ANALYSE DES CONSTITUANTS GLUCIDIQUES
DES PLANTES FOURRAGÈRES
II. - LA LIGNOCELLULOSE : COMPOSITION, DOSAGE ET COMPARAISON AVEC LA CELLULOSE BRUTE
R.
JARRIGE
Christiane LE GALLO Marie-Thérèse BEAUFORT
Station de Recherches sur
l’Elevage,
Centre national de Recherches
200!C/!M!’fj’M!,
Jouy-en-Josas(Seine-et-Oise).
SOMMAIRE
La
lignocellulose
est le résidu del’hydrolyse
par S04I1 2
p. 100( 3
heures sousreflux)
du four-rage préalablement traité par l’eau,
puis
par lemélange
alcool benzène( 2 : i).
Les résultats rapportésici permettent de préciser la composition de cette lignocellulose, de
simplifier
sondosage
et de com-parer la
lignocellulose
à la cellulose brute dupoint
de vuebiochimique.
La
lignocellulose
a unecomposition significativement
différente dans les feuilles et dans lestiges,
dans les graminées et dans leslégumineuses.
On peut admettre que leslignocelluloses
des graminées contiennent, en moyenne,approximativement
70 p. ioo de cellulose, 20p. 100delignine
brute et 5-io p. 100de matières azotées, et celles des
légumineuses
60p. 100de cellulose, 25p. 100 délignine
brute et io-i5 p. 100de matières azotées. Par rapport à la cellulose brute, la lignocellulose présentel’avantage
de contenir la totalité de lalignine
et l’inconvénient d’avoir une teneurplus
élevée et variable en matières azotées et en constituants indéterminés.
On peut considérer la
lignocellulose
comme une estimation par excès de la somme cellulose !-lignine, et
la cellulose brute comme une estimation par excès de la cellulose vraie. Toutes deux présen-tent une liaison étroite avec la somme
cellulose+lignine
et avec les membranes totales (hémicelluloses - (-cellulose -!-lignine),
maisla lignocellulose
permet d’estimer ces deuxparamètres
avec une erreurmoindre.
Ces avantages sur le
plan biochimique
et,probablement,
sur le plananalytique,
ne suffisentpas pour
qu’on puisse déjà envisager
deremplacer
ledosage
de la cellulose brute par celui de laligno-
cellulose. Il faut encore que la
lignocellulose
permette de rendre compteplus
fidèlement que la cellulose brute des variations de la valeur alimentaire desfourrages.
Dans l’étude
précédente
sur le fractionnement desmembranes,
nous avonsmontré que
l’hydrolyse
parSO, H 4
5 p. 100,pendant
3heures,
dufourrage préala-
blement soumis à une extraction aqueuse et à un
dégraissage,
laissait un résidu con-tenant la totalité de la cellulose et de la
lignine (JnRxiG!, rg6r).
Cerésidu,
nommélignocellulose, paraissait présenter
sur la cellulose bruteclassique l’avantage
d’avoirune teneur en
lignine beaucoup plus
constante.Avant
d’envisager cependant
de substituer lalignocellulose
à la cellulosebrute,
il faut
(a)
mieux définir sacomposition
et sondosage,
et(b)
montrerqu’elle
estsupé-
rieure à la cellulose brute au
point
de vuebiochimique, analytique
et nutritionnel.Les données
rapportées
icipermettent
depréciser
lepremier point
et de com-parer la
lignocellulose
et la cellulose brute sur leplan biochimique,
en tant que cri- tères de la teneur des différents constituants de la membrane.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
1,’ourrages.
Les résultats rapportés ici ont été obtenus au cours de trois études.
a) une étude sur la
composition
des membranes des feuilles et des tiges(et
des gaines dans lecas des
graminées)
desprincipales espèces fourragères.
La luzerne et le trèfle violet ont été prélevésà différents stades des différents
cycles,
et les graminées,principalement
ray grass,dactyle
etfetu d ue,
à différents stades du
premier cycle
seulement.Tous ces échantillons
(i i 4
autotal)
ont été préparés aussitôtaprès
leprélèvement
de laplante,
et séchés à l’étuve à 7o°C à ventilation forcée.
b) une étude sur la
disgestibilité
des membranes de 20 échantillons de rav grass S 24 et 2¡échantillons de
dactyle
S 37,prélevés
à différents stades au cours du itrcycle ( 12
et 13échantillonsrespectivement),
et ensuite tous les mois( 5 échantillons)
ou tous les deux mois (3échantillons).
