ANALYSE DES CONSTITUANTS GLUCIDIQUES
DES PLANTES FOURRAGÈRES
III. —
ÉTUDES
SUR LE DOSAGE DE LA LIGNINE M.JOURNET
R.JARRIGE
Renée LEFAIVRE Marie-Térèse GOZZELINO Station de Recherches sur
l’Élevage,
Centre national de Recherches
z ? otechniques, Jouy-en-Josas (Sairee-et-Oise)
SOMMAIRE
Trois études ont été poursuivies pour améliorer le
dosage
etpréciser
lacomposition
et ladiges-
tibilité de la lignine brute, isolée des
plantes fourragères
à la suite des traitements suivants(J ARRIGE , ig6i) :
eau, alcool-benzène,S0 4 H z
5p. 100pendant
3heures,SO,H,
72p. 100, SO,H, 3 p. 100.La
lignine
brute ainsi obtenue contient uneproportion
extrêmement variable de matières azotées(de
m à 42 p. 100dans les 34fourrages
étudiés)qui
augmente en même temps que la teneur en matières azotées du fourrage. Elle présente un coefficient dedigestibilité
variable avec les échan-tillons mais
pratiquement toujours positif.
La ligninecorrigée,
obtenueaprès
déduction des matièresazotées, a un coefficient de
digestibilité plus
faible que celui de lalignine
brute, surtout dans lesfourrages jeunes,
riches en matières azotées : 8,9au lieu de 10,0 p. 100 dans les 11 foins et 5,6 aulieu de 16,7p. 100 dans les 14échantillons de ray-grass
anglais
et dedactyle
étudiés.Dans le but d’isoler une
lignine plus
pauvre en azote et plusindigestible,
nous avons introduit entrel’hydrolyse
parSO4H2
5 p. 100 etl’hydrolyse
par S04H, 72 p. 100, un traitement à la pep- sine(ELL I S
et al.,194 6),
à latrypsine (A RMIT AGE
et al.,194 8)
ou au C03Na.. Ces traitements ont,avec une efficacité variable, diminué la lignine brute en réduisant non seulement la
quantité
dematières azotées recouvrées dans la
lignine,
mais encore, et surtout, lalignine corrigée.
Par contre,aucun d’eux n’a diminué de
façon significative
la teneur en azote de lalignine
brute desfourrages,
pas
plus
que ladigestibilité
de la lignine des foins.Cependant,
ladigestion trypsique
et, à undegré
moindre, le traitement au carbonate, ontpermis
d’isoler une lignine nettement moinsdigestible
dans certains
fourrages
verts.Sauf pour de tels échantillons, il ne semble pas intéressant d’introduire
systématiquement
undes traitements précédents dans la méthode de dosage de la lignine utilisé
jusqu’à
maintenant.L’examen des résultats obtenus par les autres auteurs permet de penser que les autres méthodes de
dosage
de lalignine
n’isolent pas, elles aussi, une lignine dépourvue d’azote ouindigestible
danstous les
fourrages, plus
spécialement dans lesplantes jeunes,
riches en matières azotées.De toute façon, il sera
toujours
difficile d’apprécier correctement l’intérêt de ces traitementsou de ces méthodes tant qu’on ne disposera pas d’une méthode de référence pour doser la lignine
et, par suite, tant
qu’on
ne connaîtra pas mieux lescaractéristiques
deslignines
desplantes
four-ragères.
- !_!!
INTRODUCTION
La
lignine représente
de 2 à 10 p. 100 de la matière sèche desplantes
fourra-gères
dont elledétermine,
dans unelarge
mesure, le coefficient dedigestibilité (L AN -
C A STE R
,
ig 43 ).
Elle est en moyenne peudigestible,
cequi permet
de l’utiliser comme cc marqueur n pour mesurerl’importance
de ladigestion
aux différents niveaux du tractusdigestif (HALE,
DuwcA!r etHuFrMn!, IQ47 ),
ainsi que ladigestibilité
oula
quantité
dufourrage ingéré (F ORBES
etG ARRI G US , i94F!).
De nombreuses méthodes de
dosage
de lalignine
ont étéproposées
ou utiliséespour les études sur la
composition,
l’utilisationdigestive
et la valeur alimentaire desplantes fourragères (cf.
