . On comprend dès lors le tragique de la Mort qui renvoie l’Homme dans le Mal . C’est à cause du pêché originel que l’Homme a été frappé de mortalité , c’est à ce pêché que renvoie la Mort . Le monde judéo-chrétien a créé cette fin misérable comme punition ultime alors que dans le monde grec , le châtiment suprême était au contraire une éternité de souffrance (cf : le mythe de prométhée ou celui de sysiphe),ceci donnait une autre coloration à la Mort et permettait de lever en partie l’angoisse qui l’entoure . La Mort en quelque sorte n’est ni Bien ni Mal . Elle est , mais en étant , et par les réflexions qu’elle suscite , elle nous aide à nous situer , à nous humaniser car l’Homme est la seule créature

consciente d’être mortelle , à ce titre , elle est la seule également capable de pouvoir intérioriser le rapport Mort / Homme . Notre Mort , en définitive , est pour chacun de nous ce que nous en ferons .

J’ai dit

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