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Texte intégral

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On admet généralement que le terme d’économie politique date de 1615 avec le « traité d’économie politique » d’Antoine de Montchrestien.

Au début du XVIe siècle, l’économie politique commence à émerger comme discipline autonome.

Bien que Montchrestien fût l’inventeur du terme, on considère Adam Smith comme le père de l’économie politique.

Personne ne conteste cependant l’activité économie avant eux mais pas en tant que science proposant un discours positif (qui tente d’expliquer les phénomènes), plutôt comme une discipline au discours normatif (qui tente d’expliquer ce qu’il devrait être, et comment faire pour le réaliser).

Cette norme, mise en pratique depuis Aristote (-384 ;-322) est la philosophie politique.

Pour Aristote, l’activité économique doit être telle qu’elle permette le fonctionnement de la cité : il subordonne l’économie à la politique (l’élaboration philosophique du fonctionnement de la cité)

 Quelle doit être la politique de la cité ?

  Comment doit-on tourner l’économie ?

Au Moyen Age, l’économie se transforme et subordonne la théologie chrétienne (St Thomas d’Aquin), et il faudra que l’économie se libère de ces 2 tutelles et surtout de celle de la théologie chrétienne pour pouvoir se développer comme science indépendante.

Historiquement, la pensée économique s’est formée à l’opposé de la pensée chrétienne. Les théories et les pensées dominantes vont se faire en opposition radicale avec celle-ci.

Parmi ces précurseurs de l’économie politique, on distingue 2 catégories : Les Mercantilistes, et les Physiocrates.

I. Les Mercantilistes

Ce sont surtout des auteurs de la vie sociale et politique : ministres,

hommes d’état, magistrats, avocats et marchands. Il s’intéressent à des problèmes très concrets et ne cherchent pas à théoriser leurs idées, et pour cette raison, on ne trouve pas de pensée ni de théorie mercantiliste. En revanche, il existe quand même une direction dans leurs idées :

A. L’enrichissement et l’autonomie de l’état

L’esprit du mercantilisme s’oppose et s’affranchit de l’esprit médiéval pour s’insérer dans le cadre de la nation et de l’état.

INTRODUCTION GENERALE

Les précurseurs de l’économie politique. INTRODUCTION GENERALE

Les précurseurs de l’économie politique.

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Au début du XVIe apparaît une nouvelle théorie de l’état dont l’un des précurseurs est Machiavel (1469-1527). Selon lui, les états naissent dans la violence et doivent souvent se maintenir grâce à elle. Ainsi l’efficacité politique contredit l’enseignement de la morale et de l’église au nom d’intérêts supérieurs.

« Le prince chargé de conduire l’état est souvent contraint de le conduire contre l’humanité, contre la charité et la morale » (Machiavel)

Dans la conception de Machiavel, le rôle du prince est d’établir, de garantir et

d’étendre la prospérité de la cité. En d’autres termes, à partir du XVIe la conception dominante de l’état est celle d’un état autonome.

Les fondements du mercantilisme sont d’abord politiques. L’autonomie de l’état ne peut être garantie que si l’état lui-même est autonome. Pour cela, il faut qu’il soit fort, mais un état fort est avant tout un état riche, en particulier parce qu’il doit avoir les moyens de lever une armée, laquelle doit garantir l’autonomie de l’état.

Cependant, l’erreur des mercantilistes est de lier richesse et or. L’activité des marchands doit créer le stock d’or. La doctrine mercantiliste s’inscrit donc dans l’étude des moyens d’enrichissement de l’état pour garantir son autonomie.

B. La doctrine mercantiliste

La monnaie est au centre de la doctrine mercantiliste. Il s’agit pour l’essentiel de s’enrichir en faisant des échanges extérieurs avec les marchands. Le mot d’ordre est donc la balance excédentaire : une exportation supérieure permet une entrée de stock d’or.

Les auteurs mercantilistes espagnols et portugais visent à déterminer les facteurs d’accumulation et de conservation des métaux précieux dans le royaume. Par conséquent ils prônent l’interdiction d’exporter de l’or et de l’argent, l’obligation de régler en marchandises les achats à l’étranger et l’obligation de rapatrier les gains en or et argent à l’intérieur du pays.

[ ] Elle est constituée de métal précieux marqué d’une empreinte informant le poids d’or ou d’argent.

Cependant, la tentation est grande pour le Roi, qui a le monopôle de l’émission de la monnaie, d’augmenter l’émission de la monnaie en la dévaluant (moins d’or dans chaque pièce).

Mais les mercantilistes s’opposent à ces manipulations et soutiennent en général que valeur marchande et valeur légale doivent coïncider. L’une des principales raison avancées est la loi de Gresham (1519-1579) : « La mauvaise monnaie chasse la bonne ».

Exemple : il existe 2 émetteurs de monnaie dans un pays. L’un dévalue sa monnaie, il va donc y avoir plus de monnaie dévaluée, et c’est cette dernière qui s’imposera au détriment de l’autre, qui chassée, va être thésaurisée (stockée, épargnée en

espèces). Ce fonctionnement peut conduire à une pénurie de métaux précieux.

Ainsi, même si une monnaie dépréciée permet au prince d’accroître ses revenus, à la première occasion, la mauvaise monnaie retournera dans ses caisses : Les manipulations monétaires ne font soulager que temporairement la richesse publique.

La monnaie est la richesse car elle est le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat est la quantité de services ou de biens équivalent à la quantité de monnaie. L’inflation (accroissement des instruments de paiement  hausse des prix et dépréciation de la

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monnaie) fait baisser le pouvoir d’achat. Alors que la plupart des biens sont durs à conserver, les métaux précieux sont durables, ce qui permet à la fois d’effectuer des paiements et de conserver la richesse.

Très tôt apparaît donc avec les mercantilistes la reconnaissance des 3 fonctions de la monnaie :

Unité de compte dans laquelle les agents communiquent entre eux : elle sert d’étalon numéraire.

Instrument d’échange : la monnaie brise les inconvénients du troc (recherche, attente, transport).

réserve de valeurs : ce qui permet de différer les décisions d’achat et d’investissement et de garder la valeur de ses biens.

Pour les mercantilistes, il faut détenir de la monnaie, c’est le moyen principal de régler les soldes avec le commerce extérieur. Le prince se doit d’avoir de l’argent dans la mesure ou cela constitue un signe de noblesse. Mais cela doit aussi servir à financer les guerres.

Mais quelles sont les conséquences de cette accumulation de monnaie et de richesses ?

Au XVIe, l’histoire est marquée par un afflux massif d’or et d’argent en

provenance du nouveau monde, et par une longue phase de hausse des prix (qui commence en Espagne au début du XVIe). Les mercantilistes sont perturbés :

 Comment expliquer cette hausse des prix ?

Dans un rapport, publié en 1566, Malestroit explique que l’inflation est imputable (impliquée par) à la dépréciation de monnaie, c'est-à-dire à la baisse du contenu de métal par pièce de monnaie. En revanche, le taux d’échange entre les biens d’une part et l’or d’autre part seraient restés stables. Ainsi la hausse des prix n’est que nominale mais pas réelle dans la mesure où la quantité de métal précieux nécessaire pour acheter une certaine unité de bien reste la même.

Jean Bodin, en 1568 conteste cette analyse. Selon lui, la hausse des prix est très supérieure à la dépréciation des monnaies. L’inflation n’est donc pas seulement nominale : il existe une hausse des prix en termes d’or et d’argent. Bodin analyse ensuite les courbes de l’inflation nominale et réelle : pour lui, la cause principale est l’abondance des richesses. L’accroissement de l’offre des métaux précieux

comparativement à l’offre des autres biens diminue les prix relatifs de l’or et de l’argent par rapport aux autres biens, ce qui signifie une augmentation des prix de ces biens et terme d’or et d’argent.

