INFLUENCE DU LACTOSE SUR LA CROISSANCE
ET SUR LA COMPOSITION CORPORELLE
DU RAT BLANC
II. —
RELATIONS AVEC LA TENEUR
ÉNERGÉTIQUE
DU RÉGIMEC. FÉVRIER
Marie-Claire
THÉRON, Françoise HOULIER G. ROUZETStation de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs, Centre national de Rechercheszootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Les interactions entre le taux de lactose et la teneur
énergétique
durégime
sur lacroissance,
la consommation d’aliment et lacomposition corporelle
du Rat blanc ont été étudiées au cours de deuxexpériences
factorielles. Desrégimes
du typesemi-synthétique
renfermant o, 15ou 30p. ioo de lac- tose et i, 8 ou 16 p. 100delipides
ont été distribués ad libitumpendant
56jours.
Les rats recevant 15 p. roo de lactose
présentent
une croissanceidentique
à celle des rats té- moins ; mais ceuxqui
enreçoivent
30 p. roo ont une vitesse de croissance réduite de 38 p. 100. La consommation de matière sèche diminue linéairementlorsque
les taux de lactose et delipides
aug-mentent.
Cependant,
pour un taux de lactose donné laquantité d’énergie
reste constantelorsque
letaux de
lipides
varie.La diminution de consommation de matière sèche sous l’effet de
l’augmentation
du taux de lactose est moinsrapide
avec unrégime
à 16 p. roo delipides qu’avec
unrégime à 1 p. 100
seulement.Mais avec un
régime
riche à la fois en lactose et enlipides,
la consommation de matière sèche peut être réduite de moitié par rapport aurégime
sans lactose et pauvre enlipides.
Le taux leplus
élevéde lactose entraîne une
augmentation
de l’indice de consommationénergétique
et l’addition delipides
aurégime
n’améliore que faiblement sa valeur.A
poids
constant, la carcasse des rats recevant du lactose estplus
riche en eau et en minérauxque celle des animaux témoins. La teneur en
lipides
estplus
faible tandis que celle enprotéines
està peu
près
constante. Les différences decomposition corporelle, importantes
avec lesrégimes
conte-nant i p. 100de
lipides disparaissent lorsqu’ils
en contiennent 16 p. 100.INTRODUCTION
Il est connu que la tolérance du Rat blanc vis-à-vis du lactose est
faible; lorsque
celui-ci
représente plus
de la moitié desglucides
durégime,
il secomporte
comme une substancetoxique
et il entraîne une diminution deplus
de 50p. 100de la vitesse decroissance des animaux.
L’effet
défavorable d’un excès de lactosedépend
de la compo- sition du reste de laration ; ainsi,
uneexpérience précédente
a montréqu’un apport
azoté insuffisant aggrave l’effetdépressif
del’excès
de lactose sur l’efficacité durégime (C.
FÉVRIER etR!Re’r, r 9 6a,).
Si le lactose est mal utilisélorsqu’il
estfourni en trop grande quantité,
cecipeut
être dû à unehydrolyse incomplète et l’apport énergétique
est, de ce
fait,
insuffisant. Pourpallier
cedéficit,
onpeut augmenter
la teneur enlipides
durégime,
mais onrisque
alors de réduire laquantité
d’aliment consommé.De
plus,
lacompétition
entre lesaptitudes
de l’animal à utiliser les deux sourcesénergétiques, glucides
oulipides, peut
se traduire par une utilisation moindre du lac- tose. Pourétudier
cettequestion,
deuxexpériences
ont été réalisées en faisant varierles taux de
lactose
et delipides
dans unrégime semi-synthétique.
Ces recherchesconcernent les relations entre la teneur
énergétique
durégime
et le lactose et nonles relations entre la nature des
lipides
et lelactose, aspect qui
a étéétudié
par SCHAN T Z
et al
( 1937 , 1939 )
et ERSHCHOFF et DEUEL(i9!7).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Animaux
Les rats blancs
utilisés,
tous mâles de souche Wistar C. F., sont élevés en cage individuelle, dansune raterie conditionnée.
Après
le sevrage, les animauxreçoivent pendant
une semaine unrégime préexpérimental
à base de caséine et de saccharose(RÉ RAT
et al.,19 6 4 .)