Lesfourrages
ont été récoltés et immédiatement congelés au Grassland ltesearch Institute deHurley,
où leur
digestibilité
a été mesurée(3 hN suN
et a1, ! 960). Les échantillons qui nous ont été aimablement transmis ont été prélevés au cours de ces mesures et séchés à l’étuve à 7o&dquo;C.c) une étude sur la
composition
des foins de montagne ; nous avons choisi 14 échantillons depremières
coupes, récoltés entre 900et i 100 m d’altitude dans le Cantal, le Puy de Dôme, la HauteSavoie et les Hautes
Alpes.
Nous pensons avoir ainsi un échantillon très
large
couvrant lesprincipaux
types de fourrages, des plus richesaux plus
pauvres, àl’exception
desensilages
qui mériteraient d’ailleurs une étude spéciale.J
Uthodes
rl’analyse.
i° La méthode
d’analyse
suivie pour obtenir ethydrolyser
lalignocellulose
a étéprécédemment
exposée( 1,, RRI <;t ,
ig6i).Le
fourrage broyé
a été d’abord traité par l’eau au bain marie à 40°C (2ou 3extractions), séchéà l’étuvc à 70°C, v uis
dégraissé
au Soxhlet par lemélange
alcool-benzène (2 :i) pendant
16 heures.Des fractions
aliquotes
(30o à 600mg) du résidu membranaire ainsi obtenu ont étéhydrolysées
dansles
Erlenmeyers
par S04111
5 p. 100(l’/V ;
20cm3 par 100nrg derésidu) pendant
3 heures, sous reflux, au bain de parattine il 120°.L’hydrolvsat
a été filtré sur un Buchnergarni
d’une rondelle tarée depapier
filtre sans cendres ; le résidu lavéplusieurs
fois, séché ai l’acétone etdéshydraté
à l’étuveà
70 0 C,
est lalignocellulose
non déminéralisée.Il a été pesé, séparé du
papier
filtre et transféré dans un petit becher de 30cm3, où il a étéhydro- lysé
par S041-P 72?. roo 2 2 cm’! par 100mg derésidu)
il la température de lapièce pendant
4heures.
L’hydrolvsat
a été transféré dans un Erlenmeyer, étendu par 23 volumes d’eau distillée,et maintenu à 1’ébullition sous reflux au bain de paraffine pendant 3heures.
L’hydrolysat
a été filtrécomme le
précédent ;
le résidu lavé, séché à l’acétonepuis
il l’étuve à ioo°C, a été calciné au four à5,!ooC, pendant
3 heures ; la perte depoids
à la calcinationcorrespond
à lalignine
brute que nous n’avons pascorrigée
pour sa teneur en résidus azotés.Le pouvoir réducteur de
l’hydrolysat
a été mesuré par la méthodeiodométrique
de SOMOGYI(
1952
).
Multiplié par 0,0, il fournit une estimation de la teneur en cellulose que nous avonsprécédem-
ment discutée ; cette cellulose contient en moyenne 9! p. ioo de
glucosane
et p. ioo dexylane.
Dans ce schéma de fractionnement de la membrane, nous avons
hydrolysé
pourchaque
échan- tillon, 3prises
de résidu membranaire et les 3lignocellulosescorrespondantes,
et nous n’avons donc pas mesuré la teneur en cendres de lalignocellulose.
Lorsque l’intérêt de lalignocellulose
est apparu,nous en avons préparé une 4°, dont nous avons déterminé la teneur en cendres. Dans l’exposé des résultats, nous
distinguerons
donc deux catégories d’échantillons : ceux dont on a déterminé seule- ment lalignocellulose
nondéminéralisée,
et ceux dont on a déterminéégalement
lalignocellulose
(sous-entendu déminéralisée).
2
&dquo; Par rapport à ce schéma
d’analyse, pris
comme base de référence, nous avons étudié sur un certain nombre d’échantillons, l’influence de traitementspréliminaires
différents : extractionalcoolique
suivie ou non d’une extraction aqueuse,suppression
de l’extraction aqueuse, intensité dudégraissage.
Lestechniques correspondantes
seront exposées en même temps que les résultats.3
° Dans une dernière
partie,
lalignocellulose
a étécomparée
à la cellulose brute de Weende.Celle-ci a été déterminée au Laboratoire d’essai et
d’analyse
des aliments, suivant latechnique
offi-cielle dans
laquelle
le résidu est récupéré parcentrifugation
et non par filtration.RÉSULTATS
Composition de
lalignocellulose.
