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Formation de lacs et de marais dans le tuf

PITTARD, Jean-Jacques

PITTARD, Jean-Jacques. Formation de lacs et de marais dans le tuf. Revue polytechnique , 1940, p. 3-11

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142128

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SOCIÉTÉ SUISSE DE SPÉLÉOLOGIE

FORMATION

DE LACS ET DE MARAIS DANS LE TUF

PAR

J .-J. PITT ARD

Extrait du Bulletin de la Société Suisse de Spéléologie du 25 mai 1940

GENÈVE

IMPRIMERIE DE LA TRIBUNE DE GENÈVE Rue du Stand, 42

1940

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Formation de lacs et de marais dans le tuf

par

J.-.J.

PITTARD, Dr ès sciences

Les eaux chargées de sels calcaires peuvent, en abandonnant ces derniers par évaporation, former des édifices dont les dimensions sont quelquefois consi- dérables. De véritables barrages de tufs s'établissent ainsi dans certains cas au travers de petites vallées, retenant peu à peu l'eau de lacs plus ou moins vastes et de profondeur très variable, souvent transformés en marécages. Ces lacs, en effet, ne tardent pas à être comblés lentement par divers matériaux et notamment par des dépôts tufeux dus à la précipitation des éléments solubles pendant des périodes sèches durant lesquelles l'évaporation enlève plus d'eau que les affluents n'en apportent.

Le professeur Gignoux cite un important barrage naturel de tufs dans la vallée du Caramy, près de Brignoles (Var). Ce barrage haut de plus de trente mètres constitue un gradin appelé dans le pays La Grande Cascade (Fig. r). ((Avant la formation du gradin, le Caramy coulait sur le rocher, et y avait un profil longitudinal régulier. Puis des sources tufeuses existant sur les berges rocheuses, au droit de l'em- placement actuel de la Grande Cascade, ont commencé à accumuler de puissants dépôts de tufs : ces sources sortaient, dans cette région, de terrains triasiques, avec gypses, cargneules et calcaires, qui leur donnait une minéralisation particulièrement élevée. L'accu- mulation de ces tufs, s'élevant progressivement, a constitué en travers de la vallée une sorte de digue naturelle, qui est devenue le gradin de la Grande Cascade. Mais en amont de ce barrage naturel, le

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Caramy, perdant sa pente d'écoulement, s'est trans- formé en une série de marécages, et c'est dans les eaux presque stagnantes de ces marécages que se

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sont accumulées les épaisses couches de vases, de tourbes, de sables fins, qu'ont traversés les sondages destinés à reconnaître l'état du rocher en vue de la

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construction d'un barrage pour le service des eaux de la Ville de Toulon. On a pu constater d'ailleurs que ces dépôts de marécages sont bien contemporains des dépôts de tufs, car on les voit s'intriquer les uns dans les autres. Les sondages situés en aval, les plus près de la Grande Cascade ont traversé des alternances de tufs, de vases et tourbes, tandis qu'en amont on n'a plus de tufs, et que plus en aval encore, à la Grande Cascade même, on n'aurait plus que des tufs. n 1

J'ai eu l'occasion d'étudier avec quelques élèves du Collège de Genève, tous membres de la S.S.S., MM. Jean-Louis Petit-Pierre, Jean Stocker, Pierre Gerzat, Jean Della-Santa, Jean Martingay, Carlo Albanési,

J.

Verdan, R. Rouiller, des formations ana- logues quoique moins considérables, dans le ruisseau de Chaley (Ain).

Chaley est un petit village situé sur la rive droite et au-dessus de l' Albarine, entre Tenay et Hauteville.

Il est traversé par un cours d'eau très riche en sels calcaires sortant d'une grotte s'ouvrant au pied d'une paroi de rocher, bien au-dessus du village. De là, le ruisseau descend par gradins successifs une petite vallée dominant Chaley. Le fond de fa vallée est occupé par d'importants dépôts de tufs, et, dans sa partie supérieure, on découvre un charmant plateau verdoyant et cultivé qui fait un curieux contraste avec le paysage environnant, sévère et chaotique.

Le petit torrent a édifié le long de son cours une série de gradins de tufs qu'il franchit par des cascades (Fig. z). Il ne s'agit donc pas de barrages construits par des sources locales sourdant sur les rives de la vallée comme dans le cas du Caramy, mais d'édifices établis par le ruisseau lui-même, dans son thalweg.

L'origine de ces gradins peut s'expliquer par des alternatives de sécheresse et d'humidité. Il est évident,

1 Gignoux, Maurice. Architectures édifiées par les sources tufeuses. "La Terre et la Vie"•

r

année, 11° 2.

Paris, mars-avril 1937.

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en effet, que l'eau très chargée en sels calcaires va déposer ces derniers dès qu'il y aura saturation, ce qui se produira aux périodes de forte évaporation et de faible débit. Que cette eau stationne un peu sur un replat naturel, occupé par des amas de débris végétaux entassés là par une crue précédente, nous aurons rapidement un dépôt de tuf qui s'épaissira graduellemrnt. L'eau filtrera d'abord au travers de cette roche poreuse, mais, l'évaporation s'accentuant,

Fig. 2. Succession de gradins de tufs obstruant le vallon du Ruisseau de Chaley.