A la fin de cette semaine,les rats sont
répartis
par blocs d’animaux de mêmepoids
et de vitesse de croissancecomparable.
Schémas
expérimentaux
Les deux
expériences
ont duré5 6 jours
et elles ont différé dans le détail des schémasexpéri-
mentaux et dans la
composition
desrégimes.
Expérience
1.Deux taux de lactose, o et 3o p. roo, sont combinés avec trois taux de
lipides,
i, 8 et z6 p. ioo(non compris
1,6 p. 100delipides apportés
par la farine depoisson, quantité
constante dans tous lesrégimes).
Leslipides
sontapportés
par de l’huile d’arachide seule pour lesrégimes
à i p. 100 delipides
et par unmélange
enparties égales
d’huile d’arachide et de saindoux pour les autres lots.Le taux minimum de i p. 100a été choisi de manière à couvrir les besoins du Rat en acides gras essentiels. La combinaison factorielle des différents taux de lactose et de
lipides
détermine les lots suivants :Chaque
lot est constitué par 10animaux d’unpoids
moyen initial de5 6, 7
grammes.Expérience
II.Elle combine factoriellement trois taux de lactose, o, 15et 30p. 100avec trois taux de
lipides,
i, 8 et 15 p. too,
apportés uniquement
par l’huile d’arachide dans tous les lots. La différence avecl’expérience précédente
porte donc sur la nature deslipides
et sur leur taux maximum. Les lots sont les suivants :Chaque
lot est constitué par 8 animaux d’unpoids
moyen initial de S4.2 grammes.Alimentation et
régimes
Les
régimes,
dont lacomposition
estprécisée
au tableau i, sont fournis ad libitumquotidienne-
ment et les animaux ont en permanence de l’eau à leur
disposition.
L’alimentproposé
et les refussont
pesés chaque jour,
les teneurs en matière sèche étant déterminéeschaque
semaine. Entre lesdeux
expériences,
latechnique
d’alimentation a été améliorée afin de réduire les pertes etd’aug-
menter la
précision
dansl’appréciation
des refus.Analyse
de lacomposition corporelle
Après
unjeûne
de 7heures,
les rats sontasphyxiés
par le gaz,puis
enfermés dans des sacs enpolyéthylène
et conservée à -i 5 o C
en vue del’analyse
ultérieure. Lacomposition
initiale des ani-maux est obtenue par le calcul, à l’aide
d’équations
derégression
donnant lepoids
des constituantscorporels
en fonction dupoids
vif. Latechnique d’analyse
des carcasses et ceséquations
derégres-
sions ont été définies
précédemment (RÉ RA T
et al.,r 9 6q.).
Définition
des critères utilisésAux critères définis dans
l’expérience précédente (C.
FÉVRIER et RÉRAT,19 6 4 )
onajoutera,
pour tenir compte des valeursénergétiques
très différentes desrégimes,
l’indice de consommationénergé- tique
et le Coefficient d’UtilisationPratique
del’énergie.
Interprétation
des résultatsAu cours de
l’expérience
I, quatre animaux sont morts depneumonie,
les données manquantesont été
remplacées
par le calcul etl’interprétation statique
des résultats a été faite suivant SNEDE-COR
(ig6i). ).
RÉSULTATS
Vitesse de croissance
Pour un taux de lactose
donné,
les vitesses de croissance obtenues sont iden-tiques, quels
que soient les taux delipides incorporés
dans lerégime (tabl.
2-1et
2 - 2 ).
Avec 15p. 100delactose,
legain
depoids
n’est pas différent de celui obtenuavec l’amidon
seul ;
par contre, avec 30p. 100delactose,
legain
depoids
est réduitde 43 p. 100dans la
première expérience
et de 33 p. 100dans laseconde,
mais iln’y
aaucune interaction entre l’effet du lactose et celui des
lipides.
Quantité
d’aliment consommé etefJ’ccacité
desrégimes
Le fait le
plus important
est la réduction de consommation due aulactose ;
enprésence
d’un taux de i ou 8 p. 100 delipides,
la consommation de matière sèche diminue dès l’introduction de i5p. ioo de lactose dans lerégime,
mais avec 16 p.ioo delipides,
elle ne diminuequ’avec
30 p. 100delactose ; l’augmentation
de consomma-tion observée dans ce cas en
présence
de 15 p. 100 de lactose(lot BF)
n’étant passignificative (tabl. 2 - 2 ).
