ÉTUDE
SUR LESVARIATIONS
DESTENEURS
ENMATIÈRES AZOTÉES
ET EN
ÉLÉMENTS MINÉRAUX
DU DACTYLEL. GUÉGUEN
G. FAUCONNEAUAvec la collaboration technique de Valérie FRANÇOIS-GOUJON et de B. TEILHARD de Cx.!xnirr.
Service de Biochimie et de Nutrition, C. N. R. Z., Jouy-en-Josas (S.-et-O.).
SOMMAIRE
Les variations des teneurs en matières azotées et en éléments minéraux
(P,
Ca, K, Na,Mg)
d’unegraminée fourragère,
ledactyle,
ont été étudiéesaprès séparation
de laplante
en différentesparties :
limbes,gaines, tiges,
fleurs et débris ; ceci a
également permis
de suivre l’évolution de lacomposition
de ces divers organes.
Les
parcelles expérimentales
ont été subdivisées de manière à obtenirplusieurs
cycles devégétation
provenant ducycle précédent interrompu
àdes stades de
développement
variables, cequi
apermis
d’étudier les avantagesou les inconvénients de divers modes
d’exploitation.
Durant chacun des cycles étudiés, ledactyle
a été récolté à trois stades dedéveloppement
différents.Les matières azotées
(N
x6, 25 )
ont été dosées par la méthode deKjel-
dahl. Les éléments minéraux ont été dosés
après
calcination duproduit :
le
phosphore
par une méthodecolorimétrique
auphosphovanadomolybdate
d’ammonium, et le calcium, le sodium, lepotassium
et lemagnésium
parspectrophotométrie
de flamme.En règle générale, le
premier cycle
devégétation
diffèreprofondément
des
cycles
suivants, d’une part quant à lacomposition chimique
même dela
plante
et de ses divers organes, d’autre part quant à l’évolution de cettecomposition
avecl’âge
de laplante.
Ces différences sont dues enpremier
lieuaux dissemblances
morphologiques
entre lesplantes, puisque généralement
la montaison et la floraison ne se
produisent plus après
lepremier cycle.
Les différences de teneurs entre organes,
importantes
aupremier cycle,
où les limbes sont en
général
lesplus
riches, deviennentnégligeables
au coursdes cycles suivants, où limbes et
gaines
ont descompositions
voisines, mis à part les matières azotées.A stade de
développement équivalent,
lesplantes
des dernierscycles
sont en
général
les mieux pourvues en P, Ca, Na, Mg, dont les taux augmententrégulièrement
au cours de l’année. En revanche lepotassium
estplus
abondantdans les
plantes
dupremier cycle,
et son taux diminue au cours descycles
suivants.
I,’influence du stade de
développement
sur les teneursdu dactyle
en matières azotées, calcium etmagnésium
est très nette,quel
que soit le cycle devégé-
tation : celles-ci diminuent
régulièrement
avecl’âge
de laplante.
En revanche,pour le
phosphore
et lepotassium,
seules lesplantes
dupremier cycle s’appau-
vrissent considérablement, la
composition
desplantes
des cycles suivants étant peu modifiée par le stade dedéveloppement.
Ceci estparticulièrement important
pour la teneur enphosphore
de laplante, qui
ne diminue considé-rablement
qu’au
cours dupremier cycle, phénomène
que l’on a souvent tendance àgénéraliser
auxcycles
suivants. Enfin,l’âge
de laplante
influede
façon
trèsirrégulière
sur sa teneur en sodium,qui,
dans ledactyle
étudié,est
particulièrement
élevée àpartir
du secondcycle.
La
comparaison
des besoins des animaux en chacun des éléments étudiésaux teneurs trouvées dans les
plantes
des différentscycles,
apermis,
comptetenu des variations du rendement en matière sèche, de définir le mode
d’exploi-
tation à
préconiser.
La connaissance de la
composition chimique
desfourrages
demeuretrès
imparfaite,
et peu de travaux ont été effectués sur desespèces
pures deplantes fourragères,
dans le but d’étudiersystématiquement
l’influence du stade dedéveloppement
et ducycle
devégétation
sur lacomposition chimique
de laplante
entière et de ses divers organes.Nous avons donc
entrepris
une étudesystématique
de la compo- sition minérale d’unegraminée fourragère fréquemment
utiliséeseule,
ledactyle,
encomparant plusieurs cycles
successifs devégétation,
eten étudiant l’influence du stade
d’interruption
dechaque cycle
sur lacomposition
des repousses. Cetteexpérience complète
un travail antérieurcomportant
seulement l’étude dupremier cycle
devégétation
d’undactyle
et d’unefétuque (Gur:GUr:u 1050 ),
etprécède
un essaianalogue
actuellement en cours sur la
fétuque
després.