THOMAS etA RMSTRONG ,
1949 - MooN et ABOU RAYA, 1952 -B R AUNS,
1952 - BRAUNS etB RAUNS , 19 6 0
-F ISCHER , 19 6 1 b).
Laplupart
ont en commun le traitement
principal
parS0 4 H 2
72 p. IOO pourhydrolyser
lacellulose mais diffèrent par le nombre et la nature des extractions
préalables (dégrais- sage)
et des traitements introduits pour solubiliser les matières azotées et lespoly-
saccharides non
cellulosiques.
En fonction de ces dernierstraitements,
ellespeuvent
être ainsiréparties
enquatre
groupes(tab. i) :
a)
cellesqui
necomportent
que deshydrolyses acides,
dont la méthode deNo RM
ntv et
J!NKrn-s ( 1934 )
est lapremière
endate ;
b)
cellesqui comportent
unedigestion pepsique
et,parmi elles,
la méthoded’Eues,
MATRONE et MAYNARD( 194 6) qui
a étéjusqu’ici
laplus utilisée ; c)
cellesqui comportent
unedigestion trypsique
dont la méthode d’ARMI-TA&E, AsHwoxTx et P!RGUSO:!
( 194 8)
est la seule utilisée pour lesfourrages ; d)
des méthodesplus complexes comportant plusieurs hydrolyses
enzyma-tiques
ou un traitement alcalin.C’est essentiellement parce que les
lignines
desplantes fourragères
sont trèsmal connues et
probablement
variables avec la famille et le stade dedéveloppement qu’il
n’existe pas une véritable méthode de référence. Toutes les méthodesprécé-
dentes sont conventionnelles et isolent des
lignines impures
contenant une certainequantité
de matières azotées.L’un d’entre nous
(J!xxrG!, 19 6 1 )
a montréqu’on pouvait séparer
defaçon
satisfaisante les différents groupes de constituants
glucidiques
au cours dudosage
de la
lignine
suivant le schéma de NORMAN etJ ENK IN S (rg 34 ),
à condition d’intro- duire une extraction aqueusepréliminaire
etd’allonger
la durée de lapréhydrolyse
par l’acide dilué : les
glucides cytoplasmiques,
les hémicelluloses(ou plutôt,
lespolysaccharides
noncellulosiques)
et la cellulose sont estimésrespectivement
par lepouvoir
réducteur de l’extrait aqueux(après hydrolyse),
del’hydrolysat
parSO,H,,
5 p. 100pendant
3 heures et del’hydrolysat
parS0 4 H 2’
72p. ioo.La lignine
brute ainsi obtenue contient encore des matières azotées et
probablement
d’autressubstances
interférentes ;
elleprésente
un coefficient dedigestibilité
nettementpositif,
de l’ordre de 10 à z5p. 100 pour lesfourrages
verts.Nous avons voulu savoir si on
pouvait
obtenir unelignine plus
pure et moinsdigestible,
en introduisant un nouveau traitement entre lapréhydrolyse
parS0 4 H
2
5 p. 100etl’hydrolyse principale
parS0 4 H 2
72 p. 100. Nous avons donc com-paré,
parrapport
à la méthodedirecte,
l’influence de ladigestion pepsique (Ei.ris,
MATRONE et
M AYNARD , 194 6),
de ladigestion trypsique (A RMI T A GE,
ASHWORTHet
F’1~RGUSON, I9 q.8)
et du traitement parC0 3 Na 2
0,25 p. 100(FORBES
etHA MIL TON,
1952 -T H ACKER, 1 954).
Les résultats de cette
première
étude nous ont amenés à comparer différentes modalités de traitement auC0 3 Na 2 (étude
n°2 )
et à étudier les variations de la teneur en azote deslignines
obtenues par la voie directe(étude
n°3 ).
MATÉRIEL
ETMETHODES O
y
igine
des échantillons.Nous avons choisi des échantillons représentatifs des
principaux
types defourrages
verts etde foins, fauchés à différents stades de
développement :
nous avonscependant
retenu unplus grand
nombre d’échantillons de
fourrages
vertsjeunes
danslesquels
ledosage
de lalignine présente
leplus
de difficultés et d’incertitudes. Les échantillonsproviennent
de 4 groupes defourrages :
a) des ray-grass S24, des
dactyles S 37
et des trèfles blancs en provenance du (rrassland Research Institute deHurley :
lesplantes
vertes y ont été immédiatementcongelées après
la fauche et leurdigestibilité
y a été déterminée,après décongélation,
sur des moutons(cf.
