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28 octobre 2019 à 15:44

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Notes

28 octobre 2019 à 15:44

New-York

Équipement : Valise :

·T-shirts x8

·Pantalon

·Sweat-shirt en velours

·Caleçons x10

·Paires de chaussettes noires et blanches x10

·Trousse de toilette minimum

·Lacet

·Tote-bags x2

·Sac plastique

·Écussons ParadeParadis x10 (légendaire)

·Pissette vide (peu commun)

Sac à dos :

Poche addiction :

·Kit de cigarettes (rare)

·Briquet Poche courante :

·Paire de lunettes de soleil

·Paquet de cartes à jouer Ricard (rare)

·Chargeurs d’Iphone x2

·Mini-adaptateurs secteur U.S.A. x2

·Maxi-adaptateur secteur U.S.A. (peu commun)

·Paire de gants noirs Coffre fort :

·Portefeuilles :

- Permis de conduire (rare) - Carte de crédit x2 (rare)

(5)

- Carte d’étudiant (peu commun)

- Carte vitale (rare) - 52,35 €

- 1,45 $

- Passeport (rare) Havre-sac :

·Carnet de note

·Stylo quatre couleurs Poche administrative :

·Billets de train x2 (peu commun)

·Formulaire ESTA (rare) Coffre à jeux :

·Ballons de baudruche x5

·Autocollants Stero Ander x20 (légendaire)

Équipé :

·Paire de Nike Janosky

·Paire de chaussettes blanches

·Pantalon noir : - Iphone 5S (rare) - Écouteurs

·T-shirt gris

·Sweat-shirt gris

·Veste kangourou noire :

- La Zone du Dehors, Alain Damasio (peu commun) - Carte de transport en commun (rare)

- Trousseau de clés (rare)

🌞

Tchou tchou, c’est le bruit qu’aurai fait le train jadis. Étrange. Un chantier, silencieux, apaisé, se tient au pied des rails suspendues.

Une flaque de fils de fer, des tuyaux, des câbles, une tour de tubes, des bonbonnes, des filets oranges, des barrières, de la terre sautant de tas en tas, des cratères de gravats, des empreintes de machine, toutes sortes de débris métalliques, une silhouette humaine…

Dans la rame, une symphonie de bruits polis, naïfs, inexorables. Une énergie qui se propage de wagons en wagons et gonfle la machine qui fend le quai horizon brumeux dans un souffle ravageur. En direction de Paris d’après la voie féminine du train, je patiente en m’adonnant à la lecture du livre,

en prenant le fil précisément où il avait été laissé par le marque-page. Un message provenant d’un numéro inconnu me met en garde contre une grève, j’espère que tout ira bien. Je range la carte de transport, inutilisable en dehors de la ville de Lyon, ainsi que le trousseau de clés dans le coffre- fort : je n’en aurai plus besoin durant les deux prochaines semaines passées sur cette immense pomme.

🌜

La nuit tombée, les rails se transforment en reflets, fils dorées fonçant dans l’obscu- rité. Il se rassemblent par brins, par fagots pour être finalement des milliers à constituer une harpe de laquelle les serpents glissent pour jouer des notes d’étincelles.

Arrivé au refuge où je retrouve Roméo et Emma.

🌞

(6)

On bouge faire la fête une dernière fois en France dans le onzième arrondisment.

On rentre avec un chauffeur privé.

🌞🌞

Le réveil est vaporeux.

On est rejoint par Mélanie dans le train, suivie de prés par Clélia, Mila et Anaëlle ( Sabine est aussi dans ce train ).

Malgré la grève nous rejoignons l’aéroport centre commercial. On y retrouve le reste de l’équipe après avoir passé les contrôles de sécurité.

Nous évitons le sundown en reculant

dans le temps à travers l’espace. La traversée de l’océan se déroule sans turbulence, excep- tée celle dans mon organisme après avoir ingéré trois Tramadols. Nous avons survolé la zone de fracture et les Bermudes réputées légendaires. Le vol est aussi une bonne occa- sion de se reposer en prévision de l’aventure à venir. Nous affronterons bientôt l’aéroport JFK dans l’espoir d’y retrouver Alexandru.

Nous prenons le train aérien en choisissant tous une lettre pour fêter son anniversaire : j’ai le Y.

TaxRefund

<\GatesPortesA37-A51 GatesPortesC80C91

ROAD WORK AHEAD

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Il a l’air ému par notre accueil.

🌜🌜

Métro direction Manhattan, Alex nous offre des cookies italiens en forme de citrouilles et de fantômes.

Demain nous débuterons notre programme gentiment par la visite d’une archive des tra- vaux d’Herb Lubalin puis nous ferons un crochet par le studio Sh-Hh de Braulio Amado. Le rythme va cependant s’intensifier avec des rencontres, le calage de notre jour- nal, des visites, des ateliers de sérigraphie et de letterpress, des fêtes, des surprises, pour finalement culminer par un workshop dans une galerie.

J’ai hâte de sortir dans un rue. Nous n’avons fréquenté que des non-lieux pour le moment : gare, stations, aéroport… Espaces dédiés aux flux, au mouvement des corps mais également des esprits par une abondance d’images et d’idées soigneusement mises en valeur, étiquetées et vendues. Je ne peux me libérer de la publicité, surtout pas dans une si grande ville, et finis même par m’y intéresser pour ses nombreux aspects graphiques et sociologiques.

Je souhaite cependant m’émanciper des files, des chemins et routes que l’on nous impose pour assurer la fluidité des mouvements.

J’ai besoin de ruptures, de contre-sens et de lazzis pour profiter de mon expérience le plus intensément possible.

La pomme sera-t-elle assez grande pour les vers de livre ?

La totalité des jeunes new-yorkais . es sont alignés autour de buildings dans l’espoir d’assister au concert de leur dernière idole.

Nous devons nous déplacer en marge de la queue, patienter, encore.

« It’s Halloween, don’t be conformist. » Sans doute l’affirmation la plus hypocrite de tout l’épileptique quartier de Time square.

« Have you already seen Joe’s Pizza in Spiderman ? »

Notre armée de valises a beaucoup de mal à passer inaperçue au pied des immeubles infinis, se perdant dans la brume de la cime des cieux.

INTERNET Arrow

(8)

Arrivé à Jersey City. Nous découvrons notre logement, le premier étage d’une mai- son au bord d’une grande route.

829 Secaucus Rd Jersey City, NJ 07307

L’appartement n’a pas de charme apparent, aucune chaleur à part celle que notre pré- sence enthousiaste lui insuffle. Les fleurs sont encore étiquetées. Une bataille s’engage pour les couchages, défi de taille, 4 pièces, 15 personnes.

J’esquive un débat auquel je ne souhaite pas prendre part pour sortir faire quelques courses et repérer les environs. Accompa- gné de Mila et Mélanie, nous nous rendons dans l’épicerie la plus proche que typique.

Des produits traditionnels américains, aucuns prix affichés et pas d’alcool vendu après 10h : il est 11h.

Muni du stuff à petit-déjeuné, nous nous ris- quons dans un bar proche pour y acheter des bières.

De retour au logement, ma valise avait été ouverte et les écussons répartis entre les membres de la Parade. Une cascade, un soleil, une grosse pomme et notre nom : Parade Paradis. Seize étoffes brodées.

On boit un verre et notre ange gar-

dien nous quitte pour rejoindre le firmament, nous le reverrons demain.

Le reste de la soirée est dédié à la prédication de notre avenir.

🌞🌞🌞

🌞🌞🌞

Réveil très tôt ( jetlag ? ), la maison est déjà effervescente : douche, pancakes, café. dans la rue, le balai des poids lourds, camions de livraison, 4x4, pickups et grosses berlines de luxe est en marche, produisant une musique prodigieusement assourdissante sous l’œil du drapeau étoilé chef d’orchestre.

Je découvre un passage secret dans la chambre des filles menant droit sur une court arrière abandonnée.

Une équipe s’est montée pour aller chercher des provisions. qui sait ce qu’elle trouvera ?

Weed&assKiller

13’-10

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Une femme sort du sous sol de la maison ac- compagnée d’un nouveau né dans une pous- sette. Elle rejoint sa voiture sans un mot et disparaît sous le pont.

