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Le mode de formation et le régime des lacs suisses en général et de quelques petits lacs en particulier

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Le mode de formation et le régime des lacs suisses en général et de quelques petits lacs en particulier

COLLET, Léon William

COLLET, Léon William. Le mode de formation et le régime des lacs suisses en général et de quelques petits lacs en particulier. Le Globe, 1916, vol. 55, p. 27-76

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:143362

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LE GLOBE

ORGANE

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SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE UE GENÈVE

TOME CINQUANTE-CINQUIÈME

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LE MODE DE FORMATION *

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ET LE

RÉGIME DES LACS SUISSES EN GÉNÉRAL

ET DE

QUELQUES PETITS LACS EN PARTICULIER

PAR

le D• Léon-W. COLLET

Directeur du Service suisse des Eaux

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GENÈVE

LIBRAIRIE R. BURKHARDT 2, place d11 Molard, 2

1916

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LE GLOBE, T. LV

SOCIÉTJ~

DE GÉOGHAPHlE DE GENÈVE

A ncie11s l'résidenls lwnomires

Heury BouTHILLIEH ou: llEAUMONT, Fonrlale11r de la Sociélé.

t Paul C.HAIX.

BUREAU pour l'année 1915-1916 MM. llaoul GAuT11rn. L'ràidenl.

Eugène PnTAHD, Vù:e-L'réside/I/.

Arthur SAUTTEH, Secrélain yinérnl.

Paul BONNA. Jli'ésoriei'.

J<;dganl MEH,CINIEH, Co11.s1'1"Wlnu· de la 1Ji/Jliolliè171ie.

Emile CHAIX.

Egmond GoEGG.

Lucien GAUTJEH.

Alfred BEHTHANO.

William Hos1E11.

Charles SCHÜNOEL~L\ \ 1rn.

Charles BAHTH-BornG1w1s.

Maurice BEDOT.

Raoul i\'loNTANOON.

Théodore ~AYlLLE.

Commission 1in Globe: Le l'1uts10ENT. le \'1rn-P11Jfs10ENT. le :";1~Cl\ÉTA1lrn G1tN1t11AL el MM. Lucien GAurÎEH. GoEGG. iVIEHCINJEÎ1 et

BAllTH-BOUHGEOIS. , .

Le Globe parait chaque année en deux parties dis- tinctes : le Bulletin et les JJ1émoires.

Le Bulletin rend compte des travaux de la Société ; il donne les extraits des procès-verbaux de ses séances et de sa correspondance, ainsi que des comptes rendus bibliogra- phiques et des nouvelles géographiques.

Les Mémoires sont destinés à la publication des travaux originaux présentés à la Société ou à son Bureau.

La Société de géographie laisse aux auteurs la responsa- bilité des opinions émises dans les articles publiés dans le

Globe. ·

Le Globe annonce tout ouvrage géographique dont il lui est envoyé un exemplaire et en donne, si possible, un compte rendu dans son Bulletin. Les correspondances et envois d'ouvrages doivent être adressés franco à la Société de géo- graphie, à l' Athénée, à Genève.

Pour abonnements et vente de numéros, s'adresser à la Librairie Burkhardt, place du Molard, Genève.

La Bibliothèque (à l'All1énée) est ouverte le lundi et le jeudi de th. à 5 h. Bibliothécaire: Mil• Lydie AUGSBUl\GEn.

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Extrait du GLOBE

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ORGANE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRA P HIE DE GENÈVE Tome LV. - Mém oires

LE MODE DE FORMATION

ET LE

RÉGIME DES LACS SUISSES EN GÉNÉRAL

ET DE

QUELQUES PETITS LACS EN PARTICULIER

PAR

le Dr Léon - '\V. COLLET Directeur du Service suisse des Eaux

I

LE lVIODE DE FORMATION DES LACS SUISSES Les lacs envisagés au point de vue géologique doivent être classés d'après leur origine et non pas, comme l'ont fait MM. Supan et Delebecque, suivant qu'ils sont, ou un bassin rocheux, ou un bassin dû à un barrage. Les lacs suisses peu- vent donc être divisés comme suit :

1. Lacs tectoniques.

2. Lacs de barrage.

3. Lacs produits par l'érosion glaciaire.

4. Lacs karstiques, ou lacs dus à des phénomènes de disso- lution dans les roches calcaires.

5. Lacs dans la glace.

6. Lacs dus à des dépressions coupant une nappe aquifère.

' Communication faite à la Société de Géographie de Genève le 25 février 1916, revue et augmentée de quelques tableaux de chiffres et ùe graphiques.

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28 MÉMOIRES

1. LACS TECTONIQUES

Les lacs tectoniques sont en rela.tion avec des fractures de l'écorce terrestre et non avec des plissements. Le cas le plus général est celui d'un décrochement horizontal, perpen- diculaire à l'axe d'un cours d'eau. Les cas typiques de lacs tectoniques sont le lac de Joux, le Fahlensee et le Seealpsee dans le massif du Santis.

Le lac de Fiihlen, se trouve d'après M. A. Heim 1, dans Je synclinal de sénonien qui unit l'anticlinal urgonien du Roslen ou Saxerfirst à celui du Marvies. Ce synclinal est barré, à l'aval du lac, par la voûte urgonienne du Roslen ou Saxerfirst, décrochée horizontalement vers le nord. M. Lugeon, n'envi- sageant probablement que le fait de l'écoulement souterrain, fait du Fahlensee un lac karstique. Le même phénomène a causé la formation des lacs de Joux ' et Brenet ainsi que le Seealpsee dans le massif du Santis.

2. LACS DE BARRAGE

Le barrage qui provoque l'accumulation des eaux d'une vallée ou d'un vallon, de manière à former un lac, peut être produit par des causes très diverses, dont les principales sont:

a) Un éboulement; b) un glacier; c) la moraine latérale d'un glacier ; cl) la moraine frontale d'un glacier ; e) les alluvions d'une rivière.

_ a) Barrage par un éboule11ient

Si un éboulement vient à barrer une vallée, il est évident que les eaux s'accumuleront en amont et formeront un lac.

1 A. HErn. Das Santisgebirge, p. 105.

2 A. HEn1. «Die horizontalen Trausversalverschiebungen im J nragebirge»

Vierteljahrsschrift (lei' Naturf. Gesellschctft in Zitl'ich. l!ll5. Jabrgang 60, p. 597.