L’augmentation
du taux delipides
se traduitégalement
par une diminution de la matière sècheingérée,
mais les résultats de lapremière expérience
sont discordants parrapport
à ceux de la secondequant
à l’allure de la diminution. Laquantité
d’ali-ment consommée est en
général
inversementproportionnelle
au taux delipides,
saufdans
l’expérience
I ou le lotAD, (tabl. a-i)
a atteint une consommationexceptionnelle-
ment élevée.
Cependant
comme lesrégimes
ont des teneursénergétiques
très diffé-rentes,
la consommationd’énergie
pour un taux de lactosedonné,
est à peuprès
constante
quel
que soit le taux delipides.
Seule la consommationd’énergie
du lotAU, (tabl. 2 - 1 )
a étésignificativement
inférieure à celle des autres lots sans lactose del’expérience
I. Parailleurs,
pour un taux delipides donné,
lesrégimes
avec ou sanslactose
ayant
des teneursénergétiques
peudifférentes,
la consommationd’énergie
diminue
quand
le taux de lactoseaugmente ;
cette diminution est relativement moinsimportante
entre o et 15 p. 100qu’entre 15
et 30p. 100 delactose,
et l’on n’observe pas d’interaction entre l’effet du lactose et celui deslipides
en cequi
concerne laconsommation
d’énergie.
I,es résultats concernant l’effet des
lipides
sur l’indice de consommationénergé- tique
sont discordants entre les deuxexpériences.
Dans lapremière expérience,
avecles
régimes sans lactose,
l’indice de consommationénergétique
diminuelorsque le taux
de
lipides augmente,
tandisqu’avec
lesrégimes
à 30p. 100de lactose c’est l’inversequi
seproduit.
Dans la secondeexpérience,
l’effet deslipides
sur ce même indice estnul. Dans les deux cas, le lactose introduit à raison de 30 p. 100
augmente
la consom-mation
d’énergie
par unité degain
depoids,
mais ne la modifie paslorsqu’il ne repré-
sente que 15 p. 100de la ration
(expérience II).
En tenant
compte
de lacomposition corporelle qui
est étudiéeci-après, l’expé-
rience II montre que l’utilisation de l’azote n’est pas modifiée par l’introduction de 15 p. 100de lactose dans le
régime,
maisqu’elle
est réduite avec 30 p. 100de ceglu-
cide.
L’augmentation
du taux delipides
dans lerégime améliore
l’utilisation de l’azote mais non cellede l’énergie ;
dansl’expérience I,
les C. U. P. de l’azote comme del’énergie
sont d’autantplus
faibles que lesrégimes
sont à la foisplus
riches enlipides
et en lactose. Ceci est dû enpartie
au fait que les animaux recevant du lactoseprésentent
une croissance défectueuse et une carcasseplus
riche en eau.Composition corporelle
Si l’on s’en tient à la
composition
brute de la carcasse(tabl.
3-1et3 - 2 )
onrisque
d’avoir une
opinion erronée, quant
aux différences existant entre leslots,
carle poids
final a une influence
prépondérante
sur lacomposition corporelle.
Faute d’avoirexpérimentalement
despoids
finauxégaux,
enparticulier
pour les animaux nourrisavec 30 p. 100 de
lactose,
il faut tenterd’apprécier
l’influence dupoids final pour interpréter
les données. On sait que l’évolution dupoids
de chacun des constituants de la carcasse en fonction dupoids
de l’animal estexponentielle. Aussi,
uneanalyse
de covariance du
poids
de chacun des constituants de la carcasse en fonction dupoids
de
celle-ci, après
transformationlogarithmique
desdonnées, permet
decomparer les
compositions corporelles
àpoids
final constant. Les tableaux 4-1 et 4-2 donnent lessignifications statistiques
des différences observées dans lesfigures
I à 4 ; cesfigures
illustrent pour les différents lots l’évolution dupoids
desprincipaux
cons-tituants en fonction du
poids
final.Ce moyen
permet
de montrer que le lactose a une action propre sur lacomposi-
tion
corporelle.
Les animauxqui
en consommentprésentent
àl’analyse
une carcasseplus
riche en eau(fig.
I et3 )
et moins riche enlipides (fig.