MINSOrr et al.,ig6o) ; b)
desfourrages
verts,dactyle (impur)
et ray-grass, étudiés au C. N. R. Z. : ils ont été coupés chaque jour et distribués à 5moutons pour mesurer leurdigestibilité
au cours depériodes éxpéri-
mentales de 7
jours.
c)
des foins de luzerne et un foin de trèfle violet récoltés au C. N. R. Z., dont ladigestibilité
a.été mesurée sur 5 moutons
pendant
despériodes expérimentales
de 10jours ;
d) des foins de
prairie
à florecomplexe (prairie
permanente ouprairietemporaire
âgée)récoltés dans les
départements
du Cantal, desIIautes-Alpes
et de la Haute-Savoie, à une altitudecomprise
entre i ooo et 1 200mètres. Leurdigestibilité
a été mesurée au C. N. R. Z. sur 3 mou- tonspendant
despériodes
expérimentales de 10jours.
Le tableau 2donne les
principales caractéristiques
des 10fourrages
et 10échantillons de fècescorrespondantes
utilisés dans lacomparaison
des différents traitements.Préparation de
lalignocellulose.
Nous avons
préparé
unequantité importante
delignocellulose
de chacun de ces 20échantillons : lalignocellulose
est le résidu obtenuaprès
un traitement aqueux, undégraissage
et unehydrolyse
par
SO a H 2 ,
5 p. 100pendant
3 heures sous reflux(J ARRI GE, ig6i).
Deux
prises
d’environ 15g dechaque
échantillon ont été soumises à deux extractions aqueuses, de 60 et de 30 minutesrespectivement
dans des pots decentrifugeuse,
au bain-marie à 40°. Les deux résidus, recueillis chacun sur un filtre, ont été séchés à l’étuve à 80°,pesés, puis dégraissés
par lemélange
alcool-benzène( 2 : i)
au Soxhletpendant
16 heures.Après évaporation
du solvant etséchage
à l’étuve à 80°, les deux résidus ont étépesés, mélangés
etbroyés.
Des prises
de 4 g de ce résidu membranaire ont étéhydrolysées
par 800cc deS0 4 H 2
5 p. 100.pendant
3 heures ;l’hydrolyse
a été conduite dans desErlenmeyers
à col rodé de 2 1 sous refluxau bain de
paraffine
à 120°. Leshydrolysats
ont été filtrés sur des Buchnersgarnis
d’une rondelle tarée depapier-filtre
sans cendres ; les résidus(lignocellulose)
ont été lavés, séchés à l’acétonepuis
à l’étuve à 80°,
pesés, séparés
dupapier-filtre,
réunis etbroyés
à nouveau.Dosage
direct de lalignine.
Le
dosage
direct de lalignine
a été effectué sur quatreprises
de 400 mg delignocellulose. Chaque prise
a étéhydrolysée
dans unpetit
becher( 30 cc)
par 8 ce de S04H2 7z p. 100(P /P) pendant
4heures, à la
température
ambiante ; on apris
soin d’écrasercomplètement
lesparticules
de ligno-cellulose au cours de
l’hydrolyse.
L’hydrolysat
a été transféré dans unErlenmeyer
à col rodé de 500cc avec de l’eau distillée, àraison de 23 cc d’eau par cc de
S0 4 H z
72 p. 100, defaçon
à amener la concentration à 3 p. 100. Il a été maintenu à l’ébullition sous refluxpendant
3 heures au bain deparaffine
à 120° et filtrésur un Buchner
garni
d’une rondelle tarée depapier-filtre
sans cendres. Le résidu sur le filtre a étélavé, séché à l’acétone,
déshydraté
à l’étuve à 80° et pesé.Deux des quatre résidus ainsi obtenus pour
chaque
échantillon ont été incinérés au four à 600
°
pendant
2 heures : la perte depoids correspond
à lalignine
brute. Les deux autres ont été transférés dans des matras de 50cc pour déterminer leur teneur en azote parmicro-kjeldahl ( 1 ).
Dosage de la lignine après traiternent
pepsique.
Quatre
prises de 400 mg delignocellulose
ont été soumises à unehydrolyse pepsique,
dans lesconditions définies par I?LLts, MATRONE et MAYNARD
( 194 6).