Enzo accroche son écusson à la poche gauche de son jeans tandis que Roméo choisit la poche de son bleu de travail pour l’y coudre. Mathilde cout le sien à sa banane, Nicolas à son blouson noir, Emma sur sa veste en jeans.

En route pour l’école Cooper Union, nous montons dans le premier bus com- munautaire que nous croisons, mis en confiance par

son caractère si fantasque.

STOP

SPAOPEN CommunityLines

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Il y a une histoire derrière chaque porte, de la lumière au bout de chaque tunnel.

New-York est une ville orthonormée, ville grille, ville page, ville graphique.

Nous arrivons à Cooper Union, il y a un tournage, nous entrons par l’arrière de l’école et passons devant la régie.

On s’engouffre dans les entrailles de béton pour pénètrer l’Herb Lubalin Center.

Rencontre avec le curateur, Alexander, ancien étudiant en design graphique au sein de l’école.

Les archives abritent une collection de plus de 50.000 pièces concernant

le design graphique dans une logique d’accessibilisation de la culture graphique qui enlace elle même la culture en général.

Nous avons une discussion à propos de l’in- fluence du design sur la culture et vice versa, de l’utilisation de la typographie concep- tuelle contre la stylisation, de l’art d’Herb Lubalin, de l’impact de la norme sur le de- sign et de sa propension à en engendrer de nouvelles, notamment sous l’influence des grands studios de publicité. Cette pro- blématique rejoint d’ailleurs les question- nements de Lubalin : Comment faire de la publicité quand vous détestez faire acheter aux gens des choses dont ils n’ont pas besoin. Comment faire ressentir le temps qui passe pendant la lecture ? Comment jouer avec la censure ? Combien de temps libre voudriez-vous échanger contre du temps de libre expression ? Pourriez-vous aban- donner la sécurité au profit de l’amuse- ment ? L’avis d’Alexander est que le designer ne peut changer le monde mais peut avoir un effet dessus. Il nous présente le maga- zine Avant-Garde, l’une des parties les plus obscures de la culture américaine, dispo- nible sur eBay pour le prix d’un café New- yorkais. Choisissant de mettre un terme à sa carrière de publicitaire à succès, Luba- lin décide de publier la revue Éros, prouvant que son art est à propos de passer à autre chose. Le packaging d’une boîte de médica- ments suisse est l’occasion de se rappeler que le style Suisse n’est pas à proprement parler une style mais une façon de penser, une façon de communiquer efficacement.

Le programme de design de Karl Gesner est une histoire de contexte et de sensibilité.

L’étude de l’ancienne carte du réseau de métro local est l’occasion de se demander :

Qu’elle est la différence entre une œuvre de design graphique géniale et une ratée ?

SPIRITUALADVISOR

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Nous passons le reste de la séance à consulter les ouvrages de la collection concernant la typographie.

🌜🌜🌜

Je me fournie en équipement d’art ( élastiques, marqueurs… ) chez Blick, puis nous nous diri- geons vers la galerie Miguel Abreu en passant par Little Italy et Chinatown.

Là bas, un concert de violoncelle interprété par Alex Waterman, la suite solitaire No 2 en d mineur.

Roméo a recueilli un jeune chiot, il l’a nom- mé Corgito.

Lecture de More Heat Than Light de Sam Lewitt.

Nous allons dans un restaurant avec Mélanie, Anne-Florence, Roméo, Tiphaine, Anaëlle, Mathilde, Nicolas, Mila, Jeanne et Corgito en plein Chinatown. Nous peinons à retrou- ver notre chemin dans la débâcle nocturne sans notre ange gardien. Nous nous rabat- tons en désespoir de cause sur une passante qui nous accompagne jusqu’au métro où je prendrai ensuite le relais après un brief complètement confus. Nous retrouvons le reste de l’équipe sept stations plus loin et rentrons à Jersey City en bus.

En arrivant, une partie du groupe décide de faire un crochet par le bar repéré la veille, son énergie ainsi que son offre d’avoir

une pinte de bière pour seulement 2 $ nous a mis l’eau à la bouche. Malheureusement, nous ne possédons pas tous l’accréditation et seulement cinq d’entre nous ont accès aux précieux breuvages : Roméo, Mélanie, Tiphaine, Enzo et moi, tant pis pour Anaëlle et Mila. Le lieu est assez archétypal :

un long comptoir derrière lequel se trouve une armée de bouteille, des écrans de télé- vision allumés, des tireuses ainsi qu’une ri- bambelle d’objets plus chargés d’histoire les uns que les autres. Le reste de l’espace est occupé par une borne d’arcade, un juke- box analogique, un numérique, un beer-ball auquel nous ne résistons pas d’essayer ain- si qu’une salle de billard au fond, habitée par un groupe de redneck.

YOUAREHERE I<3MYMOM.&

11LINEPICAGOTHIC,CHARACTERS Nesbitt,1838.

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Nous rentrons après deux verres et je profite de l’énergie qu’il me reste pour confection- ner un masque avec mon écusson Parade Pa- radis, du ruban élastique et un kit de couture trouvé dans le salon.

🌞🌞🌞🌞

Aujourd’hui c’est Halloween, une parade est prévue dans le Greenwich Village, nous comptons bien y assister. Mais pour l’heure, nous dirigeons vers l’université de Colom- bia pour y retrouver Alex. La pluie ne s’est toujours pas arrêtée depuis notre arrivée mais ne parvient pas à toucher notre moral.

Nous pénétrons sur le campus de l’université après un trajet concis en métro. L’université de Colombia offre un vaste choix de cursus scolaires ( à des prix très élevés ) , une abon- dance de savoir qui transpire sur son im- mense infrastructure de briques rouges.

Nous rencontrons Nathan dans le Print- Shop : un atelier d’impression ouvert à cer- tains élèves, destiné à travailler avec des ar- tistes sur des projets très expérimentaux afin de soutenir financièrement les élèves.

Nathan nous présente une grande variété de travaux réalisés dans l’atelier : gravure, offset, sérigraphie, autres techniques plus artisanales…

Il nous propose ensuite deux cadres pour imprimer des formes en sérigra- phie. Nous nous armons de rhodoïds ain- si que de marqueurs Sharpies et partons en chasse de formes ( paréidoliques ) à tra- vers les étages de Colombia. Ma composi- tion s’étoffe au fil des étages que je monte avec une certaine avidité à l’égard du poten- tiel d’abstraction qu’ont toutes ces formes pourtant si autoritaires. Ma collecte

s’achève au 8ème étage et je rentre au Shop pour y découvrir un prodigieux amas de formes, par centaines, les signes dessinés s’enchevêtrent en deux compositions orga- niques. Nathan transforment les amalgames en cadres de sérigraphie et nous offre plu- sieurs dizaines de feuilles différentes, à quoi s’ajoutent des gants en plastique, des marque- pages innommables, des cartes à jouer, le T-shirt d’Enzo, mes ballons de baudruches, le bras d’Alex ; notre frénésie ne connait au- cune limite. Un yak se mêle au groupe tandis qu’Alex invente un dispositif de Para-diction.

Nous mêlons nos plumes pour remercier Nathan avec un mot et un poil de Yak. Je ré- cupère une rétrospectives des travaux des dix dernières années du Print-Shop.

Writting

YACK HAIR DEAR NATHAN, TODAY IS TODAY BUT, IT’S NOT THE DAY WE MET YOU AND YOU MET THE YACK.

THE YACK MET US ONE DAY DONT’T FEED THE YACK BUT THE YACK WILL FEED YOU LOVE FROM THE PARADE PARADIS

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Nous passons devant l’imposante bibliothèque de Colombia en partant et allons manger un bagel absolut.

Jeanne visite la cathédrale de l’Église Épiscopale de St John le Divin,

elle nous raconte ensuite son expérience.

Encore en construction, l’entrée est payante bien que les lieux de prières soient très réduits.

Il s’agit d’une coquille vidée de son mobilier habituel bien que toujours emplie de spiritualité.

Un banquet y sera donné pour son inaugura- tion dans quelques semaines.