Les teneurs moyennes en
cellulose, lignine
brute et cellulose -!-lignine
brutedes
lignocelluloses,
ont été calculées pourchaque type
d’échantillons. Elles sont données avec leurs écartstypes
dans le tableau i pour leslignocelluloses
non déminé-ralisées
(i6g échantillons)
et dans le tableau 2 pour leslignocelluloses
déminéralisées(73 échantillons).
La teneur en cendres de la
lignocellulose
non déminéralisée(tab. 2 )
est relati-vement
faible,
de l’ordre de 2 p. 100pour lesfeuilles,
de i p. 100 pour lestiges
delégumineuses,
et de 5 p. 100 pour lesgraminées entières ;
chez ces dernières elle acependant présenté
des valeursplus
élevées dans les repousses d’automne( 7
à 8 p.ioo).
Ces variations
n’ayant qu’une
incidence trèslimitée,
onpeut généraliser
à laligno-
cellulose
(déminéralisée)
les conclusions obtenues pour lalignocellulose
non démi-rénalisée,
sur unplus grand
nombre d’échantillons.La
lignocellulose
a unecomposition
relativement constante pour un organedonné,
feuilles outiges,
d’une famillebotanique donnée,
comme le montrent les faibles écartstypes
des moyennes. Par contre, cettecomposition
varie avecl’organe,
la famille et le stade de croissance de la
plante.
Chez les
légumineuses,
lalignocellulose
des feuilles contientsystématiquement
moins de cellulose et
plus
d’indéterminé et delignine
brute que celle destiges.
Cettedernière anomalie est due au fait que la
lignine
brute des feuilles delégumineuses
est anormalement élevée
( 5 -6
p. 100 de la matièresèche)
parcequ’elle
contient uneproportion
trèsimportante
de matières azotées résiduelles( 30
à !o p.100 )
et d’autresconstituants
cytoplasmiques
et,peut-être,
cuticulaires(JOUR:B’ET
etJaRxrG!,
résul-tats non
publiés).
En admettant que lalignine
vraie nereprésente
que la moitié de lalignine
brute que nous avons dosée dans les feuilles delégumineuses,
lalignocel-
lulose de celles-ci ne contient
plus
alorsqu’environ
15 p. 100 delignine
vraie mais35 p. 100 d’indéterminé. Nous n’avons malheureusement pas dosé directement la teneur en matières azotées de ces
lignocelluloses,
mais nous pouvons l’estimer à 20-
25 p. 100
d’après
lesdosages séparés
de l’azote deshydrolysats sulfuriques (J AR -
xrGE,
ig6i)
et deslignines
dequelques
échantillons.Chez les
graminées,
lalignocellulose
des limbes estégalement
moins riche encellulose et
plus
riche en indéterminé que celle destiges,
mais elle a une teneur enlignine
du même ordre. Cettelignine
est en effetbeaucoup
moins « contaminée » que celle deslégumineuses
en matières azotées et surtout en constituants indéter- minés. Lalignocellulose
des feuilles delégumineuses
est donc nettementplus
richeen
lignine
brute etplus
pauvre en cellulose que celle des limbes degraminées.
Il enest de même dans le cas des
tiges,
mais les différences entre les deux familles sont moins accentuées.Par contre, pour un organe donné ou à stade de croissance
équivalent
pour laplante entière,
lacomposition
de lalignocellulose apparaît
très semblableentre
espèces
de la même famille. C’est ce que montrent notamment lescomparai-
sons entre le trèfle violet et la
luzerne,
d’unepart,
entre le ray grassanglais
et le dac-tyle
d’autrepart. Cependant,
lalignocellulose
dudactyle
estsignificativement plus
riche en
lignine (P
<0 , 01 )
que celle du ray grass etplus
pauvre en cellulose(P
<o,o!).
La
composition
de lalignocellulose
de laplante
entièredépend
de laproportion respective
des feuilles et destiges,
et varie donc au cours dudéveloppement.
La pro-portion
de celluloseaugmente
et laproportion
d’indéterminé diminuelorsque
laproportion
destiges augmente
au cours des différentscycles
chez leslégumineuses
et du 1er
cycle
chez lesgraminées (graph. i).
I,a
lignocellulose
desfourrages
mixtes doit avoir unecomposition
variable avecle stade de
développement
et laproportion
des différentes famillesbotaniques.
C’estnotamment le cas des foins de
prairies permanentes (tab.
i et2 ),
où les variationsont été
cependant
considérablement atténuées par le fait que ces foins étaient enmajeure partie
constitués detiges.