En terme d’économie moderne, il y a un choc extérieur : cela perturbe l’économie.

Ainsi le niveau général des prix est directement relié à la quantité d’or et d’argent.

Avec Jean Bodin, on a donc l’ébauche d’une théorie monétaire de la monnaie, et qu’on appellera plus tard la théorie quantitative de la monnaie, dans la mesure où elle présente une relation de cause à effet entre quantité de monnaie et quantité générale de prêt.

Seule la causalité est mise en évidence mais pas la nature explicite de la relation. (Il n’y a pas une causalité entre le prix, mais il ne va pas approfondir la relation).

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Les mercantilistes vont s’intéresser à la relation entre monnaie et taux d’intérêts.

Le taux d’intérêt : c’est le loyer de l’argent. Ils sont persuadés des bienfaits d’un faible taux d’intérêts : Quand les taux sont élevés, les marchands fortunés

préfèrent placer leur argent plutôt que d’utiliser cet argent dans les affaires. Lorsque les taux d’intérêts sont faibles, cela favorise le commerce et l’activité.

Dépréciation : par unité monétaire, on a moins d’or et d’argent Dévaluation : modifie le cours légal.

II. Les Physiocrates

A. Boisguilbert et Cantillon

Boisguilbert (1646-1714), magistrat, va chercher les causes de l’appauvrissement de la France sous le règne de Louis XIV. De ce fait, il va construire un système général de l’économie.

Pour Boisguilbert, le but est d’enrichir la nation, mais il ne faut pas se tromper sur la richesse, elle n’est pas monétaire, elle est constituée des biens qui servent à satisfaire les besoins. Et à l’intérieur même de ces besoins, il est possible d’en déterminer un ordre de nécessité : Les biens agricoles sont des biens

fondamentaux car ils satisfont les besoins vitaux mais c’est à partir d’eux que sont fabriquées les produits d’industries.

Un pays riche est un pays prospère, c'est-à-dire qui a beaucoup de biens agricoles.

Ceci est la condition nécessaire à la prospérité de l’industrie.

Boisguilbert définit les laboureurs et les marchands qui travaillent dans l’agriculture et l’industrie comme ceux qui constituent la fraction laborieuse de la population.

(15, 16 millions de personnes). Cette frange de la population tire de la vente de ses produits, les revenus d’industries.

L’autre partie de la population, le beau monde est composé du souverain, des propriétaires fonciers et du clergé (rémunéré par la dîme). Le beau monde perçoit les revenus des fonds ou revenu de la terre (rente foncière). Cette rente foncière leur est payée sous forme d’impôts ou de fermage : un cultivateur prend une terre à bail (contrat de prêt et d’utilisation) mais doit verser un revenu fixe de location.

La classification de Boisguilbert est une opposition de classe entre « l’une qui ne fait rien et joui de plaisir et l’autre qui travaille du matin au soir ».

Le circuit économique naît des relations qu’entretiennent revenus des fonds et revenus d’industrie. Les revenus du beau monde constituent le point de départ : ils sont dépensés auprès des laboureurs et des marchands, qui à leur tours en

commerçant et en produisant font naître les revenus de l’industrie, puis sur ces revenus sont prélevés les impôts et fermages qui vont reconstituer les revenus des fonds.

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En effet, les revenus des fonds doivent être dépensés pour que naissent les revenus d’industries et l’importance des revenus des fonds en retour, est liée à l’importance des revenus d’industries.

La substance nourricière de toute la société est sécrétée par l’activité des laboureurs et des marchands. Le beau monde a un rôle spécifique et privilégié : il est dans une situation dominante car il peut choisir entre consommer et épargner, thésaurisation et placement.

Au total, le beau monde est seul maître des flux monétaires.

Pour la première fois, on a eu un découpage.

En 1687, Cantillon propose un circuit économique plus complet et plus élaboré que celui de Boisguilbert. Il définit 3 classes sociales et observe 3 critères : fonctions, natures des revenus et lieu de vie

1ere classe : Agriculteurs et artisans : Localisés dans les villages, ils fournissent les fonds de subsistances de la nation permettant aux autres groupes sociaux de vivre.

Leurs revenus sont incertains car les quantités produites et les prix fluctuent tandis que la rente foncière est fixe.

2e classe : Classe des entrepreneurs : elle comprend les artisans, les industriels et les commerçants : ils habitent là où se situent le marché : les bourgs et les villes. Il est soumis aux fluctuations des prix et de l’incertitude de la demande. Sa fonction est de fournir des produits finis aux autres classes.

3e classe : Classe des propriétaires fonciers : elle a des revenus certains et stables : leur comportement est orienté vers la consommation de produits agricoles et produits finis.

Entre ces 3 classes s’établit un circuit simple. Pour Cantillon, l’agriculture est source de richesses. Il suppose qu’en moyenne, les entreprises non agricoles ne font que satisfaire la subsistance de ceux qui s’y livrent. Elles ne font ni bénéfices ni pertes, et

Beau monde

Laboureurs

Revenu d’industrie

Impôts

Marchands Impôts et

fermages

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c’est seulement l’agriculture qui dégage ce que les physiocrates appelleront un produit maître sur lequel vivent tous les habitants du pays.

Seule la classe des laboureurs est productrice de richesses.

B. La doctrine physiocratique

La doctrine physiocratique constitue l’expression la plus achevée des analyses du circuit au XVIIe, et les physiocrates formeront la 1ere école de pensée systématique rencontrée en économie.

Autour de François Quesnay (1694-1774) (chef de file de la pensée

physiocratique), de Mirabeau et de Duront de Memory, cette école va dominer la réflexion économique et sociale pendant plusieurs décennies.

Le terme physiocratie signifie le gouvernement ou le pouvoir de la nature. C’est avant tout une doctrine de l’ordre naturel. Autrement dit : « les lois essentielles de l’ordre social s’imposent aux hommes et sont établies par l’être suprême ».

Quesnay est surtout connu pour son tableau économique. Publié pour la première fois en 1758, il est certainement l’œuvre majeure de son auteur.

Quesnay commence par définir chaque classe sociale par ses fonctions. Il existe 3 classes sociales :

 La classe des propriétaires qui possèdent les terres et les font mettre en valeur par

 Les classe des laboureurs : les fermiers qui constituent la classe productive.

Les propriétaires vivent du produit net et que leur versent les laboureurs à titre de rente.

 partie des recettes de l’agriculture qui vient en surplus des frais assumés pour l’entretien des hommes, des bêtes et du matériel employé dans les formes par le fermier.

La thèse de Quesnay est que non seulement l’agriculture dégage un surplus réel (une richesse) et qu’elle est la seule activité qui le fasse. Il en est ainsi en vertu d’une propriété physique de cette activité qui fait que le sol, par une sorte de don de la nature, rend plus qu’on ne lui a apporté.

La classe productive chez Quesnay et les physiocrates signifie donc la classe productive d’un produit net.

 La 3e classe : La classe stérile : elle comprend tout le reste de la société : les artisans, les manufacturiers, leurs ouvriers, les commerçants, les

fonctionnaires, prêtres, professions libérales et magistrats. Par classe stérile, Quesnay entend que l’activité des membres de cette classe ne correspond pas à la création d’un produit net. Les membres de la classe stérile ne font que transformer ce que la nature a offert.

A l’aide de son tableau économique, Quesnay va décrire les relations d’échanges qui s’établissent entre ces 3 classes sociales et se renouvellent de périodes en périodes.

Ce tableau est célèbre car il s’agit certainement du 1er modèle économique. Il rend compte de la réalité en la simplifiant mais sans la déformer. Ce qui est l’essence même de l’abstraction et des constructions théoriques.