I. -
MATERIEL
ET METHODES Matériel expérimental.L’expérience porte
sur undactyle
S 26 semé auprintemps
1957sur une
parcelle
du C.N. R. Z.(sol argilo-humifère),
fumé abondamment et récolté durant l’année195 8 (après une exploitation
normale en 1957 )
à trois stades de
développement
durantplusieurs cycles
devégétation.
Les trois stades de récolte choisis
correspondent
pour lepremier cycle respectivement
au stadefeuillu,
àl’épiaison
et à lafloraison,
et pour lescycles
suivants à trois durées de croissance : 4semaines,
6 semaines et 8 semaines. Les différentesparcelles
sont subdiviséesaprès chaque
coupe de manière àpouvoir
obtenir descycles
devégétation
ultérieursprovenant
d’une coupe
précoce ( 25 - 35 jours
decroissance),
normale( 40 -5 0 j)
outardive
(6 0 - 7 o j )
ducycle précédent.
I,e tableau suivantindique
larépartition
des différentes coupes et la durée de croissance correspon- dante(en jours).
la nomenclature des coupes(également
utilisée dans lesgraphiques
ettableaux) permet
de connaître le numéro d’ordre ducycle
de
végétation (nombre
total dechiffres),
le stade dedéveloppement (chiffre
desunités)
et la ou les coupes antérieures(chiffres précédant
lechiffre des
unités) (cf.
tableau etexemple ( 1 ).
Mode de prélèvement et traitement des échantillons.
Un échantillon
représentatif pesant
environ 3kg
estprélevé
auhasard sur la totalité de la
parcelle
fauchée( 10
m2 auminimum)
et laproduction
par mètre carré est calculée enpoids
de matière fraîcheet de matière sèche
(figure i). Les limbes, gaines, tiges,
fleurs et
éventuellement débris et
plantes
adventices sont minutieusementséparés,
et l’on détermine leurs
proportions
relatives enpoids
de matière sècheaprès
passage au four à circulation d’air(6 0 - 75 °C).
I,es échantillons sont finement
broyés
et conservés en chambrefroide à o-2°C.
(
1) Fxelllple : la coupe numérotée 132a été récoltée au 2e stade de développement (équivalent
à 6 semaines de croissance), fait partie d’un 3e cycle de végétation, repousse d’une coupe effectuée
au 3e stade du second cycle, issu lui-même du i!, cycle interrompu au stade feuillu.
Méthodes d’analyse.
Les méthodes de
dosage
utilisées ont été choisies en raison de leurrapidité
et de leur bonnefidélité,
et ont faitl’objet
de mises aupoint préalables (GL!GU!!
et Ro:ns.!uTSig6o).
Les matières azotées
(N
X6, 25 )
sont obtenues par la méthode deKjeldahl.
Les éléments minéraux étudiés sont dosés dans le résidu de calcina- tion
pendant
8 à 10 heures, à5 3 o o C,
d’uneprise
d’essai de g deproduit.
Les cendres sontreprises
par de l’acidechlorhydrique
pur, surbain de
sable,
pour insolubiliser lasilice, puis l’hydrolyse (nécessaire
pour la transformation des
pyrophosphates
éventuellement formés enorthophosphates).est
effectuée enreprenant
par un peu d’acidenitrique
dilué et en maintenant à l’ébullition
durant minutes. Après
filtrationon
complète
à 100 ml avec de l’eau bi-distillée.Le
phosphore
est dosé par la méthode de Miss on auphosphovana- domolybdate
d’ammonium. L’intensité de la colorationjaune
obtenuepar l’addition d’un réactif
nitro-vanado-molybdique,
est mesurée auspectrophotomètre
à 430 mf1-. I,a gamme de solutions étalons utilisées s’étendde 5 à 40
y de P par ml.I,e
sodium,
lepotassium,
le calcium et lemagnésium
sont dosés parspectrophotométrie
de flamme, à l’aide duphotomètre
à flamme« Eppen-
dorf » par passage direct de la solution
précédemment
obtenue. L’étalon-nage de
l’appareil
est effectué à l’aide de solutions témoins contenant l’élément à doser à des concentrations convenables(en général
de 10 à50y par
ml)
en solution pure ou enmélange, compte
tenu desprincipales
interférences observées
(K
sur Na, K et Na surMg).