I,orsqu’on reporte
lacomposition
de lalignocellulose
en fonction de la teneuren
lignocellulose
dans lefourrage,
on constate une évolutiongénérale
que schématise legraphique
2, dans le cas des organes degraminées
et delégumineuses.
Plus lesfourrages
sont riches enlignocellulose, plus
leurlignocellulose
est riche en celluloseet pauvre en indéterminé.
Influence
des traitementspréliminaires
sur ledosage
de la
lignoeellulose.
Les
lignocelluloses
étudiéesjusqu’ici
ont été obtenues àpartir
dufourrage préa-
lablement traité par
l’eau, puis dégraissé
par lemélange
alcool-benzène. Le traite- ment aqueuxpermet
d’extraire la totalité desglucides
et une fractionimportante
des autres constituants
cytoplasmiques,
notamment des matières azotées.Cependant
on
peut
être amené à utiliser des traitementsdifférents, plus spécialement :
a)
à faire unepremière
extraction par l’alcool 80 p. 100. Ce traitement est eneffet nécessaire pour
séparer
chez lesgraminées
les sucres desfructosanes, lesquels
sont ensuite extraits par l’eau. Par
rapport
à l’extraction aqueuse, ilprésente
enoutre
l’avantage
d’êtreplus adaptable
à la série et d’extraire unepartie
des matièresgrasses.
Enfin,
laquantité
de matière sèche extraite par l’alcool est un critère inté- ressant du stade de croissance de laplante
etprobablement
de sadigestibilité (J AR -
RIGE
, résultats non
publiés).
b)
àsupprimer
l’extraction aqueuse pour ne conserver que ledégraissage.
Cettesimplification permettrait
de doser lalignocellulose de façon plus rapide
et enplus grande série, lorsqu’on
ne veut pas doser simultanément les différentes fractionsglucidiques.
Nous avons donc étudié l’influence de ces différents traitements sur le
dosage
de la
lignocellulose,
parrapport
à la méthode de référencecomportant
extractionaqueuse et
dégraissage.
lnj l
zLince
d’une extractionalcoolique préliminaire.
I
. Sur 54 échantillons
(tab. 3 ),
nous avonscomparé
leslignocelluloses
déminé-ralisées obtenues
après
extractionalcoolique,
à celles obtenuesaprès
extractionaqueuse et
dégraissage.
L’extraction
alcoolique
a été réalisée par macération dufourrage pendant
W heures à la
température
de lapièce,
méthodequi
donne des résultats du même ordre que l’extraction auWaring
Blendor(J ARRIGE ,
résultats nonpubliés).
I)es fractionsaliquotes
du résidualcoolique
séché à l’étuve à700 C
ont été soumises directement(sans dégraissage),
àl’hydrolyse
parS0 4 H!
5 p. 100, dans les conditionsprécédent-
ment
exposées.
Les
lignocelluloses
obtenuesaprès
extractionalcoolique
ont été presquetoujours
splus
faibles que celles obtenuesaprès
extraction aqueuse etdégraissage (tab. 3 ).
Les différences ont été hautement
significatives (P
<0 , 01 )
pour l’ensemble des j ! échantillons(en
moyenne r,!point)
etsignificatives (P
<0 , 05 ) pour les
ray grassanglais,
lesdactyles,
les feuilles et lestiges
delégumineuses ;
elles ont été maximum pour leslégumineuses,
relativement limitées pour lesgraminées
etpratiquement
nulles pour les foins de
pré.
Les deux séries de
lignocelluloses
d’unepartie
des échantillons( 3 6)
ont étéhydrolysées
pour déterminer la cellulose et lalignine
brute. Les résultatsreportés
au
graphique
3 montrent que le traitementalcoolique
a entraîné uneaugmentation
hautement
significative (P
<o,oi)
de lalignine ( 0 , 75 point)
et une diminutionhautement
significative (P
<o,oi)
de la cellulose(r,c! point).
Cette diminution de la cellulose a étéproportionnellement beaucoup plus
forte pour les feuilles que pour lestiges,
pour leslégumineuses
que pour lesgraminées,
et maximum pour les feuilles de trèfle violet. Elle a renducompte approximativement
de la diminution de laligno-
cellulose.