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Le circuit économique décrit par les physiocrates est idéal parce qu’il fait partie de l’ordre naturel voulu par la divine providence, et le devoir du souverain est d’assurer la réalisation de cet ordre naturel. Pour cela 2 principes doivent être respectés :

- La protection de la propriété : « c’est le fondement de l’ordre économique de la société. ».

- La propriété est d’abord personnelle : c’est le droit de chacun de disposer de soi, d‘utiliser ses propres facultés, de rechercher son propre intérêt. En conséquence, chacun peut disposer des fruits de son travail.

- La liberté individuelle qui découle en fait du principe du respect de la propriété.

Si les hommes sont libres et qu’il y a respect de la propriété, il y aura liberté des agriculteurs dans le choix de ses cultures, dans l’absence de servitude et la

circulation de ses produits. Pour l’artisan, il y aura liberté de s’établir, de produire, et de s’exposer. Enfin pour le propriétaire, il y aura liberté de dépenser puisque c’est par leurs dépenses que le produit net qui leur revient est remis en circulation. Et c’est là la condition indispensable au circuit.

Pour résumer, si la propriété et la liberté sont garanties, l’ordre naturel va se réaliser spontanément « selon la volonté de la divine providence ».

La physiocratie apparaît donc comme une sorte de théologie économique.

Pour conclure l’analyse des théories du circuit, on peut dire que toutes ces théories insistent sur la prépondérance de l’agriculture dans la production, la création de richesse et sur le rôle déterminant des propriétaires fonciers dans la circulation des flux monétaires.

On assiste donc à la naissance de la pensée libérale qui place la liberté économique au cœur de l’analyse.

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PARTIE 1

L’économie classique (de Smith à Marx)

La pensée classique va dominer l’économie politique pendant près d’un siècle avec l’ouvrage d’Adam Smith, paru en 1776 et intitulé « recherche sur la nature et sur les causes de la richesse des nations », jusqu'à la naissance du marginalisme et des théories néoclassiques un siècle plus tard.

David Ricardo, avec son livre « les principes de l’économie politique et de l’impôt » paru en 1817, est le véritable théoricien de l’économie politique classique.

Enfin, Karl Marx peut-être considéré comme l’un des derniers auteurs majeurs de l’économie politique classique. Son ouvrage, « le Capital » se veut une remise en cause radicale de l’économie politique classique : un de ses sous-titres est « Critique de l’économie classique ». Cependant, pour des raisons historiques, le 1er livre du capital va paraître en 1867 et, surtout pour des raisons théoriques, les économistes le considèrent comme un économiste classique.

Il est considéré comme le père de l’économie politique. Son ouvrage est l’un des plus célèbres de la littérature économique. Adam Smith était professeur de philosophie en Grande-Bretagne. En 1759, il publie un traité important intitulé « la théorie des sentiments moraux ».

I. La théorie de la valeur et de la répartition

C’est dans le chapitre 4 du livre 1 que Smith introduit la notion de valeur. La valeur usuelle est identifiée à l’utilité, mais par utilité, Smith vise moins l’aptitude d’un bien à répondre à un désir subjectivement éprouvé que la faculté objective de satisfaire une grande catégorie de besoins tels que la nourriture, le chauffage, le vêtement…

Smith n’approfondit pas la notion de valeur d’usage (val U) car son intention est l’explication des principes qui règlent la valeur d’échange (val E).

Avec Smith, on a une dichotomie (division + opposition) entre valeur d'usage et valeur d'échange. Il va chercher à éclaircir 2 problèmes :

Comment se détermine la valeur ?

Comment se mesure t’elle ?

A. La détermination de la valeur

PARTIE 1

L’économie classique (de Smith à Marx)

Chapitre I : Adam Smith et la genèse de l’école classique

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Cela renvoi à une question bien précise :

Quels sont les principes et les rapports d’échange entre les marchandises ?

Pour tenter de répondre à cette question, Smith va adopter une théorie de la valeur travail, c'est-à-dire une théorie qui explique les prix relatifs par les quantités de travail respectivement contenues dans les marchandises que l’on échange.

En fait, plus précisément, pour Smith chaque bien comporte un coût et a une valeur.

Le coût = la peine que le travail nous a imposé. On l’appelle donc le travail incorporé

La valeur = le travail incorporé dans les marchandises que nos obtenons en échange, ce que l’on peut appelé le travail commandé.

Pour Smith, qu’il s’agisse de travail incorporé ou de travail commandé, la quantité de travail doit être la même sinon l’échange ne se fait pas (selon S. on échange du travail contre du travail).

1) Prix naturels et prix de marchés

Pour Smith, le travail est le fondement de la valeur d'échange. Dans une société primaire (sans accumulation de capital (K.) et sans propriété privée) il existe un seul facteur rare : à savoir le travail (W.). Et ce sont donc les coûts du travail qui déterminent les prix relatifs. Dans une société plus avancée, avec d’autres facteurs de production, c'est-à-dire le capital et le sol, il faut alors prendre en compte d’autres éléments qui déterminent les prix relatifs.

Smith donne donc la définition suivante : Lorsque le prix d’une marchandise n’est ni plus ni moins que ce qu’il faut pour payer, suivant leur taux naturel, le fermage de la terre, les salaires du travail et les profits du capital employés à produire cette denrée (produit comestible destiné à l’alimentation de l’homme), la préparer et la conduire au marché, alors cette marchandise est vendue à ce qu’on peut appeler son prix

naturel (Px Nat). « La marchandise est alors vendue précisément à ce qu’elle vaut ou ce qu’elle coûte réellement à celui qui l’apporte au marché. »

Smith ajoute que le profit du vendeur doit être inclus dans le prix de vente puisque c’est de ce profit qu’il va tirer sa subsistance.

Ensuite, Smith introduit un autre concept de prix, le prix de marché (Px Mé), qui est le prix effectif auquel est vendue une marchandise et qui peut être supérieure ou inférieure au prix naturel selon les importances relatives de l’offre et de la demande (O&D).

La relation qui s’établit entre les deux dépend du rapport existant entre l’offre et la demande effective, c'est-à-dire la demande de tous les individus disposés à payer le prix naturel de la marchandise.

Dans le court terme, l’offre est fixe, ainsi si l’offre est inférieure à la demande effective, il existe un déficit de marchandise et la concurrence entre acheteurs établira le prix au dessus du prix naturel. Cas inverse, si l’offre est supérieure à la demande effective, il existe un excédent de marchandise et la concurrence entre vendeurs établira le prix au dessous du prix naturel.

Cependant, cette disparité entre prix naturel et prix marché ne peut pas être permanente car l’offre n’est pas fixe mais s’adapte à la demande effective.

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Smith conclue que le prix naturel est donc pour ainsi dire le point central sur lequel gravit continuellement le prix de toutes les marchandises.

Remarque : La quantité offerte s’adapte à la demande effective ou, ce qui revient au même, à la manière dont le prix naturel rejoint le prix marché. Dans ce processus d’ajustement, le comportement des détenteurs de ressources (terre, capital, travail) joue un rôle décisif. En effet, le prix marché de ces ressources, venant à s’écarter de leur prix naturel, leur détenteur devront en modifier l’emploi de telle sorte que

l’équilibre soit rétabli.

En exposant la nature de la pression qui s’exerce sur les détenteurs de ressources, Smith est amené à présenter une analyse de la concurrence et même les

fondements de ce qu’on appellera plus tard la concurrence pure et parfaite.

Selon Smith, il faut que les concurrents soient nombreux de sorte à ce que aucun ne puisse exercer une influence sensible sur les prix. Par ailleurs, il faut que

l’information soit parfaitement diffusée, ce qui exclue les secrets de fabrication et le secret des affaires. Et enfin il faut que la mobilité des facteurs de production en secteurs de fabrication soit totale.

La 2e remarque concerne le véritable caractère de la valeur considérée par Smith.