Na et K sont dosés dans la flamme
air-propane.
Ca dans la flammeair-acétylène
etMg
dans la flammeair-hydrogène-oxygène.
Tous les chiffres cités sont les moyennes de deux
dosages
effectuéssur des
prises différentes,
l’écart maximum admis entre les doubles étant de 5 p. 100.II. -
RÉSULTATS
Interprétation
dupoint
de vue de laphysiologie végétale.
Dans
l’exposé
de nos résultats nous comparerons lescycles
devégétation successifs,
d’unepart
dupoint
de vue des teneurs de laplante
et de ses divers organes en élémentsminéraux,
et d’autrepart
dupoint
de vue de l’évolution de ces teneurs en fonction du stade dedéveloppement
de laplante.
Il
importe
tout d’abord. de remarquer que laplupart
des différencesde
composition
observées entre lescycles dépendent
enpremier
lieu desdissemblances
morphologiques
fondamentalesqui
existent entre lesplantes
du 1ercycle
et lesplantes
descycles
suivants. Eneffet,
lepremier cycle complet
dudactyle
aboutit à lafloraison, après
la montaison etl’épiaison,
enproduisant
une abondance detiges,
tandis que lescycles suivants, provenant
d’unepremière
coupe effectuée à la montaison ouà
l’épiaison (les plantes
étant sectionnéesplus
bas quel’épi),
sont presque exclusivement constituées de limbes et degaines
dont laproportion
variepeu avec
l’âge (8 0
à go p.100 ).
Enfin,
notre travail neportant
que sur lapartie
saine et consom-mable de la
plante,
nous avons éliminé les extrémités rouillées deslimbes,
souvent abondantes en automne, et refusées par les animaux(cf.
tableauI).
C’estpourquoi
notreétude,
enrapport
avec la nutritionanimale,
nepeut
se comparer en toutpoint
à d’autres travaux dephy- siologie végétale.
1
0 Les Matières Azotées.
Composition
des divers or(fanes et de Laplante
entière.Les limbes sont
toujours plus
riches( 2
à 3fois)
que lesgaines
danstous les
cycles (tableau II).
I,a diminution des teneurs en matières azotées des limbes(qui
seproduit
à tous lescycles)
est liée à leur croissance :- Au cours du
premier cycle,
la croissance des limbes a lieu avantl’épiaison ;
aussi la diminution des teneurs en matières azotées se faitprécocement
et les limbes du 1ercycle
sontplus
pauvres.- Au cours des
cycles suivants,
les conditionsclimatiques plus
ou moins favorables
permettent
des croissancesplus
ou moinslongues
et la teneur minimum
( 1 6
p.100 )
est atteinte d’autantplus
vite que les conditionsclimatiques
sont défavorables. En195 8
l’étépluvieux
apermis
la croissance des limbes
(des
2e. 3e etc.cycles) pendant
toute lasaison,
ce
qui
a contribué à maintenir des teneursélevées ;
en outre, celles-cisont artificiellement
augmentées
au cours des dernierscycles
par suite desproportions importantes
de limbes rouillés éliminés(les analyses
n’ont
porté
que sur les limbessains,
c’est-à-dire lesplus jeunes) (fi-
gure
II).
In fluence
du stade dedéveloppement.
Les teneurs en matières azotées des
gaines
et destiges
évoluenttrès vite au cours du
premier cycle
devégétation,
l’azote étant dilué par lesglucides
membranairesqui
se forment en abondance au cours del’allongement
destiges (montaison).
Les teneurs en constituants membra- naires et en matières azotées sont en effet inversementproportionnelles, puisque
ces dernières constituent un élémentimportant
duprotoplasme
localisé dans les cellules vivantes des
parenchymes chlorophylliens.
Au cours des
cycles suivants,
la teneur desgaines
diminuerégulière-
ment avec
l’âge
et les différentscycles
seressemblent; cependant
lescoupes tardives tendent à
produire
desgaines s’appauvrissant plus
vite(
10 - 7 ,
56
p. 100 pour les échantillons 3131-3132-3133 etm-6,
25 p. 100 pour les échantillons331-332-33).