Un tableau de Keith Haring trône en son cœur. Quelques vitraux ornent les murs tandis que les sculptures sont encore toutes emballées dans des caisses et du plastique. Un socle à donation est disposé au centre de la cathédrale.

À l’extérieur, la cathédrale bien qu’ornée dans un style généralement gothique s’avère d’une contemporaneité surprenante :

sur le frontispice, des scènes d’apocalypse décrivent un New-York en fumée, immeubles, Statue de la Liberté et ponts en chute.

Nous visitons la bibliothèque aux 27 livres mortuaires du jardin de la grande chimère.

Nous nous dirigeons maintenant en direction de Greenwich Village, les parades devraient se rencontrer aux alentours de 19h.

Bien que déjà légèrement accoutumés aux grands espaces New-yorkais, nous n’étions pas vraiment préparés à la sublime immensité que nous donne à ressentir le Parc Central. Nous y rencon- trerons une multitude d’espaces différents : des forêts luxuriantes, des plaines verdoyantes, des marais pourris, des lacs infinis, des allées de terre noire, des sous-bois, des pistes de course… Au détour d’un petit pont en bois il me semble l’entendre, l’écoulement sans fin de l’eau tant recherché, la cascade est là ! Je saute en elle et tout le monde me rejoint.

Tout est enfin là, la cascade et le paradis.

Ce qui n’était qu’une blague est finalement devenu réalité, cette fois-ci nous sommes bien obligé d’en prendre conscience.

Pourtant le succès n’est pas total, aucun signe ne confirme qu’il s’agit bien de la véritable cascade.

La faune du parc centrale est très diverse : chiens vêtus, rats-écureuils, chipmunks, canards, chevaux, loups alpha, champi-ballons…

L’un de ces derniers s’est pris d’affection pour moi et se joint à ma route pour un temps.

GUGG

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Nous zigzaguons jusqu’à ce qu’un rebond nous projette hors du parc au pied

d’un empilement de pot de fleurs plastiques.

Il parait qu’il s’agit d’un musée célèbre dans le monde, nous n’avons ni le temps ni les moyens d’y pénétrer. Abrités sous un pont, une performance musicale nous absorbe l’espace d’un instant, des cris aigus, des graves, des notes d’alto, aucune parole intelligible, des vibrations.

🌜🌜🌜🌜

Pressés par le temps, nous chutons aux pieds des plus hautes tours, bâtiments vaniteux flirtant avec les cieux. C’est pourtant sous la terre que se trouve notre salut.

Dans les intestins de la ville, se mêlent d’atroces souffleries

et de redoutables torsions de métal comme dans les entrailles du Cube de Cerclon I.

Ce sont les chairs qui se mêlent a la surface, le phénoménal attroupement converge vers la rue du défilé sous l’œil des policiers.

Aperçus, pendant la Parade d’Halloween :

— Anges du Paradis

— Aras lumineux

— Squelettes musiciens

— Papillons morts

— King-Kong étrange

— Dragon chenille

— Yokai

— Choses sauvages

— Vaudous

— Blaireaux géants

— Chats d’or

— Hommes lanternes

— Alien

— Morts mexicains

— Ptérodactyles zombifiés

— Policiers

— Le pandémonium

— Clowns tueurs

— Pirates

— Chercheurs d’or

— Mimes

— Freaks

— Sirènes

— Araignées

— Braqueurs de banque

— Animaux de la savane

— Super-héros

— Prêtres

— Politiciens

— Banquiers

— Hippies

— Écran de veille Dvd

— Etc

Toutes les créatures concevables se sont conviées à la procession, les corps se révèlent ou se dissimulent

(15)

à leur guise comme pour ré-affirmer leur véritable envie, leur vraie nature.

Il ne s’agit pour la plupart que d’apparence, d’une opportunité de s’intégrer, d’expérimenter, de s’amuser, d’amuser…

Mais certains y voient un moyen

de s’exprimer, de libérer le monstre en eux, voire de dénoncer ceux qui se cache parmi nous le reste de l’année.

Notre Parade danse sur la musique d’un guitariste dans le tunnel du métro tandis que j’écris ce mot.

Nous commençons à nous habituer à cet environnement. La fête se poursuivit à la maison ce soir-là.

Je débat avec Jeanne de l’usage d’un carnet de note papier à l’ère du téléphone portable intelligent.

S’agit-il d’une survivance

d’une énergie plastique et intellectuelle issue de l’idéal d’une certaine époque ? Ou est-ce que le carnet de croquis papier est-il la forme finale optimale de la prise de note ? J’ai opté sans le moindre doute pour mon téléphone, prolongement de mon propre corps.

🌞🌞🌞🌞🌞

Un œuf, un café, une cigarette

et nous partons pour l’imprimerie Linco, dans le Queens, où nous attend une presse rotative offset pour tirer notre journal du Paradis.

Chaque jour est une opportunité de changer de rôle quand on porte un masque.

L’imprimerie est située dans une zone industrielle en proche banlieue.

ACHEES666

LincoPrintingInc

DOORLATCHING

C20003

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Alex nous accueille au bord des larmes de joie. Nous traversons un formidable dédale de rotatives et presses en tous genres.

D’immenses tours papetières se dressent jusqu’au plafond de l’usine noire d’un mélange d’encre et de poussière, de denses plaques de métal protège le sol des vibrations.

Une innommable quantité de détails

s’imposent à moi où que je pose mon regard.

Nous trouvons Jason, notre imprimeur, après avoir traversé les lieux, il a déjà posé les plaques, remplit les encriers, installé la bobine de papier vert, mit en route la machin et tiré les premières épreuves.

Le papier s’échappe du ruban, passe dans la rotative qu’y dépose le contenu sur ses deux faces sous la formes d’un report d’encre extrêmement précis. Un jeu

de cylindres achemine cet infini ruban jusqu’à sa confluence en une cascade.

Point de convergence de nos aventures, elle se jette directement dans une plieuse qui la segmente et l’achemine via un tapis roulant jusqu’à la table d’assemblage des piles.

Les exemplaires sont ensuite emballottés par centaines avec du ruban plastique et empilés sur un chariot.

DONAL ERESUN PENDEJO SUMMARY-PACKAGES=1

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L’émotion est clairement lisible

sur nos visages, à la surprise de Jason, habitué à ce rituel. Outre l’activation de la Cascade de journal, c’est l’abou- tissement de nos déambulations que cristallise cet instant magique.

Les 1000 exemplaires fabriqués, Jason accepte de nous offrir le reste de bobine imprimée ainsi que les plaques utilisées. Ne pouvant tout emporter d’un coup, nous laissons les 3/4

des journaux sur place mais nous chargeons néanmoins avidement d’échantillons

de journaux produits sur place.

Nous partageons un repas dans un parc local en compagnie d’un charmant petit corgi avant de reprendre notre route.

Alex réalise un a-char dans un 99 cents and more store afin de transporter notre butin.

Nous découvrons les façades de bois, si spécifique aux demeures de Greenpoint et profitons d’un concert de synthétiseur dans un parc. Nous réalisons un crochet par la librairie Spoonbill and Sugartown afin de nous mettre en bouche, j’y fais l’acquisition de :

How to Live Safely in a Science Fictional Uni- verse, Charles Yu

Kolkata City of Print, Mara Züst

Sans perdre trop de temps, nous retrouvons les membres de l’équipe restés au parc, pour rejoindre le studio de Dexter Sinister.

Pour ce faire, nous devons nous engouffrer dans une cave accessible par un petit escalier dont l’entré se trouve dans le sol d’une rue.

L’endroit est minuscule mais très chaleureux.

David Reinfurt nous présente son travail dans ce studio, fondé en 2006, qui a la par- ticularité d’aborder l’édition avec un aspect performatif. Il a été invité en 2009 à participer à la Performa, un évènement d’art performatif local, le mettant dans une position particulièrement aty- pique en temps que designer graphique qui les conduisit à créer un journal éphémère et à l’installer dans la station Port Authority.