2 et4 ). Cependant,
on remarque
d’après
lesfigures
i et 3 que les animaux recevant du lactose sont d’autantplus
riches en eau que lerégime
renferme moins delipides. L’importante
variation de la teneur en
lipides
de l’aliment n’a eu une influence sur la teneur enlipides corporels
que dansl’expérience I, l’augmentation
del’adiposité
allant danslemême sens que
l’augmentation
du taux delipides
dans l’aliment(fig. 2 ).
La teneur en
protéines corporelles
est peu modifiée par les différents traitementsauxquels
ont été soumis lesanimaux,
et dans ce caségalement
leslégères
différences que l’onpeut observer
avec le lactose dans lesrégimes
à i p. 100 delipides dispa-
raissent
lorsque
lerégime
en renferme r5 p. 100. Demême,
l’effet dulactose
sur la teneur en cendres semble êtreplus important
avec lesrégimes
pauvres enlipides
que pour les autrestraitements ; ainsi,
ledépôt
de minéraux dans la carcasse nesemble
êtreplus
élevé que pourles
lotsCD,
parrapport
à l’ensemble desrésultats ; mais
étant donné les variations despentes
des droites derégression
pour les différentslots,
il n’est paspossible
d’en fairel’analyse statistique précise.
Ada!tatiorc
au LactoseAu cours de ces deux
expériences,
l’évolution desdifférents
critèresconsidérés
a été la même que dans l’étude
précédente,
il est doncinutile d’y
revenir.Cependant,
il faut
ajouter
que dans cesexpériences,
le nombre dejours
dediarrhée
observé pourchaque
animal n’est absolument pas en relation avec sa vitesse de croissance. Seuls les animaux recevant 30 p. 100de lactose ont des diarrhéesimportantes,
mais dont lafréquence
est très variable avec les individus. Les diarrhées sont surtoutfréquentes
avec les
régimes
à faible tauxlipidique.
DISCUSSION
Influence
du lactose surl’efficacité
desrégimes
L’augmentation
de l’indice de consommationénergétique lorsque
le lactosereprésente
30 p. 100 de la ration montre que ceglucide
est moins bien utilisé quel’amidon ; cependant,
il n’est paspossible
dans cetteexpérience
de calculer cette différence car lavitesse
de croissance estplus
lente pour les rats recevant le lactose que pour ceux recevant l’amidon et de ce fait les besoins pourl’entretien
et pour la croissance ne sont pascomparables.
Si l’indicede consommation énergétique
enpré-
sence de 15 p. 100de lactose est peu différent de celui obtenu avec l’amidon
seul,
larétention
d’énergie
sous forme delipides
est en revanchesignificativement plus
faibledès ce taux de 15 p. 100de
lactose ;
le rendementénergétique
de ceglucide
est doncinférieur à celui de l’amidon même pour des taux faibles semble-t-il. Cette mauvaise
utilisation peut
être due à unehydrolyse incomplète (R I GG S
etBE A T Y , zgq. 7 ),
maisaussi à une
perte d’énergie
au niveau du foie et du musclequi
se traduit par une aug-mentation très
importante
de l’activité desenzymes-clefs
du métabolismeglucidique (C
ARBINI
etal., ig66), L’augmentation
du besoinénergétique
ne semble pas être dû à uneagitation plus importante
de lapart
des animaux recevant du lactose que de celle des rats recevant de l’amidon.L’enrichissement
de la ration enlipides,
destiné àpallier
le déficiténergétique
enprésence
de lactose dans la ration ne s’est pas traduit par uneaugmentation
del’énergie
consommée. Eneffet,
pour un taux de lactosedonné,
laquantité d’énergie
consommée
quotidiennement
est constante et l’on a pu remarquer que cetajustement
est d’autant
plus
strict que laproportion
de lactose dans lerégime
estplus
élevée.Le facteur déterminant de
l’apport énergétique
et de la vitesse de croissance est donc lepourcentage
de lactose dans lerégime.