L’évolution des teneurs en matières azotées de la
plante
entièrerésulte essentiellement des variations
morphologiques
au cours despremiers cycles (le rapport limbes/plante
entière diminue de4 6
à mp.
ioo),
et de l’évolution des différents organes au cours descycles
suivantstoujours
feuillus(rapport limbes/plante entière varie de 80 à go p. ioo).
2 0
Le Phosphore.
Compositon
des diversorganes et
de laplante
entière.Au cours du
premier cycle
devégétation,
nous constatons de nouveau(GuEGUEN ig5g) que les limbes sont plus
riches que les gaines
et les
tiges,
du moins pour les plantes âgées.
Pendant les cycles
suivants les
gaines
demeurent un peu moins riches que leslimbes,
la différence étantparfois
peumarquée.
A stade
botanique équivalent,
limbes etgaines
s’enrichissent très nettement en P au cours de l’année(tableau III), même durant la saison
chaude. Notons
cependant
que l’été ayant été trèspluvieux,
nos résultatsne
peuvent
infirmer les constatations de nombreux auteurs(H OMB
1 953
, ODELIEN
I94 6...)
trouvant une baisse du taux dephosphore
dueà la sécheresse.
I,a
plante
entière s’enrichit doncégalement
en P au fur et à mesuredes coupes successives
(figure III) d’autant plus
que la proportion
des
limbes,
organes lesplus riches,
devient deplus
enplus grande.
Lesplantes
des troisièmescycles,
enparticulier
lesplus tardifs,
et du qua- trièmecycle,
sont manifestement lesplus
riches en P. Cecipeut s’expli-
quer par l’action favorable des
premières pluies
d’automne sur la dis-ponibilité
deP!O!
dans le sol et sur la croissance de laplante,
et aussi parla
proportion importante
de feuilles rouilléesqui
ont dû être éliminées.En effet les
composés phosphorés
se retireraient desparties
mortes dela
plante,
en automne, et se concentreraient dans lesparties
vertes oudestinées à survivre
(h aTSC new
et MILLERig2 4 ).
Nous avons nous-mêmes constaté que les limbes rouillés sont
plus
pauvres en P,(teneur
moyenne de 1,5 g par
kg)
que les limbes sains(teneur
moyenne de 3,5 g parkg).
1 n fluence
du stade dedéveloppement.
Durant le
premier cycle,
la teneur en P des divers organes, et, par voie deconséquence,
la teneur de laplante
entière(liée
à l’évolution des teneurs des organes et à celle durapport feuilles/tiges) diminuent consi-
dérablement avec le stade de développement,
et atteignent
des valeurs
très faibles à la floraison. Nous savons en effet que la floraison mobilise
une
quantité importante
dephosphore,
auxdépens
des feuilles en par- ticulier. Ces données corroborent les résultats de nos travaux antérieurssur le
premier cycle
dudactyle
et de lafétuque.
En
revanche,
cette constatation faite durant le iecycle,
et que l’ona souvent tendance à
généraliser,
n’est pastoujours
valablepour les cycles
suivants. En
effet,
lesplantes
descycles
suivants ne montentplus
entiges
etn’épient plus,
aussi elles nes’appauvrissent
que faiblementen P au cours de leur
développement,ou
tendent mêmeparfois, paradoxa-
lement, à s’enrichir en P. Bien entendu il
importe
de tenircompte,
enparticulier
pour les 3e et .!ecycles,
de laproportion croissante,
au fur età mesure du
développement
de laplante,
des débrisrouillés, proportion pouvant
atteindre 30 p. 100 de laplante
entière au 3e stade des 3ecycles.
3° Le Calcium.
Comme pour le
phosphore,
les différences de teneurs entre organes, trèsmarquées
pour lesplantes
du zecycle,
se réduisent et s’annulentau cours des
cycles
suivants.Ainsi,
leslimbes,
bienplus
riches en Caque les
tiges
et lesgaines
pour lespremières
coupes,présentent
par la suite des teneurs voisines de celles desgaines,
etparfois
même inférieures(tableau IV). Tout le calcium de la plante peut
être obtenu par extraction
triple (eau,
acideacétique dilué,
acidechlorhydrique dilué)
mais il estdifficile de localiser les différentes formes du calcium dans la
plante
(KO S T Y T S C H E
W
et BERG 1929, cités parBA UM EiSTER). Cependant
lamajeure partie
du calcium soluble dans l’eau se trouve dans les organessupérieurs
etjeunes
de laplante (B AUME I STER r 95 8),
le calcium soluble dans les acides(carbonate, phosphate, oxalate)
se trouvant surtout localisé dans lesparties basses,
celles-ci étant par ailleurs lesplus
pauvres en calcium total. Le calciumjouerait
d’autrepart
un rôleimportant
dansla formation des
parois
cellulaires sous forme decomposés
de l’acidepectique.