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l<'ORMA'rlON ET RÉGIME DES LACS SUISSES 29 Nous possédons en Suisse plusieurs lacs de ce genre. Les principaux sont : le lac des Brenets (pl. V-VIII), le lac de J(lonthal, le lac de Poschiavo, le lac d'Œschinen et le lac de Cama dans la vallée de la Moesa.

b) Barrage par un glacier

Le barrage des eaux d'une va~lée ou d'un vallon latéral par le glacier de la vallée principale est un phénomène plutôt rare actuellement. On ne peut citer de plus bel exemple que le lac de Mary'elen (voir p. 68 et pl. XV). A l'époque glaciaire des lacs de cette catégorie ont dî1 fréquemment se former.

Il peut aussi s~ présenter le cas de la vallée principale barrée par le glacier d'une vallée latérale. C'est au fond ce qui s'est produit en 1818, dans une période de crue des gla- ciers, dans la vallée de Bagnes où la Drance, barrée par le 'glacier de Giétroz, forma un lac de 60 mètres de profon- deur, qui fut en partie vidé au moyen d'une galerie taillée dans la glace. La chaleur étant survenue, la glace du barrage restant se désagrégea et ne put soutenir la pression de la masse d'eau. Il en résulta une débâcle qui produisit des dégâts énormes.

c) Barrage par la moraine latérale d'un glacier Le lac de Mattmark, que nous étudierons plus loin (p. 65, pl. XII), est un beau type de cette catégorie de lacs plutôt rares.

d) Barrage par la moraine frontale d'un glacier Les lacs dus à un barrage par une moraine frontale sont bien représentés dans notre pays. Si l'on veut les rencontrer, il faut avant tout quitter les Alpes, siège du surcreusement, pour gagner les régions du plateau suisse où l'action des anciens glaciers est .surtout reconnaissable à un phénomène d'accumulation. C'est là, derrière les moraines internes ou

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30 MÉMOIRES

moraines frontales de la quatrième glaciation (Würm), que nous trouvons les lacs de Sempach, Baldegg, Hallwyl, Greiffen et Pfiiffikon.

La région de Sursee 1 est très intéressante, car on se trouve, dans le village même, sur le cône de transition de la moraine frontale qui a barré les eaux de la vallée et donné naissance au lac de Sempach. C'est probablement la dernière moraine de la glaciation de Würm d'un bras du glacier de la Reuss. Auparavant, une langue divergente s'était dirigée de Sursee vers l'ouest et avait poussé ses moraines frontales jusqu'à la vallée de la Wigger. C'est un des plus beaux exem-

ples que l'on puisse voir d'amphithéâtre morainique (trois moraines frontales) avec dépression centrale ou bassin termi- nal autrefois occupé par le lac de Wauwyl, aujourd'hui trans- formé en un marais drainé. Entre le bassin de Wauwyl et Sursee une petite moraine frontale a causé la formation du petit lac de Mauen. Le même phénomène se retrouve dans la vallée de Dagmersellen, au nord de celle de W auwyl.

Le lac de Pfaffikon' est dû au barrage de la vallée de la Kempt par plusieurs moraines frontales déposées par une langue du glacier de la Lindt lors de la dernière glaciation (Würm). L'hydrographie de cette région a été de ce fait complètement modifiée. Les eaux du lac, en effet, ne s'écou- lent pas vers le nord, dans la vallée de la Kempt, mais bien dans le lac de Greiffen et par là dans le bassin de la Glatt.

Des études sur la nappe d'eau souterraine de la vallée de Kempt ont montré à M. J. Hug que les moraines frontales qui ont donné naissance au lac sont complètement irnperméa- bles. On trouve de l'eau en forant dans le vallon entre

' Atlas Siegfried 1: 25 000. F. 182 et 183. Carte géologique de let Siiisse au 1: 100 000. F. VIII, deuxième édition 1913,

2 Carte géologique de la Snisse. F. IX. Atlas Siegfried. F. 212 et 213.

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FORMATION E'l' RÉGIME DES LACS SUISSES 31 chaque moraine, mais absolument rien dans les moraines mêmes.

Il est fort possible, dans certains cas, que, sous la moraine frontale formant barrage, se trouve un verrou ou seuil rocheux qui donnerait au lac un caractère mixte, c'est-à-dire tenant à la fois du lac dû au surcreusement glaciaire et du lac de barrage morainique. Dans les cirques ce cas n'est pas rare. La moraine peu puissante a souvent été coupée par l'émissaire du lac et l'on voit le cours d'eau sur la roche en place.

Le lac de Constance, bien que dû au surcreusement dans un bassin terminal, est actuellement encore barré par une moraine. Le Rhin, en effet, n'a pas encore pu couper com- plètement son barrage morainique à Constance.

La disparition progressive des lacs morainiques a lieu soit par sédimentation détritique soit par envahissement du bas- sin par la végétation littorale. Les lacs de Nussbaum, Steinegg et Hasen, aux environs d'Islikon (Atlas Siegfried.

F. 35) ne formaient autrefois, d'après M. Hug', qu'un seul lac situé dans un bassin terminal à hydrographie centripète.

e) Barrage pcir les alluvions d'une rivière

La formation d'un lac à la suite d'un barrage occasionné par les alluvions d'un cours d'eau est chose plutôt rare. Elle se rencontre néanmoins en période de hautes eaux extra- ordinaires. A ce moment des torrents charrient des quantités énormes d'alluvions qui augmentent dans de très fortes pro- portions les dimensions des cônes de déjection. Ces derniers arrivent ainsi à barrer la vallée principale.

C'est ce qui s'est produit à la suite des hautes eaux de 1903,

1 J. HuG. Geologie der not·dlichen Teile des Kan ton Zurich und der angrenzenden Landschaften. Mat. poitr la Carte géol. d~ lei Suisse, nouv.

sét'., liv. X V. Voir aussi: D• TANNER. Der Huttwiler - o(ler Steineggersee.

}l:litteil. der thurg. natiirf. Gesell. t. XX., p. 169·226.

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32 ~IÉMOIRES

pour ne citer qu'un exemple, dans la vallée de la Bavona ' (Tessin). Le torrent qui se jette dans la Bavona, rive gauche, en aval du village de Roseto, charria une très grande quan- tité de matériaux. Le nouveau cône de déjection ainsi établi forma barrage, en produisant un lac en amont. Les alluvions charriées par la Bavona se déposèrent dans ce lac et, en quel- ques jours, le lac, d'une profondeur de 2m50, fut entière- ment colmaté. Le pont qui reliait les deux rives de la Bavona disparut dans les graviers, et les piles du nouveau pont en bois reposent sur les arches de l'ancien pont en pierre.

Un cas semblable s'est produit dans la Mesolcina (vallée de la Moesa, canton des Grisons), en aval de Mesocco.

Les lacs de ce type sont de courte durée, car, s'ils ne sont pas rapidement colmatés par les alluvions du cours d'eau de la vallée principale, il est bien rare que le barrage de maté- riaux meubles puisse à la longue, - des infiltrations étant inévitables, - soutenir la pression de l'eau accumulée, d'au- tant plus que le barrage est scié par l'émissaire du lac.