On pourrait être tenté de voir dans cette théorie une explication reposant sur le jeu de l'offre et de la demande. Mais ceci n’est pas exact car la loi de l'offre et de la demande ne fait que déterminer le prix marché tandis que ce prix gravite autour du prix naturel. Or le prix naturel, d’après l’analyse de Smith, ne dépend pas du tout de la demande de biens : il dépend de la valeur des services des facteurs de

production.

On a donc une théorie de la valeur déterminée par le coût de production.

La demande influe effectivement le prix marché mais dans le court terme

uniquement. Cependant le prix naturel, qui est un prix de long terme ne dépend que du coût de production.

La question que va analyser Smith est : Quels sont les déterminants du prix naturel ? Quels sont les composants du coût de production ?

Cela revient à déterminer le prix des services des différents facteurs de production.

Cette analyse conduit Smith à élaborer la théorie de la répartition.

2) La théorie de la répartition

Dans l’enfance des sociétés, seul le travail permet de produire et la théorie de la valeur travail est une bonne description de ces sociétés. En revanche, dans les sociétés capitalistes, il y a selon Smith 3 facteurs de production :

Capital : profits ou intérêts

Travail : salaires

Sol : rente

Smith considère qu’il n’est pas possible d’appliquer la théorie de la valeur travail dans les sociétés développées dans la mesure où le profit et la rente semblent être indépendantes de la quantité de travail utilisé pour la production.

De plus, Smith explique qu’à chaque stade de production, chaque marchandise contient directement ou indirectement une part variable du produit de ces 3 facteurs

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déterminant ainsi le prix naturel de chaque marchandise. Chacune de ces

rémunérations des facteurs de production comporte elle aussi un taux naturel de long terme et un taux de marché de court terme.

a) Les salaires

Smith fait la distinction entre courtes et longues périodes.

Court terme : 1 an Moyen terme : 1 à 5 ans Long terme : 5 à 10 ans

En courte période, la population est fixe et donc comme pour tout autre marchandise, c’est le jeu de l'offre et de la demande qui va prévaloir sur le marché du travail.

La demande de travail émane des employeurs et l’offre des travailleurs. Le prix courant du travail est le prix que reçoit réellement l’ouvrier d’après les rapports de l'offre et de la demande, le travail étant cher quand les parts sont rares et bon marché lorsqu’elles abondent.

L’offre de travail est le volume de la population en âge de travailler, et la demande est déterminée par ce que Smith appelle les fonds destinés à payer les salaires.

Ces fonds proviennent de la récupération par la vente des produits des salaires initialement avancés dans la production. Ils proviennent également de l’épargne des capitalistes qui pourra être avancée en salaires supplémentaires.

Ces fonds de salaires déterminent la demande de travail alors que l’offre est fixe à court terme.

Dans le long terme, Smith considère que le salaire ou le taux naturel (tx nat) du salaire se fixe au niveau des subsistances des travailleurs. Il constate que le niveau est d’abord le résultat d’un rapport de force entre employeurs et salariés.

Cependant ce rapport de force est asymétrique : les capitalistes ont souvent la possibilité de se concerter et de s’entendre dans la légalité tandis que les travailleurs n’ont pas le droit de se coaliser. De plus, en période de conflit, les capitalistes ont les ressources nécessaires pour survivre sans besoins des travailleurs, ce qui n’est pas le cas de ces derniers.

Par conséquent, les capitalistes peuvent imposer leur prix, c'est-à-dire le salaire qui ne peut descendre en dessous du niveau de subsistance.

Le taux naturel du salaire est donc le niveau de subsistance du travailleur.

Smith avance une autre raison pour laquelle le taux de salaire est au taux de subsistance. Dés que le salaire augmente au dessus du niveau de subsistance, le volume de la population augmente, ce qui fait augmenter l’offre de travailleurs et donc fait diminuer les salaires.

Pour Smith, le salaire de subsistance est plutôt de nature historique que psychologique ou physiologique ce qui rend ce salaire compatible avec une augmentation du bien-être en longue période.

b) Les profits du capital

Pour Smith (comme pour tous les classiques) le profit est la rémunération du capital, mais il ne correspond pas à la rémunération du travail d’inspection et de direction qui relève de l’analyse du salaire. Le profit brut se proportionne

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naturellement au montant du capital employé. Cette proportion ramenée à l’unité de temps est appelée taux de profit.

Exemple : capital de 200  + 1 an : capital de 210 : profit de 10 et taux de profit de 5%

Le capital est une avance sur la production, que cette avance prenne la forme de salaire avancé aux travailleurs, de matières premières, de machines ou de

bâtiments. Puisque le profit rémunère cette avance, il a d’abord la nature de la rémunération du temps qui sépare l’immobilisation du capital de la vente des produits. Donc le profit rémunère le temps.

Mais il doit aussi rémunérer le risque de la perte du capital dans l’investissement.

Au total, le profit rémunère le temps et le risque. Il est somme d’un intérêt pur et d’une prime de risque.

Cette somme, Smith l’appelle le profit brut. Selon lui, les taux de profit ont aussi tendance à s’égaliser dans l’économie.

En effet, comme le capital est mobile, il va se diriger dans les secteurs où il rapporte le plus, ce qui égalise les taux de profits nets, mais pas les taux de profit bruts. Les différences de taux de profits bruts qui subsistent ne proviennent donc que des différences de risques.

(Produit net = produit brut – prime de risque = taux d’intérêt)

Le capital pour la production peut aussi être emprunté. Ce capital emprunté sera rémunéré par le taux d’intérêt qui dépend ainsi de l’offre et de la demande de fonds prêtables.

 Analyse de Smith quant au taux de profit en longue période.

Selon lui, le taux de profit est orienté à la baisse en longue période car il devient de plus en plus difficile de trouver une manière profitable d’employer le capital.

En longue période, l’analyse par Smith du profit est un peu décevante : il n’y a pas de définition de taux naturel du profit. Il parle du taux naturel comme d’un taux

moyen et ordinaire. On ne sait pas si ce taux naturel est censé permettre le maintien du capital intact ou s’il est censé permettre une formation nette du capital.

A présent, on peut glisser la rente dans le schéma :

La rente est le prix payé pour l’usage de la terre. La terre est un facteur de production très particulier : son offre est fixe et elle est supposée ne pas avoir d’usage alternatif à l’agriculture.

La rente a la nature d’un surplus différentiel : Sur le prix des produits agricoles, le fermier paye les salaires, amorti son capital, et prélève son profit. Si un reste

subsiste, cela constituera le revenu du propriétaire foncier. Par conséquent, la rente correspond à ce qui reste une fois rémunéré les autres facteurs de production. Ainsi certaines terres ne seront pas cultivées si elles ne sont pas assez fertiles pour permettre la rémunération des autres facteurs de production. Inversement, les autres terres seront cultivées et la rente dépendra alors du prix de vente des produits agricoles, de la fertilité de la terre et de sa localisation.

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Cette analyse pose une problème de cohérence : dans la théorie de la valeur de Smith, la rente et son taux naturel est une partie constitutive du prix naturel de chaque marchandise. Cependant lorsqu’il étudie la rente, Smith se contredit en spécifiant que celle-ci dépend du prix du produit agricole.

Il faudra attendre Ricardo pour avoir une analyse cohérente de la rente.

B. La mesure de la valeur

Smith est l’un des premiers à faire la différence entre l’explication de la valeur et sa mesure. Le problème de la mesure est de savoir s’il est possible de trouver un étalon fixe des valeurs.

 Pourquoi faut-il se préoccuper de trouver une mesure fixe de la valeur ? Puisqu’on voulait mesurer la croissance économique des nations, l’objectif était de pouvoir comparer les richesses réelles par tête, soit à un moment donné entre 2 pays différents, soit dans un pays donné à 2 époques différentes.