A stade de
développement équivalent (même
durée decroissance.)
l’influence du
cycle
devégétation
sur les teneurs en Ca des différentsorganes est très nette : la teneur en Ca augmente
régulièrement
au coursde l’année. Par
suite,
la teneur en Ca de laplante
entière saine s’accroîtégalement,
la différence étantparticulièrement marquée,
comme pour lephosphore,
entre lepremier cycle
et les suivants(figure IV).
L’influence du stade de
développement
sur la teneur en Ca des feuilles de diversesplantes
a été étudiée par de nombreux auteurs mon-trant que les feuilles s’enrichissent constamment en Ca durant la
période
de
végétation,
et FREY-Wissi<iNG( 1935 ,
cité parB AUMEISTER )
constateque le
rapport K/Ca
décroît considérablement en fonction du vieillisse- ment des feuilles. En fait ces constatations ne sont valables que pour lepremier cycle
dudactyle,
et, au cours descycles suivants,
limbes etgaines s’appauvrissent régulièrement
en Ca en vieillissant. L’influence du stade dedéveloppement
sur la teneur en Ca de laplante
entière estrégulière
et trèsmarquée,
et setraduit, quel
que soitlecycle,
par unappauvrissement
continu en calcium. Cecis’explique,
pour lepremier cycle,
par la décroissance brutale durapport feuilles/tiges (les
feuillesétant
plus
riches que lestiges)
dont l’effet nepeut
êtrecompensé
par l’enrichissement des feuilles.Il semble exister une étroite corrélation entre l’évolution des taux de calcium et de matières azotées. En
revanche,
la corrélation définie entre P et les matières azotées au cours dupremier cycle,
n’estplus
valable à
partir
du secondcycle.
L’influence
générale
des coupes successives se traduit par un accrois-sement de la teneur en Ca de la
plante,
constatation en accord avecS’rr·.w.!RT et HOLMES
(zg 53 ).
La mobilité du calcium dans laplante
seraittrès variable
(B AUME iSTER 195 8) et il n’y
aurait pas de migration
à
partir
des feuilles jaunissantes
en automne. Nous avons constaté que
les parties
rouillées des limbes étaient très légèrement plus
riches en
calcium que les
parties
saines.4
0 Le Potassium.
Les différences de teneurs entre organes ne varient pas d’un
cycle
à
l’autre,
et sont d’ailleurs peu accentuées.Cependant
lesgaines
sont engénéral
mieux pourvues en K que les limbes(tableau !’).
A stade de
développement équivalent
les teneurs en K des diversorganes diminuent au cours de
l’année, malgré
un accroissement très net et passagerprobablement
dîi à une actionclimatique
à la mi-été(figure V),
cequi
est contraire aux constatations de STEWART et HOLMES
(1953) qui
trouvent un minimum à cette saison par suite d’unclimat sans doute différent. Il en résulte que la teneur en K de la
plante
entière saine diminue aussi considérablement au cours de
l’année, malgré
le passage du
potassium
desparties
rouillées vers lesparties
vertes. Noussavons en effet que le
potassium
est essentiellement intracellulaire et lié aux processusvitaux,
et enfait,
nous constatonségalement
que lesparties
rouillées des limbes sontparticulièrement
pauvres en K(teneur
moyenne de 3 g par
kg).
I a
a teneur en
potassium
diminue considérablement avec le stade dedéveloppement
au cours dupremier cycle,
dans les divers organesen
particulier
dans lestiges,
et par suite dans laplante
entière.Au cours des
périodes particulièrement pluvieuses (août 195 8)
les taux de K dans la
plante augmentent
considérablement(figure V).
Ceci semble dû à une action favorable sur
l’absorption
de K par laplante.