Le
dosage
des sucresaprès séparation chromatographique (cf. J ARRIG E, 19 6 1 )
a montré que cette diminution
portait
essentiellement sur la fractionglucosane
etnon sur les
xylanes résiduels,
etqu’une partie
de ceglucose
était recouvrée dans la fraction hémicelluloses. Ce recouvrement a étéparticulièrement
net pour les feuilles ettiges
detrèfle, qui
ontjustement présenté
la diminution laplus importante
de lacellulose. La
quantité supplémentaire
deglucose
recouvrée dans la fraction hémi- celluloses acependant
étébeaucoup plus
faible que laquantité
deglucose manquant
dans la fractioncellulose,
d’autantplus qu’une partie
a puprovenir
des subs-tances
pectiques qui
ne sont pas extraites par l’alcool.Le recouvrement
plus
faible de la cellulose dans lesfourrages
traités seulementpar l’alcool par
rapport
à ceux traités par l’eau etdégraissés, pourrait s’expliquer
essentiellement par une
hydrolyse partielle
et une destructionpartielle
au cours del’hydrolyse
parSO, H 2
5 p.100 ;
deplus,
il n’est pasimpossible qu’une
autrepartie
de la cellulose soit transformée au
point
de n’êtreplus hydrolysée
englucose
parS0 4 H
2
72 p. 100. Nous avons en effetremarqué
que les résidus de l’extractionalcoolique
ese mouillaient difficilement et avaient tendance à « mousser o au cours de
l’hvdrolvse
5 p. 100,
malgré
laprésence
d’alcooloctylique
ou de silicone et lelavage
desparois
avec de
petites quantités
deliquide.
Desparticules
defourrages
demeuraient doncfréquemment
collées auxparois
del’Erlenmeyer
etpouvaient
y être détruites. I,eslignocelluloses
étaient souventcompactes après dessiccation,
et difficiles àdisperser
dans
SO, H 2
72 p. 100, cequi pouvait gêner
uneattaque complète
de la cellulose.Cette diminution de la ntouillabilité et cette formation de mousse ont dû
jouer
un rôle
prépondérant
et ont été effectivement lesplus
élevées pour les feuilles delégu- mineuses, lesquelles
ontsystématiquement présenté
le recouvrement leplus
incom-plet
de la cellulose. Comme ces difficultés sontcaractéristiques
desfourrages
traitésseulement par l’alcool 80 p. 100 et
n’apparaissent
pas pour lesfourrages
traités par l’eau etdégraissés,
onpeut
les attribuer :- - soit au traitement
alcoolique lui-même,
- soit à l’absence du traitement aqueux
qui
aurait extrait desproduits
mous-sants, tels que les
saponines
et unepartie
des substancespectiques,
dont leslégumi-
neuses sont
particulièrement riches,
- soit à l’absence du
dégraissage
par lemélange alcool-benzène,
- soit à l’action combinée deplusieurs
de ces facteurs.2
. Pour mesurer
l’importance
de ces différentespossibilités,
nous avons soumis des fractions des résidusalcooliques
soit à une extraction aqueuse, soit audégrais-
sage, soit aux deux traitements
successivement,
ces traitements étantidentiques
àceux effectués directement sur le
fourrage.
Leslignocelluloses
ont été dosées sur lestrois résidus ainsi
obtenus,
de telle sorte que nous avons pu comparer au total leslignocelluloses
obtenuesaprès cinq
traitementspréliminaires
différents àpartir
deII échantillons
(tab. 4 ).
Les
lignocelluloses
obtenuesaprès
les nouveaux traitements ont étéplus
élevéesque celles obtenues directement à
partir
du résidualcoolique,
maisplus
faibles que leslignocelluloses
deréférence,
obtenuesaprès
extraction aqueuse etdégraissage.
Sur la base de 100pour
celles-ci,
les valeurs moyennes ont été de 91,5 - c!3,i -c!6,!
et g5,9pour les
lignocelluloses
obtenuesrespectivement après
alcoolseul,
alcool ! eau, alcool etdégraissage, alcool,
eau etdégraissage. L’augmentation
dudégraissage
a été nettement
plus
élevée que celle due à l’extraction aqueuse.Comme
précédemment,
les variations doivents’expliquer
enmajeure partie
par les variations de la teneur en
cellulose,
tout au moins dans les échantillons de feuilles et detiges
de trèfles dont nous avons dosé la cellulose obtenueaprès
les 5 trai- tements(tab. 5 ).