3. BASSINS D'EXCAVATION GLACIAIRE

Introduction

En 1862 déjà, Sir A.-C. Ramsay publia un mémoire inti- tulé: « On the glacial origin of certain Lakes in Switzerland, the Black Forest, Great Britain, Sweden, North America, and elsewhere >>, dans lequel il étudie, après le transport des blocs erratiques, la formation de certains lacs subalpins en particulier et de l'hémisphère nord en général.

Pour ce savant, la majeure partie des bassins rocheux, dans les régions autrefois glaciées, sont dus à l'action érosive du glacier. Les lacs de Genève, Thoune, Brienz, Lucerne,

' Léon-W. CoLLET. «Le charriage des alluvions dans certains cours d'eau de la Suisse,,. Annales snisses cl' Hydrographie. Vol. II, Berne 1916.

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FORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 33 Zurich, Constance, Wallenstadt, auraient été produits par les glaciers car, comme Ramsay le fait déjà remarquer à cette époque, ils n'ont pas été formés par cles mouvenients orogéni- ques. Étudiant le lac de Genève, ce savant arrivait déjà à la conclusion qu'il était dù au surcreusement glaciaire, puisqu'il ne se trouve ni dans un synclinal, ni dans l'allongement d'une fracture, pas plus que dans une aire d'affaissement.

Ramsay remarquait également que plus on se dirige vers le nord, en Europe tout comme en Amérique, plus le nombre des lacs augmente. Ces régions ayant été glaciées, il n'est pas impossible de voir dans l'origine d'un grand nombre de ces lacs l'effet' des glaciers.

Les idées émises par Ramsay ne furent pas acceptées, et nous voyons la théorie de l'érosion glaciaire subir une longue éclipse. En effet, les géologues et les géographes alpins, sui- vant en cela l'exemple donné par MM. Albert Heim et T.-G. Bonney, arrivent, en étudiant les glaciers actuels, à nier toute érosion glaciaire. Tandis qu'en :f~cosse, à la suite de Ramsay, des géologues comme Sir Archibald Geikie, James Geikie, B.-N. Peach et J. Horne voient dans la plupart des bassins rocheux (rock basins) de l'Écosse une action des gla- ciers, dahs les Alpes lVI. Albert Heim s'applique à dévelop- per une idée émise, en 1864 déjà, par Sir Charles Lyell : à savoir que les grands lacs snbalpins, sur le versant nord des Alpes, sont dus à des affaissements. Se basant sur l'étude du lac de Znrich, le maître de la géo~ogie alpine déclare que les «lacs de bordure}) (Randseen) alpins ont été produits par un affaissement du massif alpin, contre-coup du gigan- tesque acte de surrection, qui se serait produit pendant la première époque interglaciaire. M. Heim étendit cette géné- ralisation aux Pyrénéesi à !'Himalaya et aux Alpes de Nou- velle Zélande.

C'est à l'école américaine, dirigée par Davis, que l'on doit

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34 MÉMOIRES

les idées actuelles sur la valeur de l'érosion glaciaire. Par de longues études comparatives, ce savant, dont l'exemple fut suivi par MM. Penck et Brückner, fit ressortir les contrastes qui existent entre les régions autrefois glaciées, comme les régions circumpolaires et circumalpines, et celles qui n'ont pas été recouvertes par des glaciers.

Les vallées gladaires diffèrent des vallées purement flu- viales par leur section transversale et par leur profil en long.

La section transversale des vallées fluviales affecte la forme d'un V tandis que la même section, dans les vallées glaciaires, a la forme d'un U. Au dessus de la pente raide qui s'élève du fond de la rnllée, on trouve généralement un épaulement en pente douce qui s'élève jusqu'à la limite des anciens glaciers. La vallée du Rhône en Valais, le Grésivau- dan, le bassin du Bourg d'Oisans, sont de superbes exemples de cette morphologie. D'autre part les vallées glaciaires sont plus rectilignes que les vallées fluviales qui possèdent des méandres produits par l'érosion sur les rives concaves.

Les grandes vallées alpines comme celles du Rhône, de l'Aar, du Rhin, de la Reuss, pour n'en citer que quelques- unes, débouchent presque toutes dans des lacs dont les gran- des profondeurs indiquent l'existence d'une contre-pente et par là même d'une excavation. Cette contre-pente démontre le surcreusement glaciaire, car, en aucun cas, une vallée flu- viale ne possède un profil en long semblable. De plus le profil longitudinal des vallées latérales ne se raccorde jamais avec celui de la vallée principale, comme c'est le cas pour les vallées fluvialés. La vallée affluente est dite «suspendue»', le cours d'eau qui l'occupe gagne la vallée principale soit par

1 Le lecteur que la question des «vallées suspendues• de la Suisse pour- rait intéresser trouverrt dans le mémoire de i\i. F. Nnssbaum, «Die Taler der Schweiz », Berne, Vel'lag des Schweizer. Alpinen Museums, d'intéres- santes descriptions.

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FORMATION E'l' RÉGIME DES LACS SUISSES 35 une gorge torrentielle ou gorge de raccordement (vallées d'Hérens et du Trient en Valais), soit par des chutes le long d'un gradin (Salanfe, Foos, Evibach, Gelmerbach, etc.)

Sir Henry H. Howorth, raillant les partisans de l'érosion glaciaire, donne comme entête d'un chapitre de son volume (( Ice or Water >l cette phrase de Lamplugh: «C'est le pre- mier glacier que je visite et j'en rapporte l'impression qu'il était plus aisé de donner une explication du phénomène gla- ciaire avant d'avoir vu de la glace! >l

Or l'étude approfondie des glaciers actuels, faite surtout grâce à la période de recul que nous avons traversée, a per- mis à plusieurs savants de prouver que l'érosion glaciaire n'est pas un mythe.

1\1. de Martonne a, en effet, récemment attiré l'attention des naturalistes sur l'inégale répartition de l'érosion glaciaire dans le lit des glaciers alpins. Grâce au recul de ces derniers ce savant géographe est arrivé à reconnaître presque partout l'existence d'un gradin abrupt et d'un palier relativement plat. La première de ces formes est plus ou moins découverte actuellement tandis que la S(jconde n'est recouverte qu'aux grandes crues. Le gradin est entaillé par des gorges d'ori- gine torrentielle. Le palier est profondément strié et cannelé.

Seul il porte en certains endroits (Grindelwald) des traces d'arrachement. L'érosion glaciaire est donc limitée aux paliers, taudis que l'érosion torrentielle est limitée aux gra- dins. Des faits d'observation prouvent que les stries, canne- lures et arrachements sont d'autant plus forts que la pente du palier est plus faible, car le contact du glacier sur son lit est, de ce fait, plus intime.