Photo J .-J. Pittard.

tous les interstices seront bientôt bouchés ; une retenue se formera devant ce barrage, façonnant ainsi une vasque plus ou moins étendue. Une évapo- ration activée par une plus grande aridité favorisera la précipitation des sels dissous dans le fond même de la vasque, qui peu à peu se comblera, établissant ainsi un gradin à surface relativement horizontale.

Non loin de la source, dominant la vallée, se trouve l'ancien lac, aujourd'hui comblé par une succession

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de dépôts tufeux (Fig. 3). A la base du massif, haut d'une vingtaine de mètres, 'une petite grotte s'ouvre dans le tuf ; elle nous permet de nous rendre compte des phases progressives de l'édification du barrage. On y voit, en effet, plusieurs accumulations variées, telles que végé- taux minéralisés entremêlés, calcaire crayeux, travertins assez compacts, tufs poreux, montrant divers moments de la construction.

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Fig. 3. - Profil ,schématique du plateau de la Source de Chaley formé par un massif de tufs.

H = Humus, vases et tourbes.

Maintenant, le lac a fait place

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un terrain humide, marécageux par endroit, où le ruisseau serpente tranquillement parmi de nombreuses plantes aquati- ques avant de se jeter brusquement en cascade à l'extrémité du plateau. Ce dernier, en raison des grandes facilités d'irrigation (il suffit de barrer le cours d'eau pour inonder rapidement cette surface horizon- tale) a été utilisé par les habitants du pays qui ont établi la un verger et une prairie, alors que les environs sauvages ne fournissent que de maigres ressources forestières (Fig. 4 et 5).

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Fig. 4. - Une partie du petit plateau de tuf du Ruisseau de Chaley

Photo J.-J. Pittard

Fig. 5. - Source du Ruisseau de Chaley. Au premier plan, on voit le début de la prairie maréca- geuse installée dans le lac comblé.

Photo J .-J. Pittard.

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Un autre cas des plus curieux de barrage par des tufs ou des travertins se trouve en Afghanistan, au Band-1-Emir, . dans uhe vallée de l'Hindou-Kouch.

On atteint cette région, qui a été visitée en août 1939 par le Dr Annemarie Clark-Schwarzenbach et Mlle Ella Maillart, l'exploratrice genevoise bien connue, en quittant la route de l'Hindou-Kouch menant de Kaboul à Tash-Kourgan (Turkestan) après la descente du col de Shibar, près de Bouloula. Une route mène de ce point dans la fameuse vallée de Bamiyan, connue par sa falaise des Grands Bouddahas. De Bamiyan, continuant vers l'ouest, on traverse une gorge étroite et trois cols : le Shaidan, le Shibartu et le Cham- Kotal. On arrive enfin sur une plaine élevée d'où l'on aperçoit dans une profonde vallée entourée de falaises le Band-I-Emir, le Barrage des Rois (Fig. 6).

Fig. 6. - Barrage de tufs calcaires séparant deux des lacs du Bancl-I-Emir (Hindoukouch, Afgha- nistan) . Photo Ella Maillart

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Ce Band-I-Emir est formé de sept lacs communi- quant entre eux. Leur création est attribuée à Ali, gendre du prophète, héros de beaucoup de légendes en Afghanistan. Un de ces lacs est appelé Band-I-Paner (Barrage du Fromage), parce qu'une femme nomade a offert à cette place à Ali un fromage. Les descendants de la donatrice sont les Sejjides qui aujourd'hui encore

Fig. 7 Moulin du Band-I-Paner. Remarquer le bour- relet de iufs retenant un des lacs du Band- I-Emir. L'eau d'écoulement es t utilisée par un moulin installé à la base du massU.

Photo Ella Maillart

gardent au bord du lac une petite mosquée, le Siaret, lieu sacré.

L'altitude moyenne du Band-I-Emir est de 3200 m.

Les sept lacs se trouvent sur des rochers formant des sortes de grandes tables naturelles. Le dernier de ces lacs, le Band-I-Paner, très vaste, est entouré de hautes falaises de roches sédimentaires brun-rougeâtres.

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L'eau est retenue par un énorme bourrelet de tra- vertins à la base duquel est installé un mou~in utili- sant une partie des eaux d'écoulement du lac (Fig. 7).

Ces dernières se répandent sur le bord aval du massif- barrage, accroissant toujours son épaisseur par les dépôts qu'elles y laissent et qui finissent aussi par obstruer les canaux d'amenée du moulin qu'il faut déblayer ou déplacer constamment. Nous avons vu un phénomène semblable dans la région des Hôpitaux, près de Tenay (Ain, France), où une petite usine employant des eaux fortement calcaires a dû déplacer plusieurs fois les conduites d'amenée, puis, ayant interrompu son exploitation, a vu sa roue motrice peu à peu envahie puis définitivement bloquée par le tuf.

Dans une autre région du Band-I-Emir, l'eau, pré- sentant une admirable couleur bleue, variant du bleu marine au bleu turquoise, est maintenue par un bar- rage naturel ayant l'aspect d'un mur assez haut et relativement mince (Fig. 8). Cette construction est analogue à celles des gours, ces vasques élégantes visibles dans de nombreuses grottes.

Fig. 8. - Le dernier des 7 lacs du Band-1-Emir (Barrage du Roi), altitude: 3167 m. Remarquer la muraille relati- vement mince édifiée par des dépôts calcaires.

· Photo Ella Maillart

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