Le coefficient d’utilisation
pratique
del’énergie,
pour un taux donné de lactosene varie pas
significativement ; donc,
si l’on admet que leslipides
sont utiliséscomplè-
tement dans les limites des taux utilisés dans cette
expérience,
cela revient à dire que le lactose est utilisé defaçon identique
dans lesrégimes
riches ou pauvres enlipides. Cependant,
il faut remarquer quel’énergie apportée
par 30 p. ioo de lactose dans unrégime
à i p. 100delipides représente
presque 30 p. 100del’énergie
totalealors que dans un
régime
à t5p. ioo delipides
il n’enreprésente
que 25p. ioo. Deplus,
les
quantités quotidiennes
de lactoseingérées passent
dans les mêmes conditions de3 ,8
4
g à 3,23 g. Dans cesexpériences,
le taux minimum delipides
était en fait dea,6
p. ioo delipides totaux, compte
tenu deslipides apportés
par la farine depoisson ;
or, ScHarrTZ et al.
( 1937 )
ont estimé à 3 p. 100la teneur minimum delipides
per- mettant une utilisationcomplète
dugalactose provenant
del’hydrolyse
du lactose.Dans les
régimes
utilisésici,
la teneur enlipides
était donc certainement suffisante pourpermettre
une utilisation convenable du lactose avec i p. ioo d’huile d’arachide seulement. Il y aurait donc une teneuroptimum
enlipides
de la rationcompatible
avec la meilleure utilisation
possible
du lactose.Si l’on veut comparer la valeur nutritive de différents
régimes
contenant dulactose,
il faut donc se baser sur laproportion
de lactose dans la ration et non sur laproportion d’énergie qu’il apporte
parrapport
àl’énergie totale,
ni sur lerapport lactose/glucides,
ni sur laquantité quotidienne
consommée. La diminution de consom-mation d’aliment et, corrélativement de la vitesse de
croissance,
consécutive à l’intro- duction de lactose dans lerégime
laisse supposer que lespropriétés physiques
durégime
et notamment sa solubilité dans l’eau et la
pression osmotique qu’il
crée dans le milieuintestinal, joue
un rôleprépondérant
sur la consommation(HARPER
etSPIV!Y, ig58).
L’amidon
et l’huile n’étant passolubles,
la substitution de l’un par l’autre ne modifie pas lapression osmotique
du milieu intestinal. Le facteur limitant de la consomma-tion reste donc la
proportion de
lactose dans lerégime. L’ajustement
de la consomma-tion
d’énergie quel
que soit le taux delipides
n’intervient que secondairement et en fonction de la croissancepermise
par le taux de lactose considéré.L’apport azoté,
fonction dela quantité
de matière sèche consommée n’est pas le facteur limitant leplus important
de la croissance. Eneffet,
pour lerégime AF,
laquantité
deprotéines
consommée est de 2,i9g/j
pour ungain
depoids
de 4g/j,
pour lerégime CD,
la consommation est de 2,07g/j
pour ungain
depoids
de 2,77g/j
et lemême
gain
est obtenu avec lerégime
CF pour une consommation de i,72g/j.
Dans un
régime
riche enlactose,
l’introduction d’un taux élevé delipides permet
cependant une
améliorationsignificative
du C. U. P. de l’azote car la consommation deprotéines
est réduite alors que lacomposition corporelle
est peu modifiée. C’est ainsi que l’efficacité d’unrégime
renfermant 30 p. 100de lactose et i5p. ioo delipides
(lot CF)
est la même que celle d’unrégime
sans lactose et avec i p. 100 delipides
(lot AD) : I1
faut toutefois remarquer que la vitesse de croissance des animaux receàvant du
lactose
est réduite de 33à 43p. 100selonl’expérience,
etqu’à poids égal
lescompositions corporelles
sont peu différentes.L’amélioration
du C. U. P. de l’azote due auxlipides
estplus
nette avec les ré-gimes
contenant seulement del’amidon
que pour les autresrégimes.
Cecis’explique
par le fait que
l’apport
azoté est relativementlibéral ;
une réduction faible del’inges-
tion a pour
conséquence
uneaugmentation
du C. U. P. del’azote
carl’épargne porte
sur la fraction de l’azote
utilisée
à des finsénergétiques.