Auteurs, designer, photographes et illus- trateurs proches de l’entourage travaillent pendant trois semaines sur The First/Last Newspaper, imprimé chez Linco et distribué dans la rue. Ils se sont servis de grilles modèles sur huit colonnes fournis par Linco pour mettre en page les six numéros, de très grands formats pliés en quatre. Le dernier numéro comprenait l’empreinte du doigt d’un imprimeur suite à sa propre proposition, retenue pour conserver l’énergie de l’instant et du hasard. David apprécie le travail en col- lectif et nous invite à profiter le plus possible des moments que les membres de notre Parade partagent grâce au cadre de notre école.

TF/LN a été poursuivit dans le dix-neuvième numéro de leur revue Dot Dot Dot par une re-publication de la totalité du contenu en conservant les proportions du journal.

Bien que critiquée par les organisateurs de la Performa, l’expérience leur permis de constater les effets positifs paradoxaux du déplacement de leur édition, qui n’inté- ressait personne quand elle était distribué aux passants de Port Authority.

Ils ont vendu tous les exemplaires du numéro dix-neuf.

L’activité de Dexter Sinister est essentiellement concentrée sur la pratique du design

graphique mais également la vente de livres ainsi que de logiciels obsolètes ( O-R-G ).

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Il nous raconte des anecdotes sur des projets passés, nous parle de ses amis Will Holder et Alex Waterman, de son rapport

à la commande…

Cet entretien éveil l’angoisse du choix, le bon, le mauvais. Un dilemme auquel le designer est confronté en permanence dans son travail, qu’il s’agisse de choix intestins au projet ou bien en amont du choix des projets sur lesquels on décide de travailler. David a quand à lui fait le choix de suivre son idéal, de travailler avec ses amis, de convier des références érudites auxquelles il est sensible et d’intégrer sa pratique du design graphique dans le milieu artistique.

Ce choix le contraignit à adopter un mode de vie plus modeste que d’autre designer travaillant à d’avantage à leur profit.

🌜🌜🌜🌜🌜

La prochaine étape de notre voyage

est la librairie Printed Matters, située à l’Ouest de Manhattan. Nous allons assister au lance- ment du livre de Woody Leslie, Understanding Molecular Typography écrit par H. F. Henderson.

Un regard moderne sur un ouvrage disparu, ramené a la vie par la maison d’édition Uggly Duckling Press. Le postulat du livre est que les lettres sont composé de Typtoms, les particules de formes. Il s’agit d’une amusante approche du dessin de caractère typographique par analogie à la chimie organique,

en reprenant les notations, le vocabulaire, les architectures et les forces atomiques d’un point de vue scientifique. La conférence soulève beaucoup de questions et éveille ma curiosité sur un sujet que j’affectionne d’un point de vue que j’apprécie d’avantage.

La conférence se tient au fond de l’espace le plus incroyable de la ville : le Paradis.

L’antenne terrienne de la Bibliothèque Noire, le stock des meilleures livres concevables par un esprit. Prendre conscience du lieu dans lequel je suis me fait ressentir un vertige.

Je repense au Spector Book que je me suis procuré précédemment, soleil d’un petit sys- tème, et me sens ridicule en comparaison avec cette immense galaxie.

Les mots me manquent pour décrire l’extase que je ressent après avoir trouvé le lieu que je préfère au monde, effet que mon corps traduit par une incroyable excitation, suivie d’un blocage total. J’hésite d’abord à consulter, ne sachant pas par où commencer je débute humblement et fait confiance à mon œil.

Je ne peux me décider à acheter, sinon à en acheter la totalité. Un employer me sort de ma torpeur en me poussant vers la sortie à l’horaire de fermeture. Je reviendrai.

Sur le chemin du retour à la maison

nous trouvons un nouveau char dans un tas d’ordures : un jumbo super shopping kart, de seconde main, certes, mais bien assez solide pour nous accompagner dans notre tournée.

Artwork in Bookform

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La maison mère de tous les vendeurs de hot-dog de la ville est située non-loin de là, prés de la rivière Hudson.

Des montagnes de charbons, de saucisses et de sodas emplissent la bête.

Les gravirons nous un jour ?

De retour à Jersey City, je me dévoue pour faire partie de l’équipe des courses, curieux de découvrir pour la première fois un supermarché. La réalité est assez conforme à l’image mentale que je m’en faisait : une sur-abondance de produits qui se concurrencent les uns les autres par visuels colorés et formules

accrocheuses interposées.

🌞🌞🌞🌞🌞🌞

Le réveil sonne très tôt, débute une longue lutte entre nos corps et le froid incisif, vers Ugly Duckling Press à Brooklyn.

Nous nous élevons sur les restes d’une voix ferrée aérienne pour nous frotter d’avantage aux massifs blocs architecturaux. La Highline offre à notre parade une certaine hauteur.

L’ancienne route de la viande se poursuit au delà de l’historique Meatpacking

District, enveloppée d’une végétation luxuriante.

Par la fenêtre d’une galerie, un inquiétant androïde aux allures d’obscur BigBird semble décrocher de son programme informatique automatisé pour me dévisager, je presse le pas.

Une bouche d’aération est l’occasion pour Alex de réaliser un enfumage, cette fois ci de l’exemplaire offert la veille de Dot Dot Dot.

Notre aérien périple touche à sa fin, il est temps de redescendre sur terre. Nous cueillons des fleurs sauvages américaines

sur un stand du Greenwich Village, plairont- elles à nos hôtes ?

On fait une halte dans la boulangerie iconique Magnolia, l’occasion de faire le plein de café.

À l’approche de Soho, nous retombons sur nos pas de la parade d’Halloween.

Un instant d’inattention et nous perdons le groupe dans la station de métro Canal St.

avec Anne-Florence et Clélia. Nous les re- trouvons, tout à fait sereins, plusieurs minutes plus tard, au terme d’une déambulation effrénée dans les couloirs du labyrinthe.

J’ai vu Emilie dans une citrouille brooklynoise.

Nous arrivons au pied d’une ancienne usine de canettes reconvertie en ateliers partagés entre des artistes, designer, musiciens, artisans…

C’est ici qu’on trouve le quartier général

FACTORY232

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d’Ugly Duckling Press. Nous sommes accueillis par Matvei Yankelevitch dans cette maison d’édition crée par un groupe d’amis à la fin du XX° siècle. Elle a été lancée par la publi- cation d’un magazine distribué lors de fêtes qu’ils organisèrent. Matvei nous narre la genèse d’UDP, spécialisée dans l’édition de poésie et d’objets performatifs. ils traduisent

également un grand nombre de textes encore jamais diffusés en anglais. Le nom de la maison provient d’un magazine antérieur, choisit provisoirement, il s’est pérennisé par la connivence qu’il induisait avec la ligne éditoriale, le Vilain Petit Canard est une mé- taphore de l’artiste lui même. De nombreux ouvrages nous sont présentés. L’atelier est envahit de cartons de livre jusqu’au plafond, sur lesquels, seuls les titres figurent. Étonnant amoncellement de mots, d’idée et de concept poétiques qui s’y ré-agencent. Bien que situé au deuxième étage ( le troisième américain ), l’atelier est équipé d’une presse typographique automatique Heidelberg en parfait état et dé- borde de casses typographiques en plomb et en bois. Nous aidons collectivement à la fina- lisation du façonnage d’un ouvrage.

Certains rainent, d’autres plient ou emballent dans des pochettes cristal. Nous nous concertons

sur les mots/phrases que nous voulons compo- ser avec les caractères amovibles. Je participe à une première composition collective : une grosse pomme en corps 120 de laquelle sort un petit book-worm italique en corps 30.

Quelques tirages oranges fluos plus tard, une nouvelle composition est installée sur la presse. Il s’agit d’un amalgame

de références à des œuvres ou des temps forts de nos aventures. Elle fonctionne bien donc nous commençons à nous repartir les taches pour l’épreuver, pour l’éprouver.

Deux personnes encrent les rouleaux, les passent aux deux autres qui encrent la composition, une personne pose le journal vierge, une autre passe le paquet de contre- frappe, une personne sur-paquette Corgito, une autre actionne la presse, une personne fait passer la feuille imprimée à une autre équipe qui ajoute des tampons manuellement tandis qu’une personne se charge de la co- ordination et du coaching. Les premiers passages nous permettent de trouver notre synergie. Les mouvements sont de plus en plus célères, tantôt mécaniques, tantôt musicaux. Nous nous transformons plus en Humandelberg à chaque tirage.