L’hydrolyse
a été réalisée par ioo ce d’une solution à 0,1p. 100de pepsine Difco en milieu chlor-hydrique
0,1 n, au bain-marié à 40°,pendant
16 heures. Le résidu recueilli surpapier-filtre
d’unBuchner a été lavé, séché à l’acétone,
puis
à l’étuve à 80° pendant une nuit. Il a alors été séparé du filtre, transféré dans un becher de 30cc taré et remis à l’étuve à 80°jusqu’à
poids constant.Les quatre résidus ont été traités comme les quatre
prises
delignocellulose
dans ledosage
direct de la lignine.
Dosage de la
lignine après
traitementtrypsique.
Quatre prises
de 400 mg de lignocellulose ont été soumises àl’hydrolyse trypsique
dans lesconditions définies par tlR:tüTAGE, ASWORTII et hERGUSON (1948).
L’hydrolyse
a été réalisée par 200 cc d’une solution à 0,1 p. roo detrypsine
Difco i /2=,o enmilieu C03Naa à o,5 p. ioo,
pendant
18 heures, au bain-marié à 38°. Le résidu recueilli sur le filtre d’un Buchner a été lavé successivement à l’alcool, à l’éther et à l’acétone, puis séché à l’étuveà 80° pendant une nuit. Comme le résidu du traitement
pepsique,
il a étéséparé
du filtre, transférédans un
Erlenmeyer
de 3o ce et remis à l’étuve à 80° jusqu’àpoids
constant.Les quatre résidus ont été ensuite traités comme les quatre prises de
lignocellulose
dans ledosage
direct de lalignine.
Dosage de la
lignine
après traitement au CO,Na,.Quatre prises
de 400 mg delignocellulose
ont été traitées par 20J cc deC0 3 Na 2
à 0,25 p. 100,pendant
18 heures au bain-marie à 38°. Elles ont été traitées exactement comme lesprises
soumisesà
l’hydrolyse trypsique,
à la seule différencequ’on
n’a pas mis detrypsine.
Dosage
de l’azole.Pour chacun des traitements de chacun des échantillons, nous avons obtenu quatre résidus représentant la
lignine
brute non déminéralisée, dont deux ont été utilisés pour mesurer la teneur en cendres, et deux la teneur en matières azotées(Kjeldahl).
Les teneurs moyennes ont étéappli- quées
aux quatre résidus pour obtenir :- la
lignine
brute = résidu - cendres,- la
lignine corrigée = lignine
brute - azote X 6,25.Nous avons
multiplié
la teneur en azote par le facteur conventionnel 6,25 (PALOHEIMO, 1925).Il semble bien en effet, que la
majeure
partie de l’azote de lalignine
bruteappartienne
à des pro- téines résiduelles (THOMAS et ARMSTRPNG, 1949 - DE MAN et DE HEUS, 1950)plutôt qu’à
desproduits
de condensationpartiellement
desaminés (NoRMAN etJ ENKI NS,
1934) ou à la molécule delignine
elle-même (BONDI et MEYER, 1948 - MEYER et BONDI,1952 ).
Il estpossible cependant
que les matières azotées de lalignine
brute contiennent moins de 16 p. Ioo d’azote et que ie facteur de correction àadopté
soit doncsupérieur
à 6,25(TiLLEY
I959; communicationpersonnelle).
RÉSULTATS
I. COMPARAISON DES TROIS TRAITEMENTS
Quantité
de matière sèche extraite.Le traitement
pepsique
n’a extraitqu’une
faibleproportion
de lalignocel-
lulose
(non déminéralisée),
aussi bien dans lesfourrages
que dans les fèces(tab. 3 ),
en moyenne
4,6
p. 100 et 3,4 p. 100respectivement.
( 1
) La quantité de lignocellulose préparée pour certains échantillons de fourrages jeunes a été insuffi- sante pour permettre toutes les comparaisons projetées (échantillons 1, 4, 6).
Les traitements à la
trypsine
et au carbonate ont étébeaucoup plus
efficaces :en moyenne ils ont solubilisé
respectivement
z5,5 et 14,2 p. 100de lalignocellulose
des
fourrages,
13,o et 12,4 p. 100 de celle des fèces. Ils ont étéparticulièrement
actifs sur la
lignocellulose
des deux échantillons de trèfle blanc dont ils ont extrait environ 30 p. 100.Lignine
brute etlignine corrigée.