Assimilant un glacier à un fluide visqueux et tenant compte que le frottement (F) dépend de la vitesse (v) et de la pres- sion de la glace qui, assimilée à une pression hydrostatique, varie comme le cosinus de la pente superficielle (cos. o:), le

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3G MÉMOIRES

périmètre du lit (P), la profondeur (h) et l'adhérence au lit (A)) M. de Martonne arrive à la formule 1 suivante :

F = gv cos aPhA .

D'où les lois suivantes de M. de Martonne :

1° Au delà d'une certaine pente, l'érosion diminue quand la pente progresse.

2° Les lieux d'érosion maximum sont en amont et en aval des gradins et des étranglements.

3° Les parties supérieures du névé et l'extrémité de la langue sont des lieux d'érosion à peu près nulle.

Nous diviserons les lacs alpins dus à l'excavation glaciaire en: a) lacs dans des bassins de surcreusement; b) lacs de cir- ques; c) lacs de vallées suspendues; d) lacs dans les roches moutonnées.

Reprenons chacune de ces catégories de lacs creusés dans la roche en place.

a) Lctcs clans cles bctssins de surcreitsement

Ces lacs ne doivent pas être confondus avec les lacs des bassins terminaux, comme les grands lacs subalpins. Les bassins de surcreusement doivent) sans aucun doute, se trou- ver sur l'emplacement de paliers du thalweg de cours d'eau préglaciaires. Ils correspondent donc à nn maximum d'érosion et le verrou qui les ferme à un minimum. Dans certains cas, il est vrai, le phénomène de confluence, comme à Lax dans la vallée du Rhône, ou entre Handeck et la Grimsel peut être

1 Cette formule a été attaquée par M. Romer «Mouvements épirogéni- ques dans le bassin du Rhône et évolution du paysage glaciaire» Bull. Soç.

Vaudoise des Sc. Nat. XVII. 1911 p. 70-192 et par M. Lautensach, <Die Uebertiefung des Tessingebietes, morphologische Studie >>, Geogr. Abh.

N.F. H. 1. 1912, p. 1-156. M. de Martonne a répondu, fort justement, dans son mémoire «L'évolution des vallées glaciaires alpines en particulier dans les Alpes du Dauphiné». Bull. Soc. Géol. France, 4' série, t. XII, p. 51G,

1912. Les faits observés semblent donner raison à l\L de Martonne.

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Le Globe, LV, Mémoires

L EON- vV. COLLE'!'. L ACS SU ISSES

(Phot. L.-W. Collet)

Lac sur la glace. Glacie1• d'Aletsch

Pl. I

Les lacs de ia Grimsel et les plaines cilliiviales de l',J a.r (Phot. Mettle•)

Bassins de surcreltsemeut glaciaire dans le Granit. Vue prise du Nii.gelisgrfltli

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FORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 37

invoqué. Quant à la différence de résistance des roches, elle a dù se faire sentir antérieurement dans le profil en long du cours d'eau, et si le glacier en a profité pour exagérer son empreinte, il l'a fait après l'eau. Les observations que j'ai pu faire confirment absolument la manière de voir que M. de l\fartonne a si brillamment exposée dans son mémoire sur

1< l'érosion glaciaire et la formation des vallées alpines. » 1 Le plus bel exemple de lacs occupant des bassins de sur- creusement nous est fourni par le chapelet de la haute Enga- dine. Les plaines alluviales de la haute vallée de l'Aar, du val d'Entrernont et de la Drance ne sont que des lacs comblés.

b) Lacs de cirques

Les cirques sont des bassins de réception de torrents pré- glaciaires surcreusés par le glacier. Leur fond est également occupé par une plaine d'alluvions ou par un lac. Si, dans cer- tains cas, le cirque présente des caractères régressifs, c'est qu'il revient sous l'action de l'eau ce qu'il était auparavant, soit un bassin de réception torrentiel.

Comme l'a justement fait remarquer M. Blumer dans son mémoire « Entstehung der Glarnerischen Alpenseen » ', il est impossible dans les hautes Alpes calcaires d'envisager les lacs qui occupent le fond des cirques comme dus uniquement à l'érosion glaciaire. Les phénomènes karstiques (dissolution des calcaires par l'eau), ont, en effet, également joué un grand rôle dans leur formation, car ce sont généralement des bas- sins fermés. Dans certains cas mê.me je crois que le glacier a déblayé une doline préglaciaire en voie de formation et que, dans les stades de retrait, les matériaux morainiques en ont plus ou moins obturé les fissures, rendant ainsi possible la formation d'un lac.

1 Annales de Géographie, tomes XIX, 1910 et XX, 1911 .

2 Eclogœ geol . Helvet. Vol. VII, 1902, p. 203.

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38 MÉMOIRES

C'est dans les roches cristallines que nous rencontrons les bassins rocheux occupés par les lacs dus à l'érosion glaciaire seule.

Le lac de Seewli que je décrirai dans la catégorie des lacs karstiques occupe un cirque glaciaire très net au pied nord de la Grosse Windgalle (canton d'Uri). Les lacs Tom et Cadagno, voisins du lac Ritom, occupent le fond de superbes cirques en partie surcreusés dans les roches tendres du Trias.

c) Lacs de val.lées suspendues

Certaines vallées suspendues sont fermées par un verrou derrière lequel se trouve un lac. Un des plus beaux exemples nous est fourni par le Gelmersee dans la haute vallée de l' Aar, rive droite. Le lac Ritoni, que nous étudierons plus en détail, est également du même type, ainsi que le lac Lucendro près du col du Gothard. M. Nussbaum' a vu à tort dans ce dernier un lac de cirque. Comme l'a fait remarquer juste- ment M. Lautensach, un épaulement domine la vallée et c'est au-dessus seulement qu'on trouve de vrais petits la.es de cirques.

Le lac a souvent été comblé par les alluvions des torrents et transformé en une plaine d'alluvions comme à Barberine et à Émosson' (pl. II).