Nous formons un tourbillon à travers lequel s’imprime le monde. La chorégraphie va bon train sans jamais cesser, certains danseurs se relaient, d’autres se convertissent, comme dans une usine. Rien ne pourrait interrompre notre course folle.

Jamais notre groupe, pourtant si soudé, n’avais connu un telle coercition auparavant.

Laissant mon tour d’encrage pour prendre une pause cigarette sur l’escalier

de secours, je ne peux m’empêcher de contempler cette performimpression avec tendresse. Je repense au labeur

des imprimeurs dans le temps, atteignaient- ils cette complicité avec leur collègues ?

ClassVisitKit

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Merci Gutenberg pour ce moment. Matvei, visiblement amusé par notre enthousiasme, nous laisse tiré le nombre d’exemplaires de notre choix, nous imprimerons donc la totalité de notre stock, et plus encore.

Malheureusement notre chaine devait implacablement finir par céder sur un maillon : Alex s’est fait prendre le doigt dans la presse et à défaut dans sortir imprimé,

il en sort aplati.

Cet accident du travail refroidi notre ardeur mais nous achevons quand même

notre labeur. Le travail finit, nous nettoyons et rangeons l’atelier dans la même énergie.

Parti ranger une casse rebelle avec Emma, je me retourne et découvre avec surprise que Matvei a préparé un drinks pour fêter la fin de notre atelier : des bières, du vin rouge, blanc et même du champagne nous attendent.

Nous trinquons et discutons avec notre hôte jusqu’à la nuit tombée, le moment de la sé- paration approche, nous lui offrons des jour- naux tandis que lui, nous ayant déjà tant donné, nous offre des exemplaires de livres publiés chez UDP. Les adieux ne sont que des au-revoirs et nous reprenons notre route, chargés d’un carton plein de journaux.

🌜🌜🌜🌜🌜🌜

La Parade est légèrement enivrée par l’alcool mais surtout galvanisée par l’expérience, l’ambiance est particulièrement joviale sur la route. Tout le monde danse, chante, chahute, blague, rigole…

Je m’arrête à Dos Toros en chemin pour m’acheter un burrito végétarien.

*Predicttheunforeseen

Lanternes

NamSon

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Aux frontières de Brooklyn, nous marquons une courte pause le temps d’apprécier la vue depuis le panorama. La ville se repend des quais à perte de vue, avec l’organicité d’un blob. Les voluptés lumineuses m’évoquent la machine à rêve. Nous apercevons la plus grande lectrice du pays au loin, guidant les hommes libres de sa torche.

Nous controns le furvent du pont

de Brooklyn pour atterrir dans Chinatown.

Affamée, la horde de marquer une halte dans un restaurant chinois. Arrivés in- extremis avant que les cuisines ne ferment, Alex nous fait découvrir des bouchées vapeur sucrées exquises. Les portions sont énormes mais les plats repartent tous vides.

L’animation principale de la soirée va enfin pouvoir débuter, en haut des marches d’une petite porte douteuse donnant sur une rue passante. Notre technique pour infiltrer Anaëlle, mineure dans ce pays, fonctionne à merveille et tout le monde parvient à pénétrer dans le karaoké.

La petite salle est bondée et assourdissante.

Des écrans suspendus aux murs diffusent les paroles des chansons tandis que deux microphones tournent dans la salle anar- chiquement. Le temps de nous servir

un verre et nous voila tous dévêtus à chanter dans un anglais qui trahit immédiatement nos origines. Les éclairages tamisés, les vitres teintées ainsi que le cosmopolitisme

de la clientèle contribuent à faire de ce lieu un hétérotopie hors du temps et de l’espace de la ville. Seuls les rares moments où nous empruntons les escaliers pour fumer une cigarette nous connectent encore à la réalité. Je ne connais pas toutes les chansons mais tente tant bien que mal de maintenir une énergie constante, enhardi par l’énergie que met Alex dans sa performance,

particulièrement quand un micro lui est mis dans les mains. Je paye un dollar pour diffu- ser une chanson de mon choix, la préférée du barman d’après ses dires, et n’ose plus en sortir de peur de la rater. La chanson de Rihana que Clélia a commandée vient d’être diffusée. Alex nous quitte après une collective interprétation de Bohemian Rhapsody. Clint Eastwood

est enfin diffusée, on me met le micro dans les mains, privilège du commanditaire, l’occasion pour moi de massacrer cette chanson de Gorillaz. Un peu ivres, avec Roméo,

nous interprétons la totalité d’une chanson en ne prononçant que le mot “Corgito”

en hommage à notre mascotte. Le groupe se sépare dans la nuit et je décide de rester

Playingsong LALAAHAH LALAAHAH STRUMMINGMYPAIN YESHEWAS SINGINGMYLIFE

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pour tenir compagnie au verre de rhum que je viens de commander. Nous poussons la débauche jusqu’à la fermeture du karaoké et débutons ce qui me sembla être le plus long trajet retour jamais effectué. Hésitant avec un chauffeur privé, nous nous risquons à prendre le métro. Fatigue et alcool se sont emparés de nous, sur les quais de W. 4 St, je commence à m’endormir sur le tas que forme nos corps. Nous arrivons à Port Autho- rity après ce qui me semble être une éternité et n’attendons que peu de temps avant de trouver un pilote. Je monté dans la berline et me réveille à la maison, je fonce dans mon lit sans même me réveiller.

🌞🌞🌞🌞🌞🌞🌞

Mon sommeil est tellement profond que je me réveille en 2001 d’après le calendrier de mon téléphone portable. Le temps de corriger la date me met en retard pour notre rendez-vous à la Fondation Emily Harvey. J’y fait la connaissance de Christian, Alice sera présente demain.

Nous débutons la journée par un atelier collectif de confection de bagel,

dans une organisation tayloriste dont nous avons le secret.

Le repas terminé, nous avons droit à une présentation de la galerie : Le leader du mouvement Fluxus, Georges Maciunas, a eu l’idée d’acheter collectivement des bâtiments dans des zones commerciales dès la fin des 70’s pour y bâtir des communautés d’artistes en résidence.

Bien qu’illégal à l’époque, son action permet- tra de faire réviser les lois de l’urbanisme pour permettre à son idée de voir le jour.

Le loft d’EHF était son propre lieu de vie et de travail. Il a était sauvé de plusieurs contrats mafieux bien qu’il ai passé six mois à l’hôpital après une attaque dans ces lieux, le forçant à s’enfuir de la ville. Il vend les lieux à Jean Dupuis en partant, cet artiste français en fera la Mecque

de la performance : l’Œilleton. Il avait nommé sa pratique le Collective Art Performance, des polyphonies courtes de plusieurs artistes en simultané. Des traces de ce travail sont présentes dans le livre rare Collective Consciouness. En 1982, Jean confie

à Christian qu’il souhaite mettre un terme à ses performance au profit d’une production objectivée. Le studio Œilleton devient la galerie Œilleton. Tous deux curent une dizaine d’ex- positions financées par Emily Harvey.

New-York était un petit monde d’artistes Fluxus, de performeurs, de poètes, de mail- artistes et concept-artistes. Les usual suspects étaient Nam Jun Paik, Alison Knowles, Simone Fortier… Diagnostiqué d’un cancer, Maciunas créa le Flux Wedding dans ce lieu, sa dernière performance, consistant à échan- ger la robe contre le smoking avec sa femme lors de leur mariage dans la galerie.

Emily Harvey a maintenu la galerie de 1984 à 2004, vingt années à prôner une totale parité des genres entre les artistes qu’elle représentait. son esprit a survécu dans le programme contemporain de résidence

537

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dans la galerie vénitienne. Dick Higgins, un ancien camarade de John Cage… a monté la maison d’édition Something Else Press sous le contrôle de Maciunas. Il souhaite une presse cheval de Troie, design, production et matériaux de qualité au service

d’une contenu radical et avant-gardiste pour pénétrer de larges circuits de diffusion.