Par
rapport
aux valeurs obtenuesdirectement,
les teneurs enlignine
bruteont été diminuées de
façon
hautementsignificative (P
<0 , 01 )
par les trois traite- ments étudiées aussi bien dans lesfourrages
que dans les fèces.La diminution a été relativement faible et constante, sous l’action de la
diges-
tion
pepsique :
en moyenne 4,4p. 100dans lesfourrages
et 5,3p. 100dans les fèces.Elle a été
beaucoup plus
accentuée etplus
variable sous l’action de ladigestion
trypsique, plus
élevée pour les échantillons defourrages jeunes (jusqu’à
40 p.100 )
que pour les
foins,
pour lesfourrages
que pour les fècescorrespondantes.
Le trai-tement au carbonate a entraîné une diminution du même ordre que la
digestion trypsique
dans les fèces( 13 ,8
p. 100 au lieu de 15,1 p.100 )
mais sensiblementplus
faible dans les
fourrages ( 1 8, 2
p. 100 au lieu de22 ,6
p.ioo).
De même que les
lignines brutes,
leslignines corrigées
obtenuesaprès
chacundes traitements
(tab 5 )
ont étésignificativement plus
faibles que celles obtenues directement(P
< 0,01 sauf pour le traitementpepsique
dans lesfourrages
où P <
0 , 05 ) : enmoyennede 4 , 7 p. too, i6,2
p. 100et 15,7 p. 100dans lesfourrages, respectivement
pour les traitements à lapepsine,
à latrypsine
et au carbonate et de4,5 p. Ioo,r2,3 p. 100 et
12,8
p. ioo dans les fèces.Les valeurs de la
lignine
brute obtenuesaprès
traitement à latrypsine
ou aucarbonate n’ont pas
présenté
de différencessignificatives
entreelles,
mais ont étésignificativement plus
faibles que celles obtenuesaprès digestion pepsique ;
il ena été de même pour les valeurs de la
lignine corrigée.
Matières azotées.
Aussi bien dans les
fourrages
que dans lesfèces,
la teneur en matières azotées de lalignine
brute n’a pas été modifiée par ladigestion pepsique
et n’a été diminuée que defaçon
très limitée par les deux autres traitements(tab 6) :
en moyenne deg,6
et 10,4 p. 100 dans lesfourrages,
de 4,2 et de6,o
p. 100 dansles fèces, respecti-
vement pour les traitements à la
trypsine
et au carbonate. Les valeurs ainsi obtenues dans les fèces ontcependant
étésignificativement plus
faibles(P
<o,oi)
que cellesobtenues directement ou
après digestion pepsique.
L’action
des traitementsapparaît beaucoup plus
nettementlorsqu’on exprime
les matières azotées de la
lignine
nonplus
enpourcentage
de lalignine
brute maisen
pourcentage
de la matière sèche initiale( =
teneur enlignine
brute X teneur enmatières azotées de cette
lignine
brute =lignine
brute -lignine corrigée).
Enmoyenne, cette
quantité
de matières azotées résiduelles recouvrées dans lalignine
brute a été diminuée de
6, 2
p. 100,24 ,6
p. 100 et 25,3 p. 100 dans lesfourrages
etde 5,7 p. 100, y,r p. 100 et 19,3 p. 100 dans les fèces
respectivement
par les trai- tements à lapepsine,
à latrypsine
et au carbonate. Commeprécédemment,
latryp-
sine et le carbonate ont donc été
plus
efficaces que lapepsine.
Indépendamment
destraitements,
la teneur en matières azotées de lalignine
brute a
présenté
des différencesimportantes
entre échantillons. Elle a variéapproxi-
mativement de 10 à 45p. 100 dans les
fourrages
et de 10 à 30p. 100dans les fèces et elle a étéplus
élevée pour lesfourrages
verts que pour les foins.Coefficient de digestibilité de La lignine.