Pour Smith, le meilleur étalon de la valeur est le travail. Supposons un individu qui ne possède rien. La seule façon pour lui d’acquérir des biens est de travailler, soit pour produire directement son usage, soit pour se porter acquéreur sur le marché avec son salaire.

Au total, c’est toujours du travail contre du travail que l’on échange, et le seul étalon possible de la valeur ne peut être que le travail incorporé ou le travail commandé.

Cet étalon a en plus l’avantage de l’universalité : en effet, pour chaque individu, en tout temps et en tout lieu, l’heure de travail représente selon Smith : « la même portion de son repos, de sa liberté, de son bonheur ».

Dans la pratique, et pour des raisons de commodité, les prix des différentes marchandises sont exprimés en monnaie (prix nominal) et pas en travail (prix réel) La question est de savoir si le prix nominal est une bonne mesure de la valeur.

En toute rigueur non, puisque la valeur, en terme de travail, de l’or et l’argent se modifie dans le temps, ce qui rend l’étalon variable. Cependant, pour le court terme, le prix nominal est une bonne approximation.

Pour le long terme, Smith préfère le blé, car selon lui, le rapport entre une certaine quantité de blé et le montant du travail associé est stable dans le temps.

II. La croissance économique des nations

C’est en matière de théorie de la croissance que Smith a élaboré les théories les plus générales et les plus célèbres.

A. La division du travail

L’originalité de Smith est de faire jouer un rôle considérable à la division du travail car selon lui, elle est le vecteur privilégié de la croissance économique des

(14)

nations. Smith fournit une description restée célèbre de la fabrication d’une épingle où il relève pas moins de 18 opérations distinctes.

La division du travail est utilisée pour augmenter la production du travail en un laps de temps donné. Smith envisage donc d’abord la division du travail comme la

spécialisation des tâches à l’intérieur de l‘entreprise.

La question est donc de savoir pourquoi la division du travail permet-elle d’augmenter la productivité du travail.

 Un accroissement d’habileté de chaque ouvrier

 Une épargne de temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à un autre

 L’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs.

A l’occasion de cette 3e explication, Smith observe que la division du travail n’est pas un phénomène que l’on observe uniquement à l’intérieur de l’entreprise, c’est un phénomène qui joue d’entreprises en entreprises, de branches en branches, provoquant l’apparition d’activités spécialisées.

La réflexion de Smith débouche donc sur la mise en évidence de la division sociale du travail.

 Quelles sont les conséquences de cette division ?

Pour Smith, c’est essentiellement dans l’industrie que la division du travail peut donner toute sa mesure. Donc en longue période, l’agriculture bénéficiera moins du progrès technique que l’industrie.

Smith formule un principe célèbre : La division du travail est limitée par l’étendue du marché. Un producteur indépendant qui veut maximiser son surplus échangeable a intérêt à accroître la productivité de son travail, donc à se spécialiser sous réserve que cette spécialisation rencontre le besoin d’autrui. Cependant, bien que l’échange entraîne la division du travail, celle-ci est limitée par l’étendue du marché : A marché étroit correspond une division limitée et une productivité faible.

Inversement, l’élargissement du marché et de la richesse va de paire.

Smith va en conclure que l’un des éléments les plus favorables à la division du travail consiste dans les progrès des voies de communications et de transport car on élargit l’étendue du marché.

B. Richesses, fonds de consommation et capital

Le fond accumulé des richesses de la nation se divise en 2 parties : la 1ere sert à la consommation et donc rend service sous forme de valeur d’usage, et la 2e fournit un revenu monétaire et s’appelle capital.

Le capital est lui-même divisé en capital circulant et capital fixe.

Les capitaux circulants : ils peuvent être à double – titre. D’abord leur circulation peut être technique, à savoir, les capitaux dits circulants sont incorporés au produit fini dans le cadre du processus de production. Ils ne peuvent donc fournir un revenu

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à leur propriétaire que s’ils changent d’aspect matériel. Mais pour les capitaux circulants, la circulation peut être aussi économique : cela veut dire qu’ils peuvent fournir un revenu à leur propriétaire que s’ils s’en dessaisie par la vente.

Les capitaux fixes : par opposition, ils se définissent par leur stabilité aussi bien physique qu’économique. Physique dans le sens où le processus de production n’altère pas sa forme et économique car le propriétaire en tire profit sans qu’il soit nécessaire de s’en dessaisir.

 Conséquences de cette division du travail.

La 1ere est que toute richesse accumulée fut, avant d’être vendue, capital circulant pour celui qui l’a produite, donc le capital fixe et le fond de consommation provient du capital circulant.

2e : Les capitaux fixes ne peuvent participer à la production sans capitaux circulants qui leurs fournissent la matière et la subsistance des ouvriers.

3e : Les capitaux fixes et circulants n’ont pas d’autres buts et d’autres destinations que d’entretenir et d’augmenter le fond de consommation. C’est le fond de

consommation qui nourrit, habille et loge le peuple.

Toutefois, ce capital doit être entretenu pour réapprovisionner le fond de

consommation de périodes en périodes. Smith observe donc une distinction entre revenus bruts et revenus nets.

Revenu net = (différence entre produits total et revenu brut) – entretien de capital fixe – entretien du capital circulant.

Smith cherche à distinguer 2 composantes dans le produit annuel brut d’une nation.

Composante entretien : dont la fonction est d’assurer que la production de l’année suivante soit maintenue au même niveau.

Composante résiduelle : revenu net ou surplus disponible soit pour accroître la consommation soit pour accumuler du capital et accroître la production de la période suivante.

Or c’est précisément pour déterminer les conditions de l’accumulation du capital que Smith va faire la distinction entre travail productif et travail improductif.

C. Travail productif et travail improductif

Selon Smith, va être considéré comme productif le travail qui s’intègre dans l’ensemble du capital. Dans ce cas, l’entrepreneur qui avance le salaire et le

récupère en vendant le produit et perçoit en plus un profit. Le travail productif a donc la propriété d’assurer d’une part la pérennité du fond qui le rémunère et d’autre part de dégager un profit qui rémunère l’avance et le risque.

A l’inverse, les dépenses en travail improductif ne sont pas récupérées par celui qui les réalise. Le travail improductif a les caractéristiques d’une dépense de

consommation pour celui qui verse le salaire. Non seulement il n’y a pas un profit mais en plus il y a perte du revenu.

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Au total, le salaire du travail productif est une avance en capital alors que le travail improductif est une dépense de revenu.

Smith précise que le travail improductif n’est pas dû qu’aux domestiques mais aussi aux serviteurs de l’état, médecins, militaires, magistrats…

Le critère de matérialité est explicite et il est sous-jacent à la valeur travail incorporé (à la marchandise). Le seul élément qui apparaît consubstantiel à la chose

(appartenant à la chose) est le travail qu’il a fallu fournir pour le réaliser.

Au contraire, les services du domestique vont périr au moment même où il les rend.

Implicitement, on a donc une dichotomie entre travail productif et travail improductif qui sont le parallèle de la dichotomie entre biens et services.

Smith sous-entend que le travail improductif n’a pas de valeur donc on ne voit pas pourquoi on le rémunèrerait. Cependant, Smith conçoit le critère d’utilité : l’utilité ou le besoin subjectif qu’ont les individus de la chose. Dans ce cas, les services peuvent avoir leur utilité au même titre que les biens matériels.

Ce découpage doit être resitué dans la théorie de la croissance de Smith. Il reconnaît que le travail improductif peut être honorable et utile. Mais son critère est un critère de croissance et non de bien-être.

Le capitaliste qui a récupéré son avance peut à nouveau récupérer son avance. Le travail productif permet l’existence d’un profit qui est le revenu du propriétaire du capital. Pour Smith, le profit n’a de sens que comme facteur d’accumulation du capital, accumulation qui va assurer la croissance du produit annuel.