Ledégraissage
du résidualcoolique,
avec ou sans extraction aqueuseintermédiaire,
apermis
d’obtenir une teneur en cellulose nettementplus
élevée que lacellulose-alcool,
très semblable à la cellulose obtenueaprès
extraction aqueuse etdégraissage
dans lestiges,
maisplus
faible que celle-ci dans les feuilles.Il semble donc que le fait que la «
lignocellulose-alcool
» soitplus
faible que la«
lignocellulose eau-dégraissage
» est dû :- pour une
part importante
à l’absence dudégraissage, lequel
a extrait environ 2,
5 p. 100 de la matière sèche initiale dans les résidus
alcooliques
et 2 p. 100 dans les résidusalcool-eau ;
- pour une faible
part,
à l’absence d’extraction aqueusequi
ne doitjouer qu’un
rôle très
limité,
comme le confirmeraplus
loin l’étude sur lasuppression
de l’extrac- tion aqueuse ;- pour une
part importante
au traitementalcoolique
lui-même dont le mode d’action demeure àpréciser.
Réduction des traitements
préliminaires
au seuldégraissage.
Si la
lignocellulose
s’avère être un critère intéressant de la valeur nutritive dufourrage,
elle doit être déterminée defaçon
aussirapide
etéconomique
quepossible
dans les laboratoires de contrôle. Pour
cela,
il faudraitpouvoir supprimer
l’extrac-tion aqueuse, et n’effectuer
qu’un simple dégraissage,
comme c’est le cas pour la détermination de la cellulose brute et de la « normal acid fibre »(W ALKER
et HEP-BURN
, i955
a).
Il est donc nécessaire(a)
de vérifier que lasuppression
de l’extrac- tion aqueuse ne modifie pas la teneur enlignocellulose
et(b)
depréciser
les con-.ditions du
dégraissage.
i.
Influence
de lasuppression de
l’extraction aqueuse. - Nous avonscomparé
les teneurs en
lignocellulose (déminéralisée)
obtenues àpartir
dufourrage simplement dégraissé,
à celles obtenues àpartir
dufourrage
traité par l’eau etdégraissé (cf.
Mé-thodes).
Dans les deux cas, ledégraissage
a été effectué par lemélange
alcool-benzène( 2
: i)
au Soxhletpendant
16 heures. Cettecomparaison
aporté
sur 16 échantillons deplantes entières, représentant
lesprincipaux types
defourrages :
3 foins depré,
2foins de
luzerne,
2trèfleblanc,
4dactyles
et 5 ray grass,prélevés
à différents stades dedéveloppement (de
23 à 39 p. 100 delignocellulose).
Les déterminations de la
lignocellulose
ont été effectuées entriple (sur
600mg derésidu)
et tous les résultats utilisés dansl’analyse
de la variance(tab. 6).
Celle-cimontre
qu’il n’y
a pas eu d’interaction entre les méthodes et leséchantillons,
et que les deux méthodes n’ont pas donné de résultatssignificativement
différents. Les valeurs moyennes pour les 16 échantillons ont été de :- avec extraction aqueuse : 3i,y,
- sans extraction aqueuse : 3i, 55,
et l’écart maximum de 1,9
point
dans le cas d’un ray grass.On
peut
donc déterminer lalignocellulose après
unsimple dégraissage,
sansextraction aqueuse
préalable ; corrélativement,
onpeut extrapoler
auxlignocellu-
loses ainsi
obtenues,
les résultats obtenus au cours du fractionnement des constituantsglucidiques,
notamment les relations entre le coefficient dedigestibilité
et la teneuren
lignocellulose.
2
.
Influence
de l’intetisité dudégraissage.
- Ledégraissage
demeurant le seul traitementpréliminaire
dans la détermination de lalignocellulose,
il estimportant
d’en
préciser
les conditions. Dans toutes les déterminationsrapportées jusqu’ici,
nous avions
dégraissé
les échantillons au Soxhletpendant
16heures,
à unrythme
d’environ unsiphonnage
toutes les 30-4ominutes,
cerythme
n’étant d’ailleurs pas contrôlé avecprécision.
La durée de 16 heures avait été choisie parcequ’elle
étaitpré-
conisée par l’2!.O.A.C. pour le
dosage
de la cellulosebrute,
etqu’elle correspond
à lamoyenne de celles
adoptées
pour ledosage
de lalignine :
de i heure à 30 heures(cf.
T H
œ
B
lAS et
ApMSTROxc,
1949 - Moox et ABOt- x!rn,zg5 2 ) ;
ces durées dedégrais-
sage ont d’ailleurs souvent été fixées sans études suffisantes et sans
préciser
lavitesse de
siphonnage.