Selon MORRIS et SA-VRE
( 1935 )
tout lepotassium
de laplante
se trouveprobablement
sous forme ionisée et est totalement extractible par l’eau froide.En
conclusion,
onpeut
remarquer que, contrairement aux autres élémentsétudiés,
lepotassium
estbeaucoup plus
abondant dans lesplantes
du iercycle.
5° Le
Sodium.
On remarque tout d’abord que les teneurs en sodium du
dactyle
étudié sont très
élevées,
enparticulier
pour les dernierscycles.
Ceci con-firme nos résultats récents
(GuEGUEN 1959 )
sur un autredactyle
cultivésur le même
type
de sol. A notre connaissance de telles teneurs n’ont été citées que par STEWART et HOLMES, trouvant des teneurs de 8 à 10 g de Na parkg
de matière sèche sur desgraminées
cultivées àproximité
de la mer. En
fait,
il existe peu de donnéesanalytiques
sur les dernièrescoupes d’un
dactyle
pur, et d’autrepart
les teneurs en sodium semblent varier considérablement suivant la nature du sol(les plantes
poussantsur sol calcaire étant en
général
pauvres ensodium, d’après
RADET195
8)
et aussid’après
la souche même dedactyle.
Quel
que soit lecycle
devégétation,
lesgaines
sont nettementplus
riches en sodium que les limbes(tableau !’I).
A stadebotanique
équivalent,
les divers organes s’enrichissentgénéralement
en sodium aucours de la saison. De même, le taux de Na de la
plante
entièreaugmente
considérablement à mesure que le nombre de coupes croît(figure VI).
I,e stade de
développement
exerce une influence trèsirrégulière
sur le taux de sodium de la
plante,
et ce fait nepermet
pas dedégager
une
règle générale.
En accord avec STEWARTet HOLMES
(i 953 )
nous notons une tendancenette vers une diminution de la teneur en sodium au milieu de l’été
cependant particulièrement pluvieux (correspondant
en revanche à des teneurs élevés enK).
6° Le Magnésium.
L’évolution du
magnésium
dans laplante
estparallèle
à celle ducalcium, l’amplitude
des variations étant moins forte.Comme pour le
calcium,
les limbes sont les organes lesplus
riches aucours du
premier cycle ;
par contre, au cours descycles suivants,
ils sontfréquemment plus
pauvres que lesgaines (tableau VII).
Lesplantes
en-tières du
premier cycle
sontbeaucoup plus
pauvres enMg
que celles descycles
suivants. D’autrepart,
àpartir
du secondcycle,
la teneur enMg
de la
plante
entière ne varie que faiblement(figure !’II).
L’influence du stade de
développement,
moins accentuée que pour lecalcium,
se traduit par une diminutionrégulière
de la teneur en:!Ig
de la
plante
entière et des différents organes.Notons que l’élimination des
parties
rouillées nepeut
influer consi- dérablement sur le taux deMg
dans laplante entière,
car lemagnésium
de la
chlorophylle
nereprésente
que 10 à 20%
dumagnésium
total etles limbes rouillés ne sont pas
plus
pauvres en 1-Tg que les limbes verts.III. - DISCUSSION.
Conséquences
pour l’alimentation des animaux.Après
avoircomparé
les besoins en éléments minéraux des ani-maux
(en particulier
des vacheslaitières)
aux teneurs trouvées dans ledactyle
à différentespériodes
del’année,
nous essayerons dedéfinir,
dans notre casparticulier (année 195 8 pluvieuse)
le moded’exploitation
à
préconiser
pour réaliserl’apport optimum
de matières azotées et d’élé- ments minéraux dans l’alimentation des animaux.1
°
Comparaison
des besoins et desapports pour
Lesdifé y ents cycles
devégétation
dudactyle.
Seul le
premier cycle présente rapidement
des teneurs en mati ères azotées(inférieures
à 140g parkg
de matièresèche) pouvant
constituer un facteurlimitant pour les animaux
exigeants (vaches
laitières fortesproductrices).
En ce
qui
concerne les besoins en!lzos!hove,
nous constatons que seules les coupes tardives dupremier cycle
sont insuffisantes pour assurer uneproduction
laitière moyenne. Eneffet,
utilisé au début del’épiaison
par une vache de 600
kg,
ledactyle
étudié nepermet
pas uneproduction supérieure
à 15 litres delait,
et, au début de lafloraison,
il nepermet plus
uneproduction
de 10 litres de lait. Par contre, etquel
que soit le stade dedéveloppement,
lesplantes
récoltées au cours des autrescycles
de
végétation permettraient
d’assurer lesplus
fortesproductions
lai-tières
(teneurs
en Psupérieures
à 3,3 g parkg
de matièresèche).