Résumé de Smith :

La production suppose une accumulation c'est-à-dire une avance et une certaine division du travail synonyme d’un certain niveau de productivité.

La valeur de la production se décompose comme on l’a vu en salaires (des travailleurs productifs). Les salaires des travaux productifs sont intégralement dépensés en biens de production ce qui reconstitue le fond initial des salaires.

Une partie des profits et des rentes est dépensée en biens de consommation. Une autre partie sert à rémunérer les travailleurs improductifs. Leurs emplois dépendent donc de l’importance de la rente et des profits.

Mais c’est surtout la rente qui fournit les fonds en biens de consommation. Une fois toutes ces dépenses effectuées, le reste constitue l’épargne et c’est sur cette base que le capital s’accumule.

Dans l’analyse de Smith, les règles de partage sont floues. Pour lui, l’épargne est automatiquement investie.

Quel est le type d’investissement à faire avec cette épargne ?

Pour Smith, c’est d’abord un investissement supplémentaire pour de nouveaux travailleurs productifs ou une augmentation de nombre d’heures de travail, ce qui conduit à court terme à une hausse du taux de salaire et à long terme à un accroissement de la population.

Etant donné que les salaires sont consommés, l’épargne se résout en la consommation, donc la séquence est donc la suivante :

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Epargne = investissement = accroissement du fond des salaires = accroissement de la consommation.

Ainsi l’accumulation du capital conduit à la croissance parce que le fond de travail productif croît mais aussi parce que la division du travail peut être plus poussée, ce qui augmente la production. La disparition graduelle des occasions d’investir amortira graduellement la croissance mais la division du travail en

augmentant continuellement la productivité permet de reculer l’arrêt de la croissance.

III. Smith et la main invisible

La philosophie générale de l’auteur de la richesse des nations est la suivante : il existe en économie comme dans les autres domaines de la vie sociale un ordre naturel qui est le résultat simple et évident de la recherche permanente de l’intérêt personnel dans le cadre du libre exercice des tendances innées des individus :

- L’égoïsme

- La faculté de sympathie - Le désir de liberté - L’habitude du travail - La propension à échanger

- …

C’est par le jeu des tendances que chaque individu poursuit son propre intérêt dont chacun est à la fois le meilleur juge et l’agent le plus efficace.

L’exercice de ces tendances est un jeu subtil de poids et de contrepoids qui sont autant de facteurs d’équilibre personnels, de sorte que les fruits du travail personnel puissent faire l’objet d’échanges au mieux des intérêts de tous.

Exemple : L’égoïsme est contrebalancé par la faculté de sympathie La libre poursuite de l’intérêt personnel conduit au bien commun

Une main invisible organise, équilibre, harmonise les intérêts individuels dans le bien-être collectif, optimum social, résultat involontaire et idéal de la conduite spontanée des hommes.

Cette poursuite de l’intérêt personnel conduit chacun à se spécialiser et à produire plus de biens (biens désirés par autrui) : la rationalité individuelle conduira à l’optimum collectif grâce à l’action de la main invisible

Conséquence : Smith prône le laissé faire en matière de politique économique, c'est-à-dire l’existence d’un état minimal dont les devoirs sont réduits à :

Défendre la nation contre les agressions extérieures

Administrer la justice

Fournir les services et les biens collectifs indispensables que le secteur privé ne peut assurer à cause de l’insuffisance des profits directs que fournissent les activités.

Smith prône donc l’action d’un état Régalien.

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IV. Jean-Baptiste Say (1767 – 1832) et la théorie des débouchés

« Traité d’économie politique ou simple exposition de la manière dont se forment les richesses »

A. La théorie de la valeur utilité

Say s’oppose à la valeur travail de Smith. Pour lui, tout travail est productif et la distinction : productif, improductif n’a pas de contenu.

Plus précisément, c’est parce que l’homme ressent le besoin d’une chose qui lui attribue une utilité et c’est cette utilité qui est la source de la valeur.

En outre, certains besoins sont satisfaits par la seule nature, d’autres exigent du travail.

Les éléments fournis par la nature composent la richesse naturelle, offerte gratuitement. Elle a une utilité mais point de valeur car elle est gratuite.

Au contraire, le capitaliste fournit ce que Say appelle la richesse sociale. Celle-ci a une valeur parce qu’elle nous en coûte pour la produire : le coût de production.

La question est donc de savoir quel est le lien entre utilité et coût de production, et leurs incidences sur la valeur.

La valeur se réduit au coût de production même si ce sont les besoins qui vont introduire la valeur.

Say met plus l’accent, que Smith ou Ricardo, sur le rôle de l’utilité bien qu’elle n’ait pas complètement négligé par les deux autres.

Il explique qu’il y a plusieurs sortes de travail et non pas un seul type de travail, et d’autre part, dans la valeur, il y a le salaire et le profit, et Smith ne pense pas qu’on puisse lier le profit à la quantité de travail.

B. La loi des débouchés

Elle a son origine dans l’analyse de la croissance de Smith. Smith pensait que la division du travail permettait d’entretenir la croissance mais la condition nécessaire est que la production sur grande échelle suite à cette division du travail n’entraîne pas de crise de production.

La loi des débouchés de Say correspond à une réponse à cette préoccupation.

« L’offre crée sa propre demande »

« Les produits s’échangent contre les produits »

L’idée développée par Say est que l’origine de la production réside dans l’offre et qu’à partir moment où un bien est produit, il va nécessairement trouver preneur.

Il faut donc favoriser l’offre de biens et donc il faut réduire les coûts de l’entreprise.

Les partisans de cette loi vont insister sur l’épargne qui est une condition préalable au développement.

Pour établir son résultat, Say va se livrer à une analyse de la monnaie.

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La monnaie n’est qu’une fonction d’échange. Elle n’est donc jamais demandée pour elle-même, mais pour les biens qu’elle permet de se procurer. De cette façon si un bien est produit dans une entreprise A, les producteurs ont pays les ouvriers et ceux- ci, avec de l’argent qu’ils ont gagné, achètent les biens de l’entreprise B.

Ainsi toute la monnaie disponible dans l’économie est dépensée et les crises de surproduction généralisées sont impossibles.

La monnaie n’est qu’un voile sur l’économie et n’a aucune incidence réelle.

Les prix relatifs sont déterminés dans le secteur réel tandis que la quantité de monnaie ne fait que déterminer le niveau général des prix.

Say est à la fois optimiste sur la capacité du système à s’autogérer et septique sur l’efficacité de l’intervention publique.

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« Les principes de l’économie politique et de l’impôt »

Ricardo est un riche courtier en immobilier qui a monté son propre cabinet.

Le style et le ton de son ouvrage sont très différents de celui de Smith. Ricardo est un homme de sciences, ce qui l’amène à expliquer et illustrer toutes ses conclusions.

I. Thomas Malthus (1766 – 1835)

Son ouvrage publié en 1798 s’intitule « essai sur le principe de population ».

La croissance spontanée potentielle de la population (croissance géométrique) excède la croissance maximum de l’offre de la subsistance (croissance

arithmétique).

Malthus considère que la population double tous les 25 ans (2,8% / an). Sa théorie est une généralisation des observations du taux de croissance qu’il a mené dans les états d’Etats-Unis du nord, où les moyens ne manquent pas.

Malthus voit par ailleurs une croissance arithmétique du taux de production car la surface de production est bornée, n’est pas extensible et les rendements de la terre sont décroissants.

Par conséquent, quelle que soit la situation de départ et quelques soient les raisons des deux progressions, la population doit rattraper l’offre de subsistance.

La question est de savoir quels sont les facteurs qui font que la croissance effective de la population s’adapte à la croissance des subsistances ?

Selon lui, il existe deux freins à l’expansion démographique :

- Un frein destructif : exercé par deux voies : la misère (sous-alimentation, disette, épidémies…) et le vice (débauche, irrégularités sexuelles…) qui est nuisible à la procréation.