Sur 6 échantillons de
plantes
entières(tab. 7 )
nous avonscomparé
4 durées dedégraissage,
4,8,
16 et 32heures,
et 2rythmes
desiphonnage :
un toutes les z! mi- nutes et un toutes les 50 minutes. Cesdégraissages
ont été faits auSoxhlet,
chacunsur 2
prises
de 5 g defourrage
et laquantité
de matière sèche extraite a été déter- minée par différence.Pour
chaque fourrage,
laquantité
de matière sèche extraite aaugmenté
avecla durée du
dégraissage
suivant une loi curvilinéaire(graph. 4 ) :
sur la base 100 pourune durée de 16
heures,
elle a étéapproximativement
de 60 p. 100 pour 4heures,
!So p. 100
pour
heures et 120 p. 100pour 32 heures. Pour une duréedonnée,
elle a étéplus
élevée avec lerythme
desiphonnage rapide
mais la différence a été relati- vementfaible,
même pour une duréede 4 heures.
Dans les conditions de nos mesures, lerythme
desiphonnage
n’a donc euqu’une
influence trèslimitée, beaucoup plus
faible que celle observée par Moow et A!sou RAYA
( 1952 ),
avec desrythmes plus
rapides.
Il
s’agissait
de savoir si ces différences dans laquantité
de matière sèche extraiteavec l’intensité du
dégraissage,
avaient une influence sur la teneur enlignocellulose.
Nous avons donc déterminé les
lignocelluloses correspondant
aux durées extrêmesde
dégraissage ( 4
heures et 32heures) ;
pour chacune de ces duréesles q résidus (
2
lents et 2rapides)
ont étémélangés
et leslignocelluloses
déterminées sur 3prises
de 600mg.
Malgré
lesgrandes
différences dans laquantité
de matière sèche extraite par ledégraissage,
en gros dusimple
audouble,
les teneurs enlignocelluloses (tab. 7 ) n’apparaissent
passignificativement
différentesd’après l’analyse
de la variance de toutes les données. Il semble donc que, dans les limitesétudiées,
la durée et l’inten-sité du
dégraissage
n’aient euqu’une
influence très limitée sur la détermination de lalignocellulose ;
il estpossible cependant
que cette influencepuisse
êtresignifica-
tive à l’échelle d’un
plus grand
nombred’échantillons,
de trèfles notammentpuis- qu’ils
sont riches en constituants extractibles audégraissage.
Un
dégraissage
de 8 heuresparaît
être leplus avantageux ;
ilpermet
d’extraire3
o p. 100de matière
sèche
deplus qu’un dégraissage de q. heures
et de ne pas contrôler defaçon
trèsprécise
lerythme
dessiphonnages (environ
un toutes les 30minutes) ; enfin,
il est réalisable en unejournée
au lieu dedeux,
dans laméthode adoptée jus- du’ici.
Cette durée est d’ailleurs cellequi
a étéadoptée
dans la détermination de la« normal acid fibre
n (Wnr,x!R
etH EPBURX ,
1955a).
De toutefaçon,
ledégraissage
estnécessaire : en son absence les échantillons se mouillent mal et les résultats sont moins
reproductibles
etplus
élevés(Ra y MOVD
etal,
Ig55 - McDOUGALL, zg S H).
Le
dosage
de lalignocellulose
se réduit donc maintenant à undégraissage
dea heures par le
mélange alcool-benzène,
suivi d’unehydrolyse
de 3 heures par l’acidesulfurique
5 p. 100 ou normal. Il ne diffère donc de celui de la « normal acid fihre » que par la duréed’hydrolyse (trois
foisplus longue).
Comparaison
entre lalin!aocell2dose
et la cellzdose brute.La
lignocellulose
et la cellulose brute sont deux résiduscomparables.
Laligno-
cellulose est une estimation par excès de la somme cellulose +
lignine ;
la cellulose brute estplutôt
un critère de cette sommepuisqu’elle
contient laquasi
totalité de la cellulose et une fraction variable de lalignine (cf. discussion). De plus,
toutes deuxpeuvent
être considérées comme des critères de lacellulose,de
lalignine
et de l’en-semble des membranes. Il
s’agit
de savoirquelle
est cellequi
rendcompte
avec leplus
de fidélité des variations de ces différentsparamètres membranaires, puisque
ces derniers détertninent dans une
large
mesure ladigestibilité
dufourrage.
Pour examiner ce
problème,
nous avons déterminé la cellulose brute de5 8
échan-tillons de feuilles et de
tiges,
et de 75 échantillons deplantes
entières(tab. 8)
choisis
parmi
ceux dont nous avions étudié lalignocellulose.