Le coefficient de
digestibilité
de lalignine
brute obtenue sans traitement aété
toujours supérieur
à o etprésenté
une valeur relativement élevée( 30
à 4o p.100 )
dans les deux échantillons de
dactyle
et l’un des échantillons detrèfle blanc ;
c’estjustement
parcequ’on
avaitpréalablement
constaté ces valeursqu’on
avait retenuces trois échantillons pour la
présente
étude.Les traitements n’ont pas eu d’influence
nette,
commune à tous les échan- tillons. Ils n’ont pas diminué le coefficient dedigestibilité
de lalignine
brute oucorrigée
desquatre
foinsétudiés ;
aucontraire,
le traitementpepsique
l’aaugmenté
de
façon
limitée maissystématique.
Par contre, dans lesfourrages
verts, le traite-ment
trypsique
apermis
d’isoler unelignine
brute oucorrigée, ayant
unedigesti-
bilité
plus
faible que celle obtenuedirectement,
et même fortementnégative
dansle cas d’un des échantillons de trèfle blanc. Les traitements à la
pepsine
et au carbo-nate ont eu une action dans le même sens mais moins accentuée.
En revanche pour chacune des
méthodes,
lalignine corrigée
a eu en moyenneun coefficient de
digestibilité plus
faible que lalignine brute ;
les différences ont étésignificatives (P
<0 , 01 )
dans le cas des traitements aucarbonate,
et à lapepsine
et ont
approché
le seuil designification
dans le cas des deux autres méthodes. Cette diminution tient au fait que dans lagrande majorité
des cas les matières azotées de lalignine
brute ont étéplus digestibles
que lalignine corrigée. Cependant
cellesde la
lignine
du trèfle blanc n° 5 ont eu un coefficient dedigestibilité
fortementnégatif puisqu’elles présentaient
une concentrationplus
élevée dans lalignine
desfèces
que dans celle du fourrage;
c’estpourquoi
le coefficient dedigestibilité
aprésenté
des valeurs anormalement
négatives
pour lalignine
bruteaprès
traitement à latrypsine
ou au carbonate et des valeurs
plus proches
de zéro pour lalignine corrigée.
II.
ÉTUDE
DES TRAITEMENTS AUCO,,Na 2
Il est apparu dans l’étude
précédente
que le traitement par une solution deC03Na!
à 0,25 p. 100pendant
18 heures à3 8° était,
dans laplupart
des cas, aussiefficace que la
digestion
par la même solution additionnée detrypsine.
FORBES etH
AMILTON
( I g 52 )
avaient d’ailleursdéjà
notéqu’il
était intéressant d’effectuer un tel traitement(une nuit) après
ladigestion pepsique
dans la méthode d’Eues et al.( 194 6),
et THACxER
( 1954 )
l’avait inclus dans la méthode dedosage qu’il
aproposée (tab i).
Nous avons donc cherché à
préciser
l’influence de certaines modalités(concen-
tration -
température
-durée)
du traitement au carbonate sur les teneurs enlignine
brute et enlignine corrigée.
Nous avonscomparé
surcinq
échantillons defourrages
et un defèces,
lesquatre
modalités suivantes :Trois
prises
de 400 mg delignocellulose
ont été soumises à chacun des traite- ments ; les résidus recueillis sur le filtre d’un Buchner ont été traités commeprécé-
demment
(cf. méthodes). Cependant,
l’azote de lalignine
a été estimé par diffé- rence, ensoustrayant
de l’azote de lalignocellulose,
l’azote de l’extrait auC0 3 Na 2
et de
l’hydrolysat sulfurique.
Les résultats sont résumés dans lafigure
z.La
proportion
de lalignocellulose qui
a été extraite adépendu beaucoup plus
de la
température
que de laconcentration ;
dans le cas des 5 échantillons de four- rages elle a été en moyenne de14 ,6
p. 100,1 6,o
p. 100, 23,4 p. 100 et26,3
p. 100respectivement
pour les traitements 0,10p. 100 et 0,25 p. 100 à3 8°,
o,io p. 100et 0,
25 p. roo à l’ébullition.
Il en a été de même pour les teneurs en
lignine
brute et enlignine corrigée
vpar
rapport
aux valeurs obtenuesdirectement,
elles ont été diminuées en moyenne,(toujours
pour les 5 échantillons defourrages,) respectivement
par les 4 traitements dei6,q.
p. 100,2 1 ,8
p. 100, 31,4 p. 100 et 32,2 p. 100 pour lalignine
brute et de16,8
p. 100, 21,2 p. 100,28,7
p. 100 et 33,7 p. ioo pour lalignine corrigée.