- Un frein préventif : il se manifeste par la vice et par la maîtrise morale de soi- même.

Pour Malthus, parler du principe de population signifie 3 choses ou conséquences :

- Tout excédent de subsistance par rapport au niveau de la population sera progressivement comblé par l’accroissement de la population. De plus, aucun des freins destructifs ou préventifs ne joue tant que cet écart n’est pas

comblé.

- Tout déficit de subsistance se traduit par l’élimination de la population excédentaire et donc par le jeu des facteurs destructifs.

Chapitre II : David Ricardo (1772 – 1823)

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- La coïncidence entre le taux de croissance de population et le taux de

croissance des subsistances est assurée par une combinaison de malheurs, de vices ou de contraintes morales.

Malthus a une conception très mécanique du comportement humain qui aura des implications économiques très radicales. Selon lui, secourir les pauvres ne fait que se reproduirent les pauvres, et cela entraînerait une généralisation des pauvres.

Sur le plan théorique du principe de population, Ricardo va construire une théorie cohérente et logique du salaire.

Ricardo croit au système de Malthus.

Si la population croit au maximum compatible avec la subsistance, il en résulte que la rémunération du travail se fera à l’équilibre au minimum vital. Avec le principe de population, le salaire net devient le coût de production du facteur travail qui, à l’équilibre statique, peut être définit comme celui qui assure la reproduction à l’identique de la population.

 Mais ce minimum vital est-il biologique ou historique ?

Les classes considèrent que ce minimum est marqué historiquement, ce qui autorise pendant les phases de croissance une croissance du salaire au dessus du taux naturel.

Cependant, pour Malthus et Ricardo, ce minimum est biologique. En effet,

comment concevoir que la pauvreté puisse éliminer l’excédent de population quand le salaire est inférieur au minimum si ce minimum n’est pas vital au sens biologique du terme.

II. Le système Ricardien

A. La théorie Ricardienne de la valeur

Ricardo, tout comme Smith commence par rappeler les notions de valeur d’usage et de valeur d’échange et souligne que la valeur d’usage est une condition nécessaire à l’apparition de la valeur, mais en reprenant l’exemple de l’eau et du diamant, accepte la position de Smith suivant laquelle l’utilité ne peut pas fondre la valeur.

Les sources de la valeur, selon Ricardo sont la rareté et la quantité de travail.

La rareté est source de la valeur des biens dont l’offre est fixe : les biens non reproductibles. Dans le cas de ces biens, l’offre fixe la quantité et la demande fixe le prix.

Prix Offre

Demande

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Quantité

« Les biens qui relèvent de cette analyse sont peu nombreux » et Ricardo s’intéresse aux biens reproductibles dont le principe général est énoncé de la façon suivante par lui-même :

« La valeur d’une marchandise ou la quantité de toute autre marchandise contre laquelle elle s’échange dépend de la quantité relative de travail nécessaire pour la produire. »

La valeur est envisagée par Ricardo en termes relatifs c'est-à-dire de l’échange et non en termes absolus. Quand le seul facteur de production dans la société est le travail, aucune différente ne se présente. Mais Ricardo va plus loin que Smith.

Pour Smith la théorie de la valeur travail était valable pour décrire le fonctionnement d’une société pré-capitaliste. Mais pour Ricardo, la validité de la valeur travail est générale parce qu’il suppose que le travail lui-même est constituée par du travail passé emmagasiné. Par conséquent, la valeur d’une marchandise est gouvernée par la quantité de travail direct et indirect qui a été consacré à la production.

Le problème est donc de pouvoir évaluer cette quantité de travail passé et emmagasiné et qui affecte la valeur totale d’une marchandise.

Ricardo montre que la structure des capitaux est cruciale pour déterminer la valeur d’une marchandise.

Exemple : On suppose 2 capitalistes.

Le premier : il emploi seulement du capital circulant (le travail de l’ouvrier) et produit du blé.

Il emploi 100 ouvriers qu’il va payer 50 chacun par an. Il emploi donc un capital de 5000 chaque année.

Si le taux de profits est de 10%, à la fin de l’année, le blé produit sera à 5000 + 10*(5000/100) = 5500

L’année suivante, il réitère son opération, donc gagne autant qu’à l’année précédente, à savoir 5500.

Le deuxième : il emploi du capital fixe et du capital circulant.

La première année, il emploi 100 ouvriers, payés 50/an à construire une machine destinée à tisser des draps.

Si le taux de profits est le même (10%), la machine vaudra 5500 lorsqu’elle sera construite, à la fin de l’année.

La deuxième année, le capitaliste produit des draps avec le même nombre d’ouvriers payés la même somme et avec l’aide de la machine construite.

Le taux de profit reste le même. Donc à la fin de l’année, les draps vaudront le prix du capital engagé l’année 2 (salaires) + les profits fait sur ce capital engagé + les profits faits sur le capital engagé pendant l’année 1, donc les profits déduits de la valeur de la machine.

5000 + 10*(5000/100) + 10*(5500/100) = 5000 + 500 + 550 = 6050

On peut voir ainsi que des capitaux peuvent consacrer la même quantité de travail à créer la même quantité de marchandise sans que celle-ci ait la même valeur et cela en raison des capitaux fixes et du travail accumulé dans chacun d’eux.

L’accroissement d’une valeur d’une marchandise naît du temps plus ou moins considérable que nécessite sa production et son transport sur le marché.

(23)

Ainsi c’est l’allongement du processus de production qui créé l’augmentation de la valeur.

Le problème c’est que le temps n’agit que par le taux annuel de profit qui, lui, demeure inexpliqué.

Le 2e problème, c’est que l’emploi de capitaux créé des problèmes d’évaluations difficiles à résoudre. En effet, les machines ne différent pas les unes des autres par leur durée respectives mais aussi par leur coût de fabrication (donc par les taux de salaires et de profits prévalant à l’époque de leur construction par des taux de profits et de salaires qui ont prévalu ensuite par leur usure et donc par la méthode

d’amortissement que l‘on a adoptée pour tenir compte de l’usure et de l’obsolescence.

Ce sont des problèmes complexes qui interdisent à une pure théorie de la valeur travail d’expliquer les prix relatifs à un moment quelconque du temps.

Ricardo l’admet et il est obligé d’abandonner la thèse stricte de la valeur travail.

Mais il sera amené à la conserver en considérant qu’elle est une bonne approximation de la réalité.

Pour Smith, la théorie de la répartition n’est qu’une application de la théorie de la valeur (théorie des prix naturels), une théorie des coûts de production appliquée au service des facteurs production aussi bien qu’aux marchandises.

Chez Smith, c’est donc l’évaluation des services des facteurs qui va déterminer la répartition du revenu naturel.

Pour Ricardo, la théorie de la répartition ne s’identifie pas à la théorie de la valeur, elle a une véritable autonomie, et le cœur de la théorie de la répartition de Ricardo est sa théorie de la rente foncière.

B. De la théorie de la rente foncière à une théorie générale de la répartition

L’intérêt porté à l’analyse de la rente foncière est lié aux circonstances historiques et aussi pour des raisons qui tiennent à la conduite de l’analyse théorique. Les économistes européens (fin XVIIe et début XIXe) n’étaient qu’au début de la révolution industrielle, c’était donc l’agriculture qui constituait l’activité dominante.

Par conséquent, la rente foncière, en constituant une charge pour le fermier et en constituant le revenu des propriétaires fonciers était au centre de la vie

économique.

Le sujet a fasciné les économistes de l’époque parce qu’ils se rattachaient à l’une des plus anciennes théories de l’analyse économique, à savoir la notion de surplus, et surtout parce que le traitement de cette question a obligé les économistes à accomplir des progrès importants dans leur méthodes d’analyse en les conduisant à pratiquer l’analyse à la marge.