Ces derniers cons-tituent un
échantillonnage
trèsreprésentatif
des différents stades de croissance pour le ray grassanglais,
ledactyle,
la luzerne et lestrèfles ;
par contre, les foinsreprésentent uniquement
despremières
coupes et ont uneamplitude
de varia-tion
beaucoup plus étroite, malgré
leurs provenances très diverses et leurs dates de récolte sensiblement différentes. Il faut noter que lacomposition
desplantes
entières de luzerne et de trèfle violet n’a pas été déterminée
directement,
maiscalculée à
partir
de lacomposition
et de laproportion respective
des feuilles et destiges.
Pour chacune des 5
catégories
deplantes
entières et pour l’ensemble desgrami- nées,
l’ensemble deslégumineuses
et l’ensemble deséchantillons,
nous avons calculé(tab. 9 )
leséquations
derégression
entre chacun des deuxcritères, lignocellulose
etcellulose
brute,
et chacun desparamètres
membranaires :cellulose, lignine,
sommecellulose -E-
lignine
etmembranes ;
ces dernières ont été estimées par la somme hémi- celluloses --!-cellulose + lignine.
Nous n’avons pas fait ces calculs pour les feuilles et lestiges
en raison du faible nombre d’échantillons dechaque catégorie,
et de ladistribution non normale de l’ensemble. Nous avons par contre calculé pour chacune des
catégories,
lesrapports li g nocellulose/
cellulose -4-lignine
et cellulosebrute/cel-
lulose !-
lignine (tab. 8) ;
ils nouspermettent d’interpréter
les variations des coefh- cients derégression
desplantes
entières.Relation avec les membranes totales et avec la sommé cellulose -t-
lignine.
Pour chacune
des 4 espèces
et des 2 familles étudiées(tab 9 ),
lalignocellulose
et la cellulose brute
présentent
toutes deux des liaisons extrêmement étroites(r
>0,!5)
avec les membranes totales et avec la somme cellulose --!lignine ;
lesliaisons sont sensiblement moins étroites pour les foins de
pré
et pour l’ensemble des échantillons(graph.
6 et!).
Les coefficients de
régression
sonttoujours plus
élevés pour la cellulose brute que pour lalignocellulose.
Ces différences engénéral significatives,
surtout chez leslégumineuses (P
<o,oi), s’expliquent
par le fait quel’augmentation
des consti- tuants membranaires traduitessentiellement l’augmentation
de laproportion
detiges. Or,
lerapport
de la cellulose brute aux membranes ou à la somme cellulose -lignine (tab. 8)
estbeaucoup plus
élevé pcur lestiges
que pour les feuilles etaugmente
donc avec laproportion
detiges.
Aucontraire,
lerapport
de lalignocellulose
auxmembranes ou à la somme cellulose ―
lignine
est sensiblementplus
élevé pour les feuilles que pour lestiges,
en raison de leurplus
forte teneur enindéterminé ;
il adonc tendance à diminuer
quand
laproportion
detiges augmente.
I,a
dispersion
des valeurs autour de la droite derégression
a été estimée par le carré moyen des écarts(tab. c!) qui
est une mesure de l’erreur commise en estimant leparamètre
à l’aide de larégression.
Lalignocellulose permet
d’estimer les membranestotales et la somme cellulose +
lignine,
avec une erreursystématiquement plus
faibleque la cellulose
brute ;
ces différences sont notamment trèssignificatives (P
<0 , 01 )
pour les
légumineuses
et,plus
encore, pour l’ensemble des 75 échantillons.Les
graphiques
5 6 et 7 illustrent bien ces différences dedispersion
aussi bienpour les valeurs individuelles que pour les droites de
régression
intracatégories.
C’est ainsi que, pour une valeur donnée des membranes ou de la somme cellulose +
lignine,
les valeurs de la cellulose brute sont nettementplus
élevées pour les luzernes et leslégumineuses
que pour lesgraminées.
Cela traduitprobablement
le fait que la cellulose brute des luzernes contient uneproportion beaucoup plus
élevée de lalignine
totale que celle desgraminées (cf. discussion) ;
elle est mêmesupérieure
àla somme cellulose =,-
lignine
dans lestiges (tab. S).
Demême,
lesrapports
cellulosebrute/somme
cellulose-!- lignine
sontbeaucoup plus
variables que lesrapports ligno- cellulose/somme cellulose E lignine :
97,7 ::C0 ,85
et II4,5 :J:: 0,57 pour l’ensembledes 75 échantillons