Pour expliquer la formation du verrou qui ferme la vallée suspendue, M. Penck et M. Lautensach, son élève, ont introduit la notion du glacier de la vallée affluente refoulé par le glacier de la vallée principale. En faisant intervenir, pour les vallées suspendues, la notion, développée par M. de Martonne, d'un profil en long préglaciaire aux formes jeunes, la formation du bassin du lac et du verrou s'explique aisé-

1 Die Taler dei· Schweizeralpen, p. 41.

2 Atlas Siegfried F . 525.

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(Phot. W.-E. Boesard)

Le « ve,.i·ou » de ,.aches moutonnées (Granit) du Gelmersee près de la Handeck

(Phot. L.-W. Collet}

La plaine de Flarbei'ine due au surcreusement glaciaire dans les roches tendres du Lias et du Trias. Verrou dans le Gnei8s

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(18)

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(Phot. L.-W. Collet)

Lacs du St-Gothard dans les roches moulonnées

(Phot. L.-\.V. ColL:1t)

Le lac de Lucend1·0 dû au surcreusement glaciaire dans le Gneiss

(19)

FORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 39

ment, d'autant plus que certaines vallées suspendues débou- chent sur verrou et non plus sur bassin.

d) Lacs dans les roches moutonnées

Les cuvettes que l'on rencontre dans les roches moutonnées, surtout sur les cols alpins, sont généralement occupées par de petits lacs peu profonds, alimentés uniquement par l'eau de la fonte des neiges au printemps, ou l'eau de pluie. Les plus beaux exemples se rencontrent au col du Simplon, au col du Gothard (pl. III) et au Bernardin.

4. LACS KARSTIQUES

Ces lacs peuvent être de deux sortes :

a) Lacs de dolines ; . b) lacs de poljes. . a) Lacs de dolines

La doline est, d'après M. de Martonne, une forme élémen- taire des régions calcaires. Ce nom «désigne dans la région des chaînes calcaires balkaniques une dépression fermée, de forme pius ou moins elliptique, tantôt à fond plat, vaseux ou caillouteux, tantôt aboutissant à un trou plus ou moins pro- fond, parfois à un véritable puits. »

La majorité des auteurs qui se sont occupés de la morpho- logie des régions calcaires sont d'accord pour attribuer la formation des dolines à une simple pénétration des eaux météo- riques localisées par de petites fissures. MM. É. et A. Chaix' ont fait de plus intervenir, avec raison, «l'action chimique de la végétation et sa localisation là où la terre s'accumule, à une altitude' favorable et à proximité du niveau de l'eau d'infiltration. » J'ajoute qu'il est hors de doute que les acides qui opèrent cette dissolution rentrent dans le groupe des

' « Contribution à l'Etude des Lapiés en Carniole et au Steinernes Meer ». Le Globe (Mémoires), T. XLVI p. 17 à 53. Genève 1907.

(20)

40 MÉMOIRES

acides humiques et créniques qui ont une très forte· action, non seulement sur les carbonates, mais encore sur les sili- cates 1

Un grand nombre de lacs des Alpes calcaires (préalpes et hautes Alpes) occupent des dolines dont le fond a été plus ou moins obturé par des dépôts de boue imperméable provenant souvent de moraines de fond. Dans beaucoup de cas, un gla- cier a probablement contribué à donner à l'ensemble du val- lon sa forme en cuvette et peut avoir aidé à la formation de la dépression qu'occupe le lac. De beaux exemples de tels phénomènes nous sont fournis par le Seewlisee (pl. X) sur le versant septentrional de la Grosse Windgalle (canton d'Uri.

Atlas Siegfried, F. 403) et par le Oberblegisee et le Gup- pensee situés sur les flancs orientaux du Glarnisch (canton de Glaris) Atlas Siegfried) F. 263 et 400).

b) · Lacs de poljes

D'après M. Cvijic ', le polje est une dépression karstique, grande, large et à fond plat. Les parois tombent brusquement dans le sol d'alluvion. Le polje, qui peut être sec ou inondé, à eau permanente ou temporaire, s'étend parallèlement à la direction des couches ou des plis. La grande largeur de ces dépressions les distingue des vallées aveugles.

Ceci dit, voyons avec M. Lugeon' le processus de formation des poljes, ce qui nous amènera forcément aux lacs. En fai- sant abstraction de l'érosion glaciaire qui a certainement joué un grand rôle dans la formation de poljes alpins nous distinguerons les stades suivants :

1 COLLET. c Sur l'action des acides organiques en géologie.» C. R. des séances de la Société de Physique et d'histoire naturelle de Genève. Archives des Sciences physiques et naturelles, 4e période, t. XXV. Janvier 1908.

" In LuGEON et JÉRÉMINE, • Les bassins fermés des Alpes suisses ». Bull.

Lab. Géol. Lausanne, 17, 1911, p. 523.

3 Id. p. 614.

(21)

FORMATION E'r RÉGIME DES LACS SUISSES 41

« 1° Cours d'eau s'écoulant sur un sol imperméable : vallée normale.

« 2° En fixant sa courbe d'équilibre, le cours d'eau rencontre un sol perméable et s'y perd : vallée aveugle.

« 3° Ce stade se prolonge pendant uri certain temps ; la vallée se creuse de plus en plus ; la barre d'aval, disons le verrou, domine de plus en plus la perte. Le phénomène de creusement s'arrête à la rencontre d'un niveau imperméa- ble.

« 4° Le colmatage commence à se faire sentir; les fissures s'obstruent peu à peu, souvent avant la rencontre du niveau imperméable : un lac se forme.

« 5° Le colmatage s'exagère, les cônes de déjection du tor- rent principal et des autres tributaires s'agrandissent, une plaine d'alluvions se forme enfouissant le pied des parois.

C'est alors que se forme le polje type, le polje mùr, pour ainsi dire. »

Comme l'ont montré MM. Lugeon et Jérémine, on peut voir dans les bassins des hautes Alpes calcaires toutes les formes transitoires.

Le Daiibensee 1, près du col de la Gemmi, est un type de polje à fond plat avec un lac périodique. Ce lac, profond de quelques mètres, s'évide presque complètement en automne dans des entonnoirs de la rive droite; en conséquence l'eau doit disparaître à travers· les calcaires du Ma lm. Une résur- gence semble exister, d'après M. Lugeon, dans le lac du Schwarenbach, et il n'est pas exclu que les sources de Tschu- dana près de Salquenen (vallée du Rhône) ne constituent pas aussi des résurgences de ce bassin.

Le Seelisbergerseeli que je décrirai plus loin (p. 58) est également un beau type de lac de polje.

1 Atlas Siegfried 1: 50,000. P. 473.

(22)

42 MÉMOIRES

5. LACS DANS LA GLACE

Dans son beau mémoire «Der Marjelensee »

i,

M. Lütschg·

a divisé les lacs glaciaires (Eis-Seen) en: 1° lacs situés à la surface du glacier ; 2° lac~ intraglaciaires ; 3° lacs sous- glaciaires. Ceux qni ont parcouru nos glaciers, entr'autres le grand glacier d' Aletsch et celui du Gorner, connaissent ces lacs de surface qui, dans certains cas, procèdent de« moulins»

obturés et par là même de crevasses, et qui, d'autres fois, doivent être envisagés simplement comme une accumulation d'eau de fonte dans des dépressions de la surface du glacier.