La teneur en matières azotées de la
lignine
brute n’apratiquement
pas été modifiée par les différents traitements dans le cas du foin depré
et des fèces corres-pondantes ;
elle a été diminuée dans les autreséchantillons,
defaçon
limitée à3 8 0
mais
plus importante
à l’ébullition(de
l’ordre d’untiers).
Comme dans l’étudeprécé- dente,
laquantité
de matières azotées de lalignine, exprimée
enpourcentage
de matière sècheinitiale,
a été réduite dans desproportions plus importantes
maiségalement
variables avec les échantillons : parexemple
de 26 à6 5
p. 100 par la solution 0,25 p. 100 à l’ébullition.Les traitements par des solutions très diluées de
C0 3 Na 2
ont doncpermis
surtout à
l’ébullition,
de solubiliser une fractionappréciable
de lalignocellulose
et de réduire la
lignine brute,
lalignine corrigée
et laquantité
de matières azotéespassant
dans lalignine
dans tous les échantillonsétudiés,
mais defaçon plus impor-
tante dans celui de trèfle blanc
(fig. i).
Pour savoir si ces traitementsprésentent
del’intérêt et
lequel
est leplus intéressant,
il faudrait les comparer sur unplus grand
nombre d’échantillons en fonction du but dans
lequel
on dose lalignine (cf. discussion).
Il faut noter
qu’ils
n’ont pas réduit le coefficient dedigestibilité
de lalignine
dufoin de
pré qui
aprésenté
les valeurs suivantes :III. VARIATIONS DES MATIÈRES AZOTÉES DE I, LIGNINE BRUTE
Dans les études
précédentes
la teneur en matières azotées de lalignine
brutea
présenté, indépendamment
dutraitement,
des variations trèsimportantes
d’unéchantillon à l’autre et semblé
dépendre
de la teneur en matières azotées de l’échan- tillon. Il était donc intéressant de voir si onpouvait
établir des relationsquantita-
tives satisfaisantes entre les matières azotées de la
lignine
brute et la teneur enmatières azotées de
l’échantillon ;
cela devaitpermettre
en outre de comparer surun
plus grand
nombre d’échantillons lecoefficient
dedigestibilité
de lalignine corrigée
à celui de lalignine
brute.I,a teneur en azote de la
lignine
brutepréparée
par la méthode directe a été déterminée pour 19 nouveaux échantillons defourrages
et pour les 10 échantillons moyens de fècescorrespondants :
6 ray-grassanglais S 24
et 6dactyles S 37
en pro-venance du Grassland Research Institute et 7 foins de
prairies
situées en altitude.Elle a été
également
déterminée pour4 échantillons
de feuilles et 4 échantillons detiges
de luzerne flamandeprélevés
à différents stades dedéveloppement. Compte
tenu des résultats obtenus par la méthode directe dans la
première étude,
on adisposé
d’un ensemble de 34 échantillons de
fourrages
et de 26 échantillons de fèces dont la teneur en matières azotées variaitrespectivement
de 7,1 à3 6, 2
p. 100et de8,6 à
23,3 p.
100 .
Relations entre l’azote de la
lignine et la
teneur en azote de l’échantillon.Les matières azotées
(6, 25
XN)
de lalignine
brutepeuvent
êtreexprimées
enpourcentage,
soit de lalignine
brute(yi),
soit de l’échantillon initial(y 2
= teneuren
lignine
brute X teneur en matières azotées de lalignine
brute = teneur enlignine
brute - teneur en
lignine corrigée)
soit des matières azotées de l’échantillon initial(y 3
).
En fonction de la teneur en matières azotées(z)
de l’échantilloninitial,
nousavons
reporté
y et y3 dans lafigure
2 et calculé les coefficients de corrélation et derégression (tab. 8) séparément
pour les 7 ray-grass, les 7dactyles,
les m foinset l’ensemble des 25 échantillons.
Quand
la teneur en matières azotées dufourrage
aaugmenté,
on a constatépour chacune de ces
catégories
que :- la teneur en matières azotées de la
lignine
brute(y)
aaugmenté rapi- dement ;
- la différence
lignine
brute- lignine corrigée (y 2 )
aaugmenté également,
mais de
façon beaucoup plus lente ;
- la
proportion
des matières azotées dufourrage qui
estpassée
dans lalignine (y
3
)
a diminué suivant une loiqui
serait d’ailleursplutôt
curvilinéaire que linéaire.La liaison a été hautement
significative
pour les trois variables y, Y2 et y3 dans le cas des ray-grass et desdactyles ;
dans le cas desfoins,
par contre, elle n’a étésignificative
que pour laproportion
des matières azotéespassant
dans lalignine
(Y3).