Ceci estégalement
valablepour les
régimes
contenant 15 p. 100delactose,
mais pour ceuxqui
en renferment30
p. 100,
la quantité
deprotéines ingérée, déjà
trèsfaible,
avoisine laquantité critique pour laquelle
le C. U. P. est maximum.L’introduction
delipides
diminuant encore laconsommation de
protéines,
laquantité ingérée
est inférieure à cettequantité critique
et il
n’y
aplus
d’améliorationpossible
du C. U. P. de l’azote.Influence
du lactose s2ir lacomposition corporelle
Les animaux recevant du lactose ont une teneur en eau
élevée, ceci
est enaccord
avec les
observations
deT OMARELLI
et al.(ig6o)
comme avec celles que nous avonsdéjà
faites.Aussi,
àpoids égal, la
rétentionénergétique
estplus
faible.Généralement,
les
variations
de la teneur enlipides
de la carcasse sontcomplémentaires
de celles del’eau, les
teneurs enprotéines
et en cendres variant peu pour unpoids
donné. Nousavons vu que
les
différences de teneurs enlipides
ont undegré
designification
infé-rieur à celles observées pour
l’eau ;
ce faitpeut
être attribué auxgrandes
variationsindividuelles
qui
sont enpartie imputables
au mode de détermination deslipides
par différence. Cette méthode entraîne une erreursystématique
de 3 p. 100 par défautsur la teneur en
lipides,
certainesprotéines
liées auxlipides
étantcomptées
deuxfois.
De
plus,
onnéglige
la teneur englucides. Or,
avec lelactose,
la teneur englycogène peut
varier dans desproportions
nonnégligeables
de même quela
teneur englucides
restant dans
l’intestin. Ceci peut
doncexpliquer
dans une certaine mesure que les différences de teneur enlipides observées
dans nosexpériences
soient moins nettes que celles observées parT OMARELLI
et al.( 10 6 0 ). Cette réduction
dudépôt
delipides corporels
enprésence
de lactose dans lerégime peut
être due à une réduction de la vitessed’incorporation
dugalactose
dans les acides gras comme cela a été observé chez le Rat par LANDAU et al.(ig58).
La
teneur en minéraux semble êtreaugmentée
sous l’effet dulactose, mais,
àpoids
constant, ces différences sont extrêmement faibles. Là encore, lagrande
varia-bilité des résultats semble en être la cause car, chez le
Rat,
il est démontré que le lactose entraîne une calcificationimportante
dusquelette (FOURNIER, ig65).
Enfin,
les différences decomposition corporelle
dues au lactose sonttoujours plus marquées lorsque le
taux dematières
grasses dansle régime
estfaible,
c’est-à-direlorsque
pour un taux donné dans lerégime
la consommation de lactose est laplus
élevée. Dans
les
lots riches enlipides, les compositions sont,
àpoids égal,
à peuprès identiques quel
que soit le taux de lactose.Ainsi,
leslipides
ontmasqué
l’effet du lactose sur lacomposition corporelle,
bien que la vitesse de croissance ait été réduite de 4o p. ioo en moyenne.Si l’on compare entre eux les résultats des deux
expériences,
on constate enpremier lieu
que leniveau
de consommation de matière sèche a étéplus
élevé dans lapremière expérience
que dans laseconde,
que les lots soient communs aux deuxexpé-
riences
(AD, CD)
ou non. Deplus,
la croissance des animaux ne recevant pas de lac- tose aété
très nettementsupérieure dans
lapremière expérience.
Les deuxexpériences ayant été réalisées
à 17 moisd’intervalle,
ces différencespeuvent s’expliquer
d’unepart
par une différence depotentialité génétique
des animaux et par la variation dans laqualité
de la farine depoisson
utilisée comme source azotée. La réduction de consommationpeut
êtreégalement due,
enpartie
seulement et pour les lots sanslactose,
à une meilleure estimation desquantités
d’aliments réellementconsommées ; néanmoins,
celan’explique
pas toutes les différencespuisque
si laconsommation
a étéplus importante
dans lapremière expérience,
elle s’estaccompagnée
d’une crois-sance
également plus rapide.
En second
lieu,
si l’oncompare
les effetssignificatifs observés
dans les deuxexpé- riences,
on constate que les différences neportent
que sur l’effet deslipides
ou surleur interaction avec celui du
lactose.
Il est donclogique
de supposer, bien que lesexpériences
n’aient pas été faites en mêmetemps,
que ces différences sont dues à.la nature deslipides
durégime.