Les teneurs en calcium au
contraire,
sont engénéral
insuffisantes pour couvrir les besoins des vaches bonnesproductrices
et seuls lespâtu-
rages
précoces
àpartir
du 3ecycle peuvent permettre
de fortesproductions
laitières sans
apport
decomplément.
Lesplantes âgées
dupremier cycle
sont
particulièrement
carencées en calcium(teneurs
inférieures à 2,5 g de Ca parkg
de matièresèche). Cependant, quel
que soit lecycle
devégé- tation,
uneexploitation
normale dudactyle
par les animaux( 3 o-q.o jours
de
croissance)
nécessiteraitl’usage
decompléments calciques.
En ce
qui
concerne lepotassium,
il est bien connu que les teneurs rencontrées dans lesfourrages
sontlargement excédentaires,
et, comme le montrent nosrésultats,
ceci estparticulièrement
vrai pour ledactyle
du jer
cycle, qui
estégalement
le seulcycle
où laplante s’appauvrit
enK en vieillissant. En
revanche,
les coupes suivantes sontbeaucoup
moinsriches en
K ;
étant donné les inconvénientspossibles
queprésente
unexcès de
potassium (pouvant
nuire à l’utilisationdigestive
d’autres élé-ments
minéraux,
et enparticulier
dumagnésium)
ces coupes semblent mieux convenir à l’alimentation rationnelle des animaux.Les besoins en sodium sont de 2 à 3 g par
kg
de matière sèche con-sommée,
pour une vache moyenneproductrice
dans des conditions normales.Cependant
ces besoinspeuvent
atteindre 6 g de Na parkg
dematière sèche pour une vache recevant seulement de l’herbe
jeune.
Nousconstatons que
pratiquement
toutes les repousses dedactyle
sont suffi-samment pourvues en sodium pour couvrir les besoins accrus par un
régime
de
pâturage.
Cetteconstatation,
si elle se confirmait dans d’autres condi- tions de sol et de climat, seraitparticulièrement importante, puisqu’elle
enlèverait tout l’intérêt d’une distribution de sel aux vaches laitières
pâturant
des repousses dedactyle.
L’apport
demagnésium
par ledactyle
est suffisant pour couvrir les besoins des vaches laitières.Cependant
lesplantes
dupremier cycle
sont nettement les
plus
pauvres enMg,
et,compte
tenu du grosapport
depotassium correspondant,
il estprudent,
pourprévenir
les accidentstétaniques éventuels,
decomplémenter
unpâturage
deprintemps
parl’apport
d’un sel demagnésium.
z
o Recherche du mode
d’exPloitation
àpréconiser p
01
lr le dactyle
étudié.Compte
tenu des différences decomposition
minérale observées entre les différentscycles,
des rendements en matière sèche obtenus pour les diverses coupes(figure i)
et des variations de la teneur en matièresazotées,
il doit êtrepossible
de définir le ou les modesd’exploitation
per- mettant d’assurer un bonapport
azoté et minéral dans l’alimentation desanimaux,
tout en fournissant enquantité
satisfaisante unfourrage
de bonne valeur nutritive bien consommé par les animaux.
Si les dernières coupes sont
particulièrement
riches en élémentsminéraux
intéressants,
les conditionsclimatiques
nepermettent plus,
en
revanche,
d’obtenir des rendements et des consommations satisfai- sants, d’autantplus
que laproportion
des feuilles malades et non con-sommées devient très
importante.
Ilimporte
donc de choisir le deuxièmecycle
devégétation,
ou auplus
tard un troisièmecycle
trèsprécoce,
pour récolter le maximum defourrage
de bonne valeur nutritive. A ceteffet,
il est nécessaired’interrompre précocement
lepremier cycle
de tellefaçon
que la montaison ne
puisse plus
seproduire
au cours ducycle suivant,
c’est-à-dire en sectionnant laplante plus
bas que l’inflorescence. Comme la valeur nutritive desplantes
dupremier cycle
diminue trèsrapidement
avec le stade de
développement,
il est recommandé de les utiliser au stade leplus précoce permettant
de sectionner lesépis
dans lagaine.