Une crevasse vient-elle à se former, et le moulin, grâce an mouvement du glacier, entre-t-il de nouveau en fonction, Je lac se vide. Comme l'a fort justement fait remarquer M. Lütschg, le mode de formation des lacs intraglaciaires et sous-glaciaires nous échappe et nous ne réalisons leur exis- tence que grâce à leurs débâcles. Sans nier que l'existence du lac ou «poche» sous-glaciaire, due à un barrnge de torrent sous-glaciaire, soit possible, il me paraît plus probable que les débâcles proviennent de «poches>> intraglaciaires du genre de celles du glacier de Tête Rousse, magistralement étudiées et décrites de la façon suivante par M. Mougin '.

« Des crevasses se forment au milieu de la glace, à l'en- droit où la pente du glacier s'accentue fortement, suivant celle du roc sous-jacent. Mais, en raison de la vitesse extrê- mement réduite du glacier, la glace qui constitue le bord aval de la crevasse ne se disloque pas grâce à sa plasticité; elle se déforme seulement. La cavité ainsi formée s'emplit des eaux de fusion qui, par leur température supérieure à 0°, rongent peu après leurs parois; simultanément le bord aval

1 Annalen der Schweizer. Landeshydrographie. Bd. I. Bern. 1915.

2 Les poches intraglaciaires du glacier de Tête Rousse. La Géographie.

T. X, 1904, p. 287-294.

(23)

FORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 43 plus proche du front subit un mouvement léger de basculeet possède une vitesse un peu supérieure à celle du bord amont dont il s'écarte. La poche tend donc à s'agrandir.

«Dès la première année l'eau, lorsqu'elle arrive près de la surface du glacier, se couvre d'une légère cuirasse de glace et sur cette cuirasse vient se déposer la neige de l'hiver, qui, mauvaise conductrice, protège contre le gel toute la masse liquide et forme un bouchon, réunissant les deux lèvres de la crevasse, la. dissimulant aux yeux. »

La «poche» intraglaciaire dérive donc d'un phénomène de surface, la formation des crevasses.

6. LACS DUS A DES DÉPRESSIONS COUPANT UNE NAPPE AQUIFÈRE

Les htcs de cette catégorie, de faibles dimensions, ont des affluents et un émissaire souterrains. Ils peuvent se rencon- trer dans le fluvio-glaciaire comme dans des régions recou- vertes d'éboulements 1, comme au sud de Flims' (Grisons).

Comme bel exemple de lac de cette catégorie encore peu étudiée en Suisse, M. Hng, collaborateur au Service suisse des eaux, m'a signalé le lac Caunia et ceux plus petits qui l'accompagnent dans l'éboulement de Flims. Le lecteur que cette question pourrait intéresser trouvera de belles descrip- tions dans un mémoire que publiera prochainement M. Hug, dans les Annales suisses d'hydrographie, sous le titre : « Bei- trage zur Studie der Grundwasser der Schweiz. l>

1 Les lacs de Géronde, près de Sierre, appartiennent vraisemblablement à cette catégorie.

" Atlas Siegfried 1: 50 000. F. 405.

(24)

44 MÉMOIRES

II

LE RÉGIME DES LACS SUISSES 1. GÉNÉRALITÉS

Les principaux facteurs qui influent sur le régime d'un lac sont:

1° Les précipitations atmosphériques (intensité et durée) 2° La surface des glaciers dans le bassin d'alimentation.

3° La constitution géologique et la topographie du bassin d'alimentation.

4° La surface des forêts dans le bassin d'alimentation.

5° Le rapport de la surface du bassin d'alimentation à la surface du lac.

6° L'évaporation à la surface du lac.

7° La nature de l'émissaire (souterrain ou superficiel).

Les quatre premiers facteurs agissent sur le régime des affluents du lac, tandis que les derniers font sentir leur action plus directement sur le lac lui-même.

2. INFLUENCE DU RÉGIME DES AFFLUENTS SUR LES LACS DU VERSANT NORD DES ALPES

Le régime d'un lac dépendant avant tout du régime de ses affluents ou du plus important de ceux-ci, nous distinguerons différentes catégories de lacs sur le versant nord des Alpes :

Lacs à régime: a) jurassien; b) alpin; c) subalpin.

a) Lacs à régirne jurassien

Ces lacs ont leurs basses eaux en hiver pendant les fortes gelées et à la fin de l'été. Leurs crues ont lieu au printemps,

(25)

FORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 45 lors de la fonte des neiges, et en automne pendant les pluies.

Comme exemple très pur de cette catégorie, je citerai le lac de Joux (pl. IV).

b) Lacs à régime alpin

La caractéristique de ces lacs est: basses eaux en hiver avec minimum en février, ou en mars dans la haute montagne, crue pendant le printemps, hautes eaux en été, avec maximum en aoùt, décrue pendant l'automne. Le plus beau type de cette catégorie est le lac de Genève (Léman), toutefois en le supposant à l'état naturel, soit avant 1884 (pl. IV).

Les lacs de Sils et de Silvaplana, dans la haute Engadine, se rapprochent de ce type.

c) Lacs à régime subalpin

A cette catégorie appartiennent les lacs à régime com- plexe. Ayant généralement un grand bassin d'alimentation, plaine et 'montagne, avec une faible surface glaciée, ils sont l'image, pendant les hivers froids en plaine, des lacs alpins, avec cette différence que la décrue commence souvent en juillet après la fonte des neiges d'hiver sur la montagne. Si, par contre, l'hiver est pluvieux dans la plaine, le régime des affluents amènera forcément une perturbation ·dans le régime du lac. Comme type de ce genre je choisirai le lac de Con- stance. Il arrive que de fortes pluies aient lieu en juin et juillet dans la partie basse du bassin d'alimentation de ce lac. Aug- mentant le débit des affluents, déjà grossi par la fonte des neiges, elles produisent de grandes crues avec inondations, comme en 1876, 1890, 1910 et 1916. Les fortes pluies d'au- tomne produisent également une crue du genre de celle des lacs à régime jurassien.

Les lacs de TVallenstadt et des Quatre-Cantons rentrent dans cette catégorie.

(26)

46 ' MÉMOIRES

3. INFLUENCE DU RÉGIME DES AFFLUENTS SUR LES LACS DU VERSANT SUD DES ALPES

Parmi les lacs suisses du versant sud des Alpes, le lac Majeur et le lac de Poschiavo possèdent un régime à caractère alpin (longue crue d'été), modifié considérablement par le régime des pluies du versant sud, comme nous le verrons plus loin.

Le lac de Li~gano (pl. IV), ne peut être comparé à aucun lac du versant nord. Son régime est avant tout fonction des précipitations très irrégulières mais très fortes, en intensité et en valeur absolue. Le tableau que l'on trouvera plus loin (p. 52) montre que les minima et les maxima de son niveau se sont présentées un peu à tous les mois de l'année dans la période de 1864 à 1910.