En absence delactose,
on sait que ces différencesexistent;
le saindoux et les
lipides d’origine
animalepermettent
une vitesse decroissance supé- rieure
à celle obtenue avec leslipides d’origine végétale,
leuréquilibre
en acides gras essentiels étantdifférent ;
deplus,
elles n’ont pas le mêmepouvoir glycoformateur (BE
DO
, ig62). Or,
le lactose diffèreégalement
des autresglucides
en cequi
concernecette fonction
(D!u!!.
etal., zg 33 )
et il a étéprouvé
que tous leslipides
nepermettent
pas la même tolérance envers le saccharose
(BE DO , rg62).
Iln’est
doncpas étonnant qu’il
y ait une interaction entre la nature deslipides
et lelactose,
non seulement dans le tauxminimum
nécessaire àl’utilisation
de ce sucre(S CH errT Z
etal., rg 37 ),
mais aussilorsque
le lactose et leslipides
sont tous deux engrandes quantités
dans lerégime.
En conclusion,
pourla souche
de Rat Wistar C. F.utilisée,
et enpériode
decroissance,
le taux maximum de lactosequi peut
être introduit dans lerégime
sansnuire,
ni à lacroissance,
ni à l’efficacité durégime,
ne doit pasdépasser
20p. 100; et dans ce cas, si l’on recherche une utilisation maximum delactose,
le taux delipides
doit se situer entre 3 et 8 p. 100. S’il est nécessaire d’introduire une forte teneur de
lactose
dans lerégime,
l’utilisation d’un taux élevé delipides
neprovoque
pas d’amé- lioration de lacroissance,
maispermet
d’améliorer l’efficacité durégime
enmasquant
une
partie
des effets défavorables du lactose.Ces conclusions ne sont valables que pour un
régime
à tauxprotidique
assezélevé,
et uneexpérience actuellement
en coursd’études
laissesupposer qu’il
n’en estplus
de même si le tauxprotéique
estbas.
Reçu
pourpublication
enjuillet
1967.SUMMARY
INFLUENCE OF LACTOSE ON GROWTH AND BODY COMPOSITION IN THE WHITE RAT II. - RELATION WITH THE ENERGY CONTENT OF THE DIET
Two
5 6 days long
factorialexperiments
were undertaken in order tostudy
the interactions between the effects of lactose and the effects oflipids
ongrowth
andbody composition
of the Whiterat.
In the first
experiment,
two lactose rates, viz. o and 30 per cent, were combined with three peanut oilplus
lardlipid
rates, viz. 1, 8 and 16 per cent.In the second
experiment,
three lactose rates, viz. o, r5and 30per cent, were combined with three peanut oil rates, r, 8 and r5per cent.Soups
of these diets weregiven daily
toappetite.
The
growth speed
of rats wassignificantly
slowed uponly
when diets with 30 per cent lactosewere
given.
The intakewidely
varieddepending
upon both lactose andlipid
rates. It decreasedwhen both lactose and
lipid
rates increased. However, the decrease due tolipid
rate wascomparati- vely
lower with diets with 30 per cent lactose than with diets without lactose. Moreover, the decrease issignificant only
with 16per
centlipid
rate. Ahigh
rate oflipids
reduced the occurence of diarrhoea.For a
given
lactose rate, energy intake remained constant whatever thelipid
rate.The
energetic consumption
indexsignificantly
increasedonly
with 30 per cent lactose diets, which shows that part of the lactose is not used, both because of a want ofhydrolysis (R IGGS
and BE AT Y
,
1947 )
and ofimportant
metabolic alterations(C ARBI N I
et al.,r 9 66 ;
LANDAU et al.,19S 8).
The introduction of
lipids
in the diet did notimprove
itsenergetic
utilization.Nitrogen
utiliza-tion reduced with 30 per cent lactose
diets ;
the introduction oflipids improved
it. However, theimprovement
seems to be less considerable in diets with lactose than in diets without lactose. Ener-getic
retention too was lower with lactose, because the amount of water in animalsgiven
withlactose is
higher
than in the controls, while theirlipid
rate is lower. We were led to this conclusionby
a
comparison
of the data atequal weights
afterlogarithmic
transformation andby
means of a cova-riance
analysis.
The differences inbody compositions
due to lactose in lower energy content diets nolonger
exist when the diet contains muchlipid.
Therefore,
whatever the diet, thelimiting
factor ofgrowth
and utilization of lactose seems to be the amount of thisglucide
in the diet. In the white Rat, an increase in thelipid
rate seems to haveno other consequence than hide the toxic effects of lactose, and the
improvement
inefficiency
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