A richesse en azote
égale
dufourrage,
la teneur en azote de lalignine
brute avarié avec la nature du
fourrage.
Elle a d’abord étéplus
élevée pour lesgraminées
que pour les
légumineuses (feuilles
ettiges
deluzerne,
trèfleblanc)
parcequ’une proportion
sensiblementplus
élevée de l’azote dufourrage
était recouvrée dans lalignine.
Elle a étéégalement plus
élevée pour le ray-grass que pour ledactyle
mais pour une raison
différente,
parce que la teneur enlignine corrigée
du ray-grass étaitplus
faible que celle dudactyle.
Quand
la teneur en azote des fèces aaugmenté (tab 8) :
- la teneur en matières azotées de la
lignine
brute(y)
aaugmenté (fig. 3 b)
mais de
façon
moinsobligatoire
que pour lesfourrages (fig. 2 b) ;
- la différence
lignine
brute- lignine corrigée (y 2 )
aaugmenté
defaçon significative
dans les différentescatégories
d’échantillonset 4
à 6 foisplus rapide
que dans les
fourrages correspondants ;
- la
proportion
des matières azotées des fècesqui
estpassée
dans lalignine
brute a eu
plutôt
tendance àaugmenter (corrélation
nonsignificative) (fig. 3 a)
contrai-rement à ce
qui
seproduisait
dans lesfourrages correspondants (fig. 2 a) ;
elle aété
également,
en gros, deux foisplus
élevée que dans lesfourrages.
Estimation de la
lignine corrigée
dufourrage.
En
soustrayant
de lalignine brute,
les matières azotées calculées àpartir
dela teneur en matières azotées du
fourrage
par les relationsprécédentes (tab 8),
onobtient une estimation de la
lignine corrigée.
Nous avonscomparé
les valeurs ainsi obtenues aux valeurs effectivement déterminées. Les différences ont étéexprimées
en
pourcentage
de lalignine corrigée ;
en voici la moyenne :La relation donnant la teneur en matières azotées de la
lignine (y) permet
donc d’estimer lalignine corrigée
du ray-grass et dudactyle
avec une erreur rela-tivement faible. La relation
exprimant
laproportion
des matières azotées dufourrage passant
dans lalignine
brute(y 3 )
entraîne une erreurplus
élevée dans le cas duray-grass et du
dactyle
mais très faible dans celui des foins.Connaissant la teneur en azote du
fourrage,
ilapparaît
doncpossible
d’estimerde
façon
satisfaisante lalignine corrigée
àpartir
de lalignine brute,
à l’aide de rela- tions établies pourchaque type
defourrages.
Digestibilité comparée de
lalignine
brute et de lalignine corrigée.
Dans 24 des 25
fourrages étudiés,
les matières azotées de lalignine
brute ontété
plus digestibles
que lalignine corrigée ;
par suite celle-ci a été moinsdigestible
que la
lignine
brute(tab 9 ),
la différence s’accroissant en mêmetemps
que la pro-portion
et ladigestibilité
des matières azotées de laligne
brute(fig. 4 ).
Cette différence a été faible dans les foins
( 2 points
enmoyenne)
parce que leurlignine
brute ne contenaitqu’un
faiblepourcentage
de matièresazotées,
elles- mêmes àpeine plus digestibles
que lalignine corrigée.
Aucontraire,
dans lesfourrages
riches en matières
azotées,
lalignine
brute a été nettementplus digestible
que lalignine corrigée
parcequ’elle
avait une teneur élevée en matièresazotées,
ayant elles-mêmesune
digestibilité plus
élevée(de
28 à 60 p.100 ) :
deprès
de 15points
en moyenne pour les 8 échantillons de ray-grass et dedactyle présentant
une teneur en matièreazotées
supérieures
à 16 p. 100 dans leur matière sèche et à 30 p. 100 dans leurlignine (fig. 4 ).
Lalignine corrigée
a eu par suite un coefficient dedigestibilité négatif
dans