(24)

1) La théorie de la rente

Selon la célèbre définition de Ricardo, « la rente est cette portion du produit de la terre que l’on paie au propriétaire pour avoir le droit d’exploiter les

facultés productives et impérissables du sol. »

Il ne faut pas confondre la rente avec le profit du capital investi en terre que procure le propriétaire foncier.

Ricardo constate que les terres sont de fertilité différentes et que la rente (différentielle) naît du différentiel de fertilité et de qualité entre les terres.

Il est important de noter que la dernière terre mise en culture ne perçoit pas de rente.

Celle-ci n’apparaît que pour les terres précédentes (meilleures par hypothèse)

D’autre part, c’est la différence de qualité qui va promettre au propriétaire des terres de percevoir une rente.

Ricardo fournit une explication de la rente différentielle et refuse l’existence d’une rente absolue (celle que percevrait la dernière terre mise en culture)

Supposons que des terrains 1, 2, 3 rendent moyennant l’emploi d’un même capital, un produit net de 100, 90, 80 unités de blé.

Dans un pays neuf où la quantité produite excède le nécessaire à la population, où par conséquent il suffit de cultiver le terrain 1, tout le produit net restera au cultivateur aussi bien que le profit du capital qu’il aura avancé.

Aussitôt que l’augmentation de la population sera devenue telle qu’on soit obligé de cultiver le terrain 2 qui ne rend que 90 unités, les salaires des laboureurs déduits, la rente commencera pour le terrain 1.

Que ce soit la population ou une autre personne qui cultive le 1, dans les 10 unités de blé supplémentaires produites par rapport au terrain 2 constitueront toujours la rente puisque le cultivateur du terrain2 obtiendrait le même résultat avec son capital soit qu’il cultivât le terrain 1 en payant 10 unités de blé de rente, soit qu’il continuât à cultiver le terrain 2 sans payer de rente.

En T=3 la rente du terrain 3 = 0

De même il est clair que lorsqu’on aura commencé à défricher le terrain 3, la rente du terrain 2 devra être de 10 unités de blé ou de leur valeur tandis que la rente du terrain 1 devra atteindre 20 unités.

Le cultivateur du terrain 3 récupère le même profit que celui qui cultive le terrain 2.

3 points essentiels :

 Les conditions de mise en culture sont les mêmes sur les 3 terrains, car sur chacun d’eux est la même surface exploitable et on emploi également le même capital.

 La valeur dont il est question ne comporte que les salaires. 100, 90, 80 sont des valeurs de produit net.

 La raison pour laquelle on est conduit à mettre en culture de nouvelles terres (moins riches) est l’augmentation de la population.

Avec Ricardo et la théorie de la rente différentielle, apparaît le raisonnement à la marge.

Sur la terre marginale (dernière terre mise en culture) le produit est tout juste suffisant pour rémunérer le capital et le travail.

(25)

D’où la conclusion de Ricardo, la rente est toujours la différence entre les produits obtenus de 2 quantités égales de capital et de travail.

En appliquant des quantités égales de facteurs de production à des terres de moins en moins fertiles le produit marginal, c'est-à-dire celui de la dernière terre mise en culture décroît.

En raisonnant ainsi à la marge extensible de la culture, la rente naît de la fertilité décroissante et décroît avec cette fertilité.

On peut aussi raisonner à la marge extensible de culture. Supposons que l’on

applique des quantités successives de facteurs de production (capital et travail) à un sol homogène et d’une certaine superficie. Chaque unité de facteurs de production supplémentaires apporte un produit supplémentaire c'est-à-dire un produit marginal (positif) mais ce produit marginal décroît à mesure que l’on ajoute du capital et du travail. Cette décroissance du produit marginal provenant soit de la mise en culture d’une terre supplémentaire soit de l’application d’une unité de facteurs de production sur une terre donnée est connue sous le nom de la loi des

rendements décroissants.

La question est de savoir si la rente est un élément du produit ou si elle est une conséquence du prix de vente.

Smith répondrait que la rente s’ajoute aux salaires et avec le profit pour déterminer le prix naturel du produit.

Pour Ricardo, la rente est déterminée par le prix du produit.

Exemple :

Terre 1 Terre 2

K engagé (€) 20000 20000

Rémunération salariale (€/h)

8 8

Heures de travail (h) 1000 1000

Profits réalisés (%) 10 10

Production de blé (kg) 10000 20000

Prix du blé (€/kg) (8x1000 + 10%x20000) = 1

10000 1

Chiffre d’affaires 10000 20000

Rente (€) 0 10000

La rente n’est pas une cause de la valeur du blé mais une conséquence de celle-ci.

« Le grain n’a pas un prix élevé parce qu’on paye une rente, mais on paye une rente parce que le prix du grain est élevé. »

Le fait que la rente soit une conséquence du prix est lié au facteur très particulier du système de production.

En effet, alors que les autres facteurs de production c'est-à-dire capital et travail sont mobiles, la terre est un facteur immobile et n’a pas d’autre usage que la production

(26)

agricole. Ou bien la terre est utilisée, ou bien le coût d’opportunité est le prix que l’on paie en exploitant pas cette ressource qui pourrait l’être.

Si une terre n’est pas assez utilisée, c’est qu’elle n’est pas assez rentable pour rémunérer les autres facteurs de production, elle ne peut pas être utilisée pour autre chose. Ainsi le coût d’opportunité de la terre étant nul, il n’entre pas dans le coût de production.

Définition du coût d’opportunité : c’est l’activité la plus importante pour soi dont on se prive lorsqu’on choisit de faire autre chose.

Exemple : un terrain : il y a 2 possibilités : soit le cultiver, soit le transformer en une aire de jeu payante. Si le propriétaire décide de cultiver son terrain, le coût

d’opportunité sera l’argent qu’il aurait pu gagner en l’exploitant en aire de jeu.

Supposons, par ailleurs, une 3e possibilité : garder le terrain intact pour en faire un lieu de détente personnel. Si le propriétaire eu préféré cette solution à l’aire de jeu, le coût d’opportunité de la culture du terrain aurait été simplement le fait de pouvoir disposer de son terrain.)

En conclusion de la théorie de la rente, on peut dire que c’est le prix du produit agricole, déterminé par la valeur de la production de la terre la moins productible qui fixe le niveau de la rente pour les autres terres plus productives.

2) La théorie de la répartition

Ricardo met l’accent sur l’évolution des prix en longue période, ce qui l’amène à préférer le jeu de l’offre et de la demande en courte période.

Ce qui intéresse Ricardo, ce sont les prix naturels, c'est-à-dire les prix de longues périodes qui correspondent à une théorie des coûts de production et des éléments constitutifs.

Seuls le salaire et le profit sont des composantes du coût de production pour Ricardo.

Cependant, la rente subsiste en tant que revenu de transfert, et c’est la théorie de la répartition qui nous informe de l’évolution de la rente dans le temps.

La théorie des salaires de Ricardo oppose comme pour Smith prix naturels et prix courants.

Ricardo définit le prix naturel de la façon suivante : « le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers le moyen de subsister et de perpétuer leurs espèces sans accroissement ni diminution. »

Il s’agit donc simplement du salaire de subsistance, qui doit être compris comme un ensemble de biens et non comme une somme d’argent. Ainsi en valeur, le salaire naturel croît si le prix des biens qui le composent augmente également et décroît dans le cas inverse.

Le prix courant du salaire est simplement déterminé par l’offre de travailleurs.

Quand la croissance est forte, l’accroissement du capital est soutenu, le fond des salaires augmente et le taux courant du salaire s’élève au dessus du prix naturel.

Cependant dans le long terme, le taux de marché doit converger vers le taux naturel de salaire.

Pour sa démonstration, Ricardo va utiliser le principe de population de Malthus.

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