4. LE RAPPORT DE LA SURFACE DU BASSIN D'ALIMENTATION A LA SURFACE DU LAC ET LES HAUTES EAUX

Un simple coup d'œiljeté sur le tableau ci-après permet de se rendre compte de l'importance du rappor·t de la surface du bassin d'alimentation à la surface du lac dans le phéno- mène des crues. Mais ce rapport est loin de jouer le rôle primordial. En effet si nous comparons le lac Majeitr au lac de Morat, où ce rapport est sensiblement le même, nous remarquons que la variation de niveau dans les 24 heures atteint pour le lac Majeur lm65 (5 au 6 octobre 1872) tandis qu'elle n'est que de

om7s

(25 au 26 mars 1895) pour le lac de Morat. Enfin l'amplitude maximum est de 8,14 (mini- mum 29 et 30 avril 1896, maximum 4 octobre 1868 au lim- nimètre de Locarno) pour le lac Majeur, et seulement de 3m34 pour le lac de Morat. Le lac Majeur doit avant tout les varia- tions brusques et fortes de son niveau au régime des pluies du

(27)

Le Globe, LV, lliémoircs Pi. IV

U :oN-\V. CuLLE'l'. LACS su 1ssEs

Lac 1 u

m

IV V Vl vu

vm

IX X XI XII Station

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L es va,.iat'Ïons de n-ivum de quelques lacs snisses en 1868

Comme cela arrive so uvent, les forte s pluies de l'automne se sont propagées, bi en qu'attéanées, jusque sur le versant nord des Alpes. Com me le mon tre le g1·aphique, aux hautes eaux des lacs lessinois cor responden t <les é lévations de ui1•ea11 a ux lacs de Cons tan ce et de 1\'alleustadt

(28)

FORMA'rION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 47 versant sud des Alpes ' (plus grandes en valeur absolue et en intensité). Les hautes eaux s'y présentent généralement en automne, tandis qu'à cette époque les précipitations tombent sur les Alpes sous forme de neige qui ne fond que l'été suivant Les hautes eaux sont rH.res en .automne sur les lacs du versant nord des Alpes. Dans le régime du lac Majeur les facteurs géologique et topographique jouent un rôle très important.

En effet la pente très forte des affluents et l'imperméabilité des roches contribuent à faciliter l'écoulement des eaux des bassins affluents.

Dans les tableaux suivants, on trouvera les principales crues ainsi que les basses eaux connues de quelques lacs suisses:

a) Lac llf aJeur

Surface du bassin d'alimentation ' = 6562 km'. Le niveau moyen au limnimètre de Locarno pour la période 1868-1901 est de 0,71 m.

Les hautes eaux au-dessus de 4 m. produisent déjà de grands dégâts. D'après les nombreuses marques de crues et les observations limnimétriques ' on peut fixer comme suit les hautes eaux ayant dépassé 4 m. au limnimètre de Locarno :

Hauteur

Il

' Hauteur

Année 1 11.n limnimètre Année an limnimètre

de Locarno de Locarno

m

1640 6 .38 1839 5 .40

1705 6 .58 1840 5.27

1755 5 .33 1868 7.76

1777 6 .15 1872 4 .85

1823 4 .6D 1889 4.07

1829 4 .82 1907 4 . 75

1834 4.94

1 Voir R. Billviller. Die Haupttypen grosser Niederschliige in der Schweiz.

Actes Soc. helvét. Sc. nat., Genève 1915, p. 171.

" Les 48,8 °Io soit 3202,81 km2 se trouvent sur territoire italien.

" Recherches exécutées par M. C. Ghezzi, adjoint tedmique au Service suisse des Eaux.

(29)

LACS

1. Lac de Genève (Léman) . . .. .. . . 2 . Bodensee . . . .. . ... .. . . 3 . Lac de Neuchâtel . .. . .. ... . . 4. Lago Maggiore . ... .. .. . . . ... . 5 . Vierwaldstatter See ... . . ... . 6. Zürichsee .. .. . . . : . . . .. .. • ... . .. . 7. Untersee .... . ... .. .. . .. .. ... . 8. Lago di. Lugano .. .. .. ... . .. .. . . 9 . Thuner See . . .. .. .. . .. .. . . .. . .. . 10 . Lac de Bienne .... ... . .. .... . .. . 11. Zuger See . . . ... .. ... .. . . 12 . Brienzer See .... . .. .. . ... .. · .. . . . 13. Wallensee . ... .. . . . .. ... . ... .. . . 14 . Lac de Morat . .. . ... ... .... .. .. . l:'. . Hallwiler See .. ... . . . .. . . .... . 16 . Lac de Joux (avec lac Brenet) ... . 17 . Greifensee . .. . . .... ... ... . . .. . 18. Samer See .. .... . .... ... ... . 19. Aegerisee ... . .. .. . ... .. . . .. . . 20 . Silser See . . .. . .. .. .. . . .... : . . . . 21 . Pfüffiker See . . . .... .. ... ... ... . 22. KI on thaler See . . . .... .. ... .. . . . 23 . La go di .Poschiavo . . .. . . .. ... . 24. Lago Bianco ... . .... . ... ... . . 25. Lago Ri tom . .. . .... ... . . . .. . .. . 26. St. Moritzer See . . . . .. . . .. .. . 27 . Lac des Brenets . · ... . . . ... ... . 28 . Marjelensee ... .. .... . . ... . . 29. Lago di Lucendro .. . ... . .. : . .. . .

Surf ace et variation de niveau

Élévatiou maximum du nivean du lac, en mètres, eu 24. heures

0,19 - 19-20. 1. 1910 0,4!!. - 14-15. VI. 1910 0,28 - 20-21. I. 1910 1,65 - 27-28. X. 1868 0,68 - 14-15. VI. 1910

{. 0,53 - 14-15. VI. 1910 (Schmerikon)

0,40 - id. (Zürich)

1

0,40 - 15-16. VI. 1910 0,98 - 15-16. IX. 1882 0,42- 14-15. VI. 1910 1,10 - 19-20. 1. 1910 0,34 - 14 15 . VI. 1910

0,62 - id.

0,93- id.

0,78 - 25-26. III. 1895 0,23 - 19-20. 1. 1910 { 0,72 - 20-21. 1. 1910 (Joux)

0,99 - 14-15. I. 1899 (Brenet)

1

o,4o - 14-15 .. vr. 1910

0,90 - rd.

1 0,42 - id.

1

0,20 - 15-16. VI. 1901 0,40 - 14-1 5. VI. 1910

}

1

}

{ 0,81 - 3-4. V. 1908 (avant utilisation) }.