En cela, il diffère de l’idéal artisanal de Maciunas. Pendant 10 ans, il publie une soixantaine de livres qui mettent en avant un grande variété d’artistes et diffuse largement des idées. Il contrôle aussi des séries plus légères de newsletters qui annonçaient les livres à paraître mais amorçaient aussi des réflexion sur l’art de l’époque. Il republie des écrits historiques oubliés de Gertrude Stein, encore méconnue aux États-Unis. Il définit le concept, en 1965-66, d’Intermedia : positionner l’art de l’époque comme un plateau pluridisciplinaire.

Le manifesto est publié dans sa première newsletter. Il publie aussi des éditions d’art pour Duchamps, Filliou, Giorno. Il était marié avec Alison Knowles, qui réalise toutes les sérigraphies de la presse. SEP possède une autre antenne dans une galerie New- yorkaise, des expositions y présentent de la poésie concrète dans cette Something Else Gallery. Christian avait saisis, des 1985, l’importance de la presse et rassemble la plus importante collection de ces publications, réunissant une prodigieuse quantité de livres, flyers, ephemeras… le projet est aujourd’hui de réactiver ces objets dans des micro-expositions.

Christian nous montre des documents d’ar- chive de SEP :

Paper Snake, Ray Johnson

— Photo de Higgins, Kapprow, Cage, Brecht et sa classe à NewSchool

— …

La présentation s’achève, nous débutons le workshop par vider l’espace, sortir la somme des objets que nous avons glanés et fabriqués et étudier notre plan d’action.

Il s’agit de préparer les actions à faire, la spatialisation, la narration autour de notre projet, le rapport à notre public, à la temporalité… après un débat animé nous concluons qu’il est préférable de se séparer en fonction de nos envies pour le moment. Mon instinct me guide d’entrée vers une dimension performative, tout du moins un rapport au corps,

que nous avons tant mis en mouvement pour en arriver dans ce lieu où l’histoire de l’art s’est écrit. Je souhaite utiliser l’eau, fluide vitale, comme outils et envisage

un support absorbant, à l’instar de ce bâtiment, pour boire un flux d’écriture perpétuel.

Une discussion avec Alex fait ressortir la prégnance du concept d’absorption au regard de nos aventures, de notre posi- tionnement ainsi que de l’espace dans lequel nous sommes. L’histoire de la Parade Paradis s’est chargée de l’énergie des événements qu’elle a rencontrés, comme pour la galerie.

Comme pour cette dernière, elle est elle- même absorbée par ce monde plus vaste dans lequel elle évolue et avance, se permet- tant des écarts de vitesse ou de direction.

Alex me conseille un essai de Charles Bernstein intitulé Artifice of Absorption, traitant de la capacité que la littérature et la poésie ont à absorber le lecteur dans un univers second et parallèle.

C’est un phénomène avec lequel je suis déjà familier, partagé entre la réalité et le monde de Captp, décrit par Alain Damasio dans son roman dystopique. J’effectue en effet depuis quelques jours un nombre croissant de voyages, faisant fi de mon environnement, aussi sollicitant soit il pour le corps ou l’esprit,

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vers ce monde que je sais arriver bientôt à son terme. Je consacre alors le reste de la journée à me plonger dans la réflexion autour de ces théories. Je prend des notes sur un de nos journaux avec un marqueur Sharpie et constate la puissance de son odeur.

Je me heurte de plus en plus à la difficulté d’articuler une pensée claire et intelligible concernant les frottements entre l’absorption et notre histoire. Je ressent des douleurs oph- talmiques de plus en plus virulentes au fur et à mesure que je recompose le puzzle de notre destin. Bientôt, la frustration de ne pouvoir me concentrer laisse place à la colère, de courte durée au profit de vertiges et d’une nausée. Je n’arrive plus à réfléchir mais m’obstine quand même à noircir ce papier avec ce marqueur nauséabond.

David nous raconte l’histoire de l’ancien atelier d’Eva Hesse, trouvé par hasard sur Craig’s List, dans lequel il travailla six années avant d’en être expulsé. Il publia un livre rétros- pectif de cette expérience et nous confie qu’en démontant le parquet, il se rendirent compte qu’il avait absorbé toutes sortes d’objets pendant prés de cent cinquante ans.

🌜🌜🌜🌜🌜🌜🌜

Ma torpeur atteint son climax alors que le reste de l’équipe, parti patrouiller dans le quartier pour la journée, rentre à la galerie, les bras chargés de matières telles que des photocopies ou encore des citrouilles. Je m’écroule sur le sol, le feutre à la main. Je suis plongé

dans une obscurité absolue pour un temps, avant qu’une main de diodes rouges ne s’impose à moi.

20.

Un compteur digital lui tient compagnie.

19.

Je crois que je viens de mourir.

18.

Je ne suis pas parvenu à accomplir quoi que ce soit.

17.

Ce constat me plonge dans un profond désarroi.

16.

J’ai n’ai pas pu saisir l’opportunité

qui m’était offerte d’accomplir quelque chose de beau dans ce lieu si particulier.

15.

Serai-je incapable d’apporter ma pierre à l’édifice ?

14.

Les autres s’en sortiront sans moi, j’en suis certain.

13.

Peut être est-ce une bonne chose finalement ? 12.

J’aurai au moins réussi là où Georges a échouer.

11.

J’ai du mal à admettre que je me suis moi- même empoisonné avec les vapeurs de mon marqueur.

10.

Comment est-on sensé produire une œuvre d’art ?

9. Je crois qu’on vient de couvrir mon corps avec le journal sur lequel j’ai écrit

mes derniers mots.

8. Je meurs très mal cette situation.

7. Me suis-je montré trop ambitieux ou présomptueux ?

6. Je me suis pourtant investi avec sincérité.

5.

(26)

J’ai l’impression que quelqu’un vient de me faire absorber un comprimé.

4. Je suis allé trop loin pour faire marche arrière et tout abandonner.

3. Ce n’est pas l’idéal auquel j’aspirais.

2. Il me semble qu’une silhouette blanche se dessine à l’horizon.

1. Je tente ma chance, tant pis si ça ne marche pas.

Je reviens à la vie, sur ce plancher usé par les pas des artistes si prestigieux qui m’ont précédé, alors que tous le monde s’apprêtait à partir. J’ai décidé de poursuivre l’aventure à leur coté, peu importe ce qu’il m’en coûtera, ça en vaut vraiment la peine, je mettrai mes angoisses de coté. Je dois aussi me débarrasser de ce marqueur toxique.

Je me met volontairement en retrait sur le chemin du retour, le temps de recouvrer mon esprit et de me remettre de mes émotions.

Je vais me chercher un Mcdo en rentrant, histoire de me réconforter. Demain m’attend.

🌞🌞🌞🌞🌞🌞🌞🌞

Nous prenons la route de la galerie, chargés de mets savoureux. Certains sont partis chercher le reste de nos journaux chez Linco, d’autres sont partis à la librairie du MoMa PS1. J’ai pris ma pissette d’eau et un plaid volé dans l’avion pour pratiquer l’aquavandalisme.

Nous retrouvons EHF telle que nous l’avions laissée la veille. J’étends mon textile

sur le parquet, y déplie un journal

et commence à tracer des lettres aqueuses.

Le papier absorbe les mots qui disparaissent petit à petit pour ne laisser qu’un léger gon- dolement, trace évanescente de leur passage, métaphore du lieu dans lequel je me trouve.

Alex nous amène des documents de la confrérie des 3 oiseaux : un groupuscule secret d’artistes.

L’Innommable ballon fait son apparition.

Qui est-il ? Quels sont ses désirs ?

Je me charge de la réalisation d’une partie de notre banquet de ce midi. Je casse 36 œufs, ajoute sel, poivre, paprika et, aidé de Clélia, nous envoyons une petite dizaine d’omelettes pour nourrir la troupe. J’aurai aimé pouvoir en cuisiner une pour Georges.

InnomableBallon

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Tous les ouvrages glanés depuis notre arrivée ont été réunis sur la terrasse de la bâche villa trouvée la veille par Emma et Sabine.