Il seraensuite
loisible,
pour lecycle suivant,
d’atteindre lesplus
hauts rende- ments sans craindre une diminutionimportante
de la valeur nutritive de l’herbe, pour cequi
concerne les matières azotées et les éléments minéraux.Des travaux récents de MiNSO!r et HaRRZS
( 195 8)
montrent par ailleurs que ladigestibilité
de la matière sèche dudactyle
diminue trèsrapidement après
le début del’épiaison
au cours dupremier cycle,
etbeaucoup
moins vite au cours du secondcycle. Ainsi,
en195 8,
ladiges-
tibilité du
dactyle
a diminué au cours du secondcycle
de73 ,6
à6 3
p. 100 de la qe à la 8e semaine decroissance,
tandisqu’elle
diminuait de 74 à 57 p. 100 au cours du
premier cycle,
durant les 4 semaines suivant le début del’épiaison.
Au stade normald’exploitation
en foin du secondcycle, correspondant
à6- 7
semaines decroissance,
ladigestibilité
estencore de 66 p. 100 environ.
SUMMARY
We have studied the fluctuations in the content of
nitrogenous
materialand mineral elements
(P,
Ca, K, Na,Mg)
of aforage
grass, cocksfoot,(Dactylis glomerata),
afterseparating
theplant
into its different components, leaf laminas, leaf sheaths, stems, inflorescences and debris ; this also enableschanges
in thecomposition
of the various organs to be followed.The
experimental plots
were subdivided in order to obtain several vege- tative cyclesarising
from aprevious cycle
which had beeninterrupted
atvarious stages of
development ;
theadvantages
anddisadvantages
of severalmethods of management can thus be studied. In each of the
cycles
studied, the cocksfoot was harvested at three differentdevelopmental
stages.The
nitrogenous
matter(N
x6.2!)
was determinedby
theKjeldahl
method. The mineral elements were determined, after
ashing
thesample : Phosphorus by
a colorimetric, ammoniumphosphovanado-molybdate
method,and calcium, sodium,
potassium
andmagnesium by
flamespectrophotometry.
In
general,
the firstvegetative cycle
differs markedly from thefollowing
cycles, both asregards
the actual chemicalcomposition
of theplant
and itsdifferent
organs, and asregards
thechanges
incomposition
with age of theplant.
These differences areprimarily
due tomorphological
dissimilarities betweenplants,
since stemelongation
andflowering
do notgenerally
occuragain
after the first cycle.The differences in the contents between
plant
parts,important
in the firstcycle
when the leaf laminas aregenerally
richest, becomenegligible
in thesucceeding cycles,
when the leaf laminas and leaf sheaths have a similarcomposition,
except for theirnitrogenous
matter.At an
equivalent developmental
stage, theplants
of the last cycles aregenerally
bettersupplied
with 1’, Ca, Na and Mg whose contents increaseregularly during
the year. On the other hand,potassium
is most abundant inthe
plants
of the first cycle and its content falls in thefollowing cycles.
The influence of the stage of
development
on thenitrogen,
calcium andmagnesium
content of the cocksfoot is very distinct, whatever thevegetative cycle :
their content decreasesregularly
with the age of theplant.
But asregards
the
phosphorus
andpotassium
contents,only
theplants
of the firstcycle
show a marked reduction, the
composition
of theplants
of thefollowing
cycles being little modifiedby
thedevelopmental
stage. This isparticularly important
for thephosphorus
content of theplant,
which fallsconsiderably,
but only in the first
cycle,
aphenomenon
which one tends to attribute to thefollowing
cycles.Finally,
the age of theplant
has a veryirregular
effect onthe sodium content, which in the cocksfoot studied is
particularly high
fromthe second
cycle
onwards.By
comparing
the needs of animals for each of the elements studied with the contents found in the plants of the different cycles, andbearing
in mindthe variation in the
dry-matter
yield, one can define the method of manage- ment to be recommended.It is
advantageous
toreplace
the first cycle by the second whoseplants
have a
higher
nutritive value(with regard
tonitrogen
andminerals)
withoutan
important
loss in yield ; this is obtained inpractice
bycutting
orgrazing relatively early
in the firstcycle (before ear-emergence)
so that the inflorescencesare cut off when still in their sheaths.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B AUM E IS TE
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195 8.
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W. Ruhland.Springer-Verlag-Berlin,
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Composition chimique
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