2,60 - 14-15. VI. 1910 (après )

1 0,94- 21-22.VIII. 1911 1

{ 0,23 - 9-10. VI. 1910 (avant utilisation) } 0,38 - 31.V-I.VI. 1913 (après » )

0,26 - 15-16. VI. 1901 9,46 - 5 6. XL 1906

j

des principaux lacs suisses

L B

Surface du lac, SurfaL:e du bassin sans les iles, d'a.liruentatiou

en km'l en km1

581,45 1 7975,34

1

475,48 10922,17

215,81 2671,38

211,59 6562;37

113,79 2237,96

88,52 1828,61

61,96 11487,38

48,90 614,51

47,80 2477,51

39,20 8305,14

38,24 246,<?8

29,1 8 1126,50

24,22 1061,16

22,82 1

1 695,52 10,30 1 137,88

9,53

1 210,53 8,57

1

163,03

7,73' 266,97

7,24 48,01

4, ~4 1 1 45,66

3,31 29,67

3,30 1 82,82

· 1,98 195,88

• 1

1,46 1 11,06

0,90 1 23,18

0,78

1

171,80

0,69 901 ,26

0,31

1

3,UO

0,18 7,05

1

li Amplit.ude maximum de la variation

L de niveau, tm mètres

13,72

{

2,84 (avant correction) 1,67 (après )

22,97 1 3,98

{

2,65 (avant correction)

12,37 2,78 (après » )

31,01 8,1 4

19,67 2,14

20,66 2,52

185,40 3,78

12,57 3,13

51,83 1,90

211,87

{

2,84 (avant correction) 2,86 (après » ) 6,44

1

.1,40

38,61 2,29

43,8 1 ( 2,42 (avant correction Linth)

}

4,19 (après 2,22 (avant correction)

.

» )

30,47

l

3,34 (après » ) 13,39

1 1,09 22,09 1 5,59 19,02 1 1,42

34,54 2,21 '

6,63 1,57

11,03 1,05

8,96 1,90

25,10 ( 5,34 (avant utilisation)

l 27,83 (après » 98,93

l

1,87 (avant utilisation) 7,76 (après )

0,37 (avant utilisation) 7,58 7,84 (après > )

25,76 1,27 (effet déversoir) 0,80 normal

220,31 1,62

1306,17 20,25

9,68 77,33

39,lG 1,14

(30)

50 MÉMOIRES

b) Lac de Constance

Surface du bassin d'alimentation jusqu'à la ville de Stein

= 1148ï,38 km'.

Lac supérieur (Obersee). Surface du bassin d'alimentation

= 10 922,17 km'.

Nous possédons une série qui, pour les observations de variations du niveau du lac de Constance, s'étend de 1817 à nps jours. Le premier limnimètre a été placé dans le port de Constance et au phare. Le tableau suivant, d'après lVI. Bossard 1, donne une idée des maxima et minima les plus intéressants de cette période:

~lAXIMA

-- -

Il :'\I 1 NI ~I A

Altiturle 1 Hau.t. r~pp.ort, 1 Altitude 1 Hau.t. r~pp.ort.

Année l N.F.R.P.N. auhmmmetre =-37600 Rli 2 d~ Rorec~ach, Année N. F . R. P. N. an hmmmetre = BîG"' 8(i 1 d~ Rorschach,

, zero= 39om ,42 , Zt:n'O = 395m ,4:!

m

1817 401. 72 6.30 1823 397.81 2.39

1821 401. 40 5.98 1836 397. 76' 2.34

1849 400.945 5.525 1848 397.87 2.45

1851 400.98 5, 56 1854 397.88 .2.46

1853 400.95 5.53 1858 397.74 2.32

1855 400.97 5. 55 1882 397.92 2.50

1876 401.10 5.68 1891 397.91 2.4D

1890 401.24 5.82

1

1895 397.90 2.48

1910 401.06 5. 6± 1909 397.86 2.44

La plus haute variation du niveau annuel de la période 1817-1910 s'est produite en 1821 avec 3m2s; la plus petite

' Gutachten über die Regulierung des Bodensees. Mitteilungen der Abtei- lttng für IVasserwirtschaft des Schweiz. Dept. des Innem. 3. Bern, 1913.

; D'après les travaux récents et spécialement d'après le Dr J. Hilfiker, ingénieur au Service topographique fédéral (Untersuchung dei· Ilohenver- hiiltnisse der Schweiz im Anschluss an das Meei·eshorizont. Bern, 1902), la cote probable du Repèt·e fédéral de la Pierre du Niton est de 373 m. 60;

toutes les cotes d'altitude des cartes suisses faites jusqu'à maintenant doi- vent donc être diminuées de 3 m. 26.

(31)

F'ORMATION ET RÉGIME DES LACS SUISSES 51 en 1870 avec 1 m23. L'amplitude maximum constatée pen- dant cette période entre le plus haut niveau atteint en 1817 èt le plus bas en 1858 est de 3m98,

Variations de volume du lac. - A un niveau moyen annuel de 398m94, une variation du niveau du lac de 1 mètre (lac supérieur+ lac inférieur) donne une augmentation de volume d'eau de 542 180 000 m'. A l'amplitude moyenne du lac de 2mo41 correspond un volume de 1112 749100 m". Cette amplitude moyenne se déduit de la moyenne des niveaux maximum annuels et de la moyenne des niveaux minimum de la série. Cette amplitude moyenne de 2mo41 correspond à la différence des cotes suisses suivantes (R. P. N. = 376,860m.) 400,139 -398,098 = 2,041. Une modification du niveau du lac de 1 cm. en 24 heures (86 400 secondes) correspondant à une hauteur moyenne du lac de 398m94 (3m52 au limnimètre de Rorschach) représente un débit de 62,75 m' à la seconde.

Ce chiffre passe à 65,65 m' à la seconde pour le niveau des hautes eaux (limnimètre de Rorschach= 5moo) et s'abaisse à 61,73 m' pour un niveau de 3moo au limnimètre de Rorschach.

Hautes eaux. - Les hautes eaux enregistrées depuis 1817 se présentent généralement dans les mois de juin et de juillet.

Une arrivée tardive des hautes eaux se présente pourtant pour les années 1821, 1851, 1852 et 1888, et cela dans le mois d'août; pour les années 1829, 1860, 1890 et 1897 au mois de septembre. Les plus grandes variations positives du niveau du lac (Obersee), à partir de 1860, se sont produites comme suit :

1876 Augmentation de niveau de 63 cm en 2· jours (11-12 juin).

1881 Augmentation de niveau de 126 cm en 13 jours (26 août-8 sept).

1888 Première vague: du 31 juillet au 1 •r août, 9 cm.,

Références

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