Nous les consultons collectivement en attendant la présentation d’Alice.

Le projecteur branché, les chaises installées, la conférence peut débuter. La vidéo est un montage fluxus d’extraits tournés

dans le quartier. Le tracé de la déambulation est perdu mais certains îlots sont encore reconnaissables dans un Soho transfiguré.

Nous partons en randonné sur les traces de fluxus en débutant par Canal St, une rue historiquement dédiée à la production d’ob- jets imprimés, artisanaux, manufacturés…

Alice nous confie une légende : lors

d’une fête de nouvel an, des artistes auraient profité d’une arche présente, à ce moment dans un mur, pour sceller une quarantaine d’œuvres d’art, faisant de ce mur une capsule temporelle qui ne sera ouverte que le jour où la galerie devra fermer.

Début de la parade sur Broadway St, virage sur Canal St. Tiphaine tourne une publicité pour des bonbons dans la rue. Une commer- çante n’apprécie pas vraiment l’aquavandalisme devant sa boutique.

Nous passons devant la poste des mail-artistes, puis le premier bâtiment de Maciunas,

on tourne sur W. Broadway, on passe au pied d’une second bâtiment de Maciunas, à côté de l’ancien Flux-bar, on prend ensuite Broome St, virage sur Wooster St, un troisième bâtiment se tiendrait peut être en lieu et place de l’actuel vrai vrai, faux faux ? L’équipe se jette dans une benne à ordure pour en excaver les trésors, sous le regard médusé

de ses propriétaires, amusé des passants.

Virage à droite sur Spring St, puis sur Mercer St. pour prendre l’entrée arrière de l’immeuble d’EHF. Nous découvrons les archives aux sous-sol. Alice s’y rendait tous les jours à son arrivée pour numériser le contenu. Elle nous montre des images

32GOODVIBE

MAILDROP OTHERMAILWITHMETERSTRIPS PRIORITYMAIL LETTERSWITHMETERSTRIPS OTHERMAILWITHSTAMPS LETTERSWITHSTAMPS

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du bâtiment à l’achat en février 1975.

À cette époque, il ressemblait plus

à une ruine qu’à autre chose. Il a déjà servi de cirque, d’usine de chaussures et connu un incendie par le passé.

Alice nous présente quelques objets tel qu’un livre de haricots, Elle ouvre une boîte de citation de Haricots intitulée Direct From the Garden, écrit par Alison. Ou encore un leporello de photos mouvement produit par Jan Hendrikes. J’ai l’impression d’avoir pénétré le coffre-fort du Fluxus.

🌜🌜🌜🌜🌜🌜🌜🌜

Nathan nous rejoint à la galerie, chargé de nos tirages sérigraphiques. Nous les étalons sur le sol de la galerie pour prendre du recul sur les formes que nous avons produites.

Il est grand temps d’envisager les enjeux de notre exposition. Nous sommes sur le point d’accueillir des visiteurs à entrer dans la parade, il s’agit d’identifier les enjeux de ce moment. Les débats sont animés et confus à leur débuts. Comment restituer nos aventures ? Nous souhaitons concevoir un dispositif dans lequel nous pouvons activer, lire, rencontrer, converser, danser, voyager, produire, partager avec un public. La Parade Paradis est une voiture, un train, un avion, une fusée, une comète dans laquelle embarque artistes, designers, poètes, publicateurs, ano- nymes passant là. Le météore laisse derrière

pico-9SICOF20,3x25,4cm.

HANUMAN BOOKO

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lui une traînée de formes, de sens, de gestes et de pensées qui lient le passé avec l’avenir de l’art. Le moyen le plus efficace et pertinent de permettre à l’autre d’embarquer

dans la parade est donc de reprendre notre processus de travail initial : identifier les évènements clés de notre voyage pour les restituer à travers des dispositifs éditoriaux ouverts au jeu, au subjectif, à la sensibilité de chacun. Nous nous mettons d’accord sur la nécessité de trouver des formes de récit polymorphes et protéiforme, créant non pas une mais des formes de navigation dans l’histoire.

Lien avec les générations de Tino Sehgal : des figurants dans un espace, un enfant qui vous prend par la main, vous pose des questions, puis vous envoie parler à une autre personne et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une histoire s’écrive.

Nous dressons la liste des événements que nous avons vécu depuis notre arrivée.

Ayant du mal à discerner un moment particulièrement cher à mes yeux,

je décide de me concentrer sur les raisons de notre présence ici, sur le collectif, sa genèse, son ambition, ses engagements.

Nous avons besoin d’une personne pour accueillir les visiteurs et introduire le roman graphico-performatif qui

se tient dans ce lieu, je pourrais m’acquitter de cette tache. Ce serai également pour moi l’occasion d’opérer une lecture du premier roman, en guise d’ouverture, dont la rédaction m’a tant épanouis.

Nous partons avec le sentiment d’être enfin parvenu à mettre de l’ordre dans nos idées, d’avoir construit le cadre

du chaos qui se prépare. Affamés par nos ré- flexions, nous rêvons d’un hot-dog traditionnel.

Le vendeur ambulant a certainement dû se frotter les mains en voyant débouler notre cortège au pied de son échoppe roulante.

J’imagine une déambulation qui consisterai à marcher dans la ville, à s’arrêter à chaque stand de hot-dog pour y manger un fameux sandwich, et ceux jusqu’à ce que la balance entre le taux de calorie consommées et élimi- nées par l’effort du mouvement s’équilibrent.

Notre appétit grand ouvert, nous nous pressons jusqu’à la maison pour partager un repas bien mérite. Nous profitons de la soirée pour éclaircir nos envies concernant nos choix de projet et débutons à préparer des visuels pour la session d’impression de demain. Le duplicopieur, nous attend chez UDP, prêt à produire toutes sortes d’objets en vue de supporter nos récits et de garnir notre journal.

Je viens de finir de lire mon livre et j’éprouve des difficultés à revenir de ce voyage.

Je prolonge l’expérience par le saut immédiat dans un autre monde de fiction.

Tour le monde s’active, dans le salon, à la préparation des impressions riso pour le lendemain, jusqu’à épuisement total.

Je crois que les canalisations de la baignoire sont bouchées. Logique quand on tiens compte du nombre de personnes aux cheveux longs qui se la partagent.

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AL-IMAN

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Bonne humeur sur la route pour Other Means.

Nous sommes reçus au studio par Ryan,

Gary, Phill & Lara. Une flaque d’objets de leur facture nous attend sur l’îlot central. Partagés entre des supports numériques ( 40% ) et im- primés ( 60% ) , les projets de Other Means sont essentiellement concentrés sur les intérêts de leurs acteurs, à savoir la typographie et le langage. ils nous présentent un livre conçu avec des étudiants de l’Ecal, en workshop à New-York, il consiste en une collection de formes typographiques et expérience langagières glanées lors de balades. Imprimé, très rapidement, dans une imprimerie

spécialisée dans les menus de restaurant, afin de pouvoir être présenté à la foire du livre de New-York.

Nous discutons à propos de leur travaux et de leur positionnement, de la décontex- tualisation des signes dans la construction d’un récit. Puis nous présentons notre projet, notre histoire et notre angle de vue. ils ont réalisé un journal pour le Gutt institut, imprimé à Linco. Les journaux papier ne disparaîtront donc pas tant que des designers les feront survivre.

Le nom du studio a été volé à un autre graphiste, qui avait évoqué la Fondation Other Means, au dos d’un livre

sur Buckminster Fuller.

Nous nous reverrons à Lyon au printemps pour un workshop mais reverront

nous leurs chiens ?

Je me prépare une énorme lunchbox composée de chaque plats emblématiques au Wholefood.

SCHOOL

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Nous allons nous séparer pour le reste de la journée en différents groupes, selon nos projets respectifs.

Je part dans l’équipe qui se rend chez UDP : Alex a convaincu Matvei d’acheter une riso pour 400 $ afin que la Parade comme la presse puisse en bénéficier.

Nous fabriquons les supports de nos récits avenir en reproduisant photos, dessins, compositions typographiques que chacun

à préparé : une petite vingtaine d’objets.

Pour les besoins de l’accueil des visiteurs, je réalise les cartels en coulant le texte qu’Alex a produit pour les invitations : une note de nos intentions accompagnée d’un bref poème sur l’écart entre les numé- rations des étages entre les USA et la France.

J’illustre le verso avec la représentation de 16 corps, à partir du pictogramme des feux de circulation piétons, dans un mouvement collectif vers une pomme lévitant.

La première version reprenait une illustration que j’avais précédemment produite pour l’innommable radio : le dispositif de poésie ambulante ; substituant l’habituelle carotte, vers laquelle on avance, par une feuille vierge qui ne demande qu’a être noircie.

Mais la posture profilée des corps,

combinée à la ressemblance du tube porteur de carotte par Alex, évoquait une représenta- tion hiéroglyphique d’une procession d’esclaves. Je rectifie l’image puis la duplique.

Nous apportons également notre aide à Matvei, accompagnés de bénévoles d’UDP, pour assembler un ouvrage de Jean Jonas.

Il s’agit de prendre dans le bonne ordre, une feuille sur chacun des 6 tas, en mettant de coté les feuilles maculées ou abîmées par la coupe, puis de les emballée dans une pochette cristal avec une petite étiquette colophon. Les pages ont été imprimés à l’atelier sur la presse automatique.

Les 4 premières pages sont des dessins cosmiques imprimés sur un calque,

les deux dernières sur un papier noir épais, d’une douceur que je n’avais encore jamais expérimentée. Biens organisés, nous assem- blons environs 400 exemplaires d’une série qui en compte 600.

Matvei nous offre une traduction de poèmes

2182539798

LITEBRITE NEON

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de Rimbaud produit par la presse pour nous remercier de notre aide.

Nous lui laissons un exemplaire de chacun des objets que nous avons imprimé et le réinvitons à venir voir l’exposition le lendemain avant de partir.

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Les autres sont encore à la galerie quand nous partons d’UDP, nous décidons par conséquent de céder à notre pulsion de boire une bière et marquons une halte dans le meilleur restaurant de barbecue de Brooklyn en 2017 : le Dinausaur Bar-B-Que.

Bon graphiste que je suis, je choisit de boire de l’Alphabet City IPA, confortablement installé dans ma philosophie de suicide financier. Jeux de cartes et tours de magie animent l’apéritif.

Nous rentrons et retrouvons le reste de l’équipe pour partager notre journée.

Monica Della Tore, poétesse et professeure, est venu parler de son travail à la galerie.

ils ont également reçu la visite improviste d’un artiste vidéaste ainsi qu’un couple de curieux français curieux.

Nous organisons une soirée burritos à la maison.

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LAGUNITAS ALES

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KoalaKare

wrongcrowd.ca

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Nous nous levons à l’aube et nous chargeons avec Roméo d’acheminer le chariot jusqu’à EHF.

Nous prenons un café et des croissants sur la route.

Alex dessine le plan de l’espace temps pour ce soir.

Nous débattons ensuite du voyage à Yale pour des raisons budgétaires

Débute ensuite la spatialisation de la galerie.

Nous allons déjeuner avant de retrouver Lawrence Weiner. Nous achetons

des sandwiches chez Bite puis des cupcakes chez Magnolia.

Aurane nous rejoint au pied de l’immeuble de Lawrence.

Nous sommes reçus par ses employés dans l’entrée cuisine, on nous mène

au maître des lieux dans l’atelier au sous-sol.

Nous faisons la rencontre d’un vieil homme dans un fauteuil roulant. Il à l’air heureux de faire notre connaissance et de pouvoir nous parler de son travail, nous l’encerclons pour pouvoir écouter sa voix labile.

Il est née dans le sud du Bronx et a fréquenté l’école public.

Aujourd’hui il vit et travail

dans ce petit immeuble, essentiellement à l’archivage de ses projets. Il nous montre des photos de sa vie, de son œuvre, ses sou- venirs. Les objets et les images

sont des portes d’entrée pour les récits

qu’il nous en fait. Nous écoutons une émission à laquelle il a participé sur la radio

France Culture : Radio Book. Il nous parle de son bateau, de ses voyages, des ses rapports conflictuels avec les enseignants de Colombia ( trop vénaux selon lui ). Son chapeau de marin provient d’une de ses expositions hollandaises, il lui confère une allure de capitaine que personne n’oserai lui contester. Nous visitons les archives en compagnie de Kirsten, la fille de Lawrence. Elle nous parle de son rôle : collecter, archiver, gérer le fond de la production et de la collection de son père. Elle nous parle aussi de sa maladie, le cancer, qui ne l’a jamais empêcher

de travailler tous les jours de sa vie.

Lawrence nous dresse son rapport au statut d’artiste, à l’argent, à la libre création, à la sans-serif ( Marguerite, le nom de sa mère, même s’il dément cette information ), à la création typographique… Je lui pose la question qui m’obsède épisodiquement : Lui arrive-t-il de remettre sa pratique et son travail artistique en question ? Son point de vue est assez pragmatique : l’art reste un travail pour lui, plus prenant que le travail

J&G

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d’ouvrier ( qu’il a déjà expérimenté plus jeune ) sur un plan sensible. Il nous remercie de l’avoir visiter et de l’avoir interroger mais ne peut être aussi reconnaissant que nous,

de nous avoir accueilli.

Il offre à chacun d’entre nous un de ses livres.

Alex achète un gâteau pédagogique à la banane.

Nous rentrons à la galerie pour finir les préparatifs du show.

19h : Les répétitions sont faites, l’espace prêt, tout le monde à son poste, les rabatteuses sandwich installées dans la rue. L’exposition consiste en un formidable patchwork d’objets graphiques qui forment un ensemble cohérent par leur mise en commun et leur contexte de production. Un journal capillarise dans un bol d’eau prés de mon écrit concernant l’absorption, le plan de l’installation, une projection vidéo du processus d’impression offset dans les cases vides d’un journal, les plaques de la presse adossées au mur. Au centre de l’espace, on trouve une table élevée à hauteur de genoux, sur laquelle sont disposés la totalité des ephemeras en un buffet à volonté.

Le rouleau d’impression offset forme un langue sur laquelle danse des citrouilles.

Le gâteau est posé sur une table au fond.

Le tapis de lecture est garnis d’ouvrages.

J’ai collé électrostatiquement un ballon au plafond. Les tirages sérigraphiques sont disposés sur des tréteaux…

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Expo :

Nathan apporte un cadre et du matériel de sérigraphie pour réaliser des tirages sans encre : on dessine avec des pastels grasses sur le cadre non-gravé, on l’imbibe d’une solution aqueuse, puis on le racle sur une surface absorbante telle que du papier.

Un groupe, armé d’une pancarte tapageuse, se relaye dans l’entrée pour appâter

des passants en leur présentant l’exposition comme un évènement gratuit. Des visiteurs conquis nous confieront plus tard qu’ils pen- sèrent d’abord avoir affaire à un événement religieux, la faute au paradis sans doute.

En haut des marches que nous avons habillée à la craie telle un marelle, je lis des extraits du journal assis sur une chaise en compagnie de Sarah-Camille qui accueille les visiteurs et les introduit à l’expérience qu’ils s’apprêtent à vivre. Ce qu’il se passe ensuite reste

un mystère, j’ai néanmoins pu m’en faire une idée grâce aux chants que mes aiglons ont pu me rapporter. Des performances d’impression typographique fantôme

se sont mises en place au mot clé « Corgito », rejouant les événements passés chez UDP.

Des discussions enflammées et des rencontres incongrues se sont produites, dépassant certaines de nos espérances en terme d’échange.

La quasi totalité des gens que nous avons eu l’opportunité de visiter se sont joints à la Parade. Un bon nombre d’inconnus aussi, pour notre plus grand plaisir.

J’ai goûté la meilleure part de gâteau

pédagogique qu’il m’ait été donné de manger.

Nous avons récolté la somme de 15 $ en donation.

Trente minutes avant 9 heures, nous rentrons assister au show, nous dansons spontanément avec les membres de la Parade dans la galerie, enivrés de l’atmosphère qui y règne.

J’ai l’occasion d’assister à un tirage

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